Je suis bien d'accord avec ce qu'avance Lucien sur la nécessaire relocalisation et l'autosuffisance énergétique comme condition de la souverainneté des gens sur leur vie et notamment sur "l'économie" (ou le système productif).
Par contre
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Mais je ne crois pas que la révolution consiste à faire un appliquer un programme pré-établi (a fortiori de centralisation de l'économie !) mais qu'elle passe d'abord par la prise de conscience des masses ; elles seules détermineront, dans les AG, conseils, soviets (!), l'orientation d'un mouvement de révolte : voilà pourquoi je m'étonnais que nous en soyions déjà là...
Le problème c'est qu'il peut y avoir un moment de mobilisation des masses à la faveur d'une crise soudaine, et que l'état de conscience des "masses" sera celui de ce moment là. Il pourra être très faible, si, auparavant, de nombreuses luttes et de nombreux débats n'ont pas défriché un certain nombre de problématiques. En 36, la révolution se passe à un moment où la CNT a auparavant bien préparé le terrain : contre les curés, pour les droits des femmes, pour la socialisation de la production, des terres, le primat de la liberté face à l'oppression étatique. Sans cela, l'hégémonie stalinienne aurait été encore plus rapide.
Par exemple je ne suis pas en accord avec la stratégie politique des animateurs de la Décroissance, mais je trouve que leur travail est salutaire. Personne d'autre aujourd'hui n'est capable comme ils le font de révéler les contradiction du système technoscientiste, de ses impasses physiques (les limites des ressources) culturelles (l'appauvrissement de la liberté humaine)...
Et les débats qu'ils "sèment" permettent par ricochet de faire avancer la conscience de tous notament dans le mouvement communiste au sens large, qui reste en grande majorité, productiviste et scientiste, bien qu'il mette le "durable" et "l'antiproductivisme" à toutes les sauces (ah, la croissance durable du PCF !)
Essayer dès à présent de préciser ce que serait un système alternatif au capitalisme me semble utile. Personnellement j'ai besoin aussi de "croire" et pas seulement de réagir même si la révolte reste mon meilleur "moteur".
Il faut prendre la juste mesure de l'effet repoussoir des expériences du "socialisme réel" dans le manque de radicalité des luttes actuelles.
Pour en revenir à cette idée que seuls les soviets seront souverains dans les mesures qu'ils décideront, comment être sûrs, qu'ils ne décideront pas de continuer à produire des consoles de jeux, des bagnoles chromées avec tunning incorporé, des baskets à air comprimé, des caméras de vidéo surveillance...
Nous devons aussi entammer une lutte
culturelle contre la stupidité du mode de vie engendré par la marchandisation, l'accumulation...
C'est cette révolte globale contre l'ordre des choses qui me séduit dans la tradition anarchiste, par rapport à la tradition sociale-démocrate (donc aussi stalinienne et en partie trotskyste) qui se limite à la question de la répartition ou au management d'un même système productif, d'une même société industrielle et de consommation.
Dire dès à présent, dans les luttes, dans la propagande, qu'il ne faudra pas se limiter à changer de propriétaire mais qu'il faudra bouleverser toute l'organisation et les fins du travail est une façon de commencer à empêcher les bureaucrates de tout poils de réduire les luttes à un changement de personnel.
Quelle différence pour les peuples du sud entre une mondialisation uniformisatrice libérale, et une mondialisation planifiée bureaucratiquement avec une division géographique du travail conservée (voire amplifiée car "rationnalisée") -LO par exemple n'est pas loin de cette caricature- ?.