L'idée d'aller du local au global, tous les systèmes économiques l'utilisent. La variable libertaire -outre évidemment le mode de décision - réside (residera
) dans la détérmination des besoins, ce qui en définitive n'est qu'une autre façon de fausser un marché "pur", lequel n'a d'ailleurs jamais existé. Riveira a parfaitement raison, il peut meme aller plus loin,car pourquoi se limiter à l'Europe ? Les limites "géographiques" seront celles de la révolution.
C'est une question de vocabulaire, il y a des mots qui font peur car ils ont été chargés de sens négatif. Et pour cause ! Dans les très rares occasions ou il y a des bribes de débat public sur les fondements de l'économie, l'adversaire sort à tout vitesse le spectre de la "planification", soviètique, pourquoi pas coréenne. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'ils savent qu'il n'y a pas d'autre économie que d'économie planifiée et que le marché n'existe pas. Quel est leur objectif ? Il est à mon avis très simple, il consiste, un peu d'ailleurs comme pour la révolution, à empecher de penser la planification, à empecher que le mot ne soit simplement prononcé. Le résultat est là,et le mot de planification aujourd'hui renvoie directement à l'URSS ou dans le meilleur des cas à LO. (le PCF, comme presque tous les autres communistes ont choisi l'option la plus simple, à savoir celle qui consiste à ne plus parler d'économie, tout comme tant de révolutionnaires qui ont choisi -mais ça change un peu - de ne plus parler de révolution)
Les primitivistes (et associés) ont une logique, ils peuvent se dispenser de parler de planification dans la mesure ou leur planification serait à une échelle si petite, et autarcique (quelques illusions à mon avis sur ce dernier point). Et les autres,presque tous les autres , sont tétanisés devant l'économie. Les économistes "alternatifs" eux-memes n'osent pas, ou pas encore, parler d'économie. Il suffit de voir les efforts insensés, parfois inconscients, pour tourner autour du pot... planificateur... dans les discussions autour de la décroissance (je prend cet exemple parce qu'il est connu et que c'est un des rares, dans le champ de l'économie, ou il y a un peu d'activité). Du coup, évidemment, le discours économique alternatif en dévient souvent incompréhensible, un peu à l'identique du discours révolutionnaire lorsque ceux qui le tiennent n'osent pas parler de révolution. (je ne parle pas de vous, je le précise car les discussions sur la toile entrainent souvent les malentendus). Je me demande si Federica n'a pas cédé à la facilité lorsqu'elle a interprété ce que dit Riveira, car l'anarchisme peut beaucoup mais il ne peut certainement pas, par exemple, créer des ressources naturelles là ou il n'y en a pas, et si on refuse la fatalité de l'interdépendance, ben alors il faut le dire.
Pour ce qui est du fédéralisme libertaire, je ne vois pas en quoi il serait incompatible avec la planification, la seule chose c'est qu'il n'est jamais mis à jour, ce qui fait qu'il tient la route comme réponse à l'Etat mais qu'il laisse trop de questions sans réponse sur d'autres aspects. Je ne crois pas qu'il soit vrai que le fédéralisme implique une restructuration, ni meme que la restructuration favorise particulièrement le fédéralisme (mais il ne lui nuit pas non plus). A trop insister on risque de maintenir l'illusion que l'individu a un mot décisif à dire dans le collectif économique, ce qui sera toujours démenti dans les faits (y compris dans le village primitiviste).
Lucien me surprend lorsqu'il dit qu'il est étonné que l'on puisse en etre à réfléchir à une situation révolutionnnaire, car je ne sais pas comment un révolutionnaire peut ne pas se placer dans une hypothèse révolutionnaire. La production ce n'est pas une surprise ( pas comme Dénikine ou Franco, ou Trotski, dont on ne sait jamais s'ils vont attaquer à droite ou au centre, et comment ils vont attaquer, mais dont on peut juste dire qu'ils attaqueront encore demain et dans 100 ans).