par Federica_M » Mercredi 19 Oct 2005 0:20
Salut Great Ape,
Merci pour tes commentaires et ton point de vue. Ce n'est aps du totu embrouyé. Je te donne mon point de vue à la suite, qui bien sur n'engage personne d'autre. Si le ton peut paraitre parfois un peu dur, désolé, ce n'estpas l'objectif. Merci de ne pas m'en tenir rigueur.
Tu demandes si je considére que le pacte fédéral est obsolète. En fait, tu pars d'un présupposé (commeje le préssentais dansle précédent mail) qui est que l'idée de réseau revient à liquider le pacte fédéral, à le jetter par dessus bord ! Mais pas du tout ! Personne n'a jamais dit qu'il fallait saborder le pacte fédéral.
Ce qui est obsolète ce n'est pas notion de pacte fédéral, ce qui est obsolète ce sont les structures telles qu'elles découlent des statuts de 1946, eux mêmes copiés collés de ceux de la CGT-SR eux même issus de la CGT de 1906 (ouf) !
Ils sont tout à fait obsolètes d'abord d 'un point de purement pratique (les statuts ont été prévus pour une organisation de masse. Cf la commission administrative qui n'a jamais été mise en place et pour cause ! ils sont tout bonnement inaplicables)
Mais aussi d'un point de vue politique ; les statuts et les structures de la CNT sont de type mécanistes et surtout VERTICAUX. Il suffit de lire les textes de Pierre Besnard (Le monde nouveau et compagnie), théoricien auquel les statuts doivent beaucoup (1). La société qu'il y décrit est organisée selon un système pyramidal. Certes, la pyramide est inversée, c'est la base qui est censée être aux commandes, mais il n'en demeurent pas moins que tout converge vers un sommet ou plusprécisément un centre ... On est donc à des années lumières du fédéralisme en fait ... et ce mode de fonctionnement est précisément ce qui gangrène la CNT depuis toujours. Les deux scissions qu'elle a connu après guerre (77 puis 93) s'expliquent précisément parce que les structures mises enplace conformément aux statuts CREENT des situations de pouvoir, et que fatalement certains s'emparent de ce pouvoir ...
Que faire suite à ce constat d'échec, et aussi au fait que les structures de la CNT étaient inopérantes : continuer obstinément à se frapper la tête surlemur en se disant qu'il finira bien par tomber un jour, laisser tout tomber, ou bien essayer de trouver une forme au pacte fédéral qui soit à la fois conforme avec nos conceptions politiques (horizontalité, absence de centralisme) et aussi avec nos réalités militantes (petits groupes. (2) )La tentative du réseau n'est certainement pas la seule solution possible ni même peut être la meilleure, mais au moins elle a le mérite d'être une recherche de solution pour sortir de la spirale défaitiste ... Faire comme si de rien n'était et continuer comme avant est une position suicidaire ...
Tu demandes "Quels sont donc les critères pour entrer ou sortir du réseau ? " Des critères de cohérence politique entre ses membres. Ils partagent les mêmes valeurs et les mêmes pratiques. Mais c'est exactement comme ça qu'à toujours fonctionné la CNT : c'est la base du pacte fédéral. Non ? (ou alors quels sont les critères pour faire partie du pacte fédéral tel que tu l'entends ?)
Je crois comprendre, en te lisant, d'où viendrait une raison pourquoi certains se sont opposés à la notion de réseau fédéral. Quand tu dis "le droit de fonctionner avec les structures de son choix, d'ingnorer celles qui nous déplaisent pour des raisons X ou Y", qu'est ce que tu entends par "déplaisent" ? Est ce qu'il s'agit d'une question d'ordre affinitaire au sens affectif (où les considérations personnelles individuelles prennent le dessus sur les questions politiques ) Parce que si c'est le cas, c'est une incompréhension des choses. Ce qui fait qu'une structure reste - ou pas - dans le réseau est purement d'ordre politique. Ce n'est pas du copinage. (même si c'est vrai qu'avec le temps ca créé des affinités. Mais pas toujours ... )
ensuite, tu abordes la question de la solidarité. Pour toi le réseau fédéral est antinomique avec le dynamisme et la soldiarité car tu dit "Peut-on décemment penser que ce sont les petites structures qui vont impulser les actions ou campagnes proposées au réseau ? Evidemment que non. ". Mais il ya pourtant des exemples concrets qui contredisent absolument ce que tu dis ! Prenons juste un exemple de la période où tu étais encore à la CNT, la campagne contre les bombardements de l'OTAN en Yougoslavie et la solidarité avec les anarchistes yougoslaves. Cette campagne consistait en la réalisation d'un petit 4 pages d'info "zaginflatch", traduction de texets écrits par des libertaires, des anarchosyndicalistes, ou des pacifistes de toute l'ex yougoslavie, plus un soutien matériel concret aux copains de Belgrade. Le 4 page était maquetté par le syndicat d'Auxerre, qui le diffusait autour de lui et était relayé (ou pas) par d'autres structures de la CNT et autre.
Cette campagne a été lancée par une petite structure (le syndicat d'Auxerre comptait 4 compagnons, et fauchés comme les blés en plus ...). Résultats, ils ont sortis 8 numéros de leur canard, qui a été diffusé au moins à 15 000 exemplaires dans toute la France (estimation faite avec seulement les retours qu'ils ont eu des groupes qui paricipaient à la campagne) et à même été traduit à l'étranger. Et aujourd'hui suite à ce travail il ya une section de l'AIT en Serbie assez active !
Le fait de lancer une campagne n'est pas tant une question de moyens qu'une question politique sur la campagne a mener (opportunité, intérêt, ...), mais aussi une question de volonté pour beaucoup !
Depuis que tu as quitté la CNT, les seules campagnes qui ont été menées l'ont été selon le modèle du réseau fédéral et on connu des résultats souvent encourageants (solidarité avec les anarchistes tchèques, journée de solidarité avec les travailleurs de mac do qui avait fini par être reprise par d'autre groupes [D'ailleurs, depuis que nous ne l'animons plus, elle est retombée aux oubliettes ...] ; campagnes abstentions 2002 ; solidarité avec Stéphanie ; grève du lundi de pentecôte, etc ...) La pyramide fédérale elle a montré son incapacité à produire quoique ce soit de constructif ... Je ne dit pas ça pour dire "qui a tort qui a raison" ou me placer dans un rapport de force. Mais c'est juste un constat de faits. Or l'anarchosyndicalisme n'est pas un dogme, c'est avant tout un principe d'action. Donc, il est normal de tirer des bilans des actions entreprises et menées et de juger sur les faits et non sur les présupposés ou les a priori.
Par ailleurs, dans le fonctionnement en réseau fédéral il n'y a pas cette loi de la majorité contre la minorité puisque qui si une petite structure ne veut pas relayer une campagne dont elle ne voit pas l'intérêt, ce n'est pas la grosse qui va venir dans sa ville coller des affiches et distribuer des tracts ... Au contraire, dans le fonctionnement pyramidal fédéral, si une campagne est proposée en Congrés, il y a un vote, et si la majorité vote pour la campagne et bien elle devient d'office la campagne des minoritaires, qu'ils le veuille ou pas !!! Ils sont obligés - s'ils veulent du matériel de propagande - de prendre celui de la campagne dont ils ne veulent pas (ou au moins de le payer avec leurs cotiz) ou bien de ne rien faire (mais ils auront quand même payés pour ...) ou bien de lancer leur propre campagne (ce qui leur reviendra deux fois plus cher puisqu'ils pairont pour la campgane dont ils ne veulent pas et pour la leur... On voudrait tuer (financièrement) une petite structure on ne s'yprendrait pas autrement !) A remarquer que le dernier cas de figure revient à créer un réseau fédéral ... C'est donc l'inégalité produtie par la pyramide fédérale qui induit la création du réseau, partant du principe que c'est reculer que d'être stationnaire ...
Quant aux pratiques non conformes avec les statuts, ce qui est pour le moins surprenant c'set que ce sont les structures les plus à cheval sur le fédéralisme pyramidal qui ne les ont pas respecté ! (cf Le temps des radis par exemple, en totale non respect du pacte fédéral sur la presse, alors que Toulouse s'occupait du national en le respectant intégralement ...)
Ce que je n'ai jamais vraiemnt compris avec les arguemnts des anti réseau fédéral, c'est qu'il reprochent à leur promoteurs exactement ce qu'ils font ! Il me semble qu'il ya beaucoup de non dit en fait, et il faudrait qu'un jour cela sorte pour pouvoir enfin crever l'abcès.
A +
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(1) cf la brochure "les buts de l'organisation syndicaliste révolutionnaire précédée des statuts dela CGT-SR" : Dans les commentaires on peut lire
"Besnard regrette que l’heure tardive l’empêche de passer en revue tout ce que contient cette résolution. Nous sommes obligés de faire très vite. Pourtant, il faut donner une orientation à l’organisation qui vient de naître; cette organisation ne peut être orientée comme les autres, le Congrès l’a clairement démontré ; en conséquence, nous devons indiquer de façon précise notre route et nos buts. "
Puis en conclusion :
"La C.A. a tenu reproduire les commentaires faits par le camarade Pierre Besnard, à la suite de la lecture du projet de Charte de la C.G.T.S.R., afin de remettre, autant que possible, le lecteur dans l’ambiance des travaux du Congrès Constitutif.
L’exposé de notre camarade, qui dura près de cinq-heures, n’est reproduit ici que sous sa forme analytique, donc hâtive."
L'exposé de Besnard a duré 5 heures ... Qu'on le veuille ou pas, lui, l'homme du fédéralisme monopolisait la parole ... et le pouvoir ... que la CA lui apportait sur un plateau (La modestie du bonhomme en aurait souffert, c'est la CA qui a tenu à reproduire ses commentaires ... ) Pour être dans l'mabianc il suffit de lire Besnard ... La CGT SR personnifiée... On voit bien que son système conduit à une pyramide centralisée !
(2) Le mythe des gros groupes à la CNT AIT est risible ... Il n'y a pas de gros groupes pas plus à la CNT AIT qu'aux vignoles ni à la LCR ou LO ou autre ... La CGT a beau avoir 800 000 affiliés, il n'y a que 5% de syndiqués en france ... Même elle est petite !