La LCR signe un texte avec le PS, et des roses voient rouge
Hollande secoué après l'appel commun à la manifestation de mardi.
Un léger «émoi». Et des demandes de «levée de toute ambiguïté». Après la signature d'un appel commun avec la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) sur le «désordre social» avant la manifestation syndicale du 4 octobre, texte signé également par le PCF et les Verts, certains amis du premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, se sont émus de cette nouvelle proximité entre sociaux-démocrates et trotskistes. Une inquiétude renforcée par les déclarations du patron du PS, hier, dans le Figaro.
«Ambiguïtés». A la question «Etes-vous prêts à gouverner avec la LCR ?», François Hollande a répondu : «Nous sommes prêts à fédérer toute la gauche autour d'un contrat de gouvernement.» Et d'ajouter : «J'en ferai la proposition à nos partenaires traditionnels au lendemain de notre congrès» programmé à la mi-novembre au Mans. C'est-à-dire exclusivement aux ex-partenaires de la gauche plurielle : PRG, PCF et Verts. Pas la LCR. Une précision manifestement pas suffisante, malgré l'amicale pression de Jean-Marc Ayrault. Le président du groupe PS à l'Assemblée nationale, qui, dès lundi midi, a demandé à Hollande de lever «toute ambiguïté» sur les relations présentes et à venir entre le PS et la LCR.
Hier matin, lors du secrétariat national, des membres de la direction du PS ont également évoqué le sujet. «Au bout du bout, ceux-là sont toujours contre nous», a prévenu l'ancien ministre de l'Agriculture Jean Glavany à propos de l'extrême gauche. Le député des Hautes-Pyrénées a invité ses camarades à «cesser de théoriser et de spéculer sur l'attitude de la Ligue. Plutôt que de s'intéresser aux trotskistes, nous ferions mieux de nous réjouir que le oui et le non de gauche étaient hier ensemble dans la rue». Le député de l'Essonne, Manuel Valls, s'est interrogé, lui, «sur la cohérence» de la démarche du Parti socialiste. «Je la comprends, a-t-il précisé à Libération. Mais lorsqu'on signe un texte comme celui-là, il faut bien expliquer pourquoi.» Hier après-midi, pendant les questions d'actualité à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault a poursuivi son échange sur le sujet avec François Hollande, se disant «heureux qu'une clarification soit intervenue».
«Cocasse». Chez le premier secrétaire, on assume d'avoir signé ce texte, rédigé à l'initiative des Verts. «Ce serait quand même cocasse qu'on nous reproche aujourd'hui d'en faire trop contre la droite», sourit le directeur de cabinet de François Hollande. Stéphane Le Foll précise que le PS a signé ce texte, et «point barre». «Nous ne sommes pas comme Jean-Luc Mélenchon qui, lui, rêve d'un gouvernement avec la LCR, affirme un autre membre de la direction du PS. Il n'y a pas de confusion entre signer un appel contre la droite et la définition d'une vraie alternative» pour 2007.
Daniel Vaillant, Julien Dray et Jean-Christophe Cambadélis approuvent cette démarche, en précisant que «c'était la Ligue qui avait signé avec le PS, pas le contraire. C'est elle qui vient vers nous». La Rue de Solférino n'a d'ailleurs pas apprécié que Jean-Luc Mélenchon manifeste mardi à Marseille aux côtés de la Ligue et de LO, à l'invitation du PCF. Et sans en avoir informé la direction du PS.
Par Didier HASSOUX et Paul QUINIO - jeudi 06 octobre 2005 (Liberation)
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