par anarced » Lundi 22 Juin 2015 8:19
Il ne s'agit pas seulement d'échanger ton produit contre le mien car ce serait revenir au troc qui limite à presque rien la circulation des produits.
Si j'ai besoin de ton service mais qu'aucun des services que je pourrais te rendre ne t'intéressent, alors l'échange est rendu impossible par le troc direct. Cependant, il existe peut-être une personne à qui je pourrais rendre un service équivalent et qui pourrait te le rendre en retour, il existe peut-être 10 personnes à qui je pourrais rendre un dixième de ce service et qui te les rendraient en retour, ou bien qui les rendraient à 10 autres personnes qui te les rendraient en retour, et ainsi de suite.
Il s'agit donc de rétablir la circulation des produits selon le principe de réciprocité. C'était l'objectif de la banque d'échange ou banque du peuple. Ce qui compte, c'est que si tu rends un service, tu as droit en retour à un service équivalent et si j'en reçois un, je dois en retour un service équivalent mais le circuit entre les deux peut être aussi complexe que l'on veut.
Proudhon appelait "banque" le dispositif chargé d'organiser cette circulation mais il s'agit, ni plus ni moins, d'une bourse du travail puisqu'ici le produit est le travail, la réciprocité garantit l'absence de plus-value.
Je ne nie pas qu'un tel système est compliqué à établir et qu'il faudra que les travailleurs y amènent un peu de travail gratuit, dans un premier temps, pour y parvenir. Cependant, une fois qu'un circuit a été activé, il devient très facile de le réactiver, il y a des habitudes qui se mettent en place, le travail libre se développe et remplace peu à peu le travail gratuit.
Quant à l'antithèse de Proudhon: "la propriété, c'est la liberté", il faut bien sûr continuer à la développer, aussi loin que possible, puis la réfuter en tout point, si on veut vraiment achever son œuvre.
Maintenant, si la propriété était vraiment la liberté et jamais le vol, ce que Proudhon n'a jamais défendu, alors aujourd'hui, tout irait pour le mieux pour les classes ouvrières et il n'y aurait aucune question à se poser sur leur action.
Les jeux d'enfants finissent jamais.