Regard critique sur la lutte des expulsés à Caen

Manifestations, assemblées générales, actions en cours... les luttes en normandie !

Regard critique sur la lutte des expulsés à Caen

Messagepar lucien » Dimanche 04 Aoû 2013 22:14

paris.indymedia.org/spip.php?article13903‎

PETITE MISE AU POINT suivi de GENERALITES SUR LA LUTTE DE SOUTIEN AUX SANS-PAPIERS

Version pdf :
Regard critique sur la lutte en cours des expulsés à Caen
Brochure avec les textes "Petite Mise au point" et "Généralités sur la lutte de soutien aux sans-papiers"


Premier jet rapide pour une critique de la lutte en cours

Texte non terminé, écrit dans l’urgence (oui je sais, c’est le comble au vu de son contenu). Mais il est des points traités ici qui doivent être abordés le plus tôt possible au vu de ce qui se trame dans cette lutte. Critiques, remarques et traductions sont bienvenues.

Au sujet du collectif 14 et des AG

Il faut certes prendre conscience que la situation actuelle de la lutte est à la transition entre le collectif 14 pour le respect des droits des étrangers (collectif 14) et les assemblées générales (AG) ; mais ce qui était de l’ordre de l’évidence pour le premier, à savoir, entre autre chose, la composition avec toutes sortes de tendance1, ne l’est pas forcément pour les dernières et ne doit pas leur être imposé. Il y a, en effet, plusieurs personnes à ne pas vouloir assumer l’idéologie portée par le collectif 14 et son lot d’entités, bien nauséabondes pour certaines. Et c’est bien pour cela, à mon avis, qu’entre autre, certaines d’entre elles ne l’ont pas rejoints et qu’elles essayent de s’organiser au sein des AG. Il est clair que ces gens ne veulent pas travailler politiquement, lutter, et donc prendre des risques, pour que des organisations arrivistes fassent leur beurre sur leur dos. Certains préfèrent jouer les cartes de la stratégie politique2 et/ou du syndicalisme classique ; – c’est-à-dire en distinction au syndicalisme révolutionnaire. Ceci sous-entend notamment approfondir un sujet en particulier, en théorie, comme en pratique et mettre de côté une lutte plus générale qui engloberait celle-ci. La composition entre certaines tendances opposées, au lieu d’une confrontation entre elles, est une des résultantes de ce constat. –

« La constatation de données objectives ne saurait tenir compte de l’accueil plus ou moins favorable qu’on lui réserve ; il s’agit de savoir si les faits existent ou non. C’est pourquoi ils entrent régulièrement en conflit sévère avec la politique qui, elle, ne se demande jamais s’ils sont réels ou non, mais seulement s’ils entrent dans le cadre de la démagogie du moment. » La Psychologie de masse du fascisme, Wilhelm Reich, ch. IX.1

Ors, il semble préférable d’affirmer ses positions, de jouer franc jeu et, par exemple, de tenter de s’organiser afin de sortir physiquement de la lutte les partis politiques au gouvernement, ou encore d’attaquer le fait que nous ne soyons pas tous au même niveau au sein des assemblées générales. Il est question-là de la présence en que tel de partis politiques, de groupes et d’associations. De plus, si les militants de telles ou telles associations sont réellement concernés par ce qui se trame, ce n’est pas en déléguant leur présence par le biais d’une signature en bas d’un tract qu’ils font quoique ce soit. Les AG, entre autre initiées par certains membres du collectif 14, ne sont pas celui-ci ; pour s’y impliquer il faut participer aux espaces qui lui sont liés. Ici, il faudra faire en sorte qu’il n’y ait pas une bureaucratie qui gère la lutte, les expulsés et les demandeurs d’asile. Contrairement à ce que pensent une partie du collectif 14, ceux qui se font emmerder par l’état doivent avoir certes notre soutien actif, mais doivent surtout lutter par eux-mêmes. N’en déplaise à certains3 (si leur position n’a pas évolué sur ce sujet), il est alors nécessaire de trouver des traducteurs autonomes et critiques afin d’aller dans le sens exposé ci-dessus. Ces derniers ne doivent pas prendre les gens pour des cons. Ce fut le cas lors l’AG4 du 24 juin par l’omission de présenter aux non francophones le conflit avec les personnes qui, au sein de l’AG, portent les partis politiques qui les mettent dans la merde. Car non ! ce ne sont pas les français qui aiment se disputer, mais bien une volonté d’en finir définitivement avec ce monde de merde, ainsi qu’avec ceux qui le font activement exister.

A propos de la démocratie directe

Quant à l’illusion de la démocratie directe au sein de ces AG, on ne peut y voir-là qu’idéologie de celle-ci. En effet, comment, avec le menteur du PS, avec des représentants sans mandat, avec des organisations face à des individus, avec des gens qui se foutent de savoir si tout le monde comprend le français, peut-on penser qu’une démocratie réelle est possible ? Comment croire en cela alors qu’on n’est même pas capable de virer nos ennemis à l’intérieur de nous mêmes ? Pour l’exemple : le type du PS qui s’abstient de voter l’occupation d’un squat ment effrontément quant à ses intentions. Mais il est fort possible que cela soit bien cette position-ci qu’on va lui retenir car, dans le monde de la démocratie bourgeoise, le vote fait figure d’acte. A la fin de cette lutte, on pourra entendre que « le PS n’était pas contre l’occupation, puisqu’il s’est abstenu. C’est un peu comme s’il était pour. » En vérité, il s’est exprimé et a travaillé contre la réquisition de bâtiments vides. Non seulement il se place contre les objectifs des AG, mais en plus il utilise l’un des outils favoris de son parti politique, l’hypocrisie. – Et, grâce à nous, le PS redore son blason face aux yeux extérieurs5. – Une démocratie directe dans de telles conditions ne peut exister. Plus loin encore, si une AG décide, par exemple, de garder en son sein le PS, il faut aller à l’encontre de sa souveraineté sur ce point particulier tout comme quand une majorité décide d’un truc complètement aberrant, il est un devoir de s’y opposer activement.

Les partis politiques à double casquette Sur le PS et EELV

Alors que le Parti Socialiste (PS) et son complice Europe-Ecologie-les-Verts (EELV) expulsent partout en France des centres d’hébergement d’urgence, tout aussi bien que des squats et même du territoire, et qu’ils utilisent leur police afin de réprimer les mécontents qu’ils font descendre dans la rue, certains trouvent encore le moyen de s’acoquiner avec eux. Mais on ne lutte pas avec ceux qui créent la situation contre laquelle la bataille est en train d’être menée...Car ce sont bien, entre autre, les mesures d’austérités roses et vertes, et l’idéologie qui va avec, qui en sont la cause. Comme on ne se solidarise pas avec les luttes des flics, on ne s’associe pas avec des crapules ! Que ces gens-là viennent en tant que personnes n’est pas tant le problème. C’est qu’ils représentent leur parti de merde qui en est un. Il est clair pour ceux-ci, bien que cela n’en soit pas leur apanage exclusif, qu’ils sont là pour tirer la couverture vers eux. Il n’est pas ici en cause la bonne volonté des personnes qui portent ces partis, mais justement celle de ces derniers. Tout le monde a des contradictions, mais, ici, il s’agit d’antagonisme politique avec les AG et non pas de personnes authentiques qui seraient dans le questionnement intérieur. On a à faire, avec eux, à des représentants d’une idéologie bien particulière avec laquelle rupture est consommée depuis belle lurette. Celle, en l’occurrence, à laquelle on devrait s’attaquer.

Sur l’urgence et certaines de ses conséquences

Il n’est pas étonnant de voir les syndicalistes de l’urgence, ainsi que les militants de la démagogie se taire face à l’ambiance que la situation fait planer. Vis-à-vis de l’AG, avancer dans l’ombre et/ou y adapter son discours selon les circonstances de l’urgence n’est pas une position cohérente dans une perspective assembléiste, autonome, transparente et horizontale. Il se pourrait même bien que ce soit le contraire. Quant à certains autres, les idéologues humanistes et catholiques de la lutte, ils nous bassinent aussi avec l’urgence et la gravité de la situation. Mais, bien loin de nier ce fait, on le retrouve au centre de critiques révolutionnaires. Car en ne s’attaquant pas à la racine du problème mais juste à sa surface, celui-ci ressurgit aussi tôt. Cette lutte qui n’attaquerait pas pratiquement et théoriquement le système et les gens qui mettent en place l’austérité ne ferait que donner raison au mec du PS quand il parle de précarité dans nos façons de lutter. A trop voir la situation par le prisme de l’urgence, on en oublie de se projeter sur du long terme. On ne lutte pas en ne s’attaquant fondamentalement à rien, on fait de l’humanitaire. En d’autres termes, on brasse du vent ! Dire que « ce n’est pas le moment », reproduire le même schéma qu’avant, se faire le relais de l’état n’a pour conséquence que d’étouffer les possibilités révolutionnaires. En se plaçant sur la dimension de l’urgence et donc dans celle de l’immédiateté, on ne peut en effet que se jeter dans les bras de l’état. C’est alors que l’on fait des rassemblements devant la préfecture afin de lui demander qu’elle reprenne son rôle de neutralité d’état providence...à suivre.

Un incontrôlable de l’AG du 24/06 (et, accessoirement, un électron libre et dissident participant à l’assemblée libertaire de Caen)

GENERALITES SUR LA LUTTE DE SOUTIEN AUX SANS-PAPIERS

Être sans-papiers n’est pas une position politique mais bien une situation sociale, à plus ou moins long terme. Soutenir sans exception touts les sans-papiers relève donc de l’action sociale, action qui prend un point de vue humaniste : « Mais ce-sont des humains quand même ! ». Pour un révolutionnaire engagé dans un collectif de soutien à tous les sans-papiers, la contradiction se pose régulièrement au contact de gens réactionnaires ; c’est par exemple le cas quand arrive devant lui une personne qui désire avoir des papiers afin d’exercer une activité clairement répressive pour les autres comme celle de militaire. Elle s’impose d’autant plus quand la personne qui demande son aide a joué un rôle ultra répressif dans le pays d’où elle vient tel que flic à la solde de Ben Ali en Tunisie pendant (et avant aussi d’ailleurs) le déclenchement du processus révolutionnaire. Donc, il n’est, à mon sens, politiquement pas cohérent d’être à la fois révolutionnaire et solidaire de tous les sans-papiers sans exception. Cette forme aliénée6 de militantisme vient sans doute des morales humaniste et chrétienne.

Autre point ; réclamer "Des papiers pour tous" sans englober cette réclamation dans une approche révolutionnaire ressort d’une approche politique réformiste. Il est certes plus facile de demander cela que de se battre pour le contraire. Il est évident que, dans l’immédiateté de notre contexte social oppressif, qu’est le capitalisme, il faille des papiers pour tenter de survivre. Mais on ne peut, si on veut être logique politiquement, se passer d’une critique radicale qui attaque le système à sa racine en parlant notamment de l’abolition des frontières et du monde qui les a produites. Des papiers pour tous, oui ; mais surtout des papiers pour personne.

Ensuite, sur le saint mot d’ordre "Liberté de circulation" ; il s’agit de définir de quoi on parle. Liberté de circulation dans un monde émancipé de toute oppression, d’accord. Mais, dans la société capitaliste, prôner ce slogan sans l’articuler, de manière tout aussi apparente, avec une critique révolutionnaire en vient juste à dire qu’on est d’accord avec le type de déplacement des personnes qui a cours actuellement dans le monde, c’est-à-dire la plupart du temps de type économique. On se positionne donc en faveur de la sur-exploitation chez nous de main d’œuvre docile d’ailleurs ; docile car ce n’est pas de la première évidence que de se mettre en grève contre ses conditions de travail quand on n’a pas de papiers, ni de contrat, ou que l’on doit faire régulièrement des démarches pour les renouveler et prouver que l’on est bien intégré. Cette liberté de circulation-là, c’est celle des libéraux ; c’est la liberté de circulation des biens et des personnes7, mais surtout des biens et notamment des personnes-marchandises. Au final, ce que ce slogan, déconnecté d’une critique radicale, affirme, c’est oui à la réification8 d’une partie du sous-prolétariat mondial.

Pour finir sur la question, il n’est, pour moi, qu’une seule forme de lutte politique adéquate à une critique révolutionnaire sur ce sujet ; celle de la lutte contre la répression qui frappe les sans-paps : les centres de rétention, les rafles, les arrestations, les expulsions, leur sur-exploitation ; mais n’oublions pas aussi les organes directes étatiques ou para-étatiques qui la mettent en place, qu’ils soient à l’intérieur du pays telle la police, aux frontières tel Frontex9, ou à l’extérieur telles les polices dont les gouvernements ont passé des accords avec la France, notamment en matière de gestion des déplacements des personnes hors de leur frontières...sans oublier la passivité d’une grosse partie de la population en la matière.

Article modifié et repris de la revue Brasero n°3, mars 2012
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Re: Regard critique sur la lutte des expulsés à Caen

Messagepar l autre » Mercredi 25 Sep 2013 18:54

je partage bien des positions du texte précédent c est pour quoi je ne suis pas aller dans cette lutte; Les gauchistes se jettent sur tout ce qui produit; le bougisme finit par détruire la réflexion. résultat cela termine en conflit interne voir Not des Landes. A lire anarcosyndicalisme N°129 immigration et classes sociales. La question l'humanitaire comme support du libéralisme
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Re: Regard critique sur la lutte des expulsés à Caen

Messagepar lucien » Samedi 28 Sep 2013 23:16

Ouais y'a de bonnes analyses (je ne colle pas que des trucs foireux...). Ca serait intéressant de poursuivre le débat de visu mais je me tiens trop éloigné du marais pour identifier l'auteur.
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AG de lutte contre les expulsions

Messagepar Lambros » Samedi 06 Sep 2014 11:31

Je voulais savoir si des anarchosyndicalistes de Caen connaissaient cette lutte, parce que la CLE a Clermont a des contacts avec ?
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Re: AG de lutte contre les expulsions

Messagepar lucien » Dimanche 07 Sep 2014 6:22

Salut Lambros,
Tu en trouveras une analyse, datant de l'été dernier, ici.
Je peux fusionner les deux sujets si ça t'inspire.
A+
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Re: AG de lutte contre les expulsions

Messagepar Lambros » Lundi 08 Sep 2014 11:20

Merci !

ce serait bien de fusionner oui...

Depuis l'AG de lutte s'est autonomisé du collectif 14 me semble-t-il... vous en pensez quoi, notamment du 1e mai à Caen (manif de l'AG de lutte et ouverture d'un bâtiment)
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Re: AG de lutte contre les expulsions

Messagepar lucien » Lundi 08 Sep 2014 20:46

Lambros a écrit:Merci !

ce serait bien de fusionner oui...

Depuis l'AG de lutte s'est autonomisé du collectif 14 me semble-t-il... vous en pensez quoi, notamment du 1e mai à Caen (manif de l'AG de lutte et ouverture d'un bâtiment)
Le cortège de l'AG de lutte était clairement le plus vivant et a su mobiliser du monde pour l'ouverture d'un bâtiment en fin de parcours, ce qui donne du sens à une manif, a fortiori du 1er mai ! Si toutes les manifs se déroulaient ainsi, ça aurait évidement de l'allure, mais on élude les ambiguïtés politiques (que l'on trouve dans toute mobilisation à des degrés divers) si on se limite à cet aspect de la lutte.
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Re: Regard critique sur la lutte des expulsés à Caen

Messagepar Lambros » Mardi 09 Sep 2014 10:20

Oui...

Après l'expulsion fut violente...
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Re: Regard critique sur la lutte des expulsés à Caen

Messagepar lucien » Vendredi 12 Sep 2014 21:15

Lambros a écrit:Après l'expulsion fut violente...
Et ? Tu y vois un gage de quelque chose ?
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Re: Regard critique sur la lutte des expulsés à Caen

Messagepar Lambros » Mardi 16 Sep 2014 12:06

Non, mais ça peut démoraliser (bonne vieille stratégie étatique)
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