JeanGuy a écrit:Pour les questions de mandats, de contrôle de la communauté,... c'est de l'ordre de la question politique plus qu'économique ( bien que les 2 soient très liées ). On pourrait en discuter sur un autre fil car cela sortirait de cette discussion sur l'économie et l'argent.
Pour le reste :
Tu n'es pas d'accord avec cette idée de bons de travail car au fond c'est de l'argent et que argent = capitalisme. Je pense que ce schéma de pensée est réducteur, et fais allusion à une critique actuelle du capitalisme qui se focalise sur son aspect financier sans prêter attention au reste. Le capitalisme peut très bien perdurer, avec ou sans argent, avec ou sans autre valeur d'échange ( "bons de travail " ou n'importe quoi d'autre ), de la même façon qu'il peut perdurer sans aucune valeur d'échange. Car une composante majeure du capitalisme est l'exploitation du travail de l'homme par l'homme ( le salariat actuellement ) qui permet au second de tirer bénéfice du travail du premier. Et pour ça il n'y a pas besoin de monnaie.
Si dans ton système individualiste, chacun fait ce qu'il veut, travaille ou pas, pioche dans les stocks sans aucun système de contrôle, quelles s
ont les garanties qu'un petit groupe ne s’approprie pas les stocks pour les donner aux autres contre rémunération ? De même, qu'est-ce qui te garantie que Mr A ne va pas se servir du travail de Mr B pour satisfaire ses besoins sans rien lui donner en échange ?
La vraie différence entre nos façons de voir les choses, ce n'est pas une question d'argent ou pas au fond, c'est surtout une vision des rapports sociaux car les échanges économiques sont des rapports sociaux ( fondamentaux selon moi ). Et ce qui m'interpelle, c'est que tu nies la réciprocité qui est la base, et qui a toujours composé la base des rapports sociaux ( je travaille ou pas, je prend ce que je veux, aucune notion de communauté car c'est autoritaire de facto,... ). C'est pourquoi j'en arrive à penser que tu défends un système de type individualiste, et c'est là que ça pêche puisque je suis plus partisan d'un anarchisme social.
Je n'aime pas argumenter en collant des étiquettes mais je vais faire une exception cette fois-ci pour moi-même :
Je suis également partisan d'un anarchisme social , je suis pour le communisme libertaire tout en étant en même temps anarchiste individualiste et, si ça peut paraître bizarre ou incompatible pour certains, je crois pour ma part que l'un ne peut pas aller sans l'autre.
-"Communiste "parce que je suis pour que les ressources naturelles et les moyens de les transformer soient rendues à la communauté humaine et non accaparées par des individus ou groupes spécifiques.
-"Libertaire" parce que je suis favorable à ce que chacun puisse utiliser ces ressources sans qu'il en soit contraint par aucune autorité d'aucune sorte si ce n'est celle qu'il a sur lui-même et, celle-ci varie en fonction des individus.
-"Anarchiste" parce que je pense que la liberté est une des valeurs, si ce n'est la valeur, essentielles dont l'homme (sens générique bien-sur) seul ou en libre association a besoin pour fonctionner correctement .
-"Individualiste" parce que je crois que l'individu en tant que tel ne doit pas être soumis à une contrainte collective et qu'il doit pouvoir apporter et faire ce qu'il souhaite être juste de sa propre initiative.
-"Anarchiste social" parce que je suis pour que tous les membres du tissus social ( sans exception ) aient accès à ce qui est créé par tous et chacun.
Ensuite c'est la façon de considérer la façon d'arriver à tout cela qui diffère" entre nous et, c'est l'objet de cette discussion.
On pourra, si tu le souhaites, dissocier ce débat en traitant des mandats et du contrôle de la collectivité que tu appelles de tes vœux .
Pour moi, c'est très clair : un contrôle de la collectivité et les mandats, fussent-ils impératifs, à ce sujet amènent irrémédiablement à la création de groupes dont les intérêts sont différents de la grande masse.
C'est la bureaucratisation que nous connaissons dans le système bolcheviste.
Ensuite concernant l'argent et le capitalisme : non, le capitalisme ne peut pas plus perdurer sans argent qu'un fusil peut tirer sans balles. L'argent est l'outil de base de fonctionnement du capitalisme que tu l'appelles "monnaie fiduciaire" , "monnaie scripturale" ou "bons de travail".
Et cet argent, cette monnaie ou ces bons de travail sont évalués en fonction de la valeur d'échange que certains donnent déjà (ou donneraient plus tard selon ton concept ) au travail.
Quant au parasitisme, je pense exactement l'inverse de toi : c'est justement l'abolition de toute valeur d'échange et de quantification du travail qui serait la seule à même de s'en préserver.
Les raisons en sont, comme je l'ai indiqué plus haut, l'augmentation considérable des forces productives de valeur d'usage qui en résulterait tout comme l'inutilité de ceux qui seraient "mandatés au nom de la collectivité " (et d'ailleurs laquelle ? ; et c'est pour moi un vœu pieux que de croire que cela peut se faire de façon juste ) pour quantifier et redistribuer de façon soit-disant "égalitaire"; "mandatés" qui deviendraient forcément eux-mêmes les vrais parasites.