Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Mille-feuilles à tendance séditieuse.

Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar JeanGuy » Jeudi 26 Sep 2013 16:44

Suite à la discussion sur le fil concernant la Syrie et un post de kuhing, un sujet sur une éventuelle abolition de l'argent.

Pour lancer le débat, on pourrait, entre autres, poser les questions suivantes :
- qu'est-ce que l'argent ? quel est son rôle ? en quoi est-il lié à l'économie capitaliste ?
- est-ce que l'abolition du capitalisme implique nécessairement l'abolition de l'argent ?
- est-ce que le capitalisme peut survivre sans l'argent ?
- abolir l'argent, pourquoi ? comment le remplacer et par quoi ?

J'ai pas forcément une idée bien claire de ce que pourrait être la meilleure des problématiques, mais ce peut être un sujet intéressant, notamment dans le cadre d'une question plus globale qui pourrait être " et que fais-t-on si le système s'écroule ? " ; au final, c'est bien à cette question plus large que les révolutionnaires se donnent le charge de répondre.
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar kuhing » Vendredi 27 Sep 2013 9:35

JeanGuy a écrit:
Pour lancer le débat, on pourrait, entre autres, poser les questions suivantes :
- qu'est-ce que l'argent ? quel est son rôle ? en quoi est-il lié à l'économie capitaliste ?
- est-ce que l'abolition du capitalisme implique nécessairement l'abolition de l'argent ?
- est-ce que le capitalisme peut survivre sans l'argent ?
- abolir l'argent, pourquoi ? comment le remplacer et par quoi ?


Mon avis extrêmement synthétisé aux questions posées :

--qu'est-ce que l'argent ? : Au départ un intermédiaire d'échange de produits ou services correspondant à une évaluation d'un travail simple ou complexe.

-:quel est son rôle ? : échange universel en apparence de biens et services, moyen d'accumulation du capital.

-en quoi est-il lié à l'économie capitaliste ? :Il est lié à cette économie dans le sens où l'argent est le départ et l'arrivée de tous les échanges marchands. La plus-value tirée du travail non payé permet une accumulation du capital qui permet d'entretenir le cycle " Argent - Marchandise ( ou service ) Argent augmenté de la plus-value."

-- est-ce que l'abolition du capitalisme implique nécessairement l'abolition de l'argent ? : Oui

-- est-ce que le capitalisme peut survivre sans l'argent ?: Non

-- abolir l'argent, pourquoi ? : Pour sortir du cycle "Argent- Marchandise- Argent augmenté de la plus-value" pour le remplacer par "Activité humaine - productions de biens et services à seule valeur d'usage"

-comment le remplacer : Par la seule création et la distribution directe des biens et services sans aucune quantification du travail fourni pour les créer.

-et par quoi ? : Par rien ( et bien sur pas par du troc direct )
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar JeanGuy » Vendredi 27 Sep 2013 16:47

Je suis d'accord avec toi sur un certain nombre de points, à savoir que l'argent est le moyen que notre société s'est donnée pour permettre les échanges de biens et de services et que son usage originel selon un cycle " Marchandise - Argent - Marchandise " s'est transformé en un cycle " Argent - Marchandise - Argent " en vue d'accumuler une plus-value et donc du capital. Je crois que ça a un nom il me semble que c'est l'usage chrématistique de l'argent, mais peu importe.

Ensuite, lorsque tu penses que l'abolition du capitalisme implique l'abolition de l'argent, et que le capitalisme ne peut pas survivre sans l'argent, je suis plutôt mitigé. N'importe quel système d'échange quelque soit sa forme peut voir son usage dévié de son but originel, si la communauté laisse faire. Le problème central du capitalisme, ce n'est pas tant l'argent en soi, mais la concentration de la richesse produite par le travail social dans un petit nombre de mains, et surtout le fait que cette pratique soit la norme. Aujourd'hui, cela se manifeste par de l'argent, réel ou virtuel, mais je pense que cela pourrait exister avec n'importe quel autre système d'échange de biens et de services.

Enfin, sur la question de son remplacement, je ne suis pas d'accord avec ta proposition : remplacer l'argent par rien ? Autrement dit n'avoir aucun système pour échanger équitablement des biens ou des services ? Si je prend un exemple débile : A est capable de fabriquer une maison et B est capable de fabriquer du pain, comment A et B vont s'entendre pour échanger mutuellement leurs services ? Fabriquer une maison demande beaucoup plus de matières premières, et beaucoup plus de travail pour un homme que de fabriquer du pain ( sans parler des savoir-faire à proprement parler ). Il apparait donc logique que la maison est une valeur plus importante que la miche de pain parce que sa valeur, elle la tire de la quantité de travail humain nécessaire pour sa fabrication.
Ainsi, si l'on veut un échange équitable, sur quels critères se baser ? B fabriquera combien de pains pour que A lui fasse sa maison et que chacun y trouve son compte ? Avouons que l'argent nous permet de répondre à cette question, et que vouloir son abolition sans penser à le remplacer par un système d'échange alternatif, c'est se débarrasser de la question un peu trop facilement.

Et dernier point, quand tu ne veux aucune quantification du travail fourni pour décider de la répartition des richesses, là non plus je suis pas d'accord : cela veut dire que celui qui participe à la vie de la communauté par son travail; et celui qui ne fait rien et vit à ses crochets peuvent en théorie obtenir la même chose. Ce n'est peut être pas ce que tu voulais dire, mais il faut se méfier de cet effet pervers de l'abolition de l'argent et du mythe de la gratuité. Pour moi il n'y a pas de gratuité, la vie en communauté c'est une forme de "contrat social" et un échange permanent : soit tu participes à l'intérêt commun et tu as le droit à ta part, soit tu te sers mais tu ne fais rien et tu dégages. La réciprocité ou rien. Exception faite bien entendu des enfants, des gens inaptes au travail pour raisons X ou Y, et tout ce genre de choses.
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar kuhing » Samedi 28 Sep 2013 7:50

JeanGuy a écrit:Je suis d'accord avec toi sur un certain nombre de points, à savoir que l'argent est le moyen que notre société s'est donnée pour permettre les échanges de biens et de services et que son usage originel selon un cycle " Marchandise - Argent - Marchandise " s'est transformé en un cycle " Argent - Marchandise - Argent " en vue d'accumuler une plus-value et donc du capital. Je crois que ça a un nom il me semble que c'est l'usage chrématistique de l'argent, mais peu importe.

Ensuite, lorsque tu penses que l'abolition du capitalisme implique l'abolition de l'argent, et que le capitalisme ne peut pas survivre sans l'argent, je suis plutôt mitigé. N'importe quel système d'échange quelque soit sa forme peut voir son usage dévié de son but originel, si la communauté laisse faire. Le problème central du capitalisme, ce n'est pas tant l'argent en soi, mais la concentration de la richesse produite par le travail social dans un petit nombre de mains, et surtout le fait que cette pratique soit la norme. Aujourd'hui, cela se manifeste par de l'argent, réel ou virtuel, mais je pense que cela pourrait exister avec n'importe quel autre système d'échange de biens et de services.

Enfin, sur la question de son remplacement, je ne suis pas d'accord avec ta proposition : remplacer l'argent par rien ? Autrement dit n'avoir aucun système pour échanger équitablement des biens ou des services ? Si je prend un exemple débile : A est capable de fabriquer une maison et B est capable de fabriquer du pain, comment A et B vont s'entendre pour échanger mutuellement leurs services ? Fabriquer une maison demande beaucoup plus de matières premières, et beaucoup plus de travail pour un homme que de fabriquer du pain ( sans parler des savoir-faire à proprement parler ). Il apparait donc logique que la maison est une valeur plus importante que la miche de pain parce que sa valeur, elle la tire de la quantité de travail humain nécessaire pour sa fabrication.
Ainsi, si l'on veut un échange équitable, sur quels critères se baser ? B fabriquera combien de pains pour que A lui fasse sa maison et que chacun y trouve son compte ? Avouons que l'argent nous permet de répondre à cette question, et que vouloir son abolition sans penser à le remplacer par un système d'échange alternatif, c'est se débarrasser de la question un peu trop facilement.

Et dernier point, quand tu ne veux aucune quantification du travail fourni pour décider de la répartition des richesses, là non plus je suis pas d'accord : cela veut dire que celui qui participe à la vie de la communauté par son travail; et celui qui ne fait rien et vit à ses crochets peuvent en théorie obtenir la même chose. Ce n'est peut être pas ce que tu voulais dire, mais il faut se méfier de cet effet pervers de l'abolition de l'argent et du mythe de la gratuité. Pour moi il n'y a pas de gratuité, la vie en communauté c'est une forme de "contrat social" et un échange permanent : soit tu participes à l'intérêt commun et tu as le droit à ta part, soit tu te sers mais tu ne fais rien et tu dégages. La réciprocité ou rien. Exception faite bien entendu des enfants, des gens inaptes au travail pour raisons X ou Y, et tout ce genre de choses.


Ce sont effectivement des objections que j'entends souvent sur le sujet.
Je ne vais pas pouvoir te répondre de façon personnalisée mais, c'est peut-être mieux que rien, voici quelques réflexions que j'ai écrites il y a quelques mois à ce propos.
Il ne s'agit pas de t'aveugler avec un tartine de caractères mais d'exposer plus précisément mon point de vue.
Les questions sur la société sans argent et la non quantification du travail viennent plutôt à la fin du texte ( disons à partir du paragraphe 13 ) mais c'est un tout.
Donc si t'as le courage de lire on pourra peut-être revenir sur des points précis qui posent soucis :

CE QU'IL FAUT CONSTRUIRE


Le cerveau refuse et c'est peut-être l'obstacle majeur au changement nécessaire.
L'humanité depuis qu'elle a mis en place des rapports sociaux a utilisé
l'échange quantifié. Troc direct ou utilisation d'un intermédiaire monétaire, il
a toujours été question d'établir, de jauger une valeur au produit ou au service
échangé. Nous ne savons fonctionner que de cette façon et nous nous est
quasiment impossible de concevoir des relations sociales en dehors d' un système
de quantification de la valeur du travail.
Pourtant l'immense majorité du profit financier réalisé aujourd'hui n'a plus
aucun rapport avec le travail réel accompli où à faire. Le bénéfice financier,
base fondamentale du système d'échange que nous employons, résulte de
manipulations, d'artifices, de fuites en avant, d'opérations fictives et
virtuelles. La dernière en date, le speed trading, échanges boursiers à très
hautes vitesses, témoigne de l'aberration atteinte par un fonctionnement
économique et social arrivé au bout d'une impasse.


1) Ce que l'on peut comprendre


Nos raisonnements sont aujourd'hui en mesure de.comprendre, nos intuitions de
sentir les méfaits voire les catastrophes que le système actuel induit. La plus
évidente concerne le saccage écologique du à l'impérieuse nécessité de la
rentabilité financière.
Le droit au travail bafoué de plus en plus peut être mis en relation dans nos
esprits avec les fondements du système. Mais la plupart du temps, la
revendication associée se limite au fait que les usines ne ferment pas ou ne
soient pas délocalisées là où la main-d'œuvre est moins chère.
Les réclamations peuvent aussi se cantonner sur un terrain moral : " la
redistribution des bénéfices est injuste, les patrons et les actionnaires sont
immoraux contrairement aux travailleurs
qui jouent le rôle des victimes "
Cette vision naïve de la situation est contestable : il y a aussi des ouvriers
qui réclament l'expulsion des sans-papiers parce qu'ils croient ainsi conserver
leurs emplois et il existe des patrons qui n'ont pas d'autre choix que celui de
licencier sous peine de mettre l'entreprise qu'ils gèrent en faillite.


Au delà de l'écologie et du chômage, de plus en plus de consciences établissent
un rapport entre l'atteinte aux droits humanitaires fondamentaux et la crise de
l'économie capitaliste. Mais sur ce point, pour beaucoup, le lien de cause à
effet reste difficile à réaliser.
Pourtant si un gouvernement social-démocrate continue la traque aux travailleurs
clandestins c'est que sa gestion de l'économie ne lui permet pas de les prendre
en charge même si dans l'absolu tout être humain à droit à la vie et à une place
dans le tissus social.


2) L'échec de tous les combats sectoriels


L'absence de projet global clair aboutit à des soubresauts revendicatifs
disséminés, à des luttes corporatistes là où l'entreprise ferme, se délocalise
pour continuer à être rentable. La survie motive alors une forme de solidarité
qui s'établit entre ceux qui vont perdre leur emploi. Mais cette unité
temporaire se limite à l' intérêt immédiat des concernés. Il est exceptionnel de
voir des travailleurs d'une autre entreprise en fonction se mettre en grève pour
soutenir ceux qui risquent le chômage. La préoccupation de chacun est
circonscrite par son propre sort. Les conditions matérielles, dans ces cas,
brident en quelque sorte la conscience.
Dans ces conditions, toute lutte sectorielle est vouée à l'échec puisque le
capital trouve d'autres moyens, d'autres forces laborieuses également soucieuses
de leurs survies et dépendantes du moyen de l'assurer : l'argent.
Il arrive pourtant parfois qu'une unité plus large s'organise contre les
attaques du système. Mais cette lutte élargie reste toujours limitée à une
revendication commune qui touche plus de monde.
Là encore l'issue ne peut pas être favorable : le mode de fonctionnement actuel
jouerait sa propre existence si les demandes étaient satisfaites. C'est pour lui
aussi une question de vie ou de mort et, s'il lâche parfois quelques miettes
d'un côté, il les reprendra de l'autre.


3) L'échec des solutions individuelles.


Est-il possible de shunter le système par un moyen individuel ou micro
communautaire ?
Des tentatives ont été essayées de tous temps avec un pic post soixante-huitard. Le
mouvement hippie l'illustrait. Aujourd'hui, s'appuyant sur la théorie de la
décroissance, certains prennent l'initiative d'un retrait à la campagne et
tentent jusqu'à l'autarcie. D'autres restent urbains, se nourrissent
volontairement ou par nécessité dans les poubelles et, squattent des logements
vides. Si ces expériences peuvent être intéressantes, le carcan économique
impose d'accumuler le capital suffisant pour investir dans un lieu d'habitation
rural et le faire fonctionner. Les squats sont par ailleurs éphémères et, les
grandes surfaces arrosent de plus en plus leurs surplus alimentaires de javel
pour les rendre impropres à la consommation.
Les contraintes culturelles et sociales constituent par ailleurs un frein
suffisant pour que ces replis et ces marges ne puissent se généraliser et encore
moins constituer des îlots dont l'addition puisse opérer un basculement
structurel de la société.
Dans le cas de communautés, les rapports de dominations inter-personnelles sont
généralement reproduits puisqu'aucune structure ne peut être parfaitement
étanche aux influences de l'environnement. Les rapports de forces qui régissent
la société se retrouvent alors dans un espace clos et restreint.
On peut parler encore d'échec relatif mais réel des solutions individuelles.


4) L'échec de l'indignation collective


L' appel récent de Stéphane Hessel a sans doute marqué un pas dans l'évolution
de la conscience collective populaire. Pour une première fois avec lui, un
individu lambda inconnu auparavant propose directement à la grande masse de la
population, en termes accessibles, de s'indigner des conséquences générées par
le capitalisme.
L'appel est entendu et ne tarde pas à provoquer des rassemblements en Europe et
même dans le monde. L'Espagne particulièrement touchée par la crise est une des
premières à voir des occupations de ceux qui reprennent à leur compte le
qualificatif " d'indignés".
Ils sont suivis par des regroupements en France, en Italie, en Grèce mais
surtout et, le fait est inédit, aux États-unis.
Au delà de la revendication sectorielle, de la réclamation particulière sur le
maintien d'un emploi menace ou par exemple de la remise en cause d' un régime de
retraites, c'est l'ensemble des méfaits du système qui est contesté.
De là à penser que ce sont ses fondements mêmes qu'il faut balayer pour tout
changer, le pas peut paraître proche à franchir.
C'est le mouvement de protestation devant la bourse de New-York, symbole fort du
capitalisme dans son propre bastion, qui fut la pointe avancée de cette
expression consciente.
Aujourd'hui pourtant l'espoir suscité par les indignés européens et les 99%
nord-américains s'est estompé, peut-être évanoui.
L'indignation et la critique, fut-elle globale, ne sont donc pas suffisantes
pour ébranler un mode de fonctionnement économique, politique et social même en
crise subaigüe.


5) Le pouvoir


Les rapports de force, de domination et de pouvoir existent entre les hommes
depuis que l'humanité existe. Basés au départ sur des capacités physiques
supérieures ou sur une aptitude particulière à la manipulation, ils se sont vite
assis sur l'accumulation de richesses transmissibles au moyen de lois établies
par les dominants.
Ces institutions élaborées par le cerveau humain ont transmuté les rapports de
force primitifs en relations d'exploiteurs à exploités économiques.
L'homme, au cours de son évolution, a du se battre pour survivre comme tous les
organismes vivants qui sont passés sur la Terre.
Sa capacité cérébrale lui a permis de se hisser au sommet de la chaîne alimentaire.
Cette hiérarchisation s'est opérée au sein de sa propre espèce avec la création de structures
sociales de type pyramidales dotées de moyens coercitifs pour se maintenir.
D'un point de vue philosophique, cette façon de s'organiser a pu être expliquée
par un darwinisme social plus ou moins édulcoré : la loi du plus fort qui régit
la nature est reproduite dans la méthode utilisée par l'homme pour s'organiser
en société.
Cependant si de nombreuses espèces animales possèdent des structures sociales
hiérarchisées avec des rôles bien définis, il en est qui fonctionnent aussi en
mode de coopération et règlent leurs conflits à l'amiable. L'exemple des singes
bonobos est souvent cité à ce sujet.
Une expérience réalisée sur les rats est instructive : mis en situation
d'abondance alimentaire et disposant d'espace suffisant, les relations
communautaires des rats sont exemptés de conflits alors qu'en cas de
restrictions des rapports de dominations forts s'établissent entre les
individus.
Une autre théorie tentant de justifier la propension humaine à établir des
rapports hiérarchiques de dominations entre personnes se retrouve dans la
volonté de puissance décrite par Nietzsche.
Mais il ne précise cependant pas par rapport à quoi ou à qui, ce qui serait une
caractéristique essentielle de l'homme, la recherche de la puissance, cherche au
fond à s'établir.
L'observation tenterait à conclure que celle-ci s'opère naturellement entre les
hommes.
La philosophie extrême-orientale ouvre une autre voie, celle du développement
personnel : si un désir de puissance que l'on peut assimiler à celui d'un
pouvoir existe bien chez les hommes, c'est sur lui-même et non sur les autres
qu'il doit chercher à l'atteindre.


6) L'argent


Très tôt dans l'histoire de l'humanité, les échanges commerciaux se sont mis en
place et, c'est un processus unique dans l'organisation du monde du vivant. Il existe bien des
animaux, des insectes capables d'en faire travailler d'autres à leur profit ou
même dans une relation de coopération mais aucune espèce autre que celle des
hommes n' a pu mettre en place de quantifier une valeur de marchandises ou de
services échangés qui correspondent à un travail fourni.
Dés la mise en plaça du troc, une évaluation de la valeur a été appréciée puis
établie.
C'est avec la monnaie, l'argent, qu'un outil étalon a pu servir d'intermédiaire
de transaction et de quantification du travail nécessaire, simple ou complexe, à
la production d'une marchandise ou d'un service, la flexibilité de la valeur
étant régie par la loi de l'offre et de la demande.
Très vite argent et pouvoir ont tissé des liens forts au point que l'un n'aille
pas sans l'autre au sein du tissus social.
Le capital, convertible en argent, monnaie fiduciaire mais de plus en plus
scripturale, est un élément essentiel de placement dans l'échelle sociale. Il
représente en tant que tel un instrument d'aval des uns sur les autres.
L'argent est un outil de transaction et d'achat mais pour qu'il conserve cette
fonction, il ne doit pas fondre comme neige au soleil sous peine de rendre
dépendant de ceux qui en possèdent. Il est nécessaire le faire fructifier, s'en
servir pour générer des bénéfices, pour ne pas vendre sa force de travail.
Des bénéfices financiers pourront apparaître si un capital investi l'est de
manière rentable. La rentabilité provient directement ou indirectement d'une
fraction du travail non payé de ceux qui sont contraints de vendre leur force
pour vivre.
Aujourd'hui et depuis de nombreuses décennies, les bénéfices financiers sont en
majeure partie réalisés de manière fictive par des jeux d'écritures basés sur du
travail non encore fourni. On parie qu'il le sera.
La rentabilité financière, condition sine qua non du maintien du système
marchand tient donc essentiellement sur une fuite en avant. Les vraies richesses
ne dépendent que du travail effectif et non de l'argent qui sert à les payer.
Si l'activité humaine cessait du jour au lendemain, l'humanité n'y survivrait
pas plus que quelques semaines. Les billets de banques, l'or accumulé dans les coffres des
banques, les pages d'écritures informatiques ne sont pas comestibles.


7) Les méfaits de l'argent sur l'environnement.


Si l'argent-monnaie peut paraître comme étant un outil d'échange pratique, il
contient en lui les effets pervers et dangereux au point de remettre en cause
l'existence même de la planète et de toutes les formes de vie qu'elle abrite.
L'argent ne peut se satisfaire d'un état statique, il doit sans cesse produire
du bénéfice et tout déficit doit être épongé, il est du.
Les méfaits de cette nécessaire rentabilité financière sont bien compris d'une
frange d'individus et font l'objet du cœur de la propagande de nombreuses
organisations progressistes radicales.
Pour vendre toujours plus cher que ça a coûté, il faut sans cesse rogner sur le
coût d'extraction et de transformation des matières premières et monter les
prix. Il s'agit également de gagner sur la gestion du recyclage des déchets et
cela entraîne une souillure permanente et croissante de l'environnement naturel.
Pour faire du bénéfice, il faut vendre sans cesse ce qui nécessite des astuces
fines de la part des concepteurs et des distributeurs des produits manufacturés.
L'obsolescence programmée représente un de ces artifices dont il beaucoup
question actuellement . Si l'appellation est compliquée, le principe est simple : il s'agit de fabriquer
des produits à durée de vie prévue et de préférence
courte afin qu'ils soient renouvelés régulièrement. Une puce électronique est
même parfois inséré à l'insu du consommateur dans le matériel informatique
grand public pour qu'il tombe en panne juste après le délai de garantie.
Le gâchis immense du travail fourni pour la fabrication de ses produits à usage
volontairement limité, le gaspillage des matières premières, la pollution
engendrée par cette production et ses déchets s'inscrivent dans le cadre des
atteintes mortelles causées par le système monétaire.
La mise sur le marché d'objets de qualité médiocre, moins cher pour être vendus aussi aux gens
moins fortunés, aboutit à un résultat analogue avec ses millions de tonnes d'ordures souvent
impossibles à recycler.


8 ) Les méfaits de l'argent sur le travail.


L'essence même du travail humain a été corrompu par sa quantification monétaire
et l'obligation d'en tirer un profit financier. Sa valeur marchande en a fait un
principe de survie alors que le travail représente cette activité créatrice
diversifiée en fonction des aptitudes et des goûts de chacun, indispensable à
son épanouissement individuel et social.
Plus encore, ce moyen de survie qu'il est devenu n'est même pas donné à tout le
monde puisque rentabilité implique chômage.
À côté de ça, le système économique actuel dilapide une quantité d'énergie
considérable pour s'auto-entretenir.
Si on additionne le nombre de personnes employées à vendre ou promouvoir les
produits à écouler sur le marché, à contrôler les transactions monétaires et
bancaires, à réprimer ceux qui transgresseraient le système, l'énergie dépensée
pour rien, parce que n'amenant rien d'utile, devrait atteindre les deux tiers de
la masse de travail intellectuel et manuel fourni par l'ensemble de l'humanité
active.
Pour ceux qui ont la "chance" de travailler pour vivre, les objectifs de
compétitivité qui ont atteindre aujourd'hui des niveaux jamais égalés affectent
grandement les conditions de travail au point de provoquer stress, dépressions
et même suicides de plus en plus fréquents. En plus d'être devenu une
aliénation, le travail est aujourd'hui une formidable machine à broyer les
esprits et à détruire les individus.
Heureusement certains parviennent encore, à travers les mailles de ce redoutable
filet, à retrouver la fonction réelle du travail qui est celle d'un magnifique
outil d' épanouissement personnel, de construction commune et d'échanges
sociaux. Le système n'a pas encore complètement anéanti la nature positive de
cette activité humaine.
C'est à partir de la qu'un renouveau reste possible.


9) Les méfaits de l'argent sur les relations humaines et la santé.


Les relations marchandes vont à l'encontre de cet adage connu : " les meilleures
choses ne s'achètent pas ". Il est permis d'aller plus loin en constatant que
bien souvent les "meilleures choses" sont altérées, voire détruites par
l'argent.
Les simples rapports de bonne intelligence trouvent difficilement leur place
dans les structures hiérarchiques établies par les disparités financières des
uns et des autres.
Jalousie d'un côté, mépris de l'autre, sentiment d' injustice, voilà quelques
dissonances que l'argent est en mesure de générer dans les relations humaines.
Un rapport d'exploiteurs à exploités amène difficilement une interaction et une
communication saine.
L'amitié, l'amour peuvent rarement faire bon ménage avec la vente et l'achat de
sentiments tels qu'ils peuvent exister directement ou indirectement dans un
système marchand.
La prostitution morale ou physique, sous toutes ses formes, qui rabaisse l'homme
au niveau de la marchandise perturbe des relations et une sexualité saines.
On constate des formes plus massives de disharmonies relationnelles à cause du
système marchand via son vecteur argent. Elles s'accentuent en période de crises
et se caractérisent par la xénophobie, le racisme et le repli identitaire. Les
conflits d'intérêts, les flux migratoires de ceux qui espèrent trouver de
meilleures conditions de vie ailleurs, surchargent des zones où le système est à
peine en mesure d'assurer un niveau de vie suffisant à ceux qui y travaillent.
Loin d'apporter la richesse et le savoir-faire que l'on est en droit d'attendre
d'un brassage de populations, les déplacements imposés par la nécessité génèrent
des oppositions d'ampleur et creusent les fossés entre les individus et les
communautés.
Cependant certains dont le fond humanitaire n'est pas encore complètement
submergé, parviennent à passer au dessus des conflits d'intérêts matériels et à
créer le lien entre eux qui viennent d'ici ou d'ailleurs. Ceux ci savent
reconnaître le fond générique commun qui existe entre les hommes.
C'est à partir de là que l'espoir d'une société nouvelle reste possible.


10) Le nécessaire changement


Un malaise est palpable et, pour le moment, des consciences se bornent à
l'exprimer. Ceux qui croient tirer leur épingle du jeu pensent qu'aucune autre
façon de fonctionner est envisageable et encore moins réalisable. C' est aussi
le cas de bien des personnes qui ne s'en sortent pas.
Il mène suffit pas d'être pauvre ou exploité pour être révolutionnaire.
Les tentatives de bouleversements sociaux récupérées par une gestion étatique
des échanges et de la redistribution supposée plus juste des bénéfices ont non
seulement échoué mais encore cadenassé les esprits sur l' éventualité d' un
autre monde.
Ce que l'on appelle "communisme" a abouti à des régimes liberticides,
dictatoriaux qui sont la plupart revenus vers un capitalisme sauvage et mafieux.
Le communisme étatique à été certainement le plus gros frein
contre-révolutionnaire qui ait existé. Sous le poids de cette expérience
malheureuse, les seules alternatives acceptables pour les consciences se bornent
à une gestion pour ou moins re-distributive de l'économie de marché. Les plus
radicaux critiquent avec plus ou moins de virulence les méfaits du capitalisme,
ils proposent, sans d'ailleurs trop souvent y croire, une nouvelle tentative de
gestion pyramidale hypothétiquement contrôlée par "la base" et, en attendant,
axent l'essentiel de leur propagande dans le soutien aux luttes revendicatives
et syndicales. Ils réclament du système qu'il ne leur donne pas moins à défaut
de pouvoir leur en accorder plus.
Ces combats sont vains la plupart du temps à cause de l'atomisation des luttes
savamment orchestrées par les directions syndicales de connivence avec les
gestionnaires du système.
Les échecs à répétition, loin de participer à une élévation du niveau de
conscience collective, fossilisent les esprits dans la croyance que le système
est inébranlable.
Doit-n pour autant renoncer à défendre des droits que la survie du capitalisme
doit forcément attaquer ? Sans doute pas.
Cependant il ne faut pas attendre de ces luttes qu'elles participent d'une
maturation de la tendance générale vers un objectif révolutionnaire.


11) Le changement est-il possible ?


Le système actuel nous envoie dans le mur et il le fait en klaxonnant. L'
argent, instrument indispensable au fonctionnement de la société marchande
n'est plus depuis longtemps le simple outil d'échange bien pratique pour aller
acheter ses légumes. Le pouvoir qu'il permet et génère constitue une des drogues
les plus dures qui soit et, ceux qui y ont accès sont prêts au pire pour le
conserver.
Il devrait être clair que si nous continuons dans cette voie, la fin de
l'humanité est envisageable dans un avenir proche.
L'extinction de l'espèce humaine est-elle donc inéluctable ?
Si elle intervenait, cela ne modifierait guère la face de l'univers. La planète
Terre et ceux qui l'habitent ne représentent qu'un atome de sable sur la plus
grande des plages. La disparition de notre espèce serait dommage pour nous-mêmes
ne serait-ce que pour la curiosité de savoir jusqu'où nous aurions été capables
de percer les mystères de ce qui nous entoure.
Mais la curiosité n'est peut-être qu'un vilain défaut ?
Faut-il compter sur cet étrange instinct de survie qui caractérise tout
organisme vivant pour croire que les hommes trouveront la porte de sortie qui
leur évitera l'auto-destruction ?
Si on se fie au nombre de fois où la catastrophe générale a été évitée de
justesse, on peut s'autoriser à le penser. Mais pour l'instinct ne suffira pas
si l'homme n'est pas en mesure de comprendre ou de vouloir comprendre comment se
sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve.
Il est étonnant de constater que l'intelligence humaine a été capable de
remonter théoriquement jusqu'à la presque naissance de l'univers, de
reconstituer les éléments les plus élémentaires de la matière, mais qu'elle
n'est pas en mesure de concevoir un projet de société cohérent qui puisse le
sauver de sa mort.
Pourtant la solution est simple, tellement simple qu'elle est rejetée par le
caveau humain qui la considère comme simpliste.
Les intérêts de ceux qui dirigent le système et l'impuissance de ceux qui le
subissent alimentent aussi une propagande directe ou indirecte destinée à
perpétrer l'immobilisme et à continuer à faire accepter l'inacceptable.


12) Des voies qui mènent à d'autres impasses.


Penser que le capitalisme se bonifiera avec le temps est illusoire.
Croire qu'il est envisageable de l'adapter pour qu'il soit moins destructif et
plus juste l'est tout autant.
Pour exemples, une taxation des transactions financières liées à la spéculation
serait un mince sparadrap sur une jambe de bois et, la gestion socialiste est
d'ores et déjà, comme nous le constatons, vouée à l'échec.
La pérennité de l'économie capitaliste est dépendante de sa capacité à générer
du profit financier. Le goulot d'étranglement dans lequel elle est arrivée
l'oblige à utiliser des manœuvres spéculatives qui produisent des bulles.
Celles-ci éclatent régulièrement au point de provoquer les crises planétaires
connues. Le capitalisme n'a plus aucune marge re-distributive. Il doit sans
cesse rogner sur les salaires, les acquis sociaux, le droit au travail et
utiliser la fuite en avant pour ne pas s'écrouler définitivement.
S'il est encore debout c'est au prix de guerres particulièrement destructrices
mais surtout parce qu'aucune alternative claire n'est suffisamment avancée.


13) Qu'elle alternative au capitalisme ?


Le capitalisme est aujourd'hui mondialisé et étroitement inter-dépendant. S'en
débarrasser définitivement nécessité rien de moins qu'un mouvement planétaire.
C'est justement la mondialisation de l'économie marchande qui rend possible
cette réponse globale.
Détruire le système ne se produira pas en lui réclamant les miettes qu'il est
incapable de distribuer ni en espérant une moralisation qui stopperait les
disparités et le désastre écologique.
Pour trouver une alternative réelle et définitive au système actuel, il faut
résoudre l'équation dont la solution empêchera tout retour en arrière.
Cette équation comporte trois paramètres majeurs. Le premier concerne la
liberté, le second la justice et le troisième la prospérité.
Il s'agit de mettre en place une organisation sociale qui satisfasse à ces trois
facteurs sans en léser un seul.
La liberté individuelle ou collective est un élément essentiel à respecter pour
la construction d'une société viable. Chacun, qu'il agisse seul ou avec
d'autres, doit être en mesure de réaliser ses objectifs et mener sa vie sans
entraves.
Liberté se conjugue avec respect de ses semblables et respect implique
nécessairement absence de conflits d'intérêts. Comme pour les rats qui vivent en
bonne intelligence et sans agressivité entre eux quand la nourriture et l'espace
sont suffisants, les conditions matérielles favorables doivent produire les
mêmes effets sur les hommes.
L'avantage qu'ont les hommes sur les rats, leur capacité supérieure à
communiquer et à créer doit permettre de favoriser une coopération positive
tendue vers un but commun : la maîtrise et la compréhension de ce qui nous
entoure, l'expression de ce que chacun a en lui, la détermination de ses besoins
et leur satisfaction.
La justice est en lien avec l'équité et doit s'établir d'elle-même. Toute forme
coercitive pour son application s'avèrent inutiles si l'organisation sociale
inclue en elle-même l'équité entre tous. La règle qui permet à chacun de créer
selon ses désirs et ses capacités tout en ayant la possibilité de profiter de
l'activité commune en rapport avec ce qui lui est nécessaire, doit suffire à ce
que justice et équité s'appliquent automatiquement.
Aucune contrainte ni redistribution égalitariste planifiée par la gestion d'une
fraction de la population n'est alors utile. Pire, elle ferait échouer le
projet.
Il s'agit plutôt de mettre en commun les ressources naturelles et permettre à
chacun et à tous d'utiliser leurs aptitudes et les moyens de les transformer
pour son propre bien et le bien commun.
Justice et liberté ne peuvent se conjuguer sans prospérité. La prospérité ne
signifie pas accumuler des biens au point qu'il devienne même impossible de
les utiliser. Il s'agit d'avoir accès à tous les produits et services disponibles.
Point n'est nécessaire d'en être propriétaire pour cela. A la propriété privée à
usage limité, il est préférable de substituer le droit à l'usage libre des biens
communs. Cette liberté d'usage doit être illimitée : celui qui souhaite rester sa vie durant au même endroit ne doit pas en être empêché.
L'organisation et l'aménagement de l'espace disponible peut répondre au choix demeurer dans la même zone sans frustrer d'autres individus. La concentration urbaine extrême imposée par l'économie du vieux monde laisse des espaces vierges, désertifiés et suffisamment de place pour que sur Terre et, pourquoi pas sur et sous les mers, chacun puisse choisir de vivre isolé ou en communauté. Les infrastructures déjà existantes permettent d'offrir un logement correct en mettant à libre disposition les habitations vides non utilisées. Il ne s'agit pas de requisitionner mais de construire plus et mieux en fonction des besoins réels donc en dehors d'une course au profit financier.
Même si la production alimentaire est réalisée avec des méthodes qu'il faut changer puisqu'elles obéissent à la loi de la rentabilité, elle suffirait aujourd'hui à nourrir largement l'ensemble des habitants de la planète alors que près d'un milliard d'individus souffrent gravement de la faim. Il faut garnir les étals des supermarchés des zones favorisées pour les rendre attractifs à la vente et plutôt jeter que donner ou vendre à perte. Cet immense gâchis sera évité dans une société non marchande. La gigantesque dépense d'énergie utilisée pour faire tourner la machine capitaliste peut être recyclée pour que l'intelligence et la force humaine servent enfin pleinement.


14) Faire appel à l'essence même de l'homme.


Comme les abeilles sont programmées pour bâtir leurs essaims ou les oiseaux pour construire leurs nids, l'action créatrice et exploratrice est une caractéristique essentielle de l'homme. Cette affirmation repose sur la constatation que l'histoire de l'humanité est balisée par des constructions et découvertes que la coercition des uns sur les autres ne peut pas expliquer. Les activités librement choisies sont également les plus productives. Ces travaux peuvent être solitaires mais l'émulation d'un groupe qui se fixe un projet commun potentialise la création. Quelques fissures de l'économie du vieux monde laissent parfois passer la lumière comme par exemple pour cette encyclopédie librement consultable et alimentée par mes contributions volontaires et bénévoles des internautes : l'encyclopédie Wikipédia. Cette base de données mise en place collectivement par des gens qui ne se connaissent pas, sans cesse améliorable, donne une pâle idée de ce que pourrait devenir la coopération de toutes les intelligences et les savoir-faire si elle était appliquée à tous les secteurs de la création humaine, intellectuelle ou matérielle.
Pour le partage de l'espace, un mouvement brownien s'appliquerait dans l'utilisation de tous les lieux d'hébergement permettant à l'homme d'accomplir ce pour quoi il est fait : connaitre la planète qui l'accueille et s'enrichir des cultures qui l'entourent. Tout reste une question d'organisation des échanges que déjà les techniques informatiques sont en mesure de régler. La liberté d'utilisation restant entière, rien n'empécherait qui que ce soit de rester le temps souhaité à un endroit fixe mais cette immobilité semble aussi peu probable qu'il parait inconcevable que le concepteur d'une page wikipédia stationne en permanence sur sa propre création.


15) Une activité mutualisée et coordonnée.


Ce qui peut être valable pour l'hébergement peut être généralisé à tous les secteurs de l'activité humaine. Pour manger, vivre, se déplacer, l'homme doit répondre à ses propres besoins et, pour cela il est nécessaire de les évaluer.
Se nourrir constitue une priorité. A raison de trois mille calories par jour d'une alimentation équilibrée et environ sept milliards d'individus sur Terre, le calcul est fait. Produire vingt et un mille milliards de calories alimentaires quotidiennes est une mission tout à fait raisonnable d'autant qu'elle est déjà accomplie aujourd'hui. Un quart de cette production est cependant jetée mais aussi obtenue par l'emploi de substances pétro-chimiques toxiques pour l'homme et son environnement. Les habitudes alimentaires, dépendantes de l'économie de marché, sont orientées dans un sens qui pose les problèmes de santé publique que nous connaissons. Sortir du système marchand doit permettre de faire le point sur sa façon de se nourrir, d'avoir une réflexion approfondie sur la consommation intensive de nutriments comme le sucre et les protéïnes concentrées qui épuisent les ressources de la planète sur tout le déroulé de leurs productions et sont à l'origine de pathologies de tous ordres. Pour exemple, la fabrication d'une calorie alimentaire d'origine animale nécessite la consommation de sept à dix calories d'origine végétale. Cela représente le premier facteur de pollution environnementale. Mais adapter ses habitudes alimentaires vers un mieux dépendra d'une réflexion individuelle et commune et cette maturation des consciences qui fait encore défaut. La fonction créant l'organe, il est cependant permis de rester confiant.
Comme pour le reste la production qu'il faudra assurer pour satisfaire aux besoins humains, une coordination et mutualisation du travail devra être organisée sur tous les secteurs. Rien n'empèchera le particulier isolé ou celui qui s'associe à d'autres de faire pousser localement ses légumes mais en fonction de la demande générale, des unités de production alimentaire pourront se mettre en place. La collectivisation des ressources naturelles associée à l'intelligence humaine devront permettre de produire suffisamment et proprement. Coordination, synthèse et organisation horizontale tels que les réseaux du net peuvent d'ores et déjà offrir seront les moyens les mieux adaptés pour le faire.


16) Des ressources infinies.


Plus-value monétaire et gaspillage induisent une dilapidation des ressources aussi rapidement accessibles qu'il faut pour faire du profit financier. Sortir de ce carcan permettra de libérer l'intelligence aujourd'hui bridée parce que ocuupée à des tâches inutiles ou empéchée à cause des moyens confisqués par les détenteurs de capitaux. Ouvrir la cage qui libérera l'intelligence tendra vers une maitrise de l'énergie infinie qui nous entoure. Un grand nombre de procédés propres permettent déjà d'en utiliser une infime partie. Ces moyens, loin d'être favorisés, sont étouffés par les lobbys d'intérêts différents. C'est dans la recherche et cette propension naturelle que l'humain a à vouloir découvrir que se trouve la clef d'une prospérité sans limite que la nature est en mesure d'offrir.
Les plantes ent encore beaucoup de secrets à nous livrer et de services à nous rendre. Elle le font déjà en nous nourrissant et, il est possible de vivre sainement en privilégiant les végétaux non traités par des toxiques, pour une bonne partie de nos repas. La phytothérapie nous aide aussi pour nos soins curatifs et de confort et il est possible d'aller plus loin dans ce domaine. La phyto-épuration est capable d'assainir proprement nos eaux usées dans une coopération active entre le monde végétal et nous-mêmes.
Les forces de la matière, de l'eau, de la mer sont loin de nous avoir livré l'ensemble de leurs possibilités. Les ressources qu'elles peuvent apporter sans produire de déchets toxiques restent à découvrir.
La vie animale terrestre ou marine a aussi encore bien des choses à nous apprendre aussi bien dans ses organisations sociales que dans son adaptabilité au milieu naturel.
Toutes ces recherches ne sont aujourd'hui pas ou peu rentables financièrement et ne sont donc pas développées.


17) Tout est à vraiment gagner.


Outre la croyance qu'il existe aucune alternative à l'économie marchande, la crainte de perdre ce qui a été obtenu, la peur de manquer constituent la principale résistance au changement. L'expérience malheureuse du léninisme et son aristocratie bureaucratique n'est pas étrangère à cette angoisse inscrite dans la conscience commune.
Une révolution sociale, si elle se déclenche, pourra aboutir positivement sans "prendre aux riches pour donner aux pauvres" selon la formule consacrée mais en rendant à la collectivité humaine ce qu'elle est en droit d'utiliser : les ressources naturelles et les moyens déjà existants pour les transformer afin d'en créer de nouveaux plus performants.
Il ne s'agit pas d'expulser les résidents de leurs maisons mais de construire ce qui manque pour loger ceux qui ne le sont pas sont mal. Le but n'est pas de détruire ce qui sert déjà mais de créer ce qui fait défaut.
Sortir du cycle capitaliste en remplaçant l'objectif de bénéfice financier par celui de la satisfaction du besoin réel doit permettre d'aménager le territoire offert de façon décentralisée et dans le respect de l'environnement naturel. Sera-t-il préférable de choisir de rester dans une demeure dont on est le "propriétaire" ou d'avoir la possibilité , à mesure où celles-ci se libèrent, de les occuper toutes ? Toutes options étant possibles, tout est à gagner pour tous. Reste à coordonner et organiser ces mouvements browniens en fonction des besoins locaux, inter-locaux et des activités qui en découlent. Une coordination et des synthèses réalisées à tous les niveaux ne nécessitent pas pour autant de centralisation hiérarchique. Par analogie, l'internet tel qu'il fonctionne aujourd'hui donne une idée de cette organisation horizontale d'une société à venir tout comme les contacts directs et locaux peuvent le faire.


18) Comment faire ?

Il peut sembler impossible qu'environ sept milliards d'individus puissent simultanément avoir une soudaine vision claire du nouveau monde à construire. Une réalité comportementale vient cependant tempérer tout cela : environ cinq pour cent d'un groupe ou d'une communauté large, convaincue d'une voie à prendre suffit pour entrainer l'ensemble de la collectivité. Cela reste un nombre important de consciences mais si on considère l'humanité par fractions et la vitesse à laquelle les informations circulent aujourd'hui, la propagation des idées devient plus réaliste. La cohérence du message devient le facteur essentiel pour la réalisation du projet.
Le message doit concerner la libération de l'intelligence, la propension naturelle de l'humanité à avancer, la suppression des gâchis, l'augmentation considérable de l'ensemble des forces productives qui en découle. Celle ci est comparable par analogie au fait de devoir se déplacer dans une bibliothèque pour chercher une information et celui d'en obtenir instantanément des milliers en appuyant sur quelques touches d'ordinateur.
L'économie considérable des énergies dépensées pour faire fonctionner et contrôler le système marchand, la suppression des inutilités ou des outils de destruction produits pour le faire tourner, multiplieront encore les forces productives d'une société non-marchande. Le but du passage à une autre façon de fonctionner n'étant pas de produire à tout va pour vendre mais de satisfaire les besoins réels de tous dans un objectif commun, la durée du temps de travail nécessaire pour y parvenir s'en trouvera grandement diminuée. A chacun d'utiliser le temps libre qui lui reste comme il l'entend.
Au delà de la critique du système actuel sur laquelle l'activité de la quasi totalité des regroupements s'arrètent, il est nécessaire de proposer une nouvelle voie. Celle-ci sera, le moment venu, tracée par l'ensemble de l'humanité dans un élan propre à toutes les périodes de grands changements.


19) Un scénario possible.


Aucun bouleversement se fera sans l'intervention directe de la grande masse des populations. Même si une frange proposante est en mesure de tenir le rôle de volant d'entraînement, l'issue du mouvement dépendra de l'action commune.
Le premier tâche consiste en un débroussaillage des idées pour élaborer l'alternative.
Comme pour une réaction chimique, le substrat mis en contact avec son catalyseur provoquera la réaction en chaine de la transformation attendue. Les populations constituent le substrat, celles des quatre vingt dix neuf pour cent ( 99%) dont les intérêts sont communs. Le catalyseur n'est autre que le niveau de conscience suffisant pour savoir vers où il faut se diriger. Sans doute faudra-t-il aussi un déclencheur imprévisible, les sciences humaines ne sont pas une science exacte.
La propagation des départs de feu constatés recemment dans les pays du Maghreb est rapide et peuvent toucher des millions de personnes en quelques jours. Il s'agit de ne plus étouffer le processus quand il se déclenchera massivement à nouveau.
Les luttes revendicatives ne sont pas une fin en soi. Elles peuvent alimenter d'une part le corporatisme et d'autre part la croyance que la position des dominants est inébranlable. Ces luttes demeurent cependant des situations contenant en germe la remise en cause du système. Elles constituent des pretextes où la réalisation d'une unité solidaire peut se mettre en place. L'extension des luttes à tous les secteurs, la propagation des grèves qui deviennent générale sont alors un tremplin unique pour le passage à une forme nouvelle d'organisation sociale. Mais cette unification des luttes, si elle parvient à se mettre en place, ne peut permettre une avancée progressiste que si elle est considérée comme une très brève étape. Elle doit se poursuivre dans un délai très court par une auto-organisation de tous les secteurs d'activité afin de relancer au plus vite la machine productive en dehors du cadre marchand. Une population privée de nourriture et de moyens de l'acheminer ne peut subsister longtemps. L'urgence est donc, dans un tout premier temps, de distribuer les denrées disponibles et surtout d'établir les liens avec ceux qui sont en mesure de produire la nourriture. Il faut aussi pouvoir la repartir, l'acheminer et la distribuer. Cette deuxième phase peut paraître ardue; elle est pourtout parfaitement réalisable puisque toutes les infrastuctures existent déjà, il suffit de les réinvestir de façon différente et directe.
Sans échange marchand, l'argent sous toutes ses formes perd sa valeur. La conséquence quasi immédiate est de priver le système capitaliste de son sang circulant et donc d'en entrainer la mort rapide. L'intervention simultanée d'informaticiens expérimentés, on peut penser déjà aux Anomynous, afin d'effacer toutes traces numériques de comptes bancaires peut être un élement non négligeable de sécurisation du passage de cette étape sans retour possible. Cette phase doit être rapide pour laisser place à la coordination horizontale du monde nouveau où la quantification du travail est abolie.

20) Une goutte d'eau dans l'océan.

Ces réflexions sont une goutte d'eau dans l'océan. Elles envisagent et proposent une voie qui peut paraître ambitieuse mais y en a-t-il d'autres pour éviter la catastrophe ?
A ceux qui les trouveront utopiques, laissons un certain monsieur Alfred Capus répondre "qu'il faut réver très haut pour ne pas réaliser trop bas"
Croire que l'humain est capable de mettre en place un système social en mesure de concilier liberté , prospérité et justice peut paraitre un pari incertain. Mais qui ne parie jamais n'a aucune chance de gagner.
Aujourd'hui il est nécessaire de dépasser le cap de la critique et même de l'indignation. S'il faut savoir ce qu'il faut détruire, nous avons surtout besoin de connaitre ce qu'il faut construire.
L'espoir reste que les quelques gouttes d'eau que pour le moment, seuls quelques uns avancent, l'hypothèse d'une société prospère, juste et libre, débarrassée de ce poison mortel qu'est l'argent, se dilueront dans l'océan pour le toucher tout entier et aller vers ce qu'il faut construire.


kuhing
Grèce, Aout 2012.


NB : "Homme" employé au sens générique ; grammaire française "de France" utilisée pour ne pas surcharger le texte : le lecteur, la lectrice sont en charge de féminiser le texte.
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar JeanGuy » Samedi 28 Sep 2013 9:31

J'aurais préféré un débat plus direct, mais je tâcherais de lire tout ça bientôt. J'ai commencé mais c'est en effet un peu long, d'autant plus que certains paragraphes ne me semblent pas concerner directement le sujet de ce fil...
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar kuhing » Samedi 28 Sep 2013 11:07

oui je sais.
sinon à partir du paragraphe 13 ou même 14 , c'est plus ciblé sur la question
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar lucien » Samedi 28 Sep 2013 23:02

Salut kuhing,
J'ai lu ton texte en diagonale mais j'ai cru déceler ce que Jean-Guy redoute : l'absence de curseur permettant de jauger quantitativement la production, la mise à disposition, l'échange. Tu soulignes le fait que l'économie mondialisée rende le système fragile. D'abord, une crise globale pourrait tout à fait le pousser à évoluer vers un mode de fonctionnement restreint ou séparé géographiquement. Une telle mutation se ferait dans la douleur mais le capitalisme en sortirait rajeunit, comme au bon vieux temps. Surtout, tu parles d'une réponse globale (je te rejoins sur la formule) et tu la décris notamment ainsi :

Aucune contrainte ni redistribution égalitariste planifiée par la gestion d'une
fraction de la population
[pourquoi par une fraction ?] n'est alors utile. Pire, elle ferait échouer le
projet. Il s'agit plutôt de mettre en commun les ressources naturelles et permettre à
chacun et à tous d'utiliser leurs aptitudes et les moyens de les transformer
pour son propre bien et le bien commun.


Supposons que les Chinois proposent de mettre en commun les ressources naturelles de la planète pour leur permettre entre autre de disposer, ils l'ont décidé ainsi et on ne saurait les contredire, d'une voiture individuelle. Vu leur nombre, les ressources planétaires seront insuffisantes et ils n'auront chacun qu'un essieu ; il n'y aura plus d'acier disponible pour produire des ampoules et on regrettera de ne pas en avoir tous discuté avant.
Supposons maintenant que je me pointe à ma fabrique locale d'ampoules (avant la décision chinoise). Dans ton système, je peux me servir à volonté quant les estimations de Jean-Guy me limitaient à 10 ampoules dans l'année. J'en prends 1000 - tant pis pour les autres -, je m'en garde 10 et je vais échanger les 990 autres. Comme le stock local a chuté après ma visite à la fabrique, j'en tire un bon prix sur le marché local de la pomme de terre mais j'en ai trop pour ma consommation personnelle et je continue ainsi, en viciant les équilibres attendus.
Tu me diras : s'il n'y avait pas de lucien ou de Chinois fans d'enjoliveurs, ça fonctionnerait. Mais je crois juste qu'un niveau de décision collective, universelle, s'impose au moins pour faire face aux limites de la planète.

Lire ce texte plus sérieux déjà cité par ailleurs mais qui peut répondre aux diverses interrogations de Jean-Guy.
lucien a écrit:Extrait de Vers une société libérée de l'Etat, Qu'est-ce que l'anarchisme communiste ? (1932), d'Erich Mühsam.

Version intégrale de ce texte sur http://www.anarkhia.org.


C’est donc le privilège qu’il faut abolir. Il ne peut l’être que si la réglementation du travail par en haut est remplacée par l’autogestion des travailleurs. L’autogestion n’est pas autre chose que la responsabilité d’hommes égaux sur la base de la réciprocité, que l’organisation fédérale à la place de l’organisation centraliste. Nous montrerons dans la deuxième partie comment il conviendra d’organiser, dans l’anarchie communiste, le travail et la distribution sur une base fédéraliste grâce aux Conseils, seule forme concevable d’autogestion de l’économie. Il suffira de poser ici ce principe de valeur générale : une société, dans laquelle les rapports du travail et de la consommation, les rapports des hommes entre eux et l’ensemble des relations matérielles et spirituelles doivent être réglés de manière à sauvegarder l’égalité des droits, la responsabilité personnelle de tous et l’assistance réciproque, exige une administration fédérale de toutes les affaires, c’est-à-dire un accord direct de tous ceux qui y participent. Les bureaux de liaison centraux ne doivent servir qu’à des fins de comptabilité et de transmission des commandes et jamais à l’exercice de fonctions séparées ni aux visées d’une quelconque autorité supérieure, dont la complète élimination est la condition première de toute autogestion.


Pour en revenir à l'argent, Jean-Guy pourra consulter cette définition de S.Faure.
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar kuhing » Dimanche 29 Sep 2013 7:36

Je répondrai juste à ton objection que l'intelligence humaine est illimitée si elle est libérée.
Je te laisse en déduire la suite.
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar JeanGuy » Dimanche 29 Sep 2013 11:09

La définition de Faure est assez intéressante, mais bien que son analyse condamne à juste titre l'argent et ses méfaits, je ne vois pas en quoi il nous propose une solution pour permettre son abolition et surtout pour régler les échanges une fois l'argent aboli. De plus, on voit bien que même l'argent aboli, un individu pourrait, sans gestion collective des biens et services, s'approprier des biens en excès et se servir de cette appropriation pour obtenir un profit quelconque, comme le décrit l'exemple de lucien et de ses ampoules échangées sur le marché de la pomme de terre. Ainsi, le capitalisme sans argent c'est possible ? Mince ! :)

Avoir des échanges équitables dans une société sans argent nécessite la réciprocité et la responsabilité personnelle de chacun, capable de se dire et d'admettre le fait suivant " il y a tant de ressources, nous sommes tant, j'ai besoin de tant, je ne prend que ce qui m'est nécessaire pour satisfaire mes besoins sans léser les autres et les autres font de même car eux comme moi avons conscience de vivre ensemble,... ". Les anarchistes ont sacrément confiance dans les capacités des hommes de s'organiser sur des bases horizontales pour bien vivre ensemble, mais ce n'est pas pour ça qu'on doit être naïfs : il y aura toujours des gens pour s'approprier plus que ce qu'ils ont besoin et ainsi semer la merde dans les échanges sociaux. De plus, même si on abolit l'argent, il faudra trouver un moyen adéquat pour permettre des échanges équitables, ce qui peut demander du temps et des expérimentations ; or les échanges ne seront pas interrompus pendant ce temps de latence : comment gérer cette transition et les conflits qui ne manqueront pas de survenir durant cette période ?
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar lucien » Dimanche 29 Sep 2013 21:17

kuhing a écrit:Je répondrai juste à ton objection que l'intelligence humaine est illimitée si elle est libérée.
Je te laisse en déduire la suite.
A la fin de sa carrière, Albert Einstein aurait regretté de ne pas être plutôt devenu plombier...
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar kuhing » Lundi 30 Sep 2013 6:33

Oui et on peut le comprendre.
Mais la discussion présente se situe dans un cadre où les gens travailleraient en sinergie pas les uns contre les autres.
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar JeanGuy » Lundi 30 Sep 2013 15:42

Avec tout mon respect kuhing on se fiche totalement du cadre où se situe la discussion présente, on constate chaque jour que des gens travaillent en synergie tandis que d'autres se combattent sans cesse : l'association et l'opposition font toutes les 2 partie du champ social de l'Humanité. Ce n'est pas en regardant la réalité par l'angle qui nous arrange qu'on pourra répondre aux questions sociales importantes, ni d'en tirer des perspectives révolutionnaires crédibles.
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar kuhing » Lundi 30 Sep 2013 18:02

Je crois qu'il y a un malentendu.
Le sujet de la discussion que tu as ouverte a pour thème : "abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ? ".
Je donne donc mon avis en suggérant que non seulement l'abolition de l'argent est un pas vers le communisme libertaire ( je dirais plutôt ou aussi "vers une société anarchiste " ) mais que c'est une condition nécessaire et suffisante.

Là-dessus Lucien, si je l'ai bien compris, objecte que tout cela c'est bien beau mais que sans argent ni quantification du travail, (et peut-être sans une certaine planification ?) le problème de la limite des ressources disponibles ne va pas tarder à se poser puisque certaines personnes souhaiteront fabriquer telle ou telle chose en grande quantité et que ce ne sera pas possible à terme.

Ce à quoi je réponds que la question ne se situe pas dans la quantité de ressources matérielles ce que l'on pourrait croire limitées mais que la solution se trouve dans la libération de l'intelligence humaine qui elle est infinie.

Alors Lucien me renvoie la balle en disant : oui mais Einstein, donc quelqu'un qui avait une grande intelligence, aurait préféré lui-même ne pas avoir à l'utiliser puisque le résultat de ses réflexions a produit Hiroshima.

Ce à quoi je réponds que le cadre de cette discussion n'est pas celui actuel (ou de l'époque d'Einstein ) où une catégorie de la population en exploite une autre mais celui d'une situation où l'ensemble de l'humanité travaille en synergie.

Et maintenant je précise qu'à partir du moment où l'outil essentiel, l'argent, qui permet au système actuel de fonctionner non pas en synergie mais les uns au dépend d'autres, est supprimé, la libération de l'intelligence ne servira pas un camp contre un autre mais permettra de résoudre les problèmes de tous : en particulier celui, évoqué non sans humour par Lucien, de fabriquer des enjoliveurs sans que cela réduise les ressources naturelles qui permettent de le faire.

Suis-je plus clair ?
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar JeanGuy » Lundi 30 Sep 2013 18:43

Ce à quoi je réponds que le cadre de cette discussion n'est pas celui actuel (ou de l'époque d'Einstein ) où une catégorie de la population en exploite une autre mais celui d'une situation où l'ensemble de l'humanité travaille en synergie.


Je pense avoir bien saisi cet aspect du débat, mais effectivement il y a un malentendu c'est pourquoi je vais moi aussi reformuler ce que j'ai dit dans mon précédent post.

Est-il pertinent de poser ce débat autour de l'argent et de son abolition dans le cadre d'une situation idéale où l'ensemble de l'humanité travaille en synergie ? Toi-même, tu le reconnais, ce n'est pas le cas actuellement. Je pense que ce que tu as voulu dire et ce que tu veux faire à travers cette discussion, c'est discuter et poser des bases quant aux principes qui pourraient régir une société communiste libertaire, et c'est très bien puisque nous avons besoin d'affiner notre conception d'une telle société. Mais ce que je disais, c'est qu'il va bien falloir une transition entre cette société "idéale" et la nôtre : autrement dit, ne poser le débat que dans cette situation "idyllique" sans poser la question des obstacles à franchir pour y arriver manque de pertinence car on ne traite qu'un aspect du problème ( la finalité ) sans traiter d'autres aspects ( les moyens pour y parvenir ).

Suis-je moi aussi plus clair ?
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar kuhing » Lundi 30 Sep 2013 19:45

JeanGuy a écrit:[ autrement dit, ne poser le débat que dans cette situation "idyllique" sans poser la question des obstacles à franchir pour y arriver manque de pertinence car on ne traite qu'un aspect du problème ( la finalité ) sans traiter d'autres aspects ( les moyens pour y parvenir ).


Je veux bien traiter de la question des obstacles à franchir et des moyens d'y parvenir.
(Je ne voyais pas cet aspect dans la formulation du thème de cette discussion)

Pour être rapide et simple, voici mon avis : il y a effectivement des obstacles à franchir et ce franchissement dépend exclusivement d'un niveau de conscience collectif suffisant qui permettra la mise en place immédiate d''échanges non-marchands selon une réaction en chaîne.
Comme l'eau bout à 101°C .
Un délai de quelques jours à quelques semaines peut être suffisant pour un basculement général.
Je pense que ce processus dépasse de très loin l'intervention éventuelle de ceux qui y pensent, le théorisent où s'organisent pour ça.
Ils n'y seront que quantité négligeable dans son déclenchement et sa mise en place.
(Ce qui n’empêche pas d'en parler )
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar lucien » Lundi 30 Sep 2013 22:27

Salut kuhing,
Je me suis peu ou pas du tout positionné sur la question de l'argent mais plutôt sur celle de la quantification (ou non) de la répartition. Et si je lance des hypothèses simplistes, c'est dans le but de trouver des réponses simples aux questions lapidaires mais finalement complexes de celles et ceux à qui nous présentons le communisme libertaire. C'est, je crois, la démarche de Jean-Guy et celle que nous menons depuis déjà plusieurs mois (années ?) avec nos sympathisants sur Caen. Donc, effectivement, on ne réfléchit pas sur la situation idéale (l'intelligence libérée) mais sur l'entre deux... et, pour le coup, si je te rejoins dans la nécessité d'une conscience collective préalable à tout changement, je crois que celle-ci peut être favorisée par ce que certains nomment les minorités agissantes : en cas de cataclysme économique brutal, je ne vois en effet pas les gens se dirent naturellement qu'on abandonne définitivement tout moyen d'échange et que chacun produit ce qu'il souhaite et prend ce dont il a besoin.
Enfin, pour en revenir à Einstein, son quasi statut de mythe vivant et les conséquences de ses théories ont probablement fait que son intelligence n'était pas libérée mais bien pressurisée (comme l'eau d'un réacteur...) ; il n'était donc pas dans un contexte d'élaboration idéal, d'où le regret chez lui de ne pas avoir choisi une profession dans laquelle la pression se gérait plutôt à la sortie du robinet ou dans le vase d'expansion.
kuhing a écrit:Je répondrai juste à ton objection que l'intelligence humaine est illimitée si elle est libérée.
C'est marrant mais ça me fait aussi penser à la discussion sur l'enfermement : on ouvre les prisons et il n'y a plus de crimes. Ce qui n'enlève rien à l'intérêt de cet échange, bien au contraire !
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar kuhing » Mardi 01 Oct 2013 6:43

Deux ou trois avis personnels sur ce que tu dis :

- la repartition ou la quantification du partage est réglée d'elle-même par l'abolition de l'argent. En dehors de ça cela implique une minorité qui va la planifier donc la création d'une bureaucratie.

-Je ne crois pas en une minorité agissante et j'y suis même défavorable. Je pense en effet qu'une minorité agissante qui a réussi a vocation à se transformer invariablement en avant-garde dirigeante.( ce qui n'empèche pas de discuter du projet et des moyens d'y arriver )

- Ouvrir les prisons dans le système actuel ne diminuera pas la criminalité ou peu.
( ce qui ne veut pas dire qu'il faut être favorable au système carcéral )
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar lucien » Mardi 01 Oct 2013 21:47

kuhing a écrit:Deux ou trois avis personnels sur ce que tu dis :

- la repartition ou la quantification du partage est réglée d'elle-même par l'abolition de l'argent. En dehors de ça cela implique une minorité qui va la planifier donc la création d'une bureaucratie.
Son usage a certes été détourné comme on le sait mais l'argent n'est pas la seule valeur possible pour évaluer le travail ou la valeur d'un bien : rareté, temps à y consacrer, pénibilité, etc. sont autant d'éléments pertinents à prendre en compte. L'expérience des SEL commence à dater y compris dans ma mémoire mais ça semblait démontrer qu'on pouvait faire quelques trucs pas trop méchants sans l'argent, d'où d'ailleurs je crois une interdiction compte tenu de la dangerosité de la démarche !
Quant à la bureaucratie, c'est un point de vue ! C'est renier tout un pan de l'idéologie communiste qui pense que ces questions là peuvent et doivent être traitées par tous les intéressés, éventuellement représentés par leurs délégués révocables, etc. Voir plus haut la citation d'Erich Mühsam et le passage sur les conseils auquel je souscris pleinement.

kuhing a écrit:-Je ne crois pas en une minorité agissante et j'y suis même défavorable. Je pense en effet qu'une minorité agissante qui a réussi a vocation à se transformer invariablement en avant-garde dirigeante.( ce qui n'empèche pas de discuter du projet et des moyens d'y arriver )
Une minorité agissante de tendance anarchosyndicaliste "qui a réussi" se retrouve noyée avec satisfaction dans la masse en mouvement de la résistance populaire autonome. Ou plutôt, elle a réussi quand ce mouvement submerge tout ce qui pourrait contraindre son autonomie.
Si tu ne te considères pas comme partie d'une minorité agissante, comment qualifies-tu ton interaction avec les non-anarchistes ?
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar lucien » Mardi 01 Oct 2013 21:56

kuhing a écrit:Ouvrir les prisons dans le système actuel ne diminuera pas la criminalité ou peu.
( ce qui ne veut pas dire qu'il faut être favorable au système carcéral )
Ok (même si je ne vois pas pourquoi tu considères que cela pourrait la faire diminuer "un peu"),
Supprimer l'argent dans le système actuel peut-il faire diminuer la famine dans le monde (ce qui ne veut pas dire qu'il faut être favorable à l'argent) ?
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Re: Abolir l'argent, un pas vers le communisme libertaire ?

Messagepar kuhing » Mercredi 02 Oct 2013 7:58

lucien a écrit:
Si tu ne te considères pas comme partie d'une minorité agissante, comment qualifies-tu ton interaction avec les non-anarchistes ?


Comme un parmi d'autres et, cette interaction est très souvent de bien meilleure qualité que celle que je peux avoir avec ceux qui se réclament de l'anarchisme.
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