apar a écrit:anarced a écrit: Je n'idéalise rien ... Je me contente de dire qu'elle existe indépendamment de tous les dogmes et religions et qu'il ne faut pas la confondre avec les "morales" issues de ces dogmes et religions, de la même façon qu'il existe une justice universelle et qu'il ne faut pas la confondre avec les "justices" des tribunaux.
C'est de l'idéalisme... Mais pour être concret et clair, c'est quoi "la morale" et "la justice" dont tu parles ? Quels sont ses critères qui la définissent ?
A quoi cela servirait de définir une morale et une justice selon des critères précis, si ce n'est pour tenter d'imposer cette morale et cette justice aux autres? Définir une morale et une justice selon des critères précis, c'est nécessairement sombrer dans le dogmatisme (ou l'utopisme si tu préfères mais c'est la même chose). Le problème est que le dogmatisme conduit au totalitarisme: celui qui prétend définir un monde idéal, prétend surtout imposer son monde idéal aux autres.
Quand tu dis: "En tant qu'anarchiste ou anarchosyndicaliste, on sait quelle justice et quelle morale on défend... ", j'ai l'impression que tu tombes dans ce travers, de vouloir imposer une vision de la justice et de la morale, qui ne peut qu'être imparfaite et donc génératrice d'injustices. C'est, je l'ai expliqué, le processus selon lequel se construit le droit et la morale humaine. Donc je ne le condamne pas, il est nécessaire et jusqu'ici, aucune révolution n'a dépassé ce processus qui consiste à remplacer un gouvernement par un autre au nom d'une vision de la justice et de la morale supposée meilleure que celle du pouvoir remplacé.
En fait, la véritable question est: voulons nous gouverner? Voulons nous participer à ce processus d'élaboration de la justice (il faudrait plutôt dire du droit) et de la morale en y apportant notre version? Bien sûr que l'on pourrait certainement faire mieux que ce qui existe mais est-ce vraiment là le rôle des anarchistes?
Ce processus sera sans fin si personne ne l'arrête. Chaque fois une guerre amènera un nouveau droit et une nouvelle morale qui généreront des injustices appelant une nouvelle guerre avec un nouveau droit, etc... Bref, la guerre, la guerre et encore la guerre.
Proudhon, dans le même ouvrage, émet l'hypothèse que l'humanité ne veut pas la guerre et je pense qu'il a raison. Autrement dit, ce cycle doit cesser. Et pour cela, il faut accepter qu'il est impossible de faire la liste de ce qu'est concrètement cette "morale" et cette "justice", il faut sortir du dogmatisme.
La morale dont je parle est une construction humaine qui résulte des rapports de force des hommes entre eux, il suffit de s'en instruire pour la connaître mais tant qu'il y a des guerres et des rapports de force, cette morale continue de se construire. Elle n'est donc pas figée et ne peut être définie comme telle.
La justice est dans nos coeurs. Ni dans le mien, ni dans le tien, ni dans celui de personne. Elle appartient à l'humanité.
Ma conscience, c'est moi et personne d'autre. Il faut bien donner une place à l'individu dans la société.
apar a écrit:Admettons, Et après ? Quelle est là réalité de cet antidogmatisme pour lutter contre les prisons ?
Les prisons résultent d'un ensemble de dogmes qui ont imposé l'idée qu'il fallait y enfermer des gens. En détruisant ces dogmes, on détruit ces prisons!
apar a écrit: Un néolibéral pourrait être d'accord avec cet antidogmatisme ideel, non ?
J'en doute fort! Il ne pourrait pas amasser autant d'argent si on ne mettait pas autant de monde en prison. Personne n'accepterait une telle répartition des richesses.
apar a écrit:Être anti-prison, ok, mais être pro-quoi ? Quelles sont les suites si ce n'est un projet global de societe debarassé des chaines ? Quel est ce projet ?
Je pense que la liberté, l'égalité, la fraternité sont des valeurs assez universelles pour être portées s'il faut à tout prix être pro-quelque chose. Je pense que le projet des anarchistes doit être de sortir de cette guerre perpétuelle où les gouvernements et leurs dogmes se succèdent. Nous voulons la paix, nous ne voulons plus de gouvernements, plus de dogmes.
Les jeux d'enfants finissent jamais.