Bonjour,
anarced a écrit:Je ne pense pas que la "Résistance" n'ait été qu'un mouvement "défensif". Nombre de résistants avaient pour objectif de combattre le fascisme, par tous les moyens, et non des défendre des acquis sociaux ou je ne sais quoi (?).
Sémantiquement non plus, je ne pense pas que la "résistance" implique un mouvement "défensif" mais qu'elle révèle une situation de conflit asymétrique (ce qui est bien le cas) et un choix stratégique: celui d'éviter le combat là ou l'ennemi est fort et de ne l'attaquer que sur ses points faibles.
Malgré l'intérêt évident d'une telle tactique, les armées nationales ne font généralement pas ce choix et préfèrent se livrer à des démonstrations de force coûteuses (en vies et en dollars) et inutiles (voir par exemple l'Afghanistan...). Il ne s'agit surtout pas de les imiter!
Sur le plan sémantique, je ne suis pas du tout d'accord. La définition du mot résister n'implique aucun rapport de force asymétrique ou quoi que ce soit. Il suffit de jeter un œil à toutes les définitions
ici, par exemple, et, hormis la première et troisième nuance, il n'y a rien à ce sujet. Je pinaille peut-être, mais il me semble que tu fais largement fausse route. En même temps, je te concède que les définitions n'apportent pas la confirmation de ce que je disais concernant l'aspect défensif. Seulement, lorsque tu ouvres un dictionnaire des synonymes, tu te rends facilement compte que "résister" n'est pas un terme très offensif, mais plutôt défensif. Parmi les occurrences, on trouve notamment "se défendre", "réagir", "se débattre", etc.
En ce qui concerne la "Résistance", je crains que ton interprétation ne soit vraie que pour une infime partie des résistants. Primo, les Résistants n'ont jamais été très nombreux, du début à la fin de la domination nazie (c'est-à-dire jusqu'au débarquement), ce qui réduit encore plus le nombre réel d'antifascistes. Secundo, la Résistance est avant tout une réaction patriotique, voire nationaliste (je dois dire que les frontières sont très minces); je ne suis pas sûr que les membres du PCF qui ont hurlé à la trahison après la rupture du pacte germano-soviétique soient entrés en résistance par antifascisme, internationalisme et intérêt de classe... Tertio, toujours pour parler de la France (et puisque c'est le seul pays dont nous ayons tous, ici, le plus de témoignages de la "Résistance"), puisque tu parles d'antifascisme, comment se fait-il que la plupart des Résistants aient accepté de se laisser guider par un réactionnaire notoire, bonapartiste, le général de Gaulle ? Je ne le considère pas comme fasciste, mais sa vision de la société me semble tout de même des plus rétrogrades...
Alors, prétendre que la Résistance n'est pas un mouvement défensif, cela me paraît une supercherie. D'autant que la Résistance, si tu analyses bien encore la situation historique, est fondamentalement une réaction défensive contre les invasions des troupes nazies et le fascistes dans toute l'Europe. Et se réclamer de la Résistance comme le fait Stéphane Hessel, c'est un plutôt tromper le client sur la marchandise.
Ensuite, que vous parliez de Résistance Populaire, pourquoi pas ? Mais reconnaissez que comme slogan, vous pouvez faire nettement mieux et moins défensif. Évidemment, cela reflète le rapport de force que l'on peut constater avec la bourgeoisie. Mais les exploités ont-ils bien besoin qu'on leur rappelle que les bourgeois les piétinent, puisqu'ils le savent bien même s'ils n'ont aucune conscience politique ? Après vous faites ce que vous voulez, personnellement, je n'emploierais pas de slogan du tout. D'abord, je ne supporte pas ça; ensuite, ils deviennent vite démodés à force d'être utilisés. Et c'est déjà le cas...
"L'imagination au pouvoir", disaient les situationnistes.
Bonne cogitation !!
CP
NB: Esta tarde, ich bin a troll !