L'économie serait-elle indifférente aux élections ?

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L'économie serait-elle indifférente aux élections ?

Messagepar lucien » Jeudi 26 Jan 2012 0:02

C'est l'autre camp qui le dit !

http://www.latribune.fr/opinions/tribun ... ions-.html
L'économie serait-elle indifférente aux élections ?

L'élection présidentielle est souvent présentée comme un enjeu majeur pour le pays. En fait, elle ne fait que peu bouger les lignes : pour preuve, les enquêtes sur le moral des ménages ou des chefs d'entreprise ne montrent pas de mouvement significatif.


La Belgique est fantastique. Elle a permis d'observer que l'absence prolongée d'un véritable gouvernement pouvait être sans conséquence économique apparente. Une simple gestion des affaires courantes, à défaut de pouvoir former un gouvernement, n'aura en rien affecté l'économie belge ces dernières années au regard des performances des pays voisins, quels que soient les indicateurs étudiés : croissance, chômage, confiance des ménages et des entreprises... En points de PIB, l'écart entre la dette publique de la France et celle de la Belgique - qui avait atteint des sommets dans les années 1990 - s'est même réduit de moitié depuis le début de la crise !

Pourtant, le débat public en période électorale, en France comme ailleurs, en 2012 comme par le passé, est prompt à dramatiser l'importance des enjeux des scrutins majeurs. Or, là aussi, il est intéressant de se demander si leur importance n'est pas très exagérée... en matière économique tout au moins.

Si l'on s'intéresse de près aux échéances électorales récentes en France, on ne détecte ainsi aucune fébrilité particulière des agents économiques à l'occasion de ces élections. C'est vrai des investisseurs : aucun mouvement spécifique perceptible des indices financiers, pourtant les plus volatils, au lendemain des résultats des dernières élections.

La Bourse de Paris est ainsi restée étale, comme ses voisines, après les deux tours de la dernière présidentielle ou lors de la précédente. Pas de mouvement sur la place française au lendemain du 21 avril 2002, par exemple. Lors de la victoire de la gauche en 1997, le CAC 40, qui avait reculé après le premier tour, progressa légèrement à l'issue du second tour de ces législatives anticipées.

Le fameux "spread" entre les obligations d'État françaises et allemandes s'est également montré insensible à l'issue de toutes ces élections : il n'a pas bougé lors des deux dernières présidentielles ni lors des législatives de 1997, au cours desquelles il était resté imperturbablement en légère faveur... des OAT françaises.

Un constat identique prévaut si l'on s'attache à la confiance des ménages et des chefs d'entreprise. Les enquêtes les concernant, qui sont des indicateurs importants du climat économique, ne montrent aucune différence entre les évolutions de leur moral en France et dans les autres pays européens au moment des dernières élections françaises. Comme si leurs situations et perspectives économiques ne dépendaient pas des changements politiques pouvant résulter des élections.

Si les agents économiques sont donc peu sensibles aux résultats des séquences électorales, c'est qu'ils sont tout simplement lucides et rationnels. Car, pour au moins trois catégories de raisons, ils n'ont ni espoir majeur ni forte crainte à avoir en matière économique à l'occasion de ces possibles alternances gouvernementales, en France ou dans d'autres pays. Dès lors, naturellement, que ces élections ne peuvent se traduire par un basculement radical de l'ancrage politique et régional de la démocratie dont il est question.

La première explication de cette indifférence relative est certainement la mondialisation, et donc l'interdépendance considérable des économies. Les cycles mondiaux d'expansion et de récession semblent beaucoup plus s'imposer aux pouvoirs nationaux qu'être entraînés par eux.

Les grands choix de politique économique paraissent en partie neutralisés ou au contraire dictés par les mouvements de balancier des cycles de l'économie mondiale. De même, les grandes mutations technologiques, l'innovation, au coeur de la croissance économique, résultent de processus complexes, structurels, sans lien perceptible avec des choix politiques, surtout ceux d'une puissance moyenne.

Par ailleurs, en partie sous l'effet de la cause précédente, les alternances politiques ne semblent pas devoir entraîner des bouleversements, le pouvoir politique ne disposant que de leviers limités sur l'économie. De telles contraintes ont toujours existé, ne serait-ce qu'avec l'encadrement des pouvoirs exécutif et législatif en démocratie (règles de droit, pouvoirs locaux, prérogatives des acteurs économiques privés ou institutionnels...). Elles sont encore plus importantes pour un pays de l'Union européenne, et singulièrement de la zone euro : politique monétaire gérée par la BCE, élaboration de normes confiée en partie à l'échelon communautaire, libre circulation des capitaux et des personnes...

Enfin, à l'instar des enseignements de l'école du Public Choice fondée par les économistes Buchanan et Tullock, les agents économiques observent que les responsables politiques essaient avant tout de maximiser leurs chances de remporter les élections. Ménages et entreprises n'attachent donc qu'une importance toute relative aux engagements préélectoraux. "Les promesses n'engagent que ceux qui y croient", aurait dit un homme politique : force est de constater que ceux-là ne sont en fait pas si nombreux.
Jean-Charles Simon, chef économiste de Scor - 25/01/2012, 10:15
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