Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Faut-il vraiment en préciser le contenu ?

Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar Lambros » Mardi 10 Aoû 2010 11:33

Texte trouvé sur Non-Fides, un site que j'apprécie pourtant... Il y a plein de choses fausses dans le texte, et il me semble que la Workers Solidarity Alliance ne fait pas partie de l'AIT (c'est même sûr...). J'attends des réactions pour mieux comprendre, ne connaissant pas encore tout !

http://www.non-fides.fr/?Les-racines-bo ... s-de-l#nb4
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar apar » Mardi 10 Aoû 2010 14:34

Ce sont des débats localisés aux Etats-unis dans lequel le mouvement anar est composé de mouvements s'éloignant de l'anarchisme... c'est marrant de voir comment des intellectuels peuvent ici utiliser le postmodernisme pour faire passer des critiques absurdes, ridicules et ahistoriques au sujet ici de l'anarchosyndicalisme, en l'assimilant à une pensée autre (mirroir déformant de l'analyse axiologique ?) dans une réalité sociale autre. C'est le même schémas consistant à dire "bourgeoisie = anarchosyndicaliste", tout se vaut, le "travailleur salarié = le travailleur capitaliste". Au final, ce texte défend sans le dire la réalité sociale actuelle, il n'y a aucune perspective dans ce texte si ce n'est l'individu rebelle (sauf que ça ne veut rien dire en soi).

le texte de chaz bufe est intéressant :
http://theanarchistlibrary.org/HTML/Chaz_Bufe__Listen__Anarchist_.html
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar Paul Anton » Lundi 16 Aoû 2010 10:37

Il faudra penser à répondre à ce genre de texte rempli de conneries....
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar apar » Mercredi 18 Aoû 2010 13:53

Un article critique du texte de feral faun (= wolfi landstreicher, l insurrectionaliste primitiviste) :

http://www.comidad.org/dblog/articolo.asp?articolo=44
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar Lambros » Dimanche 22 Aoû 2010 15:49

Je pensais justement demander un droit de réponse à Non-Fides, site que j'apprécie particulièrement... mais le fait est que je suis tout nouveau à la CNT-AIT, et qu'il faut une réponse forte et bien argumentée... Je veux bien filer un coup de main... Et déjà dire que la citation donnée en intro n'est pas celle d'une orga membre de l'AIT, donc pas anarchosyndicaliste non?
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar NOSOTROS » Dimanche 22 Aoû 2010 23:01

D'une part non fides en tant que groupe n'existe depuis plus un certain temps déjà.

D'autre part, je pense qu'ils s'en tapent comme de l'an 40, et que ça les fera même rire ...

Si tu veux comprendre pourquoi ce texte (qui est pourtant un tissu de conneries "relativistes" qui ne sont pourtant pas dans le style de ce que Non Fides a pu publié en sont temps) il ne faut pas chercher de raisons logique ni de volonté de débat : c'est peut être la façon de certain de montrer qu'ils ont "définitivement rompus le lien". C'est une attitude assez puérile, mais il faut bien que jeunesse se passe n'est ce pas ? (iil y a aussi chez certain un fascination pour tout ce qui vient des States, o'tout est plus grand, plus beau, plus libre :mrgreen: )

Après il pourrait en effet intéressant de relever les approximation, les erreurs et les mensonges avérés dans ce texte.

Déjà ce qui est gros c'est de dire que la CNT a réprimer El Sabaté ... Et pourquoi pas tué aussi tant qu'on est ? Jusque là on pensait que c'était la police de Franco qui l'avait assassiné ...

Ce genre de manipulation dans ce texte est particulièrement gerbante, pour des raisons politiques puantes.

Il s'agit de discréditer tout idée d'organisation pérenne, c'est à dire tout idée d'organisation effective, pour que ne subsiste - comme le dit très justement apar - que la figure du rebelle.

A mon sens , on ne convaincra pas les individus qui sont sur la ligne de ce genre de texte, car il me semble que leur motivation sont inaccesibles à la raison. Elles ont plus à voir du côté des émotions et désirs.

Si finalement ils sont persuadés que c'est la CNT qui a réprimé Sabaté et qui donc réprimera toutes leurs luttes présentes et à venir (et c'est bien leur droit de le croire), c'est qu'ils ne comptent pas sur nous. Il s'agit de mettre le feu à ce monde, et les anarchosyndicalistes en sont incapables (c'est vrai). Nous sommes des boulets qui les entravent, donc qu'ils montent au front (c'est la gueeerrrree) sans nous.

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Messagepar apar » Lundi 23 Aoû 2010 9:37

NOSOTROS a écrit:Apres il pourrait en effet interessant de relever les approximation, les erreurs et les mensonges averes dans ce texte.
...
A mon sens , on ne convaincra pas les individus qui sont sur la ligne de ce genre de texte, car il me semble que leur motivation sont inaccesibles a la raison. Elles ont plus a voir du cote des emotions et desirs.


c est vrai que c est beaucoup de donner une valeur a ce texte et d y repondre, mais c est comme tout autre texte irrationnel (ou si peu), il est important de remettre les faux arguments a leur place, car il peut y avoir des jeunes rebelles (qui n ont pas connaissance de tous les debats des mvt revolutionnaires) que ces textes en apparence subversifs seduisent de par leur radicalite (-fausse-).

un commentaire argumente~ sur le texte arrive d ici peu...
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar goldfax » Lundi 23 Aoû 2010 10:11

C'est vrai.
Pas de réponse, mais une réfutation pour comprendre et faire comprendre...
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar Lambros » Lundi 23 Aoû 2010 13:32

D'accord c'est vrai que ce serait lui donner de l'importance...

Mais Nosotros, quand tu dis que les anarchosyndicalistes ne sont pas capables de mettre le feu à ce monde, tu peux développer?
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar NOSOTROS » Lundi 23 Aoû 2010 18:20

c'était ironique ... je ne faisais que reprendre les poncifs de ce texte et dans un certain milieu pour qui les anarchosyndicalistes (mais comme d'autres) sont tout juste bon à calmer l'incendie de la révolte qui monte et qui ne saurait plus tarder maintenant ... oui ca va venir. Bientôt. demain. ou après. ou après demain. ou après après demain. Qui sait ? :D
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Re: Les racines réactionnaires du primitivisme

Messagepar apar » Dimanche 29 Aoû 2010 14:07

Critique perso du texte de Faun. Juste, je ne me considère pas comme un anarcho-syndicaliste (ce n'est qu'un mot, et n'importe quel mouvement peut s'y référer), l'important étant le contenu et les actes, donc je prend cette attaque uniquement contre les idées sociales de l'anarchisme (dont l'anarcho-syndicalisme) par une personne non anarchiste.

Après la lecture du texte de chaz bufe, texte assez réaliste sur certaines mouvances post-modernes, les attaques émises par Faun sur ce texte sont comme des procès d'intentions, porté par une sacré dose de mauvaise 'foi' et d'un égo mal placé. Le texte de Feral Faun est faiblard (et ancien), mais une réfutation de ses dires peut quand même avoir de la valeur, puisque le texte a été traduit et publié dernièrement par certains et leur semble avoir de la valeur...

Le texte de Faun pose la thèse que l'anarcho-syndicalisme serait l'extension du projet libéral, du fait que "La bourgeoisie radicale" aurait les mêmes valeurs/mots/terminologies que "l'anarchosyndicalisme". Il me semble pourtant que ce n'est pas la même terminologie qui permet de déterminer que l'un soit égal à l'autre. A priori, dans le texte, il y a nombre de termes non expliqués et non mis en relation avec les idées qu'il attaque, par exemple, il prend le terme libéral dans le sens (existant aux États-unis, suite au macarthisme) vague de "gauche" (social-démocratisme ou social-libéralisme?). De ce fait, il se permet de mélanger des mouvements qui ont quelques valeurs communes en apparence mais qui n'ont pas le même fond, les mêmes projets et n'ont donc pas les mêmes moyens, c'est donc la création fictive d'une confusion, et si on utilisait la même méthode d'analyse, on pourrait certainement en arriver à trouver chez Faun des positions naziophiles, et en rien d'anarchiste. Par exemple, les partisans de la "nature" (dont F. Faun semble en être) utilisent +/- les mêmes termes, ce n'est pas pour autant qu'ils aient les mêmes buts... bien que... pour prendre un exemple (un peu extrême certes, mais en prenant moins réactionnaire, on peut en arriver à la même conclusion), une partie des nazis ont mis en avant la "nature" ou d'autres thématiques proche du primitivisme, avec force, faut il en déduire que les primitivistes sont des nazis qui n'assument pas ? peut-être bien, ce qui expliquerait pourquoi ils rejettent, comme les nazis, les "libéraux" (gauche) et les anarcho-syndicalistes... on pourrait donc avec une telle méthode d'analyse en arriver à un article "Les racines nazis du primitivisme" (les nazis se composaient entre autres de bourgeois, d'aristos...), etc. Jean Giono en fit les frais... Une méthode préférable serait un texte "De l'intérêt d'apprécier à leur juste valeur les idées primitivistes" ou "De l'intérêt d'apprécier à leur juste valeur les idées anarcho-syndicalistes", ceci pour que cela soit un apport à l'anarchisme, mais certains préfèrent le mensonge à la vérité, et le mépris à la justesse.

Il utilise une citation d'un texte anarcho-syndicaliste et précise (pour prouver sa thèse) qu'en enlevant "mouvement ouvrier" et "classe des employeurs" à ce texte, il pourrait être similaire à un texte de la bourgeoisie radicale. On peut faire de même avec les nazis et Faun, en enlevant le nécessaire pour arranger le décor. Donc revendiquer la liberté, l'égalité, l'absence d'exploitation et d'autoritarisme lui fait bizzarement penser à la bourgeoisie libérale (de gauche) et à l'anarcho-syndicalisme, mais c'est seulement qu'il oublie d'analyser les bases, les projets et moyens réels des mouvements et qu'il se fie sur de fausses apparences, hors les libéraux sont des partisans de l'État, et pour eux, "liberté et égalité" ne peut signifier dans les faits que leur contraire : "license et hiérarchie". Idem pour exploitation et autoritarisme, ils ne sont pas contre pour arriver à leurs fins. Donc Faun veut faire encore des parallèles entre des idées, mais sans un minimum de méthode scientifique ou de connaissances des mouvements en question, c'est pas crédible. Il pense que, pour les Anarchosyndicalistes, les "valeurs prennent le pas sur les besoins, désirs, ...", mais j'ai plutôt l'impression que Faun prend un peu trop ses désirs pour la réalité ou la réalité spectaculaire universitaire comme référence pour sa réalité. La liberté comme "capacité de l'individu unique à créer sa vie" n'explique pas si c'est une volonté aristocratique et atomiste ou si c'est une volonté égalitaire... hors ce point est important pour un anarchiste... cette dichotomie entre individu et société est absurde quand il s'agit de parler de liberté. Un individu sans société, ou une société sans individus, ça n'existe pas. Il y a une corrélation sociale de fait, puis volontaire, entre les deux. La liberté sociale que défendent les anarchistes est au contraire une socialisation de la liberté individuelle

Puis après ces lamentables essais de confusionnisme des mouvements, Il continue sans aucune connaissance des propositions et perspectives de l'anarchosyndicalisme... La société capitaliste organise les industries selon ses besoins de profits et le marché, les industries sont organisés selon un mode patriarcal et/ou technocratique, un patron et ses sous fifres contrôlant les moyens de productions, dont les salariés. L'industrie actuelle a pour but de développer le capital de leur propriétaire. Les anarchistes (du moins les anarchosyndicalistes) proposent le communisme libertaire, donc de partir des besoins pour développer des activités (existantes ou non) permettant d'y répondre (selon le principe "de chacun selon ses besoins, à chacun selon ses moyens"). Donc, l'industrie sera certainement un des moyens utilisé dans ce sens, mais surement que nombre d'industries inutiles seront réorganisés suivant les besoins sociaux réels recensés... et le travail étant pénible, l'industrie serait réorganisé aussi dans le but de trouver des moyens techniques permettant de se passer des travaux pénibles. En cela, Abraham guillèn proposait, autant qu'il est possible, l'automatisation des industries afin qu'il y ait le moins de travaux pénibles. Donc, le progrès, la technique et la production dans ce sens là n'a rien de nuisible pour la liberté et le bien être des humains... Ce qui empêche de telles possibilitées, c'est l'organisation de l'industrie lié au but de profit du système... On peut le voir, par exemple, avec l'organisation énergétique, et les diverses créations (*) qui pourraient permettre de se passer de moyens nuisibles actuels (nucléaire, pétrole, bois, etc) pour le bien être et la vie... mais leur développement, ils en demandent le prix fort, seul les riches, les Etats peuvent se permettre. La technologie est utilisé comme un pouvoir de coercition et de contrôle, il faut l'éliminer pour que la technologie redevienne moyen d'émancipation. Ce n'est pas tant contrôler les moyens de productions qui est important, mais que les moyens de productions soient utilisés pour les besoin réels des individus impliqués. Donc, oui, les patrons, ou une direction fut elle un syndicat international des travailleurs, n'ont aucune raison d'être dans ce genre d'organisation autogérée, et la gestion des usines n'est pas un fardeau si c'est lié aux besoins réels, et si l'organisation du travail est organisé par ceux qui y travaillent, ou selon le personnes intéressées. L'autogestion libertaire est lié à un but d'émancipation, et non uniquement de gestion, la liberté que défendent les anarchistes n'est pas la reproduction d'un système, mais la réadaptation des moyens aux besoins.

Ce doit être le coté anti-organisationnel de Faun qui le met à considérer toute organisation comme de l'esclavage. Cependant, la nature cher aux primitivistes rend les individus esclaves de ses organisations naturelles. On doit manger, se loger, se protéger des prédateurs ou parasites (sous peine de mourir ou de s'affaiblir), se reproduire, etc. Ces organisation naturelles nous obligent donc à être esclaves de ces déterminations, et à pratiquer un minimum de travail.

Faun mange, se loge, se protége des prédateurs et parasites, etc. pour cela, si il refuse le travail salarié, il doit faire une activité de ramassage/récupération de déchets (ou voler), se loger dans un abri de fortune (ou squat), apprendre à se défendre contre ce qui lui nuit... ce qui nécessite un minimum de travail (activité permettant de répondre à un besoin). Le régime actuel est dans un système organisé sur le parasitisme du travail, en ses marges existent le parasitoidisme (parasite un parasite pour se développer) d'un coté et le commensalisme (se sert des excédents du parasitisme) de l'autre. Celui qui prétend ne pas travailler est, soit un commensal d'allocations d'État (qui est lié aux taxes/parasitages sur le travail salarié, dont parle chaz Bufe, et que Faun prend pour lui) , soit vit chez papa maman ou chez de bons amis, soit un commensal marginal de la société. Faun apparemment défend les commensaux marginaux (les "déviants" ? en quoi est ce une déviance ?) tels que les vagabonds, bohémiens, sauvages... et aussi les rebelles, renégats, hors la loi... hors ces derniers peuvent tout autant être prédateurs, parasites (ou -oides), commensaux, que mutualistes (sabaté) du travail. En anarchie, les commensaux existeront certainement et ils auront la liberté de s'organiser comme ils le voudront. Mais niveau nourriture ou habitat, puisqu'en anarchie cela sera plutôt rationalisé, les commensaux (vu le peu de place à l'indifférence et au nihilisme, et une valeur forte de solidarité, de liberté et d'égalité chez les anarchistes) auront la facilité de vivre en société (et de devenir mutualistes) et la difficulté de vivre en commensal, une association autonome de commensaux de leur part sera indispensable, et un minimum de travail devra se faire de leur part, mais les primitivistes commensaux n'ont rien contre le travail de cueillette ou de construction d'habitats, j'imagine. Ou alors, les commensaux primitivistes préfèrent le parasitisme qui leur permettent de vivre facilement (en déchetivores du fait de l'irrationalisme alimentaire - gaspillage- y existant, ou en squatteur, ou en allocataire d'État, idem), et de jouer les rebelles à peu de frais ?!

Le texte de Faun est une mise en valeur de ce qui est appelé l'"anarchisme style de vie". Ils se mettent dans une posture de rebelle "anti-". Anti-social donc en marge de la société, mais ne voit pas de société libre possible telle que défendue par les anarcho-syndicalistes, ni la société d'individus atomisés qu'il semble défendre (voir barbarie). Anti-travail mais profite des excédents du capitalisme, mais ne voit pas la possibilité de travail libre comme proposé par les anarcho-syndicalistes, ni que ses activités pour survivre sont du travail. Plutot que de mettre en valeur la volonté sociale de supprimer le travail salarié et tout travail inutile, ils stigmatisent un mot. Plutot que de mettre en valeur la volonté sociale d'une société libre et d'annihiler les sociétés autoritaires, ils stigmatisent le terme société (qui n'est juste que le reflet des rapports sociaux inter-individuels ; l'individu est unique, mais la société aussi est unique).

Mais le pire, c'est qu'entre barbarie et socialisme, Faun, et ses amis, semblent avoir choisis la barbarie rebelle. Des individus atomisés qui sont soit disant plus libres que n'importe qui d'autres, mais une liberté barbare, et comme disait proudhon : « Au point de vue barbare, liberté est synonyme d'isolement : celui-là est le plus libre dont l'action est la moins limitée par celle des autres. Au point de vue social, liberté et solidarité sont termes identiques : la liberté de chacun rencontrant dans la liberté d'autrui, non plus une limite mais une auxiliaire, l'homme le plus libre est celui qui a le plus de relations avec ses semblables. ».

Les stylistes de vie utilisent cette idée que "le personnel est politique" comme moyen d'attaquer ces opposants, et comme l'anarcho-syndicalisme est en opposition et l'antithèse aux stylistes esthétisant anticonformistes primitivistes, Faun l'attaque. A ce moment là, tout est bon, comme dans une guerre, le mensonge, les biais...malgré tout, la médiocrité de ses méthodes et de ses critiques, et du reste, est démasqué.
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar douddu » Dimanche 29 Aoû 2010 16:39

Salut apar, j'ai écrit ceci sans lire ta derniére contribution donc je ne sais si cela se répéte , se compléte ou quoi .....Mais pour ma part voilà ce que j'en pense


Qu'effectivement ce texte de Farel Faun s'adresse a un milieu singulier , celui de gens imbus de leur savoir livresque . J'en veux pour exemple l'utilisation d' expressions pédantesque comme "l'évidence antrhopologique" qui permettent d' assénner n'importe pour faire passer les autres pour des imbéciles .
"Malgré le niveau d’évidence anthropologique du contraire, ils supposent que les primitifs n’ont passé leur temps qu’à lutter pour survivre " .......

Le critique a bien raisons a son sujet d'évoquer P.Valery " Le mensonge et la crédulité s'accouplent et engendrent l'opinion" : Car son exposé , et ce n'est pas rare pour un "anthropologue" de son espéce , débute par une erreur monumentale qui rend l'équation qu'il veut suggérér parfaitement fausse .

Les idéaux de liberté , de raison, de progrés ne sont certainement pas des inventions de la bourgeoise libérale , force politique naissant au XVIII . Ils font partie intégrante du patrimoine de la Pensé humaine depuis au moins 25 siécles , et c 'est un beau cadeau qui est a fait d'emblée a cette bourgeoisie là que de lui faire endosser cette paternité . La Pensée humaine ,comme l'anarchosyncalisme, n'est pas figée, elle se nourrit de la remise en question et d'apports successifs . Diogéne ou Epictéte(2) peuvent encore nous inspirer , et Kropotskine quand il écrit "l'entraide" trouve des accents Erasmiens , cela ne dit en rien que l'anarchosyndicalisme soit cynique , stoique , humaniste et encore moins bourgeois , cela dit simplement qu'il boit a la source commune de la Pensée humaine ce qui lui semble nécéssaire pour continuer la lutte contre la domination de l'homme par l'homme et imaginer un autre futur .

Assze rapidement on passe de l'erreur a l'ineptie, c'est ainsi que l' on doit accepter de lire qu'est " hautement moral "un sytéme , décrit par l'auteur en personne , comme reposant sur l'avidité indviduelle , et utilisant cette avidité pour continuer son expansion ,
.
Le capitalisme est un système hautement moral -c'est à dire qu'il requière des valeurs qui prennent le pas sur les besoins, désirs et avidités individuels, afin de s'étendre sans secousses. Ces valeurs qui sont essentielles à l'expansion capitaliste sont la production et le progrès
. .........
Ramarquons que le progrés invoqué dans ce cadre inversé ,qui considére comme hautement moral l'apologie de l'égoisme le plus forcené , n'a rien a voir avec l'idée de progrés telle qu'elle s'inscrit dans le cadre émancipateur qui est le notre .

A ce stade il aurait été intéréssant que FF développe sa vision du non-progrés comme perspective de changement de société , mais il ne le fera pas car son propos est surtout de dynamiter le champ lexical et conceptuel .
Les Anarchosyndicalistes veulent aussi créer une société rationnelle, selon leur morale. Ils nous invitent à « attaquer l’irrationalité ... partout et à chaque fois qu’elle surgit » [5]. Le problème qu’ils trouvent à la société présente est que celle-ci n’est pas assez rationnelle.
.

Aprés avoir décrit , pour les besoins de sa cause , que le capitalisme est un sytéme "hautement moral " FF touve t-il que la société présente soit "rationnelle " ? A lire la citation fiérement reproduite "l'activité quotidienne des esclaves reproduit l'esclavage "il semble que la réponse a cette question soit affirmative .
En définitive, ces gens ne tortillent leur plume que pour nous expliquer combien leur confort intellectuel et matériel est raisonnable .
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar NOSOTROS » Dimanche 29 Aoû 2010 23:33

Ton intervention est en effet redondante (mais avec d'autres termes) de celles d'apar qui au demeurant est excellent ! Merci beaucoup !

Il y a des choses très intéressantes dans cette contribution, qui amènent à réflechir. ça fait du bien !

Sur les liens entre "écologie profonde" et nazisme, on peut lire le livre de Philippe Pelletier (qui est anarchiste, géographe spécialiste de Reclus) sur les racines de l'idéologie verte : l'imposture écologique. (cf après) Il semble que ce livre soit épuisé. C'est dommage car c'est vraiment décapant pour les neurones. Et toutes les conneries qui sont apparues depuis l'époque où il a été écrit (1993) ne font que confirmer ce qu'il annonce ... (je pense par exemple aux allusions à la possibilité de travailler avec les néo-nazis - ou du moins de les utiliser dans le combat - décrite par Kazyncki dans son fameux Manifeste d'UNAbomber qui est la bible des primitivistes et autres anti techno les plus radicaux ... Ainsi nos amis de la ferme du Bersac ont ils prévu de faire un débat autour du texte "la nef des fous" du même Kazincky ... )


(sinon juste pour faire mon malin, pour dire qu'un parasitoide n'est pas ce que tu dis : un parasitoide c'est un insecte qui est parasite pendant sa phase larvaire (mais pas adulte). Par contre un parasite de parasite d'un parasite, c'est ce qu'on appelle un hyperparasite. Ce phénomène est bien connu en biologie, c'est le mode de développement de certaines espèces d'insectes Cf par exemple : http://aramel.free.fr/INSECTES14ter-31.shtml pour les jolies photos et http://fr.wikipedia.org/wiki/Insectes_e ... o.C3.AFdes pour les définitions. Les hyperparasites sont utilisés notamment dans la lutte biologique)

================

A propos du livre l'imposture écologique de Philippe Pelletier, j'ai trouvé ce résumé sur Internet, plutôt bien fait. Il émanerait de Temps Critique de Montpellier :

Présentation du livre de Philippe Pelletier L’imposture écologiste. Éditions Géographiques Reclus 1993.



Ce livre fournit l’occasion de suivre l’évolution du rapport nature/culture au travers de l’idéologie écologiste. Si ce géographe tendance Reclus ne s’inscrit pas autant qu’il le faudrait à mes yeux contre le scientisme et plus généralement contre cette fuite en avant qui caractérise autant le mouvement du marché que la recherche scientifique et technique, il cible au nom de la raison l’intégrisme naturaliste et sa fonction faussement contestataire (le cursus politique des écologistes est maintenant bien connu, depuis la critique sociale des années 60 à la social-démocratie d’aujourd’hui, à peine associée à la gestion des affaires). Il s’attache méthodiquement à mettre en évidence le double langage pratiqué par cette idéologie qui joue tant sur le registre scientifique (en se réclamant de la science écologique, en faisant parler des experts usant de l’argument d’autorité etc.) que sur le registre de la peur par un discours catastrophiste et non offensif. En cela les écologistes contribuent à réactiver la peste émotionnelle qui n’aide en rien à sortir de la confusion mentale entretenue de diverses manières. Ce livre expose avec force références comment les thèmes de l’écologie sacrifient à la mode passéiste qu’elle a contribué à nourrir et en même temps ont facilité une reconversion du capitalisme des années 70 et 80.

Pelletier boucle son exposé en soulignant la convergence objective entre les discours écologiste et post-moderne (malgré le " tout est culture " que proclame ce dernier), en ce que les deux nous entraînent dans la nouvelle vision du monde à l’œuvre, celle de la fin de l’histoire. Les deux discours sont issus de la même mouvance contestataire des années 60 et chacune dans sa sphère respective (le discours post-moderne s’adressant pour l’instant aux élites intellectuelles des sciences humaines américaines et européennes, tandis que les écolos répondent aux inquiétudes de la petite bourgeoisie des mêmes contrées), travaille finalement à dissoudre la séparation nature/culture : les post-modernes en avançant que tout est culture (et socialement construit) et une suprématie du sujet désormais sans référent extérieur (d’où la caducité des notions de base de la modernité telles la vérité ou la réalité objective), et les écologistes en affirmant un intégrisme naturaliste où l’homme n’est tout au plus qu’un agent, au même titre que les autres organismes vivants.

Ces deux idéologies procèdent du même confusionnisme mental qui leur fait attaquer le scientisme tout en truffant leurs exposés de métaphores scientifiques afin de mieux impressionner leur auditoire.

La conscience active et critique se trouve donc prise en tenaille par ces deux " groupes de pression " ouvertement contre-rationalistes qui fétichisent la raison(1), tout en rompant avec l’anticapitalisme de leurs débuts.

Résumé subjectif de l'ouvrage de Philippe Pelletier

(avec quelques commentaires en italiques).

L'écologie est une science, l'écologisme une idéologie qui utilise à sa façon l'épistémologie et la méthodologie de l'écologie en empruntant deux chemins parallèles : la réflexion philosophique et l'action politique ; l'expression " écologie politique " est trompeuse et manipulatrice, l’écologiste n’est pas forcément un écologue. Cette posture épistémologique repose sur un formidable paradoxe qui frôle l’imposture idéologique : ce sont précisément ceux qui partent en guerre contre le " rationalisme ", le " cartésianisme " et le " scientisme ", ou plus exactement contre ce qu’ils désignent comme tels, qui s’appuient sur les vertus, l’aura et les mérites de la science, réduite en fait plus ou moins à la seule science écologique.

A travers le vocable " écolo ", d’apparence bon enfant, triomphe une vaste banalisation de la question écologiste qui masque aussi bien les réels problèmes de l’environnement que l’avancée d’une idéologie bien spécifique. Dans la brèche ouverte de la prétendue faillite des idéologies, qui cache en fait une recomposition unilatérale du monde, l’écologisme s’est engouffré paré des vertus de la nouveauté et du prétendu bon sens.

Selon Augustin Berque, " La nature n’a de sens pour l’homme que dans les termes d’une culture " ; quant au " milieu naturel ", c’est le plus souvent " un milieu profondément humanisé qui ajoute aux données de la nature l’action combinée des techniques, de la densité et de la structure du groupe humain, des objectifs politiques et moraux du gouvernement ", selon la conception du géographe Etienne Juillard. Le point de vue scientifique, et donc écologique, considère la nature comme synonyme de monde physique. La nature correspond à l’ensemble des propriétés de la matière et de l’énergie.

La menace d’une disparition de l’espèce humaine causée par de graves destructions environnementales constitue bien évidemment le véritable enjeu de l'écologie, à condition de cerner le caractère et l’ampleur de cette menace. En première comme en dernière instance, il s’agit de la responsabilité des hommes vis-à-vis d’eux-mêmes, responsabilité dans laquelle la nature ne se pose qu’en intermédiaire. [très juste et important !!!]

La première étude faite par des écologues est parue en 1921 dans la revue Ecology où il est avancé que "le système écologique de l'actuel monde du XX° siècle doit comprendre l'homme du XX° siècle en tant qu'espèce dominante". L'organicisme pointe là son nez, et quand Waechter écrit que "l'écologie devient une morale de la puissance et une invitation à donner des limites à la mainmise de l'homme sur la planète", nous sommes dans une sorte d'intégrisme naturaliste qui propose un " holisme ", une philosophie ou une " science " du tout, du global ; il s’inspire de la " systémique ", dérivé récent et à la mode du structuralisme, selon laquelle " tout se tient ", tout est " interdépendant ". Pour Joël de Rosnay : " L’écologie c’est la science de notre mission terrestre, comme l’économie est la règle de gestion de cette même maison " : l'écologisme a fétichisé la nature et ses équilibres.

La formulation écologiste consiste bien souvent en une remise à jour, consciente ou non, des vieilles lunes idéologiques.

L'intégrisme naturaliste.

La coupure nature-culture caractérise la pensée occidentale mais cela ne signifie pas que le premier terme n’ait jamais dominé le second dans l’histoire des idées. Les religions monothéistes ont tenté de dépasser ce clivage en proposant une vision déterministe du monde. C’est bien sur le plan des formes de causalité, impérative ou non, que se posent les termes du débat nature-culture depuis l’Antiquité.

Deux grands courants de pensée s’affrontent depuis des millénaires : l’un qui place la nature comme élément premier de causalité, soit divine, soit non divine, l’autre qui le réfute.

La religion chrétienne constitue indéniablement le soubassement idéologique et culturel des philosophies de la nature(2) et depuis Aristote jusqu'à Montesquieu en passant par Hobbes, on connaît l'usage politique et social qui est fait du naturalisme (justification de l’esclavage, de la propriété, de l’Etat cet " animal artificiel "…).

L'autre grand courant de pensée, qui relativise l'importance causale de la nature, a voulu établir le caractère social de l'espèce humaine au-delà de ses rapports avec la nature. Il a pris notamment les formes de l'humanisme et du socialisme. La séparation objective de la nature et de la société est une idée qui progresse lentement depuis les philosophes grecs et la Renaissance avant d’aboutir à l’avènement du principe scientifique. Les premiers socialistes iront très loin dans la coupure épistémologique comme Proudhon, Engels(3), Marx. Bakounine lui souligne la dualité entre la nature interne de l’homme qui obéit aux lois biologiques générales (en ce sens il affirme " qu’aucune rébellion contre la nature n’est possible "), et la nature externe, celle des phénomènes, contre laquelle l’homme doit se battre pour maîtriser son destin. Le principal apport des premiers théoriciens socialistes fut d’établir le caractère social de l’espèce humaine au-delà de ses rapports avec la nature, et par conséquent de confirmer aussi bien la possibilité que la nécessité pour les hommes d’adopter une autre organisation de la société.

Les travaux de Darwin ont introduit de nouveaux éléments dans le vieux débat nature/culture et l'on sait comment les classes dirigeantes ont soutenu l'organicisme spencérien qui adaptait à leur profit la théorie de la sélection naturelle des espèces. Un darwinisme social a tenté de légitimer au nom de la science le laissez faire économique, impérialiste, l'eugénisme et le racisme, et il se trouve des écologistes aujourd'hui qui s'y réfèrent.

Ainsi on retrouve l’argumentaire naturaliste au service de l’injustice sociale mais dans la version : " c’est scientifiquement prouvé ". L’autorité de l’expert et le scientisme commencent leurs ravages et jettent le trouble dans les esprits : la science des sociétés capitalistes n’est plus la science des anciens Grecs où la curiosité et le désir de connaître dominaient. Il est question au contraire de prostituer la recherche scientifique et technique au profit des nécessités de l’économie de marché, quel qu’en soit le prix à payer en vies humaines, en dévastations du milieu physique.

L’intégrisme naturaliste renverse les rapports nature-culture en subordonnant cette dernière à la première, la nature pesant sur les sociétés et déterminant les comportements collectifs et individuels. L’homme est ramené à une espèce animale, à un organisme au cœur d’un organisme plus grand. Les écologues, bientôt suivis par les écologistes, ont rapidement repris l’idée d’organicisme et investiront des secteurs du savoir comme la sociologie et l’économie politique. Symétriquement, les autres chercheurs en sciences humaines tendront à écologiser leur approche : ainsi se diffusera Le biologisme social. Le parti pris du déterminisme naturel s'illustre anecdotiquement avec le coup de poker épistémologique de l'École de Chicago qui se proposait, puisque le milieu naturel est si anthropisé, de considérer la ville comme un écosystème, artificiel certes mais au même titre que les autres. La ville est un produit de la nature humaine où les notions de compétition et de sélection, directement empruntées à l’écologie végétale, viennent décrire les inégalités sociales de peuplement.

Depuis "l'être humain comme écosystème" à la "cybernétique sociale", l'intégrisme naturaliste diffuse une péjoration de l'homme considéré comme une espèce nuisible, un agent négatif du "déséquilibre écologique" et l'on notera au fil du discours catastrophiste et moralisateur(4) cet usage devenu si répandu dans la société du terme "naturel" qui contient à la fois l'idée de non-artificialité et de normalité. Il n’est pas ici question de responsabilité mais d’une vision globale de l’homme (qui a l’avantage de masquer les responsabilités d’une organisation sociale particulière et historique).

L’exaltation et la fétichisation de la nature agressée par un seul animal, l'homme, va jusqu'à retirer à ce dernier l'attribut de sujet, par exemple quand il est question d'élaborer les droits des animaux ou de déclarer les droits de la Nature (et non pas pour la nature) c'est-à-dire de leur attribuer une personnalité juridique alors que la manière dont ils sont malheureusement traités dépend bien des hommes. La même remarque vaut pour la formule à la sauce post-moderne du genre : " Donner droit de cité à la nature ; c'est par l'intermédiaire des subjectivités dans lesquelles ils se réfractent et qu'ils contribuent à former que tous les agents non-humains prennent déjà part au débat cosmopolitique(5)". ".

Et si l'on s'attarde sur les langages métaphoriques du genre " la Terre comme être vivant " ou " La terre abrite l'embryon d'un corps et l'esquisse d'un esprit. Ce corps se maintient en vie grâce aux fonctions écologiques et économiques réunies dans ce qui constitue l'écosystème(6)" ", on comprendra que beaucoup de glissements mystiques soient possibles combinant causalité divine, écologique et scientisme.

Ainsi la coupure nature/culture est-elle dissoute au profit d'une vision écocentriste du monde. Quelques soient les origines politiques des écologistes, ils finissent presque tous par proposer un " conservatisme vital " moral, responsabilisant tout homme en soi, où il est question de " ré-enchanter l'homme et de ré-ensauvager le monde ". Ce sont les mêmes entités qui nourrissaient le romantisme que l'on retrouve désormais au cœur du comportement écologiste : exaltation naturaliste, refus ou peur de la technique, mélange de fatalisme et de révolte, révolutionnarisme puis abandon individualiste, réformiste ou défaitiste. Pour certains l’espoir réside dans l’" écologie profonde ", celle qui allie la sauvegarde de la biosphère aux valeurs de l’esprit, ou revalorise l’animisme des sociétés primitives. D’évocations en comparaisons, d’allusions en références scientifiques, le propos des écologistes glisse peu à peu vers l’irrationnel et la pensée magique, qui trouvent preneur dans une société où les lois du marché ne sont pas si rationnelles qu’on veut bien le croire. Il y a ceux qui croient à tout ce jargon, avec tout ce que cela implique comme restructuration correspondante de nos sociétés (hiérarchisations, pesanteurs, etc.), et puis il y a ceux qui nourrissent ce genre de vision mais qui en fait travaillent pour la modernité.

L'intégrisme naturaliste est un pessimisme mais qui n'est pas systématiquement rétrograde ; concrètement ses représentants ne refusent pas totalement la technologie moderne et participent activement à la reconduction du système capitaliste. Ils manifestent une grande méfiance vis-à-vis de l’idée de progrès mais esquivent l’attaque frontale contre la science, en portant de préférence le fer contre l’industrie et la technologie. Le conservatisme est un outil de manipulation sociale(7).

L'écofascisme

Le fascisme(8) est un mouvement qui combine des tendances contradictoires : révolutionnaires et conservatrices, païennes et cléricales, populistes et bourgeoises, putschistes et électorales, mais qui se rejoignent sur la réduction des libertés individuelles. C'est un pessimisme décidé, un passéisme réactivé au nom d'un ordre ancien en vue d'un ordre nouveau. Certains y ont vu essentiellement une révolte contre le positivisme qui engendre " ce régime de l'or, régime essentiellement niveleur, matérialiste et cosmopolite ". L'attachement à la terre, au chez-soi natal se relie au mythe de l'enracinement débouchant sur les thèmes de la communauté organique et du territoire à conserver et purifier.

Les sentiments que l'écologisme véhicule ne sont pas incompatibles avec les idéologies autoritaires qui peuvent soit les intégrer, soit les reformuler. Le culte de la différence, le régionalisme, le refus des brassages, de l'immigration sont des avatars du sociobiologisme. Philippe Lebreton qui affirme(9) : " Première constatation biologique, il existe bel et bien des races humaines ", s'est aussi prononcé " contre l'immigration ", à l'instar d'un Waechter pour qui " ouvrir les frontières aux étrangers est une utopie dangereuse ", pour des raisons démographiques bien sûr… Un autre dira que pour lutter contre l'acculturation, il faut enraciner et limiter la mobilité des gens car le brassage interdit l'identité.

Sans ses aspects novateurs et ses apparences anticapitalistes, le fascisme n'aurait jamais séduit une fraction importante de la population, ainsi qu'un grand nombre d'intellectuels (il agitait aussi en permanence l'imminence d'un péril, juif en l’occurrence, à même de souder un peuple amoindri par la crise sociale et économique et démoralisé par l'échec de la révolution sociale des années vingt). La critique anticapitaliste d'un nazisme opposant capital " productif " et capital " prédateur " n'est pas sans connotation naturaliste, ni sans rappeler la position écologiste majoritaire qui stigmatise le productivisme mais qui ne remet pas fondamentalement en cause le capital, et encore moins l’Etat, fort de préférence.

Fascistes et naturalistes intégristes se rejoignent même sur la forme, notamment dans l’utilisation de la peste émotionnelle : recours à l’émotion brute, au débordement réactionnel, à l’intolérance. Chez les écologistes, la peste émotionnelle prend la forme de l’alarmisme, du catastrophisme et de la panique. Des exagérations sont faites volontairement ou pas autour de certaines questions et jouent sur le registre de la peur, nuisant ainsi à la cause qu’elles prétendent servir (exemple de l’emploi du terme " holocauste biologique " pour parler de la destruction des forêts tropicales ou du titre " 5000 jours pour sauver la planète "). Sur le plan scientifique, toutes les manipulations sont possibles, qui échappent au commun des mortels mais qui sont l’œuvre des groupes de pression scientifico-industriels (amalgames, mélanges des niveaux de démonstration, unités de mesures changeantes etc.) : le procédé classique du propagandiste, écologiste ou non, est d’escamoter une partie des faits. Tout en critiquant les experts, les écologistes deviennent à leur tour des experts qui restent en relation étroite et assujettie avec l’appareil d’Etat.

Il ne s'agit pas de dire que l'écologisme constitue le dérivé du fascisme, malgré certaines convergences idéologiques, mais que par contre il lui dispute le même terrain sociologique de la classe moyenne. Structurellement, il est lui aussi candidat à la nouvelle gestion du système capitaliste.

L’écologisme de parti.

La nouvelle petite-bourgeoisie urbaine désorientée idéologiquement et bousculée économiquement trouve son débouché et son refuge dans les partis verts. Politiquement, les dirigeants écologistes peuvent être considérés comme des déçus de la social-démocratie et être assimilés à la deuxième gauche (tendance PSU et CFDT). D'elle ils partagent l'anticommunisme, la conception néocorporatiste prétendument autogestionnaire et le régionalisme. Les proximités idéologiques sont aussi patentes avec les racines cléricales de cette deuxième gauche : antimatérialisme et antirationalisme, aspirations maurassiennes [Charles Maurras : idéologue de l'extreme droite française des années 1900-1940] et régionalistes, acceptation de l'État, philosophie du " moindre mal ", non-violence théorique, refus du progrès qui se conjugue avec les désillusions des anciens gauchistes recyclés en écolos pour nier l'hypothèse révolutionnaire. {on reconnait là Cohn bendit ...]

L'écologisme depuis plus de trente ans a activement contribué à la confusion mentale actuelle : ses experts parfois aussi peu fiables que ceux des institutions, ses politiciens et idéologues occultent délibérément les problèmes sociaux les plus graves (et leurs causes). En tant que construction sociale de la peur, le discours écologiste annonce des catastrophes et permet de ne pas voir le désastre qui est déjà là (et sa nature) ; sa dramatisation est à la fois le reflet et le vecteur de la nouvelle évolution du système capitaliste(10).

Un accommodement des extrêmes et des contradictions n'est pas propre à l'écologisme mais caractérise aussi le capitalisme, probablement le premier système depuis l'animisme à proposer des visions simultanément rationnelles et irrationnelles du monde, ce qui lui a conféré une force énorme.

L'écologisme est la nouvelle pensée hégémonique et dominante. L'idéologie consensuelle (nous sommes tous sur le même bateau) s'est déplacée de l'entreprise vers la sphère du citoyen, culpabilisé quand il mange à sa faim et remplit sa poubelle. Elle s'appuie sur une théorie manichéenne qui joue sur des altérités franches, des oppositions tranchées et valorisées en Bien ou Mal, artificiel ou naturel. Cette pensée binaire ami-ennemi se double d'un déterminisme monocausal qui impute au progrès et à la technologie l'origine de tous les maux. Les métaphores autour de la pollution articulent des glissements de la sphère environnementale à la sphère sociale et politique : la naturalisation du social se double d'un discours porteur de morale

La question du postmodernisme, autre courant de pensée actuel.


La tradition newtonienne et positiviste considère la science comme une méthode rationnelle pour découvrir les lois objectives et la structure intime de la nature. Nombreux sont ceux qui affirment sans ambages que cette conception mécaniste de la science et de la nature est indissociable de la conception marchande du capitalisme : l’approche mathématique, mesurable et régulière correspondrait selon eux à l’évaluation monétaire, commerciale et marchande des biens. Certes on ne peut nier les rapports qui existent entre les Lumières et le capitalisme, mais de là à établir un lien absolu, déterministe entre ces deux conceptions, il y a un pas qui est franchi.

L'idéologie postmoderniste rejette ce qu'elle appelle le cartésianisme tout en revendiquant pêle-mêle la flexibilité, l'individualisation, la décentralisation, la diversification et la proximité. Elle n'offre pas seulement une nouvelle vision du monde, elle en propose aussi les nouveaux outils de gestion. Concurrence ou symbiose avec l'écologisme ?

Le monde est unifié économiquement par la marchandise et le capitalisme, et politiquement par l'État nation. Il est unifié culturellement par les attributs, les signes de la marchandise et de la nation, et par la machinerie de la société du spectacle.

L'enjeu de l'échelle locale est fondamental pour les dirigeants : si le capitalisme engendre des processus de déplacements, de prolétarisation et de guerres, il provoque par contrecoup chez les hommes des désirs farouches de ré-enracinement et donc systématiquement des rejets identitaires ou classistes qui peuvent menacer sa stabilité relative. Il a besoin en certains lieux de populations stables qui assurent sa reproduction, sa pérennité. Les pulsions de ré-enracinement territorial, religieux et ethnique ne constituent pas pour lui des dangers fondamentaux, à condition de les maîtriser.

La réhabilitation postmoderniste du religieux, du spirituel, du mystique va tout à fait dans cette direction ainsi que sa glorification de la tribu, du micro convivial voire de la famille, tandis que le régionalisme et le localisme de l'écologisme offrent la solution politique correspondante. La meilleure gestion pour le capitalisme mondial consiste à empêcher l’union des exploités : régner au sommet grâce aux entreprises transnationales, diviser à la base en maintenant les populations à l’écart les unes des autres, tout en leur accordant un semblant d’autonomie sur des choses, sinon secondaires du moins sans danger pour lui. C’est clairement sur le plan politique un retour à la féodalité médiévale, et sur le plan idéologique, un retour à la conception supra territoriale de l’Église qui savait se passer des frontières de l’État nation, encore dans les limbes : autrement dit, de l’empire ; retour qui bien entendu adopte des formes nouvelles ou qui admet parfaitement la coexistence de formes plus ou moins traditionnelles.

La pensée vacille : l'idéologie postmoderniste ou écologiste retrouve parallèlement les chemins de la gnose : le monde nous est révélé, planère Gaïa ou déesse Terre-mère. L'imposture postmoderniste affirme haut et fort "la fin de l'histoire".

On notera que l'écologie a " pris " le mieux et le plus tôt dans les pays où la révolution sociale a été la moins ample comme les USA ou l'Allemagne (où les Bürgerinitiativen constituèrent un mouvement de masse non négligeable), et le plus tard et de manière périphérique dans ceux qui furent le plus longtemps travaillés par la critique radicale des années 60, comme l'Italie.

FIN DU RÉSUMÉ . DÉCEMBRE 2001.

(1) Par " contre-rationalité " j’entends une pensée non pas étrangère à la raison, mais qui se déploie en réaction contre elle, qui l’incrimine dans tout ce que la modernité recèle d’insatisfaisant et de destructeur, jusqu’aux confins de l’irrationalisme. J’interprète là une expression de M. Postone qu’il a utilisée pour appréhender l’antisémistisme nazi . Cf.. son article " Logique de l’antisémitisme ", in la revue Temps Critiques n°2.

(2) Cf.. Nietzsche qui la considère comme " une ombre de Dieu ".

(3) pour qui " La différence essentielle entre la société humaine et la société animale est que les animaux au mieux collectent, tandis que les hommes produisent. Cette différence, unique mais capitale, interdit à elle seule de transposer les lois des sociétés animales dans celles des hommes ".

(4) On ne doit pas sous-estimer le rôle de la religion dans la genèse de l'écologisme contemporain par exemple à travers l'apport de Jacques Ellul et de Bernard Charbonneau dont la citation suivante cultive à la fois le messianisme, le catastrophisme et le scientisme : "Si l'on veut sauver la terre de toute urgence il faut maîtriser le facteur perturbant : l'homme. Tôt ou tard, il faudra qu'un gouvernement scientifique planétaire connaisse et contrôle ses plus secrètes pulsions". Note d’Hipparchia : je tiens à disposition l’article de Charbonneau intitulé le " Chaos du système " in la revue Combat nature n°96, de février 1992 ; à mon sens Pelletier se trompe, Charbonneau évoque ce qui pourrait arriver dans la logique du système qu’il dénonce, et non pas ce qu’il souhaite lui-même.

(5) Pierre Lévy (1992), Donner droit de cité à la nature. Terminal n°57.

(6) Joël de Rosnay (1990) in le Monde diplomatique, Pour une nouvelle culture de la complexité.

(7) Au Japon, les dirigeants se flattent de proposer un modèle aux autres pays dans leur façon de lier le culturel, l’idéologique et le naturel. Un universitaire proche de Nakasone déclarait : " Alors que la civilisation industrielle menace l’équilibre naturel de la planète, je crois qu’il est essentiel de porter un regard nouveau sur les institutions qui conservent des liens avec la nature, comme par exemple l’institution impériale."

(8) Le mot est devenu un tel terme repoussoir qu’il sert d’anathème brutal et permet trop souvent d’expédier les débats sans véritable discussion.

(9) in " Ex-croissance ". Les chemins de l'écologisme. Denoël 1978.

(10) Des dirigeants capitalistes " éclairés " tels Jimmy et Teddy Goldsmith financent de nombreuses associations écologistes et antinucléaires et cela indique que le système a compris que ce qui était teinté de vert faisait vendre. L’écobusiness et l’écomarché répondent à deux demandes croissantes : en équipement de protection et en produits jugés propres. Ce sont donc les mêmes qui polluent, dépolluent et financent les écologistes. Comme le disait le patron du groupe Ferruzzi (Montedison) : " l’écologie est l’avenir de l’économie, et l’agriculture l’outil le plus important de l’écologie. " La cogestion est déplacée de l’usine à la campagne, proposée à la bonne conscience de la classe moyenne.
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar apar » Mardi 07 Sep 2010 11:01

douddu a écrit:A ce stade il aurait été intéréssant que FF développe sa vision du non-progrés comme perspective de changement de société , mais il ne le fera pas car son propos est surtout de dynamiter le champ lexical et conceptuel .


Oui, un intellectuel creux qui pose des concepts creux et qui critique des idées qui ont un sens et donc qui gène la tranquilité de son vide intellectuel.

NOSOTROS a écrit:un parasitoide c'est un insecte qui est parasite pendant sa phase larvaire (mais pas adulte). Par contre un parasite de parasite d'un parasite, c'est ce qu'on appelle un hyperparasite.


Oui, c'est vrai, j'ai fais un raccourci... cependant, même si c'est au stade larvaire, un parasitoide est un parasite qui, tel un prédateur, tue son hote parasite.

Le texte de pelletier est vraiment intéressant.


PS: ma refutation de FF a été copié sur ces sites(et d'autres) par je ne sais qui sans y indiquer la source de ce forum et en utilisant mon pseudo :
http://paris.indymedia.org/spip.php?article2802
https://nantes.indymedia.org/article/21488
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar apar » Dimanche 12 Sep 2010 15:55

F. FAUN trad. non-fides a écrit:La façon dont la CNT a constamment réprimé le hors-la-loi anarchiste Sabate [3] (tout en continuant à prendre et à utiliser l’argent de ses braquages) est réellement dégoûtante.


NOSOTROS a écrit:Déjà ce qui est gros c'est de dire que la CNT a réprimer El Sabaté ... Et pourquoi pas tué aussi tant qu'on est ? Jusque là on pensait que c'était la police de Franco qui l'avait assassiné ...

Ce genre de manipulation dans ce texte est particulièrement gerbante, pour des raisons politiques puantes.
[...]
Si finalement ils sont persuadés que c'est la CNT qui a réprimé Sabaté et qui donc réprimera toutes leurs luttes présentes et à venir (et c'est bien leur droit de le croire), c'est qu'ils ne comptent pas sur nous.


Oui, c'est gerbant, mais l'auteur du texte a aussi et encore oublié un détail d'importance, fort génant pour son argumentation gerbante, c'est que Sabaté El quico était un anarcho-syndicaliste (et comme l'énonçait chaz Bufe s'associer sur certaines choses ou se dissocier sur d'autres est une base du fonctionnement anarchiste, les anarchistes ne veulent pas d'organisation Etatique). et donc que si on suit la théorie de Faun, puisque sabaté était anarcho-syndicaliste, il avait donc des racines bourgeoises. Mais on est pas à une contradiction et une méprise près chez ce genre d'intellectuels. Ils aiment effacer certains faits génants pour réécrire l'histoire à leur sauce. Du mépris pour les anarcho-syndicalistes, il en avait aussi pour la mémoire de Sabaté "el quico".
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Re: Les racines bourgeoises de l'anarchosyndicalisme

Messagepar elquico » Mardi 07 Déc 2010 15:07

texte trés interessant intellectuellement mais qui me pose le probléme de l'action.liberté,égalité ,justice,oui mais dans quel but ?les valeurs de la révolution(1789) pour servir quoi? si ces valeurs sont aussi celles de l'anarchosyndicalisme,pour servir quoi?pour moi sur ce forum ,aujourd'hui,je crois qu'un des buts premiers est ainsi que le développe kropotkine "la conquête du pain",il ne peut y avoir ni liberté ni égalité dans ce monde tant que la subsistance de tous n'est pas assurée.
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