AUX PRISES AVEC LA STATEGIE ETATIQUE
Bien que les informations qui nous parviennent sur la situation sociale en Grèce soient de deux sources, l’une médiatique et l’autre militante, elles laissent une même impression : celle de l’impasse dans lequel s’enferre le mouvement révolutionnaire. Au-delà de la Grèce, cette situation interpelle tous ceux qui aspirent à de profonds changements de société dans le monde.
Au cours des événements de Décembre 2008, consécutifs à l’assassinat du jeune Alexandros Grigoroupolos, âgé de 15 ans, par un policier athénien, nous avions assisté dans ce pays à l’explosion d’une colère populaire largement inspirée par toute une mouvance anarchiste. Cette dernière a puisé sa force dans un travail de fond dans les quartiers notamment au travers de l’impulsion de dynamiques collectives et assembléistes et de la création de centres sociaux.
Aujourd’hui, le pouvoir Grec, face à cette situation pour lui périlleuse, a déployé les recettes les plus vulgaires de gestion de la révolte. Tout d’abord, et c’est fondamental pour mener à bien une telle manœuvre, un gouvernement de gauche a succédé à celui de droite. Ce gouvernement de gauche (répétons-le) prend des mesures antisociales absolument drastiques : coupes sombres dans les retraites, les salaires, les aides sociales, augmentation effrénée des prix... S’en suit un fort mécontentement. Entrent alors en jeu les institutions syndicales : leur rôle là-bas comme ici est de canaliser la contestation des salariés, de la fragmenter, d’appliquer des méthodes et des calendrier "d’action" dont l’objectif inavoué mais bien réel est d’essouffler la contestation des salariés.
Couronnant le tout, les médias diffusent en boucle le spectacle d’affrontements avec la police, pour bien finir de fatiguer tout le monde.
Cette stratégie étatique, qui rappelle celle des années 70 en France ou en Italie - avec les résultats que l’on connaît hélas - enthousiasme nombre de jeunes révoltés, éblouis par une mise en scène destinée justement à les aveugler !
Pourtant nous savons tous - ou nous ne devrions pas oublier - qu’un mouvement révolutionnaire libertaire ne peut exister sans de larges bases sociales. Or, ce que nous voyons en Grèce, c’est que, peu à peu, un abandon de ce travail de fond initial s’opère dans les courants révolutionnaires au profit d’un activisme largement relayé par les médias [1].
Une voie de garage
Pour le pouvoir, il s’agit de pousser ainsi les compagnons Grecs vers une voie de garage ultra-classique : celle de la "violence", pour mieux les réprimer ensuite. Si cette malheureuse évolution se confirme, la réaction ne tardera pas à se produire. Elle balayera d’abord les anarchistes puis, s’il le faut, les syndicalistes voire des politiciens de gauche bien qu’ils aient endossé chacun le rôle convenu que le pouvoir leur aura prêté. Le pouvoir n’a pas de cœur pour ses valets !
L’assassinat du compagnon Lambros Foundas, ce 10 mars 2010 dans la banlieue d’Athènes, par des policiers grecs est une illustration tragique de cette évolution. Si la marginalisation des courants révolutionnaires qui nous inquiète ne s’était pas déjà largement amorcée, nous aurions dû assister en Grèce à quelque chose de beaucoup plus formidable qu’en décembre 2008. Il n’en fût rien. Pire, comme s’il était habituel, normal qu’on assassine nos camarades, il n’y a eu que peu ou pas de réactions dans le monde [2].
Cette désaffection pour les idées d’organisation collective et assembleiste qui est en train de s’amorcer, en Grèce et ailleurs, a donc des conséquences vitales.
Plus que jamais, il s’agit de tirer les conséquences de cette leçon donnée par le pouvoir Grec : dans une période où ses plus hauts responsables économiques ont été convaincus de faux et usage de faux en écritures comptables, dans une période où les sphères dirigeantes sont en train de précipiter des couches entières de la population grecque dans une misère sévère, dans un contexte où des réactions populaires ne chercheraient qu’à s’exprimer d’une manière efficace et donc dans un contexte éminemment dangereux pour lui, le pouvoir Grec a su, pour l’instant, réduire la contestation à une pantomime totalement incapable de le remette en cause. Sa stratégie a beau être totalement éculée, elle marchera tant que les révolutionnaires ne feront pas du travail politique et social de fond leur priorité absolue.
<< 1 2
[1] Voir par exemple le site de l’OCL qui n’échappe pas à la règle. Il est significatif que ce soit au-dessous d’un titre tonitruant "Combat de rue à Athènes" et tout à la fin d’un article tout à l’avenant, digne d’un correspondant de guerre, que les informations les plus constructives, et au demeurant relativement modestes, soient reléguées : Il s’agit, dans le Quartier d’Agia Paraskevi (Athènes) de journées organisées par l’assemblée générale du quartier. 500 personnes de tous âges y sont passées, ce qui est relativement limité dans un pays en ébullition. On y apprend que, « Au cours de la conversation, des gens du voisinage ont pris la parole et sont entrés pour la première fois en contact avec l’Assemblée du quartier, en disant qu’il est pour eux encourageant de constater l’existence d’une Assemblée populaire qui se situe en opposition aux formes actuelles d’organisation (conseil municipal, autres associations, etc.) ».
L’article lui-même souligne donc l’intérêt de la population pour les formes autonomes d’organisation... C’est dans ce sens que devrait porter l’essentiel de l’effort révolutionnaire.
[2] Pour ma part, je pense que l’avalanche de critiques qui s’est dernièrement abattue contre toute forme d’organisation a dé-montré ici son caractère franchement nuisible face à la nécessaire solidarité (ainsi, à Toulouse pas moins de trois manifestations de rue ont été organisées immédiatement en réponse aux événements de décembre 2008, mais toujours rien en soutien à ce qui se passe maintenant...).
GRECE - Des centaines de jeunes leur lançaient insultes et projectiles devant le Parlement depuis la fin de la manifestation...
DERNIERE INFO: La police a chargé pour disperser des casseurs. (initiative )
Ils ont chargé. A l'issue d'un long face à face tendu avec des groupes de jeunes qui leur lançaient insultes et projectiles, la police antiémeute grecque a tiré des gaz lacrymogènes, puis chargé pour disperser des centaines de manifestants, devant le parlement à Athènes, à l'issue d'une manifestation.
Le plus gros des contestataires s'est éloigné du parlement en colonne, brandissant des banderoles, tandis qu'en marge, de petits groupes de casseurs renversaient des poubelles ou y mettaient le feu. (!)
Tensions en marge de la manifestation
Cette montée de tension est intervenue à l'issue de deux manifestations qui ont rassemblé dans le calme plus de 10.000 personnes dans le centre d'Athènes. Ils manifestaient contre l'adoption par le parlement du plan d'austérité infligé au pays en contrepartie de son sauvetage financier par l'UE et le FMI.(plan qui a été adopté par la "gauche " )
Ces rassemblements à l'appel des principaux syndicats du pays avaient été maintenus en dépit de la mort mercredi de trois employés d'une banque, asphyxiés dans l'incendie au cocktail molotov de leur agence bancaire. (celle là elle va servir )Cette énième grève générale organisée dans tout le pays avait rassemblé près de 30.000 manifestants dans la capitale grecque, avant de dégénérer en violences.
Les violences condamnées par les syndicats et le Premier ministre
Dans un communiqué, la centrale syndicale du secteur privé (GSEE) a condamné les violences de mercredi, les attribuant à des «incendiaires de la violence aveugle et du vandalisme qui en réalité sapent les luttes des travailleurs». (comprendre les anarchistes ) «Nous nous déclarons déterminés à poursuivre et à étendre notre lutte pour satisfaire nos justes revendications», a-t-elle toutefois ajouté. (.......)
Le Premier ministre Georges Papandréou avait dénoncé mercredi soir un «acte brutal et meurtrier», défendant une fois de plus les «décisions difficiles et responsables» prises «pour sauver le pays».
20minutes.fr
.ILS ont écrit un scénario ( ils ont pris l'initiative de l'attaque) et attendent de voir la réponse réelle par rapport aux prévisions
What do we honestly have to say about Wednesday’s events ?
Qu'est-ce que les événements du mercredi mai 2010 (incendie de la banque Marfin à Athènes et mort de trois personnes) signifie, honnêtement, pour l'anarchiste / anti-autoritaire ?
Où en sommes-nous par rapport à la mort de ces trois personnes, peu importe qui en est la cause ?
Où en sommes-nous en tant qu' êtres humains et en tant que peuple en lutte ?
Nous, qui n'acceptons pas les "incidents isolés" (de police ou de violence de l'État) et qui montrons du doigt, sur une base quotidienne, la violence exercée par l'État et le système capitaliste.
Nous qui avont le courage d'appeler les choses par leur nom; nous qui dénonçons ceux qui torturent les migrants dans les postes de police ou ceux qui jouent autour de nos vies à l'intérieur des bureaux glamour et des studios TV.
Alors, qu'est-ce que nous avons à dire maintenant?
On pourrait se cacher derrière la déclaration publiée par le Syndicat des travailleurs de la Banque (OTOE) ou les accusations portées par des employés de la succursale de la banque, ou nous pourrions nous cacher derrière le fait que le défunt avait été forcé de rester dans un bâtiment sans protection contre l'incendie - et enfermé, même.
On pourrait maintenir le fait que le propriétaire de la banque,Vgenopoulos, est un sac à écume, ou que cet incident tragique sera utilisé pour justifier quelques répression sans précédent. Celui qui a osé passer par Exarcheia mercredi soir en a déjà une idée claire. Mais ce n'est pas le problème.
La question est pour nous de voir quelle part de responsabilités tombe sur nous, sur nous tous. Nous sommes tous responsables. Oui, nous sommes en droit de se battre avec toutes nos forces contre les mesures injustes imposées sur nous; nous sommes en droit de consacrer toutes nos forces et notre créativité à un monde meilleur. Mais en tant qu'être politique, nous sommes également responsables de chacun de nos choix politiques, les moyens que nous nous sommes appropriés et de notre silence à chaque fois que nous n'avons pas admettre nos faiblesses et nos erreurs. Nous, qui ne flattons pas la population afin de gagner des votes, nous qui n'avons aucun intérêt à exploiter le monde, avons la capacité, dans ces circonstances tragiques, d'être honnête avec nous-même et avec ceux qui nous entourent.
Ce que le mouvement anarchiste grec connaît à l'heure actuelle un certain engourdissement total. Parce qu'il y' a beaucoup de pression et les conditions sont difficiles pour une auto-critique quand ça va mal. Au-delà de l'horreur du fait que les gens sont morts et qui étaient de "notre côté", du côté des travailleurs – qui travaillaient dans des conditions extrêmement difficiles et qui auraient très probablement choisi de marcher à nos côtés si les choses étaient différentes dans leur milieu de travail - au-delà de ce fait , ont été également présentés comme confrontés aux manifestants qui mettent la vie des gens en danger. Même si (et cela va sans dire) il n'y avait aucune intention de tuer, c'est une question essentielle qui peut contenir beaucoup de discussions - une discussion sur les objectifs que nous avons fixés et les moyens que nous avons choisi.
L'incident n'a pas eu lieu la nuit, n'est pas une action de sabotage. Il s'est passé pendant la plus grande manifestation dans l'histoire grecque contemporaine. Et c'est là qu'une série de questions douloureuses émergent: dans une démonstration de 150-200 000 personnes sans précédent dans les dernières années, y' a-t-il vraiment un besoin pour certains d'user de la violence? Lorsque vous voyez des milliers criant «brûler, brûler le Parlement» et jurer face à la police, qu'est ce qu'une autre banque qui brûle a vraiment à offrir de plus au mouvement de contestation ?
Quand le mouvement prend de l'ampleur, comme en Décembre 2008 - que peut faire ce type d'action, quand cette action dépasse les limites de ce qu'une société peut prendre (au moins au moment présent), ou si cette action met des vies humaines en danger ?
Quand nous prenons la rue nous sommes un avec les gens autour de nous, nous sommes à côté d'eux, de leur côté, avec eux – c'est pourquoi , à la fin de la journée, nous travaillons comme des ânes à l'écriture de textes et d'affiches - et nos propres clauses sont un seul paramètre dans lesquels beaucoup convergent . Le moment est venu pour nous de parler franchement de la violence et à un examen critique d'une culture de violence qui a été mis au point en Grèce dans les dernières années. Notre mouvement n'a pas été renforcée en raison de la dynamique des moyens qu'elle utilise parfois, mais plutôt en raison de son articulation politique. Décembre 2008 n'est pas seulement un tournant historique parce que des milliers de personnes ont ramassé et jeté des pierres et des molotovs, mais principalement en raison de ses caractéristiques politiques et sociales - et de son riche héritage à ce niveau. Bien sûr, nous répondons à la violence exercée sur nous, et pourtant nous sommes appelés à notre tour de parler de nos choix politiques ainsi que les moyens que nous avons choisis, la reconnaissance de nos et de leurs - limites.
Quand nous parlons de liberté, cela signifie qu'à chaque instant nous doutons de ce que nous avons pris pour acquis hier.
Que l'on ose aller jusqu'au bout et, en évitant certaines formulations et clichés politique, à regarder les choses directement comme elles sont. Il est clair que, puisque nous ne considérons pas la violence comme une fin en soi, nous ne devons pas lui permettre de faire de l'ombre à la dimension politique de nos actions. Nous ne sommes ni assassins, ni saints. Nous faisons partie d'un mouvement social, avec nos faiblesses et nos erreurs.
Aujourd'hui, au lieu de se sentir plus fort après une manifestation d'une telle ampleur est le fait que nous nous sentons engourdis, pour en dire le moins. En soi, cela en dit long. Nous devons faire de cette tragique expérience une introspection et nous inspirer les uns les autres car, à la fin de la journée, nous avons tous agis en fonction de notre conscience.
Et la culture d'une telle prise de conscience collective est en jeu.
nous nous soulèverons ensemble : GRÈVE SAUVAGE ET GÉNÉRALE ! Participons aux occupations ! Tenons les rues ! Prenons la parole !
Samedi 8 mai 2010 6 08 /05 /2010 17:27
Depuis Athènes, de la part de deux (parmi 200'000) provocateurs
Il n’y a pas d’issue de secours
Note au sujet de la manifestation du 5 mai et de la mort des trois employés de la banque Marfin, à l’attention des grévistes qui continuent à foutre la merde.
Il est bien sûr inapproprié de rejeter «l’entière responsabilité» de la faute sur M. Vgenopoulos en ce qui concerne la mort navrante des trois employés dans l’incendie de la banque Marfin. Que celui-ci ait forcé ses employés, sous la menace du licenciement, à rester enfermés dans les bureaux des étages supérieurs d’une banque vide et non protégée, sans aucune installation contre le feu ou issue de secours, à l’épicentre de la plus grande manifestation de grève générale des trente dernières années, n’est pourtant pas un autre sacrifice d’une négligence criminelle sur l’autel du profit [Pour le moment, gardons cela en tête : les bénéfices nets de la banque Marfin ont cru cette année de 36,1%, au moment de la «plus dure des crises» alors que tout travailleur devait se résigner face à son travail, et obéir au nom de la nation.], à laquelle sa classe nous a habitués. Cet usage conscient des travailleurs comme bouclier humain pour les banques et les entreprises [Des incidents similaires à celui de la banque Marfin ont éclaté au 23 rue Stadiou, dans un supermarché Bazaar derrière la place Omonoia, où un employé à l’intérieur a pu éteindre le feu avec un extincteur, et à la librairie Ianos, qui était ouverte (car c’est bien connu, l’industrie culturelle se fout totalement des grèves).] est une des réponses de la classe des patrons aux événements de décembre et à la violence partagée de l’insurrection qui s’étend, sort des lois et détruit la circulation des biens, frappant et incendiant véhicules, boutiques, ses corps de police et plus que tout ses quartiers généraux : les banques.
Pour être clair, il s’agit de répondre en tant que telle à la volonté de Vgenopoulos et de sa classe de sacrifier quelques travailleurs pour stopper le processus insurrectionel à l’œuvre jusqu’à maintenant. Les discussions juridiques ou les sorties gauchistes telles que : l’insurrection coïncide avec la prise du Parlement, et non des banques et des boutiques, n’ayant aucune conscience de ce qui se déroule actuellement, ne font rien moins que refuser de faire face au problème.
Vous voyez, il est fréquent qu’un patron sache mieux que les travailleurs où sont ses interêts et comment s’y consacrer. Et n’importe quel patron sait toujours que «nous sommes en guerre», même si ils ne le crieront jamais haut et fort, tandis que ces personnes naïves croient qu’en guerre, il est bon de frapper, mais qu’il s’agit après de se remettre à la soit-disant neutralité de la justice. En nous plaçant sous la tutelle de l’État, nous plaçons même l’acte le plus extrême sous la seule égide d’un violent réformisme. La seule justice dans la rue, jusqu’à ce qu’ils soient en notre pouvoir, est nôtre. La responsabilité de n’importe quel événement, de la vie et de la mort de tous, est nôtre : cela correspond à la dictature du prolétariat (sic). Si nous manquons d’une confiance essentielle entre nous — autre que celle effective, d’un service d’ordre qui ne laisserait aucun collègue aux mains des patrons, une confiance créée dans et par nos expériences communes au sein des luttes et dans les réunions de rue —, alors la prochaine étape serait de nous appeler nous-mêmes «police» au sein de nos manifestations, d’être en charge et de porter la responsabilité de tout ce qui pourrait advenir. Celui qui exerce la violence, impose la justice. Utiliser la violence, en dépit du droit par rapport auquel elle se définit, vouloir aboutir à un chaos — abstrait —, ne fait la promotion de rien d’autre que des structures hautement organisées et de leur préconçue «justice» armée (les staliniens, la police, la mafia, les groupes para-étatiques). La victoire appartient à ceux qui amènent le chaos sans pour autant le porter à l’intérieur d’eux.
Le fait de fétichiser l’insurrection comme l’acte de destruction représentant une phase antérieure de notre mouvement, qui fut faible et marginale en son temps, après Décembre, et le décapage de cette fétichisation de la violence par la «mise en commun» spontanée qui l’accompagne, doit maintenant être dépassé. Un second Décembre ne serait alors pas une victoire, mais bien une défaite. Toute invocation des événements de l’année dernière ne montre rien d’autre qu’un manque total de plan pour ce qui allait suivre. Notre ennemi a avancé, nous sommes forcés de faire de même si nous ne voulons pas disparaître de la scène de l’Histoire.
Nous ne devons pas rester assis à la maison, soumis à la discipline de leur programme télé comme si nous étions de méchants garnements à qui trop a été donné trop vite. Nous devons nous réemparer du Logos (la parole) et le porter dans la rue. Cracher sur la justice médiatique et bourgeoise qui «justifie» la souffrance des uns en utilisant la douleur les autres, accumulant la misère pour tous et socialisant le cannibalisme qui est le sien. Le moins intelligent de ces vautours, avant d’asséner que la mort des trois employés allait nous paralyser, s’efforçait de nous rendre coupables pour un tas de choses ridicules, telles que la chute prévue du tourisme ou la mauvaise image du pays à l’étranger. De nous faire culpabiliser parce que nous nous battons. De nous diviser entre «travailleurs pacifiques» et «criminels encapuchonnés armés de molotov», maintenant que tout le monde sait (à l’exception bien sûr du parti communiste qui n’y voit que des provocateurs) que le 5 mai, il n’est aucun des travailleurs pacifiques qui ne se soit soulevé — avec ou sans capuche, avec ou sans molotov — face au va-tout de l’État : sa terreur policière.
Cette justice dévore de la chair, la chair de ses opposants, de n’importe qui leur ressemblant, et plus encore des anarchistes, puisqu’ils ont généreusement offert leur drapeau à n’importe quelle violence insurrectionelle, même celle des éléments les plus isolés de notre classe [La nuit du 5 mai, des escadrons armés de Delta, Zeta, police en uniforme et anti-émeute ont pris d’assaut le squat des «anarchistes pour un mouvement polymorphe» dans la rue Zaimi, le centre social «Accueil des migrants» de la rue Tsamadou, et de nombreuses maisons et cafés d’Exarchia, frappant et intimidant les personnes présentes. Au même moment à la télévision, rien de plus ou de moins n’était exigé que les têtes des anarchistes.]. Mais elle veut plus que cela. Il s’agit d’ouvrir un traumatisme encore plus grand dans la mémoire sociale, qui nous couperait de toute familiarité avec notre propre violence, avec la violence de notre lutte, avec ses sujets et les liens qu’ils entretiennent. Notre justice ne s’occupera que d’une seule chose : la réparation. Nous ne savons pas quel genre de personnes étaient ces morts, si leur sens de la dignité aurait ou non fait face à l’ordure fasciste et aux vautours télévisés négociant leur mort, mais nous sommes sûrs qu’en tant que travailleurs, leur interêt aurait été la victoire de notre lutte, avec l’ensemble des travailleurs d’Europe et du monde. Nous ne nous entraînerons pas mutuellement vers le fond, mais nous nous soulèverons ensemble : GRÈVE SAUVAGE ET GÉNÉRALE ! Participons aux occupations ! Tenons les rues ! Prenons la parole !
Traduit de l’anglais (Act for freedom now!) pour le JL, 8 mai 2010
http://actforfreedomnow.blogspot.com.
Lambros a écrit:Perso, je trouve bien de crâmer des banques. [...] on va pas commencer à dire que c'est mal qu'une banque est brûlée, non ?