pepper a écrit:Nosotros,
l'espoir fait vivre. OK.
Nous avons eu une petite discussion informelle hier soir entre membres de interco23 et sympathisants.
Pas d'ordre du jour , juste un hasard lié sans aucun doute à la situation, de plus en plus inquiétante.
Le débat a tourné autour de l'impuissance politique au sens large. Des sympathisants nous ont fait remarquer que notre syndicalisme ETAIT INTéGRé, quoiqu'on en dise. Pas autant que les "partenaires sociaux", bien évidemment. Mais du seul fait de certaines pratiques communes avec eux qui nous situent, dans la représentation collective etd'ailleurs légale du syndicalisme, dans le champ syndical.
Ces sympathisants ne disaient pas cela pour nous blamer, sur le mode anarcho-syndicaliste ou anarchiste, mais tout simplement parce que ça leur paraissait évident.
Les pratiques en questions, O surprise, ne sont pas celles qui ont entrainé la scission de 1993, à savoir les élections professionnelles; Non, la candeur et l'endehors syndical des participants ont mis le doigt sur autre chose : le fait même d' obtenir des droits syndicaux sur la base d'une légalité impliquant, en retour, des devoirs syndicaux : déclaration, dépot de statuts, existence d'une trésorerie, d'un secrétariat etc...demande d'autorisation spéciales d'absence pour assister aux congres ou assimilés.
Je précise que ces sympathisants ne sont en rien au courant de l'existence d'un mouvement autonome; c'est à dire que ce qu'ils montrent ne provient pas d'une autre idéologie concurrentielle, anti-syndicale, anti-organisationnelle.
Ils font juste remarquer qu'un syndicat, quel qu'il soit, est de facto intégré au système juridique et donc forcément mal placé pour l'émancipation.
Ils l'ont pas dit comme ça mais c'est ce que j'ai ressenti.
Nous, membres du syndicat, on en est tout bouleversés.
Comprends bien, Nosotros, que la question n'est pas de choisir telle ou telle étiquette mais simplement de savoir si jouer à ce jeu mène à quelque chose.
Cela n'enlève rien, pour le moment à ce que nous pensons et disons dans notre plateforme. Celle-ci, dès le départ est une proposition, pour essayer d'engager des "convergences", des accords sur certaines étapes, sur une ébauche de programme, non pas électoral, non pas syndical stricto sensu ( sinon pourquoi nous serions nous tourner entre autre vers NANOMONDE ou OCL?) mais pour déterminer ensemble une stratégie, une ou des intentions, et les moyens les plus appropriés pour les matérialiser.
Nous avons pensé, étant donné que deux points sur trois de notre plateforme étaient des revendications compatibles avec le syndicalisme, que la forme syndicale allait de soi. Mais pour autant nous ne voulions pas nous enfermer dans le syndicalisme; dans le champ syndical. Nous voulions clairement identifier, dans l'univers sinon le champ des praxis, quels groupes relativement influents ( toutes proportions gardées) pouvaient engager une telle réflexion.
Nous en sommes toujours là mais on est drôlement déstabilisés, dans cette période chaotique, impuissante, et dangereuse, par les remarques de ces sympathisants.
Donc, arrivé à ce stade de nos discussions, la question de la gauche étant enfin résolue, j'espère qu'on pourra entamer enfin une discussion sur le fond. La base que je propose, dans la foulée de ce que j'ai dit sur la nouvelle approche de la communication, est qu'on ne cherche pas à imposer nos praxis respectives mais bien plutot à articuler nos différentes praxis sur un fond commun qui nous unifie de l'extérieur tout en nous différentiant, et qui est la situation totale elle-même.
Peux-tu reformuler ce que j'ai dit afin que je vérifie qu'on s'est bien compris; et dire ensuite ta réponse sur le fond aux trois points de la plateforme à partir de ta propre praxis ?
Bien frat'
Je ne suis pas certain de voir à quoi tu fais référence quand tu parles d'une "situation, de plus en plus inquiétante" : sans doute à "l'impuissance politique" que tu abordes ensuite, mais ça mériterait alors discussion.
A quel syndicalisme vos sympathisants font-ils référence quand ils le qualifient d'intégré (d'ailleurs qu'est-ce que cela signifie ?). Si la représentation collective signifie pour eux délégués du personnel mais aussi délégués syndicaux (et donc "demande d'autorisation spéciales d'absence pour assister aux congres ou assimilés") et sections syndicales, c'est un point de vue plutôt respectable ! Que le légalisme du syndicat (déclaration, dépôt des statuts, trésorerie, secrétariat) en effraie également certains, ça se comprend, tant qu'on ne tombe pas dans l'excés du refus de tout légalisme, jusqu'à refuser tout aspect financier pour le groupe (l'argent, c'est légal...) : après tout, la plupart de nous disposons d'une carte d'identité et recevons même mensuellement de l'argent d'un patron voire de l'Etat, ce qui ne fait pas de nous des pourris-jusqu'à-la-moëlle (ni "forcément mal placé pour l'émancipation", quoi que !). Finalement, tout dépend de ce que les gens font de leur structure, quand ils s'en dotent ! Si l'AIT comporte en son sein des sections syndicales et des délégués syndicaux, d'autres font le choix de monter un syndicat parce que c'est une forme courante d'organisation et offrant de modestes avantages et de s'en servir pour faire autre chose que du syndicalisme d'entreprise, d'autres encore sont dans l'illégalité, par choix ou parce que, au contraire, ils n'ont pas d'autre possibilité. Pour le cas de la France et pour qui cherche à faire de l'anarchosyndicalisme (disons, tel que le définit la charte de l'union locale de Caen...), l'existence légale ne semble pas nécessaire.
De quel jeu ? Est-ce une remise en cause du syndicat ou de toute activité politique ? D'ailleurs, les exemples fournis pourraient ne s'appliquer qu'à de l'activité syndicale (d'où le désintérêt de vos sympathisants ?) quand ce qui nous préoccupe au moins autant, c'est le politique - et votre plateforme n'y fait pas abstraction.Comprends bien, Nosotros, que la question n'est pas de choisir telle ou telle étiquette mais simplement de savoir si jouer à ce jeu mène à quelque chose.
Tu parles ensuite de rapprochement, de communication, de stratégie, mais cela ne semble concerner que les organisations. Selon moi, cette convergence n'est pas primordiale au vu de ce que ces organisations représentent en terme quantitatif (et tu as fait remarquer qu'il fallait considérer cet aspect avec modestie - n'en parlons même pas en terme qualitatif) ; comme indiqué par ailleurs, lancer ce type d'appel et travailler à ce type de développement serait à mon sens bien plus efficace :
La charte de l'union locale de Caen a écrit:En conséquence, l'anarcho-syndicalisme appelle les opprimés et les exploités à agir en dehors des structures de collaboration, des appareils politiques et syndicaux, qui concourent au maintien de l'ordre bourgeois, en créant des comités indépendants de lutte : seul moyen permettant de dépasser les clivages, l'emprise des jeux politiciens, les divisions induits par les partis et syndicats. Ces comités unifient donc les exploités dans leurs intérêts communs au delà des sensibilités particulières. Les comités doivent se lier selon les principes du fédéralisme anti-autoritaire, de façon à établir une véritable résistance populaire autonome, seule capable de créer un véritable rapport de force.
... ce qui n'enlève en rien à l'intérêt de ta proposition visant à "organiser la communication différemment".
Enfin, je ne sais trop comment réagir au sujet des trois points de votre plateforme, si ce n'est qu'ils ne me semblent pas convenir à un syndicat qui souhaite changer de système. Maintenant, s'il s'agit de faire converger des gens afin que naisse un mouvement de fond, est-ce la meilleure façon que de partir sur une plateforme de 3 points non-discutables ? Une telle plateforme ne devrait-elle pas dans ce cas être plutôt discutée dans les comités de lutte ? Sur Caen, le dernier collectif qui s'est monté avait pondu ça :
Ce n'est certes pas un programme anarchiste mais des gens étaient plus ou moins prêts à s'investir dans le sens de ces revendications, au-delà de clivages politiques, l'important dans ces situations, comme le souligne anarced, étant de ne pas pour autant taire nos divergences.L’accès gratuit pour tous et toutes aux besoins sociaux fondamentaux (santé, éducation, logement, transports, culture, biens de première nécessité).
Le refus des réformes allant à l’encontre de ce principe.
Le refus des licenciements et des suppressions de postes.
Le refus des radiations des minima sociaux.
L’augmentation des salaires et de l’obtention des minima sociaux.
L’arrêt de la casse du service public.
Jongler avec revendications immédiates et utopie n'est pas si simple !