jérôme a écrit:En réalité, contrairement à ce que tu dis, les modes d’action de la lutte ont évolué dans la conception des marxistes. Il s’agit d’une méthode d’analyse vivante et non un dogme comme en on fait les staliniens (mais j’ai beau expliquer, visiblement tu ne comprend pas la différence, fait un effort toi aussi).
Si, si, je comprends bien. J'ai été marxiste. Et c'est bien parce que la pensée marxiste (je ne dis pas de Marx, puisqu'il est mort) n'évolue pas dans certaines organisations comme le CCI que je ne me reconnais plus comme marxiste. Contrairement, au marxiste, l'anarchie est une idée plurielle et vivante. Elle n'a pas besoins d'une bible pour vivre, mais de personnes qui la portent, la partagent, la font évoluer et la proposent aux générations qui suivent. C'est bien pour cela que l'anarchie, étymologiquement, ne se rapporte à personne, contrairement au marxisme, qui est le système de Marx, d'un seul homme (Engels était son clone...). A l'inverse, le marxisme -et je l'ai senti ainsi quand je l'étais- est presque toujours vécu comme une sorte de nouvelle religion, de dogme. Pour être marxiste, il faut sa petite formation philosophique et politique pour bien connaître son système (j'ai vu ça avec les maos). En fait, je me suis barré des maos pour connaître les marxistes dits de l'ultra-gauche. Et ce que j'y ai plus ou moins vécu et entendu, n'étais pas spécialement plus intéressant. C'était ennuyeux, rébarbatif et d'une rigidité sans nom. Et là, je parle du CCI. Vos écrits, qu'ils soient sur la décadence ou autre chose, sont toujours des petits arrangements avec l'histoire. Et votre série sur l'anarchisme et la guerre confirme ma pensée. Car vous faites passer la majorité des anarchistes pour des bellicistes (Kropotkine et Cie), alors que les anars qui ont défendu la guerre étaient forcément minoritaires ! Je ne parle pas de la guerre d'Espagne, car la situation était fort complexe et la CNT de l'époque était divisée sur la question de la participation au gouvernement. Mais, ce n'est pas le sujet.
Evidemment, sinon, que l'anarchie garde des bases de réflexions nées du XIXe siècle. Mais les réflexions se sont confrontées au monde actuel. Lis les articles de la CNT et tu t'en rendras compte. A l'inverse, j'ai la sinistre impression que le CCI n'a jamais fait l'effort d'adapter sa théorie à la situation, mais l'inverse. Et c'est ce qui fait que votre orga se sclérose et tombera, un jour ou l'autre, dans l'oubli.
jérôme a écrit:On ne pose plus les conditions de la lutte aujourd’hui comme au XIX ème siècle. Aujourd’hui, on ne peut plus lutter dans les syndicats, alors qu’avant on pouvait le faire.
Et on lutte comment alors? Que propose le CCI pour lutter ?
Avant, on pouvait concevoir l’idée d’un parti de masse, plus aujourd’hui.
Et alors, comment on lutte ? Et pourquoi persistez-vous à vouloir construire un parti ?
De la même façon, la dynamique capitaliste n’est pas la même avec la réalité de la crise et du déclin du capitalisme.
Il est tellement sur le déclin qu'il reprend de la vigueur. Mais c'est que des conneries. L'économie ne s'effondre pas si on ne l'aide pas. Il a bon dos le déclin ou la décadence du capitalisme ! C'est toujours une excuse pour éviter d'agir et se dire: laissons-le faire, il se détruit de lui-même. L'économie a été créée par l'homme et elle ne sera détruite que par la main de l'homme. C'est tout simplement matérialiste. Croire au salut par l'autodestruction du capitalisme, c'est comme croire que le jugement dernier récompensera les meilleurs et détruira les vilains ! C'est de la croyance, de la foi, ce n'est pas de la pensée, ça ! Et justement, ce que je reproche au CCI, c'est d'inventer une croyance et non une pensée !
Crois tu que l’anarchisme échappe aux stéréotypes de son discours ? Pas du tout.
Si tu crois que je n'en ai pas conscience, j'admets qu'il y a parfois des écrits qui me laissent songeurs (c'est assez rare en tout cas dans ceux que je vois de l'AIT). Et là, encore, l'AIT n'est pas le dépositaire de l'anarchisme. L'AIT n'est qu'une partie des organisations qui représentent l'anarchie. L'AIT a ses principes, ses réflexions, son raisonnement. Mais, à l'inverse des marxistes, dont le CCI, on n'estime pas détenir la Vérité.
Il n’empêche qu’il existe au sein de l’anarchisme des éléments ouverts qui défendent des positions de classe et d’autres qui sont de simple gauchistes appendices de l’état bourgeois au même titre que des trotskistes qui se prétendent « marxistes ».
Désolé de te contredire, mais les trotskistes sont bel et bien des marxistes. Et sans guillemets.
Quant à défendre des positions de classe, je ne crois pas que le vocabulaire soit adéquat. Il s'agit bien plutôt d'une position révolutionnaire, anticapitaliste, anti-autoritaire et anti-étatique. Je crois que ce sont des mots qui résument bien, du moins pour moi, la philosophie de l'anarchie. Mais là encore, ces mots peuvent synthétiser l'anarchie qu'ils ne suffisent pas. L'anarchie ne peut pas se résumer comme ça.