Actualité de castoriadis

Les courants, les théoriciens, les actes...

Actualité de castoriadis

Messagepar douddu » Lundi 29 Sep 2008 14:09

La CNT-AIT vous invite a une présentation de l'oeuvre de Cornélius Castoriadis et a un débat sur son actualité .

JEUDI 2 OCTOBRE 2008
SALLE ST AUBIN
8 IMPASSE ST AUBIN
TOULOUSE
douddu
 

Messagepar AnarSonore » Lundi 29 Sep 2008 14:22

A quelle heure?
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Messagepar douddu » Lundi 29 Sep 2008 15:35

20H30
douddu
 

Messagepar AnarSonore » Lundi 29 Sep 2008 15:53

Ok merci !

Sinon en guise de préparation de cette présentation, voici les enregistrements disponibles de Castoriadis sur internet et en écoute sur AnarSonore:

** Débat entre Cornelius Castoriadis et Dany Cohn-Bendit **
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article97

** Cornelius Castoriadis - Les significations imaginaires **
Désordre et ordre, Entretien avec M.Treguer, France culture, 30 janvier 1982. Le texte de cet entretien a été publié dans Une société à la dérive sous le titre "Les significations imaginaires".
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article183
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article184
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article185


** Cornelius Castoriadis - La création historique et l’institution de la société **
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article137
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article138
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article139
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article140

** Cornelius Castoriadis - Le socialisme du futur **
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article141
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article142
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article143

** Cornelius Castoriadis - Un monde à venir **
Propos recueillis par Olivier Morel le 18 juin 1993 et repris dans La montée de l’insignifiance
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article186
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article187

** Cornelius Castoriadis - Chronique-hebdo sur Radio libertaire **
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article188
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article189
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article190
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article191

** Cornelius Castoriadis - Du jour au lendemain **
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article192
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article193

** Cornelius Castoriadis - Post-scriptum sur l’insignifiance **
Propos recueillis par Daniel Mermet. Le texte intégral de cet entretien est publié sous le titre Post-scriptum sur l’insignifiance, aux Editions de l’Aube
La politique -> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article194
Le capitalisme -> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article195
La démocratie -> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article196
La liberté -> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article197

** Cornelius Castoriadis - Qu'est-ce que l'institution imaginaire de la société ? **
Bande-son d'un avant-projet de documentaire sur Cornelius Castoriadis
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article126

** Cornelius Castoriadis à Toulouse le 22 mars 1997 **
La dernière conférence publique de Cornelius Castoriadis
-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article144

:arrow: http://anarsonore.free.fr/spip.php?mot49
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Actualité de l'oeuvre de Castoriadis

Messagepar AnarSonore » Samedi 11 Oct 2008 19:27

Les enregistrements de la présentation et du débat sur l'actualité de l'oeuvre de Castoriadis, organisés jeudi 2 octobre à Toulouse par la CNT-AIT, sont disponibles pour l'écoute et le téléchargement sur AnarSonore:
- Présentation-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article216
- Débat-> http://anarsonore.free.fr/spip.php?article217
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar AnarSonore » Mardi 07 Avr 2009 12:33

Brochure 1
Autogestion et hierarchie (Cornelius Castoriadis)
Suivi de La hiérarchie des salaires et des revenus
Et Les ouvriers face à la bureaucratie
:arrow: http://92.243.4.248/spip/IMG/pdf_Autoge ... dis_-2.pdf


Brochure 2
Mai 68 : la révolution anticipée (Cornelius Castoriadis)
:arrow: http://92.243.4.248/spip/IMG/pdf_Mai68L ... dis_-2.pdf

Brochure 3
Racines subjecticves et logiques du projet révolutionnaire (Cornelius Castoriadis)
Suivi de L’exigence revolutionnaire
:arrow: http://92.243.4.248/spip/IMG/pdf_Racine ... dis_-2.pdf

Brochure 4
Socialisme et société autonome (Cornelius Castoriadis)
Suivi de "Le projet d’autonomie a-t-il un avenir ?"
:arrow: http://92.243.4.248/spip/IMG/pdf_Social ... iadis_.pdf

Brochure 5
Pas de grands discours mais des discours vrais (entretiens Cornelius Castoriadis)
:arrow: http://92.243.4.248/spip/IMG/pdf_Entret ... iadis_.pdf

Brochure 6
La question de l’histoire du mouvement ouvrier (Cornelius Castoriadis)
:arrow: http://92.243.4.248/spip/IMG/pdf_Questi ... iadis_.pdf

Brochure 7
De la dissidence marxiste au projet d’autonomie
:arrow: http://92.243.4.248/spip/IMG/pdf_Parcou ... iadis_.pdf

Brochure 8
Politique, Démocratie, Valeurs occidentales Projet de démocratie radicale et relativisme culturel
:arrow: http://92.243.4.248/spip/IMG/pdf_Politi ... iadis_.pdf

Brochure 9
Crises économique, politique sociale, anthropologique
:arrow: http://92.243.4.248/spip/IMG/pdf_CriseE ... iadis_.pdf

Brochure 10
Le mouvement révolutionnaire sous le capitalisme moderne
:arrow: http://92.243.4.248/spip/IMG/pdf_MouvRevCapMod-I.pdf

Brochure 10 bis
Le mouvement révolutionnaire sous le capitalisme moderne
:arrow: http://92.243.4.248/spip/IMG/pdf_MouvRevCapMod-II.pdf
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar dude » Mardi 07 Avr 2009 13:34

Merci pour ces textes, nottament les deux dernières brochures, c'est un texte que je cherche depuis très longtemps, car Castoriadis y fait régulièrement référence. Beau travail !
dude
 

Re: Actualité de castoriadis

Messagepar leodubas » Samedi 18 Avr 2009 8:00

Un document très intéressant non seulement sur Castoriadis mais aussi S ou B. C'est la retranscription d'un débat organisé à Limoges autour du livre "Anthologie de Socialisme ou Barbarie", publié aux Editions Acratie en 2007, publication réalisée par des "anciens" de cette expérience politique.

http://www.cerclegramsci.org/archives/soub.htm
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar AnarSonore » Vendredi 22 Mai 2009 18:50

Socialisme ou Barbarie et L’internationale situationniste : Note sur une "méprise"
Texte de Bernard Quiriny extrait de Archives & documents situationnistes n°3, automne 2003, Denoël
Introduit par : "Socialisme ou Barbarie" ou la résistance à la tenaille historique
extrait du bulletin « Le Crépuscule du XXè siècle », mai 2008, Guy Fargette
:arrow: http://www.magmaweb.fr/spip/IMG/pdf_Sou ... gette_.pdf

La source hongroise (1976)
Texte rédigé initialement en anglais pour la revue américaine Telos (St-Louis - Missouri), où il a été publié (n° 29, automne 1976) avec de nombreuses altérations, relevant d’un prétendu editing - dont la plupart se bornent à aplatir l’expression, et quelques-unes endommagent le sens. La présente tra-duction a été faite sur le manuscrit original par Maurice Luciani, que je tiens à remercier ici pour son excellent travail. J’en ai profité pour ajouter un paragraphe [ici p. 23] et la note (8). [Reproduit dans Libre, 1, mars 1977, puis dans « Le contenu du socialisme », 10 / 18, 1979, pp. 367 - 412.]
:arrow: http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article120
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar AnarSonore » Dimanche 14 Juin 2009 20:55

Cornelius Castoriadis - De l’auto-organisation du vivant à la création humaine

Deux extraits d’archives de l’émission Parti pris de 1976 sur France Culture rediffusés dans Les vendredis de la philosophie du 12 juin 2009

:arrow: http://anarsonore.free.fr/spip.php?article415
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar NOSOTROS » Mercredi 24 Juin 2009 0:18

Castoriadis en farsi ...

http://www.mindmotor.org/mind/wp-conten ... riadis.pdf

(je ne sais pas de quel bouquin il s'agit ... Si quelqu'un a une piste ?)
Capitalismo delenda est
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar AnarSonore » Mercredi 24 Juin 2009 0:44

il est fort probable qu'il s'agisse du texte ci-dessous:



Prolétariat et organisation, de Cornélius Castoriadis (1959-04)
Extraits d’un article paru dans Socialisme ou barbarie n°27.

Les organisations que la classe ouvrière avait créées pour se libérer sont devenues des rouages du système d’exploitation. Telle est la brutale constatation qui s’impose à tous ceux, travailleurs et militants, qui regardent la réalité en face. Et beaucoup sont aujourd’hui paralysés par ce dilemme: comment agir sans s’organiser? Et comment s’organiser, sans retomber dans l’évolution qui a fait des organisations traditionnelles les ennemis les plus acharnés des fins qu’elles devaient réaliser?
Certains croient pouvoir trancher la question de façon purement négative. L’expérience prouve, disent-ils que toutes les organisations ouvrières ont dégénéré; donc toute organisation est condamnée à dégénérer. C’est tirer de l’expérience trop ou trop peu. Toutes les révolutions jusqu’ici ont été vaincues ou ont dégénéré. Faut-il en déduire que l’on doit abandonner la lutte révolutionnaire? Défaite des révolutions et dégénérescence des organisations expriment, chacune à son niveau, un même fait : la société établie sort provisoirement victorieuse de sa lutte avec le prolétariat. Veut-on en conclure qu’il en sera toujours ainsi, il faut alors être logique et se retirer sous sa tente. Car poser le problème de l’organisation n’a de sens qu’entre gens persuadés qu’ils peuvent et doivent lutter en commun, donc en s’organisant, et qui ne commencent pas par postuler que leur défaite est inéluctable.
Mais pour ceux-ci, les questions que soulève la dégénérescence des organisations ouvrières prennent alors tout leur sens, et exigent des réponses positives. Pourquoi ces organisations ont-elles dégénéré, et que signifie exactement cette dégénérescence? Quel a été leur rôle dans l’échec provisoire du mouvement ouvrier? Pourquoi le prolétariat les a-t-il soutenues ou ne les a-t-il pas dépassées? Que faut-il en conclure sur l’organisation et l’action dans l’avenir?
A ces questions il n’y a pas de réponse simple, car elles affectent tous les aspects et toutes les tâches du mouvement ouvrier contemporain. Il n’y a pas non plus de réponse simplement théorique. Le problème de l’organisation révolutionnaire ne sera résolu qu’à mesure de la construction réelle de cette organisation, qui à son tour dépendra du développement de l’activité de la classe ouvrière. Il doit cependant recevoir un début de solution dès maintenant. Les révolutionnaires ne peuvent pas s’abstenir de toute activité en attendant le développement des luttes ouvrières. Celles-ci ne résoudront pas le problème de l’organisation des révolutionnaires, elles ne feront que le poser à un niveau plus élevé. Et dans le développement de ces luttes, l’organisation a un rôle à jouer. Il n’y aura ni construction réelle de l’organisation sans développement des luttes, ni développement durable des luttes sans construction de l’organisation. Si l’on ne partage pas ce postulat, si l’on pense que ce que l’on fait ou l’on ne fait pas n’a pas d’importance, si l’on agit uniquement pour être en règle avec sa conscience morale, on n’a pas besoin de lire les pages qui suivent.
Ce début de solution ne peut pas être empirique, ni une somme de recettes négatives. Une collectivité de révolutionnaires ne peut qu’adopter des règles positives d’activité et de fonctionnement, et ces règles doivent découler de ses principes. Aussi réduite que soit l’organisation, son fonctionnement, son activité, sa pratique quotidienne doivent être l’incarnation visible et contrôlable par tous des fins qu’elle proclame.
Répondre au problème de la construction d’une organisation révolutionnaire exige donc de partir de l’ensemble de l’expérience du mouvement révolutionnaire et d’analyser les conditions devant lesquelles la deuxième moitié du XX° siècle place ce mouvement. Il faut pour cela effectuer ce qui peut apparaître comme un détour, revenir aux idées les plus fondamentales, reconsidérer les objectifs révolutionnaires et l’histoire du mouvement ouvrier.

1 LE SOCIALISME : GESTION DE LA SOCIÉTÉ PAR LES TRAVAILLEURS

Un fait domine, par ses conséquences directes et indirectes, l’histoire de l’humanité au XX° siècle. La classe ouvrière a effectué une révolution victorieuse en 1917, en Russie; et, loin de conduire au socialisme, cette révolution a abouti finalement au pouvoir d’une nouvelle couche exploiteuse, la bureaucratie. Pourquoi, et comment (1) ?
Le prolétariat russe, en 1917, s’est mobilisé pour détruire le pouvoir du Tsar et des capitalistes et pour supprimer l’exploitation; il s’est armé, et il s’est organisé dans les comités de fabrique et les Soviets pour mener sa lutte. Mais, lorsque après une longue guerre civile les derniers débris de l’Ancien Régime furent éliminés, il se trouva que le pouvoir économique et politique était à nouveau concentré entre les mains d’une nouvelle couche de dirigeants, cristallisée autour du parti bolchevique. Le prolétariat n’assumait pas la direction de la nouvelle société – ce qui est une autre façon de dire qu’il n’y était pas la classe dominante. Dès lors, il ne pouvait que redevenir classe exploitée. La dégénérescence de la révolution russe n’a été rien d’autre que ce retour au pouvoir exclusif d’une couche particulière.
Tous les facteurs qui ont conduit à cette dégénérescence ont finalement la même signification profonde : le prolétariat n’a pas assumé la direction de la révolution et de I a société qui en a résulté. C’est le parti bolchevique qui a tendu dès le départ et a réussi très tôt à exercer la totalité du pouvoir dans le pays. Ce parti s’était constitué sur l’idée qu’il était le dirigeant naturel du prolétariat et l’expression de ses intérêts historiques. Mais les idées et l’attitude du parti bolchevique n’auraient pas pu prévaloir si la classe ouvrière Elle-même, dans sa grande majorité, ne les avait pas partagées et n’avait pas tendu à voir dans le parti l’organe nécessaire de son pouvoir. Ainsi les organismes qui devaient exprimer la domination politique des masses travailleuses, les Soviets, ont été rapidement transformés en appendices du pouvoir bolchevique.
Cependant, même si cette évolution n’avait pas eu lieu sur le plan politique, rien de fondamental n’aurait changé, car la révolution n’avait apporté aucune modification profonde aux rapports réels de production. Les propriétaires privés expropriés ou exilés, l’État bolchevique a confié la direction des entreprises à des dirigeants nommés par lui et a combattu les quelques tentatives des ouvriers de s’emparer de la gestion de la production. Mais celui qui commande la production commande en dernière analyse la politique et la société. Une nouvelle couche de dirigeants de la production et de l’économie s’est ainsi rapidement formée qui, s’agglomérant aux dirigeants du parti et de l’État, a constitué la nouvelle classe dominante2. La conclusion fondamentale de l’expérience de révolution russe est donc qu’il ne suffit pas que prolétariat détruise la domination étatique et économique de la bourgeoisie. Le prolétariat ne peut réaliser l’objectif de sa révolution que s’il édifie son propre pouvoir dans tous les domaines. Si la direction de la production, de l’économie, de I’ « État », devienne à nouveau la fonction d’une catégorie spéciale d’individus, l’exploitation et l’oppression des travailleurs renaîtront fatalement. Avec elles renaîtra aussi la crise permanente qui déchire les sociétés contemporain et qui trouve son origine dernière dans le conflit en dirigeants et exécutants au sein de la production.
Le socialisme n’est et ne peut être rien d’autre que la gestion de la production, de l’économie et de la société par les travailleurs. A cette idée, qui a constitué le départ le centre des conceptions de Socialisme Barbarie, la révolution hongroise a fourni depuis une confirmation éclatante [3].

L’autonomie du prolétariat

L’idée de gestion ouvrière de la production et de la société implique que le seul pouvoir dans la société : révolutionnaire est celui des organismes de masse travailleurs (les Conseils) qui l’exercent directement. Il ne peut être question que des organismes spéciaux quelconques, par exemple des partis politiques, assument des tâches de pouvoir et de gouvernement. Mais il ne s’agit pas là d’une simple règle institutionnelle; cette idée oblige à reconsidérer semble des problèmes théoriques et pratiques qui osent au mouvement révolutionnaire.
Il n’y aurait en effet aucun sens à parler de gestion ouvrière si les travailleurs n’étaient pas capables de l’assumer, et donc de produire de nouveaux principes d’organisation et d’orientation de la vie sociale, révolution et encore plus la construction d’une société socialiste présuppose que la masse organisée travailleurs est devenue capable de diriger, en se passant de toute personne interposée, l’ensemble des activités de la société – donc qu’elle est devenue capable de diriger elle-même à tous égards et de façon permanente. La révolution socialiste ne peut être que le produit de l’activité autonome du prolétariat, autonome signifiant: qui se dirige elle-même, qui n’obéit qu’à elle-même.
Il ne faut pas confondre cette question avec celle de la capacité technique du prolétariat à diriger la production. Le prolétariat, c’est l’ensemble des travailleurs salariés et exploités. Les connaissances techniques ont cessé depuis longtemps d’être le monopole de quelques individus; elles appartiennent à une masse de travailleurs de bureau ou de laboratoire, soumis à une division chaque jour plus poussée du travail et ne recevant qu’un salaire à peine supérieur à celui des manuels. Les « chefs » techniques sont tout autant superflus que les contremaîtres dans la production; ce ne sont pas de grands ingénieurs irremplaçables mais des bureaucrates qui dirigent et « organisent » (c’est-à-dire désorganisent) le travail de la masse des techniciens salariés. L’ensemble des travailleurs exploités des ateliers et des bureaux contient en lui-même toutes les capacités techniques de l’humanité contemporaine. La question de la direction « technique » de la production, pour le prolétariat au pouvoir, ne sera donc absolument pas une question technique, mais une question politique de l’unité des travailleurs des ateliers et de ceux des bureaux, de la coopération entre eux, de la gestion commune de la production. Et de même, dans tous les domaines, ce sont des questions politiques qui se poseront au pouvoir prolétarien: sa propre organisation, les rapports entre centralisation et décentralisation, l’orientation générale de la production et de la société, les relations avec les autres couches sociales (paysannerie, petite bourgeoisie), les relations internationales, etc.
Le socialisme présuppose donc un degré élevé de conscience sociale et politique du prolétariat. Il ne peut pas résulter d’une simple révolte du prolétariat contre l’exploitation, mais seulement de la capacité du prolétariat de tirer de lui-même des réponses positives aux immenses problèmes que posera la reconstruction de la société moderne. Personne ne peut avoir cette conscience « pour » le prolétariat et à sa place -ni un individu, ni un groupe, ni un parti. Ce n’est pas seulement qu’une telle substitution conduirait inévitablement à la cristallisation d’une nouvelle couche de dirigeants et ramènerait rapidement la société à tout le « fatras antérieur ». C’est qu’il est impossible qu’une catégorie particulière assume des tâches qui sont à l’échelle de l’humanité et d’elle seule. Ce sont les problèmes d’une société d’exploitation qui peuvent être résolus par une minorité de dirigeants; ou plutôt qui pouvaient l’être, car la crise des régimes contemporains traduit précisément ce fait, que la direction de la société moderne est une tâche qui désormais dépasse la capacité de toute catégorie particulière. Cela vaut infiniment plus pour les problèmes que posera la reconstruction socialiste de la société, qui ne pourront être ni résolus, ni même posés correctement sans le déploiement de l’activité créatrice de l’immense majorité des individus. Car cette reconstruction signifie exactement et rigoureusement : tout reprendre et tout refaire – les machines, les usines, les objets de consommation, les maisons, les systèmes d’éducation, les institutions politiques, les musées, les idées, la science elle-même – d’après les besoins des travailleurs et dans leur perspective. De ces besoins et de la manière de les satisfaire, seuls les travailleurs eux-mêmes peuvent être juges. Car, même si sur tel point particulier des spécialistes auront une conception plus « correcte », elle ne vaudra rien aussi longtemps que les intéressés n’en verront pas la justesse et la nécessité. Et toute tentative d’imposer aux gens, concernant leur propre vie, des solutions qu’ils n’approuvent pas en fait immédiatement et automatiquement des solutions monstrueusement fausses.

Le développement du prolétariat vers le socialisme

Le socialisme ainsi conçu, est-il une perspective historique, une possibilité qui existe au sein de la société moderne, ou bien un rêve? Le prolétariat est-il simplement matière à exploitation, une classe moderne d’esclaves industriels explosant périodiquement dans des révoltes sans issue? Ou bien les conditions de son existence et sa lutte contre le capitalisme l’amènent-elles à développer une conscience – c’est-à-dire une attitude, une mentalité, des idées et des actions – dont le contenu tend vers le socialisme?
La réponse à cette question se trouve dans l’analyse de l’histoire réelle du prolétariat, de sa vie dans la production, de ses mouvements politiques, de son activité pendant les périodes de révolution – analyse qui conduit en retour à bouleverser les idées traditionnelles sur le socialisme, les revendications ouvrières ou les formes d’organisations.
Tout d’abord, la lutte du prolétariat contre le capitalisme n’est ni uniquement « revendicative » ni uniquement « politique »; elle commence dans la production. Elle ne concerne pas simplement la répartition du produit social, ou, à l’autre bout, l’organisation générale de la société; elle s’attaque dès le départ à la réalité fondamentale du capitalisme, les rapports de production dans l’entreprise. La soi-disant « rationalisation » de la production capitaliste n’est qu’un tissu de contradictions. Elle consiste à organiser le travail en dehors des travailleurs et en supprimant le rôle humain de ceux-ci – ce qui est intrinsèquement absurde du point de vue de l’efficacité productive elle-même; elle vise à augmenter sans cesse leur exploitation – ce qui les dresse constamment contre elle.
La lutte des travailleurs contre cette organisation, loin d’avoir comme seul objet le salaire, domine tous les aspects et tous les instants de la vie dans l’entreprise. La soi-disant « rationalisation » de la production capitaliste n’est qu’un tissu de contradictions. Elle consiste à organiser le travail en dehors des travailleurs et en supprimant le rôle humain de ceux-ci – ce qui est intrinsèquement absurde du point de vue de l’efficacité productive elle-même; elle vise à augmenter sans cesse leur exploitation – ce qui les dresse constamment contre elle.
La lutte des travailleurs contre cette organisation, loin d’avoir comme seul objet de haine le salaire, domine tous les aspects et tous les instants de la vie de l’entreprise. C’est que, d’abord, le conflit entre ouvriers et direction autour des salaires ne peut pas ne pas affecter rapidement tous les aspects de l’organisation du travail. (…)

Caractère contradictoire du développement du prolétariat

Il y a donc un développement autonome du prolétariat vers le socialisme, qui prend son départ dans la lutte des ouvriers contre l’organisation capitaliste de la production, s’exprime dans la constitution d’organisations politiques et culmine dans les révolutions. Mais ce développement n’est ni le résultat mécanique et automatique des « conditions objectives » dans lesquelles vit le prolétariat, ni une évolution biologique, une maturation inéluctable se nourrissant elle-même. C’est un processus historique, et essentiellement un processus de lutte. Les ouvriers ne naissent pas socialistes, ni ne sont miraculeusement transformés en pénétrant dans l’usine. Ils deviennent, plus exactement ils se font socialistes au cours et en fonction de leur lutte contre le capitalisme.. Mais il faut voir exactement quelle est cette lutte, où se situe son terrain, quel est le vrai ennemi. Le prolétariat ne combat pas seulement le capitalisme comme une force qui lui est extérieure. S’il ne s’agissait que de la puissance matérielle des exploiteurs, leur Etat et leur armée, la société d’exploitation aurait été abolie depuis longtemps car elle ne dispose d’aucune force propre en dehors du travail des exploités. Elle ne survit que dans la mesure où elle réussite leur faire accepter la situation. Ses armes les plus redoutables ne sont pas celles qu’elle utilise intentionnellement, mais celles que lui fournit automatiquement la situation objective de la classe exploitée, la disposition des choses dans la société actuelle et l’organisation des rapports sociaux, qui tend à recréer perpétuellement ses propres bases. Le prolétariat ne subit pas seulement un endoctrinement systématique de la part de la bourgeoisie et de la bureaucratie. Il est, plus généralement, dépossédé à un degré important de la culture. Il est dépossédé de son propre passé, puisqu’il ne peut connaître de son histoire et de ses luttes passées que ce que les classes dominantes veulent bien lui laisser voir. Il est dépossédé de sa propre réalité de classe universelle, du fait du cloisonnement local, professionnel, national qu’implique la structure sociale actuelle – et de son présent, puisque toutes les informations sont sous le contrôle des classes dominantes. Malgré sa situation de classe exploitée, le prolétariat combat ces facteurs ou les compense. Il développe une méfiance systématique à l’égard de l’endoctrinement bourgeois et une critique de son contenu. Par mille moyens il tend à absorber la culture dont il est séparé, en même temps qu’il crée les premiers éléments d’une culture nouvelle. Il ignore, du point de vue livresque, son propre passé, mais il en retrouve devant lui les résultats sous forme de conditions de son action présente. Mais l’obstacle de loin le plus formidable dans la voie du développement du prolétariat, c’est la renaissance perpétuelle de la réalité du capitalisme au sein du prolétariat lui-même. Le prolétariat n’est pas étranger au capitalisme; il naît dans la société capitaliste d’exploitation. Peu importe, à cet égard, qu’elles soient devenues de simples rouages de l’Etat et de la société capitaliste, comme les organisations réformistes; ou que, comme les organisations staliniennes, elles visent à réaliser une transformation de cette société qui, donnant le pouvoir économique et politique à une couche bureaucratique, laisse intacte l’exploitation des travailleurs. L’essentiel est qu’elles sont devenues les adversaires les plus acharnés de l’objectif qui était le leur à leur départ: l’émancipation du prolétariat.
Il ne s’agit pas là, bien entendu, ni d’ « erreurs » ni de « trahisons » de la part des dirigeants. Des dirigeants qui se trompent ou trahissent sont tôt ou tard chassés des organisations qu’ils dirigent. Mais la dégénérescence des organisations ouvrières est allée de pair avec leur bureaucratisation, c’est-à-dire la constitution en leur sein d’une couche de dirigeants inamovibles et incontrôlables. Et la politique de ces organisations exprime désormais les intérêts et les aspirations de cette bureaucratie4. Comprendre la dégénérescence des organisations, c’est comprendre comment une bureaucratie a pu naître du mouvement ouvrier.
Brièvement parlant, la bureaucratisation a signifié que le rapport social fondamental du capitalisme moderne, le rapport entre dirigeants et exécutants, s’est reproduit au sein du mouvement ouvrier lui-même, et cela sous deux formes. D’un côté, à l’intérieur des organisations ouvrières, qui ont répondu à leur extension et à la multiplication de leurs tâches en adoptant un modèle bourgeois d’organisation, en instaurant une division du travail de plus en plus profonde qui a abouti à la cristallisation d’une nouvelle couche de dirigeants séparés de la masse des militants désormais réduits au rôle d’exécutants. D’une autre côté, entre les organisations et le prolétariat ; la fonction qu’ont graduellement assumée les organisations a été de diriger la classe ouvrière dans son intérêt bien compris – et la classe ouvrière a accepté la plupart du temps de s’en remettre aux organisations et d’exécuter leurs consignes.
On a abouti ainsi à la négation complète de ce qui est l’essence même d’un mouvement socialiste : l’idée d’autonomie du prolétariat.

Le rôle du prolétariat dans la dégénérescence des organisations

La dégénérescence signifie que l’organisation tend à se séparer de la classe ouvrière, qu’elle devient un organisme à part, sa direction en droit et en fait. Mais cela ne se produit pas à cause des défauts de la structure des organisations, de leurs conceptions erronées ou d’un maléfice lié à l’organisation comme telle. Ces traits négatifs expriment l’échec des organisations, qui à son tour n’est qu’un aspect de l’échec du prolétariat lui-même. Lorsqu’un rapport de dirigeant à exécutant se crée entre le parti ou le syndicat et le prolétariat, cela signifie que le prolétariat accepte qu’il s’instaure en son sein un rapport de type capitaliste.
La dégénérescence n’est donc pas un phénomène spécifique des organisations. Elle n’est qu’une des expressions de la survie du capitalisme dans le prolétariat; du capitalisme non pas comme corruption des chefs par l’argent, mais comme idéologie, comme type de structuration sociale et de rapports entre les hommes. Elle manifeste l’immaturité du prolétariat par rapport au socialisme. Elle correspond à une phase du mouvement ouvrier, et plus généralement encore, à une tendance constante du mouvement ouvrier. Ce qui, chez l’organisation, s’exprime comme tendance à s’intégrer dans le système d’exploitation à viser le pouvoir pour elle-même, s’exprime de façon symétrique chez le prolétariat comme tendance s’en remettre, explicitement ou passivement, à l’organisation pour la solution de ses problèmes. De même, la prétention du parti qu’en possédant la théorie il possède la vérité et doit tout diriger n’aurait aucune portée réelle si elle ne recoupait pas chez le prolétariat la conviction – chaque jour reproduite par la vie sous le capitalisme – que les questions générales sont l’apanage des spécialistes et que sa propre expérience de la production et de la société n’est pas « importante ». Les deux tendances traduisent le même échec, trouvent leur origine dans la même réalité et la même idée, sont impossibles et inconcevables l’une sans l’autre. On doit certes juger de façon différente le politicien qui veut imposer par tous les moyens son point de vue et l’ouvrier impuissant à répondre à son flot de paroles ou à déjouer ses astuces, encore plus le chef qui « trahit » et l’ouvrier qui « est trahi »; mais il ne faut pas oublier que la notion de trahison n’a pas de sens dans les rapports sociaux.
Personne ne peut trahir durablement des gens qui ne veulent pas être trahis et font ce qu’il faut pour ne pas l’être. Comprendre cela permet d’apprécier à sa juste valeur le fétichisme du prolétariat et l’obsession anti-organisationnelle qui se sont emparés récemment de certains. Lorsque les chefs syndicaux font prévaloir une politique réformiste, ils n’y réussissent que parce qu’il y a apathie, acceptation ou réaction insuffisante de la masse ouvrière. Lorsque le prolétariat français, depuis quatre ans, laisse massacrer et torturer les Algériens et ne s’agite, faiblement, que lorsqu’il s’agit de sa propre mobilisation ou de ses propres salaires, il est bien superficiel de dire que c’est là le méfait de Mollet et de Thorez, ou de la bureaucratisation des organisations.
Le rôle énorme des organisations à cet égard ne signifie pas que la classe ouvrière n’est pas dans le coup. Le prolétariat n’est ni une entité totale ment irresponsable, ni le sujet absolu de l’histoire; et ceux qui ne voient dans son évolution que le problème de la dégénérescence des organisations veulent paradoxalement en faire les deux à la fois. Le prolétariat, à les écouter, tire tout de lui-même – et n’a aucune part; dans la dégénérescence des organisations. Non; en première approximation, le prolétariat n’a que les organisations qu’il est capable d’avoir.
Sa situation oblige le prolétariat à entreprendre et toujours recommencer une lutte contre la société capitaliste. Au cours de cette lutte, il produit de nouveaux contenus et de nouvelles formes – des formes et des contenus socialistes; car combattre le capitalisme signifie mettre en avant des objectifs, des principes, des normes, des modes d’organisation qui s’opposent radicalement à la société établie. Mais aussi longtemps que celle-ci dure, le prolétariat reste en partie sous son emprise.
Cette emprise se manifeste de façon particulièrement visible sur les organisations ouvrières. Lorsqu’elle devient dominante, ces organisations dégénèrent ce qui va de pair avec leur bureaucratisation. Il y aura toujours – aussi longtemps que le capitalisme durera – des « conditions objectives » rendant cette dégénérescence possible; cela ne veut pas dire qu’elle soit fatale. Les hommes font leur propre histoire. Les conditions objectives permettent simplement un résultat qui est le produit de l’action et de l’attitude des hommes. En l’occurrence, cette action est allée dans un sens bien défini : d’un côté, les militants révolutionnaires sont restés en partie ou sont redevenus prisonniers des rapports sociaux et de l’idéologie capitalistes. D’un autre côté, le prolétariat est également resté sous cette emprise et a accepté d’être l’exécutant de ses organisations.

Notes:
1 L’analyse de cette question a occupé une place centrale du travail du Socialisme ou Barbarie; on ne peut ici qu’en résumer les conclusions. Voir S. B., R. P. R., C. S. I. etc.
2 On a essayé pendant longtemps, de réduire les facteurs qui ont provoqué la dégénérescence de la révolution russe l’isolement international de la révolution et au caractère arriéré de la Russie. Cette « explication » n’explique rien : l’isolement international et l’arriération du pays auraient pu tout a bien conduire à la défaite pure et simple de la révolution et la restauration du capitalisme, ils ne montrent nullement pourquoi la révolution a pu à la fois vaincre et dégénérer. Met l’accent sur ces facteurs, c’est à la fois escamoter ce qui fait spécificité historique de l’évolution russe et passer sous silence ses enseignements les plus féconds pour la pratique révolutionnaire. Isolément et arriération ont favorisé cette évolution, concrétisé sa figure, mais n’en ont pas déterminé la signification II est impossible de faire de la bureaucratisation un accident et tout autant impossible de prétendre qu’une révolution étendu à l’Allemagne, par exemple, ne « pouvait » pas dégénérer L’évolution ultérieure a amplement montré que le problème de la bureaucratie se posait pour l’ensemble du prolétariat international et qu’il ne pouvait être résolu qu’en fonction d’expérience de la bureaucratie comme réalité.
3 Voir le n° 20 de S. ou B., presque exclusivement consacré révolution hongroise, et les textes de révolutionnaires hongrois publiés dans les nos 21 et 23.
4 Elle possède évidemment aussi d’autres aspects, car d’un côté elle exprime aussi les intérêts de la conservation du système d’exploitation en général, et d’un autre côté elle doit permettre aux organisations bureaucratiques de maintenir leur emprise sur le prolétariat, sans laquelle elles ne seraient rien. Mais ces aspects sont secondaires par rapport au problème discuté dans le texte.
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar AnarSonore » Samedi 27 Juin 2009 23:34

L’épreuve de la mort à la lumière de Castoriadis En langue arabe :
:arrow: http://www.magmaweb.fr/spip/IMG/pdf_L_E ... riadis.pdf

Les Intellectuels et l’Histoire En langue arabe :
:arrow: http://www.magmaweb.fr/spip/IMG/pdf_les ... toire1.pdf
:arrow: http://www.magmaweb.fr/spip/IMG/pdf_les ... toire2.pdf

Et aussi

La source hongroise, Cornelius Castoriadis (1976)
Suivi de A propos des conseils ouvriers en Hongrie, Hannah Arendt (1958)
(Suivi d’une notice bibliographique) Brochure n°15 Avril 2009
:arrow: http://www.magmaweb.fr/spip/IMG/pdf_L_E ... riadis.pdf
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar AnarSonore » Dimanche 02 Aoû 2009 11:28

CASTORIADIS ET L'ANARCHISME

Castoriadis parle très peu des anarchistes, qu'il a d'abord jugés en des termes assez rudes, par exemple dans "Socialisme ou Barbarie", texte inaugural publié dans le premier numéro de la revue homonyme (S ou B) : "Les Fédérations Anarchistes continuent à réunir des ouvriers d'un sain instinct de classe, mais parmi les plus arriérés politiquement et dont elles cultivent à plaisir la confusion. Le refus constant des anarchistes à dépasser leur soi-disant 'apolitisme' et leur athéorisme contribue à répandre un peu plus de confusion dans les milieux qu'ils touchent et en fait une voie de garage supplémentaire pour les ouvriers qui s'y perdent".

Supplémentaire, bien sûr, puisque les groupuscules qui se réclamaient du marxisme, trotskistes, conseillistes et bordiguistes, sont également décrits comme des voies de garage : "Malgré leurs prétentions délirantes, aussi bien la 'IVe Internationale' que les anarchistes et les 'ultra-gauches' ne sont en vérité que des souvenirs historiques, des croûtes minuscules sur les plaies de la classe, vouées au dépérissement sous la poussée de la peau neuve qui se prépare dans la profondeur des tissus" [La société bureaucratique, p. 112]

Première approche

En termes plus galants, mais aussi plus pédants, Castoriadis décrivait à la même époque "la singularité de la conscience anarchiste" dans sa Phénoménologie de la conscience prolétarienne, texte où il reconstruisait, en style hégélien, les moments successifs par lesquels devait passer la conscience de classe - car, en bonne logique, s'il est acquis que le réel est rationnel, elle devait avoir traversé tous ces moments, étant donné qu'elle était bien passée par là : "Si la conscience réformiste signifie la réduction de la fin historique en une série de buts particuliers (...), la conscience anarchiste semble maintenir la totalité du but en réduisant la totalité du mouvement à l'individu, au singulier, dans lequel semble se réfugier la vitalité de la classe vaincue (...) mais ce maintien, qui n'est qu'une simple répétition, contient une double mystification : en premier lieu, en tant qu'il substitue l'individu à la classe et qu'il pose même le but comme individuellement réalisable déjà au sein de l'aliénation capitaliste ; en deuxième lieu, même lorsqu'elle se débarrasse de son individualisme ('anarchisme communiste'), en tant qu'elle présente le but comme un but immédiat dans sa totalité en négligeant la médiation, c'est-à-dire en définitive en voulant sauter par-dessus le pour-soi non encore atteint - ce saut n'équivalant en fait qu'à un retour en arrière, vers la révolte immédiate" [La société bureaucratique, pp. 99-100].

Comme Hegel avant lui, Castoriadis partait de l'histoire réelle, à laquelle il donnait l'apparence illusoire d'une nécessité en train de s'accomplir. Ainsi procédait-il à une mise en scène de "figures qui apparaissent chaque fois comme incarnant la visée immanente à l'activité considérée et sa vérité, mais dévoilant dans ce qui est réalisé un moment particulier et limité de cette vérité, donc sa négation, qui doit être nié et dépassé à son tour jusqu'à une réalisation finale, un universel concret, qui contient comme dépassés tous les moments antérieurs et en tant que vérité sue comme telle, en présente le sens" [L'expérience du mouvement ouvrier, tome 1, p. 103]. La conscience prolétarienne surgit d'abord comme une révolte immédiate, dont l'échec fait place aux tentations réformistes, qui suscitent en retour les formes contrastées que prendra l'anarchisme : la révolte individuelle, celle qu'on associe au nom de Ravachol, et le syndicalisme d'action directe, qui refuse de se lier à la politique parlementaire où s'enlise l'action des partis socialistes. Il refuse, finalement, la politique en tant que telle, et toute stratégie d'accession au pouvoir. Pour autant qu'on déchiffre le langage codé d'un texte qui pastiche le jargon hégélien, cela mène au refus de toute médiation politique - dont le meilleur exemple est peut-être fourni par la conduite de la CNT espagnole, quand la lutte victorieuse de juillet 36 la met au pied du mur, en faisant d'elle l'arbitre d'une situation où le pouvoir légal n'est plus qu'un vain fantôme, pendant ces mois d'été - "le bref été de l'anarchie" - où le pouvoir réel revient, dans une zone, aux rebelles fascistes, et doit, dans l'autre zone, prendre appui sur la force des milices antifascistes. Situation instable, où le refus doctrinaire d'exercer un pouvoir remet bientôt en selle les pouvoirs constitués, la Generalitat de Catalunya et le gouvernement que Largo Caballero constitue après des tractations laborieuses, et auquel prendront part les "camarades ministres" que raille Guy Debord dans "Les journées de mai" (chanson reprise dans l'édition de ses Oeuvres, Gallimard, 2007, collection Quarto).

Si la succession des expériences réelles correspondait vraiment aux moments dialectiques d'une Raison qui s'accomplirait dans l'histoire, l'Espagne devrait être le tombeau du mouvement anarchiste, comme la Russie doit être le tombeau du marxisme. Nous ne l'affirmons pas, puisqu'aucun avenir n'est écrit dans aucun scénario prophétique, et même pas dans ce texte qui, d'après son auteur, "semble rendre intelligibles les différents aspects du mouvement ouvrier et leur succession. Ainsi, par exemple, 'l'étape', ou mieux le 'moment' réformiste (...) comme celui du 'parti révolutionnaire' se transformant aussitôt en parti bureaucratique totalitaire, peuvent être conçus comme des figures où le prolétariat croit pouvoir incarner sa libération, mais qui, une fois réalisées et du fait même de cette réalisation, se dévoilent comme la négation de cette libération, et pour autant que la lutte prolétarienne continue, vouées à être dépassées et détruites [L'expérience du mouvement ouvrier, tome 1, pp. 103-104] ". Castoriadis ajoute qu'il s'agit d'une "fausse intelligibilité" : "outre qu'elle se fixe presque exclusivement sur l'activité politique, elle ne peut poser l'unité de celle-ci qu'en fonction de l'idée d'une fin, d'un telos qui lui serait immanent et que la pensée théorique a déjà dû définir, fût-ce de manière abstraite [Ibid., p. 104]". Il s'agit là d'une illusion spéculative, dont l'origine n'est pas toujours dans Hegel, car il est peu probable que sa Logique l'ait inoculée à Marx, dont la méthode n'était guère "dialectique", ainsi que l'a montré Kostas Papaioannou [De Marx et du marxisme, Gallimard 1983, pp. 147- 184 : "Le mythe de la dialectique"] : le jeune Castoriadis était probablement beaucoup plus hégélien que ne l'a été Marx. Cela n'implique pas que les post-hégéliens n'aient plus rien à nous dire, bien que ce qu'ils nous disent soit rendu inaudible et reste inaperçu : c'est ainsi, par exemple, que "ce que Marx a à dire de vrai, de profond, d'important et de nouveau sur la société et l'histoire, il le dit malgré cet ailleurs qui commande toute sa pensée : que l'histoire doit (muss, soll et wird) aboutir à la société sans classes [L'institution imaginaire de la société, IIS, p. 252, note]".


Postulats individualistes

Que reste-t-il, alors, des critiques énoncées par le jeune Castoriadis ? S'attaque-t-il toujours à l'individualisme qui marquait, selon lui, "la singularité de la conscience anarchiste" ? Remarquons, tout d'abord, qu'il lui arrive de citer une phrase de Bakounine, que peuvent accepter, sans être anarchistes, tous ceux qui comprennent que la démocratie ne consiste pas dans le choix des dirigeants, mais qu'elle doit "intégrer les individus dans des structures qu'ils comprennent et qu'ils puissent contrôler" [ Le contenu du socialisme, p. 116] - phrase qui correspond, dans son propre langage, au rapport indissociable qui unit, dans un même projet, l'individu autonome et la société autonome. Comme tant d'autres mots, l'individualisme peut donner lieu à des usages disparates, et prend ainsi des sens nullement identiques : s'il s'agit de celui dont parle Tocqueville, il vaudra mieux parler de "privatisation", c'est-à-dire du repli dans la sphère privée, dont Castoriadis a fait maintes analyses, et où il ne s'agit nullement de l'anarchisme, dont l'individualisme correspond, au contraire, à un engagement dans les luttes sociales, et au refus de suivre les moutons de Panurge.

Ce que Castoriadis vise le plus souvent comme individualisme, c'est le postulat théorique qui réduit la société à n'être qu'une collection d'individus, ou bien le résultat d'une association établie par contrat, entre des partenaires qui auraient d'abord vécu à l'état de nature, sans faire déjà partie d'aucune société. Postulat qui n'est pas propre aux anarchistes, puisqu'il apparaît dans la pensée libérale, chez Locke et Spinoza, et même déjà chez Hobbes, et qu'il reste présent, de manière implicite, dans des théories qui prétendent le nier. C'est, d'après Louis Dumont, un postulat caché de la pensée moderne, qui se retrouve aussi bien dans le marxisme, et dans le nationalisme français ou allemand (cf. Homo Aequalis 1 et 2, L'idéologie allemande) : ne nous y attardons pas, limitons-nous à ce qu'écrit Castoriadis. Bien que, remarque-t-il, tous les "penseurs sérieux" affirment "que l'homme n'existe pas comme homme hors la cité", ceux-ci restent muets sur ce qui rend le fait social irréductible, et cet irréductible est aussitôt réduit : "la société réapparaît régulièrement comme déterminée à partir de l'individu comme cause efficiente ou cause finale, le social comme constructible ou composable à partir de l'individuel. Tel est déjà le cas chez Aristote (...) Mais telle est aussi la situation chez Marx : la 'base réelle' de la société qui en 'conditionne' tout le reste, est 'l'ensemble des rapports de production' qui sont 'déterminés, nécessaires, indépendants de la volonté' des hommes. Mais que sont ces rapports de production ? Ce sont 'des relations entre personnes médiatisées par des choses'. Et par quoi sont-ils déterminés ? Par l'état des forces productives, c'est-à-dire par un autre aspect de la relation des personnes aux choses [IIS, pp. 265-266]". Pour aller dans le même sens, nous pourrions ajouter que le Manifeste communiste anticipait la naissance d'une communauté où "le libre développement de chacun" serait la condition du "libre développement de tous" - première apparition de ce que Castoriadis appellera plus tard "la mauvaise utopie marxo-anarchiste ["La relativité du relativisme", débat avec le MAUSS, Revue du MAUSS semestrielle (RMS), n° 13, 1999]" - où l'individualisme n'est qu'un signe extérieur d'une incapacité à penser le social, qui n'est évidemment pas propre aux anarchistes, mais qu'ils partagent avec libéraux et marxistes.


La révolution russe

Utopie marxo-anarchiste : la formule surprend, parce qu'on a oublié l'ouvrage que Lénine écrivait pendant l'été 1917, et où il préconisait la destruction immédiate des institutions bourgeoises, première étape vers le dépérissement de l'Etat, qu'Engels annonçait dans un livre alors célèbre, L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat. Mais l'action que Lénine allait bientôt mener, et qui allait fonder l'Etat totalitaire, devait faire oublier son essai théorique, L'Etat et la révolution, qui est bien une utopie, au pire sens du terme - et cela justifie le titre que Michel Heller et Alexandre Nékritch ont donné à leur histoire de l'URSS : L'utopie au pouvoir [Paris, Calmann-Lévy, 1982]. Si on s'en tenait à leurs discours, les bolcheviks seraient proches des anarchistes, alors qu'ils ont créé, dès 1918, le pouvoir absolu d'un parti totalitaire, et prétendaient agir au nom des ouvriers, tout en déniant la qualité d'ouvriers à tous ceux qui osaient aller à leur encontre : c'est ainsi, rappelle Castoriadis, que "Lénine et Trotsky fusilleront les révoltés de Kronstadt en disant que ce ne sont pas des 'vrais' ouvriers : ils ne pouvaient pas l'être, puisqu'ils s'opposaient au Parti [Domaines de l'homme, pp. 22-23]".

Deleuze et Guattari, dans leur Anti-Oedipe, écrivent drôlement que "la psychanalyse, c'est comme la révolution russe, on ne sait pas quand ça commence à mal tourner". Laissons dormir en paix Freud et ses acolytes, pour nous en tenir à la révolution russe : cet "on ne sait pas quand" présuppose, en tout cas, qu'on sait parfaitement que "ça a mal tourné", et que les communistes eux-mêmes le savaient. De même que tous les hommes savent qu'ils sont mortels, mais qu'ils ne le croient pas, puisque, dans leur conduite, ils n'en tiennent pas compte, les bolcheviks eux-mêmes se sont vite aperçus que leur révolution aurait son Thermidor, mais n'ont rien fait pour éviter la catastrophe. Quand Trotsky, par la suite, dit que "le Thermidor soviétique a traîné en longueur", il se moque du monde, car il fait mine de n'être qu'un spectateur passif d'un drame où il jouait l'un des tout premiers rôles.

Mais le Thermidor russe ne se limite pas aux purges successives qui ont fait disparaître les vieux bolcheviks, il commence avec la répression que ceux-ci avaient exercé sur les masses populaires, en étouffant leur activité autonome : "pour eux, les masses sont passives, ou actives seulement pour les soutenir, et c'est ce qu'ils affirmeront en toute occasion ; la plupart du temps, ils n'auront même pas des yeux pour voir et des oreilles pour entendre les gestes et les paroles qui traduisent cette activité autonome. Dans le meilleur des cas, ils la porteront aux nues aussi longtemps qu'elle coïncide miraculeusement avec leur propre ligne, pour la condamner radicalement et lui imputer les mobiles les plus infâmes dès qu'elle s'en écarte [L'expérience du mouvement ouvrier, tome 2, pp. 388-389]". Si Thermidor met fin à la révolution, et ne se réduit pas à un combat des chefs, Thermidor n'a pas lieu à la mort de Lénine, grâce à laquelle Trotsky est chassé du pouvoir, ni en 1927, quand le même Trotsky est exclu du parti, ni en 1936, quand Staline entreprend la liquidation de toute la vieille garde. Dès 1918, "ça commence à mal tourner", et c'est l'oeuvre commune de Lénine et Trotsky, qui ont déjà installé la Terreur totalitaire, et qui vont liquider, en 1921, les dernières résistances dans lesquelles s'exprime l'autonomie des masses : "Les ouvriers voulaient quelque chose, et ils l'ont montré, dans le parti par l'Opposition ouvrière, hors du parti par les grèves de Petrograd et la révolte de Kronstadt. Il a fallu que l'une et l'autre soient écrasées par Lénine et Trotsky, pour que Staline puisse par la suite triompher [Ibid., p. 390]".

Bien que les anarchistes aient fait un bon accueil à cette analyse, elle ne se confond pas avec celle qu'ils ont eux-mêmes soutenue, pour laquelle "il n'y a jamais eu en Russie autre chose que le coup d'Etat d'un parti qui, s'étant assuré d'une façon ou d'une autre le soutien du prolétariat, ne tendait qu'à imposer sa propre dictature et y a réussi [Ibid., p. 397-398]". Thèse que Castoriadis récuse parce que, selon lui, les masses ouvrières n'ont pas joué le rôle passif d'une infanterie au service d'un parti d'avant-garde, mais qu'elles ont agi de leur propre initiative : "Petrograd en 1917, et même après, n'est ni Prague en 1948 ni Canton en 1949. Le rôle indépendant du prolétariat apparaît clairement - même, pour commencer, par la nature du processus qui fait que les ouvriers remplissent les rangs du parti bolchevique et lui accordent, majoritairement, un soutien que rien ni personne ne pouvait leur extorquer ou leur imposer à l'époque (...). Mais surtout, par les actions autonomes qu'ils entreprennent - déjà en février, déjà en juillet 1917, et plus encore après Octobre, en expropriant les capitalistes sans ou contre la volonté du Parti, en organisant eux-mêmes la production ; enfin, par les organes autonomes qu'ils constituent, Soviets et particulièrement comités de fabrique [Ibid., p. 398]".

Quant au parti lui-même, grossi à cette époque par l'adhésion massive d'éléments ouvriers, il n'était plus alors cette organisation clandestine de révolutionnaires professionnels, totalement étrangère aux traditions marxistes, où revivait plutôt l'esprit conspiratif du Catéchisme de Netchaiev. Les jeux n'étaient pas faits, même si très bientôt le parti bolchevik va se réduire à un appareil de pouvoir, où s'accomplit le pronostic que le jeune Trotsky, dès 1904, avait formulé dans Nos tâches politiques : « ce n'est pas la classe ouvrière qui, par son action autonome, a pris dans ses mains le destin de la société, mais une 'organisation forte et puissante' qui, régnant sur le prolétariat et à travers lui sur la société, assure le passage au socialisme » [Nos tâches politiques, Paris, Belfond, 1970, p. 198]. Inutile d'insister sur le fait que Trotsky devient avec Lénine le principal acteur de ce retournement, et qu'il ne pourra plus, dans les luttes à venir, prendre une position cohérente et lucide.

Mais il s'agit bien d'une mue totalitaire : la figure que prend le parti bolchevik n'était pas programmée dans la pensée de Marx, qui n'avait jamais été un chef de parti, et n'a pu se prêter, quoique à titre posthume, aux méthodes léninistes que dans la mesure où Lénine lui a prêté une science infaillible, sur laquelle le "Parti" allait fonder son droit à diriger la "Classe"...

Castoriadis rappelle "qu'il n'y a pas que le léninisme-stalinisme qui est 'sorti' de Marx, il y a aussi, et auparavant, la social-démocratie, dont on peut dire tout ce qu'on veut, mais non pas que c'est un courant totalitaire. Pour que naisse le totalitarisme, il a fallu une foule d'autres ingrédients historiques [Domaines de l'homme, p. 93]". Il n'est donc pas question de réduire cette histoire à l'opposition d'entités intemporelles, le "socialisme autoritaire", identique à lui-même de Marx à Staline et de Staline à Pol Pot, et le "socialisme libertaire", identique à lui-même de Proudhon à Bakounine, et de Fanelli à Durruti. Peut-être faudrait-il se demander d'ailleurs si les structures bureaucratiques n'ont pu se constituer que dans le cadre de partis "autoritaires", alors que les organisations "libertaires" seraient, seules entre toutes, capables de soumettre leurs chefs à un contrôle exercé par la base : qu'on ne nous dise pas qu'elles n'ont pas de chefs, ou qu'on nous dise alors ce qu'étaient, par exemple, Federica Montseny et Garcia Oliver, et quel mandat leur base leur avait-elle donné, lors des moments cruciaux où il leur a bien fallu prendre des décisions...


La question du pouvoir

Mais revenons au texte où il est question d'utopie marxo-anarchiste. Il s'agit d'un débat entre Castoriadis et des membres du MAUSS, qui s'est tenu en décembre 1994, et dont l'essentiel a été publié par la Revue du MAUSS semestrielle (RMS, numéros 13 et 14, les deux livraisons de 1999].

Dans le passage qui nous intéresse, Castoriadis explique le sens qu'il donne à la distinction établie entre "le politique" et "la politique". Alors que la plupart des philosophes qui font valoir cette distinction voient dans "la politique" une pratique empirique et quotidienne, à laquelle ils opposent l'essence du politique comme une sorte d'idée platonicienne, et qui ferait l'objet d'une pensée proprement métapolitique, Castoriadis déclare qu'il trouve ça "stupide" et poursuit en ces termes :

"Le politique est ce qui concerne le pouvoir dans une société. Du pouvoir dans une société, il y en a toujours eu et il y en aura toujours - pouvoir au sens de décisions collectives qui prennent un caractère obligatoire et dont le non-respect est sanctionné d'une façon ou d'une autre, ne serait-ce que « Tu ne tueras pas ! » (...) Il y aura donc des décisions collectives. Ces décisions s'imposeront à tout le monde. Ce qui ne veut pas dire qu'il devra y avoir un État, mais qu'il devra y avoir un pouvoir. Mais ce pouvoir a toujours existé - aussi bien dans la tribu primitive, dans la tribu de Clastres, sur les plateaux de Haute-Birmanie, en Chine - Confucius s'en occupe -, etc. C'est quoi ? C'est la discussion des meilleurs moyens de gérer un pouvoir existant. Ce sont des conseils adressés aux gouvernants - dire que le bon empereur est celui dont on parle le moins possible, comme on dit dans le Tao Te King. Mais ça, ca ne nous intéresse pas. Ça, c'est le politique.

En revanche, l'apport du monde grec et du monde occidental, c'est la politique. La politique comme activité collective qui se veut lucide et consciente, et qui met en question les institutions existantes de la société. Peut-être les met-elle en question pour les reconfirmer, mais elle les met en question" [Castoriadis, en fait, recyclait un vieux thème, qu'il traitait autrefois dans un autre langage : "ce qu'on a appelé jusqu'ici politique" s'opposait dans les même termes à "ce que nous appelons politique révolutionnaire", dans IIS, p. 115 : vieux thème, avons-nous dit, mais qui est toujours nouveau].

La politique est donc l'activité lucide où la société s'institue consciemment, bien qu'elle ne crée pas, de façon définitive, les bonnes institutions que nous proposerait un penseur utopique, pas plus qu'elle n'accomplit cette autre utopie, que Rabelais décrit sous le nom de Thélème, où ne subsisterait aucune institution, et où les hommes s'accorderaient spontanément, sans autre règle que celle de leur raison, et où chacun pourrait faire ce qu'il voudrait, du moment que tous ont la même volonté. Cette utopie n'est pas un projet politique, et n'a donc rien à voir avec l'autonomie, qui vise le rapport qu'une société entretient avec ses propres institutions, qu'elle est capable de juger bonnes ou mauvaises, justes ou injustes, et qu'elle se sait capable de changer librement, puisque c'est elle-même qui les a instituées. Ce dernier point, sans doute, pourrait être affirmé de toute société - à ceci près que la plupart des sociétés ont cru, dans un passé lointain qui reste encore présent, avoir reçu leurs lois des dieux, ou des ancêtres, ce qui les définit comme traditionnelles, et que les sociétés modernes peuvent encore croire qu'elles obéissent à des lois naturelles, en y incluant les lois économiques, et la régulation spontanée du marché. Et bien qu'il reste vrai qu'elles instituent leurs lois, elles restent hétéronomes dans la mesure où elles occultent elles-mêmes le pouvoir créateur qu'elles mettent en oeuvre. De telles sociétés ignorent la politique, au sens que Castoriadis emprunte à Finley, qui intitulait "L'invention de la politique" un livre consacré aux institutions grecques. Mais toute société connaît "le politique", si ce terme désigne l'objet dont traite le Prince de Machiavel, c'est-à-dire le pouvoir, et les moyens par lesquels on peut l'acquérir, l'exercer et le perdre.

Ce qui implique bien, comme le dit Castoriadis, qu'il y a du pouvoir dans toute société, qu'il y en a toujours eu, qu'il y en aura toujours, et qu'il ne s'agit pas d'une malédiction, du fameux "maléfice de l'existence à plusieurs" par lequel Merleau-Ponty cherchait à rendre compte de la tragédie bolchevique. L'existence à plusieurs n'est pas un accident de l'existence humaine, ce n'est pas une option possible parmi d'autres, il s'agit d'une condition incontournable, au même titre que l'incarnation corporelle, où certains philosophes voient une déchéance, mais ce n'était pas le cas de Merleau-Ponty. Mais comme nous ignorons le secret de Thélème, il faut bien tenir compte, dans toute société, du fait que tout le monde n'est pas du même avis, et qu'il faut bien trancher entre avis différents. La manière de trancher peut être très variable, elle peut certes entraîner la mise à mort des dissidents, ou leur bannissement, à moins qu'ils ne choisissent de s'en aller eux-mêmes, de se retirer sous leur tente, à l'exemple d'Achille, ou plus sérieusement sur le mont Aventin, comme les plébéiens de la Rome archaïque. Castoriadis va même jusqu'à imaginer que "si on a une société universelle et qu'elle est assez riche, elle peut dédier un certain nombre d'îles inhabitées du Pacifique aux gens qui veulent vivre comme des chasseurs de têtes ou qui veulent vivre comme dans Les Cent Vingt Journées de Sodome, ou tout ce que vous voudrez. On dira : cette minorité, on ne va pas l'opprimer, on est assez riche, on l'expédie là-bas. S'ils sont d'accord (...) Il y a des gens qui veulent vivre comme ça. Alors s'il y en a, ils iront vivre là-bas ; s'il n'y en a pas... les bourreaux se victimiseront entre eux. Mais, donc, il faut décider de ce qui est décidable par la collectivité et de ce qui n'est pas décidable. Et une fois que vous avez dit : il y a ne serait-ce que quatre questions qui sont décidables par la collectivité, il vous faut une façon de trancher".

Et celle-ci peut prendre la forme démocratique, celle d'une décision adoptée par le groupe à la majorité de ceux qui en font partie, et qui peuvent se tromper, "parce qu'il n'y a pas d'épistèmè politique", "il n'y a que des doxai" - et c'est bien la seule justification du principe majoritaire, parce que s'il y avait une science politique, il faudrait s'en remettre aux experts compétents, ceux qui prendraient, pour nous, les bonnes décisions. Pour nous, ce qui veut dire "dans notre intérêt", mais aussi "à notre place", et qui nous installe dans Le meilleur des mondes.

Démocratique ou non, il y donc un pouvoir, mais ce pouvoir n'est pas forcément un Etat. Castoriadis admet ce que dit Pierre Clastres, pour qui la société primitive, et plus précisément la chefferie indienne, s'institue en "société contre l'Etat" - ce qui ne veut pas dire société sans Etat, comme on peut dire société sans écriture, société sans histoire, et signifier par là qu'elle n'aurait pas encore découvert l'écriture, l'histoire ou l'Etat. La chefferie indienne constitue au contraire une forme sociale qui s'organise contre l'émergence éventuelle d'un pouvoir séparé, ce qui veut dire aussi qu'elle dresse ses membres de façon à ce qu'ils perpétuent cette règle. Clastres a montré plus tard, dans un essai publié dans la revue Libre, et qui a été repris dans un recueil posthume ["Archéologie de la violence", dans Recherches d'anthropologie politique, Paris, Seuil, 1980], que cela va de pair avec l'état de guerre qu'entretient constamment cette société. C'est seulement parce qu'elle est "société pour la guerre" qu'elle peut s'instituer aussi "contre l'Etat". Et Castoriadis cite "un texte mémorable de Pierre Clastres, sur les rites initiatiques dans les sociétés primitives, où on voit par quelle violence extrême est payée l'entrée dans cette société égalitaire (...) Cela se passait dans la jungle avec des nids de fourmis sur la peau, etc. Moi, je veux bien que ce soit plus humain... mais ce n'est pas directement notre problème. Notre problème, c'est : est-ce qu'on peut avoir une société qui soit vraiment libre ?"

Question inévitable, dès lors qu'il est patent que cette "société contre l'Etat" n'est nullement une société autonome, car elle est sous l'emprise d'une tradition religieuse, qui perpétue la volonté qu'elle attribue aux Ancêtres, tradition religieuse qui reste omniprésente, dans une société où n'est pas apparue la séparation du sacré et du profane, condition préalable à l'émergence d'une pensée autonome. Certes, il est important que cette société, par sa seule existence, montre que l'Etat n'est pas la forme universelle dans laquelle s'institue toute société. Mais cela laisse ouverte la question de savoir comment peut s'instituer une société qui refuse l'Etat, sans retourner à l'indistinction primitive. Nous nous arrêtons au seuil de cette question, que Castoriadis traite dans ses écrits sur la Grèce.
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar NOSOTROS » Mardi 04 Aoû 2009 0:36

Castoriadis :

Корнеліус Касториадис. Кілька думок з приводу расизму. Ч.2

Quelques réflexions sur la nature du racisme (en ukrainien)

Partie 1 : http://crossingborder.livejournal.com/9554.html

Partie 2 : http://crossingborder.livejournal.com/9838.html
Capitalismo delenda est
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar apar » Dimanche 30 Aoû 2009 16:03

"éliminier marché et monnaie est une utopie incohérente". dans ce que j'ai pu écouter, c'est trés interessant (un de plus) son analyse, mais j'y entends quelque chose comme du postmodernisme, l'autonomie au sein du capitalisme, au sein des entreprises... la loi de l'offre et de la demande comme relation socio-économique unique... ça me fait penser à une recopie d'une économie mutualiste (à la proudhon) ou collectiviste (à la bakounine). son anticommunisme lui fait louper toute une partie de possibilité communiste (dans le sens socio-économique) de l'humanité. dommage...
"tout ce qui provoque la haine contre l'oppression et suscite l'amour entre les hommes, nous approche de notre but" Malatesta.
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar lucien » Lundi 07 Sep 2009 21:44

apar a écrit:"éliminier marché et monnaie est une utopie incohérente". dans ce que j'ai pu écouter, c'est trés interessant (un de plus) son analyse, mais j'y entends quelque chose comme du postmodernisme, l'autonomie au sein du capitalisme, au sein des entreprises... la loi de l'offre et de la demande comme relation socio-économique unique...
Oui, j'ai eu un peu cette sensation à la lecture de la Déclaration trouvée sur le site de Bathyscaphe (tu avais d'ailleurs commenté le texte La démocratie contre les élections).
Le monde ne se compose pas d'anges révolutionnaires, de travailleurs généreux d'une part, de diables réactionnaires et de capitalistes cupides de l'autre.
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar AnarSonore » Mercredi 09 Sep 2009 7:34

Extrait de l'annonce électronique des mises à jour du site Cornelius Castoriadis/Agora International.
http://www.agorainternational.org/

FRENCH BIBLIOGRAPHY, BY CASTORIADIS (Écrits de Cornelius Castoriadis en français):

FR1964F* Paul Cardan. "Marxisme et théorie révolutionnaire". S. ou B., 38 (octobre-décembre 1964): 44-86.
IIS : 84-130, avec la note a, ibid.: 101.
"Pourquoi je suis révolutionnaire" http://www.les-renseignements-genereux. ... php?id=598 (= IIS, pp. 125-30)
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article13 .
NOUVEAUX HYPERLIENS:
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article56
http://www.magmaweb.fr/spip/IMG/pdf_Rac ... dis_-2.pdf

FR1979C* "Transformation sociale et création culturelle" (décembre 1978). Sociologie et sociétés, 11:1 (avril 1979): 33-48.
CS: 413-39.
http://1libertaire.free.fr/castoculturel.pdf
NOUVEAU HYPERLIEN:
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article62
FC: 11-39.

FR1993F "Entretien avec Cornelius Castoriadis" (propos recueillis par Jacques Ardoino, René Barbier et Florence Giust-Desprairies, 7 février 1991).Pratiques de formation-analyses, 25-26 (avril 1993): 43-63.
FP: 197-220 sous le titre "Psyché et éducation ".
http://www.barbier-rd.nom.fr/EntretienCastoriadis.html .
http://1libertaire.free.fr/castoriadis11.html .
http://www.raforum.info/spip.php?article2908&lang=fr .
NOUVEAU HYPERLIEN:
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article60

FR1994B* "Un monde à venir" ("Entretien avec Olivier Morel le 18 juin 1993, diffusé par Radio Plurielle"). La République internationale des lettres, 1:4 (juin 1994): 4-5.
"La montée de l'insignifiance". MI: 82-102, avec la note a.
"Un monde à venir". Penser, au présent. Sous la responsabilité de Jacques Poulain. Paris et Montréal: L'Harmattan, 1998: 155-80.
http://republique-des-lettres.com/c1/castoriadis.shtml .
http://www.costis.org/x/castoriadis/mondeavenir.htm .
http://1libertaire.free.fr/castoriadis06.html .
NOUVEAUX HYPERLIENS:
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article9 (enregistrement sonore en deux parties).
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article58

FR1998A Post-Scriptum sur l'insignifiance. Entretiens avec Daniel Mermet (novembre 1996). La Tour d'Aigues: Éditions de l'Aube, 1998. 37pp. Daniel Mermet. "Corneille, dissident essentiel 7 février 1998". Ibid.: 7-9.
http://www.costis.org/x/castoriadis/montee.htm .
http://1libertaire.free.fr/Castoriadis12.html .
http://media.la-bas.org/mp3/060119/060119.mp3 (version mp3 de 16m48s à 53m03s; introduction de Mermet de 12m03s à 16m47s).
http://www.journaldumauss.net/spip.php?article135 (court extrait en mp3 de 6,30 mn)
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article5
http://www.magmaweb.fr/spip/IMG/pdf_Ent ... iadis_.pdf
NOUVEAU HYPERLIEN:
http://pierredeloor.blogspot.com/2009/0 ... iance.html (extraits).
_______________________________________________________________

FRENCH BIBLIOGRAPHY, ABOUT CASTORIADIS (Écrits sur Cornelius Castoriadis en français):

FR1998cc Daniel Blanchard. "L'idée de révolution et Castoriadis". Réfractions, 2 (été 1998): 151-56#.
NOUVEAU HYPERLIEN:
http://www.refractions.plusloin.org/spip.php?article266

FR2006i Thomas Feixa: "Haro sur la Révolution! ou les errements révisionnistes de la pensée libérales". Réfractions, 17 (hiver 2006): 93-108 ; voir: 96, 99, 101, 102n29, 104 (CC et S. ou B.), 107, 108n47.
http://refractions.plusloin.org/IMG/pdf/1707feixa.pdf

FR2006j Annick Stevens. "Comment reprendre en mains le pouvoir politique". Réfractions, 17 (hiver 2006): 109- 20; voir: 110.
http://www.refractions.plusloin.org/IMG ... tevens.pdf

FR2007o Monique Boireau-Rouillé. Critique de Socialisme ou Barbarie. Anthologie. Réfractions, 19 (hiver 2007-2008): 113-14.
http://refractions.plusloin.org/IMG/pdf/1910.pdf

FR2007ff Driss El Fahli. "On n'a que le gouvernement que l'on mérite. Castoriadis dixit." Maroc Hebdo International, 763 (19 au 25 octobre 2007): 66.
http://www.maroc-hebdo.press.ma/MHinter ... Page66.pdf

FR2008y# Irène Pereira. "Table ronde autour du postmodernisme et du postanarchisme" (automne-hiver 2007-2008). Réfractions, 20 (mai 2008): 99-108; voir: 100.
http://www.refractions.plusloin.org/IMG/pdf/2009.pdf

FR2009h# "Retour sur un aveuglement politique. L'affaire dite 'de Tarnac'". La Guerre de la liberté. Revue du salut publique, 3 (mars-juin 2009): 5-23; voir: 9 (CC et S. ou B.).
http://laguerredelaliberte.free.fr/rev3/rev3art1.php
_______________________________________________________________

FRENCH WEBOGRAPHY, CASTORIADIS (Webographie française):

http://1libertaire.free.fr/NicosIliopoulos%2001.html
Nicos Iliopoulos. "L'apathie politique en France contemporaine. Manque de créativité politique de la collectivité, absence de projets politiques positifs et globaux" (Exposé de Nicos Iliopoulos, fait le 14 décembre 2001, pendant la soutenance de la thèse, devant le jury composé par Alain Caillé [directeur de thèse], Daniel Lindenberg, Pierre Vidal-Naquet, Jean-Marie Vincent).

http://anarsonore.free.fr/spip.php?article415
"Cornelius Castoriadis - De l'auto-organisation du vivant à la création humaine" (avec lien mp3).

http://crisedanslesmedias.hautetfort.co ... crise.html
Eric Mainville. "Des auteurs pour 'temps de crise'" (26 août 2009).

http://jeanlouisprat.blog.lemonde.fr/20 ... hilosophie
Jean-Louis Prat. "Rudiments de philosophie (Résumés de cours professés dans les années 1990)" (21 avril 2009).

http://jeanlouisprat.blog.lemonde.fr/20 ... e-xenophon
Jean-Louis Prat. "L'Anabase de Xénophon : de l'autobiographie au roman didactique" (20 mai 2009)

http://jeanlouisprat.blog.lemonde.fr/20 ... anarchisme
Jean-Louis Prat. "Castoriadis et l'anarchisme" (22 août 2009).
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article219
http://forum.anarchiste.free.fr/viewtop ... f=6&t=2615

http://jeanlouisprat.blog.lemonde.fr/20 ... e-marxisme
Jean-Louis Prat. "Des ruptures avec le marxisme" (22 août 2009).
http://1libertaire.free.fr/JeanLouisPart02.html

http://jeanlouisprat.blog.lemonde.fr/20 ... -theorique
Jean-Louis Prat. "Humanisme et Terreur : un lapsus théorique" (22 août 2009).

http://jeanlouisprat.blog.lemonde.fr/20 ... ire-social
Jean-Louis Prat. "Castoriadis et l’imaginaire social" (22 août 2009).

http://jeanlouisprat.blog.lemonde.fr/20 ... imaginaire
Jean-Louis Prat. "Marx et l'imaginaire" (22 août 2009).

http://jeanlouisprat.blog.lemonde.fr/20 ... c-le-mauss
Jean-Louis Prat. "Rencontre avec le MAUSS" (22 août 2009).

http://jeanlouisprat.blog.lemonde.fr/20 ... l-le-dit-2
Jean-Louis Prat. "C'est vrai comme il le dit . . . " (31 août 2009).

http://perso.orange.fr/www.kaloskaisoph ... ment3.html
Soutien du travail jaune?/Support of Scab Labor? (Vincent Descombes, Sparta Castoriadis, Zoé Castoriadis, Pierre Dumesnil, Cybèle Castoriadis, Philippe Caumières, Daniel Ferrand, Nicolas Poirier, Olivier Fressard, Chantal Bégaud) concernant/concerning Figures of the Thinkable de/byCornelius Castoriadis
NOUVEAU HYPERLIEN:
http://1libertaire.free.fr/David_Ames_Curtis01.html

http://sites.radiofrance.fr/chaines/fra ... n_id=73333
Émission du vendredi 12 juin 2009. Redécouvrir Castoriadis.

http://www.agoravox.fr/actualites/polit ... onse-60050
Denis Szalkowski. "Imaginaire écologique et réponse politique" (mardi 11 août 2009).

http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article88950
Sergio. "L'art' selon l'I.L., l'I.S. et la bande à Debord" (dimanche 12 juillet 2009).

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/20524
Veneziano. "Marxisme, Mai-68 et démocratie semi-directe" (critique de FR2007a, le 2 août 2009)

http://www.dailymotion.com/video/x9vpjt ... m?from=rss
Extrait audio : Les vendredis de la philosophie, par François Noudelmann, France Culture. Emission du vendredi 12 juin 2009 : Redécouvrir Cornelius Castoriadis, avec Philippe Caumières, Nicolas Poirier et Arnaud Tomès.

http://www.ihoes.be/PDF/Lange_Castoriad ... cratie.pdf
Jean Marie Lange. "À propos de Castoriadis et de la démocratie." Institut d’histoire ouvrière, économique et sociale (IHOES). 7pp.

http://www.journaldumauss.net/spip.php?article277
Jean-Louis Prat. "Mai 68 a-t-il eu lieu?" Revue du MAUSS permanente, 21 janvier 2008.
NOUVEAU HYPERLIEN:
http://jeanlouisprat.blog.lemonde.fr/20 ... il-eu-lieu

http://www.journaldumauss.net/spip.php?article358
Jean-Louis Prat. "Cornelius Castoriadis. Réinventer l'autonomie" (critique de FR2008b ). Revue du MAUSS permanente, 10 juin 2008.
http://jeanlouisprat.blog.lemonde.fr/20 ... e-du-mauss

http://www.laviedesidees.fr/Castoriadis-a-l-oeuvre.html
Sébastien Chapel. "Castoriadis à l'oeuvre" (15-06-2009). (Recension de FR2009A.)
http://alarecherchedejeanjaures.20minut ... euvre.html
NOUVEAU HYPERLIEN:
http://nouvelles-philosophiques.blogspo ... euvre.html

http://www.voie-militante.com/politique ... voyons-pas
Denis Szalkowski. "L’imaginaire écologique de la société est là et nous ne le voyons pas!" (9 août, 2009).

http://www.vote-blanc.org/articles.php?lng=fr&pg=281
"Le vote blanc, expression de la parrhèsia" (Dernière modification : 30.07.2008 @ 16:17).
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar AnarSonore » Vendredi 20 Nov 2009 1:03

Extrait de l'annonce électronique des mises à jour du site Cornelius Castoriadis/Agora International.
http://www.agorainternational.org/

FRENCH BIBLIOGRAPHY, ABOUT CASTORIADIS (Écrits sur Cornelius Castoriadis en français):

FR1970b Pierre Souyri. "La crise de Mai". Les Annales. Économies Sociétés Civilisations, janvier-février 1970: 176-84; voir: 179-80 (Morin, Lefort, Coudray).
NOUVEAU HYPERLIEN:
http://bataillesocialiste.files.wordpre ... i-1970.pdf

FR2000v Jean-Louis Prat. "Hegel en 1948 (Hommage à Cornelius Castoriadis) ". Singulier/Pluriel, été 2000: 54-60.
http://1libertaire.free.fr/Hegelen1948.html
NOUVEAU HYPERLIEN:
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article234

FR2007bb Alberto Toscano. "L'anti-anti-totalitarisme; à propos de Michael Scott Christofferson: French Intellectuals Against the Left". Trad. de l'anglais ( EN2006i) par Hélène Quiniou.Revue internationale des Livres & des Idées, 1 (septembre-octobre 2007): 45-46; voir: 45 (CC, Lefort et S. ou B.).
NOUVEAU HYPERLIEN:
http://revuedeslivres.net/articles.php?idArt=31

FR2008a Praxis et Institution. Cahiers Castoriadis, 4. Sous la direction de Philippe Caumières, Sophie Klimis et Laurent Van Eynde. Bruxelles: Facultés Universitaires Saint-Louis, 2008.
...
FR2008b16 Daniel Bensaïd. "Politiques de Castoriadis". Ibid.: 255-72.
Contretremps, 21 (février 2008): ##-##.
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article5879
NOUVEAU HYPERLIEN:
http://www.prs12.com/spip.php?article6748

FR2008v# Bruno Frère. "Élan libertaire, procès libertarien". Politique, revue de débats, 54 (avril 2008): 36-39; voir: 38-39.

FR2009d# Bruno Frère. Le Nouvel Esprit solidaire. Préface Luc Boltanski. Postface Jean-Louis Laville. Paris: Desclée de Brouwer, 2009: 8, 33-35, 56, 58, 70, 112, 143, 337, 381.

FR2009e# Pierre Khalfa. "Peut-on critiquer Marx? A propos d'un article de Daniel Bensaïd sur Castoriadis". Contretemps, 1 (1er trimestre 2009):113-22.
http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article10701 (20 juin 2008).
http://www.prs12.com/spip.php?article6747 (jeudi 3 juillet 2008).
http://amitie-entre-les-peuples.org/spip.php?article339 (dimanche 31 août 2008).

FR2009f# Jean-Marie Harribey. "La lutte des classes hors sol? À propos du prétendu économisme de Marx". Contretemps, 1 (1er trimestre 2009): 123-33.
http://harribey.u-bordeaux4.fr/travaux/ ... -debat.pdf

FR2009s Nicolas Poirier. "Châtelet, Castoriadis, Vernant: les germes grecs de l'historicité". Cahiers critiques de la philosophie, 8 (juin 2009): 69-83.

FR2009t Philippe Caumières. "Autonomie et aliénation. Cornelius Castoriadis: Repenser l'aliénation au delà de l'humanité". Cahiers critiques de la philosophie, 8 (juin 2009): 195-212.

FR2009v Benoît Perrier. "'Dans nos rêves, le shopping a supplanté les congés payés'". Le Courrier. Quotidien suisse et indépendent, 31 juillet 2009: 5.
http://www.lecourrier.ch/index.php?name ... sid=443074

FR2009w Jean-Paul Leroux. "Sur le concept de politique dans la pensée de Cornelius Castoriadis". Gros Textes, Arts et Résistances, 1 (septembre 2009): 3-34.

FR2009x# Pierre Khalfa. "Vérité et émancipation, à propos de L'hypothèse communiste d'Alain Badiou". Mouvements, 60 (octobre-décembre 2009): 152-157 ; voir: 153, 154, 155.
http://www.mouvements.info/Verite-et-emancipation.html (30 août 2009).
http://www.mediapart.fr/club/blog/velve ... communiste Velveth. "Retour critique sur Alain Badiou à propos de 'L'Hypothèse communiste'"(20 Octobre 2009).

FR2009y# M. "Un management criminel". Anarchosyndicalisme!, 114 (octobre-novembre 2009): ##-##; voir: ##.
http ://anarsonore.free.fr/spip.php?article444

FR2009z Que faire, que penser de Marx aujourd'hui? Revue du MAUSS Semestrielle, 34 (second semestre 2009).
FR2009z1 Alain Caillé, Philippe Chanial. Présentation. Ibid.: 10, 19-22.
FR2009z2 Christian Laval. "Le progressisme de Marx et la politique athée. Quatre rapports possibles à Marx". Ibid.: 29- 37; voir: 36.
FR2009z3 Serge Latouche. "La décroissance comme projet politique de gauche". Ibid.: 38-45; voir 40-41.
FR2009z4 Alain Caillé et Sylvain Dzimira. "De Marx à Mauss, sans passer par de Maistre ni Maurras". Ibid.: 65-95; voir: 67.
FR2009z5 Anselm Jappe. "Le 'côté obscur' de la valeur et le don". Ibid.: 96-113; voir: 99.
FR2009z6 Maxime Ouellet. Crise économique globale ou crise des fondements symboliques du capitalisme ? Une critique marxienne de l'imaginaire de la modernité capitaliste". Ibid.: 115-37; voir: 118-19, 121-22, 125.
FR2009z7 Bruno Frère. "Une nouvelle voie pour le matérialisme politique. Remarques sur l'anthropologie négative de Marx et l'anthropologie positive de Proudhon". Ibid.: 231-47; voir: 245.
FR2009z8 Michel Kail et Richard Sobel. "Crise, économie et politique : le détour par un Marx antinaturaliste". Ibid.: 249-64; voir: 251.
FR2009z9 Serge Latouche. "Oublier Marx". Ibid.: 305-13; voir: 313.
FR2009z10 Nicolas Poirier. "Espace public et émancipation chez Castoriadis". Ibid.: 368-84.
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Nicos Iliopoulos. "Nouveaux chemins pour la pensée politique démocratique" (Paris, juillet 2002).
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http://atortouaraison.canalblog.com/arc ... 59337.html
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http://bataillesocialiste.wordpress.com ... %80%932005
"Chris Pallis dit Maurice Brinton (1923–2005)" (textes de George Shaw paru dans The Hobgoblin en 2005).

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S[téphane] J[ulien]. Critique d'Une société à la dérive ( FR2005A ).

http://bruno.colombari.free.fr/spip.php?article174
Bruno Colombari. "L'homme veut-il une société?" (publié le jeudi 16 mars 2006; mis à jour le lundi 16 octobre 2006).

http://lexiconangel.blogspot.com/2009/1 ... otion.html
"Analogie incontrôlée autour la notion de "magma" chez Castoriadis" (lundi 12 octobre 2009).

http://mamytartine.blog.lemonde.fr/2005 ... tion_2_psy
"L'adoption.. (2) psychothérapies et psychanalyse" (13 octobre 2005).

http://mamytartine.blog.lemonde.fr/2009 ... ue-sociale
"Psychanalyse, éthique du sujet et pratique sociale" (1 octobre 2009).

http://palim-psao.over-blog.fr/article- ... 86387.html
"Évènement! Réédition du 'Marx' de Michel Henry" (mardi 3 novembre 2009).

http://www.castoriadis.org/ Site de l'association française Cornelius Castoriadis
NOUVEAUX HYPERLEINS:
http://www.castoriadis.org/fr/readText.asp?textID=79 Cornelius Castoriadis. "Comment je ne suis pas devenu musicien".
http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php?article141

http://www.dissidences.net/mouvement_so ... htm#guigou
Frédéric Thomas. Critique de FR2008c (S. ou B.).

http://www.journaldumauss.net/spip.php?article584
Bruno Frère. "Mai 68: un héritage clivé". Revue du MAUSS permanente, 4 novembre 2009.

http://www.levidepoches.fr/weblog/2009/ ... termo.html
"Yahya El Yahyaoui nous conseille de lire la thèse de doctorat d'Alexandra Hachée - le mouvement altermondialiste, versus les technologies de l’information et de la communication : Usages, pratiques et valeurs de l’activisme contemporain". (4 novembre 2009).

http://www.magmaweb.fr/spip/spip.php/article160
Jean-Luc Leylavergne. "Remarques sur la brochure: Correspondance Pierre Chaulieu – Anton Pannekoek 1953-1954 ; présentée et commentée par Henri Simon (Echanges et Mouvement 2001)" (début février 2003).

http://www.philolog.fr/le-delabrement-d ... astoriadis
Simone Manon. "'Le délabrement de l'Occident'. Cornelius Castoriadis " (18 août 2008).

http://www.philolog.fr/lhomme-animal-in ... astoriadis
Simone Manon. "L'homme: animal inconsciemment philosophique et poétique. L'imaginaire instituant. Castoriadis" (9 octobre 2009).

http://www.philolog.fr/peut-on-etre-un- ... sinteresse
Simone Manon. "Peut-on être un spectateur absolu et desinteressé?" (12 octobre 2009).

http://www.voie-militante.com/divers/me ... x-e-siecle
Denis Szalkowski. "Claude Lévi-Strauss, la fin d’un penseur du XXe siècle" (6 nov, 2009).
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Re: Actualité de castoriadis

Messagepar AnarSonore » Lundi 04 Jan 2010 0:28

Mémoire de philosophie de Fabien Delmotte sous la direction de M. Berner (2003)
Autonomie, vérité et création dans la philosophie de Castoriadis
Socialisme ou Barbarie : Praxis et Marxisme
:arrow: http://www.magmaweb.fr/spip/IMG/pdf_Cas ... ouB_FD.pdf

Table des matières
Introduction 1
Intermède : contexte biographique .25
La position du problème de la praxis et l’héritage du marxisme traditionnel(1949-1952) 28
Théorie et pratique émancipatrices : une réflexion originale menée dans un cadre marxien(1953-1959) 46
Conclusion 72
Biographie 76

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