Mardi 5 mai 2009 – AG centrale à l’université de CaenL’AG centrale est accaparée par un débat vif et tendu sur le blocage. Les anti-bloqueurs : « Vous prenez en otage les examens. Ceux sont les boursiers qui sont pénalisés ». UNEF : « le blocage est négatif ; n’ayant pas produit de massification, il vide l’université, les étudiants ne participent pas au blocage, qui n’implique que quelques dizaines de personnes. De plus, l’occupation est critiquable (alcool, dégradation, casse, etc.)… Cette occupation, qui empêche les examens, risque de pousser une majorité d’étudiants pénalisés, qui pourtant sont contre la LRU, à se retourner contre la lutte. Le blocage fait le jeu du gouvernement ».
Certains pro-blocages affirment que la non tenue des examens, au contraire, fragilise le pouvoir. Les votes sur le blocage : 1000 pour, 750 contre, 456 pour l’arrêt du blocage et faire du mardi et du jeudi des journées banalisées pour maintenir la mobilisation. Vif débat sur le sens du vote ; l’université est quand même réoccupée.
Diogène : l’AG est centrée sur le blocage ; il n’y a plus de débat, d’analyse, de contrôle. Plus personne ne sait qui fait quoi. La lutte est confuse mais plusieurs centaines de personnes restent mobilisées.
L’après-midi, deux barrages sont construits devant l’université, entravant la chaussée et la voie du tram. Rapidement, les mobiles gazent, chargent et détruisent le barrage. Lors de cette charge, les manifestants fuient sur le campus. Une jeune fille, paraît-il du PS ou sympathisante, est violemment heurtée par un policier ; très secouée, elle tombe à terre et reste inerte. Un de la CNT-AIT, pressentant un mauvais quart d’heure pour la jeune fille, hèle des manifestants et réussit à constituer une chaîne de personnes qui s’avance pour s’interposer. Cela permettra à la jeune fille, tout en boitant, de rejoindre le campus.
Des œufs sont envoyés sur la police, qui recule. Des manifestants rejoignent les voies. Recharge : une pluie de lacrymos et de détonantes tombe sur le campus. Une nouvelle interpellation, qui énerve les manifestants : des canettes fusent ; regazage… mais des pierres commencent à être utilisées comme projectiles. Une centaine de personnes, avec ou sans cagoule, s’oppose aux forces de l’ordre, tandis que plusieurs centaines d’autres, postées sur le campus, observent et semblent plutôt favorables aux manifestants. Des militants de tout bord politique et syndical sont présents et observent ; ils circulent parmi les manifestants, dans l’optique d’éviter de graves problèmes. Chez les deux cents personnes faisant face aux policiers, avec ou sans cagoule (on voit même quelques donneurs de leçons de radicalité bien planqués à l’arrière) et où se retrouvent toutes les sensibilités idéologiques présentes dans la mobilisation, un point commun caractérise ceux qui lançaient des projectiles et ceux qui n’en lançaient pas : la sanctuarisation du campus.
Les affrontements prennent fin. Une manifestation part vers le commissariat pour demander la libération de l’interpellée. Celle-ci sera relâchée rapidement mais inculpée d’outrage et rébellion. Jugement prévu en juillet.
Mercredi 6 mai 2009 – AG interproSont décidées :
- la création d’un collectif de luttes inter catégorielles de Caen (CLIC), qui se réunira tous les mardis à 18 h à l’université
- la diffusion d’un tract sous ce sigle (à télécharger
ici), avec les Valéo,
Diogène : cette AG est plus productive que la précédente mais cette structure est fragile : peu de secteurs représentés ; il s’agit principalement d’individualités. Il faut donc rester modestes et prudents, même si cela est plutôt encourageant. Ceux qui lisent les posts de Diogène savent que la CNT-AIT défend depuis fort longtemps cette démarche de convergence des luttes.
Jeudi 7, 14 heures – Manif’ de popularisation300-400 personnes quittent l’université. Sur certaines vitrines, sont collés des A5 critiquant les établissements visés. Pas mal d’encagoulé(e)s pour protester contre le projet anti-cagoule du ministre de l’intérieur. Réapparition de quelques rejets anti-journalistes, pourtant l’AG a voté le principe de présence des médias. La manif’ va au siège du PS, c’est la deuxième fois, où quelques uns décrient le PS. La manifestation fond de moitié. Retour à la fac pour une soirée slam dans les lieux.
Tract de l’AG diffusé durant la manif’ :
recto/
versoDiogène : beaucoup de personnes dans la mobilisation, électeurs ou pas du PS, ne comprennent pas cette fixation, car, parallèlement, le patronat et l’UMP ne sont pas visés. Faut-il y voir, au-delà d’une légitime critique de la social-démocratie, de petits jeux politiciens du genre « taper sur le PS pour déplacer une partie de l’électorat sur sa gauche » ? Ceux de la CNT-AIT ne mangent pas de ce pain et ne se sont pas gênés dans les AG pour désigner à la vindicte le patronat et l’UMP.
Vendredi 8, matin - université de CaenLa vingtaine de personnes occupant les lieux est expulsée et l’évènement fait l’objet d’une médiatisation à l’échelle nationale. Déclaration du commissaire : « il n’y a pas eu de problèmes pour interpeller ces personnes car elles étaient hébétées par l’alcool… Il y avait un sdf et une personne simplement venue danser. » La présidente montre les bouteilles vides, les murs couverts de graffitis, le matériel endommagé : une plainte est déposée par celle-ci.
Diogène : quels que soient les arguments propagandistes des uns et des autres sur les blocages, la CNT-AIT s’est toujours exprimée sur le vécu des blocages et sur certains comportements et actions, car les aspects positifs ou négatifs d’une occupation ont des répercussions sur la massification d’une mobilisation. La CNT-AIT ayant dit publiquement ce qu’elle pensait, on comprendra, vu le contexte, que Diogène ne développe pas davantage sur ce problème mais rappelle chacun à ses silences. Les abus de quelques uns, habilement et excessivement médiatisés par l’adversaire, ne peuvent occulter les centaines de personnes mobilisées, luttant bravement, avec générosité et abnégation, pour les intérêts d’une grande majorité de la population.