Caen : mouvement de lutte éducation ?

Manifestations, assemblées générales, actions en cours... les luttes en normandie !

Messagepar diogène » Mercredi 04 Fév 2009 22:20

Bilan de la semaine passée.

Mercredi 28 :

AG appelée par une intersyndicale des personnels, la FSE, le Collectif Sauvons l'université. 300-400 personnes.
Ca démarre avec la liste des réformes en cours touchant l'université (réforme des statuts des enseignants-chercheurs, plan campus, etc...).
Quand certaines interventions s'inquiètent de ce processus, d'autres rétorquent que la marchandisation de l'université et le clientélisme qui y règne sont déjà une réalité.
Interventions de la CNT-AIT appuyant, a fortiori dans un contexte de crise, la nécessité de ne pas se limiter à des revendications catégorielles : l'attaque étant globale, les réponses doivent l'être également, donc intercatégorielles, dans le sens de revendications unifiantes, par exemple : garantir à tous l'accès aux besoins fondamentaux (logement, santé, éducation...).
La situation de plus en plus catastrophique que le capitalisme fait subir à la majorité de la population nécessite une riposte massive, ce qui implique des AG décisionnelles ouvertes à tous. Ce principe défendu par la CNT-AIT a été adopté par l'AG à une large majorité.
Dans la continuité de la lutte anti-CPE/CNE, une proposition a été faite d'opérer des jonctions avec les salariés des entreprises de l'agglomération.
Enfin, l'idée d'un mouvement qui se construit dans la durée a reçu un bon écho. Les discussions sur la stratégie à adopter et les modes d'action doivent se poursuivre.

Jeudi 29

Forte mobilisation (40 000) pour la manifestation, secteurs public comme privé ; un tel cortège n'avait pas été vu depuis la lutte anti-CPE/CNE.
Cela exprime un réel mécontentement, voire une colère contenue mais qui prend de l'ampleur.

L'après-midi, 500-700 personnes sur l'université participent à l'AG inter-éducation.
Un interminable exposé des problèmes, où chaque catégorie et sous-catégorie demande la prise en compte de son problème au nom de la solidarité ; prisonniers du corporatisme, n'ayant cure de la solidarité, on applaudit.
Cette litanie ennuie et la lassitude gagne l'assemblée. La tribune composée des petits chefs syndicaux de l'éducation, laisse faire : amuser le bas peuple, faire dans l'exibitio-dolorisme, cela arrange et évite de poser les vraies questions.
L'AG commence à s'énerver, quelques colibets et critiques fusent, surtout quand les représentants syndicaux refusent de faire voter par l'AG les revendications et renvoie à début mars pour une autre mobilisation.
Le ton monte, l'AG tourne au psychodrame, à la catastrophe : est-ce le but poursuivi ?
Untel appelle à changer de gouvernement, tel autre veut une mobilisation forte pour une alternative électorale ; celui-là fait de la pub pour son organisation, celui-ci joue au sérieux mais propose des revendications bricolées ; un autre hurle à la grève, bref, ça tourne au délire.
Là, un militant de la CNT-AIT a la parole. Il dit :
- que les syndicats n'ont pas à diriger, représenter, encadrer la lutte. Cette dernière se détermine dans tous les aspects selon la volonté de l'AG.
- l'unité de la lutte n'est pas dans les options politiciennes, le changement de gouvernement ou de députation : il suffit de constater que les alternances droite-gauche ont poursuivi les mêmes politiques. A défaut de modifier le système, cela continuera ainsi. De plus, les fractions de gauche sont divisées et ces mêmes problématiques diviseront la mobilisation.
- l'unité n'est pas dans le jeu politicien mais dans les revendications réelles concernant la majorité de la population.
- la mobilisation doit généraliser des comités de luttes, fonctionnant en assemblées générales des personnes en lutte, ces comités rassemblant syndiqués, non-syndiqués, ceux qui croient et ce qui ne croient pas aux élections.
- les choix et les tactiques de lutte sont vastes. Le problème n'est pas "grève ou pas" car celle-ci doit constituer le point culminant de la lutte. Actuellement, beaucoup de salariés ne peuvent financièrement déclancher de grève. L'adversaire le sait et s'est préparé à cette éventualité. Avant de porter le coup déterminant (la grève), il faut affaiblir l'adversaire par une variété d'actions : grève administrative, du zèle, perlée, débrayages, manifestations, occupations, désobeissance civile, qui préparent la grève totale et la grève générale.
- il ne faut pas, sous prétexte d'urgence, bruler les étapes. Nous devons prendre le temps de la réflexion pour une lutte efficace, qui sera longue.
Cette intervention a suscité les applaudissements de l'AG, marquant et exprimant un sentiment partagé par beaucoup de personnes.
Mais les diverses tendances, tout en prétextant l'unité, sauront-elles faire fi de l'intérêt boutiquier ? Les vieilles méthodes de la magouille, de la tension, des tentatives de contrôle seront-elles dominées par la volonté de l'AG ? L'avenir nous le dira.

SI VIS PACEM
PARA BELLUM
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Messagepar Paul Anton » Mercredi 11 Fév 2009 12:23

Deux autres AG se sont déroulées depuis....

Mercredi 4 février et lundi 9 février.

Pour ma part : nous y retrouvons toujours les mêmes acteurs avec ce scénario écrit d'avance qui n'annonce rien de nouveau dans le dénouement.
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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Luttes...

Messagepar Gorter » Jeudi 12 Fév 2009 20:12

Je partage l'analyse de Paul Anton via l'exemple de la FORA !

S'auto-organiser pleinement... :wink:
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Messagepar Paul Anton » Jeudi 19 Fév 2009 13:49

En effet...

Une nouvelle AG s'est tenue ce mardi 17 février : c'est toujours le même constat de l'impuissance qui y règne.
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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Messagepar NOSOTROS » Jeudi 19 Fév 2009 21:35

Dès lors à quoi bon si la vérite est ailleurs ?
Capitalismo delenda est
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A Paul Anton et NOSOTROS...

Messagepar Gorter » Jeudi 19 Fév 2009 23:33

Si la vérité est ailleurs... alors les "files" vont fuser de partout au moment "X" ?

Paul-Anton, sais-tu que nous pouvons venir avec quelques camarades (voir avec qui tu sais) ? :wink:
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Re: A Paul Anton et NOSOTROS...

Messagepar lucien » Samedi 21 Fév 2009 14:15

Gorter a écrit:Paul-Anton, sais-tu que nous pouvons venir avec quelques camarades (voir avec qui tu sais) ? :wink:
Pour leur tenir la main ?
Le monde ne se compose pas d'anges révolutionnaires, de travailleurs généreux d'une part, de diables réactionnaires et de capitalistes cupides de l'autre.
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Re: A Paul Anton et NOSOTROS...

Messagepar goldfax » Samedi 21 Fév 2009 15:24

lucien a écrit:
Gorter a écrit:Paul-Anton, sais-tu que nous pouvons venir avec quelques camarades (voir avec qui tu sais) ? :wink:
Pour leur tenir la main ?

Ou autre chose... Va savoir ! :lol:
:arrow: I'm a poor lonesome cow boy... :twisted:
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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

Messagepar Paul Anton » Vendredi 13 Mar 2009 12:55

...

Diffé à quelques 300 exemplaires à la manifestation du 12 mars 2009...

:arrow:

A PROPOS DE LA LOI D'AUTONOMIE DES UNIVERSITES

En 2007, la Loi de Responsabilité des Universités (LRU) avait déjà fait l’objet d’une mobilisation
à l’université. Il semble que cette lutte reprenne une certaine vigueur. Mais elle se situe
principalement dans le cadre de la défense des services publics. Ce qui nous amène à poser ces trois
questions :
- le service public est-il la propriété de l'Etat, de groupes constitués ou de ses employés ?
- le service public défend-il l'intérêt de minorités privilégiées ou corporatistes ?
- le service public et son statut tel qu’ils existent aujourd’hui induisent-ils une politique de service
public ?
Il ne sert à rien d'incanter la défense du service public sans répondre à ces trois questions.
Selon nous, un service public doit être une propriété sociale et collective, qui de fait appartient à
tous. Il se doit d'être réellement démocratique, c'est-à-dire sous le contrôle de la population. Il acte
une politique d'intérêt général qui garantit l'accès à tous aux besoins fondamentaux (logement,
santé, transport, éducation, etc.) et pratique l'égalité de traitement.
Or lesdits services publics sont utilisés par l'Etat comme l'instrument d'une ségrégation sociale
: radiation ANPE, exclusion et non attribution de logement, difficulté de prise en charge de la santé,
sélection (restriction des bourses, par exemple) et formatage scolaires, ainsi que la recherche
publique orientée par les besoins des firmes capitalistes (OGM, nucléaire, armement, biométrie et
traçabilité ...).
La loi d'autonomie des universités n'est pas conforme à la vocation d'un service public : elle
doit être combattue. Mais ne limiter la bataille qu'à cet aspect est une impasse qui nous conduira à
défendre une université déjà dégradée par les mesures gouvernementales antérieures (rappelez-vous
de la loi Jospin en 1989, entre autres). C'est une illusion, en outre, qui ne résoudra en rien les
problèmes de l'existence quotidienne de la plupart des étudiants et des personnels, dans toutes ses
composantes. Ce serait s'enfermer dans le piège du corporatisme qui feint d'ignorer que le pouvoir
oppose les étudiants, les étudiants salariés, les salariés du public et du privé, les intérimaires, les
chômeurs et les bénéficiaires des minima sociaux, etc. Ce qui lui permet de récupérer ce qu'il a
momentanément concédé à certains.
D'après nous, les attaques que nous subissons sont dues à une logique globale qui est
produite par le système capitaliste : celui-ci ne sera défait que par une critique idéologique de fond
capable de cerner les tenants et les aboutissants des problématiques sociales (par le refus du
corporatisme et de son piège de la pensée slogan, génératrice de revendications de surface). Pour
ces raisons, la mobilisation ne peut se limiter qu'à la loi d'autonomie des universités. Il est nécessaire
de poser des revendications unifiantes qui permettront une véritable convergence des luttes ; et ce
afin de parer à l’éclatement et la division entre les diverses fractions de la population qui subissent
de plein fouet l’attaque du système.
Nous devons éviter également d'être pris dans les querelles des organisations. Ces dernières
ont libre droit de s'exprimer. Cependant, elles n'ont pas à s'approprier la lutte, surtout que l'immense
majorité des personnes concernées sont en dehors de celles-ci. Le gage d'efficacité, d'unité, de
démocratie directe et de massification passe par la mise en place de comités ouverts à toutes celles
et ceux qui souhaitent lutter (lycéens, étudiants, travailleurs, intérimaires, chômeurs ...), comme ce
fut le cas et avec succès lors du mouvement contre le CPE/CNE ; de plus, il importe que ces comités
se fédèrent horizontalement en évitant toute forme de centralisme bureaucratique.
Ce qui se déroule à l'université, à l'hôpital, à l'ANPE ... (c'est-à-dire chacun des services
publics) nous concerne tous. Aucun syndicat ni aucun parti n'a à décider à notre place. C'est tous
ensemble que nous construirons la lutte et créerons un véritable rapport de force contre la politique
du gouvernement.
Nous n'aurons que ce que nous prendrons !
Seule, la lutte paye !
Confédération Nationale du Travail
Association Internationale des Travailleurs
BP 2010
14089 Caen cedex
http://cnt.ait.caen.free.fr
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A Paul Anton

Messagepar Gorter » Dimanche 15 Mar 2009 7:43

Excellent tract !

Pourras-tu m'en filer un exemplaire très prochainement ? :wink:
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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

Messagepar goldfax » Lundi 16 Mar 2009 17:42

T'as pas une imprimante ?? :lol:
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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

Messagepar lucien » Vendredi 20 Mar 2009 14:52

goldfax a écrit:T'as pas une imprimante ?? :lol:
C'est vrai quoi ! On va pas non plus claquer notre fric n'importe comment ! De la confiture à des cochons...
Le monde ne se compose pas d'anges révolutionnaires, de travailleurs généreux d'une part, de diables réactionnaires et de capitalistes cupides de l'autre.
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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

Messagepar diogène » Samedi 21 Mar 2009 11:45

AG du 17 mars à l'université de Caen

Après l'éternel point info et quelques digressions sur l'ODJ, il se discute le « que faire ? » du moment.

Deux tendances apparaisses : continuer et renforcer la mobilisation suivant les AG de certains UFR et les manifestations ou bien durcir et passer à l'occupation de l'université.

La première tendance ne veut pas occuper pour éviter des dissensions internes à la mobilisation et appel à l'unité dans la diversité des modes d'action.

La deuxième tendance défend l'idée que l'occupation va renforcer la lutte et fera plier le gouvernement.

En l'état actuel occuper ou pas ne changera rien et ne fera pas plier le gouvernement. Si l'occupation offre quelques avantages, elle crée aussi des inconvénients : l'énergie à occuper fait défaut pour élargir la lutte, le conflit entre bloqueurs et anti bloqueurs, le vécu de l'occupation comme pendant la lutte contre la LRU a été négatif.

:arrow:

viewtopic.php?f=2&t=3326

La CNT-AIT n'a pas de position à ce sujet.

Il est voté au final une occupation sans blocage.

Point sur l'élargissement des revendications qui a été proposé par la CNT-AIT.

Un membre de la CNT-AIT prend donc la parole :

Sur la mobilisation actuelle, on observe qu'un désir se manifeste pour aller au-delà des revendications stricto-éducation. Beaucoup d'étudiants sont conscients que leurs problèmes vont au delà et sont les mêmes qu'une fraction importante de la population : logement, santé, transport... la « vie chère ».

La situation de crise économique va s'accélérer. Et il est illusoire de croire que nous résisterons à cela par une logique corporatiste. Car cette dernière nous divise et rend le rapport de force moins favorable.

Comme cela a été esquissé lors des récents mouvements (2007 et 2006), il importe de poser des revendications unifiantes dans lesquelles une fraction importante de la population peut se retrouver.

Deux petites précisions pour finir :

D'une part, les revendications unifiantes ne s'oppose pas aux revendications qui sont catégorielles.
D'autre part, il s'agit de mettre les revendications en cohérence avec les sites visés par les décisions d'AG."


Un autre membre de la CNT-AIT prend également la parole :

En effet, on notera que le gouvernement attaque successivement différentes catégories de la population; or faire le choix de riposter secteur par secteur, c’est tomber dans le piège que l’on nous tend, c’est laisser à l’adversaire l’avantage de structurer seul le terrain sur lequel les combats sont menés; de plus, c’est s’illusionner sur des éventuelles victoires. Car, par exemple, ce que le gouvernement pourra lâcher aux universités, il le reprendra à l’hôpital, et vice-versa.

Pour continuer dans ce sens : si nous affirmons que le mouvement actuel doit apparaître comme légitime aux yeux de la population, au delà de ce qu’il est convenue d’appeler « la communauté universitaire », il faut nécessairement que la lutte universitaire fasse corps avec la population ; ce qui implique de renouer avec l’imaginaire social qu ‘elle a pu avoir, c’est-à-dire un imaginaire lié aux combats universaux pour la justice, le progrès social, pour l’humanisme. Car ne minimisons pas l’ampleur du désastre actuel : ce qui se joue aujourd’hui, c’est le délitement, voire la dislocation du lien social ; ce qui est lourd de conséquences pour l’avenir, tant on sait qu’historiquement, une telle situation fut le prélude à toute les barbaries. Pour éviter cela, il importe plus que jamais de créer du lien, de solidariser les catégories opprimées de la population ; c’est-à-dire d’unifier ; et cela ne peut s’effectuer pratiquement qu’en posant des maintenant des revendications unifiantes : accès garanties pour tous aux besoins fondamentaux : éducation, santé, transport… Soyons à la hauteur des enjeux de la situation, revendiquons le droit à vivre dignement, et nous pourrons alors peut-être être nombreux à pouvoir nous reconnaître dans ce combat.


Suite à cela, l'AG se questionne et s'ensuit un débat qui est entrecoupé sur les modalités d'action. A noter que des membres de l'UNEF et un de la FSE semblent acquiescer.... Au final l'AG décide l'élargissement.

L'après-midi, quelques centaines de personnes ont occupé la DDTTE sans aucun problème.

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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

Messagepar diogène » Vendredi 27 Mar 2009 16:42

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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

Messagepar douddu » Dimanche 29 Mar 2009 17:36

Pour continuer dans ce sens : si nous affirmons que le mouvement actuel doit apparaître comme légitime aux yeux de la population, au delà de ce qu’il est convenue d’appeler « la communauté universitaire », il faut nécessairement que la lutte universitaire fasse corps avec la population ; ce qui implique de renouer avec l’imaginaire social qu ‘elle a pu avoir, c’est-à-dire un imaginaire lié aux combats universaux pour la justice, le progrès social, pour l’humanisme. Car ne minimisons pas l’ampleur du désastre actuel : ce qui se joue aujourd’hui, c’est le délitement, voire la dislocation du lien social ; ce qui est lourd de conséquences pour l’avenir, tant on sait qu’historiquement, une telle situation fut le prélude à toute les barbaries. Pour éviter cela, il importe plus que jamais de créer du lien, de solidariser les catégories opprimées de la population ; c’est-à-dire d’unifier ; et cela ne peut s’effectuer pratiquement qu’en posant des maintenant des revendications unifiantes : accès garanties pour tous aux besoins fondamentaux : éducation, santé, transport… Soyons à la hauteur des enjeux de la situation, revendiquons le droit à vivre dignement, et nous pourrons alors peut-être être nombreux à pouvoir nous reconnaître dans ce combat.
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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

Messagepar diogène » Lundi 30 Mar 2009 21:58

AG du 24 mars 09

Nous pouvons constater que la mobilisation est au point mort ; mais ça ne semble pas éveiller cette AG qui se focalisent sur ces deux points :

1) l'occupation en cours qui n'implique très peu de personnes. Cela apparaît pour certains contre-productif (trop minoritaire et nuisant à la majorité des étudiants - incluant ceux qui sont favorables à la lutte) : il faut, d'abord, continuer à populariser pour massifier ; a contrario, d'autres plaident pour l'occupation avec blocage et l'action minoritaire pour provoquer un souffle nouveau et faire plier Sarkosy.

L'AG vote le blocage à 300 ; mais ce nombre n'est pas au rendez-vous pour sa mise en pratique : deux bâtiments (lettres et science) sont donc occupés.

L'action minoritaire avait abouti lors du mouvement de lutte contre le CPE/CNE (2006) ; mais il en a été autrement pendant le mouvement contre la LRU en 2007. Ce qui fait défaut est l'analyse de la situation. Les AG plafonnent en moyenne à 500 personnes. Les deux dernières se sont scindées en deux sur le choix de l'occupation de l'université. Très peu de personnes occupent (encore moins que le mouvement de lutte contre la LRU en 2007) ; elles risquent d'être épuisées et ne vont pouvoir guère résister aux anti-bloqueurs. Les AG vont être accaparées par la question du blocage, ce qui paralysera une réflexion d'ensemble dans le devenir de ce mouvement de lutte. Il paraît difficile de trancher sur cette question du blocage : la CNT-AIT n'a pas de position.

2) la commission action qui provoque de vifs échanges. Les mots tels que sécurité et discrétion resurgissent continuellement ainsi que le principe de retirer la puce du portable au cours des réunions de la commission action. Si personne ne conteste la nécessité de la discrétion et de la sécurité, l'usage excessive de cette dernière peut conduire à des dérives. En effet, sauf l'idée saugrenue d'un SO du portable, on ne peut fouiller à corps les personnes. De plus, la police possède des moyens beaucoup plus efficients que l'écoute du portable, comme le renseignement direct à la source ou technologiques. D'autre part, en quoi les zélotes de la sécurité seraient-ils, ni plus, ni moins, soupçonnables que le reste des autres ? Le problème de fond est qu'un prisme paranoïaque finit par s'installer, comme lors des précédents mouvements de lutte. On légitime et institue le secret, ce qui aboutit à une totale ignorance de : qu'est-ce qui compose la commission action et quel est le but réellement recherché ? En fait, le tout sécurité n'est qu'un argument versatile pour avoir la main-mise sur la commission action. Et on nous ressort le même scénario de qui est radical ou pas avec son opposition arbitraire entre violence/non-violence. Quoi qu'il en soit, ce n'est à aucun groupe de décider et d'imposer son orientation mais à l'assemblée générale en lutte ; à défaut, on retombe dans le substitutisme.

L'assemblée générale rappel :

1) la nécessité de la discrétion et de la sécurité sauf le trop d'excès.
2) les réunions de la commission action sont ouvertes à tous.

L'après-midi :

Plusieurs centaines de personnes partent bloquer les entrées d'un supermarché pendant une heure, puis bifurquent à l'IUT et redescendent dans le centre-ville ; mais le cortège s'est fortement délité et le reste s'emploie à investir les bâtiments lettres et science.

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Jeudi 26 mars, après-midi :

Environ 400 personnes (en grande partie du personnel de l'université) vont à la gare pour appeler les salariés à la convergence et à la grève générale. Bon accueil. Le cortège repart et fait une halte au planning familial ; il remonte après à l'université.

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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

Messagepar NOSOTROS » Lundi 30 Mar 2009 23:22

A propos des occupations foireuses, sans qu'il y ait nécessairement d'analogie ni d'homologie, je rediffuse ici ce communqiué de SUD à propos de la dernière réunion de la coordination étudiante :

Veuillez trouver ci dessous et en pièce jointe un communiqué de la Fédération des Syndicats Sud Etudiant en rapport à une agression sexiste commise lors de la coordination nationale étudiante des 21 & 22 mars à Strasbourg.

Lors de la Coordination Nationale Etudiante de Strasbourg le 21 et 22 mars 2009, une agression à caractère sexiste a été commise.

Une camarade de la délégation de Bordeaux 3 a subi une intimidation et un attouchement venant de personnes hors de la CNE mais présentes sur la fac occupée.

Seules des excuses à demi-mot lui ont été faites sans que l’agresseur ai réellement pris conscience que son geste était inexcusable et dégradant pour la mandatée bordelaise.Elle a elle-même dénoncé l’acte devant la CNE.

À ce moment là, la CNE est sortie de l’amphi pour exiger l’exclusion de la personne responsable de l’agression et des 4 autres personnes qui l’accompagnait. Le Service d’Ordre n’ayant pas pris la décision de les faire sortir d’eux-mêmes.
Dans l’agitation générale, des insultes sexistes à l’encontre des mandatées ont été dites : “sale pute”, “salope”.

Au final, aucune sanction n’a été décidée contre l’agresseur. Ces personnes sont restées durant tout le week-end sur le site de la coordination. Il y a eu explications entre le S.O. et la camarade, seuls à seule. Elles n’ont eu pour résultat que de décourager la camarade de demander la sortie des cinq personnes. Suite à cela, une motion a été présentée le lendemain sur l’antisexisme dans les luttes étudiantes et exigeait que la CNE condamne ouvertement l’agression sexiste de la veille et toutes celles de ce type. Elle a été refusée, de façon quasi-unanime. Cette motion a été reproposée à la coordination de
Tolbiac, non adoptée (en NPPV) alors qu’elle avait déjà été proposée la semaine précédente. Ce qui prouve que le problème n’a pas été relayé dans les AG et abordé dans une perspective plus politique. Bordeaux 3 a donc annoncé son désengagement de la CNE.

Si une lutte, engagée contre des réformes gouvernementales, est menée indépendamment de celles menées contre toutes formes d’oppression et de discrimination, l’antisexisme ou le racisme, ou qu’elle occulte ces questions politiques, alors elle ne peut être gagnante.
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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

Messagepar diogène » Samedi 04 Avr 2009 22:42

AG et action du 31/03/09

Environ 1500 personnes. L'AG se focalise à nouveau sur le blocage : voir dernier compte-rendu de Diogène. Le blocage ne produit pas l'effet escompté (massifier). La majorité s'inscrit en désaveu. Cela était prévisible. Mais il demeure un noyau de plusieurs centaines de personnes désireuses de maintenir la pression. Cette dernière va en monter d'un cran l'après-midi.


Début de l'après-midi, quelques centaines de personnes (500) se regroupent sur le campus 1 et partent en cortège. Le rectorat est la cible. La porte du rectorat est secouée. Les CRS utilisent le gaz lacrymogène afin de scinder la manifestation en deux. Mais celle-ci repart de plus belle et descend le boulevard Detolle. Le supermarché Leclerc apparaît à la vue. La manifestation y va spontanément. A l'intérieur du supermarché, la réaction des vigiles électrise les manifestants qui vocifèrent contre la vie chère. Une bonne centaine d'entre eux quitte la grande allée en se ruant dans les rayons. Une redistribution des produits alimentaires est ensuite improvisée dans un quartier populaire.

Chacun aura son jugement sur cette action. Soyons objectif ! Elle fut la manifestation du cœur et de la rage. Elle n'était pas prévue et la plupart des participants n'étaient cagoulés, ni camouflés. Aucun n'avait le sentiment d'un vol mais d'une action, d'un acte légitime, de justice et de solidarité. Reprendre au spéculateur un bien fondamental qu'est la nourriture. Je m'étonne d'une telle prise de risque pour une action d'une portée symbolique mais au combien prémonitoire et lourd de conséquences.

Leclerc a porté plainte : qui sera Jean Valjean ? Qui sera Victor Hugo ?

Comité de lutte :

L'action du supermarché Leclerc est discutée tout comme la difficulté de maintenir des actions dans le cadre fixé par l'AG. Des membres de la CNT-AIT s'expliquent sur ce qu'implique une réquisition de produits alimentaires. Mais ils insistent pour agir en direction des salariés, des précaires et des chômeurs et de choisir les cibles en conséquences. Là-dessus une discussion sur la situation et le quoi faire commence à s'établir. Nous allons voir assez vite s'il s'agit d'une réelle volonté de convergence ou d'un feu de paille.

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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

Messagepar diogène » Dimanche 12 Avr 2009 19:32

Jeudi 9 avril 2009, Caen

6 h 30, campus 1, nous sommes une quinzaine pour aller differ au CHU. Nous allons être rejoint sur place par d'autres personnes. Plusieurs groupes vont agir devant les entrées du CHU. Après le tractage, les délégués des organisations syndicales nous reçoivent et nous présentons la lutte en cours à l'université de Caen ; tant sur le cadre revendicatif (voir le tract « Une journée de grève et après ») que sur le mode de structuration : l'assemblée générale est l'unique instance décisionnelle et ouverte à tous ; le comité de lutte se cantonne que sur le plan technique. Les délégués des organisations syndicales eux aussi soutiennent que nous ne pouvons attendre le 1er mai pour agir, et développer une autre perspective que les manifestations traîne-savates. Le constat est que la condition salariale hospitalière et les soins se dégradent (taylorisme et souffrance au travail). Des contacts sont pris dans l'éventualité d'une convergence.

Puis, nous retournons à l'université pour retrouver d'autres personnes. Nous convoyons vers le site de Valéo touché par un plan de licenciement. Sur le piquet de grève, ça discute de nos propositions faites auparavant au CHU. Une prise de contact s'établit avec un délégué syndical de la CGT Valéo. Une délégation des électriciens en grève se pointent ainsi que des délégués CGT de Bosch, de Rencast (une autre usine en grève) et de RVI. Signalons que les électriciens en grève ont procédé à des coupures pour perturber la production chez Valéo et Bosch (qui est voisine).

Une réunion est prévue le 17 avril à l'université avec le CHU et Valéo.

Petit point de vue rapide de Diogène :

Je suis dubitatif sur la réceptivité du tract (« Une journée de grève et après ») qui ne me semble avoir reçu qu'un accueil poli au CHU.

A valéo, c'est le sentiment de s'être bien fait avoir par la direction... gueules tirées et fatiguées par le salariat (cette esclavage moderne) mais en même temps on veut défendre son emploi (bombage sur la route) ; alors que nous sommes dans le contexte de crise : http://cnt.ait.caen.free.fr/actualite/crise2008.html

Les clivages des organisations syndicales sont très vivaces. Cela me conforte dans le choix des assemblées générales et des comités de lutte : les seuls capables de dépasser ces clivages pour unir les salariés dans la défense de leurs intérêts matériels et moraux (dans un premier temps). La difficulté de la période réside dans la disparition de cette culture de lutte (défaite du mouvement ouvrier à la fin des années 70). En effet, les salariés n'ont plus le réflexe de s'auto-organiser et ce qui les confine dans l'attentisme et le suivisme.

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Re: Caen : mouvement de lutte éducation ?

Messagepar diogène » Dimanche 19 Avr 2009 20:41

Jeudi 16 avril 2009

Le piquet de grève de Valéo se tient tous les jeudis. La CGT est seule à se mobiliser sur le site et envoie ses délégations.

Suite à notre proposition reprise par l'AG de l'université (faire converger les luttes sectorielles pour œuvrer à une lutte beaucoup plus large) et en conformité... Je me rends au piquet de grève de Valéo où quelques dizaines de personnes sont là. J'ai l'occasion de m'entretenir avec quelques personnes. Il en ressort :

- l'impact des délocalisations dans la perte de l'emploi hexagonal.
- la difficulté de mobiliser.
- la réaction trop tardive face aux attaques patronales.
- les divisions syndicales


Vendredi 17 avril 2009

Suite à la prise de contacts de la semaine dernière (voir précédent post de Diogène) et après discussion à l'AG de mardi, une rencontre a finalement lieu. Des étudiants et des chômeurs sont présents, ainsi qu'une délégation de la CGT Valéo, de FO CHU, de Sud éducation avec un membre du SNES SUP. Un tour d'informations s'ensuit :

Valéo : suppression d'emplois - international 5000, France 1500 dont 116 sur 480 pour le site de Caen.

CHU : dégradation de la condition salariale et problème d'accès aux soins notamment pour les revenus les plus faibles.

Education nationale : voir les tracts dans ce post viewtopic.php?f=2&p=37493#p37129

Après ça...

Un CNTiste rappel que la lutte à l'université n'est pas conduite par une intersyndicale mais par l'assemblée générale (unique instance décisionnelle et ouverte à tous : étudiants, enseignants, précaires, chômeurs...), qui est dotée d'un comité de lutte sur le plan technique ; au cadre revendicatif sectoriel (abrogation de la LRU,etc.) s'adjoint un cadre revendicatif plus général (accès aux besoins fondamentaux). Cette personne pose la question à la délégation du CHU si elle peut intégrer (dans la logique de l'accès aux besoins fondamentaux) le principe de la gratuité de la santé ; de même pour la délégation de Valéo (équipementier automobile) mais cette fois-si sur le transport en commun.
Cette approche revendicative permet la défense tant sur le plan catégoriel (secteur par secteur) que sur le plan inter-catégoriel ( mêmes droits pour tous). Cela évite le piège du corporatisme qui divise et l'illusion du chacun pour soi. Notre CNTiste évoque également la mise en application par le financement pour déjouer le jeu du pouvoir : celui-ci consiste à augmenter les salaires du secteur de la santé en faisant trinquer les usagers sous prétexte du déficit, par exemple. Relevant le propos de la délégation du CHU, il observe que le problème n'est pas le statut juridique (public ou privé) car la même finalité et logique est à l'œuvre (voir le tract : http://cnt.ait.caen.free.fr/biscuit/CNT ... 2-2009.pdf.) Tout le monde semble s'accorder là-dessus ; et aussi sur l'idée qu'il faut une lutte massive qui dépasse le corporatisme par la mise en avant d'un cadre revendicatif plus général et unifiant. Le CNTiste avance l'idée d'interdire les licenciements. Acquiescement.
Cette personne pose une autre question sur la forme que doit avoir cette convergence. Les avis sont multiples : comité de lutte, intersyndicale ou rejeter certains syndicats... structure déconnectée ou pas de l'AG de l'université... Notre CNTiste revient sur la forme d'organisation de la lutte à l'université... IL ne fait qu'appuyer l'auto-organisation :

« Nous devons éviter également d'être pris dans les querelles des organisations. Ces dernières
ont libre droit de s'exprimer. Cependant, elles n'ont pas à s'approprier la lutte, surtout que l'immense
majorité des personnes concernées sont en dehors de celles-ci. Le gage d'efficacité, d'unité, de
démocratie directe et de massification passe par la mise en place de comités ouverts à toutes celles
et ceux qui souhaitent lutter (lycéens, étudiants, travailleurs, intérimaires, chômeurs ...), comme ce
fut le cas et avec succès lors du mouvement contre le CPE/CNE ; de plus, il importe que ces comités
se fédèrent horizontalement en évitant toute forme de centralisme bureaucratique. »


Extrait du tract suivant : http://cnt.ait.caen.free.fr/biscuit/CNT ... 2-2009.pdf.

L'idée de ce type de comité semble convenir au final.

L'avenir dira la suite. Une nouvelle rencontre est prévue le 29 avril à 17 heures à l'université. Des démarches vont donc suivre vers d'autres établissements pour informer de cette initiative.
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