De l’improvisation au dirigisme : ordre et contrôle du sens

Pour relier les luttes entre elles et les étendre...

De l’improvisation au dirigisme : ordre et contrôle du sens

Messagepar NOSOTROS » Vendredi 09 Jan 2009 13:32

Un texte très intéressant, qui ouvre la porte à de nombreuses questions d'ordre stratégique et tactique, dans le sens de celles qu'on discute ici sur ce forum en ce moment, qui risquent de venir à se généraliser.

Les commentaires sont également intéressants à lire.

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http://rebellyon.info/article5874.html#forum14996


De l’improvisation au dirigisme : ordre et contrôle du sens dans les manifestations lyonnaises du 28 décembre 2008 au 3 janvier 2009

Durant cette semaine de mobilisation à Lyon contre les massacres israéliens de Gaza, il a été possible d’observer la construction progressive d’un ordre centralisé, notamment autour des enjeux de prises de paroles, de l’émergence et du maintien du sens des évènements de rue.

Je ne vais pas revenir ici sur le déroulement des attaques israéliennes débutées le 27 décembre 2008 sur la bande de Gaza, ni sur la complicité dont font preuves les gouvernements européens et arabes, ni même sur toutes les raisons qui nous poussent à agir, nos revendications ou nos perspectives de luttes. Il semble cependant intéressant de retracer les différentes mobilisations qui se sont déroulées durant cette semaine pour suivre les diverses formes qu’elles ont prises. Ce sont notamment les questions de l’organisation et de prises de paroles qui seront abordées. A travers les multiples formes que vont prendre les rassemblements, les outils et méthodes employés par les organisateurs, la place (donnée ou prise) par les participants, pourra apparaître la constitution progressive d’un contrôle et d’un ordre centralisé.

C’est en reprenant les modifications de ces dimensions qu’il semble possible de comprendre comment la manifestation du samedi 3 janvier a pu prendre la tournure que décrit l’article critique déjà édité ici (http://rebellyon.info/article5869.html). Comment s’est instauré un ordre, et ses dérives, dans la manifestation du samedi 3 janvier ?


Tout d’abord je pense qu’il ne faut pas placer la coupure entre les rassemblements (plus libres et démocratiques dans les prises de paroles par exemple) et les manifestations (concentration et contrôle). En effet, les méthodes de gestion du sens des moments de contestation se sont modifiées au fil des jours. Car c’est bien le sens de la mobilisation qui devient un enjeu. Et au-delà des révoltes face aux massacres, la diversité des motifs d’engagement, des perspectives, demandent à se faire entendre. Dans de telles situations, l’accord entre les participants reste à construire au fil de l’action. Revenons donc à différents moments de ces mobilisations, en considérant que le sens d’un rassemblement n’est jamais donné d’avance, mais qu’il s’élabore au cours de l’action.

Le lendemain des premiers raids aériens de l’armée israélienne sur Gaza, un premier rassemblement s’est tenu dimanche 28 décembre à 12h00, place des Terreaux. Autour de 600 personnes se mobilisent, principalement par les réseaux militants. Au début les participants sont encore calmes. Beaucoup semblent attendre une intervention des organisations qui ont lancé l’appel. Deux d’entre eux font des brèves prises de paroles. Dans le court moment de silence qui suit, deux femmes émergent du premier rang de la foule, l’une d’elles énumère les tueries dont ont été victimes le peuple palestinien, l’autre se lamente en criant, elles finissent par crier « allah akbar. » Quelques organisateurs semblent pris au dépourvu : le sens qu’ils avaient donné au rassemblement leur échappe. A côté de moi, une militante qui tient une banderole les critique : « Elles confondent tout ». Une partie des participants reprend le allah akbar. Le sens se modifie, momentanément, il se résume à ce cri, comme avant il pouvait se résumé au contenu des prises de paroles (il y a bien sûr d’autres façons de participer au sens d’un rassemblement, les banderoles par exemple permettent de maintenir durablement un sens donné, il n’en va pas de même pour les slogans). Les organisateurs, qui ne souhaitent pas que la dimension religieuse soit trop présente, s’affèrent, certains lancent un autre slogan dès que l’intensité de l’autre retombe un peu, et pendant que les slogans changent, des organisateurs musulmans vont parler avec ces deux femmes. Durant ce premier rassemblement, le sens va se négocier perpétuellement. Les slogans sont lancés par les organisateurs, perchés sur les marches de l’hôtel de ville, ou par les participants ; l’écho qu’ils provoquent leur permettent de durer plus ou moins dans le temps.

Le sens, toujours momentané, va ainsi se décider à chaque moment : certains slogans seront repris avec entrain et par l’ensemble des participants, d’autres ne seront repris que par une partie et meurent plus vite, d’autres enfin, ne resterons que des appels sans suite. Parmi ceux qui semblent faire consensus (repris par le plus grand nombre, se maintenant ou se répétant dans le temps) il y a par exemple « Israël assassin », « Israël terroriste », auxquels on peut faire suivre « Europe/Sarkozy complice. » A l’opposé, quand quelqu’un lancera du milieu de la foule « mort à Israël » personne ne reprendra, et un autre slogan l’effacera vite. Il faut noter ici que si le nombre et la détermination permettent de maintenir dans le temps un slogan, l’appréciation du contexte joue pour le faire émerger. Ainsi bien des interventions des organisateurs furent interrompues par un « Israël assassin » bien lancé après le constat des morts. Parfois, il suffit de reprendre sa respiration pour laisser le temps à un slogan d’émerger.

Durant ce premier rassemblement, la multiplicité des sens et opinions exprimés montre bien qu’il est difficile de définir « un » message des manifestants, à part leur révolte contre les attaques israéliennes sur Gaza. C’est pourquoi on peut dire que différents sens se sont exprimés, voir confrontés. Ainsi, à la suite d’une des fois où allah akbar était repris, ou après qu’une personne du public ait pris la parole pour dire que la seule chose qui restait à faire c’était de prier et de crier allah akbar, des organisateurs insistaient sur la dimension politique de la mobilisation. Les dignitaires musulmans (le recteur de la mosquée de Lyon par exemple) ou les responsables d’organisations musulmanes insistèrent ainsi sur les droits de l’homme et le caractère républicain du rassemblement. Un autre organisateur définit le conflit comme un conflit politique, et non pas un conflit religieux. Bref, il y en avait pour tous les goûts et cet évènement n’était ni linéaire (un message claire, unique et cohérent), ni unidirectionnel (différents acteurs prennent la parole, se répondent, se coupent, s’ignorent…).

Le 29 décembre, la mobilisation dépasse les attentes : entre un et deux milliers de personnes se sont retrouvés place de la Comédie, dans le froid et prête à crier. Mais dans ces conditions, les prises de paroles et l’émergence de slogans se déroule plus tout à fait de la même façon que la veille. Même si les organisateurs ont prévu un mégaphone, il ne permet de monopoliser ni la source ni le sens de toute les prises de paroles et slogans. Plus la foule grandit, plus les slogans peuvent cohabiter : par moment deux slogans se chevauchent, repris par différentes partie des participants. Des slogans religieux s’entremêlent avec d’autres, des slogans en arabes peuvent de plus être confondue avec des invocations religieuses alors qu’il ne font que reprendre les slogans palestiniens. Au mégaphone les personnes qui lancent les slogans s’enchaînent sans toujours présenter leurs organisations. Là aussi les messages sont divers, les formes d’expressions également. À un moment il y a même deux foyers de sens : un des organisateurs lit un texte au mégaphone alors qu’à quelques mètres de là un arc de cercle s’est crée avec les banderoles derrière lesquelles toute une partie des participants scandent des slogans. Alors que les journalistes audio se rapprochent de l’orateur, ceux qui veulent des images se dirigent vers les banderoles. Durant ce deuxième rassemblement, les slogans faisant consensus (Israël terroriste,…) se confirment, tout comme ceux s’exprimant mais posant problème aux organisateurs, notamment les slogans religieux, Allah Akbar et autres. Le rassemblement se transformant en marche, les slogans devenaient plus le fruit de groupes réussissant à les faire émerger et à les maintenir localement. À ce deuxième rassemblement, les organisateurs ont déjà pris comme objectif de prendre un certain contrôle sur les sens que peut prendre la manifestation, ils souhaitent avant tout que la dimension religieuse s’exprime le moins possible. Les méthodes utilisées pour cela restent rudimentaire : il s’agit surtout de rester vigilant aux slogans et de proposer des slogans alternatifs, un mégaphone pouvant aider.

Les rassemblements des 30 et 31 décembre (je n’étais là pas pour le 1er janvier) maintiennent la pression, mais le nombre baisse. Par répétition, les organisateurs instituent leurs positions (même lieu pour les orateurs au mégaphone, mêmes intervenants, mêmes slogans lancés,…). Si dans ces conditions la gestion du sens semble plus simple, on peut remarquer quelques signes de fermeté à l’égard de la dimension religieuse. Par exemple, alors que pour clore les rassemblements, certains participants musulmans entamaient une série d’allah akbar, les organisateurs ont insisté pour clore eux-mêmes les festivités en demandant de se disperser dans le silence, le répétant au besoin au premier allah… Dans l’enchaînement des rassemblements s’est institué peu à peu un ordre, où les organisateurs revendiquaient un monopole des sens à donner au rassemblement. Ces méthodes se sont mises en place, ont été utilisées en premier lieu contre l’expression de l’indignation sous sa forme religieuse : il s’agissait de ne pas laisser de place aux invocations et aux allah akbar. La recherche d’une crédibilité, d’une respectabilité perçue comme la seule façon d’être entendus et pris en compte, appuie cette volonté d’établir un ordre centralisé, et les outils nécessaires pour le réaliser. L’anticipation d’une couverture médiatique bourgeoise dévalorisant l’ensemble de la mobilisation en focalisant sur quelques moments où s’expriment les convictions religieuses participent également à cette tendance.

Finalement c’est une certaine peur qui pousse à la prise de contrôle, à la centralisation des prises de décision : la peur d’un sens de la mobilisation, illusoirement univoque, qui leur échappe et remettrait en jeu la légitimité de l’action. Il faut évidement noter que les relations avec le pouvoir d’État favorisent ce mouvement en demandant une centralisation des responsabilités. Peur d’une base aussi qui serait potentiellement prête à tout et surtout du pire, car dans tous les cas, le rassemblement échappe aux participants, ou plutôt les individus révoltés deviennent des participants, à canaliser et contrôler, et ce pour les organisateurs comme pour l’État. La foule, indistincte, répondrait à l’appel, leur mobilisation en serait presque rendue passive.
La question qui reste est donc : comment un processus d’établissement d’un ordre centralisé, dans un premier temps tourné vers l’expression de la religiosité, va se répandre et se déployer sur la diversité des manières d’exprimer son soutien au peuple palestinien dans sa résistance ? La réunion de la veille de la manifestation, à laquelle j’ai participé, a montré comment les différentes craintes s’entremêlent pour aboutir à une centralisation poussée. La peur de la couverture médiatique encore, avec l’envie de diriger les journalistes vers le camion, pour éviter l’antisémitisme ou la réduction religieuse ; la peur des « casseurs », la peur des banderoles antisémites ; la peur de slogans communautaires ou religieux… Après la centralisation des slogans, les discussions sur les récoltes de dons et des ventes de keffiehs se règle par la même tendance. Une volonté de contrôle s’exprime à plein, les multiples craintes, résurgence en partie de l’idéologie dominante, faisant tendre vers la constitution d’une illusoire homogénéité de la manifestation et justifiant un ordre centralisé. C’est ce processus qui a amené à la tentative d’instaurer un ordre dirigiste et centralisé, exprimant une volonté de rendre homogène et univoque cette manifestation du samedi 3 janvier. C’est ce qui a entraîné le choix de ne laisser dans le cortège que les symboles se rapportant à la cause palestinienne, qui reste un nationalisme, et au soutien à la résistance (d’où les slogans ou banderoles sur le Hamas et le Hezbollah).

En suivant cette tendance, ce n’est pas seulement tous les effets de l’homogénéisation et du pouvoir centralisé qu’il faut redouter. Car en plus de déployer les outils de la maintenance de l’ordre, cet objectif est autant illusoire que tout contrôle total, qui plus est devant une manifestation de cette ampleur ; il tend donc à s’accroître. Si j’ai participé vers la tête du cortège, là où le contrôle direct pouvait le mieux se concrétiser, je n’ai pas pu voir comment il se diffusait ou non tout au long de la manifestation ; mais même au devant, le contrôle n’est pas total et on ne peut pas empêcher tout le monde de brandir une petite création faite maison. Même au plus près du pouvoir, une certaine diversité des engagements s’exprimaient. Reste que ce pouvoir est forcement répressif, interdisant certains symboles d’engagement, tant politiques que religieux, (et parfois plus le premier que le second).

Reste que c’est en participant à ces mobilisations, et à leur organisation, que peut se comprendre les logiques qui justifient et rendent possible l’instauration d’un ordre centralisé. Parce que le sens et l’organisation n’est en fait jamais donné en avance, c’est également en y participant que d’autres manières de gestion du (des) sens des mobilisations collectives pourront émerger. C’est pris dans des tensions paradoxales, entre les peurs et le pouvoir, entre la revendication de la parole légitime et respectable face aux massacres israéliens et l’anticipation de la stigmatisation par les médias dominants, que le centralisme est apparu peu à peu durant cette semaine, pour chercher à s’entendre ce samedi 3 janvier 2009.
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Messagepar wiecha » Vendredi 09 Jan 2009 20:00

Texte intéressant, effectivement mais qui me laisse une impression de malaise au sens ou toutes ces explications fort passionnantes sur les processus de contrôle se doublent d'un exposé des faits qui est pour le moins orienté, et qui aboutit à cette phrase

C’est ce qui a entraîné le choix de ne laisser dans le cortège que les symboles se rapportant à la cause palestinienne, qui reste un nationalisme, et au soutien à la résistance (d’où les slogans ou banderoles sur le Hamas et le Hezbollah).
.

Phrase qui revient à faire du Hamas et du Hezbollah des "résistants " et à nier totalement le fait que la dimension islamiste est bien plus puissante dans ces deux mouvements que la dimension "nationaliste".

Or les deux mouvements sont explicitement des "partis de Dieu" en premier lieu, et leur définition de la communauté n'est pas une communauté "nationale ".

En soi, Le drapeau du Hezbollah n'est pas plus un symbole se référant principalement à la "cause palestinienne " ( en soi, ce terme déjà n'est pas neutre ) que le drapeau noir, il est le symbole d'une solution globale qui a vocation, dans la tête de ses promoteurs à s'appliquer à la "cause" palestinienne parmi d'autres

La peur de la couverture médiatique encore, avec l’envie de diriger les journalistes vers le camion, pour éviter l’antisémitisme ou la réduction religieuse


Je trouve également cette phrase extrêmement ambigue, car elle jette un soupçon sut TOUS ceux qui dans le cadre de la manifestation craignent les slogans antisémites, comme s'ils ne les craignaient QUE par rapport aux médias.

De plus, on fait comme si cette peur était irrationnelle: or chacun sait que l'extrême droite notamment est présente depuis longtemps dans ces manifs et évidemment pas avec un autocollant écrit " dangereux facho" pour pouvoir commodément les virer.

De plus, si ce texte donne un aperçu intéressant sur le déroulement des manifs, il oublie à mon sens l'élément principal: à savoir le choix de manifester avec des associations et des dirigeants d'associations confessionelles. On peut défendre ce choix vis à vis de la Palestine comme sur d'autres points, mais encore faut-il ne pas le prendre comme un donné évident, et se contenter de quelques phrases sur ces dignitaires qui entendent donner un sens "politique " et pas "religieux" à la manifestation.

Et c'est bien là ou l'on peut effectivement pointer le "centralisme " comme un des points communs à la gauche classique et à lagauche théo compatible et c'est là ou je rejoins le texte.
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Messagepar NOSOTROS » Vendredi 09 Jan 2009 22:09

Oui, je suis d'accord avec ton analyse sur ces points.

Après les questions qu'il pose quant à la dynamique de groupe d'un rassemblement, et l'apparition de positions politiques non prévues - et même franchement malvenues - sont réelles.

Bien sur, on peut réduire ce risque en posant dès le départ des bases d'appel très claires, qui dissuaderaient de venir ceux qui ne sont pas bienvenus.

les orgas de gauche ont fait un choix différent : un appel ambigu - pour que vienne plus de monde, un déni des dissensions permi par le plus petit dénomnateur commun, puis un cadenassage de la parole (slogans imposés, bannières imposées, parole confisquée par les représentants officiels, ...), et un rapport de force pour maintenir l'ordre ainsi établi. Seulement quand le rapport de force leur échappe, tout est verrouillé par le système qu'ils ont mis en place, et c'est baisé ...


Cependant, même avec un appel clair et "pointu", le risque existe toujours, et quand on fait des micros/ mégaphones ouverts, ce risque est réel. Il faut alors acepter d'assumer une dissension sur la place publique.
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Messagepar wiecha » Vendredi 09 Jan 2009 23:30

Reste que c’est en participant à ces mobilisations, et à leur organisation,


Je suis d'accord avec toi, sauf qu'en relisant j'ai l'impression que cette phrase annule tout le raisonnement précédent. Car "participer à l'organisation de la manifestation ", c'est clairement dans le cas précis ce qui est évoqué avant, donc les réunions ou sont présentes les bureaucraties des deux gauches ( encore ce terme est-il impropre puisqu'un mouvement comme les Frères Musulmans et sa version française n'est de gauche que dans la tête de la gauche qui collabore avec lui).

Et en fin de compte, ce texte n'est-il pas de l'auto justification de quelqu'un qui a participé comme d'habitude comme "libertaire " à un processus qui ne l'est pas: sauf que là les conséquences en sont plus voyantes qu'à l'ordinaire au sens ou les violences du SO de la CGt sont une banalité admise, pas celles des organisations nationalistes religieuses qui jusqu'ici ne se permettaient pas d'aller jusque là, hormis dans LEUR cortège.
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Messagepar NOSOTROS » Samedi 10 Jan 2009 0:17

Je suis d'accord avec toi, sauf qu'en relisant j'ai l'impression que cette phrase annule tout le raisonnement précédent.


Oui, je me suis fait la même réflexion !

C'est malheureusement assez courant que des analyses intéressantes accouchent de conclusions foireuses ...
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Messagepar douddu » Samedi 10 Jan 2009 15:55

Moi ce que j'ai trouvé d'intéréssant c'est par exemple ceci

Plus la foule grandit, plus les slogans peuvent cohabiter : par moment deux slogans se chevauchent, repris par différentes partie des participants. Des slogans religieux s’entremêlent avec d’autres, des slogans en arabes peuvent de plus être confondue avec des invocations religieuses alors qu’il ne font que reprendre les slogans palestiniens. Au mégaphone les personnes qui lancent les slogans s’enchaînent sans toujours présenter leurs organisations. Là aussi les messages sont divers, les formes d’expressions également. À un moment il y a même deux foyers de sens : un des organisateurs lit un texte au mégaphone alors qu’à quelques mètres de là un arc de cercle s’est crée avec les banderoles derrière lesquelles toute une partie des participants scandent des slogans. Alors que les journalistes audio se rapprochent de l’orateur, ceux qui veulent des images se dirigent vers les banderoles. Durant ce deuxième rassemblement, les slogans faisant consensus (Israël terroriste,…) se confirment, tout comme ceux s’exprimant mais posant problème aux organisateurs, notamment les slogans religieux, Allah Akbar et autres. Le rassemblement se transformant en marche, les slogans devenaient plus le fruit de groupes réussissant à les faire émerger et à les maintenir localement.


C'est a dire ce que le texte nous apprend sur la forme OUVERTE et PROTEIFORME que prennent actuellement les mouvements de la Rue

La généralisation de cette expression populaire explique la grande crainte des "organisateurs" qui sont tout bonnemernent dépassés , car c'est en fait le cadre politique du pouvoir qui est
dépassé .

Sur plan de la dymanique des masses c'est un prémisse de ce qui peut se produire et c'est pourquoi inévitablement vous avez transposé cette libération de l'expression au conflit social en évoquant le syndicats .

Cette libération elle s'effectue évidemment avec des contradictions qui rendent inévitables l'émergence d'un débat idéologique qu'il faut mener au sein même de la lutte formelle , et on peut faire émerger ce débat avec succés pour nos idées justement parceque c'est ouvert (ce qui prouve que les positions ne sont gagnés par personne ......) .
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Messagepar wiecha » Samedi 10 Jan 2009 19:11

La généralisation de cette expression populaire explique la grande crainte des "organisateurs" qui sont tout bonnemernent dépassés , car c'est en fait le cadre politique du pouvoir qui est
dépassé .


Je ne partage pas cette analyse, en ce qui concerne ces manifestations. C'est une partie des organisateurs qui sont dépassés, et par une autre bureaucratie.

Les slogans religieux ne sortent pas du chapeau, de la bouche de quelques femmes bien "typiques". Exactement de la même manière que les slogans syndicaux du type "37,5 pour tous".

Je ne souscris pas du tout à l'idée selon laquelle les prolos musulmans qui viennent à ces manifs ont "naturellement " envie d'en faire une affaire religieuse, une solidarité communautaire et qu'en gros ce serait "le cadre politique du pouvoir " qui serait dépassé quand ça se produit.

Bien au contraire, ce sont de nouvelles formes de "cadres du pouvoir" qui essaient de s'imposer, notamment en jouant sur les préjugés et l'image que la plupart des militants se font sur les "musulmans " et les "Arabes ", mais aussi en besoin en utilisant la violence quand ça devient possible.

on peut faire émerger ce débat avec succés pour nos idées justement parceque c'est ouvert (ce qui prouve que les positions ne sont gagnés par personne ......) .


Effectivement rien n'est gagné et par personne, sur le terrain global des luttes, et notamment de celles qui posent l'affrontement en termes de classe. N'empêche qu'il y a bien des endroits ou ce débat ne peut être ouvert sans confrontation violente, une confrontation que nous n'avons pas les moyens de mener dans ces manifs, c'est le constat que je fais après ces différents témoignages.
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Messagepar douddu » Dimanche 11 Jan 2009 11:31

Je ne partage pas cette analyse, en ce qui concerne ces manifestations. C'est une partie des organisateurs qui sont dépassés, et par une autre bureaucratie.


En ce qui concerne Toulouse la bureaucratie que que tu évoques est encore loin d'avoir les moyens des ambitions que tu leur prêtes

Les slogans religieux ne sortent pas du chapeau, de la bouche de quelques femmes bien "typiques". Exactement de la même manière que les slogans syndicaux du type "37,5 pour tous".



Non mais ils ont trés peu repris ici , le plus repris ici étant le slogan anti israélien

Je ne souscris pas du tout à l'idée selon laquelle les prolos musulmans qui viennent à ces manifs ont "naturellement " envie d'en faire une affaire religieuse, une solidarité communautaire et qu'en gros ce serait "le cadre politique du pouvoir " qui serait dépassé quand ça se produit.


Je me suis fait mal comprendre car je pense que c'est bien plus subtil , qu'il y a une part ni politique ni religieuse, une part importante " d"affect ", qui est naturelle a l'humain, et que certains tentent de jouer leur partition .

une confrontation que nous n'avons pas les moyens de mener dans ces manifs,


Cela dépend comment on engage cette confrontation
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Messagepar NOSOTROS » Dimanche 11 Jan 2009 16:00

Le problème c'est que c'est pas partout comme à toulouse ... et ce n'est pas qu'une question de volonté ... :-) :-(
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Messagepar douddu » Dimanche 11 Jan 2009 17:52

Oui , c'est pour cela que je prends soin de préciser, c'est l'aspect multifome de la lutte qui fait que ceci explique cela .

Sinon on est aussi aller distribuer le même tract qu'hier a un rassemblement de l' Union des Etudiants juifs qui se tenait ce jour .
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Messagepar NOSOTROS » Dimanche 11 Jan 2009 18:12

Ce qui est sommes toute logique !
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Messagepar non defini » Mercredi 18 Fév 2009 11:34

J'ai aimé lire vos analyses.
Je définirai l'aliénation comme une "foi dans le pouvoir."
C'est parce que l'on croit que l'économie est capable de ....que nous parlons de "pouvoir d'achat" ou d' "emploi"
C'est parce que je crois à l'existence d'une communauté nationale que j'ai mal à l'outre mer. Oui, il y a beaucoup d'affects dans les slogans féminins.
C'est parce qu'on croit à l'éducation que l'on exige des enfants qu'ils s'y intéressent.

Je ne crois pas que le "pouvoir" existe. Je crois que c'est une illusion et cela implique que toutes associations, tous classements, tous statuts, rôles, images est pour moi une duperie. Je sais que le 1er affect du "pouvoir" c'est la peur. Normal, puisque quand on croit au pouvoir on veut "monter" dans la hiérarchie sociale et c'est parce que l'on croit que l'échelle sociale existe que les parents attendent de leurs enfants d'y grimper.
A cause de la peur la liberté se fait rare; à cause de l'ambition on se fait "plat" flatteur, opportuniste, on prend le langage des "autorités".
Donc admettons que le pouvoir existe. Que voyons-nous? une incapacité à ressentir ce qui est important ou non. Normal, l'idéologie du pouvoir a sclérosé l'être humain en "professionnel". Celui-ci ne sait utiliser que les codes, les techniques et les symboles et le peuple s'en fout de son baratin. donc le "responsable" est affolé: faut contrôler au nom de la responsabilité. Envoyer 4000 fonctionnaires de police en Guadeloupe pour susciter la violence et le rapport de force par exemple.

Pour moi le pouvoir est la capacité que j'ai à rendre service à celui qui me le demande. Devant une tâche à accomplir je mets en œuvre toutes mes facultés intellectuelles (sans aucun affect) imagination, stratégie, appel à la symbolique, mémoire, ruse. Tout est bon pour utiliser sa demande de service comme outil pour atteindre "mon" objectif. Et jusqu'à maintenant, je crois pouvoir dire que ça fonctionne pas mal. Car il ne faut pas oublier que chacun est responsable de son interprétation.
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