Algérie : deux à trois émeutes par jour

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Algérie : deux à trois émeutes par jour

Messagepar NOSOTROS » Mardi 03 Juin 2008 15:07

Algérie : deux à trois émeutes par jour

Emeutes en Algérie: gestion superficielle d’une crise profonde

http://berthoalain.wordpress.com/2008/0 ... -par-jour/


30 mai 2008

En un laps de temps très court, 03 régions du pays ont connu des manifestations extrêmement violentes spontanées qui ont pris la forme d’émeutes avec des conséquences graves sur la sécurité des biens autant publics que privés et des personnes.

A Chlef, l’interpellation d’un citoyen sous le motif de tenue de propos diffamatoires à l’égard du Wali a constitué le prétexte à une émeute. A Berriane, ce serait une altercation entre 02 habitants de la localité qui a déclenché les violences. A Oran, c’est la relégation d’une équipe de football en division inférieure qui a mis le feu aux poudres.

Nos enfants sont-ils devenus fous ? Se détestent-ils à ce point ? Sont-ils instrumentés par des organisations fascistes servant des intérêts étrangers ? Sont-ils manipulés par des organisations locales pour des intérêts politiques dont l’empêchement de cette « OUHDA THALITHA » ? Rien de tout cela. Il s’agit plutôt d’un problème de gouvernance. Grace à une bonne communication, le Président BOUTEFLIKA avait réussi à faire accepter la concorde et la réconciliation nationale après une décennie de terreur ayant causé la mort de plusieurs dizaines de milliers de personnes. A cette époque, les Algériens croyaient en lui. Ce n’est plus le cas maintenant, ses collaborateurs (Conseillers, Ministres et Walis) ayant usé le capital confiance dont il jouissait.

Comment expliquer que lors de la décennie écoulée et malgré la terreur, le rééchelonnement et le tarissement des ressources, 90% des Algériens gardaient toujours leur optimisme alors qu’actuellement et malgré les dizaines de milliards de dollars que le pays engrange annuellement, la majorité écrasante considère que le pays se trouve dans une impasse qui ouvre la voie à toutes les dérives (détournements, corruption, trafics multiples, banditisme…).

Isolés dans leurs bureaux climatisés, dans les hôtels de luxe et leurs résidences somptueuses dont les charges coutent les yeux de la tête aux contribuables ou occupés à amasser des fortunes colossales, nos hauts responsables à tous les niveaux à commencer par le Président de la République se déchargent de leurs fonctions au profit de courtisans qui leur présentent les situations à travers un prisme déformant où « MEDH EL EMIR » remplace de plus en plus l’analyse critique.

C’est ainsi que :

- Pour faire face aux « Harraga », la seule solution a consisté en un redéploiement des Gardes - Côte et de la Gendarmerie Nationale ;

- Pour faire face au mécontentement de la population à Chlef et Berriane, on a eu recours à la Police et à des tentatives de désinformation visant à désigner le RCD comme auteur de la manipulation ;

- Pour faire face aux émeutes d’Oran et de Gdyel auparavant, on a eu recours à la police appuyée par un discours très approximatif et d’une extrême myopie faisant ressortir comme motif des émeutes la relégation du MCO et un comportement d’un policier à l’encontre d’un marchand ambulant. Les Députés d’Oran eux-mêmes ont été impliqués dans cette grossière manipulation et ils ont pris attache avec le Ministre de la Jeunesse et des Sports pour un recours permettant d’éviter la relégation du MCO défiant ainsi toute l’éthique sportive alors qu’ils auraient dû interpeller le Ministre de l’Intérieur au sujet de ce qui se passe réellement dans la ville qu’ils sont sensés représenter.

Non Messieurs, nous ne sommes plus en 1980 lorsque les revendications sociales légitimes mises en avant par les insurgés Kabyles ont pu être noyées par un recours mesquin et haineux aux différences entre Kabyles et Arabes, ni en 2000 lorsqu’on avait tenté de nous faire croire que le défunt GUERMAH Massinissa était un voyou et un repris de justice.

Contrairement à leurs dirigeants, les Algériens ont évolué. Ils savent exploiter l’internet et les téléphones portables. La désinformation traditionnelle par l’ENTV, la Radio et la presse ne trouvent plus d’écho auprès des nouvelles générations. Seul un discours porteur appuyé par des actes quotidiens de bonne gouvernance et un accès aux hautes fonctions ouvert aux compétences reconnues en évitant les différentes formes de parrainage peuvent nous sortir de cette impasse.

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Révélations : l’Algérie secouée par une moyenne de deux à trois émeutes par jour



Par Samir Allam le 18/04/2008 à 08:53

La colère monte en Algérie. Selon des informations obtenues par toutsurlalgerie.com auprès de source proche des services de sécurité, le pays enregistre depuis le début de l’année 2008 une moyenne de deux à trois émeutes par jour. Elles vont d’un simple blocage d’une route nationale pendant plusieurs heures à des affrontements violents avec les forces de sécurité qui font parfois de nombreux blessés. Toutes les régions du pays, y compris le sud habituellement calme, sont concernées.

«Ces émeutes sont recensées par les services de sécurité, mais souvent elles ne sont pas rendues publiques car elles se déroulent dans des zones éloignées des grandes villes où la presse n’a pas forcément accès. Elles restent circonscrites à de petites zones et ne se propagent pas» comme cela a été le cas en Kabylie en 2001, explique notre source. A chaque fois, les revendications des émeutiers sont presque les mêmes. Les manifestants réclament du travail, une amélioration de leurs conditions de vie, ou dénoncent la corruption des responsables locaux…Plus inquiétant, depuis quelques jours des gestes de désespoir ont fait leur apparition : un jeune qui se coupe le sexe pour protester contre le chômage, un autre qui se mutile le corps pour attirer l’attention sur sa situation désespérée, un troisième qui tente de s’immoler pour les mêmes raisons…

Fin mars, le pays a frôlé la catastrophe lorsque des émeutes ont éclaté à Ghardaïa. Une altercation entre deux adolescents s’était en effet transformée en une véritable bataille rangée entre les jeunes de la tribu M’zab et ceux d’El-Arouch arabe, habitant Beryane. « Heureusement que des sages des deux tribus sont intervenus pour calmer les esprits. Si la situation avait dégénéré à Ghardaïa, c’est tout le sud du pays qui se serait embrasé. La situation aurait pu devenir catastrophique», reconnaît une source proche du gouvernement.

Dans ce contexte, le risque d’émeutes simultanées qui embraserait l’Algérie existe-t-il ? Pour éviter une telle situation, le pouvoir a opté pour une méthode qui semble donner des résultats encourageants : ne plus réprimer violemment les manifestations. Contrairement aux événements de Kabylie, début 2000, les forces de l’ordre ont été instruites afin d’éviter d’affronter les émeutiers, sauf en cas de nécessité absolue, comme une menace sur des édifices publics. Pour sa part, la justice a été priée de se montrer indulgentes à l’égard des casseurs. Le pouvoir espère ainsi éviter une propagation des émeutes sur des régions entières …

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Emeutes à Oran mai 2008



Les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes mercredi à Oran, dans l’ouest de l’Algérie, au troisième jour d’affrontements avec des jeunes manifestants furieux de la relégation du club de football local en deuxième division.

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Trois jours après le début des émeutes : Oran toujours sous haute tension

31 mai 2008

Hier encore, des émeutes ont été signalées dans différents endroits de la ville où les jeunes émeutiers continuaient d’affronter les forces de l’ordre et de semer la terreur chez une population plus que désemparée. Dans le centre-ville, plusieurs brasiers ont été allumés à la rue Larbi Ben M’hidi, à hauteur du passage Germain (couloir reliant la rue commerçante au marché de la Bastille) et à la place Victoire, interdisant tout accès à des automobilistes dont beaucoup se sont rués, dans un dangereux désordre, dans les ruelles menant au boulevard Front de mer et, de là, vers la route du port, relativement plus paisible.

A Plateau St-Michel, quartier mitoyen de M’dina J’dida comme à El Hamri, d’autres mouvements étaient enregistrés où des jeunes, souvent des mineurs, jetaient des pierres et tentaient de tout casser sur leur passage. «Il est clair que cela dépasse désormais le cadre du sport, affirment beaucoup d’habitants. La relégation du MCO a été le détonateur d’un mal profond… Ces jeunes expriment leur mal-être et dénoncent la précarité de leur situation, alors que la fabuleuse richesse algérienne ne profite qu’à une minorité de privilégiés. Les émeutes durent quand même depuis trois jours.» Bien qu’ils vivent dans la peur et désapprouvent profondément les importants dégâts subis par la ville et les lourds désagréments causés aux habitants, beaucoup d’Oranais disent comprendre les raisons ayant poussé les émeutiers à pareille manifestation. «C’est el houkouma qui est responsable de cet état. Pas de travail, aucune perspective d’avenir. Il est normal qu’ils aient recours à la violence… c’est leur seul défouloir.

Et d’ailleurs, pourquoi l’ENTV ne montre pas ce qui se passe ? C’est bien la preuve que les dirigeants se désintéressent de nos jeunes, non !» Ce plaidoyer est surtout fait par une centaine de familles qui se sont rassemblées, hier matin, devant le siège de la Sûreté de wilaya pour exiger la libération des leurs. «Beaucoup sont mineurs et n’ont rien fait de répréhensible ; ils sont détenus dans des conditions indignes», ont-il dénoncé en reculant, toutefois, devant les léments de la police antiémeute jusqu’à une centaine de mètres de l’édifice officiel. «C’est une hogra, ont-ils encore dénoncé. Les conditions de détention de nos enfants constituent une totale violation des droits de l’Homme.»

Les bilans s’alourdissent

En trois jours d’émeutes, le nombre de blessés parmi les forces de l’ordre a atteint 147, alors que celui des émeutiers arrêtés était de 157. Ces bilans sont évidemment toujours provisoires, puisque les émeutes continuaient hier après-midi dans différents endroits de la ville. Non encore estimés, les dégâts matériels sont, sans doute, importants, puisque, en plus des destructions enregistrées lundi et mardi derniers (banques, CNEP, secteurs urbains…), la CNEP-Banque de Seddikia a été partiellement saccagée dans la nuit de mardi à mercredi derniers, et plusieurs magasins pillés. Dans une timide réaction à ces événements, l’exécutif communal s’est réuni pour réitérer la nécessité de faire fonctionner tous les services malgré les troubles. Il reste que les groupes d’émeutiers ont été infiltrés par des voleurs qui, encagoulés, sèment la terreur chez les particuliers et guettent la moindre occasion de piller et d’agresser. Ces encagoulés, dont certains sont munis de fusils à harpon, ont été signalés la nuit dans le quartier HLM-USTO (sortie est d’Oran) et dans le centre-ville. «Je les ai vus, ils marchaient à part, à l’affût de la moindre occasion de voler ou de piller», raconte un témoin, résidant dans le quartier de Saint-Pierre.

De l’avenir du MCO

Premier à réagir à la relégation du MCO, l’ex-président Kacem Elimam, en déplorant les violences enregistrées, n’a pas hésité à faire son offre de service. «Je suis prêt à revenir au MCO, à condition que l’AG se tienne avant le 15 juin afin que j’aie le temps de préparer mon programme», a-t-il déclaré, en imputant la catastrophe de la relégation à Youcef Djebbari, président, réfugié en Espagne d’après les rumeurs. «Djebbari n’est pas le seul responsable, rétorque un journaliste sportif.

La FAF et la DJS le sont aussi.» Pour notre interlocuteur, ces deux institutions ont permis à Djebbari d’exercer alors qu’il n’en avait pas le droit. «Aucun document officiel de la FAF ne le reconnaît comme président du MCO et, par ailleurs, il est toujours sous le coup d’une suspension. Par quel tour de passe-passe a-t-il, malgré tout, assuré la présidence du MCO ?»

Plus encore, en violation de tous les règlements, Youcef Djebbari n’a pas tenu l’AGO pour l’exercice 2006-2007, mais aucune instance officielle ne l’a rappelé à l’ordre.
Ce qui, pour notre journaliste, traduit des complicités très actives au sein de la FAF et de la DJS. En tout état de cause, les prochains jours promettent des surprises puisqu’on s’achemine vers l’annulation du championnat 2007-2008 : une manière comme une autre de calmer la colère juvénile.

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Troisième jour d’émeutes. Oran ressemble à une ville en guerre

29.05.2008

La ville d’Oran (ouest algérien) était mercredi en proie à l’agitation après deux jours de violentes émeutes marquées par la mise à sac et la destruction de biens publics, sur fond de malaise social surtout parmi les jeunes, rapporte jeudi la presse algérienne

Après deux jours d’émeutes et d’actes de vandalisme qui ont ciblé des édifices publics, des commerces et des véhicules dans différents quartiers de la ville, une atmosphère tendue régnait mercredi dans la ville, quadrillée par les forces anti-émeutes, alors que les affrontements se sont renouvelés notamment en début d’après-midi d’hier au niveau du quartier St Pierre, rapporte le journal “Le Quotidien d’Oran”. “La rue Larbi Ben M’hidi avait été subitement investie par des centaines d’émeutiers. La confrontation a commencé en début d’après-midi, avec une énergique réaction des brigades anti-émeutes”, indique-t-il. “Plusieurs arrestations ont été effectuées dans ce quartier, principalement parmi les jeunes adolescents”.

Les violences, qui ont commencé lundi dernier, ont eu pour détonateur le mécontentement des jeunes, suite au match de football Mouloudia d’Oran-O Chlef qui a scellé la relégation en deuxième division de l’équipe locale. Mais le mouvement a drainé ensuite la grande masse de jeunes désoeuvrés, qui n’attendaient que l’occasion pour exprimer leur ras-le-bol et leur trop-plein de frustration sociale face aux sombres perspectives d’avenir qui les taraudent. Malgré un retour relatif à l’accalmie dans les quartiers qui ont été les plus affectés par les troubles de lundi et mardi, l’activité dans la ville n’a pas encore retrouvé son cours normal, selon la presse.

De nombreux commerces sont restés fermés et ceux qui ont ouvert mercredi ont vite fait de baisser rideau après un vent de panique sur la reprise de l’agitation de rue. De même, les transports publics demeuraient perturbés, les transporteurs désertant les quartiers jugés à risques de crainte de s’exposer à la colère des émeutiers.

La presse algérienne fait état de 140 policiers blessés et de 157 arrestations parmi les émeutiers durant les trois derniers jours. Durant la journée de mardi, trois locaux de l’Agence nationale d’epargne et de prévoyance ont été saccagés dans différents quartiers de la ville d’Oran.

Le quartier des Hamraouia a connu les plus grands dégâts avec l’incendie du siège de la division des affaires sociales de la commune d’Oran et l’annexe de la mairie, rapporte “Le Carrefour d’Algérie”. Il indique que dans la commune voisine de Bir El Djir, les actes de vandalisme ont ciblé le parc de la commune où cinq véhicules ont été incendiés hier par les émeutiers. Ces actes viennent aggraver le bilan déjà lourd avec trois cinémas, trois banques, deux secteurs urbains (El Hamri et Petit- lac) saccagés outre des équipements publics et des commerces vandalisés

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Oran subit l’onde de choc. Les émeutes paralysent les commerces et les services

29 mai 2008 Quotidien d’Oran

Au deuxième jour des violences, Oran ressemblait à une ville fantôme et l’activité économique et des services était pratiquement nulle à partir de 10 heures.

Cependant, cette paralysie était plus perceptible dans le secteur du transport urbain et ce, depuis le début des émeutes. Ainsi, hormis quelques Karsan qui ont continué à assurer les navettes entre certaines stations situées aux abords de la ville et des localités avoisinantes, tous les transporteurs d’Oran, de peur de voir leurs véhicules saccagés, ont préféré le repos forcé. Du coup, ce sont des centaines de travailleurs et d’étudiants qui n’ont pu rejoindre leur lieu de travail ou d’études. Même des chauffeurs de taxis ont garé leurs véhicules dans des endroits sûrs. Et même s’ils ont accepté de faire quelques courses, cela n’a été possible qu’aux premières heures de la matinée, étant donné qu’à partir de 10 h, tous les quartiers de la ville sont devenus des endroits à haut risque. En fait, un sentiment d’insécurité quasi général régnait dans toute la ville.

Les gares routières de Yaghmoracen, d’El-Hamri et des Castors étaient pratiquement désertes. Selon un transporteur, assurant une liaison avec la capitale, son entreprise a instruit, par précaution, de fixer les terminus dans des endroits « plus sûrs », notamment dans les périphéries de la ville. Ces transporteurs ont même annulé plusieurs départs d’Oran, d’où d’importants préjudices financiers, signale-t-on. Cette totale inactivité a donc laissé le champ libre aux clandestins qui ont saisi cette occasion pour imposer une nouvelle fois leur diktat avec des tarifs dépassant de deux, voire de trois fois, ceux habituellement pratiqués. D’autres institutions ont fonctionné à demi-régime, comme c’est le cas des bureaux de poste situés sur les grandes artères, et par conséquent très exposés aux risques, et qui n’ont ouvert leurs portes que durant les premières heures de la matinée avant de les refermer. Ainsi, plusieurs usagers n’ont pu effectuer des retraits d’argent. En outre, la distribution du courrier a été fortement perturbée. De plus, pratiquement tous les établissements banquiers du centre-ville étaient fermés.

Dans le secteur commercial, même si aucun signe de pénurie n’a été observé jusque-là, les commerçants se sont montrés inquiets si ces violences venaient à perdurer, dans le sens où le programme d’approvisionnement serait grandement chamboulé comme c’est le cas de la farine panifiable livrée à raison d’une fois par semaine aux boulangers. Aux halles centrales, la panique qui a suivi les premiers actes de violence a fait fuir plusieurs livreurs de fruits et légumes venus des wilayas avoisinantes. Hier, l’activité était à son plus bas niveau et on était très loin de l’effervescence qui caractérise habituellement cette structure où se mêlaient livreurs et marchands. Quant au commerce de gros de produits alimentaires, les grossistes ont clos leurs magasins à partir de 11 h, comme c’est le cas de ceux de Maraval. Néanmoins, le seul produit qui a fait défaut dans plusieurs quartiers au second jour des violences, a été le lait en sachet. Renseignement pris, les unités de transformation, situées généralement à la périphérie de la ville, ont produit les quantités habituelles, mais ce sont les distributeurs-livreurs qui n’ont pu sillonner la ville de peur de se voir agressés.

Par ailleurs, il est à signaler que les comités de quartiers et certaines associations ont décidé de mettre sur pied des comités de vigilance pour faire face aux casseurs.

Le centre-ville sous haute tension

Après un mardi long et usant, Oran se réveille avec la nausée des émeutes enregistrées la veille. Même si un relatif calme est revenu dans plusieurs quartiers de la ville, l’intensité des confrontations a connu, hier, une montée en puissance au centre-ville où l’on a assisté à une véritable bataille de rues entre forces de l’ordre et jeunes du quartier de St-Pierre et de la rue de la Bastille.

Une ultime bataille, semblait-on espérer, du côté des commerçants de la rue Larbi Ben M’hidi, une des principales artères de la ville qui, depuis le déclenchement des évènements dans la soirée de lundi, n’avaient pas d’autre choix que de baisser rideaux de peur d’être les proies des casseurs et autres pilleurs que rien ne semblaient dissuader. A la tombée de la nuit, plusieurs magasins, notamment des marques très connues telles que Lotto, Nike et Nokia, ont, en effet, dû payer le prix fort lors de ces regrettables incidents. Des incidents qui, faut-il le souligner, ont plongé l’ensemble de la population oranaise dans un climat d’angoisse et de peur. Dès 10h30, hier, un vent de panique souffla brutalement sur le centre-ville et les quartiers avoisinants. En un clin d’oeil, le son strident des rideaux qu’on baissait à la hâte résonna comme un signal annonçant un danger imminent. La circulation automobile s’accélère, les cafés se vident et le décor d’une nouvelle journée d’émeutes est désormais planté. La rue Larbi Ben M’hidi est subitement investie par des centaines de jeunes. Les hostilités mettront cependant du temps pour être déclarées. Ce n’est qu’en début d’après-midi que l’on assiste véritablement à la confrontation avec une énergique réaction de la part des brigades anti-émeutes appuyées par des policiers en civil.

Vers 15h, les policiers décident de passer à l’offensive contre les agissements et les provocations des centaines de jeunes dont plusieurs semblaient préparés au pire, à voir les cagoules qu’ils portaient et les mouchoirs aspergés de vinaigre dont ils étaient munis pour neutraliser l’effet du gaz lacrymogène. L’incursion des policiers, au coeur même du quartier de St-pierre, pour affronter avec leurs armes et selon leurs règles les assaillants, s’imposait. Acculés, les émeutiers ont battu en retraite. Plusieurs arrestations sont effectuées. Il s’agit principalement de jeunes adolescents. Un calme relatif regagne le périmètre. Un calme trompeur, puisqu’il a suffi que les véhicules de police se déplacent de quelques dizaines de mètres pour se positionner à hauteur de la Place des Victoires, pour que des dizaines de jeunes réinvestissent, petit à petit, leurs positions initiales à proximité de la salle de cinéma Murdjajou. Le « jeu » continua ainsi jusqu’à ce qu’une nouvelle alerte soit donnée, cette fois-ci au quartier mitoyen de Plateau, au niveau du boulevard Zirout Youcef.

A noter qu’avant-hier soir, aux environs de 22h, des centaines de jeunes avaient manifesté pacifiquement leur joie, suite à des bruits ayant fait état d’une prétendue « décision de la part des instances du football algérien à prévoir, pour l’année prochaine, un championnat national avec 22 équipes ». La nouvelle, synonyme d’un miraculeux maintien du club phare d’Oran, s’est avérée par la suite n’être qu’une plaisanterie de très mauvais goût qui n’a pas manqué de susciter encore plus de déception.

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Emeutes : Oran en état de siège

29 mai 2008

Au troisième jour de l’émeute, Oran est une ville fermée. Hier mercredi 28 mai 2008, alors que tout semblait calme et rentrer dans l’ordre, même si rares sont les commerces qui avaient ouvert, les Oranais vaquaient à leurs occupations tout en évoquant les événements de la veille, quand soudainement, vers 10h30, un mouvement de panique s’est de nouveau emparé de la ville.

La tension persiste donc. Après un tour en ville, nous constatons que les «lanceurs» de pierres sont revenus à la charge dans plusieurs quartiers et les brigades antiémeutes leur bloquaient le passage pour tenter de les canaliser et éviter leur dispersion comme ce fut le cas les deux premiers jours des émeutes. C’est le cas de la place d’Armes, de Saint- Pierre, où des jeunes dissimulaient des bouteilles de vinaigre, ce qui n’augurait de rien de bien rassurant. Les banques publiques étaient toutes fermées ainsi que les institutions de l’Etat ; toutes craignaient d’être la cible des casseurs qui en voulaient aux symboles de l’Etat. Au deuxième jour de l’émeute, la rue oranaise a vécu des moments d’une rare violence qui est montée d’un cran vers 18h notamment au niveau du centre-ville, à la rue Larbi-Ben M’hidi, qui faut-il le signaler avait subi il y a quelques jours le retrait par les autorités locales des fils électriques pour on ne sait quelle raison, dès lors la rue était plongée dans le noir, un noir qui a surtout profité aux émeutiers rendant difficile l’intervention des services de sécurité. Cette rue qui donne sur plusieurs chauds quartiers tels que Cavaignac et Saint- Pierre a connu une certaine forme de «solidarité des clans» entre les jeunes de ces quartiers qui d’ordinaire sont des bandes rivales. Alors que l’annonce faite au JT du 20h de mardi d’un éventuel «championnat à blanc permettant au MCO d’être maintenu en première division devait calmer les esprits, la nuit a profité aux pilleurs qui, constatant le retrait partiel de la police, se sont mis à piller les commerces du centre-ville ainsi que ceux de Choupot, une artère très commerçante.

Les caids de la rue

Dans la soirée de mardi, deuxième jour des émeutes, les scènes auxquelles les citoyens ont assisté, impuissants, face à la colère et au déchaînement d’une rare violence, sont sans précédent. Des feux allumés, des pneus brûlés, des cabines téléphoniques arrachées, des jets de toutes sortes de projectiles… les émeutiers étaient, et pour un bon moment, «les caïds» de la rue. Ce n’est qu’aux environs de 19h30 qu’un renfort important des forces de sécurité est intervenu pour rétablir l’ordre. Ce ne fut pas une mince affaire puisqu’elles devaient leur courir après dans tous les sens et devaient parfois défoncer les portes des immeubles où certains émeutiers s’étaient réfugiés. Après l’annonce au 20h de l’ENTV, d’un éventuel championnat à blanc et de l’ouverture d’une enquête sur la gestion des finances du club, les manifestations ont repris de plus belle. Les Hamraoua ont investi de nouveau la rue… La donne semblait pour un bref instant changée et force de l’ordre et émeutiers avaient cessé de s’affronter et les jeunes scandaient des slogans de victoire arrachée, estimaient- ils, grâce à leur révolte : «vive MCO à nous la reconquête de la première division, vive El Hamraoua…». A 21h, le calme semblait revenu, seule la désolation et les grandes pertes financières et morales sont restées ancrées dans les esprits. Malheureusement, il ne s’agissait que d’un leurre car quelques minutes plus tard (21h15), on remarque un mouvement suspect de bandes de jeunes munis de barres de fer et de barricades et qui semblaient décidés à aller jusqu’au bout d’une révolte peu commune. La nuit promettait d’être assez mouvementée, et les pillages faisaient sûrement partie de leur plan. La plupart des propriétaires des commerces ont amené leurs propres vigiles pour veiller sur leurs biens, certains ont même préféré y passer la nuit, car les rôdeurs en moto n’auguraient rien de rassurant. Il était clair qu’ils guettaient les commerces au grillage fragile et s’informaient sur le type de marchandises s’y trouvant. D’autres commerçants ont tout simplement vidé leurs magasins jusque tard dans la nuit. L’information s’est vite confirmée puisque l’on saura vers 22h que plusieurs quartiers connus pour leurs magasins de prêt-à-porter ont été pillés notamment à la rue Larbi Ben M’hidi, Khemisti ou encore l’avenue Choupot où les citoyens étaient impuissants face à ces scènes de vandalisme. Leurs appels incessants à la police n’ont pas empêché les pilleurs d’agir. Vers 23h, la lourde tâche est revenue aux éboueurs qui s’affairaient à nettoyer les rues du mieux qu’ils pouvaient car ce n’était pas si évident d’y parvenir tant les dégâts, les détritus et autres débris de la casse étaient éparpillés partout.

Chaos

Au lendemain des affrontements d’hier, Oran s’est réveillée dans un piteux état. Alors que les citoyens pensaient que les choses étaient rentrées dans l’ordre, dans la matinée, la rumeur d’une nouvelle émeute sans précédent circulait et la rue a de nouveau été désertée et les commerces fermés. Les ménages ont eu du mal à s’approvisionner et un vendeur de viande nous confie «les habitants ont fait de grandes provisions comme si une guerre allait éclater !». Une ménagère nous interpelle pour nous dire qu’«au lieu de piller, qu’ils parlent de la cherté de la vie nous n’en pouvons plus !» une autre nous dira que «les boulangeries sont toutes fermées, on dit qu’il n’ y a plus de farine mais que se passe-t-il, Oran est livrée à un triste sort !». Une remarque qui a été faite par plusieurs citoyens qui estimaient que la présence policière n’était pas aussi importante face à l’insécurité et à l’anarchie qui profitaient aux émeutiers. «Pourquoi n’ont-ils toujours pas fait appel à des renforts plus importants ? Qu’est-ce qu’ils attendent ? On ne se sent pas en sécurité !» A midi, une ambiance très tendue était perceptible et les affrontements ont repris entre les forces de l’ordre et les émeutiers, qui étaient de plus en plus nombreux au niveau du quartier de Saint-Pierre et de la rue d’Arzew (rue Ben- M’hidi) où des renforts importants de police ont commencé à affluer au niveau de ces quartiers et se sont déployés dans les ruelles pourchassant les émeutiers et effectuant des arrestations. D’épais nuages de bombes lacrymogènes obscurcirent le ciel et seul le recours au vinaigre, pouvait apaiser l’effet de ce gaz. Jusqu’aux environs de 16h, le déploiement des services de sécurité était maintenu et les émeutiers tentaient de revenir à la charge avec des jets de pierres et des insultes. La tension a atteint un degré de non-retour qui fait craindre le pire. Des renforts de police quadrillent le centre-ville

Vers 17h, le redéploiement des forces de sécurité et les multiples arrestations commençaient à restaurer le calme même si certains tentaient toujours de revenir à la charge. La situation n’était pas totalement maîtrisée puisqu’à chaque fois que les forces de sécurité quittaient les lieux, les émeutiers se regroupaient de nouveau et allumaient le feu tout en lançant des projectiles. Ainsi, la police est resté en position au niveau des quartiers chauds pour empêcher le retour de la violence. Ailleurs, nous apprenons que le calme est revenu même si des attroupements étaient toujours signalés. Au niveau du commissariat central, un autre attroupement a été signalé, mais il s’agissait des familles des jeunes arrêtés, venues s’enquérir du sort réservé à leurs enfants, mais leurs tentatives se sont avérées vaines. Concernant le nombre des arrestations, aucune information ne nous a été communiquée même si de toute évidence, le nombre a dû augmenter en ce troisième jour d’émeute. Vers 17h30, même si une certaine accalmie s’était installée depuis l’arrivée des renforts, les commerçants n’ont pas voulu prendre le risque de rouvrir leurs magasins, une attitude qui sera, nous diton, maintenue jusqu’à samedi quand la situation sera plus calme et surtout plus stable. Toutefois, les Oranais espèrent que le marché des fruits et légumes ainsi que les boulangeries seront ouvertes, faute de quoi, ils auront du mal à s’approvisionner. Tous souhaitent le retour au calme et l’apaisement.

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Au 3e jour d’émeutes : Oran, en proie au pillage

Liberté-algérie

29 mai 2008

Hier matin, les Oranais se sont réveillés abasourdis et choqués par ce qu’ils avaient vécu la veille durant toute la journée.

Une ville balayée par des vagues de centaines de manifestants, dépassant de très loin le cadre des fervents supporters du Mouloudia, et se ruant sur les principales artères du centre-ville, hurlant leurs slogans qui avaient des allures de cris de guerre : “Hamraoua ! Hamraoua ! etc.”

Les traces des affrontements et de la casse de la veille étaient visibles en plusieurs endroits et dans plusieurs quartiers. En dépit des craintes et des rumeurs, les Oranais sont tout de même sortis pour vaquer à leurs occupations et se rendre sur leurs lieux de travail, aidés en cela par les transports en commun qui avaient repris du service. Les commerces, également, se sont décidés à rouvrir leurs devantures. Mais la tension était vive et l’inquiétude perceptible, d’ailleurs très rapidement vers les 9h30 du matin, venant simultanément de plusieurs quartiers, un mouvement de panique se propage et, telle une déferlante, se met en mouvement. “Ils recommencent ! Ils descendent à la rue Larbi-Ben-M’hidi. Il ne faut pas rester !” lâchent des hommes à l’attention des citoyens qui attendent les bus ou ceux qui effectuaient leurs courses. Presque aussitôt, les bus, les taxis et les véhicules des particuliers disparaissent de la circulation, les gens se précipitent pour s’éloigner des endroits les plus chauds. Beaucoup étaient sortis hier matin pour se ravitailler en produits de base, comme s’ils avaient à tenir un siège de plusieurs jours. C’est dire le climat grave dans lequel a été plongé la ville d’Oran depuis trois jours. À la place Valéro, prises de panique, des femmes chargées de sacs à provisions, se tournent vers des éléments des forces antiémeutes positionnées à cet endroit stratégique, faisant face au quartier Derb, comme pour rechercher un signe de leur part qui les rassurerait. Les commerçants eux aussi se précipitent pour abaisser leurs rideaux, dans les cafés, les serveurs demandent aux clients de partir au plus vite.

En moins d’une heure, le centre-ville prend les allures d’une ville morte, tout est fermé, les renforts des brigades antiémeutes apparaissent et se positionnent au niveau de plusieurs carrefours et rues donnant accès aux quartiers populaires d’où viennent les manifestants : El-Hamri, Victor-Hugo, St-Pierre.

De la place des Victoires, surplomblée par le quartier St-Pierre où les violences ont été les plus grandes, l’on aperçoit des centaines de jeunes dont certains encagoulés en train de jeter des pierres. Des pneus et autres matériaux sont jetés sur la chaussée et incendiés. Des commerçants viennent en toute hâte renforcer par les chaînes leurs rideaux de protection. Il faut dire que depuis 48 heures, les pillages en règle de magasins de prêt-à-porter de luxe, des débits de boissons, des buralistes et autres boutiques spécialisées dans le matériel informatique sont signalés un peu partout. “Aujourd’hui, ce n’est plus une affaire du Mouloudia relégué, mais ce sont des voyous, des délinquants qui ont sauté sur l’occasion pour tout casser !” réagit un vieil homme. Des jeunes, qui passivement, observent de loin et surenchérissent : “El-Hadj, c’est la misère, y a plus rien dans ce pays tout est corrompu. C’est normal ?” La discussion se poursuit avec d’autres réactions çà et là. “Ce qui s’est passé avec la relégation du Mouloudia, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Dans les quartiers populaires, les jeunes ne vivent que pour le Mouloudia, ils s’identifient au club parce qu’il n’y a rien et le stade leur permet de se défouler et de s’exprimer. ailleurs, ils n’ont rien, tout est fermé devant eux”. Durant toute la matinée, les forces de sécurité se sont efforcées de contenir les manifestants au niveau de plusieurs quartiers, d’où s’organisent les émeutiers alors que l’ensemble de la ville d’Oran est totalement paralysée.

En rang serré, frappant de leurs matraques sur leurs boucliers, les agents des brigades antiémeutes chargent les émeutiers et les poursuivent dans les ruelles, les tirs de bombe lacrymogène se multiplient empestant toute l’atmosphère. Plusieurs arrestations extrêmement musclées se produisent faisant même réagir des gens, qui sur le balcon, suivent les évènements.

Cette chasse aux émeutiers se poursuivra durant plusieurs heures et en plusieurs endroits, avec à chaque fois des départs, ailleurs des groupes de jeunes prêts à tout, qui caillassent les policiers et leurs véhicules.

À peine disparaissent-ils d’une rue qu’ils ressortent plus loin toujours aussi décidés à affronter les forces de l’ordre. À l’heure où nous écrivions ces lignes, les affrontements se poursuivaient toujours avec, nous dit-on, de nombreux blessés de part et d’autre.

C’est l’image d’une ville presque dans le chaos qui nous apparaît, alors qu’à son autre bout, les familles des émeutiers attendent toujours massées devant le siège de la sûreté de wilaya sous haute surveillance.

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Au deuxième jour des émeutes d’Oran : 140 policiers blessés et 157 arrestations opérées

29 Mai 2008

La ville d’Oran vit toujours au rythme continu de la violence et des heurts.

Le climat est toujours tendu. Les émeutiers ne semblent pas près de décolérer. Les affrontements gagnent davantage de terrain notamment au centre ville. Sur tous les plans, les bilans s’alourdissent.

Ainsi, au deuxième jour de ce qui est désormais appelé «les événements d’Oran», près de 160 arrestations ont été opérées dont la plupart des personnes arrêtées sont des mineurs. Par ailleurs il convient de noter que lors des affrontements avec les émeutiers, les agents des services d’ordre ont eu à déplorer de nombreux blessés parmi les leurs dont la liste continue de s’allonger.

Selon le dernier bilan, l’on a recensé près de 140 agents d’ordre blessés tandis que plus de 150 véhicules ont été, soit partiellement endommagés soit totalement calcinés.

Les bilans tendent à s’alourdir. Alors que les affrontements se poursuivaient, plus de deux cents personnes, en majorité des femmes, se sont rassemblées, hier, devant le siège du commissariat central de la sûreté de wilaya. Une action qui a été entamée par les familles des émeutiers arrêtés pour demander leur libération.

Les policiers du commissariat ont, peu après, dispersé la foule qui avait tendance à grossir. L’éventualité d’un dérapage était perceptible. D’autant plus que des familles ont commencé à former un bouclier humain et à barricader la route près du commissariat central d’Oran. Les heurts se poursuivent sporadiquement dans les quartiers de la ville, notamment au centre ville, El Hamri, Saint Pierre, Mediouni, les Castors…Tout accès aux rues Larbi Ben M’hidi, Mohamed Khemisti et celle des Aurès (Ex la Bastille) étaient difficiles dès les premières heures de la matinée d’hier. Au niveau des Arcades près de la place des Victoires (centre ville), plusieurs scènes de heurts entre émeutiers et forces de l’ordre ont été enregistrées hier matin.
Les insurgés s’en sont pris aux abribus et mobiphones. Les policiers pointés sur place ont usé des bombes lacrymogènes pour disperser la foule et plusieurs émeutiers ont été interpellés.

La colère des Hamraouas tend à prendre d’autres tournures. Ainsi, selon des témoins oculaires, plusieurs encagoulés auraient été aperçus pendant la nuit de mardi à mercredi aux HLM (pas loin de Gambetta). Ceci dit, les scènes de pillage ont continué hier.

Ainsi la devanture de la Cnep d’Es Seddikia a été partiellement incendiée durant la même nuit et un véhicule poids léger a été complètement calciné dans l’enceinte même de la bâtisse. Toute activité commerciale était interrompue tandis que les bus et taxis ont déserté le centre ville et le retour au calme n’est pas perceptible. Aux dernières nouvelles, les élus locaux se sont réunis à l’hôtel de ville avec comme résolution la gestion des affaires courantes.

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Un calme précaire

29 mai

Un semblant de calme semblait être revenu à Oran, puisque la violence a repris de plus belle dans la matinée d’hier dans les environs de 10 heures, au niveau du centre-ville, au quartier Saint-Pierre plus exactement.

En effet, à hauteur du la place de Victoire, des échauffourées ont été signalées entre les forces de l’ordre et les manifestants, composés pour l’essentiel de centaines de jeunes. Ces derniers, poursuivant leur procession, ont débordé sur la Rue Larbi-Ben-M’hidi (ex-rue d’Arzew), où ils ont saccagé tout sur leur passage, notamment au niveau des arcades, claveaux des commerçants. Ces derniers ainsi que des automobilistes ont été pris de panique, les uns ont baisser rideau et les autres ont rebrousser chemin pour mettre leurs véhicules à l’abris des saccageurs. Une situation qui a fait d’Oran une ville morte dès la matinée d’hier. Les transports publics étaient également absents toutes la matinée, dans plusieurs quartiers de la ville, notamment les quartiers qui ont connu des actes de violences, tel que El-Hamri, Le Plateau Saint-Michel, Victor-Hugo, Ed-Derb, Es-Séddikia… Hier toujours, la situation s’est également envenimée au Plateau St Michel où des affrontement se sont produits entre les forces de l’ordre et les jeunes manifestants. Les familles des personnes arrêtées se sont regroupées, hier matin, devant le siège de la sûreté de wilaya pour dénoncer les conditions de détention de leurs proches, avant d’être disperser dans le calme. Selon les familles rencontrées sur place, «les personnes arrêtées sont toutes des mineurs et les condition de leur détention sont jugées dégradantes puisqu’elles sont entassées en nombre dans des cellules exigus».

Selon des sources bien informées, l’on enregistre globalement depuis le début des émeutes, lundi dernier, des dizaines de blessés parmi les forces de l’ordre et 157 arrestations. Des dégâts matériels importants occasionnés la veille dans la soirée, ont été signalés à Es-Séddikia (Gambetta), où une partie de la façade du siège de la CNEP-banque a été brûlée et un véhicule calciné. La vielle, tard dans la soirée, des centaines de jeunes affluaient de tous les quartiers de la ville, comme pour suivre un mot d’ordre, vers la siège de la sûreté de wilaya pour y tenir un rassemblement. Heureusement que la raison a prévalu de part et d’autre, service sécuritaire et manifestants, et le pire a été évité de justesse puisque les manifestants ont rebroussé chemin dans le calme. Le bruit circulait que le MCO ne serait pas reléguée puisque le président du club a introduit un recours au sujets d’un joueur, dont on ne cite pas le nom. Pour rappel, c’est la relégation du club phare d’El-Hamri après son match nul contre l’ASO, qui était à l’origine de ces émeutes. Des affrontements parfois très violents ont éclaté dans presque l’ensemble des quartiers de la ville où un CEM a été incendié à Saint-Eugène. Une cellule de veille a été mise en place par l’APC d’Oran pour parer à toutes éventualités et assurer le service minimum au niveau des annexes administratives, surtout après la destruction de celle d’EL-Hamri. Hier encore dans l’après midi, les affrontements entre forces de l’ordre et manifestants se poursuivaient au niveau du centre-ville et quartiers périphériques. Comme au début des émeutes, les forces de l’ordre se sont déployées pour quadriller la ville où des chasses neige et véhicules anti-émeutes ont été éparpillés dans les zones de tension. A la sortie est d’Oran, sur la RN11, des gendarmes ont été déployés pour sécuriser cette route nationale menant à Alger. Il est à noter que des jeunes ont investi des quartiers à l’est de la ville, avant-hier tard dans la soirée. Ils s’agit de pilleurs et de saccageurs qui ont été empêché, par les riverains, de perpétrer leurs actes, dire que la situation reste tendue et le risque de débordement, dans la soirée, inquiète les habitants de Hai Sabbah et autres.

B. Farah

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Oran dans l’incertitude

29 mai 2008

Alors que le calme est revenu dans la majorité des quartiers de la ville, une poche d’émeutiers du quartier Yaghmoracen (ex-Saint Pierre) a tenu en haleine la population et les services d’ordre.

Hier matin, la vie reprenait son cours normal avec les bus en circulation, les magasins qui ouvraient et le service de nettoiement qui commençait à enlever les débris de verre et les pierres. Mais vers 10h30, les émeutes ont repris dans cette partie de la ville délimitée par la rue d’Arzew, une des artères principales. Aux premiers incidents, l’information, enflée par la rumeur, a fait le tour des quartiers avoisinants et rebelote. Les commerces ont baissé rideau, le transport était presque paralysé et la ville s’est vidée. Dans ce quartier réputé difficile, des échanges de tirs lacrymogènes et de jets de pierres n’ont pas cessé pendant une bonne partie de la journée. Les assaillants se rassemblent dans la rue parallèle Cheriet Ali Cherif (ex-Cavaignac) et tentent des incursions par les ruelles adjacentes. Les renforts sont arrivés vers 14h et ce n’est qu’à partir de là que les émeutiers de Saint Pierre ont pu être dispersés. Un calme relatif est revenu. Un dispositif de sécurité a été dressé tout au long de cette grande artère qui traverse le centre-ville d’est en ouest. Déjà dans la matinée, les arrêts de bus saccagés, les enseignes et les lampadaires qui pendent, certaines vitrines défoncées étaient l’image qu’offrait ce lieu d’affrontement. Globalement, pour les deux jours d’émeutes, en même temps que 140 agents de l’ordre blessés, le chiffre de 157 arrestations d’émeutiers en majorité des mineurs a été avancé dans la journée, mais il a dû être revu à la hausse, car plusieurs arrestations ont été effectuées entre temps dans cette partie de la ville, y compris dans l’après-midi. Aucune estimation des dégâts n’a été en revanche communiquée. Devant le siège de la sûreté de wilaya, des mères de famille se sont rassemblées hier au deuxième jour consécutif pour demander des nouvelles de leurs enfants (en général des mineurs) arrêtés depuis le début des événements. On estime à une centaine de personnes rassemblées ici dans l’espoir d’avoir des nouvelles de leurs enfants qui ne sont pas rentrés. Les émeutes ayant coïncidé avec le jour de l’examen de fin de cycle primaire, ce sont officiellement 468 élèves qui n’ont pas pu passer leur examen, les centres d’examen étant, en plus, situés loin de leur lieu de résidence, parfois dans des quartiers chauds comme El Hamri. Les élèves d’un centre situé à la rue Chakib Arslane, pas loin des Halles centrales où on a enregistré des incidents, n’ont été libérés que tard dans la journée de mardi. Ailleurs, la CNEP Banque du quartier Es Seddikia où ont également eu lieu des échauffourées avec la police a subi des dégâts importants. Une troisième voiture a été également entièrement calcinée dans la mêlée. A propos de voitures, les stations-service de la ville étant restées hors service à cause des risques encourus dans ce genre de situation, les automobilistes ont dû se rabattre sur les stations des localités voisines comme Es Senia où on n’a signalé aucun incident. Pourtant, alors que les actes de vandalisme se sont généralisés mardi à plusieurs quartiers, les incidents ont touché plusieurs quartiers périphériques épargnés jusque-là, comme Sidi El Bachir, à la sortie est de la ville d’Oran. Sans doute par mimétisme, les images renvoyées par les émeutes d’autres horizons, certains jeunes, dans le feu de l’action (jets de pierres), se cachent le visage pour ne pas être reconnus. C’est cette image qui a sans doute été apparentée à la bande des encagoulés qui a, à plusieurs reprises, sévi à Oran. Des bandes de jeunes, livrées à elles-mêmes, ont sillonné en début de soirée de mardi plusieurs quartiers dans des cités lointaines implantées vers l’est. Dans certains endroits, selon des témoignages, ce sont les résidents eux-mêmes qui ont dû se rassembler pour dissuader les intrus de pénétrer dans les parkings en plein air. Un témoin affirme que même à Arzew, mardi vers 21h, des bandes de jeunes des cités ont voulu atteindre le centre-ville. Selon les mêmes témoignages, un quadrillage sécuritaire a été mis en place et aucun incident n’a été signalé. La désagrégation de la vie politique explique en partie le côté absurde de ces émeutes d’Oran qui ne sont liées à aucun slogan ou revendication. Les représentants des partis politiques sont restés aussi perplexes que le reste des citoyens qui, dans plusieurs endroits, passés les moments de panique, regardent de loin, les bras croisés, les affrontements comme un spectacle de rue.

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Pillages et saccages à la suite de la relégation du MCO : La colère des jeunes d’Oran

28 mai

Les échauffourées se poursuivaient hier de manière sporadique entre les forces de l’ordre et les jeunes mécontents suite à la relégation du MCO. Les enfants d’un centre d’examen situé à la rue Chakib Arslane ont été pris en otage, cette partie de la ville étant encore sous tension.

Oran. De notre bureau

Dans les endroits plus calmes, les parents inquiets attendaient avec impatience leurs enfants. Plusieurs quartiers sont complètements bouclés comme Eckmühl, un autre quartier populaire où les manifestants ont voulu s’en prendre à une agence bancaire et à un centre commercial. Des scènes de pillage ont été constatées même au centre-ville. Du côté du café Nadjah, après quelques échanges de jets de pierres et de bombes lacrymogènes entre une bande de jeunes qui essayait de rejoindre le centre-ville et les forces de l’ordre, le quartier s’est presque vidé laissant place à des scènes de pillage. Des cartons de produits alimentaires circulaient entre les mains de jeunes et moins jeunes. Situé pas loin d’El Hamri, le quartier Medioni, entièrement bouclé, a également vécu des scènes de violence. Située en contrebas du quartier Yaghmoracen (ex-Saint Pierre), la rue d’Arzew a été bouclée sur toute sa longueur durant une bonne partie de la journée. Un groupe a même pris position à hauteur du boulevard Tripoli avec des sacs remplis de pierres. Mais cette partie de la ville a vécu une tension, y compris la veille, jusqu’à une heure tardive. Les troubles ont repris avec violence dès la matinée à travers les quartiers populaires et les principales places publiques du centre-ville malgré le quadrillage et l’important dispositif mis en place par les services de sécurité depuis la veille, qui ont dû user de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants, des dégâts importants ont été enregistrés au niveau de plusieurs édifices publics ou privés, les équipements de la téléphonie, de la signalisation routière ainsi que les placards publicitaires ont été arrachés ou incendiés. C’est ainsi que la succursale de la banque AGB (Algerian Gulf Bank), sise à Delmonte sur l’avenue de Sidi Chahmi, a été saccagée. Le mobilier et les équipements informatiques ont été emportés par les manifestants. Le dépôt de la SN. SEMPAC de Médioni sur le boulevard des Martyrs a été entièrement dévasté, ont indiqué les gestionnaires qui déblayaient les détritus laissés la veille par les manifestants. La veille, au début des émeutes, le quartier Yaghmoracen, l’un des plus grands quartiers populaires, a été bouclé par la police à hauteur de la place des Victoires où, au départ, seules quelques bombes lacrymogènes ont été tirées par la police pour disperser les manifestants qui ont à plusieurs reprises tenté, en vain, des incursions vers les artères principales comme la rue d’Arzew ou la rue Khemisti. Les quartiers d’El Hamri et du Plateau qui ont également enregistré des affrontements avec les services d’ordre ont été bouclés en prévision des débordements. Un dispositif policier a été déployé dans plusieurs zones stratégiques comme les consulats où quelques édifices publics. La grande poste a été prise pour cible mais sans gravité. La circulation a connu une grande perturbation et les bus ont dû se frayer des itinéraires inhabituels à un moment de grande affluence. Quelque temps après, la ville était presque vide. Hier encore, les transports en commun qui ont repris du service en début de matinée ont dû déchanter. A l’heure où nous mettons sous presse, un calme relatif est revenu. Quelques rares commerces ont même rouvert, comme les cybercafés qui travaillent à porte fermée par mesure de sécurité.

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Nouveaux affrontements à Oran entre jeunes et policiers

Contre-feu.com

28 mai 2008

ALGER (Reuters) - Les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes mercredi à Oran, dans l’ouest de l’Algérie, au troisième jour d’affrontements avec des jeunes manifestants furieux de la relégation du club de football local en deuxième division, ont rapporté des témoins.

Il s’agit des violences les plus graves dans la deuxième ville d’Algérie depuis plusieurs années.

Des dizaines de jeunes ont saccagé des magasins et incendié des tas d’ordures dans le centre-ville.

La relégation du Mouloudia Oran a mis le feu aux poudres mais plusieurs commentateurs estiment que la colère des manifestants est largement alimentée par des causes sociales plus profondes comme le chômage et les difficultés de logement.

Le taux de chômage est de plus de 70% parmi les Algériens de moins de 30 ans.
Lundi et mardi, les manifestants avaient attaqué des agences bancaires et des magasins. Les affrontements avaient fait une centaine de blessés.

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Les émeutes et les violences se multiplient en Algérie sans que cela suscite un débat public pour la recherche de solutions.

mercredi 28 mai 2008.

Le silence des intellectuels face aux soubresauts, aux émeutes en Algérie et aux expressions violentes sporadiques de la société est un phénomène particulièrement étonnant. N’ont-ils rien à dire nos clercs, dont le silence prend une épaisseur abyssale ? Face à des manifestations brutales et apolitiques, l’opinion est en mal d’explications et de propositions. Cette absence des intellectuels est particulièrement ressentie dans un contexte où les politiques sont confinés à la pure représentation, alors que ceux qui ne figurent pas au rôle officiel se murent dans une distante réserve. La situation est en effet difficile à déchiffrer et les perspectives encore plus difficiles à définir. Que faire, que penser face à des explosions subites et violentes dénuées, en apparence, de toute dimension politique et qui posent pourtant d’évidentes questions de cette nature ? Il est clair que le mode d’exercice du pouvoir et les formes de représentation font partie de l’énoncé du problème. Encore faudrait-il que des voix se fassent entendre pour en démonter les mécanismes et exposer les alternatives. (Une Opinion ? Connectez-vous sur le forum algerie-dz.com pour commenter l’article : http://www.algerie-dz.com/forums)

Sommes-nous condamnés à ces moyens de contestation ? Depuis plusieurs années, l’émeute est la règle en Algérie : les manifestations de désespoir, d’anarchie, de destructions gratuites, de vol provoquent la peur. La seule réponse apportée est le durcissement des mesures de maintien de l’ordre et l’établissement d’un climat caractérisé par la méfiance vis-à-vis des jeunes et des manifestations populaires. Il est essentiel pour la résolution des crises en Algérie, pour l’éclairage de tous que l’intelligentsia nationale s’exprime dans la diversité des opinions et des points de vue pour que tous nous puissions discerner les options et débattre en toute conscience des alternatives possibles à l’émeute. La violence spontanée qui occupe de manière récurrente les rues de nos villes et de nos villages apparaît comme un phénomène purement algérien. En effet, nul autre pays, quel que soit le régime politique, ne semble vivre la fréquence et l’intensité de ces bouffées de destructions gratuites. Et pourtant, peu de contributions sérieuses de nos chercheurs, analystes ou universitaires viennent tenter d’éclairer nos lanternes désemparées. Nos intellectuels ne seraient-ils plus que des consultants ?


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Émeutes et contestations sociales


28 mai 2008
Ces émeutes, qui exprimaient au départ la colère de jeunes oranais suite à la relégation en deuxième division de l’équipe de football du Mouloudia club d’Oran (MCO), ont vite pris une tournure de revendications sociales sur fond de chômage et de misère. “La relégation du MCO a été le détonateur de l’explosion d’une colère nourrie par le chômage, la misère et la mal vie”, écrit à la Une le quotidien El Watan qui fait état de la mise à sac et du pillage des biens de l’Etat et de particuliers dans différents quartiers de la capitale de l’Ouest algérien.

Des affrontements ont opposé des centaines de jeunes en colère aux forces de l’ordre, qui sont intervenues pour ramener le calme.

Les commerçants ont baissé le rideau et les transports publics ont été désertés de peur que la situation ne s’aggrave, car ce qui s’est produit a dépassé les prévisions les plus pessimistes avec le saccage de banques, de cabines téléphoniques et d’autres édifices publiques, déplore pour sa part le quotidien Liberté, qui fait état de pneus brûlés en guise de barricades et de pierres comme projectiles.

La plupart des quartiers d’Oran ont connu des scènes de violences au cours des deux derniers jours notamment la place d’armes, le boulevard Maâta, les avenues des Martyrs, Colonel Benabderrezak, St Eugène et Victor Hugo ainsi qu’à la cité Lescure. Cette dernière a subi de gros dommages matériels, souligne-t-on de même source. Le Mouloudia d’Oran évoluera la saison prochaine en deuxième division, un sort qu’il n’a jamais connu en 40 ans d’existence. Par ailleurs, le Front des forces socialistes (FFS-opposition), a dénoncé, mardi, l’arrestation de Ouled Daoud Ahmed, chef de la représentation du parti à Berriane, dans la wilaya de Guerdaia (635 au sud d’Alger), qui a été appréhendé à son domicile par les services de sécurité, indique un communiqué du parti, dont copie est parvenue à MAP-Alger. Le FFS estime que cette nouvelle campagne qui cible ses militants, vise à cacher “l’absence” de volonté des autorités et leur incapacité à trouver des solutions aux problème des citoyens. Le parti dénonce cette stratégie de prise en étau de la population entre “la répression” et la peur d’un côté et le chantage au chaos de l’autre côté, souligne-t-on de même source.

Dressant le constat de la situation prévalant aujourd’hui en Algérie, le FFS relève que les manifestations pacifiques dans les quatre coins du pays pour réclamer de l’emploi, le logement, la sécurité ou pour protester contre “l’iniquité” des représentants de l’administration, sont systématiquement traitées de manière à transformer une expression citoyenne en émeute suivie d’une répression féroce et d’arrestations (…), déplore-t-il, tout en regrettant la mise en accusation d’honnêtes citoyens parmi lesquels figurent des militants associatifs, politiques ou syndicaux. De violentes émeutes ont secoué du 16 au 18 mai dernier Berriane, faisant au moins deux morts et d’importants dégâts matériels.

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Emeutes à Oran, deuxième ville d’Algérie, après la relégation d’un club de football
Le Monde
28 mai 2008

Véhicules saccagés, pillages, agences bancaires attaquées, barricades sur la rue principale, population apeurée… Oran, la seconde ville d’Algérie, a connu, lundi 26 et mardi 27 mai, deux jours d’émeutes. C’est l’annonce de la relégation en seconde division de l’équipe locale de football, le Mouloudia d’Oran, qui a servi de détonateur à ces violences. Celles-ci font craindre une éventuelle répétition des émeutes d’octobre 1988, pour la démocratie et le multipartisme, qui avaient été réprimées dans le sang.

Les incidents ont commencé, lundi, dans le quartier populaire d’El-Hamri avant de s’étendre mardi à plusieurs quartiers d’Oran. Des barricades ont été érigées et des pneus brûlés. Les commerces ont fermé tandis que de nombreux habitants tentaient de mettre à l’abri leurs véhicules, dont plus d’une centaine ont été saccagés par les jeunes casseurs.

CENT CINQUANTE ARRESTATIONS

Des informations non confirmées officiellement font état d’un policier tué au cours des affrontements. Les bilans publiés par la presse parlent de 70 policiers blessés et de plus de 150 arrestations parmi les jeunes émeutiers. La semaine dernière, un match opposant deux clubs d’Alger, El-Harrach et Kouba, a donné lieu à des violences et à une mobilisation exceptionnelle des services de sécurité. Le football n’est qu’un prétexte, pour les jeunes Algériens, le plus souvent des quartiers populaires, pour exprimer de manière confuse leur frustration et leur colère.

A défaut d’une vie politique crédible, les émeutes sont devenues une forme d’expression banalisée en Algérie. Ces derniers mois, elles ont pris un tour de plus en plus violent. Les plus graves ont touché la ville de Berriane, près de Ghardaïa, à 900 km au sud d’Alger, où des incidents entre jeunes ont tourné à l’affrontement communautaire entre Arabes et Mozabites, faisant deux morts et des dizaines de blessés.

Ces violences, qui se déclenchent parfois pour des prétextes anodins, traduisent une exaspération grandissante alors que le pays vit dans un état d’hibernation politique prolongé. La campagne lancée il y a quelque mois pour un changement de la Constitution permettant à M. Bouteflika de briguer un troisième mandat présidentiel s’atténue. Selon Le Quotidien d’Oran, “l’intensité dramatique des émeutes” va imposer un “changement radical” dans les prévisions du pouvoir. A en croire ce journal, le ministre de l’intérieur, Yazid Zerhouni, “aurait émis des réserves” à l’idée d’un troisième mandat de M. Bouteflika.

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Émeutes à Oran

La kabylie .com

28 mai 2008

Au lendemain des émeutes qui ont éclaté un peu partout dans la wilaya d’Oran, quelques minutes après le coup de sifflet final confirmant la relégation du MCO en deuxième division, la rue oranaise, plus particulièrement au niveau du centre-ville, s’était brusquement transformée en un champ de bataille, entre supporters invétérés des Hamraoua et les éléments des services de sécurité. Après une nuit agitée et marquée par plusieurs actes de vandalisme, le calme semblait revenir dans la matinée d’hier, mais vers 11h, la panique a regagné la ville car les émeutes venaient de reprendre au quartier général des supporteurs à El- Hamri et commençaient à se propager. De suite, les transports en commun furent interrompus et la circulation complètement chamboulée.

On assistait au centre-ville d’Oran à des scènes de panique, surtout à la vue des voitures qui venaient en sens inverse et les passants de courir car, disaient-ils : «Ils arrivent, ils arrivent, fuyez !». Dès lors, plus personne ne comprenait ce qui se passait réellement. Quelques minutes après, les services de sécurité se sont déployés et Oran s’est vite transformée en ville fantôme. Les émeutes qui ont éclaté, lundi en fin d’après-midi dans la ville d’Oran, suite à la relégation du MCO en deuxième division, se sont poursuivies jusque tard dans la soirée. Plusieurs édifices et autres locaux commerciaux furent saccagés et pillés. Les services de sécurité, notamment les brigades antiémeutes, ont quadrillé la ville en effectuant plusieurs interventions et des arrestations. Les émeutiers n’ont pas hésité à revenir à la charge en ciblant les services de sécurité par des jets de pierres nourris.

Nul ne saurait dire de quel quartier les émeutes sont parties tant la colère et les actes de révolte et de vandalisme se sont déclenchés un peu partout dans la ville d’Oran et au même moment. Les passants ne comprenaient pas les raisons de ces heurts entre jeunes et forces de l’ordre. L’information a vite fait le tour de la ville qu’il s’agissait de supporters du MCO sortis crier leur déception suite à la relégation de leur club pour la première fois en deuxième division. Dès 7h30, la situation a dégénéré surtout dans le fief du club, à El-Hamri, puis à Mediouni, Ekmuhl. Des poteaux électriques et autres plaques de signalisation ont été arrachés, des vitrines brisées, des feux allumés un peu partout, des routes bloquées par des sacs de pierres notamment au centre-ville et à la rue Larbi Ben M’hidi. Dès lors, la circulation fut interrompue et tout conducteur qui s’y aventurait pouvait dire adieu à sa voiture.

Vers 21h, les émeutiers s’en sont pris à la Casoran, la CNEP, la poste, l’Ecole normale d’Ekmuhl, et ont mis le feu au cinéma Maghreb et n’était les appels incessants de la population à la police, ce lieu culturel serait parti en flammes. Quelques minutes après, les services de sécurité ont investi les lieux pourchassant les jeunes dont certains ont été arrêtés. Les échauffourées ont atteint tous les quartiers populaires, tels qu’El- Hamri, Mediouni, Victor Hugo, Petit Lac, Les Castors… Les commerçants du centre-ville ont pour leur grande majorité, fermé leurs magasins craignant le pire. Les émeutiers en colère s’en sont pris aux biens du président du MCO en s’attaquant au siège de son journal l’Echo d’Oran dont la façade fut sérieusement saccagée.

Hier matin, pour se rendre à El-Hamri, il fallait le faire à pied car non seulement il n’y avait plus de transports en commun mais aussi nul conducteur ne voulait s’y risquer. Sur place, la tension était à son comble et les jeunes s’affairaient à réunir le plus grand nombre de projectiles pouvant leur servir dans «la bataille» qu’ils semblaient préparer, car ils ne comptaient pas en rester là. Des jeunes du quartier, tout en nous conseillant de quitter les lieux, nous préviennent : «Quand ça va éclater, nul ne sera épargné et la confusion sera totale. Nous voulons exprimer notre ras-le-bol, nous n’avons que le foot et eux magouillent et gèrent mal sans que personne ne leur dise quoi que ce soit !» Au même moment, vers 11h30, un bruit sourd s’est fait entendre dans la ville. Selon toute vraisemblance, il s’agissait d’une explosion. Rapidement, la rumeur a fait le tour de la ville laissant penser qu’il s’agit d’une bombe qui aurait explosé dans la Nouvelle-Ville. Une atmosphère malsaine régnait au centre-ville et l’on pouvait entendre les bombes lacrymogènes utilisées pour disperser les jeunes manifestants munis de pierres. Comme c’est le cas aux quartiers de Pitti, la
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Messagepar Nico37 » Samedi 06 Déc 2008 22:41

flammes algériennes

Depuis l’été 2008, l’État algérien n’en peut plus de débloquer de nouveaux fonds pour sa police: achat de 20.000 matraques, plus de 200 bus de transports de troupes, plusieurs engins antibarricades ou équipés de lances à eau – et embauche de 15.000 nouveaux flics au plus vite. Nouvelle menace terroriste? Non, tous ces équipements sont destinés à la section anti-émeutes de la Direction générale de la sûreté nationale. [1] Par ailleurs, le gouvernement, craignant «un risque d’émeute généralisée», subventionne à hauteur de plusieurs dizaines de milliards de dhirams par an «les produits de large consommation, pour réduire les effets de l’inflation sur la vie quotidienne des Algériens». Autre détail croustillant de l’actualité récente (en tout cas plus qu’une réforme de la Constitution): «les milieux d’affaires algériens et étrangers se préparent également à de telles éventualités. Plusieurs entreprises auraient déjà mis en place des plans pour protéger leurs biens des pillages en cas de violences populaires.» [2]
Bigre, que se passe-t-il en Algérie? Du peu d’informations (évidemment) qui arrivent de ce côté-ci de la Méditerranée, on entend parfois que depuis plus d’un an, seraient enregistrées en moyenne deux-trois émeutes ou autres formes de colères populaires (notamment des blocages de routes)… par jour – seule la Chine fait aussi bien en ce moment!

Parmi celles que les médias n’ont pas pu taire, parce qu’elles ont concerné des centaines de personnes, parce qu’elles ont duré au moins deux jours, et que les dégâts ont été «spectaculaires»: Timimoun (sud) en février, Ghardaïa en mars, Chlef, Gdyel (vers Oran) et Tiaret en avril, Ksar El Boukhari (90 km au sud d’Alger), Berriane et Oran en mai, Berriane à nouveau en juillet, Annaba et M’sila en août, plusieurs villages autour de Tizi-Ouzou et Tissemsilt en septembre, encore Annaba en octobre, Meftah en novembre… du littoral nord densément peuplé aux régions du sud quasi-désertiques, de l’est à l’ouest, ce sont tant des grandes villes (à l’exception notable, cette dernière année, de Alger – ville trop fliquée?) que d’innombrables bleds qui connaissent les joies de la révolte.
La relégation en deuxième division du club de foot d’Oran [3]; la gestion d’incendies détruisant des champs entiers d’oliviers et d’arbres fruitiers en Kabylie; une demande collective d’attribution de locaux pour pouvoir travailler (Gdyel); sept corps de harragas repêchés au large de Tiaret; la décision de fermeture du marché informel suivie de la victoire de l’équipe locale de foot à Ksar el-Boukhari; la vengeance contre un riche propriétaire d’hôtel et ses vigiles à Sidi Aïssa (M’Sila); la coupure d’eau ou l’augmentation du prix de la patate de trop; etc.: peu importent les «détonateurs», pourvu que tout soit prétexte à une saine émulation de rages collectives. Et les communs de ces belles émotions nous parlent particulièrement: à chaque fois ce sont les édifices du pouvoir, local ou national, qui sont attaqués, sièges des wilayas (préfectures), daïras (sous-préfectures) ou des Assemblées populaires communales, tribunaux et bâtiments d’entreprises nationalisées (banques, poste, hydrocarbures…) – mais aussi chaque bureau d’entreprise privée est potentiellement une cible de choix, et les magasins voient régulièrement leurs vitrines tomber et les marchandises s’envoler (pillages massifs à Annaba le 13 octobre). Nous n’aurons que ce que nous prendrons. Également, la pratique massive et quasi-systématique du barrage routier confirme que le blocage des flux reste une valeur sûre contre le train-train de la société.
Côté flics, comme toujours chargés de protéger le vieux monde, ils sont souvent débordés (c’est-à-dire moins rapides), en tout cas de nombreux renforts sont toujours nécessaires pour le-retour-à-la-normale. Si l’épreuve existait pour le CIO, l’équipe d’Algérie serait certainement championne du monde de caillassage. La paix sociale est définitivement assénée quelques jours ou quelques semaines après «les terribles scènes de violence» par les coups de marteau résonnant sur les bureaux des juges: depuis un an, ce sont plusieurs centaines d’émeutiers qui ont été engeôlés. Mais la solidarité renforce, normal, les accès de rage et la libération des détenus stimule admirablement familles, proches, voisins: manifestations, occupations de tribunaux, assemblées sur les places publiques…

Revenons, par exemple, sur les «événements» de Chlef (ville de 180.000 habitants située à 200 km à l’ouest d’Alger) – non pas pour en faire une émeute «meilleure» qu’une autre (y aurait-il de mauvaises émeutes?), hein.
Le 27 avril 2008, devait comparaître au tribunal le président de l’association des sinistrés d’un séïsme de… 1980 (Chlef est dans une région fortement sismique), suite à une plainte du wali (le préfet) pour diffamation: l’association avait protesté contre l’annulation d’une aide, pourtant décidée dans une loi de 2007, portant sur la reconstruction de logements «en dur» en remplacement de 27.000 préfabriqués – que les gendarmes ont commencé à détruire avant même le début des travaux. Dès l’aube, les accès au tribunal sont bloqués par des flics, il n’en fallait pas plus aux centaines de personnes venues assister au procès pour faire exploser de beaux accès de rage – qui n’en aurait pas fait autant?
D’abord aux alentours du tribunal, rapidement dans tout le centre ville, ensuite (jusque vers 22h) dans la plupart des quartiers. Caillassage vigoureux des façades vitrées des sièges d’Algérie Poste (dont la recette se volatilise), d’Algérie Télécom, de l’APC (Assemblée populaire communale), du musée de la ville, de la banque du Golfe Arabe, de la gare, les détruisant de fond en comble. La Direction des mines et de l’industrie, un bureau de poste et la bibliothèque municipale sont totalement incendiés. Le siège de la faculté de droit saccagé. Les bureaux de la Banque extérieure d’Algérie dévastés – et pillés, naturellement. Sans parler des voitures, des lampadaires et autres éléments de mobilier urbain. Les attaques des bâtiments de la wilaya et de la daïra ont été repoussées par les forces anti-émeutes arrivées assez rapidement en renforts de plusieurs autres wilayas, notamment d’Alger. On parle le soir de plusieurs dizaines de blessés (dans les deux camps) et d’une centaine d’arrestations.
Le lendemain, ça repart de plus belle après le premier café, pierres contre lacrymo: rassemblés dans différents coins de la rue principale de la ville, des dizaines de jeunes se sont attaqués pendant plusieurs heures aux policiers qui tentaient de les empêcher de s’approcher des institutions publiques. «Nous n’arrêterons pas avant le départ du wali», déclarent des jeunes surchauffés. Les affrontements ont continué dans la plupart des quartiers de la ville, ainsi que dans des villes et villages voisins, dont Chettia à une dizaine de kilomètres: les établissements scolaires, l’agence des PTT et la direction des impôts y ont reçu une visite mémorable des émeutiers. La route nationale a été bloquée toute la journée par des barricades enflammées. Bilan de la journée: encore des arrestations - entre une centaine et 500 selon les sources.
Le 29 avril, alors qu’à Chlef les forces de l’ordre reprennent le contrôle l’espace, troisième jour d’affrontements à Chettia: nouveaux blocages de routes toute la journée, et surtout le centre ville transformé en champ de bataille, il n’est plus question que d’en découdre avec les keufs, aux cris de «libération de tous les détenus», «satisfaction de la plateforme de revendications élaborée par l’association des sinistrés de 1980» et «départ du wali» (qui d’ailleurs a été muté début mai). Le soir, assaillis par des centaines d’émeutiers, ce sont les bureaux de la délégation régionale de Sonelgaz qui partent en fumée. Les attaques de bâtiments (plus tard, un laboratoire pharmaceutique a été pillé) et les escarmouches ne s’arrêteront qu’à l’aube.
Depuis, 87 émeutiers, dont une dizaine arrêtés plusieurs jours après les émeutes, croupissent en taule en attente d’un procès déjà reporté à deux reprises. Et les familles et autres proches des détenus de maintenir la pression sur les autorités: occupations de bureaux, sit-ins, etc.

Journalistes, sociologues et autres gens du pouvoir évoquent régulièrement des causes qui légitimeraient ce qui est désigné comme une véritable «culture de l’émeute» – comme si l’émeute n’était pas fondamentalement ennemie de la culture. Entre autres raisons avancées par les prétendus experts de nos vies: l’urbanisation poussive et radicale du pays (30% en 1960, 80% aujourd’hui), suite à la réforme agraire des seventies – et puis, bien entendu, le célébrissime «chômage des jeunes» (estimé à 60% chez ces fameux moins-de-trente-ans, qui représentent plus de 60% des quelques 35 millions d’algériens). Pourtant, il en faut peu pour se rendre compte que certes, jeunesse et fougue restent souvent synonymes, mais le nombre de barricades de pneus enflammés à la moindre défaillance de l’approvisionnement en électricité ou la tournure que prend telle ou telle grève nous confirme que c’est bien l’ensemble d’une population qui d’une part n’en peut plus (évidemment, plus personne n’en peut, de ce monde), d’autre part le fait bruyamment entendre à qui prétend nous gouverner. Hé oui, tant de haine ne s’explique jamais vraiment, et en tout cas n’est jamais récupérable (d’ailleurs, il est rarissime qu’un film ou un bouquin s’attarde sur ces «faits divers», ce qui est révélateur du consensus qui maintient sur la guerre sociale la chape de plomb de la victoire de 1962 contre l’Etat français colonisateur et de la menace du terrorisme islamiste). Par contre, le besoin de vengeance contre chaque expression de hogra est un stimulant profond, et tellement rassembleur, contre toute forme de pouvoir.

Côté grèves et autres «mouvements sociaux», la période y est pareillement rythmée de clameurs apparemment de plus en plus fortes: pour ne parler que de «larges mobilisations» récentes, depuis le printemps 2008 les profs en statut précaire, régulièrement rejoints par l’ensemble des enseignants et des lycéens, alternent grèves, grèves de la faim, manifs, rassemblements dont sit-ins devant leur ministère, le tout violemment réprimé: matraques, arrestations de prétendus leaders, et une fin systématique de non-recevoir – le tout sous la menace d’une privatisation partielle et sournoise de l’éducation. Début novembre, une grève illimitée des 50.000 étudiants de Sétif pour réclamer des «moyens» (dans le contexte d’une réforme LMD en cours) et trois jours de grève nationale dans la fonction publique viennent rajouter une couche au grognement ambiant. Toujours en novembre, les syndicats autonomes de dockers débrayent plusieurs jours pour dénoncer la concession des ports d’Alger et de Djendjen à une multinationale émirienne. Mais aussi, tout au long de l’année, se sont agités les personnels de santé, les vétérinaires, des salariés des hydrocarbures, des travailleurs du BTP (souvent en butte avec leurs patrons chinois, qui les mettent en concurrence avec des ouvriers chinois) – bref, un peu de fraîcheur aussi du côté des luttes de salariés, malgré un encadrement syndical assez strict (en transition, toujours, dans le cadre d’une relative rupture avec le modèle du syndicat unique – l’UGTA): mais la cogestion n’est pas encore au point, il reste quelques brèches dans lesquelles développer des espaces autonomes de luttes.
orsque l’on parle de révolte, cette vive colère diffuse à l’échelle d’un territoire aussi vaste, il n’est pas déterminant, mais pas non plus anecdotique, d’évoquer la situation et l’évolution socio-économique d’un tel pays: les grondements des foules énervées nous parlent aussi des sales manières dont le capital maîtrise, plus ou moins bien, sa reproduction, auxquelles elles résistent activement. Ce pays, désigné comme un modèle de croissance économique (+5% chaque année en moyenne depuis 2002), vit aussi à l’heure de la mise en place, à marche forcée, de l’Union pour la Méditerranée (malgré les réticences de Bouteflika liées à la présence d’Israël dans cette belle «union» en concurrence directe avec le projet états-unien de Grand Moyen Orient, sans parler de l’amitié «historique» sino-algérienne: les échanges bilatéraux ont fait circuler quatre milliards de dollars en 2007). En Espagne, dans les années 1980, il était courant d’entendre, pendant les grandes grèves émeutières des ouvriers des secteurs industriels «en restructuration» (notamment dans les Asturies ou au Pays basque sud: chantiers navals, dockers, …): «ce n’est pas l’Espagne qui rentre dans la CEE, mais l’Europe qui rentre en Espagne». Difficile de ne pas voir dans l’excitation des gouvernants et des patrons européens pour cette nouvelle alliance transméditerranéenne cette même perspective, de pouvoir encore mieux s’engouffrer dans de nouveaux espaces – d’autant plus dans un pays aussi riche que l’Algérie, quatrième producteur mondial de gaz et quatorzième de pétrole. Et dont, même en cette période de chute libre du prix du baril de pétrole (automne 2008), les énormes réserves de liquidités semblent mettre pour le moment hors d’une quelconque déroute financière.
Alors, le flux international en Algérie, ça donne: un TGV transmaghrébin pour Alstom, un métro à Alger (Alstom encore) qui sera géré par la RATP, plusieurs complexes pétrochimiques ou sidérurgiques avec des partenaires saoudiens, japonais, allemands, une des plus grandes usines du coréen Samsung à Sétif, un viaduc à Constantine réalisé par un groupe brésilien, la restructuration des infrastructures portuaires et ferroviaires, de nouveaux gazoducs, centrales électriques et autres équipements pétroliers, la plus grande unité au monde de dessalement d’eau à Mostagadem, treize nouveaux barrages, un programme de construction d’un million de logements raflé surtout par des entreprises chinoises de BTP et, pour 5 milliard de dollars, la création à Alger par un groupe émirien du «plus grand parc urbain au monde», le parc Dounya, avec ses-espaces-verts-ses-quartiers-résidentiels-ses-bureaux-ses-commerces-ses-centres-de-loisirs-et-de-détente, etc.etc.etc.
Pour sûr, s’implanter à coups de méga-chantiers dans un tel pays signifie pour les entreprises de trouver non seulement d’évidents débouchés économiques, mais aussi une main d’œuvre abondante et supposée docile (la célèbre «armée de réserve», c’est plus de 20% de chômeurs en Algérie). Mais, on l’a vu, c’est quand même mal barré pour les patrons, même si la police veille, s’équipe et se prépare… Et on pense aux belles émeutes de 2004 des plus pauvres des travailleurs, les Rroms, en Slovaquie devenue un des nouveaux centres industriels européens, ou, aujourd’hui, en Roumanie, où les grèves n’en finissent plus, que même l’importation d’ouvriers encore moins chers (Philippins, Bangladais, etc.) ne suffit pas à contrecarrer, dans des secteurs aussi structurants que l’automobile, le textile, la logistique… [4] Et oui, la délocalisation a souvent fait se trouver les managers face à des salariés autrement plus combattifs qu’en Occident, où les syndicats jouent parfaitement leur rôle de maintien de l’ordre des travailleurs. Les faubourgs du monde restent souvent ingouvernables.

Et déjà, en quelques années, l’Algérie est devenue un pays d’immigration car, bien sûr, un sans-papier d’origine subsaharienne coûte encore moins cher qu’un chômeur algérien. En 2007, les services de la Sûreté nationale ont arrêté 12.000 personnes entrées illégalement sur le territoire algérien, dont 7.000 Maliens et 3.000 Nigériens. En 2008, environ 5.000 migrants auraient été expulsés vers des pays du sud. D’ailleurs, en juin 2008, une loi a été votée, durcissant les «conditions d’entrée, de circulation et de séjour des étrangers», prévoyant entre autres le triplement du budget destiné à «la lutte contre l’immigration clandestine», notamment pour la construction… de centres de rétention. Les mesures de dissuasion de l’émigration, quant à elles, se renforcent également, sous la pression de l’Union européenne – et c’est maintenant de plusieurs mois de prison que peuvent être condamnés les harragas (voire… leurs parents), ces «brûleurs de papiers» qui tentent la grande traversée vers le nord, embarquant à bord de pateras de Annaba, Mostaganem… [5] Car, on ne le répète jamais assez, des secteurs entiers de l’économie (BTP, agriculture, restauration…) fonctionnent sur l’organisation en cascade de ces «délocalisations sur place» que permet l’emploi de travailleurs sans-papiers. Bien sûr la répression (à haute visée médiatique) s’abat à plein régime sur les pauvres (il s’agit de maintenir coûte que coûte une paix sociale qui seule garantit le bon fonctionnement de l’économie), mais la belle propagation des mutineries et des incendies de centres de rétention nous fait chaud au cœur… [6]

L’histoire remarquable des protestations populaires algériennes (depuis le Printemps berbère de 1980, la quasi-insurrection généralisée d’octobre 1988, balayée dans le sang – on parle de plus de 500 morts –, le soulèvement en Kabylie au printemps 2001, pour ne parler que des pics d’intensité de cette longue permanence de la révolte, qui s’est aussi aiguisée à Oran en 1982, Annaba en 1983, Laghouat en 1983 et 85, Alger (la Casbah) en 1985, Sétif et Constantine en 1986, Alger et diverses villes en 91, en 2004 dans une trentaine de villes, etc. [7]) ne fait évidemment pas tout: c’est plutôt l’actualité des contestations dans les États voisins qui nous permet d’imaginer comme l’air du temps est particulièrement orageux.
Au Maroc: depuis le printemps dernier, blocage du port de Sidi Ifni par des chômeurs, manifs, émeutes, envoi de l’armée: plusieurs tués et 300 arrestations (suivies de tortures) le 7 juin 2008 – après quelques semaines d’accalmie durant l’été, reprise des affrontements en septembre-octobre [8]; manifestations quasi-quotidiennes des étudiants dans les grandes villes, qui ont vite appris le goût des matraques mais qui ont aussi vite appris à se défendre, comme à Marrakech le 14 mai où pierres et cocktails molotov ont plu sur les 1.000 hommes des forces spéciales dépêchés pour empêcher une marche vers la présidence de l’université (bilan de la journée: 800 étudiants raflés, une centaine gardée à vue, sept emprisonnés en attente d’un procès); un sit-in contre «la cherté de la vie» (il faut dire que le prix du pain avait augmenté de 30% la veille) qui se transforme en émeute à Sefrou le 23 septembre 2007: 300 blessés dont pas mal chez les keufs, la plupart des bâtiments publics saccagés; et même en Tunisie, dix mois de ce qu’on appelle une «insurrection» dans le bassin minier de Gafsa (phosphate), durcissement de la grève des mineurs mais aussi des étudiants, chômeurs, «mères de famille» contre «le modèle économique tunisien» et violente répression (des syndicalistes sont même inculpés pour «constitution de bandes de malfaiteurs»); en Égypte diffusion à l’ensemble des secteurs économiques des luttes des travailleurs du textile (première activité industrielle du pays, après le tourisme), depuis deux ans maintenant: grèves sauvages, occupations, manifs, émeutes, et là aussi, répression de plus en plus massive, avec le concours actif des Frères musulmans patrons de nombreuses usines (plusieurs morts, des milliers d’arrestations); pour ne pas parler ici de la multiplication depuis un an des émeutes dites «de la faim», «de l’électricité» ou «du gaz» au Sénégal, Cameroun, Burkina, etc. [9] Bref, au sud de la Méditerranée, et même si les espaces-temps de la révolte sont particulièrement disjoints, les classes laborieuses composent de fait une réjouissante internationale de classes dangereuses, d’autant plus qu’elle semble particulièrement tenace et alerte contre les assauts policiers et judiciaires.

C’est dans ces moments d’intenses émotions collectives, que les travailleurs (avec ou sans emploi) s’extirpent d’un quotidien particulièrement apathique, que les gueux reprennent le temps de vivre à toute allure. Et le choix déterminé de l’affrontement est en soi une critique en actes de ce monde qui voudrait régir l’entièreté de nos vies – il est particulièrement revigorant de voir que la rue peut encore être cet espace politique si vif, et pas seulement ce lieu de circulation si policé où l’on voudrait nous enfermer. Puissent les flammes de l’Algérie et autres banlieues malfamées du monde réchauffer nos longs hivers….

1. Cela fait écho à la récente présentation de nouvelles techniques anti-émeutes de la police française, lors d’une rencontre européenne sur les «défis des violences urbaines», mi-octobre 2008. Nouvelles technologies, augmentation impressionnante des effectifs et petits groupes très mobiles, au menu. Tiens, quelques inquiétudes chez les gouvernants? Que les récentes démonstrations antiterroristes ne viendraient-elles pas confirmer?
2. Les quelques «citations» et les infos proviennent des médias algériens – méfiance, donc. Un portail internet de quotidiens francophones existe: . Les droitsdel’hommiste de compilent thématiquement un grand nombre d’articles de presse (dossiers «émeutes», «luttes syndicales», «dégradation de la vie sociale», etc.).
En France, un universitaire tient à jour une base documentaire (surtout une revue de presse et des vidéos) sur les émeutes dans le monde: ; quelques nouvelles du Maghreb aussi dans les «brèves du désordre» recensées sur .
3. Suite aux émeutes, le gouvernement prit la décision de replacer le club en première division. Le hooliganisme paye.
4. Deux articles sur les récentes grèves en Roumanie dans les numéros 125 & 126 (été & automne 2008) de la revue Échanges, dont une partie des textes, consacrés à l’actualité mondiale de la lutte des classes, est disponible sur le site internet .
5. est consacré à ce «phénomène».
6. Sur les mois de lutte au CRA de Vincennes, des témoignages ont été rassemblés dans le livre Feu au centre de rétention, Libertalia, nov. 2008.
7. Signalons «1988: la deuxième guerre d’Algérie», Courant alternatif, n°184, novembre 2008 []; de Jaime Semprun, Apologie pour l’insurrection algérienne [2001], dont une brochure a été faite, trouvable sur ; des textes publiés dans plusieurs Bulletins de la Bibliothèque des émeutes reviennent sur les affrontements dans les années 1990 et 2000, disponibles
sur .
8. Une «chronologie des émeutes et de la répression subie à Sidi Ifni» a été publiée en juin 2008: .
9. Des infos sur les émeutes «de la faim» qui ont touché une cinquantaine de pays en 2008, ou sur la haute tension en Égypte, encore dans la revue Échanges.
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Messagepar NOSOTROS » Dimanche 07 Déc 2008 10:30

Si il existe une source éventuelle, tu peux la préciser STP ?( c'est plus clair comme ça ?)
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Messagepar clown » Dimanche 07 Déc 2008 10:57

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Messagepar NOSOTROS » Dimanche 07 Déc 2008 14:34

Des éléments intéressants dans ce texte.

Cependant c'est bien une préoccupation de gavé occidental (1) que d'être à la recherche d'émotions fortes ... Les squatters de luxe suisse des années 90 manifestaient sous le slogan "ce n'est pas parce qu'on ne meurt pas de faim qu'on doit mourrir d'ennui". C'est très vrai. Mais le problème c'est que la majorité des humains sur cette pauvre terre meurent bel et bien de faim, et que bien souvent s'ils se révoltent et rentrent en émeute ce n'est pas pour le fun mais bel et bien pour se remplir le ventre. (comme disait meeting quand les travailleurs occupent les usines en argentine, ce n'est pas pour réaliser le communisme, mais avant tout pour avoir les conditions matérielles de survivre).

Le propre d'une émotion forte est sa fugacité.

Quel est alors l'objectif : atteindre des moments brefs, isolés dans le temps, de gande intensité, des pics espacés de temps longs de dépression et de mal-être en quête du prochain "shoot",

ou bien essayer d'éléver globalement et collectivement le palier général, quand bien même l'émotion sera moins forte mais partagée entre tous et surtout durable ?
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Re: Algérie : deux à trois émeutes par jour

Messagepar Nico37 » Samedi 02 Mai 2009 16:38

Arrestations, des blessés et affrontements sanglants el-annabi.com

jeudi 16 avril 2009. 35 véhicules des brigades d’intervention rapide à Tinzaouatine

Des émeutes se sont déclenchées, hier, dans la Daïra de Tinzaouatine, à l’extrême Sud de Tamanrasset en Algérie sur les frontières avec le Mali, suite à des accrochages violents entre les forces antiémeutes et les habitants de cette région qui ont décidé de fermer la Daïra et de revendiquer le changement de son premier responsable.

Après trois semaines de troubles à Tinzaouatine, dans l’extrême Sud de Tamanrasset, suite au dossier de l’immigration clandestine, la situation dramatique a dégénéré dans cette région et s’est transformée en intenses violences, dès l’arrivée de la brigade blindée de lutte antiémeutes, appartenant à la Gendarmerie Nationale à Tinzaouatine, dans la nuit d’avant-hier.

Des témoins oculaires ont révélé à El Khabar que six jeunes, au moins, ont été arrêtés dans la matinée d’hier et que les brigades de la Gendarmerie sont stationnées dans cette région en prévision que les émeutes reprennent, après qu’il y a eu plusieurs blessés et transféré vers l’hôpital de Tamanrasset situé à 500km.

Plusieurs notables de cette région ont indiqué à El Khabar que la situation pourrait s’aggraver en cas de non réponse aux revendications portant de mettre un terme à ce qu’ils ont qualifié de « busines » dans les projets et dans l’essence qui leur est livré de Tinzaouatine une fois chaque deux mois.

Il est à rappeler que les émeutes se sont précédemment enclenchées dans cette région suite à l’arrivée de caravanes d’immigrés clandestins, qui ont été placés dans cette région pour le but de les extrader. Le nombre d’immigrés clandestins qui ont été extradés depuis le début de cette année de Tamanrasset a été estimé à 1972 personnes.
--------------------------
La sûreté urbaine de dréan (El Tarf) saccagée et brûlée par des émeutiers Des blessés et des dizaines d’arrestations

A peine quelques instants après le discours d’investiture du président Bouteflika, de graves incidents se sont produits dans les localités se trouvant à l’ouest de la wilaya d’El Tarf.

20 Avril 2009, El Watan

Des centaines de jeunes émeutiers – des chômeurs principalement – ont convergé simultanément vers les communes de Dréan, Chihani et Chbaïta Mokhtar pour crier leur courroux. A Dréan, le siège de la sûreté urbaine a été la cible des manifestants qui l’ont saccagé et brûlé.

C’est à partir de là que les éléments de la brigade d’intervention rapide de la Gendarmerie nationale, en position dès le début du mouvement, sont entrés en action. Selon des témoins oculaires, les émeutiers surexcités étaient difficiles à calmer.

Pour les disperser, les éléments de la brigade d’intervention rapide de la gendarmerie ont fait usage de leurs armes à feu, de bombes lacrymogènes.

Ils auraient également lâché leurs chiens sur la foule en colère. Le face-à-face a généré plusieurs blessés de part et d’autre. Les blessés ont été évacués vers plusieurs polycliniques de la wilaya d’El Tarf et de Annaba. C’est le cas du jeune Tabsaoui Nadir.

Agé de 22 ans, celui-ci a été atteint au genou. Nadir a reçu les premiers soins dans la polyclinique Atoui (El Hadjar). Il était alité à côté d’un policier également blessé dans les mêmes circonstances avant d’être transféré au service des urgences du CHU Ibn Rochd.

Tout a commencé à partir de la commune de Dréan, distante de 80 km du chef-lieu de wilaya d’El Tarf, où plusieurs dizaines de jeunes chômeurs ont crié leur détresse. En colère, ils ont revendiqué un contrat d’emploi
dans le cadre des dispositions du dispositif d’appui d’insertion professionnelle (DAIP). D’autres ont scandé des propos dénonçant la politique de l’emploi dans leur commune et au niveau de la wilaya.

Le mouvement a vite fait tache d’huile pour atteindre la commune de Chbaïta Mokhtar. Sans conteste, cette dernière a étéla plus touchée par le mouvement de colère. Des centaines de jeunes émeutiers ont investi la RN16 reliant Annaba à Souk Ahras. A l’aide de pneus brûlés, de gros blocs de pierre, des troncs d’arbres et autres objets hétéroclites, ils ont bloqué la route nationale.

Ils ont même saccagé les installations ferroviaires reliant Annaba à la commune de Chihani. « Nous dénonçons la pauvreté, le chômage et les conditions de vie misérables dans lesquelles nous vivotons », ont crié les protestataires jeunes et moins jeunes.

A signaler que la brigade d’intervention rapide d’El Hadjar (Annaba) s’est déplacée sur les lieux tout autant que la brigade mobile de la police judiciaire de la même wilaya. Leurs interventions ont débouché sur l’arrestation de plusieurs dizaines de jeunes.

Ces derniers sont actuellement dans les locaux des services de la gendarmerie en audition. Bien qu’ils aient procédé au blocage de la RN84 reliant la commune de Dréan à celle de Besbes, la wilaya d’El Tarf, les jeunes de la commune de Chihani (El Tarf) n’ont néanmoins pas causé de dégâts importants.

Emeutes à El-Tarf 20/04/2009

Un vaste mouvement de contestation pratiquement similaire à celui survenu il y a deux semaines dans la partie ouest de la wilaya d’El-Tarf englobant les communes relevant de la daïra de Dréan. Tout a commencé aux environs de dix heures, hier, lorsqu’une cinquantaine de jeunes dénonçant le retard dans la perception de leur dû, dans le cadre du contrat d’insertion, sont allés bloquer la RN 16 à hauteur de l’intersection de Sidi H’meïda et de Grabar avec des blocs de pierre. La route a été de nouveau libérée aux alentours de midi trente.

Ce fut au tour des habitants de Chebaïta Mokhtar de prendre le relais en bloquant la RN 16 à hauteur de la pompe d’essence et sur plus de trois cents mètres avec des blocs de pierre et en brûlant des pneus. Même le chemin de fer qui longe la RN 16 a aussi été bloqué perturbant le trafic ferroviaire, particulièrement les trains de transport de minerai qui alimentent le complexe sidérurgique d’Arcelor Mittal.

Au même moment, la RN 84 entre Dréan et Besbès ainsi que la RN 16 A ont été bloquées par de nombreux jeunes déroutant ainsi tout le trafic routier. Du coup, de longs détours devenaient inévitables pour les automobilistes, bus, poids lourds circulant sur cet axe névralgique et reliant les wilayas de Annaba, El-Tarf, par Chebaïta et Dréan. Quant aux taxis de Dréan, la place pour se rendre à Annaba est passée de 50 DA à 150
DA.

Mais c’est à Chebaïta Mokhtar que la contestation a pris des proportions inquiétantes. Des jeunes et adultes ont déballé leurs problèmes quotidiens allant du chômage, à l’état des routes déplorable, aux caves inondées d’eau. La situation a dégénéré aux alentours de 15h avec le saccage d’un bus de transport d’étudiants. D’autres véhicules ont vu leurs vitres voler en éclats, des automobilistes rackettés. Puis, pour des raisons qu’on ignore, le siège de la sûreté de cette ville a dû subir un déluge de pierres obligeant les policiers à se mettre à l’abri. Vers 16h, les forces de l’ordre sont intervenues, usant de coups de matraque et de bombes lacrymogènes pour libérer la route. Plusieurs personnes ont été interpellées au cours de cette opération.
Nico37
 
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