La représentativité, un piège pour les anarchosyndicalistes

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La représentativité, un piège pour les anarchosyndicalistes

Messagepar NOSOTROS » Dimanche 30 Nov 2008 23:00

Intéressante réflexion de compagnons des Vignoles de Nancy :

http://www.cnt-f.org/ul-cnt-54/article. ... rticle=319

Des orientations stratégiques et de leurs conséquences

Ainsi donc, le XXXème congrès de la CNT [Vignoles (1)] aura-t-il vu la confédération se confronter aux dispositions nouvellement réformées de la représentativité. En vue de laisser les structures syndicales qui sont au plus près du terrain décider de l’organisation de leur action, la confédération a finalement assumé leur éventuelle participation au jeu électoral et aux six critères venant compléter cette réforme. De nombreux gardes fous détaillés dans la motion de synthèse conditionneraient cette possibilité : déclarations de principe, participation strictement utilitariste (protection d’un militant, développement de la section, etc.), contrôle par le syndicat, par l’Union Régionale, comptes-rendus systématiques aux CCN.

Dans cette même motion de synthèse, la confédération " invite ses syndicats à développer une critique et une dénonciation radicale de ces dispositions venant renforcer la cogestion patronat-état-syndicats. ". En réponse à cette invitation, nous n’engagerons pas ici la critique de la notion de représentativité, dont toute l’histoire et toutes les tentatives collectives pour y accéder montrent qu’elle n’est qu’un moyen d’intégrer la révolte sociale, la lutte des classes, à la cogestion domestiquée d’un système oppresseur. D’ailleurs, nombre de militant(e)s ont adhéré à la confédération sur la base de ce constat.

C’est bien plutôt sous l’angle des orientations stratégiques que nous entamerons une critique radicale, quitte à mettre en porte-à-faux notre propre confédération.

Une organisation syndicaliste de nature révolutionnaire tire de l’expérience et de l’analyse théorique qu’il est suicidaire, à plus ou moins court terme, d’engager son orientation sur la base des armes fournies par l’adversaire. Par conséquent, une telle confédération axera sa réflexion, non pas sur les garde-fous censés éviter la dérive de ceux qui utiliseraient l’idéologie de l’oppresseur, mais résolument sur le développement et l’analyse consciencieuse des alternatives et des armes qu’elle s’est forgée au cours de son histoire, ou qu’elle s’est appropriée à partir de ses références historiques, afin que l’ensemble de ses structures puisse les utiliser, les expérimenter, et en rendre compte. Qu’un syndicat ou une section syndicale, ici ou là, adopte ponctuellement une stratégie " de la représentativité " importera alors bien peu : parce qu’il sera porté par une orientation collective en rupture avec cette stratégie.

Il n’est donc pas question ici d’un positionnement pour ou contre une stratégie de la représentativité à un niveau local, mais bien plutôt de s’émanciper collectivement de cette fausse question grâce aux orientations stratégiques alternatives insufflées par la confédération.

Les camarades qui pencheraient en faveur de cette brève analyse devront se faire violence et reconnaître alors que leur propre confédération vient de tomber dans le piège qu’elle croit éviter : elle vient en effet de passer toute une partie de son temps de congrès (2 heures 30 de discussions intenses, 6 heures de commission) pour mettre en place collectivement les garde-fous d’une stratégie de la représentativité. En comparaison, la motion sur les coopératives dont il est question ci-dessous n’aura pris que quelques minutes de discussion...

Pour compléter cette critique, le sujet peut être examiné au travers de la nature des choix stratégiques d’une confédération que l’on peut décliner selon deux modes : ceux de nature défensive et ceux de nature offensive. Clairement, et en dépit des illusoires opportunités qu’offriraient la réforme sakorzienne de la représentativité syndicale, la motion de synthèse adoptée au congrès de Lille est une stratégie de nature défensive : bien qu’elle dénonce la réforme, elle offre peu (ou pas selon l’humeur de chacun) de perspective émancipatrice du système ; ou en tout cas, elle ne s’engage pas résolument vers des alternatives possibles qu’elle se contente de mentionner, comme si elles faisaient partie d’utopies lointaines, voire même inapplicables.

A l’inverse, l’adoption, à ce même congrès de Lille, de la motion sur les coopératives en réponse aux délocalisations est un bon exemple de stratégie offensive : au contraire de la lutte sans avenir de la négociation à la prime de départ, la lutte collective qui porte en perspective la proposition de reprise de l’outil de travail possède en germe un élément émancipateur immédiatement accessible ; pour peu que le rapport de force soit favorable, l’alternative devient concrètement réalisable et en phase, nous semble-t-il, avec les vues de transformation sociale dont se prévaut la confédération.

En conclusion, la confédération est à l’heure d’un choix : celui d’adopter collectivement les pratiques encadrées par une réforme systémique sous prétexte de développement, ou celui de la rupture définitive avec ces pratiques aliénatrices sans avenir pour construire un autre futur ; non pas demain, mais tout de suite.

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(1) la CNT AIT et la CNT Vignoles se sont séparé il y a maintenant 15 ans, précisément sur les questions soulevées ici par les compagnons de Nancy, l'AIT ayant quant à elle résolu la question posée à la fin du texte en optant pour la rupture définitive avec les pratiques aliénatrices qui ne peuvent pas permettre de construire un autre futur ...
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Messagepar NOSOTROS » Lundi 01 Déc 2008 13:57

Un autre point de vue des Vignoles, du Havre cette fois. Quelques commentaires entre [NDLR]

(in le libertaire de novembre)

http://www.lelibertaire.org/Libertaire/ ... aire26.pdf

les nouvelles règles de la représentativité syndicale: une chance pour le mouvement libertaire ?

P-J Proudhon a établi que toute action induit non pas une mais plusieurs réactions allant bien au delà du but recherché, les diverses réactions ou inter-réactions s'équilibrant dans une nouvelle synthèse antinomique. Ainsi une proposition adopté par certains (CGT-CFDT) à fin d'" abîmer " la concurrence et vu par d'autres comme un moyen de domestiquer un peu plus le syndicalisme (MEDEF) peut très bien contenir des possibilités que les uns et les autres non pas prévus.


Si l'on fait l'historique des tentatives de création de sections syndicales dans le privé nous devons reconnaître que les efforts ont été rarement couronnés de succès [la vérité commence à sortir du côté des Vignoles. Fini le temps de l'esbrouffe ? NDLR]. Et si l'on se reporte aux expériences havraises nous pouvons mieux comprendre pourquoi.

Pour Interior's les diverses manoeuvres judiciaires du patron ont amené au bout d'un an et demi les parties en cassation ! Coût de l'opération pour le syndicat 6.000 euros et encore l'addition n'a pas été plus élevé grâce à une copine qui a ficelée gratos le dossier. Et n'allaient surtout pas croire que dans l'affaire Interior's le patron le front candide et vêtue de lin blanc n'avait qu'un but que la justice dise le droit. Si vous avez imaginé qu'il faisait ça uniquement pour entraver le droit syndical vous lui auriez fait un procès d'intention ! Au final les juges s'en sont remis aux élections professionnelles pour départager. (Quoi ? j'en ai entendu rire au fond de la salle!)

Là-dessus possibilité de monter une nouvelle section à la CAT (entreprise de manutention de voiture (unique client : Renault - Sandouville) là l'opération ne " coût " que 1200 euros le patron et les syndicats maisons ayant vraiment trop copinés. Au travers des actions menées l'intérêt pour le CNT a suscité nombre de contact notamment dans les secteurs du gardiennage, nettoyage, bâtiment…

Face a la tactique patronale les militants ont préférer renforcer ce qui existait plutôt que de sombrer dans un gouffre financier. [c'est à dire renforcer la CGT ou autre syndicat déjà existant ... NDLR] Et bien sûr la perspective d'une Union locale est devenue un rêve.

Au travers des procès l'Interco76 s'est vue reconnaître la représentativité au niveau départemental (et même national du fait de sa section Interior's) ce qui au point de vue fiscal est intéressant pour les adhérents [si la réglementation exige en effet la représentativité, dans la pratique c'est plus souple ... qui ne tente rien n'a rien ...NDLR] mais n'empêche pas tout patron confronté à la création d'une section de pouvoir contester la représentativité au niveau de son entreprise [exact ... C'est donc reconnaitre par avance que la première étape sera le passage oblligé apr la case tribunal avec les effets escomptés par le patron cf avant ... NDLR]

Comme nous sommes certainement en face d'une tactique très certainement orchestré par la MEDEF et financer par ce qui a dû remplacer la caisse noir gérer par Gauthier " la Tirette " Sauvagnac nos moyens financiers ne seront jamais à la hauteur. [alors pourquoi s'être jetté tête baissé dans le piège, que par ailleurs nous avions mis en évidence il y a 15 ans déjà ? NDLR] Et attendre qu'une hypothétique mobilisation social créer un rapport de force à l'avantage des exploités pour le moment mieux vos ne pas y compter.

Dans le nouveau système un délégué du personnel élu avec au moins 10% des suffrages exprimés peut être désigné comme délégué syndical et une section syndical être créer à conditions d'avoir plusieurs membres. Le deuxième point est intéressant : plusieurs ça commence à trois voir deux personnes et n'est en rien comparable a ce qui était exiger antérieurement (au moins le pourcentage moyen de syndicalisation du privé soit 8% de l'effectif de l'entreprise.)

[complètement faux ! une section syndicale pouvait exister même à deux ... Nous en avons l'expérience ! Après bien sur elle n'était pas représentative, ne bénéficiait pas des "droits syndicaux" (panneau etc ...) et n'avait pas possibilité de négocier. Mais est ce à la section de négocier ou à l'assemblée générale des personnels en lutte ? On en revient donc toujours au rapport de force ...]

Cela nous ouvre des perspectives à conditions de trouver la stratégie adéquate bien sûr.

Tout d'abord travailler en amont par une pratique des groupes spécifique bien connue : le tractage -sur les marchés, les par brise des voitures, les boîtes aux lettres (là bien choisir les jours de non distribution de prospectus publicitaires !) [tiens finalement il faut travailler en amont sur une pratique globale et idéologique : ils vont se faire exclure des Vignoles pour AITisme aggravé les camarades du Havre ! NDLR]

Pour le contenu je vous fais confiance vous saurez trouver les mots pour faire comprendre la nécessité de s'organiser.

Ensuite il est un écueil que l'entraide définie par kropotkine en opposition au darwinisme social du capitalisme libérale vous permettra de surmonter. Ecoutez, pour la majeur partie d'entres-vous la venue aux idées anarchistes c'est faite par le bief de vos lectures des contacts que vous avez noués au lycées, à l'université. Lorsque vous êtes entrée dans la vie active vos connaissances acquises vous ont permis de choisir des métiers gratifiants. Le plus souvent dans des secteurs à statut (enseignants, santé, la Poste etc…) [Voilà qui en dit long sur la composition sociologique des adhérents des Vignoles ... NDLR] Statut de plus en plus rongé par la précarisation voulue par les pouvoirs aussi bien de droite que de gauche.

Pour le travailleur du secteur privé soumis au régime du droit commun il en va tout autrement. Le plus souvent en situation d'échec scolaire, trainé de stage de formation en petits boulots entre coupé de période de chômage il a intériorisé l'idée qu'il était un nul incapable et si d'aventure la conscience de sa condition à pu lui faire envisagé l'action les limites de ses connaissances on fait barrages à sa révolte. [??? Ce genre de cliché, c'est effectivement ce que véhicule l'idéologie dominante. NDLR] Imaginez simplement le fait de sortir un tract bourré de fautes d'orthographe et de contre sens ? [faute d'orthographe on s'en tape. Contre sens c'est déjà plus embettant. Mais dire que seuls les gens "éduqués" soient capables de ne pas faire de contre sens et que les prolétaires font des contre sens POLITIQUES, c'est une réflexion de marxiste de bas étage (voire de léniniste), pour lequel l'ouvrier ne comprend rien à ce qui lui arrive la conscience ne pouvant lui être apportée que de l'extérieur par des gens "éduqués" ... Eduquons la joie oui ! Il y a souvent plus de contre sens politiques dans des textes rédigés par des pseudos universitaires que dans des prises de positions de prolétaires, qui ont le bon sens pour eux. (mais il est vrai que le bon sens est souvent à contre sens de l'idéologie dominante).NDLR]

Dans le mouvement anarchiste il est un mot qui reviens souvent : le terme rupture. Ah ! Avec celui-là on pourrait faire des volumes avec le florilège qu'il engendre.

La rupture dont je veux vous entretenir c'est celle de l'homme -ou de la femme- qui un matin en se regardant dans la glace se dit que ça ne peut plus continuer comme cela. C'est cette rupture avec la fatalité qu'il vous faudra accompagner. L'Idée viendra après et toute seule.

Pour l'instant ce que l'on vous demande c'est la mise en forme de texte, l'aide pour constituer un cahier de revendication, préparer l'argumentaire des revendications salariale, et oui il ne suffit pas de demander de la thune encore faut-il étayer la demande, et aussi préparer le contre argumentaire des arguments du tauliers ! Voir aussi, et c'est d'une importance primordiale, l'aide juridique.

Après vous pourrez peut-être abandonner la tactique proposé ici mais se sera seulement parce que vous aurez dorénavant une visibilité.

[le problème c'est qu'effectivement l'auteur se place uniquement sur la plan tactique et pas sur le plan stratégique. C'est là un foutu contre sens politique, je ne serai pas étonné d'apprendre qu'il est titulaire d'un BAC + 12 ...

Car il faut avoir au moins un doctorat pour comprendre une stratégie aussi subtile : d'abord on utilise une tactique de merde (les élections et la représentativité) puis on se prend des procès à répétition pour s'épuiser et faire peur aux adhérents, et si il reste des survivants alors on leur explique qu'il faut abandonner cette tactique inutile ...

En quoi la visibilité apportée par la représentativité permet elle de disposer d'outils plus forts dans la lutte contre le patron ? Tout l'article nous détaille au contraire les échecs de cette stratégie de visibilité représentative : procès à répétition, usure des adhérents, asphyxie financière ... Il nous dit que le MEDEF a déjà un arsenal tout près pour écraser dans l'oeuf toute tentative de résistance.

Si on suit ce qui est exprimé dans la première partie du texte, cette visibilité ne sert qu'à s'exposer à la répression. La phrase de conclusion est donc paradoxale et contradictoire avec tout ce qui est dit. Pas la peine d'avoir fait des études pour comprendre cela : un peu de bon sens suffit, et surtout une expérience de la lutte au quotidien dans les entreprises ...

Finalement, nos amis du Havre ont réinventer l'anarco-shaddockisme : les Shadock avaient mis au point des pompes spéciales pour le cas où il n'y avait pas de problèmes du tout. Pour ceux que la technique intéresse, disons que, quand on pompait avec ça, non seulement il ne se passait rien, comme avec une pompe Shadok ordinaire, mais plus om pompait, plus il n'y avait rien qui se passait. Car :

Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas !

Les Shaddock pompent pour essayer de récupérer le précieux carburant nécessaire à leur fusée pour aller sur terre. En fait, leur fusée n'était pas très, très au point, mais ils avaient calculé qu'elle avait quand même UNE CHANCE SUR 1 MILLION DE MARCHER. Et ils se depêchaient de bien rater les 999 999 premiers essais pour être sûrs que le millionième marche.

Les essais de fusée shadok comportaient plusieurs phases. D'abord, les techniciens shadoks entonnent le compte à rebours sur un vieil air d'accordéon [a las barricaaaaadaaaas ! NDLR ] . Puis les Shadoks les plus doués pour les mathématiques enfourchent leur ordinateur à pédales pour calculer la trajectoire. C'étaient eux qui avaient le plus de mal car les Shadoks avaient entendu dire que plus un ordinateur va vite, plus il donne de bons résultats. Et c'est celui qui avait gagné qui avait trouvé la bonne trajectoire. On procédait alors à la mise à feu. Ça ratait. Et aussitôt après, on recommençait.

Car tel était le premier principe de base de la logique shadok :

En essayant continuellement, on finit par réussir
Donc : plus ça rate, plus on a de chance que ça marche


:-)

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