NON A L’UNITE, OUI A LA SOLIDARITE

Sommier théorique et affinités idéologiques !

NON A L’UNITE, OUI A LA SOLIDARITE

Messagepar NOSOTROS » Mardi 01 Juil 2008 22:52

NON A L’UNITE, OUI A LA SOLIDARITE

Face à la violence du capitalisme, devant la répression tous azimuts organisée par le pouvoir, mais aussi pour soutenir des luttes qui seront inéluctablement de plus en plus dures et qui connaîtront tous les moments difficiles que l’on peut imaginer, la "question de l’unité" va se trouver posée, y compris dans nos propres rangs. Or, la soulever dans ces termes, c’est évidemment orienter la réponse, c’est l’enfermer dans une fausse évidence.

Une opposition possible et raisonnable.

Déjà, sous la bannière de l’antisarkozysme, commencent à paraître des appels à l’unité. Même ceux qui sont issus d’un syndicalisme qui se voudrait apolitique ont un goût de déjà vu politicien et, en cela, ces textes sont les précurseurs des manoeuvres à venir. Ainsi, dans l’appel du Comité national de "Solidaires" en date du 7 février 2008 (que nous reprosuisons en annexe, au verso) peut-on lire qu’"Il s’agit de construire au niveau national un mouvement d’ampleur contre la politique de Sarkozy et Fillon".

Elaborées par des états-majors proches de l’opposition politicienne, ces déclarations, malgré leur dureté de ton, sonnent comme une invitation à rejoindre une opposition possible et raisonnable. En suggérant, comme une autre fausse évidence, que d’abord et avant tout il faut en finir avec ce gouvernement et qu’ensuite et ensuite seulement on verra bien, ils participent finalement à la mystification générale qui depuis 2002 nous a conduit là où nous en sommes. Historiquement d’ailleurs, ce genre de discours a toujours été la voie royale de processus qui, constitués en réaction à une situation, font rentrer dans un moule toutes les volontés de contestation.

"Vous faites le jeu du pouvoir"

Refuser de s’inscrire dans un manichéisme aussi simplet, refuser de se situer uniquement "pour" ou "contre" Sarko, refuser ce "tous ensemble" présenté comme "la" solution, c’est s’exposer à un rejet violent : "Vous faites le jeu du pouvoir", nous crache-t-on déjà à la figure. Vraiment ? Voyons ça de plus près.

Tout d’abord, Sarkozy n’est pas "le pouvoir", tout le pouvoir ; c’est simplement le quidam qui, en ce moment, dans un petit pays du monde, est l’incarnation du pouvoir politique. Que son agitation soit franchement nuisible et exécrable, point de doute. Mais que le véritable pouvoir soit ailleurs, point de doute non plus. Au fond, et tout le monde le sait, il est entre les mains de ceux qui détiennent, ici et ailleurs, le capital. Il est prêt à remplacer un petit président par un autre, plus respectable ou plus bouffon, selon ses intérêts.

Le prétexte éculé d’urgence

Deuxièmement, si nous revendiquons le débat, la discussion, et bien sûr aussi la critique dans toute sa force, sa permanence et sa vivacité, ce qu’on nous oppose ici est d’un tout autre ordre et a un tout autre sens. Ce rejet injurieux de la différence est l’indice que ces appels à l’unité ne s’inscrivent pas seulement dans une perspective d’action unitaire mais bien dans une pensée unique. Il est l’aveu que toute divergence est conçue comme dangereuse. Or, faut-il rappeler qu’une communauté humaine qui ne tolère aucune différence, ça s’appelle une société autoritaire, quand ce n’est pas purement et simplement une dictature ? Faut-il rappeler que "de-main" se prépare "aujourd’hui" ? Aussi, plutôt que de participer, sous le prétexte éculé "d’urgence", au énième replâtrage de la société actuelle, nous préférons quant à nous poser les prémices de l’humanité libre à laquelle nous aspirons.

Un peu de bio-diversité sociale

Les périodes de tension comme celles que nous vivons sont porteuses de conflits dans les lieux de production, elles sont propices à un renouvellement des formes de lutte et, avec elles, des modes de pensée. Elles ouvrent potentiellement sur un réveil de "l’utopie" dans la classe exploitée, sur l’émergence de nouvelles perspectives.

Cette bio-diversité sociale émergente, les cartels institutionnels qui appellent à l’unité n’aspirent qu’à la stériliser. Ils ne perdent pas de vue que leur véritable fonction sera de ramener tout le monde au bercail de la routine capitaliste une fois les escarmouches finies. Car au fond, ce que les dirigeants de la pensée unitaire craignent sûrement plus que Sarkozy, c’est une révolution.

Or, face à l’oppression générale que nous vivons, tous ceux qui ont besoin de solidarité sont ou peuvent devenir des révolutionnaires, tous ceux qui sont solidaires des victimes de ce système, sont ou peuvent devenir des révolutionnaires. C’est pourquoi si l’unité participe de l’intégration au système, la solidarité appartient au processus révolutionnaire. Elle est en fait la véritable condition d’une démarche collective, un acte basique de l’existence que tout le monde peut pratiquer à son niveau et qui respecte l’autonomie de pensée et d’action de chacun, individu ou entité collective. Elle dépasse les organisations politiques et syndicales, c’est pourquoi celles-ci veulent toujours la scléroser dans des termes d’unité et de frontisme.

En conséquence, nous appelons, en ce qui nous concerne, non à l’unité mais à la solidarité. Nous appelons chacun à garder son autonomie de pensée, d’expression et d’action. Nous appelons à la solidarité avec ceux qui subissent la répression que nous partagions ou pas leur point de vue, que nous pensions ou pas que leur tactique est erronée. Qu’ils soient militants syndicaux passant à l’action directe, qu’ils soient citoyens pris en flagrant délit de protection d’enfants, qu’ils soient présentés par les médias de la mouvance anarcho-autonome comme "détenteurs de fumigènes", ils sont tous, à leur façon, des résistants. Résistants à l’esclavage salarié, résistants aux rafles, résistants à la résignation. En tant que tels, ils ont notre sympathie, c’est certain. Mais ce n’est pas pour autant que nous scellerons des alliances politiques, citoyennes ou syndicales avec leurs mouvements respectifs, ou que nous nous priverons de tirer des bilans critiques de telle ou telle position idéologique ou stratégie. Et cela parce que, bien au-delà de la problématique de la répression, ce qui est posé, de façon concrète, c’est la nécessité d’un autre futur.

XYZ


Tiré de Anarchosyndicalisme ! n° 105, journal de la CNT AIT de Midi pyrénées, téléchargeable ici :

http://www.cntaittoulouse.lautre.net/IM ... L_2008.pdf

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Messagepar topaze » Mercredi 02 Juil 2008 17:43

Je suis d’accord avec la partie du texte qui dénonce l’unité qui est mis en avant par les syndicats, les partis de gauche et d’extrême gauche à être tous ensemble contre la politique de Sakorzy. Pour ma part, cela n’a rien à voir avec l’unité ouvrière qui est de mener une lutte comme une seule classe contre les attaques et pour mettre en avant un futur. Cette lutte ne pouvant que renforcer la solidarité car allant dans le sens de dépasser le corporatisme etc. C’est pour ça que je pense qu’il y a un lien entre l’unité et la solidarité
Je pense aussi que ce n’est pas seulement parce que cet appel à l’unité est faux qu’on doit rejeter le tous ensemble des partis de gauche d’extrême gauche et syndicats, mais parce que c’est Parti de gauche, d’extrême et syndicats sont des Parti et des organisations bourgeoises A mon avis, ce n’est qu’en mettant en avant cela est en l’expliquant, qu’on peut déculpabiliser ceux qui refuse cette unité et participer a faire prendre conscience de qui son les ennemis de la classe ouvrière, ou de renforcer la conscience de ceux qui se posent des questions sur les Partis de gauche, d’extrême gauche et sur les syndicats.

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Messagepar topaze » Mardi 11 Nov 2008 22:26

Je viens de voir dernièrement que le dernier numéro de révolution internationale (sur le site du CCI) prenait position sur l’article de la CNT AIT. Je trouve l’iniative du CCI intéressante.
Le fait de publier l’article et la réponse du CCI ne peut qu’amener a ce que le débat s’élargisse et soit pris en compte par un plus grand nombre sur une question qui est à mon avis importante pour les luttes futures.

Personnellement je partage la réponse du CCI
http://fr.internationalism.org/ri395/po ... t_ait.html

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Messagepar arvn d » Mercredi 12 Nov 2008 0:10

Vraiment,
sans flagornerie, je trouve ce texte de très bonne qualité. En plus, il réussit là où j'échoue souvent, à exprimer ce qui est la base de ma pensée "politique", la notion de solidarité . La solidarité avant tout. Je suis en désaccord sur pleins de point avec les différentes pratiques et actions menées ici et là contre le capitalisme mais il me semble primordial d'affirmer en mots et en actes sa solidarité envers ceux qui subissent la répression.
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Messagepar NOSOTROS » Mercredi 12 Nov 2008 1:31

Le fait de publier l’article et la réponse du CCI ne peut qu’amener a ce que le débat s’élargisse et soit pris en compte par un plus grand nombre sur une question qui est à mon avis importante pour les luttes futures.


La démarche serait d'autant plus sincère si le CCI avait publié le texte in extenson c'est à dire avec les références du journal duquel il est tiré et comment contacter les auteurs ...
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Messagepar topaze » Mercredi 12 Nov 2008 22:55

Nosostros tu dis :
‘La démarche serait d'autant plus sincère si le CCI avait publié le texte in extenson c'est à dire avec les références du journal duquel il est tiré et comment contacter les auteurs ...’

Je ne pense pas que le CCI voulait squizzer le débat en ne mettant pas les références du journal et sur comment contacter les auteurs.
Je suis convaincu que c’est un oubli. D’ailleurs je t’invite a aller voir le site du CCI et de cliquer sur l’article du CCI en question et tu verra qu’un élément qui s’appelle ‘un de l’Ait’ fait la même accusation que toi.
Il y a à mon avis une réponse claire qui dit que c’est une erreur et l’intervenant renvoi au forum pour que tout le monde (si il le désire) puisse connaître les références du journal.
A mon avis c’est un faux procès d’intention que tu fait au CCI.

Arvn d tu dis :
Je suis en désaccord sur pleins de point avec les différentes pratiques et actions menées ici et là contre le capitalisme’ mais il me semble primordial d'affirmer en mots et en actes sa solidarité envers ceux qui subissent la répression.

Avec quel différentes pratiques et action menés contre le capitalisme est tu en désaccord ?

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Messagepar NOSOTROS » Mercredi 12 Nov 2008 23:59

OK, dont acte.

(mais quand même je suis surpris que quand l'AIT est citée dans votre canard il n'y a jamais de référence ...)

Bon n'ayons pas l'esprit de boutique, et considérons en effet que le débat est plus important.
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