Formons des groupes !

Sommier théorique et affinités idéologiques !

Formons des groupes !

Messagepar Paul Anton » Vendredi 09 Nov 2007 12:59

Formons des groupes !

Les organisations de lutte pyramidales, centralisées, avec ou sans contrôle par la base, ont vécu. S’il reste parmi les anciennes générations (et parmi les jeunes romantiques des révolutions passées) des nostalgiques de la grande organisation puissante et monolithique, ne parlant que d’une seule voix, peuplée de militants disciplinés marchant au pas derrière les votes majoritaires de congrès, les communiqués de bureaux nationaux et les menaces d’exclusion, on peut dire sans risque de se tromper que cette époque a vécu. Les temps ont changé et une analyse attentive de l’histoire des luttes sociales au XIXème et XXème siècles montre à l’évidence que ces organisations révolutionnaires ont échoué en partie parce qu’elles reproduisaient dans leur fonctionnement la domination qu’elle prétendait combattre. La centralisation des décisions, le refus de la diversité par la soumission au vote majoritaire, l’élection de représentants avec délégation de pouvoir ont toujours créé une classe dominante au sein même de l’organisation, la classe de ceux qui savent, de ceux qui parlent, de ceux qui décident pour le bien de tous. Même chez les libertaires, les tentatives de contrôle du pouvoir (par une certaine transversalité de l’organisation, la révocabilité des mandatés, le vote à l’unanimité) n’ont pas empêché la constitution systématique d’une classe de dirigeants. Ajoutons que ce type d’organisation pyramidale, parce qu’il offre au pouvoir un adversaire compatible avec son propre mode d’organisation, participe lui-même au fonctionnement du système. Le pouvoir négocie toujours avec les « chefs » (ou les délégués, cela revient au même) qui se font fort, généralement, de faire respecter par leur troupe les accords issus de la négociation. C’est ce mode de fonctionnement et ce type de relation au pouvoir qui s’achève, en même temps que l’idéologie de la conquête DU pouvoir par les travailleurs.
Il ne s’agit plus de conquérir le pouvoir ni de contrôler les systèmes de production. Dorénavant, il s’agit d’autonomie des individus, de liens sociaux, de qualité et d’émancipation de la vie. L’objectif n’est plus de planifier l’accession au bonheur par la répartition équitable des biens matériels issus du progrès de la technique. L’objectif est d’éviter la destruction accélérée de la planète, et de permettre à chacun de construire sa propre vie sans compromettre celle d’autrui. Pour les anarchistes, il ne s’agit pas d’inventer LA société libertaire pour tous, mais de permettre au plus grand nombre de devenir maîtres de leur vie quotidienne et d’inventer ensemble mille solutions au même problème.
Les temps sont bien plus optimistes que ne le prétendent bon nombre de révolutionnaires usés et enfermés dans des conceptions d’un autre temps ou hypnotisés par le perpétuel spectacle médiatique. La faillite des gauches et de la supercherie social-démocrate est un puissant foyer de révoltes neuves. Parmi les jeunes générations, beaucoup de gens portent en eux une soif de vie et un désir d’autre chose, pleins de promesses. Et c’est avec eux qu’il nous faut réinventer la résistance à la domination, la lutte des classes, l’auto-organisation, et l’autonomie.
D’un point de vue pratique, nos objectifs, en tant qu’anarchosyndicalistes, doivent être simples et accessibles, et surtout nous devons être vigilants à ne pas reproduire l’ancien système. Alors n’ayons pour l’heure qu’une priorité : former des groupes ! Mais pas n’importe quels groupes. Des groupes de 5 à 30 personnes pas plus, réunies sur un même lieu géographique. Et avant toute chose, avec un projet politique clair et sans concession : le refus de ce monde de classes dans sa globalité, la lutte pour un nouveau système d’organisation de la société, débarrassé de l’exploitation, de l’autorité, de la marchandise et de la technologie mortifère. Au sein de chaque groupe, organisons-nous selon des principes antiautoritaires (pas de délégation de pouvoir, rotation des tâches…), et faisons-en un lieux de débats permanents, de formation à la lutte, à la prise de parole, à l’action directe. Entre les groupes ainsi constitués, bannissons les tentations du vote, des motions de congrès, des niveaux de décisions. Pratiquons plutôt l’échange, le débat, l’entraide dans l’action, dans la mise en commun de moyens et de compétences. Ne soyons pas dogmatiques. Soyons certes intransigeant sur les principes, mais ouverts sur les pratiques et les modes d’analyse des luttes. Tous ces groupes anarchosyndicalistes doivent être, dans les luttes sociales, ni des leaders, ni des suiveurs, mais des acteurs intransigeants de l’affrontement au pouvoir. Les comités de lutte ou de résistance, les assemblées populaires, les larges mouvements sociaux, les révoltes, les insurrections sont les lieux et les moments privilégiés où nous devons, sans cacher qui nous sommes, et sans désir de manipulation, proposer notre vision de la domination et notre refus global du système, expliquer quel futur nous voulons construire, prévenir les récupérations par les centrales syndicales, les partis et les gauchistes, proposer notre mode d’organisation collective et antiautoritaire, inciter au refus de la négociation et à la pratique de l’action directe.
Aujourd’hui, l’anarchosyndicalisme est enfin sorti du ghetto du monde du travail, de l’usine ou du chantier. « Travailleur » n’est pas un statut social, mais une des catégories d’assujettissement créées par la domination. Sans papier, chômeur, étudiant ou lycéen, taulard ou interné, nous sommes tous des exploités. L’anarchosyndicalisme doit être présent dans tous ces champs de la domination mais surtout ces champs de LA lutte.
Et l’organisation me direz-vous ? Elle devient alors que ce qu’elle aurait toujours dû être. La résultante effective de l’activité des groupes, ni plus ni moins ! Et le mirage de l’organisation spectaculaire, tenue fermement en main par quelques initiés, servant de cache misère à l’effondrement de l’activité militante, est enfin dissipé.


Paul (fédéré de Toulouse)
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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quelques questions

Messagepar wiecha » Mardi 04 Déc 2007 0:20

Bonjour,

Je me suis inscrite sur ce forum suite à ce texte , également posté sur le forum d'AC! Reseau.

Parce que je trouve intéressante, et disons même originale l'idée que la période actuelle est favorable à une transformation sociale de grande ampleur , sous l'impulsion de ce que j'appelle faute de mieux le prolétariat.

J'aimerais cependant approfondir quelques points.

Pour commencer, pensez-vous vraiment que l'enjeu du contrôle de la production soit vraiment dépassé. Moi je persiste à penser qu'il est malgré tout au coeur du problème dès la phase de l'auto-organisation en "groupes " .

En effet, il me semble que là comme ailleurs, celui qui détient les moyens de production de la lutte elle même en décide. Exemple matériel, les moyens de faire des tracts, des brochures et de les diffuser. Fracture entre ceux qui ont une photocopieuse et ceux qui n'en ont pas, fracture entre ceux qui ont Internet et qui ne l'ont pas.

Plein d'autres exemples peuvent être donnés: ceux qui ont les moyens d'avoir un point de ralliement style local et ceux qui n'en ont pas ou alors de manière ultra provisoire ( squat ...).

Mais aussi production immatérielle: le contrôle de l'info et de son accès par exemple est essentiel dans la reconduite ou pas d'une grève et à mon avis c'est ce qui fait aujourd'hui la force des bureaucraties : l'ouvrier isolé dans son AG va hésiter à voter la reconduite s'il ne sait pas ce qu'ont déicidé les autres ag dans sa ville dans le pays. Là le bureaucrate avec son réseau déjà constitué a un atout essentiel pour influer dans un sens ou dans un autre.

De toute mon expérience dans des orgas, dans des "groupes ", cette question de la possession des moyens de production m'est toujours apparue comme un élement essentiel de la répartition du pouvoir, notamment pendant le mouvement des chômeurs de 97-98 ou une immense majorité voulait continuer mais s'est tout bonnement fait couper les vivres à la fois au niveau individuel ( suspension et coupure d'allocs se sont multipliées dans les mois qui ont suivi le mouvement, parfois très ciblées ) et au niveau collectif ( les bureaucraties ayant tout simplement interdit l'accès au téléphone, aux locaux, à ceux qui voulaient poursuivre ).

Voilà c'était ma première question sur ce texte.
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Messagepar zebulon » Mardi 04 Déc 2007 9:18

Merci Wiecha d'ouvrir le débat :

Pour ma part je trouve ce texte pleins de très bonnes idées analyses et suggestions.

Voici cependant 2 critiques :



Paul (fédéré de Toulouse) a écrit:
Il ne s’agit plus de conquérir le pouvoir ni de contrôler les systèmes de production. Dorénavant, il s’agit d’autonomie des individus, de liens sociaux, de qualité et d’émancipation de la vie. L’objectif n’est plus de planifier l’accession au bonheur par la répartition équitable des biens matériels issus du progrès de la technique. L’objectif est d’éviter la destruction accélérée de la planète, et de permettre à chacun de construire sa propre vie sans compromettre celle d’autrui. Pour les anarchistes, il ne s’agit pas d’inventer LA société libertaire pour tous, mais de permettre au plus grand nombre de devenir maîtres de leur vie quotidienne et d’inventer ensemble mille solutions au même problème.


Paul dissocie la lutte pour l'émancipation individuelle de celle pour l'émancipation collective. Il serait peut-être temps une bonne fois pour toute d'en finir avec cet esprit binaire récurrent et directement hérité et imposé par la pensée dominante et qui demande systématiquement de faire un choix définitif entre un concept et celui qui lui est toujours académiquement opposé.

S'il s'agit réellement de lutter pour la Liberté et la Solidarité (Anarchisme), alors l'émancipation individuelle devient de manière inhérente indissociable de l'émancipation collective et vice et versa.

Il est très dans l'air du temps de parler de "Révolution Intérieure", de retour à la "Vie Communautaire", de "Penser Global et d'agir Local", de "Décroissance", de "Deep Ecologie Profonde", de "Primitivisme", etc...

Ces "pensées" mystiques et souvent messianiques sont très à la mode en ce début de 21° siècle, et se propagent rapidement dans les esprits. Cela s'explique simplement par le fait qu'il ne s'agit ni plus ni moins de l'avatar de la pensée individualiste. Aujourd'hui il est de bon ton de penser "individualiste écologique". A la mode, très à la mode.

Mais comment peut-on lutter pour "l'autonomie des individus" sans mener parallèlement une lutte globale. il y a là une contradiction, un déni: On nie l'action globale du Capitalisme et son impacte globale sur le monde (problème écologique) et sur l'ensemble des individus (aliénation) : On pourrait changer la face du monde en limitant la lutte à une lutte individuelle et locale : le fameux et religieux "Change toi et le monde changera."

Lorsqu'elle est exclusive et excluante l'émancipation individuelle, la "Révolution Intérieure", n'est qu'une facette de l'obscurantisme.
Deuxièmement l'émancipation individuelle sur la base de la Liberté et de la Solidarité est aujourd'hui impossible dans ce monde tel qu'il est, dominé et dirigé par le Capitalisme. Le repli communautaire étant quant à lui un leurre un détournement et une supercherie qui sert le pouvoir dominant puisqu'il affaibli le rapport de force des résistants, puisqu'il divise et atomise LA LUTTE GLOBALE.
Pour engager le processus de l'émancipation individuelle il faut donc indissociablement et simultanément engager celui de l'émancipation collective.

En revanche, il parait évident qu'un changement global de la société, c'est-à-dire une Révolution Sociale Universelle, ne peut s'envisager sans une transformation de l'intime de chaque individu. Cette transformation individuelle est donc INDISSOCIABLE de la transformation collective, c'est une des composantes de LA LUTTE GLOBALE.

Donc Penser global, Agir Local et... Agir Global !

Et pour agir global il faut s'organiser global, et c'est là qu'intervient de manière pertinente et efficace l'organisation en réseau , c'est à dire le fédéralisme réel.


Un autre point criticable dans le texte de Paul:

Paul (fédéré de Toulouse) a écrit:
Mais pas n’importe quels groupes. Des groupes de 5 à 30 personnes pas plus, réunies sur un même lieu géographique

l



Pourquoi les groupes devraient-ils être limités numériquement par avance.
Non, qu'on laisse à chaque groupe la liberté de se constituer tel qu'il l'entend.


A part la tendance primitiviste du texte de Paul, je le trouve très pertinent sur tout le reste :

Formons des groupes de résistance autonomes et auto-organisés reliés en réseau les uns aux autres !

____________________________________________________________________________________
"Je suis un amant fanatique de la liberté, la considérant comme l’unique milieu au seins duquel puissent se développer et grandir l’intelligence, la dignité et le bonheur des êtres humains ; non de cette liberté toute formelle, octroyée, mesurée et réglementée par l’état, mensonge éternel qui en réalité ne représente jamais rien que le privilège de quelques-uns fondé sur l’esclavage de tout le monde ; non de cette liberté individualiste, égoïste mesquine et fictive prôné par l’école de J.J. Rousseau ainsi que par toutes les autres école du libéralisme bourgeois et qui considère le soit disant droit de tout le monde, représenté par l’état comme la limite du droit de chacun, ce qui aboutit nécessairement et toujours à le réduction du droit de chacun à zéro (….) j’entends cette liberté de chacun qui loin de s’arrêter comme devant une borne devant la liberté d’autrui, y trouve au contraire sa confirmation et son extension a l’infini ; (….) la liberté triomphant de la force brutale, et du principe d’autorité qui ne fut jamais que l’expression idéale de cette force ; la liberté qui après avoir renversé toutes les idoles célestes et terrestres fondera et organisera un monde nouveau, celui de l’humanisme solidaire, sur les ruines de toutes les églises et de tous les états".
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Messagepar NOSOTROS » Mardi 04 Déc 2007 15:39

cette question de la possession des moyens de production m'est toujours apparue comme un élement essentiel de la répartition du pouvoir


Bienvenu sur le forum et merci pour cette remarque, qui est très pertinente ! C'est très juste.


C'est pourquoi les groupes que nous devons monter (et que nous montons déjà) doivent apprendre à travailler avec le miminum de moyens, de façon à réduire dès la source les potentiels conflits...

Il y a pleine de chose qui en fait ne sont par vraiment nécessaires pour monter un groupe si on est réellement convaincu (même si c'est sur ça améliore le confort). Un local par exemple : ce n'est pas parce qu'on a pas de local qu'on ne peut pas réunir... Ce qu'il faut avant tout c'est de la volonté... Après tout la FAi s'est bien crée sur un plage naturiste ... Et tous les mouvements révolutionnaires du début du mouvement ouvrier se réunissaient clandestinement à l'occasion de ballades champestres ou dans les bois ...

Je ne veux pas dire que nous devons retourner dans les bois, mais juste nous départir de cette pensée productiviste occidentale qui tend à faire croire que ce sont les moyens matériels qui détermine notre volonté de lutter ...

Si nous nous habituons à militer dans la simplicité et la légéreté materielle, les prises de pouvoir par le contrôle des moyens seront limités (en plus du fait que l'utilisation de moyens légers permet une meilleure diffusion de la maitrise des moyens par un apprentissage simplifié). de plus cela fait un instrument de repression en moins (combien d'associations sont obligées de fermer boutique dès qu'elles perdent leur subventions ? Et combien d'autres, dans cette angoise de perdre la subventions, arrondissent les angles de leur discours pour ne pas déplaire au pouvoir ?)
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Messagepar wiecha » Mardi 04 Déc 2007 21:28

On peut toujours faire beaucoup avec rien.
L'expérience du mouvement ouvrier le démontre à chaque instant. Cela dit elle démontre aussi qu'on ne peut se contenter de faire contre mauvaise fortune bon coeur.
Pour moi la reprise des moyens de production n'est pas un vain mot et ce à l'intérieur même du mouvement.
Elle se pose forcément de manière conflictuelle avec les organisations dégénérées du mouvement, notamment les syndicats et les associations du mouvement social et ne pas vouloir l'affronter , même au nom de l'anti productivisme c'est perdre beaucoup.

C'est ce que je trouve un peu dommage dans tout le discours anti-orgas répandu chez les anarchistes, les autonomes, ....version française. Il y manque à mon avis quelque chose, c'est l'appel à reprendre ce qui nous appartient, c'est à dire leurs moyens matériels qui devraient être utilisés pour la lutte. En clair, l'appel à déserter les syndicats ou les grosses orgas me semble inefficace s'il n'est pas accompagné dans les mots et dans les actes d'un appel à se réapproprier les outils de la lutte confisqués par les bureaucraties. C'est d'ailleurs certainement un des éléments les plus intéressants de la grève des cheminots du mois de novembre. Il y a bien sûr une partie des cgtistes qui sont partis à sud ( et je ne suis pas sûre que ce choix les mène bien loin à moyen terme ), mais une bonne partie ont aussi fait le choix de continuer avec l'étiquette et les moyens de la CGT, et ont infligé un désaveu tout de même assez cuisant à leur direction

Ce qui m'amène à poser une deuxième question sur ce texte, à interroger la notion de groupe. D'abord il y a effectivement cet ordre de grandeur pourquoi de 5 à 30 , et ensuite comment choisit-on les trente.

Question pas factuelle, qui pose la question de la validité d'une notion comme l'"affinité " très à la mode en ce moment, et opposée aux rapports existant dans les organisations.

J'ai toujours trouvé que cette notion, avec le système qu'elle induit forcément celui de la cooptation est une forme déguisée d'élitisme.
En tant qu'anarchiste, je pense que chaque groupe que nous créons doit l'être sur une base objective: la classe, le rapport à tel ou telle oppression spécifique ( le logement, les papiers, l'exploitation salariale ), mais une base qui fasse que personne ne puisse fermer arbitrairement la porte du collectif à tel ou tel.
C'est en ce sens que je trouve que nombre de syndicats ou de collectifs sont plus égalitaires que ces fameux groupes affinitaires: même si l'égalité y est une fiction, on peut s'appuyer sur cette fiction pour combattre les rapports de pouvoir réels dans l'organisation.

A l'inverse, cette fiction n'existe même pas dans tous les "groupes " , les "bandes ", diraient d'autres, auxquelles j'ai pu participer à l'ultra gauche. D'ou finalement, et très vite la mise en place de rapports de pouvoir extrêmement violents et impossibles à remettre en cause.
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Messagepar NOSOTROS » Mardi 04 Déc 2007 23:45

mais une bonne partie ont aussi fait le choix de continuer avec l'étiquette et les moyens de la CGT, et ont infligé un désaveu tout de même assez cuisant à leur direction


Ah bon ? On verra quel désaveu aura la direction fin décembre ...

Pour moi la reprise des moyens de production n'est pas un vain mot et ce à l'intérieur même du mouvement.


Moyens de production (de la lutte) ou moyens d'aliénation ?

Car quand tu dis "l'appel à déserter les syndicats ou les grosses orgas me semble inefficace s'il n'est pas accompagné dans les mots et dans les actes d'un appel à se réapproprier les outils de la lutte confisqués par les bureaucraties" , de quels outils parles tu ? S'agit il des outils de la représentativité par exemple ? (les élections de DP ou au CE), il s'agit clairment d'outils au service de l'alénation. Or peut on se libérer de l'aliénation en utilisant l'aliénation elle même ? J'en doute fort ...

Par ailleurs, le glissement qui consiste à assimiler cette position anarchosyndicaliste avec un refus de l'organisation, c'est (même inconsciemment) tomber dans le panneau de l'idéologie dominante qui veut nous faire croire qu'en dehors des modes d'organisation que le système met en place (délégation de pouvoir, hiérarchie, représentation) aucune autre forme n'est possible. Or il ne s'agit pas d'investir le système (et les syndicats en font partie) pour essayer de le modifier de l'intérieur (toute l'expérience social démocrate a largement démontrée la fatuité du projet ...) mais bien de mettre en place autre chose ...

Par ailleurs il y a une analyse à faire : pourquoi les syndicats ont ils déviés ? Parce que ils ont été pris en main par une bureaucratie mal intentionnée ... ou parce que leur structure même ne pouvait que mener à cetet déviation ? Les anarchosyndicalistes, tu l'auras compris, sont dans cette seconde hypothèse. C'est dès le début que la structure était viciée ...

Il y manque à mon avis quelque chose, c'est l'appel à reprendre ce qui nous appartient, c'est à dire leurs moyens matériels qui devraient être utilisés pour la lutte


la positon anarchiste me semble etre le contraire opposé. Ces dernières années, il y a un slogan très à la mode qui sévit dans les manifs, qui va dans le sens de ce que tu dit : "tout est à nous rien n'est à eux, tout ce qu'il sont ils l'ont volé. Partage des richesses, partage du temps de travail, ou alors ça va pêter". Avec les compagnons nous préférons chanter une autre chanson "Rien n'est à nous, tout est à eux, ce monde de merde on n'en veut pas ! Y a rien à partager, y a rien conserver, il faut tout dynamiter ..."

En tant qu'anarchiste, je pense que chaque groupe que nous créons doit l'être sur une base objective: la classe, le rapport à tel ou telle oppression spécifique ( le logement, les papiers, l'exploitation salariale ), mais une base qui fasse que personne ne puisse fermer arbitrairement la porte du collectif à tel ou tel.
,

De quels type de groupes parles tu ? Pour notre part, nous sommes pour la formation de groupes anarchosyndicalistes. Il me semble que de ton côté tu parles plus d'associations a-idéologiques. Pourquoi pas. Mais comment articules tu ces associations avec le projet révolutionnaire ?

Par ailleurs, il ya une faiblesse dans ta proposition : tu appels "logement", "papier", "epxloitation salariale" un base objective qui par ailleurs empeche de ferme la porte arbitrairement.
Prenons par exemple la base objective de l'exploitation salariale. Es tu pour une ouverture tout azimut à tous les salariés exploités ? Y compris les policiers et les gardiens de prison ? Si tu les refuse dans ton organisation, c'est sur un point de vue idéologique, donc non objectif (pour autant que l'objectivité existe ...) On pourrait prendere des exemples similaires avec lkes autres catégories que tu cites (pour les papiers il existe une multitude d'associations qui se basent sur des critères objectifs très séléctifs : certaines sont pour les sans papiers salariés, d'autres pour les éleves et étudiants mineurs, d'autres encore regroupent les étudiants majeurs, ... Il s'agit là de choix stratégiques et idéologiques, donc tout sauf objectifs ...

La seule objectivité poossible c'est celle d'assumer nbotre subjectivité : nous voulons contribuer à un processus révolutionnaire anarchiste. Pas à une révolution bolchévique, pas à un replatrage social démocrate. Il s'agit donc de s'organiser pour être plus forts, contribuer à la diffusion des idées et des pratiques et les propager.
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Messagepar zebulon » Mercredi 05 Déc 2007 8:57

Sur ces sujets voici trois petits paragraphes qui expliquent le pourquoi du comment on préfère fonctionner en réseau de groupes anarcho-syndicaliste autonomes et auto-organisés :



http://www.cntaittoulouse.lautre.net/ar ... sommaire_1

http://www.cntaittoulouse.lautre.net/ar ... sommaire_1

http://www.cntaittoulouse.lautre.net/ar ... sommaire_1


Wiecha il y a deux possibilités quand tu te fait dérober tes moyens de luttes :

- ou tu luttes pour les récupérer...

- ou tu constitues un nouveau groupe avec d'autres moyens de lutte...
La liberté des uns se conjugue AVEC celle des
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Messagepar wiecha » Mercredi 05 Déc 2007 21:06

Bonsoir,

Alors dans l'ordre pour essayer de te répondre. Je dis essayer, car contrairement à toi, je n'ai pas de certitudes fixées une bonne fois pour toutes, que ce soit en termes d'organisation ou sur d'autres points. Je cherche, j'expérimente, je questionne, et il me semble que cette démarche est essentielle à l'anarchisme, notamment parce qu'elle évite les querelles stériles entre ceux qui pensent avoir SA définition.

En ce qui concerne la CGT: je ne sais pas plus que toi ce qui se passera par la suite, ce qui m'importe, ce n'est pas la fin de l'histoire mais son déroulement. Ce que j'ai vu, c'est une direction sûre d'elle même qui abdique la veille de la grève et pense ne rencontrer que peu de résistances chez sa base. Au lieu de ça, le mouvement tient à l'intérieur même du syndicat. Oui il ne tient qu'une semaine, mais une semaine dans ces conditions d'affrontement et d'offensive des directions, des médias, de la répression, cela démontre à mon avis des capacités d'auto-organisation et de reprise en mains de la lutte énormes, et l'acquisition d'une expérience essentielle pour l'avenir et pour la révolution, bien plus importante à mon sens qu'une victoire sur les revendications. On verra, mais ce qui m'intéresse, c'est de voir ce qui a d'ores et déjà été semé.

Sinon, répondre à la question, les syndicats sont-ils par essence condamnés à devenir des annexes du capital ne m'intéresse pas.
Pourquoi ? Parce qu'il ne nous mène nulle part, à part au découragement et peut s'appliquer à tout et n'importe quoi. Ainsi, on peut dire aussi que tous les affrontements violents avec la bourgeoisie n'ont pas abouti, et donc que c'est par essence une voie de garage pour la révolution. Enfin, je m'exprime sûrement mal mais j'ai tendance à prendre les choses en l'état , à tisser des liens avec des fronts et des individus en lutte pas à penser que mon activité doit être avant tout une critique de leur activité. Les camarades qui sont à l'intérieur de la CGT, et qui vont dans le même sens que moi, je leur propose des choses concrètes, j'écoute leur conception des choses et l'essentiel n'est pas pour moi qu'ils quittent leurs orga pour rejoindre mon groupe mais que concrètement, on monte des luttes, des résistances dont le contenu et la forme soient offensives et efficaces.

Sur les moyens de production, je ne parlais évidemment pas des mandats électoraux.Si ça peut m'éviter les banalités de base, si je viens discuter sur ce forum rouge et noir, c'est qu'il y a des raisons.

Sur la question des salariés flics ou sécurité, alors là c'est tout un débat. Il y a dix ans je l'aurais balayé d'un revers, de main avec le terme "forces répressives du capital ". Malheureusement, la réalité m'a rattrapé et soumise encore une fois à des questionnements sans fin. D'une part parce que je me suis retrouvée avec pas mal de vigiles dans des collectifs de précaires, sur le logement ou sur des actions ASSEDIC relatives au complément d'indemnisation pour les salariés à temps partiel. De fait la réussite de ces actions augmente le revenu des salariés, et se fonde sur la notion objective d'un regroupement sur la base du statut de salarié à temps partiel. Premier problème.

Ensuite, cette question je me la suis posée, en tant que Rmiste , à propos des agents ANPE, des travailleurs sociaux. Parce qu'au quotidien j'ai autant d'emmerdes avec eux qu'avec les flics. Et que le rapport de pouvoir se pose clairement, brutalement même quand tu te retrouves dans un collectif de quartier avec TON assistante sociale, ultra engagée dans la lutte contre l'exclusion en général, que tu vois le samedi à la manif et que tu retrouve le lundi à t'expliquer, que, bon les manifs c'est bien mais qu'il faut bien que tu cherches du taf.

Troisième réalité: comment faire face au cas ou tu te retrouves avec un flic pas d'accord avec certaines pratiques, qui concrètement veut faire des trucs utiles ( te donner la date d'une expulsion, faciliter le contact entre toi et quelqu'un en rétention ) , mais de l'autre c'est un flic. Tu fais quoi avec ce gars s'il veut rejoindre un collectif anti expulsion, tu le jettes en le traitant de flicaille ou tu prends ce qu'il a donner ? Pas de réponse tranchée en ce qui me concerne.

Voilà quelques débuts de réponses et surtout de questions. D'ailleurs je viens ici pour ça, poser des questions et essayer de les résoudre ensemble. Contrairement à beaucoup d'autres, pour moi être anarchistes ne peut se réduire à trouver un groupe d'anarchistes avec qui on s'entend sur un dogme. Pour moi, le groupe anarchiste devrait être avant tout un groupe de gens qui font partie de plein de luttes et qui se retrouvent pour confronter, échanger, comparer. Nous autres n'avons pas de lignes mais une surface me disait quelqu'un. Je ne me sens ni individualiste, ni anarcho syndicaliste, ni rien de tout ça et je ne veux pas choisir entre Malatesta et Monatte. Ni entre les "groupes " ou les syndicats.

Voilà, ça c'est pour l'esprit dans lequel j'aime discuter, mais si certains débats sont définitivement tranchés entre les camarades de ce forum, il faut me le dire, qu'on ne perde pas de temps ni les uns ni les autres
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Messagepar NOSOTROS » Mercredi 05 Déc 2007 23:01

Pas trop le temps de développer ce soir même si c'est intéresant.

Pour détendre l'atmosphère je te ferai juste remarquer que le fait de dire "je n'ai pas de position tranchée" est déjà une position tranchée en soit :-)

Tu n'as pas de certitude et pourtant tu te définis comme anarchiste et ça tu en est sur ... donc ...

Je ne me sens ni individualiste, ni anarcho syndicaliste, ni rien de tout ça et je ne veux pas choisir entre Malatesta et Monatte. Ni entre les "groupes " ou les syndicats.


Tout à fait ! C'est d'ailleurs notre position d'autant plus que Malatesta et Monatte sont eux même les deux face d'une même pièce qui était déjà à l'époque complètement à côté de la plaque ... Quant à groupe ou syndicat, il s'agit de la même surface (intéressante approche) mais vue dous des angles différents ... (cf la philosophie chinoise, tout ça s'en rapproche beaucoup)

Pour moi, le groupe anarchiste devrait être avant tout un groupe de gens qui font partie de plein de luttes et qui se retrouvent pour confronter, échanger, comparer.


La encore, je crois que nous nous retrouvons.

Sauf qu'il manque la dernière étape du processus : décider. C'est à dire trancher. Car à quoi bon confronter pour qu'il n'en ressorte rien ? A quoi bon comparer si ce n'est pour en tirer des conclusion ? A quoi bon échanger s'il s'agit de ne tirer aucun enseignement des expériences des autres ?

L'échange opiur l'échange, la confrontatin pour la confrontation, la comparaison sans évluation, c'est une autre forme de stérilité dela pensée.

Maintenant là où nous devons êre souples, ce n'est pas tant dans le processus de décision que dans celui de capacité d'auto évaluation permanente etd e remise en cause perpétuelle. car le chemin se fait en marchant. Et il se peut que la direction que nous ayons choisit à un moment ne s'avère plus opérante à un autre. Il faut donc être capables d'être attentifs aux signes ténus avant d'être complètement sur la fausse route.

Jepense qu'on se comrpends et qu'on est d'accord là dessus. Non ?
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Messagepar NOSOTROS » Mercredi 05 Déc 2007 23:19

Troisième réalité: comment faire face au cas ou tu te retrouves avec un flic pas d'accord avec certaines pratiques,


C'est une bonne question encore ! Si un flic n'est pas d'accord avec les ordres qu'on lui assène, cela veut dire qu'il se positionne non pas sur une base "objective" telle que tu la définissais, mais bien sur une base idéologique. Ainsi, il devient pertinent dans ce cas précis de se positionner sur des groupes idéologiques et non sur des strictes considérations de comunauté d'intérêt matériel ...
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Messagepar wiecha » Mercredi 05 Déc 2007 23:26

Salut

Monatte et Malatesta déjà complètement à la plaque à l'époque...Et moi qui en étais à les trouver encore d'actualité !

Sinon, quand je parle de ne pas trancher, il ne s'agit évidemment pas des décisions à prendre dans une lutte, à un moment précis. Et c'est d'ailleurs là ou ce texte sur les groupes me semble essentiel, parce que si ces petites unités n'existent pas préalablement à la lutte et en tant qu'unités locales de base, pas en avant gardes constituées pour prendre le contrôle de luttes plus vastes, le processus de décision est à mon avis forcément autoritaire, notamment lorsqu'il se cache sous la fameuse "AG souveraine ".

Non, quand je parle de ne pas trancher, je fais référence, surtout, à la sale manie complètement destructrice qui prévaut dans le milieu anarchiste , en France mais aussi en Italie par exemple. Celle qui consiste à ne concevoir les échanges que comme un affrontement entre deux lignes sur tel ou tel point. Individualisme contre anarcho syndicalisme, anarcho syndicalisme contre syndicalisme révolutionnaire, groupes affinitaires ou organisation. Si personnellement je me suis totalement désinvestie du débat théorique et aussi d'ailleurs du milieu "anarchiste " c'est essentiellement pour cette guerre permanente , cet échange d'insultes délirants , entre gens qui ne se rendent même plus comptent que tout le monde a déserté la pièce.

Si je parlais du débat Monatte Malatesta notamment au Congrès d'amsterdam, c'est parce qu'à la lecture des débats, je me suis toujours dit que chaque participant a du rentrer de la réunion, avec plein d'outils pour ses luttes à tel ou tel endroit, et sûrement gonflé à bloc après avoir écouté la multiplicité des expériences en cours. Un truc que j'aimerais bien une fois dans ma vie ressentir dans une réunion de ce type...
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Messagepar NOSOTROS » Mercredi 05 Déc 2007 23:32

De fait la réussite de ces actions augmente le revenu des salariés, et se fonde sur la notion objective d'un regroupement sur la base du statut de salarié à temps partiel. Premier problème.


Je ne pense pas. Il n'y a problème que si le collectif ne se donne comme seul objectif que celui de revendiquer ce qui est acceptable dans le système. Certes, ces collectifs peuvent obtenir des réussites sur des objectifs ponctuels et limités. Mais ces réussites ne sont que des échecs si tu te places à plus long terme, les augmentations de salaires ou autre étant toujours rattrrapées au final par l'inflation. La question, du moins pour des révolutionnaires, devrait être celle des potentialités de dépassement.

Bien sur il existe des luttes pour la survie, parce que on n'a pas toujours le choix et qu'un révolutionnaire mort ne sert à riuen. Mais il ne faut pas se mentir : elles ne font pas partie du procésus révolutionnaire.


Ensuite, cette question je me la suis posée, en tant que Rmiste , à propos des agents ANPE, des travailleurs sociaux. Parce qu'au quotidien j'ai autant d'emmerdes avec eux qu'avec les flics.


Exact ! Cf les textes écrit par les compagnons de ce secteur.

Et que le rapport de pouvoir se pose clairement, brutalement même quand tu te retrouves dans un collectif de quartier avec TON assistante sociale, ultra engagée dans la lutte contre l'exclusion en général, que tu vois le samedi à la manif et que tu retrouve le lundi à t'expliquer, que, bon les manifs c'est bien mais qu'il faut bien que tu cherches du taf.


Encore un efois c'est bien la preuve que le problème est idéologique : ton assistance sociale et toi n'etes dans la même situation sociale. Le fait que vous fassiez parti du même collectif de quartier, au motif que vous habitez au même endroit, est finalement tout à fait artificiel. La seule chose qui pourrait faire objectivement le lien entre vous, c'est la position idéologique. Ce qui impliquerai une remise en cause radicale de l'attitude de l'assistante sociale dans son travail ...
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Messagepar zebulon » Jeudi 06 Déc 2007 10:17

Excusez-moi d'avoir l'audace de m'immiscer à nouveau dans votre dialogue :wink:

Wiecha souligne un point essentiel :

Wiecha a écrit: ne concevoir les échanges que comme un affrontement entre deux lignes sur tel ou tel point. Individualisme contre anarcho syndicalisme, anarcho syndicalisme contre syndicalisme révolutionnaire, groupes affinitaires ou organisation.



et
Wiecha a écrit:Si personnellement je me suis totalement désinvestie du débat théorique et aussi d'ailleurs du milieu "anarchiste " c'est essentiellement pour cette guerre permanente , cet échange d'insultes délirants , entre gens qui ne se rendent même plus comptent que tout le monde a déserté la pièce.


Là j'ai comme l'impression que tu as eu jeté le bébé avec l'eau du bain.
Se désinvestir du milieu anarchiste et de son débat théorique parce que pendant une période plus ou moins longue il est souffreteux, c'est dommage non? Ne vaut-il pas mieux lutter pour le revitaliser et le redynamiser ?
Mais ta présence sur ce forum prouve ton intérêt et ta volonté de partager des idées donc de débattre. Sois donc le bienvenu.
Il y a d'autres anars comme toi qui veulent faire avancer le schmilblick :

Zebulon a écrit: Il serait peut-être temps une bonne fois pour toute d'en finir avec cet esprit binaire récurrent et directement hérité et imposé par la pensée dominante et qui demande systématiquement de faire un choix définitif entre un concept et celui qui lui est toujours académiquement opposé.


8)

allez je vous laisse :arrow:
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Messagepar NOSOTROS » Jeudi 06 Déc 2007 11:16

D'une certaine façon je serai assez d'accord avec Wiescha, si ce n'est qu'en fait le problème dans le milieu libertaire est que précisément il n'y a jamais eu de débat, mais plutot des monologues parallèles. Car qui dit débat dit conclusion (et donc éventuellement remise en cause de ce qu'on fait les uns et les autres ...) Or cet aboutissement est impensable dans le milieu anarchiste actuel, soumis à un relativisme généralisé, où tout se vaut, tout est bien. Tu peux dans le même temps faire partie d'une organisation qui lance une campagne contre la délégation de pouvoir (et participer activementà cette campagne) et te présenter aux élections professionnelles par exemple. Un problème, quel problème ? Et si tu souhaites en discuter d'un point de vue critique, paf ! on te taxe de dogmatisme.

On récolte là les fruits pourris du "synthésisme" qui infecte le milieu anarchiste en France depuis presque 100 ans ...

Heureusement tout le monde n'est pas atteint de cette maladie sénile ... Ce n'est pas que je veuille spécialement faire de l'esprit du chapelle, mais force est de constater que si tu compares ce que la CNT AIT développe comme position politique aujourd'hui (cf. L'anarchosyndicalisme questionné http://www.cntaittoulouse.lautre.net/ar ... 88&lang=fr si tu as le temps de nous en faire une lecture critique Wiescha, welcome !) et celle qu'elle défendait il y a une quinzaine d'année (grosso modo la posture SR des Vignoles aujourd'hui), on se rend compte qu'un virage à 180° a été effectué et que les fondamentaux mêmes ont été sacrément remis en cause. (ce qui explique d'ailleurs que ce ne soit pas du gout de tout le monde ...)

En ce sens je crois qu'on peut remercier la scission qui nous a obligé à réflechir sur ce que nous voulions faire vraiment, comment, avec qui, sur les conditions structurelles qui avaient menées à cet état de fait de prises de pouvoir et comment les éliminer (autant que faire se peut). Si ce moment n'a pas permis le débat à l'extérieur avec le mouvement anarchiste - qui de toute façon n'en voulait pas, n'étant intéressé que par son image et sa couverture médiatique et surtout l'ilusion qu'enfin il sortait la tête hors de l'eau, illusion qui s'est complètement évaporée aujourd'hui - au moins aura t il permis un débat interne.

A noter d'ailleurs qu'à ma connaissance la CNT AIT est la seule organisation du mouvement libertaire français à disposer d'un forum ouvert à tous ... (j'arrete là les cocorico :-)
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Messagepar wiecha » Vendredi 07 Déc 2007 17:12

Salut,

Plusieurs débats en cours; celui sur le milieu anarchiste m'intéresse en fait moins que celui sur les groupes, mais aussi sur ce que Nosotros appelle " les luttes pour la survie " " pas révolutionnaires " et même "un échec à long terme ".

Le problème pour moi, c'est que le dépassement révolutionnaire part de ces luttes là et pas d'ailleurs. Et surtout pas de groupes ou on se retrouverait sur des bases idéologiques.

Prenons l'exemple de l'assistante sociale et de la Rmiste: pour moi se retrouver sur un collectif de quartier ou chacun débarque avec ses conditions objectives d'exploitation est la seule manière de concrètement poser les questions de leur dépassement. Sur l'ouverture d'un front commun, par exemple ses conditions de travail et mes problèmes de contrôle , ou nos problèmes communs de logement. Construire dans la lutte une égalité entre nous qui n'existe pas dans le rapport de contrôleur/contrôlé imposé par le dispositif capitaliste, je t'aide et tu m'aides. La révolution passe par là parce que l'abolition des classes passe d'abord et obligatoirement par l'abolition des frontières à l'intérieur même de la classe.
Et c'est forcément difficile, conflictuel, et remis en cause en permanence mais à mon avis l'espoir de s'en sortir avec des groupes fondés sur des accords idéologiques est totalement vain, parce que dans ces groupes , on ne pose pas les frontières mais cela ne les empêche pas d'exister et d'exercer leur pouvoir, bien plus solide quand il se fait dans le non dit.

Un exemple. Dans la période 96-98, j'étais étudiante et adhérente de la CNT Vignolles ( ouh la vilaine ). Il y avait dans cette orga deux types de structures: celle ou tu venais sur ton appartenance objective ( la FAU ) et celle ou n'importe qui venait sur la base de son intérêt pour telle ou telle thématique ( commission Immigration, commission Femmes ) . Et bien dans ces commissions, , nous autres étudiants avons eu vite fait de prendre le pouvoir. Pas parce que nous étions de vilains bureaucrates mais pour une raison simple notre place dans le prolétariat nous donnait plus de temps, plus d'outils culturels. A l'époque je ne voyais pas du tout ou était le mal et je prenais plutôt mal les critiques, vu mon investissement maximum. Jusqu'au jour ou je me suis retrouvée au chomedu, sans logement et ou pendant que je me crevais le cul à trouver de quoi bouffer les étudiants investis dans la commission chômage pondaient des communiqués dessus.

Et des exemples comme ça dans le milieu anar on pourrait en trouver des tas, l'AG de Jussieu pendant le mouvement de 97-98 en est aussi un bon.

Voilà pourquoi je pense que des groupes sur une base un minimum objective ou les questions concrètes de pouvoir crées par la division du travail à l'intérieur même de la classe sont posées d'office sont plus à même de générer un fonctionnement anarchiste.

Parce qu'avant de dépasser, il faut bien qu'il y ait quelque chose à dépasser: et à force d'impatience qui fait que peu de camarades s'investissent au quotidien sur les luttes de survie, on n'arrive à rien parce que quand la lutte prend de l'ampleur, les communistes et les autres ont un atout des structures de base avec un fonctionnement autoritaire et verrouillé et nous pas grand chose.

Voilà, et désolée de balancer des pavés à chaque fois que je fais une réponse, j'y arrive pas autrement.
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Messagepar douddu » Vendredi 07 Déc 2007 17:37

http://www.cntaittoulouse.lautre.net/ar ... rticle=180


Individus et groupes

Réponse à l’article Formons des groupes !

C’est une évidence : un groupe n’existe pas en dehors des individus qui le composent. Mais il n’est pas leur simple juxtaposition côte à côte. Ce qui est recherché en se regroupant, c’est une potentialisation, l’émergence d’une volonté et d’une énergie collectives, qui fait que "1+1" devienne largement supérieur à 2. La libre association des individus, qui est le point de départ, n’a pour seul objectif que de permettre collectivement ce qu’il n’est pas possible de réaliser seul. Dans la mesure où ce groupe est anarchosyndicaliste, cette puissance est tournée vers le processus révolutionnaire, c’est-à-dire la rupture. Qui dit rupture dit, clairement, impact considérable sur la vie de tous et de chacun. Peut-on espérer avoir un tel impact tout en permettant "à chacun de construire sa propre vie sans compromettre celle d’autrui" ? Evidemment, tout dépend du sens qu’on donne au mot "compromettre". Il semble bien que ce soit ici un synonyme d’interagir, d’avoir des répercussions. L’activité d’un groupe (ou d’une personne) tout comme l’absence d’activité ont inévitablement des répercussions, sur la vie des autres.

Concrètement, dans les plus petites activités de boite par exemple, que fait la CNT-AIT sinon "compromettre" (interagir avec) la vie des patrons en tentant de rogner leur pouvoir d’exploitation ? C’est bien d’ailleurs ce qu’ils nous reprochent ! Quand nous n’empêchons pas une injustice (parce que notre action s’est révélé inefficace, ou tout simplement parce qu’on n’a même pas fait ce qu’on aurait pu) n’avons nous pas interagi avec la vie de quelqu’un ? Ce qui est vrai de notre action sur l’extérieur l’est encore plus à l’intérieur du groupe. Quand une décision est prise elle compromet ses membres : si nous décidons de lancer une lutte, les copains qui la mènent directement en fonction de ce qui s’est décidé collectivement doivent pouvoir compter sur la solidarité des autres si ça tourne mal. Bien plus, une décision (parfois, un simple écrit) prise à distance, par un autre groupe de la même mouvance, pourra également avoir des répercussions, qu’on le veuille ou pas (exemple : répression policière).

Bref, participer à un groupe révolutionnaire, c’est se compromettre et compromettre en permanence les autres. Qu’en conclure ? Tout simplement que toute activité du groupe (et sa non-activité) doit être discutée, réfléchie avec le plus d’intelligence et de conscience possibles pour que ses membres soient en capacité de l’assumer en toute circonstance, la tête haute, et que les répercussions sur la société en soient positives d’un point de vue révolutionnaire. Un autre point mériterait d’être développé. C’est celui relatif au fonctionnement des groupes, à peine survolé dans le texte de Paul.

La question de l’autorité (et du pouvoir) étant dans un groupe anarchosyndicaliste, fondamentale et à remettre "cent fois sur le métier", j’espère que le débat rebondira sur ces points. Dans l’immédiat, pour rester bref, il me semble essentiel Comme cela est écrit dans le texte "Formons des groupes", je pense effectivement qu’en cette période, plus que jamais, il faut multiplier les entités anarchosyndicalistes quel que soit le nom qu’on leur donne (en ce qui me concerne, je préfère le terme d’anarchosyndicat) partout où cela est possible, d’autant que, dans l’anarchosyndicalisme justement, l’élément structurant de base ce n’est pas l’individu, mais le collectif. Ce sont les groupes, pour reprendre le terme de Paul, qui échangent, se coordonnent, élaborent de la théorie, produisent de la pratique et construisent ensemble.Dans cette perspective la relation entre individu et groupe est débattue, celle entre groupes serait également à débattre plus largement.
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Messagepar NOSOTROS » Vendredi 07 Déc 2007 23:35

Salut Wiecha

merci pour ta réponse qui n'est pas un pavé (car elle n'est pas lourde, ce qui n'est pas toujours mon cas ... bon mais à mon age je ne pourrais plus me refaire ;-) )

j'ai bien réflechi (enfin j'ai essayé :-) ) à ce que tu disais et ça m'a fait pensé à ce que peuvent nous dire des amis ou des alliés avec qui nous luttons plus ou moins régulièrement . Comme toi, ils ont été investis dans le mouvement anar, et s'en sont désinteréssé du fait des pseudo débats/vrais luttes de pouvoir internes.

Aujourd'hui ils se sont repliés (1) sur des collectifs de lutte locaux, dans lesquels ils ne mettent pas nécessairement en avance le fait qu'ils se considèrent anarchistes. Dans ces collectifs ils ne s'interdisent pas d'ailleurs de faire parfois alliance avec des syndicats style CGT ou autre.

Car leur l'objectif est de permettre des luttes auto-organisées, combative set efficaces, pour répondre à des situations concrètes ponctuelles.

Ces vrais que ces amis font un vrai travail militant, qui force le respect. Et qu'ils obtiennent souvent des victoires arrachées au désespoir du quotidien.

Toutefois, j'ai l'impression que dans leur démarche il n'y a plus d'espoir qu'un changement collectif massif et rupturiste soit possible. Mais plutot que dans la phase actuelle, le mieux qu'on puisse espérer, c'est d'essayer de limiter les dégats au mieux dans notre environnement proche. Je ne suis même pas sur qu'ils s'illusionnent en dsiant que la convergence de ces phénomènes locaux permettra un déclenchement d'un processus révolutionnaire.

En gros j'ai l'impression qu'ils ont perdu "la foi" dans la possibilité d'une rupture massive.

Ne pensant pas qu'un dépassement soit réellement possible, il me sembel qu'ils sont condamnés telles les danaides à continuellement essayer de vider un tonneau qui se rempli aussi vite qu'ils en retirent un peu.

Peut on lutter sans espoir (et sans mythe ?)

Ceci dit sur la question du ciment du groupe (situation objective ou prise deposition idéologique), je pense qu'en fait les deux ne sont pas exclusifs : un groupe peut partir d'un point de départ, en fonction de son contexte, l'autre d'un autre. Mais ce qui est important c'est qu'à terme, ils convergent sur une perspective qui soit en fait hybride : pas un groupe uniquement idéologique (car sinon ça peut virer au stérile planant) mais pas non plus un groupe uniquement sur la protection des intérêts immédiats (sous peine de manquer de hauteur de vue). Je pense qu'on a réussi le projet quand les deux aspects se conjuguent. Même si c'est pas facile ...

===================================

(1)le terme est de moi, et je me rends bien compte qu'il n'ets pas neutre mais bon ... je n'en vois pas d'autre
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Messagepar NOSOTROS » Vendredi 07 Déc 2007 23:55

Juste pour dire que le texte initial a été traduit en portugais pas les copaisn de l'AIT au Brésil http://www.midiaindependente.org/pt/blu ... 5082.shtml

Muito obrigado :-)
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Messagepar NOSOTROS » Samedi 08 Déc 2007 0:42

bon le dernier, juré promis je file me coucher après.

Je reposte ici le texte des copains Russes de l'AIT, qui me semble apporter une contribution au débat :


Organisation révolutionnaire et révolution sociale

COMMUNISME ANARCHISTE

Nous sommes « communistes » au sens non vulgaire et non caricatural, à l'inverse de ce qui apparaît à tout bout de champ dans les pages de livres d’histoire et des médias (« régime communiste », « Etat communiste », « parti communiste », etc.). Le véritable communisme est d’essence anarchiste : antiétatique (affirmation de la disparition de l’Etat) et anti-autoritaire. Cela signifie la commune libre et l'association des individus. Quand les opprimés et les exploités décident ensemble, dans les assemblées générales, comment ils vivent et ce qu'ils font pour s’entraider. Quand ils utilisent et mettent en commun par la collectivisation et la socialisation tous les biens et les produits de la terre, selon les mots du poète anarchiste du XVIIIème siècle, Sylvain Maréchal : « On utilise la lumière du soleil qui brille pour tous. » Malheureusement, en 1917, le sens de ce terme a été détourné et dénaturé par les bolcheviks, devenant ensuite la risée du reste du monde.

ASSEMBLEES GENERALES, PIERRE ANGULAIRE DE LA SOCIÉTÉ LIBRE

Nous sommes « communistes » dans nos idées, dans le but pour lequel nous œuvrons ; nous le sommes également dans notre lutte même. Nous sommes convaincus que, seules, les assemblées générales des usines, des services et des habitants de quartiers ou de localités doivent décider comment organiser les grèves (ou les révoltes), les manifestations et les meetings ; comment résister face à la répression des forces coercitives du système. Elles doivent décider, elles-mêmes, sans les représentants autoproclamés des partis, des syndicats, des députés ou des juges. C’est-à-dire rejeter toute forme de bureaucratie. De telles assemblées générales souveraines sont un gage de succès dans la lutte actuelle, mais aussi un prototype, voire une pierre angulaire de la société libre.

Anarchistes, si vous êtes pour les assemblées générales, puisque vous y voyez une pierre angulaire de la société libre, pourquoi considérez-vous nécessaire la création de « l'organisation anarchiste ouvrière » ? Le lecteur peut alors se demander à quoi servent de telles assemblées.

Commençons par le simple constat que les assemblées générales sont très rares dans la Russie contemporaine. La lutte est menée et conduite, ici, le plus souvent par les politiciens des partis et les bureaucrates syndicaux. Leur comité syndical décide de tous les aspects de la grève. Les ouvriers ne se réunissent que pour confirmer les décisions déjà prises par ce comité syndical. D’après eux, la masse, « incompétente », n'est pas capable de s’organiser par elle-même – leur opinion est, hélas, devenue banale. Brisons cette triste tradition coûte que coûte ! C’est pour cela qu’il est d'une importance vitale d’unir les opprimés et les exploités qui défendent le principe de souveraineté des assemblées générales.

Cependant, ces assemblées générales seules ne suffisent pas à ce jour, ce d’autant plus qu’elles ne se réunissent que lorsqu’une grève sérieuse éclate. Le pouvoir se manifeste très vite par les représentants des partis et des syndicats. Ceux-ci arrivent à prendre toutes les décisions sur la conduite de la lutte. Ce sont eux qui parlent, délibèrent et négocient avec les patrons et les autorités pour conclure des alliances sur les dos des travailleurs... Les opprimés et les exploités ne deviennent donc que des figurants, comme toujours sous le capitalisme. Outre ce phénomène, les masses « abdiquent » parfois même de leur souveraineté, confiant le soin de penser et de décider aux petits chefs improvisés et aux bureaucrates syndicaux.

Pourquoi ces choses se passent-elles ainsi ?

Les assemblées générales sont généralement un lieu où se prennent les décisions, mais elles ne sont pas une fin en soi. On peut prendre des décisions très différentes, dans cette agora, qui sont contradictoires, voire incompatibles avec les intérêts des exploités et des opprimés en lutte. La forme est fondamentale, le contenu aussi, comme leur harmonie. Car le contenu des décisions est déterminé par ceux qui y participent par leurs besoins, leurs désirs, leurs idées et leurs convictions. Tout ceci dépend d'eux.

Bien sûr, l'homme est un être social (c’est sa spécifié biologique, si on veut). Son comportement est évidemment structuré par de multiples rapports qui peuvent impulser une profonde entraide et la solidarité. Mais les millénaires d’autorité, de domination et de propriété ont gravement déteint sur sa personnalité. Grâce à des vecteurs idéologiques (concurrence à outrance, poursuite d’avantages privés, égoïsme bestial, conformisme plat et consumérisme pervers), le capitalisme a largement contribué à aller dans cette direction. De plus, aujourd’hui, une fraction significative des exploités et des opprimés est prête à échanger sa liberté contre du confort, à se contenter des miettes acquises au prix d'efforts minimaux et, autant que possible, sans recourir à la lutte. Elle ne veut en aucun cas rompre avec le capitalisme.

Par conséquent, si nous voulons que les assemblées générales restent un lieu libre et indépendant, pour que les exploités et les opprimés soient maîtres de leur lutte et de leur destinée, tous les partisans de ce choix doivent s'unir résolument afin de le défendre. Pour mener à bien cette ambition, nous avons besoin d’une organisation révolutionnaire qui unit dans ses rangs les opprimés et les exploités qui veulent lutter consciemment pour le triomphe de la liberté, de la solidarité et de l'acratie. Si, dès à présent, peu de personnes rejoignent cette organisation révolutionnaire, nous sommes persuadés que nos idées convaincront tôt ou tard, dans un premier temps, une fraction significative des opprimés et des exploités.

NI PARTI NI GROUPE SPECIFIQUE IDEOLOGIQUE

Est-ce que ça signifie que les partisans du « communisme libre » doivent créer un parti politique pour lutter contre le capitalisme sous toutes ses formes ?

Le mot parti contient en lui-même ce que nous refusons. Il signifie ni plus ni moins qu’une « parti-e » du peuple agit pour défendre ses propres intérêts de classe. Un parti se forme par ceux qui prétendent aux postes de chefs afin d’être des représentants institués. Ceux-ci veulent que les exploités et les opprimés leur confient le rôle de conduire la lutte. Les membres d’un parti agissent toujours selon les instructions venues d'en haut, même quand, par exemple, ils agissent à la base en direction du milieu populaire. – « Confiez-nous la représentation de vos intérêts. Nous ferons alors… » disent-ils aux opprimés et aux exploités.

Peu importe de quel parti il s'agit, parlementaire, d'avant-garde ou les deux. Dans le premier cas, les dirigeants tentent de représenter les intérêts des différentes classes de la société en promettant tout et n’importe quoi, mais en ne satisfaisant exclusivement que les détenteurs de la richesse et du pouvoir. Dans le deuxième cas, les dirigeants s’autoproclament comme une minorité éclairée du peuple, une élite naturelle qui n'est pas comprise et estimée par les maîtres du moment. Cependant, les objectifs et les tâches de ces partis sont toujours les mêmes : s'emparer du pouvoir, installer un gouvernement et abandonner continuellement, au final, les intérêts des opprimés et des exploités.

Nous n'avons pas l'intention de construire un parti politique. Nous ne voulons pas rester non plus un groupe idéologique de propagande qui se limite à la diffusion simple de nos idées, bien que nous soyons parfois forcés de commencer de cette manière. C'est trop peu pour nous de fréquenter la masse là où elle se trouve et de lui parler. Il est insuffisant pour nous d'aller aux meetings et aux assemblées générales des grévistes ou des habitants. Nous ne voulons certainement pas être un groupe idéologique qui produit des analyses, en synthétisant l'expérience de la lutte et en faisant la leçon aux frères de classe - guidés et dirigés de ses hauteurs scientifiques ou culturelles avec plus ou moins de morgue.

La théorie est morte sans la pratique. La conceptualisation pure dans une tour d`ivoire est impuissante sans une réelle confrontation dans le champ social, d’où l’on dégage l’enseignement de l’expérience. Des idées (a fortiori les nôtres, celles du « communisme anarchiste ») ne peuvent qu’avancer dans le monde que lorsqu’elles sont capables de générer une force sociale. Cela sous-entend, logiquement, que le mouvement social reprenne à son compte plusieurs de nos idées telles que l’acratie et l’action directe, avec l’idéal de liberté. Nous aspirons à ce que le mouvement social détruise ce système pour le remplacer par un nouveau.

La lutte contre le monde actuel de l’autorité, de la domination, de l’exploitation et de l'injustice commence en résistant contre chaque atteinte à notre vie et à notre liberté : des grèves pour l'augmentation du salaire, la diminution du temps de travail, la réduction de notre exploitation, par conséquent, et l’accroissement du temps libre, pour notre auto-développement ; des rassemblements contre la construction de maisons pour les riches et contre la replanification commerciale des quartiers où nous habitons ; de l'opposition contre la construction et l'installation des industries produisant des énergies nuisibles à notre santé et à la nature. Autrement dit, elle commence par des actions au moyen desquelles les opprimés et les exploités défendent leurs droits et leurs intérêts de classe, jusqu`à pouvoir changer le système social.

Cela concerne avant tout la sphère du travail, qui nous asservit à chaque instant. C’est-à-dire dans la place que nous occupons au niveau du procès de fabrication, de production et de reproduction du capital (le lieu où nous vivons et où nous faisons nos études)... Notre absence de droits se trouve là où demeure le fondement de notre esclavage de tous les jours : l’extraction de la plus-value placée centralement dans l'immense mécanisme totalitaire de notre humiliation et de notre servitude. Nous passons la plupart de notre vie au travail, en vendant notre corps et notre cerveau pour un maigre salaire. Nous dépensons, ensuite, le reste du temps pour reprendre un peu d’haleine, nous détendre, bien dormir, nous mettre en « ordre relatif » et repartir afin d’être plus productifs et rentables. Nous sommes ravalés au rôle d'une machine qui est juste l’appendice d’autres machines de métal et de plastique. C'est précisément là où nous créons la plupart des biens indispensables pour la vie que nous dépendons totalement de n'importe quel caprice de nos maîtres (patron ou chef), qui usurpent les biens sociaux réalisés par nous-mêmes à leur seul profit… C'est pourquoi nous tentons de mettre la sphère du travail (l'entreprise ou le service où nous travaillons, l'école ou l'université où nous étudions) au centre de notre résistance contre le capital et l'Etat, qui nous oppriment, sans nier pour autant tous les autres aspects de la domination : le consumérisme, l’enfermement, la religion, la famille, etc.

PAS DE SYNDICAT SANS IDÉOLOGIE

Quelqu'un pourrait nous suggérer d'entrer activement dans un syndicat ou d’en fonder un nouveau ? Nous devons répondre « non » !

Les syndicats ont émergé au XIXème siècle pour remplacer le plus souvent les associations des producteurs (les corps de métiers ou les unions), dissoutes et détruites par le capitalisme. En s'unissant dans les unions selon les professions, les ouvriers ont tenté de s’entraider dans le travail et la vie. Beaucoup de ces unions ont justement agi comme des sociétés de résistance en luttant pour l'augmentation des salaires, l'amélioration des conditions de travail et la diminution du temps de travail. Ces ouvriers ont également agi souvent de manière révolutionnaire, en menant des grèves agitatrices ou des grèves générales. Ils ont aussi favorisé l’émergence d’une culture ouvrière qui s’opposait au capitalisme. Car elle proclamait clairement et ouvertement une finalité révolutionnaire.

Néanmoins, toutes les organisations syndicales, y compris même les plus révolutionnaires, ont toujours eu une faiblesse. Elles ont été conçues en partant des conditions matérielles des travailleurs dans la société existante. Certes, celles-ci étaient liées au contexte d’horrible misère des deux siècles précédents. Le capitalisme n’entendait satisfaire aucun besoin des travailleurs, jusqu’à ce qu’il fût mis au pied du mur, à savoir : la possibilité d’en finir avec lui. Toutefois, cette épreuve a été perdue par les travailleurs. Il s’est trouvé que le capitalisme, dans sa variante industrielle, s’est restructuré par l’avènement du fordisme et du taylorisme. Ces derniers se sont caractérisés par « une production impersonnelle de masse », fondée sur le découpage et le chronométrage des tâches (parcellisation), l’apparition des chaînes ou des lignes de montage, etc. En se passant d’un certain « savoir-faire technique » des ouvriers, les capitalistes pouvaient donc réduire les frais de production. Des produits standards ont commencé à envahir le marché, en stimulant le jeu de l’offre et de la demande. La bourgeoisie humaniste et progressiste (via l’Etat) a été capable d’accepter un certain nombre de revendications immédiates des ouvriers. Elle y a parfaitement trouvé son compte : le taux de productivité s’est intensifié au maximum tout en pressurant davantage la force de travail par une diminution du temps de travail ; la masse salariale s’est élevée, tout en conservant et en réalisant d’énormes gains. Le mieux-être des travailleurs n’a pas forcément engendré la destruction du système.

En ne restant que dans le cadre de ce dernier, au lieu de lutter pour une autre société, les syndicats se sont également ouverts aux opprimés et aux exploités possédant des convictions très différentes, qui ne voulaient pas nécessairement risquer une rupture avec le capitalisme et l’Etat, préférant même chercher des maîtres plus conciliants, comme les chefs des partis socialistes, puis les bolcheviks. En confiant la lutte pour leurs intérêts aux mains de ces aventuriers avides de pouvoir, les membres des syndicats se sont limités volontairement à la défense du niveau de vie : le pouvoir d’achat (si l’on préfère). Une dualité a ainsi émergé : la lutte politique aux partis et la lutte économique aux syndicats. Ces derniers se sont peu à peu réorganisés selon le même schéma de la représentation parlementaire. Une bureaucratie a grandi et est devenue omnipotente à l’intérieur des organisations syndicales. Ces membres ont été rabaissés à de simples figurants : payeurs de cotisations et exécutants de décisions prises par la bureaucratie. Finalement, les syndicats sont aujourd’hui des appareils idéologiques d’Etat, bien qu’ils s’en défendent, soi-disant, au moyen du neutralisme idéologique (même le syndicalisme révolutionnaire).

Nous ne voulons pas de ce syndicalisme revendicatif qui négocie uniquement un meilleur taux de la valeur de la force de travail. Nous refusons de nous contenter de l'amélioration simple de notre situation d’esclave moderne. Nous n’acceptons pas que l’on parcellise, fragmente et cloisonne la lutte contre le système. L’idéologique, le politique, l’économique, le culturel… sont interdépendants, consubstantiels, voire dialectiquement et transversalement liés. Nous souhaitons vivre non seulement mieux, mais aussi autrement. Nous voulons juste être libres !

UNION OUVRIERE À FINALITÉ COMMUNISTE ANARCHISTE

L'organisation révolutionnaire que nous voulons construire n'est ni un parti et ni un syndicat. Elle est dans son mode d’organisation une union (ou association) ouvrière, rassemblant les travailleurs qui résistent contre l'exploitation et l'oppression de tous les jours, dans le cadre des revendications immédiates (énumérées précédemment), ces dernières n'étant pas une fin en soi. L’union ouvrière - ou plutôt, « sociétés ouvrières de résistance » - ne sont pas fondées uniquement que sur celles-ci. Elles sont seulement un moyen pour qu’ils prennent conscience de leur subjectivité (une classe en soi et pour soi), lorsqu’ils font preuve de solidarité et d’entraide pendant la lutte, lorsqu’ils en viennent à remettre en cause l’autorité, l’oppression, la propriété, l’inégalité, etc.

En défendant de front tous leurs droits, les travailleurs pourront seuls surmonter l’égoïsme, acquérir la dignité humaine en se réveillant de la léthargie séculaire et en se rendant compte aussi qu’il faut en finir entièrement avec le système capitaliste. C`est pourquoi nos sociétés ouvrières de résistance (professionnelles et interprofessionnelles) sont en même temps des organisations idéologiques dont la finalité est le « communisme anarchiste ».

Nous sommes donc pour l’union ouvrière qui regroupe les travailleurs pleinement conscients des principes du « communiste anarchiste ». C’est-à-dire qu’ils sont libres de toute forme de bureaucratie, de politicaillerie et d’arrivisme. Toutes leurs décisions sont prises dans les assemblées générales ou à l'échelle supérieure d'un niveau local par leurs mandatés. Ces derniers sont seulement la « voix » de ceux qui les ont désignés.

Ses unions ouvrières ont la vocation de réaliser un travail idéologique de propagande et culturel pour diffuser les principes et la finalité du « communisme anarchiste », en paroles et en actes. Ces unions ouvrières doivent être en capacité de préparer, mener des grèves et autres actions contre le joug du capital et de l'Etat. Notre but est que les travailleurs s’imbibent des positions du « communisme anarchiste », qu'ils commencent à penser et agir comme tel, indépendamment de nos unions ouvrières.

Alors, les assemblées générales créées par eux - aujourd’hui si rares et si instables - peuvent se transformer, dans le futur, en des structures régulières, constantes et permanentes issues de l'auto-organisation et de l'autogestion sur la base du communisme libre. Nous appellerons celles-ci les conseils, les soviets ou les assemblées populaires (selon les us et coutumes de chacun). Alors, en nous inspirant des idées et des principes du « communisme anarchiste », nous, les exploités et les opprimés, irons au grand soir, à l'assaut ultime des bastions de ce vieux monde.
Capitalismo delenda est
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Messagepar marv » Lundi 10 Déc 2007 11:58

Il y a avait un bug dans la précédente version du texte Individus et groupes cité par Douddu (texte tronqué et incomplet voici la version corrigée (merci zeb)

http://www.cntaittoulouse.lautre.net/ar ... rticle=180

Réponse à l’article Formons des groupes !

Comme cela est écrit dans le texte "Formons des groupes", je pense effectivement qu’en cette période, plus que jamais, il faut multiplier les entités anarchosyndicalistes quel que soit le nom qu’on leur donne (en ce qui me concerne, je préfère le terme d’anarchosyndicat) partout où cela est possible, d’autant que, dans l’anarchosyndicalisme justement, l’élément structurant de base ce n’est pas l’individu, mais le collectif.Ce sont les groupes, pour reprendre le terme de Paul, qui échangent, se coordonnent, élaborent de la théorie, produisent de la pratique et construisent ensemble.

Dans cette perspective la relation entre individu et groupe est débattue, celle entre groupes serait également à débattre plus largement.

C’est une évidence : un groupe n’existe pas en dehors des individus qui le composent. Mais il n’est pas leur simple juxtaposition côte à côte. Ce qui est recherché en se regroupant, c’est une potentialisation, l’émergence d’une volonté et d’une énergie collectives, qui fait que "1+1" devienne largement supérieur à 2. La libre association des individus, qui est le point de départ, n’a pour seul objectif que de permettre collectivement ce qu’il n’est pas possible de réaliser seul. Dans la mesure où ce groupe est anarchosyndicaliste, cette puissance est tournée vers le processus révolutionnaire, c’est-à-dire la rupture. Qui dit rupture dit, clairement, impact considérable sur la vie de tous et de chacun. Peut-on espérer avoir un tel impact tout en permettant "à chacun de construire sa propre vie sans compromettre celle d’autrui" ?

Evidemment, tout dépend du sens qu’on donne au mot "compromettre". Il semble bien que ce soit ici un synonyme d’interagir, d’avoir des répercussions.

L’activité d’un groupe (ou d’une personne) tout comme l’absence d’activité ont inévitablement des répercussions, sur la vie des autres. Concrètement, dans les plus petites activités de boite par exemple, que fait la CNT-AIT sinon "compromettre" (interagir avec) la vie des patrons en tentant de rogner leur pouvoir d’exploitation ? C’est bien d’ailleurs ce qu’ils nous reprochent ! Quand nous n’empêchons pas une injustice (parce que notre action s’est révélé inefficace, ou tout simplement parce qu’on n’a même pas fait ce qu’on aurait pu) n’avons nous pas interagi avec la vie de quelqu’un ? Ce qui est vrai de notre action sur l’extérieur l’est encore plus à l’intérieur du groupe. Quand une décision est prise elle compromet ses membres : si nous décidons de lancer une lutte, les copains qui la mènent directement en fonction de ce qui s’est décidé collectivement doivent pouvoir compter sur la solidarité des autres si ça tourne mal. Bien plus, une décision (parfois, un simple écrit) prise à distance, par un autre groupe de la même mouvance, pourra également avoir des répercussions, qu’on le veuille ou pas (exemple : répression policière).

Bref, participer à un groupe révolutionnaire, c’est se compromettre et compromettre en permanence les autres. Qu’en conclure ? Tout simplement que toute activité du groupe (et sa non-activité) doit être discutée, réfléchie avec le plus d’intelligence et de conscience possibles pour que ses membres soient en capacité de l’assumer en toute circonstance, la tête haute, et que les répercussions sur la société en soient positives d’un point de vue révolutionnaire.

Un autre point mériterait d’être développé. C’est celui relatif au fonctionnement des groupes, à peine survolé dans le texte de Paul.

La question de l’autorité (et du pouvoir) étant dans un groupe anarchosyndicaliste, fondamentale et à remettre "cent fois sur le métier", j’espère que le débat rebondira sur ces points. Dans l’immédiat, pour rester bref, il me semble essentiel de différentier la notion de délégation de celle de représentation (ce que Paul ne fait pas) et de souligner que la rotation des tâches n’est pas, en pratique, une panacée. Le seul garant d’un fonctionnement antiautoritaire, s’est l’application de la devise communiste libertaire : "De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins". Elle met bien en lumière la relation réciproque qui doit exister entre l’individu et le groupe : chacun reçoit, mais chacun donne d’abord.

En guise de conclusion, je crois qu’il faut clarifier la relation entre "politique", "stratégie" et "tactique". D’un point de vue tactique, une déclinaison infinie de modes opératoire est théoriquement possible, selon les envies, les contextes géographiques ou sociopolitiques, les possibilités des uns et des autres etc. Mais, en terme politique, l’anarchosyndicalisme ne recherche pas la diversité mais revendique bien au contraire l’unicité : c’est d’ailleurs ce que fait Paul qui n’assigne à tout le mouvement, et même à l’humanité, qu’un double objectif (outre le point que nous avons discuté plus haut : "éviter la destruction accélérée de la planète"). Et sur le plan stratégique, elle repose sur deux fondamentaux : auto-organisation et cohérence de moyens et de la fin, ce qui implique le refus de la représentation/médiation (action directe).

En s’assignant ainsi des objectif finis, il devient périlleux de penser qu’il ne s’agit pas "d’inventer LA société libertaire pour tous". Certes, LA société libertaire peut prendre différente forme. Mais dans le fond ce sera toujours LA société libertaire ou ce ne sera pas (hypothèse qui n’est pas dénuée de fondement). Il n’y aura pas la société libertaire de l’Est et de l’Ouest, celle de Strasbourg et celle de Quimperlé. La société libertaire est fondée sur des principes universels et intangibles, a-historiques. C’est d’ailleurs pourquoi nous sommes si critiques sur les "adaptations" qui conduisent à étiqueter "libertaire" des mouvements qui sont totalement étrangers à ses principes.

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