Compte rendu des actions menées contre la loi d'autonomie des universités
Des divergences apparaissent dans le comité chargé d'acter les décisions de l'AG. Le représentant de la CGT s'exprime en tant que tel ; pourtant l'AG a voté un comité d'individus, pas un cartel d'organisations ni une intersyndicale. Le délégué CGT soutient que le comité soit exclusivement composé de personnes liées à l'université.
Face à l'embarras, ou l'ambiguïté dans le comité, les CNTistes prennent de la distance et diffusent un
tract le mercredi 10 octobre.
A PROPOS DE LA LOI DITE D’AUTONOMIE DES UNIVERSITES
La bourgeoisie UMPiste méprise le petit peuple et l’appauvrit. Elle le lui fait savoir en s’octroyant plus de privilèges, notamment la loi sur les cadeaux fiscaux.
La loi d’autonomie des universités a été votée peu de temps avant et elle pose de nombreuses questions dont celles-ci :
- le service public est-il la propriété de l’Etat, de groupes constitués ou de ses employés ?
- le service public défend-il l’intérêt de minorités privilégiées ou corporatistes ?
- le service public et son statut induisent-il une politique de service public ?
Il ne sert à rien d’incanter la défense du service public sans répondre à ces questions. Selon nous, un service public doit être une propriété sociale et collective, qui de fait appartient à tous. Il se doit d’être réellement démocratique, c’est-à-dire sous le contrôle de la population. Il acte une politique d’intérêt général qui garantit l’accès à tous aux besoins fondamentaux (logement, santé, transport, éducation, etc.) et pratique l’égalité de traitement. Hélas, les dits services publics sont utilisés par l’Etat comme l’instrument d’une ségrégation sociale : radiation ANPE, exclusion et non attribution au logement, difficulté de prise en charge de la santé, sélection (restriction des bourses par exemple) et formatage scolaire, ainsi que la recherche publique orientée par les besoins des firmes capitalistes (OGM, nucléaire, armement, biométrie et traçabilité ...).
La loi d’autonomie des universités n’est pas conforme à la vocation d’un service public : elle doit être combattue. Mais ne limiter la bataille qu’à cet aspect est une impasse qui nous conduira à défendre une université déjà dégradée par les mesures gouvernementales antérieures (rappelez-vous de la loi Jospin en 1989 en autres). C’est une illusion en outre qui ne résoudra en rien les problèmes de l’existence quotidienne de la plupart des étudiants et des personnels, dans toutes ses composantes. Ce serait s’enfermer dans le piège du corporatisme qui feint d’ignorer que le pouvoir oppose les étudiants, les étudiants salariés, les salariés du public et du privé, les intérimaires, les chômeurs et les bénéficiaires des minimas sociaux, etc. Ce qui lui permet de récupérer ce qu’il a momentanément concédé à certains.
D’après nous, les attaques que nous subissons sont le fait d’une logique globale qui est produite par le système capitaliste. Il ne sera défait que par une critique idéologique de fond, cernant les tenants et les aboutissants des problématiques sociales par le refus du corporatisme et de son piège de la pensée slogan génératrice de revendications de surface. Pour ces raisons, la mobilisation ne peut se limiter qu’à la loi d’autonomie des universités. Il est nécessaire de poser des revendications unifiantes qui permettront une véritable convergence des luttes. Nous devons éviter également d’être pris dans les querelles des organisations. Ces dernières ont libre droit de s’exprimer. Cependant, elles n’ont pas à s’approprier la lutte, surtout que l’immense majorité des personnes concernées sont en dehors de celles-ci. Le gage d’efficacité, d’unité, de démocratie et de massification passe par la mise en place d’un comité ouvert à tous (lycéens, étudiants, travailleurs, intérimaires, chômeurs ...), comme ce fut le cas et avec succès lors du mouvement contre le CPE/CNE. Ce qui se déroule à l’université, à l’hôpital, à l’ANPE ... (c’est-à-dire chacun des services publics) nous concerne tous. Aucun syndicat et parti n’ont à décider à notre place. C’est tous ensemble que nous construirons la lutte et créerons un véritable rapport de force contre la politique du gouvernement.
Nous n’aurons que ce que nous prendrons ! Seule, la lutte paye !
Confédération Nationale du Travail
Association Internationale des Travailleurs
BP 2010
14089 Caen cedex
http://cnt.ait.caen.free.fr (Forum)
cnt.ait.caen@free.fr
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Le lendemain,
jeudi 11 octobre, l'AG réunit peut-être 300-400 personnes. Elle débute sur les éternels infos et compte-rendus du comité.
L'UNEF est critique mais souhaite amender la loi, suivant sa logique (social-démocrate ou social-libérale) d'adaptation de l'université aux besoins capitalistes et en limitant le rôle de l'Etat.
CGT, FSE, SNES-SUP et SUD sont contre la loi et dans la logique d'une université généraliste, moins orientée vers l'entreprise, avec un rôle important de l'Etat. Les prises de paroles pendant l'AG sont sous-tendues par ces prismes.
Une vision catastrophe du "projet" prend corps.
Les militants de la CNT-AIT partagent cette analyse mais signalent que cette donne est déjà actuelle (précarité, professionnalisation, etc.), que se limiter au rejet de l'autonomie passe la situation existante sous silence et revient à défendre le cadre préalable d'une université dégradée. D'ailleurs, la plupart des individus et organisations présents s'étaient mobilisés en rejet des orientations antérieures : s'il n'est pas élaboré un contre-statut, ceux-ci défendront dans quelques années le statut d'autonomie tant décrié aujourd'hui, face à une privatisation totale.
De même, il faut aller au-delà du simple rejet du statut d'autonomie. De fait, un statut ne sert que peu s'il laisse employés et usagers dans de mauvaises conditions matérielles ; quelques exemples : précarité, conditions de logement, de transports, d'accès à la santé, revenus insuffisants, temps d'études limité par une activité salariée, etc. Il faut inclure ces problèmes dans la lutte.
Vient le point du choix de la structure de mobilisation et des acteurs du conflit.
La CGT défend une inter-syndicale et des AG limitées à la communauté universitaire (étudiants, profs, salariés). L'UNEF partage cette position, tout comme le SNES-SUP et SUD Education (qui semble néanmoins plus ouvert sur d'autres propositions). La FSE semble flotter : plutôt proche de la CGT, elle est ouverte et ira dans le sens voulu par l'AG.
La CNT-AIT défend une position toute autre, partant du fait que les attaques visent une population large, que la-dite population ne peut s'opposer à une logique globale en ne contestant que des parties de cette offensive. Il serait ridicule d'agir tantôt contre la franchise médicale, puis une autre fois sur le logement, etc. De plus, ce qui se passe à l'université, à l'hopital, à l'ANPE, les problèmes de retraites, de logement ou de santé nous concernent tous.
Il faut donc élargir à des revendiations anti-corporatistes et unifiantes, par exemple : droit pour tous à la santé, au logement, à l'éducation, etc.
Aucune organisation n'a les moyens d'unir largement, la désaffection est générale vis-à-vis des organisations, réduites par là-même dans leur légitilité efficacité, représentativité.
Pour avoir les moyens d'une mobilisation démocratique, il faut un collectif de luttes ouvert à tous.
Ces diverses interventions ont fait débat, les positions divergeaient ou convergeaient.
L'AG tranchera dans ce sens :
- comité large d'individus (étudiants, chômeurs, salariés, etc.)
- rejet du statut d'autonomie
- non à la déterioration du statut de la fonction publique
- satisfaction des besoins sociaux fondamentaux (logement, nourriture, santé, éducation, transport...), notamment par la gratuité des services publics.
Le comité chargé de mettre en oeuvre s'est réuni : une affiche et un trat divulgant les décisions sont préparés pour la prochaine AG.