cnt vignoles - cnt ait

Sommier théorique et affinités idéologiques !

Messagepar Federica_M » Mardi 19 Juin 2007 10:58

> mais les grandes ideologies de gauche ne sont-elles pas issues de la culture judéo chretienne?

Tu as trop lu De Benoist toi ...
Federica_M
 
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Messagepar goldfax » Mardi 19 Juin 2007 19:50

Paul Anton a écrit:Non, plutôt de l'humanisme.


Alors là, tu me scies... (cf. remarque de Dan)
Môssieur le philosophe : zéro pointé ! :twisted: :lol:
goldfax
 

Messagepar Invité » Vendredi 22 Juin 2007 1:02

tomatok a écrit:
peyo a écrit:il s'agit là d'une minorité.

mmm j'en suis pas certain, mais bon... j'me rappelle plus bien mais les camionnettes des vignoles, elles vendent pas des boissons dans les grosses manifs ? j'en suis pas certain mais si quelqu'un pouvait confirmer ou infirmer ça règlerait la question.
et si c'est le cas d'une minorité, tu viens de toute manière de traiter tes gentils copains rasés de staliniens. mais bon, c'était déjà rien qu'des gamins qui passent leur jeunesse en tapant des fafs et en s'organisant des soirées tranquiloutes en garde à vue histoire de s'faire quelques petites sensations fortes...


Vente de canette lors de la marche des femmes en 2000, depuis je ne sais pas...
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Messagepar Léa » Vendredi 22 Juin 2007 2:02

Si si je confirme, la vente des cannettes. Mais il y a aussi les sandwiches pour celles et ceux qui ont faim en cours de route. Ben quoi c'est logique non, la marche ça creuse l'appétit c'est connu ça tout de même. :lol:
Elu par cette crapule
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Messagepar Un autonome » Lundi 25 Juin 2007 23:07

Salut,

N’étant pas adepte de l’Internet et présent chez des amis, nous consultons le forum AIT. Je lis Peyo et je tombe sur de bonnes vieilles méthodes que j’ai pu vivre avant la scission. Ce cher Peyo commence par se la jouer gentil, puis après ça attaque de façon perfide : les mensonges, les conflits … et après il nous fait le coup du pas sectaire, dogmatique et sympathique. Il nous donne des leçons d’anarchie et délivre que des copier-coller auxquels il s’abreuve. Car ses analyses sont plutôt courtes et primaires. Je trouve les réponses de Federica très claires parce qu’elles dévoilent le dessous des cartes. Ainsi, on pourrait remplir tout le forum des mensonges et des manipulations de certains.
Cher Peyo, tu ne sembles que t’intéresser qu’à ce qui paraît briller dans le spectaculaire militant. En effet, si tu avais lu la brochure de Paul Anton sur Lénine, tu comprendrais qu’il n’y a pas de structure syndicale ou partidaire neutre, voire non idéologique. Le syndicalisme révolutionnaire et la charte d’Amiens et tout ceux rejetant l’idéologie ne sont que des tacticiens qui occultent l’idéologie à laquelle ils se réfèrent. Il ne peut y avoir de projet, de pratique ou de positionnement révolutionnaire et encore moins lutte de classes (versus prolétariat) sans une idéologie. L’intelligence est d’arriver à mettre en symbiose la tactique, la stratégie et l’idéologie, c’est le but viser par la théorie anarcho-syndicaliste. Le concept de lutte de classes se réfère à des idéologies : le communisme, l’anarchisme, le socialisme … Conséquemment, l’organisation spécifique des opprimés et des exploités pour combattre leur oppresseur n’a de pertinence que si les opprimés se dotent d’une théorie adéquate : la lutte de classes et un projet sociétal émancipateur (le communisme libertaire), etc. Là, mon cher Peyo, tu devrais bouquiner les publications de la CNT-AIT. Mais j’espère que les réponses précédentes t’auront éclairé.
Pour terminer, s’il suffisait d’aller aux élections syndicales comme politiques pour avoir une poignée d’élus et deux poignets d’adhérents, de signer avec des cartels d’organisations avec des grandes déclarations de principes, de chercher à être reconnu par l’adversaire (la fameuse représentativité). Afin paraît-il de défendre la veuve et l’orphelin, mieux encore de faire disparaître à jamais l’exploitation ? Et bien, mon cher Peyo, je signerais volontiers. Cependant la vrai question de fond est que tout se verbiage n’a jamais produit ni amélioration de l’ordinaire et ni engendré une révolution. Par contre, cela a permis à des aigrefins de pouvoir faire carrière et de consolider l’édifice bourgeois et son ordre capitaliste. Ce constat m’a amené à rompre avec le réformisme et de plus participer au parlementarisme syndical auquel je contribuais en tant qu élu. J’ai découvert dans l’anarcho-syndicalisme de quoi sustenter mon idéal de lutte de classes. C’est une manière de te dire que sur le plan des luttes salariales et du prolétariat … Tu n’as pas grand-chose à m’apprendre vu que tu te gargarises de ces références pour nous faire avaler tes fariboles. N’oublie pas qu’affirmer une opinion n’est en rien dogmatique ou stalinien qui dans ce cas vise au rejet de toute autre opinion ou dans l’interdiction de proférer toute opinion qui ne soit officielle. Pose-toi la question où en êtes-vous dans votre développement après avoir effectuer le choix de ne plus vous référer aux principes et fonctionnements de l’anarcho-syndicalisme. Et là encore, arrêtons de mentir. Avant la scission, les chefs de la future cnt Vignoles déclaraient déjà que nous étions un millier (bien évidement nous dénoncions ses méthodes). Peu de temps après la scission par miracle, vous étiez déjà cinq mille. Et par un prompt renfort, vous vous déclariez dix mille, nul doute qu’à ce jour vous êtes deux cent mille. Arrêtons de déconner. Vous êtes quatre ou cinq cent en France dont la moitié ignore tout de l’histoire de la CNT avec un turnover. Afin d’éclairer mon propos, je te recommande quelques lectures : cahier 8 (anarcho-syndicalisme et autonomie populaire), cahier 22 (Techniques de luttes), cahier 42 (lectures subversives), cahier 43 (le syndicalisme par Lénine et les bolcheviks : l’impasse de la charte d’Amiens) – voici un passage :
















III Développement :

A la lecture de la totalité des documents insérés dans ce cahier, nous remarquons que Lénine échafaude son raisonnement politique à partir d’un a priori : le prolétaire est incapable d’élaborer tout discours lui permettant de prendre conscience de sa condition d’aliénation (le en soi et pour soi de classe) et de la dépasser. Qu’est-ce qui singularise l’être animal humain pour le révolutionnaire ? Sinon le fait qu’il soit un concept historique soumis à la production et au régime idéologique du discours. Lénine affirme, au nom de cet a priori, que le salut du prolétaire n’est réalisable que par le regroupement d’une élite ou d’une avant-garde, rassemblée au sein d’une structure verticaliste et centralisatrice : le parti (A « Que faire ? » - 1/3).
Ceci dit, il ne tient pas compte de cette constatation : le parti peut se montrer beaucoup plus réformiste que le syndicat (et vice versa), car la nature du premier et du dernier n’est pas en soi révolutionnaire ou réformiste ; ils seront l’un ou l’autre selon les décisions que prennent leurs membres, en tenant compte des circonstances, de la réalité et de leur idéologie qui influent sur l’ensemble des choix du plan tactico-stratégique.
Nous pouvons souligner une profonde divergence entre les léninistes et les anarcho-syndicalistes. Pour ces derniers, le prolétaire n’est pas un individu subissant un déterminisme programmé (fût-il économique). Au contraire, les anarcho-syndicalistes défendent l’idée que le prolétaire est capable, lors d’une situation précise et particulière, de renverser le cours des choses par ces choix. Lénine aurait-il oublié ce qu’est une phase d’accélération historique ? Evidement non ! Puisque le chef des bolcheviks exprime une aversion pour le spontanéisme, ne débouchant que sur l’intégration, l’institutionnalisation du mouvement ouvrier et du syndicalisme naissant, dont la préoccupation essentielle est d'acquérir quelques menus avantages : hausse des salaires, aménagement des conditions de travail : le trade-unionisme (A « Que faire ? » 2/3).
Lénine se veut le digne continuateur de l’œuvre de Marx. En privilégiant la conquête de l’ordre politique (superstructure), il va introduire un distinguo renversant car si la base économique ou l’infrastructure d’une société détermine sa superstructure (l’Etat, l’idéologie, le juridique…), tout changement social sérieux implique de transformer profondément la base économique, selon les tenants du marxisme. Mais, ceux-ci, les léninistes et les social-démocrates d’aujourd’hui oublient que l’infrastructure et la superstructure interfèrent, par les relations qu’elles entretiennent. Nous déduisons qu’il ne peut y avoir de bouleversement social d’ampleur sans l’activation d’un processus révolutionnaire, modifiant l’économique et le politique de manière concomitante. Cela se produit quand les opprimés le désirent et se heurte à la réaction des classes dominantes qui les poussent à agir par et pour eux-mêmes, en se dotant de leur propre dispositif structurel : le syndicat, le conseil, le groupe idéologique…, créant une crise institutionnelle. Ces facteurs contribuent à transposer la situation du moment en un événement historique de 1er ordre : France 1789, Russie 1905 et 1917, Espagne 1936… L’anarcho-syndicalisme prétend qu’il n’est pas d’une grande importance de saisir l’ordre causal entre l’économique et le politique, contrairement à la vulgate marxiste qui entend le déterminer, parce qu’il s’agit de changer le tout et ses parties. On pourra mieux appréhender cette vision grâce aux cahiers : n° 8 « Anarcho-syndicalisme et autonomie populaire » – n° 35 « La FORA/une organisation anarchiste ouvrière » - n°38 « Autonomie populaire et désobéissance civile : les autoréductions en Italie » - n°42 « lectures subversives ».

Dans « Que faire ? », Lénine pointe le neutralisme idéologique, repris et appliqué en France par la charte d’Amiens, insérée à la fin de ce cahier, qui authentifiera la genèse du syndicalisme-révolutionnaire, consacrant la dichotomie : parti/syndicat. Ces deux textes présentent donc une ressemblance sur le plan théorique.

1) Le neutralisme idéologique consiste à éradiquer toute identité politique (anarchisme, marxisme, socialisme, christianisme….). La charte d’Amiens se réfère pourtant à un projet de société. Lequel ? Car cela requiert une idéologie définissant un cadre juridico-politique (le capitalisme, le communisme…). Comment une structure syndicale peut-elle se qualifier de révolutionnaire en l’absence d’une idéologie conséquente ? Ce concept du neutralisme idéologique constitue une insulte à l’entendement. Tout groupe humain ne peut pas exister sans un substrat idéologique qui le norme consciemment ou inconsciemment. Il n’existe pas de structure sociale prétendue neutre ou sans idéologie. Le syndicalisme n’échappe pas à la règle, puisqu’il est à la fois « produit » et/ou « producteur » idéologique. Nous différencions trois niveaux : 1) une idéologie souple pour maintenir une relative unité dans les rangs du syndicat à cause de sa diversité idéologique ; 2) une idéologie plus marquée (on parle alors de syndicat de sensibilité) ; 3) une idéologie qui s’assume clairement au sein de la structure syndicale, parce qu’elle se fonde sur un critère affinitaire. Le corpus idéologique est plus ou moins signifié selon des intérêts et des choix bien précis, exprimés sous la houlette d’un plan tactico-stratégique. Le syndicalisme mue donc en fonction des références idéologiques qui le traversent et le placent sur l’échiquier politique de droite ou de gauche : social-démocrate accompagné de sa branche radicale réformiste ou révolutionnaire.
Aujourd’hui, le syndicalisme s’emploie exclusivement à traiter des revendications salariales liées à la sphère économique (infrastructure), tandis que le parti s’affaire à l’administration de la cité et de l’Etat (superstructure). Les liens des syndicats et des partis vont de la soumission à la synergie ; les militants aguerris s’impliquant dans ces deux types de structures y projettent subtilement ou hypocritement les joutes idéologiques : laïcité, libéralisme, protectionnisme, etc. N’oublions pas encore que les partis politiques, dans leur quête de pouvoir ou dans son exercice, craignent les accès de colère qui peuvent revêtir une forme déstabilisante et insurrectionnelle. Pour cette raison, les partis entendent pacifier, contrôler et spécier le syndicalisme, en le vidant de toute idéologie subversive, pour lui substituer une idéologie conforme avec celle du partidarisme. Celui-ci limite donc la fonction du syndicat au jeu du revendicatif, c'est-à-dire négocier plus ou moins le taux de profit tout en lui ôtant l’idée de sa suppression.

Le neutralisme idéologique même prétendu révolutionnaire vide le syndicalisme de toute velléité transformatrice, faute d’idéologie révolutionnaire. Ce syndicalisme subira le contrecoup de la suprématie du groupe idéologique faisant corps et sens, face au néant référentiel. Dès lors, le syndicat se réduit à un rôle d’appendice et de champ de manœuvre du parti (ou des partis), car son idéologie est transférée entre les mains de celui-ci. D’autre part, le neutralisme idéologique dépossède le syndicalisme d’une critique d’un système social qui est à l’oeuvre dans tous ses modes et ses rapports : la production, la consommation, le comportemental, etc., découlant d’une idéologie : le bourgeoisisme. Ceci ne peut se comprendre sans une méthodologie munie d’une idéologie d’autant que la critique suppose une autre idéologie. L’absence de critique aboutit au fait que l’idéologie du système en place (le capitalisme) parait indépassable et naturelle (le « C’est comme ça »). Par un pragmatisme erroné, le contenu revendicatif s’en trouve affaibli : si l’économie se porte bien, on tente d’obtenir de meilleurs avantages ; on consent, en cas de crise, à une perte d’avantages, puisque l’ordre des choses l’impose. Ce qui revient à être le vecteur de l’idéologie dominante. De fait, le syndicat affirme son idéologie propre ; soit il véhicule celle du parti ou bien il se subsume par le neutralisme dans l’idéologie dominante.

La pratique de la dichotomisation parti/syndicat produit un autre problème : le réductionnisme cognitif. Quelle que soit la théorie de la connaissance, du perçu, du comment et du pourquoi du monde à laquelle on se réfère (idéalisme, matérialisme, métaphysique, agnosticisme, phénoménologie, rationalisme, empirisme,…), une chose est claire : l’être animal humain mobilise pour penser ses compétences cognitives (logique, mémoire,…). L’être animal humain étant au et dans le monde qui est ce grand tout, soumis à la coaction de ses parties (et du tout sur ses parties), tout cela en perpétuel changement et mouvement. Si, par commodité, on classe, divise, le tout et ses parties en disciplines, éléments, composants, variétés et espèces ; il faut partir du postulat suivant : comment le tout et ses parties interagissent ? Le tout ne peut s’expliquer par une ou plusieurs de ses parties. Par exemple, ce tout qu’est le monde agence ses parties (nature, culture…) ; la coaction de ces dernières le modifie et entraîne des réorganisations. Appliqué au sociétal, ce modèle permet de percevoir qu’un système social agit sur ces ordres (l’économique, le politique, le juridique, l’idéologique, etc.). Le fait de borner une structure sociale dans le champ d’un de ces ordres (l’économique pour le syndicat, le politique et le juridique pour le parti, enfin l’idéologie pour un cénacle philosophique) conduit ces diverses entités à ce spécialiser et à n’analyser la réalité que sous l’angle de leur objet, rendant hermétique tout lien entre les ordres et impossible une vision systémique. Cela acte une cogitation fragmentaire, privant les exploités et les opprimés d’une vue claire et globale des enjeux sociétaux. La dichotomie (voire la trichotomie) imposée par une force révolutionnaire (le léninisme par exemple) et ceux qui partagent son approche devient contre opérante par l’application même de sa tactique. En effet, chaque acteur enfermé et convaincu que son intérêt est de retourner uniquement à son avantage l’ordre dans lequel il s’investit, croyant ici peser sur le sociétal, se trompe. Si un ordre est troublé, les autres, toujours valides travailleront à l’endiguer et à le rétablir. Imaginons que les salariés s’emparent de la sphère économique même partiellement. Nul doute qu’il y aurait depuis les institutions politiques une contre-attaque idéologique, par un discours normatif, pour reprendre immédiatement la main, car tous les ordres et par là le sociétal sont contrôlés par la bourgeoisie. Pour viser l’ensemble du sociétal, affaiblir et détruire le système, il faut penser globalement tout en agissant de manière simultanée sur ses ordres.

2) Les promoteurs de la charte d’Amiens considèrent que l’infrastructure prévaut sur la superstructure et retournent le distinguo renversant de Lénine. Ce retour au primat de l’économie est donc la conséquence du triomphe du marxisme, prétendant que la base économique (l’infrastructure) fixe le cadre juridico-politique et l’idéologique (la superstructure). Ceci apparaît comme un deuxième réductionnisme.

3) La charte d’Amiens part de l’hypothèse que le neutralisme idéologique rend possible l’unité des travailleurs sur la base du jeu revendicatif (économique), débarrassé des querelles idéologiques. Mais en fait le neutralisme idéologique n’a pas empêché le syndicalisme - y compris révolutionnaire - d’être satellisé. Nous remarquons que ce jeu revendicatif ne supprime pas les divisions du salariat pour la simple raison qu’il est lui-même conditionné par le rapport idéologique. En effet, imaginons un travailleur sans idéologie révolutionnaire (imbibé de bourgeoisisme) : il acceptera la logique de fixation du salaire par le patron tout en essayant d’obtenir individuellement la meilleure part possible, tandis que le travailleur révolutionnaire essaiera de vendre collectivement la force de travail au prix fort et que l’anarcho-syndicaliste ne se contentera pas de cela mais, de plus, fera tout pour remettre en question le salariat grâce à son idéologie : le communisme libertaire. Observons qu’un travailleur ayant intériorisé les valeurs bourgeoises pliera devant des rapports hiérarchiques et les inégalités salariales qui en découlent. Ceci démontre bien que les accointances idéologiques déterminent le contenu revendicatif. Tout syndicaliste un peu expérimenté le sait bien ! En défendant une conception minimale de la critique, le neutralisme idéologique pousse aussi le syndicalisme vers l’intégration et l’institutionnalisation qui achève de le transformer en un mécanisme régulateur, pacifiant les rapports sociaux.
Le concept de la dichotomie : syndicat de masse/infrastructure - parti d’avant-garde/superstructure rencontre le consentement du parti. Le neutralisme idéologique suscite néanmoins des polémiques, parce que la question du lien entre le parti et le syndicat reste irrésolue. Trois tendances se dégagent, exprimées dans :

I) Le neutralisme idéologique :

A) « Que faire ? » 1 /2/3/4/5
C) Des extraits du journal « le Prolétaire » n°8 - 17 juillet 1905 (7/8/9).
E) La motion adoptée par la conférence des organisations bolcheviks de la Russie du sud en juillet 1905.

II) La courroie de transmission :

B) La résolution du 3ème congrès d’avril – mai 1905.

III) La bolchevisation du syndicat :

D) « Le Prolétaire » n°11 – 9 août 1905 (la position du comité de Saratov du parti).

La grève générale insurrectionnelle d’octobre - décembre 1905 va procurer à Lénine une occasion inespérée de parfaire sa vision et de faire taire les dissonances. La classe ouvrière s’en moque et ne compte que sur ses forces tout le long du processus. Les bolcheviks ne s’y trompent pas et rectifient le tir. Dès le mois de décembre 1905, la première réaction se fait sentir par la motion émanant de la conférence du comité du nord (structures de la Russie centrale et du nord-est de la tendance bolchevik F - 15/16/17), suivie quelques mois plus tard des propositions rédigées en mars 1906 pour le congrès de Stockholm (mai de la même année G – 18/19/20/21/22/23). Notons le projet d’une résolution écrite au printemps 1906 (abandonnée H - 24/25/26/27/28/29). On passe d’un anti-syndicalisme primaire (« Que faire ? » A - 1) à un syndicalisme loué et bénéfique : l'académie sélective du parti (G - 23 et H - 24). Mais les hésitations perdurent et rendent les contradictions insurmontables (H - 25/26/27/28). Lénine ne reste pas impassible : préface de « En douze ans » - paru en 1908 (recueil d’articles) : le concept du noyautage. Lénine établit un dépassement dialectique des contradictions dans lesquelles les bolcheviks s’embourbent : la bolchevisation du syndicat passe par la mise en pratique du noyautage sous le couvert du neutralisme idéologique, dont la résolution de la conférence d’octobre 1913 à Poronino prend acte (J – 31). Une nouvelle étape s’ouvre. Les bolcheviks vont s’employer à contenir les syndicats comme annexe ou tête de pont pour faire de leur parti le maître d’œuvre qui est censé regrouper tous les meilleurs éléments révolutionnaires, issus du prolétariat et de la bourgeoisie ; car le parti bolchevik est par essence d’avant-garde. Le syndicat ne peut dès lors le concurrencer. Il est donc impératif de lui ôter toute référence idéologique susceptible de remettre en cause ce dispositif structurel, afin que le parti puisse s’emparer tranquillement du pouvoir et instaurer sa dictature (fût-elle baptisée dictature du prolétariat). Il est clair que le neutralisme idéologique du syndicalisme-révolutionnaire révèle une manipulation sémantique, occultant le plan tactico-stratégique de l’idéologie bolchevik ; il n’est qu’un avatar du partidarisme marxiste à la sauce léniniste et trotskyste, qui sera concrètement mis en pratique dans le système soviétique.

La réalité a la vie dure cependant ! Lénine et le parti reconnaissent que l’instauration de la dictature du prolétariat n’a pas cimenté les soubassements du communisme : résolution du parti en Avril 1920 - 9ème congrès (K - 32/33). Lénine se ravise une fois de plus, en s’affrontant à Trotsky et Boukharine : discours de Lénine prononcé le 30 décembre 1920 (L - 34/35) - La « Pravda » du 21 Janvier 1921 (M – 36) – fin du mois de janvier 1921 (N – 37) pour demander le maintien des prérogatives syndicales car l’Etat était devenu le patron par cette malformation intrinsèque : la bureaucratie. Ce rare éclair de lucidité donne quelque part raison à la prophétie de Bakounine et des anarcho-syndicalistes. Ces derniers ont réalisé une révolution en Espagne restant unique dans l’histoire du prolétariat par son échelle temporelle (1936-39) et son amplitude.

IV Conclusion :

Lénine et les bolcheviks connaissent un revers par la mise en pratique de leur agencement syndical. Mais les concepts de ce dernier continuent d’être à l’œuvre au travers du syndicalisme actuel y compris dans son versus révolutionnaire. Ce cahier apporte sa contribution pour renvoyer aux abîmes de l’histoire Lénine et consorts, en les démystifiant et par là en redonnant à l’anarcho-syndicalisme sa pertinence.
Un autonome
 

Messagepar Invité » Jeudi 28 Juin 2007 0:34

Un autonome a écrit:Salut,

N’étant pas adepte de l’Internet et présent chez des amis, nous consultons le forum AIT. Je lis Peyo et je tombe sur de bonnes vieilles méthodes que j’ai pu vivre avant la scission. Ce cher Peyo commence par se la jouer gentil, puis après ça attaque de façon perfide : les mensonges, les conflits … et après il nous fait le coup du pas sectaire, dogmatique et sympathique. Il nous donne des leçons d’anarchie et délivre que des copier-coller auxquels il s’abreuve. Car ses analyses sont plutôt courtes et primaires. Je trouve les réponses de Federica très claires parce qu’elles dévoilent le dessous des cartes. Ainsi, on pourrait remplir tout le forum des mensonges et des manipulations de certains.
Cher Peyo, tu ne sembles que t’intéresser qu’à ce qui paraît briller dans le spectaculaire militant. En effet, si tu avais lu la brochure de Paul Anton sur Lénine, tu comprendrais qu’il n’y a pas de structure syndicale ou partidaire neutre, voire non idéologique. Le syndicalisme révolutionnaire et la charte d’Amiens et tout ceux rejetant l’idéologie ne sont que des tacticiens qui occultent l’idéologie à laquelle ils se réfèrent. Il ne peut y avoir de projet, de pratique ou de positionnement révolutionnaire et encore moins lutte de classes (versus prolétariat) sans une idéologie. L’intelligence est d’arriver à mettre en symbiose la tactique, la stratégie et l’idéologie, c’est le but viser par la théorie anarcho-syndicaliste. Le concept de lutte de classes se réfère à des idéologies : le communisme, l’anarchisme, le socialisme … Conséquemment, l’organisation spécifique des opprimés et des exploités pour combattre leur oppresseur n’a de pertinence que si les opprimés se dotent d’une théorie adéquate : la lutte de classes et un projet sociétal émancipateur (le communisme libertaire), etc. Là, mon cher Peyo, tu devrais bouquiner les publications de la CNT-AIT. Mais j’espère que les réponses précédentes t’auront éclairé.
Pour terminer, s’il suffisait d’aller aux élections syndicales comme politiques pour avoir une poignée d’élus et deux poignets d’adhérents, de signer avec des cartels d’organisations avec des grandes déclarations de principes, de chercher à être reconnu par l’adversaire (la fameuse représentativité). Afin paraît-il de défendre la veuve et l’orphelin, mieux encore de faire disparaître à jamais l’exploitation ? Et bien, mon cher Peyo, je signerais volontiers. Cependant la vrai question de fond est que tout se verbiage n’a jamais produit ni amélioration de l’ordinaire et ni engendré une révolution. Par contre, cela a permis à des aigrefins de pouvoir faire carrière et de consolider l’édifice bourgeois et son ordre capitaliste. Ce constat m’a amené à rompre avec le réformisme et de plus participer au parlementarisme syndical auquel je contribuais en tant qu élu. J’ai découvert dans l’anarcho-syndicalisme de quoi sustenter mon idéal de lutte de classes. C’est une manière de te dire que sur le plan des luttes salariales et du prolétariat … Tu n’as pas grand-chose à m’apprendre vu que tu te gargarises de ces références pour nous faire avaler tes fariboles. N’oublie pas qu’affirmer une opinion n’est en rien dogmatique ou stalinien qui dans ce cas vise au rejet de toute autre opinion ou dans l’interdiction de proférer toute opinion qui ne soit officielle. Pose-toi la question où en êtes-vous dans votre développement après avoir effectuer le choix de ne plus vous référer aux principes et fonctionnements de l’anarcho-syndicalisme. Et là encore, arrêtons de mentir. Avant la scission, les chefs de la future cnt Vignoles déclaraient déjà que nous étions un millier (bien évidement nous dénoncions ses méthodes). Peu de temps après la scission par miracle, vous étiez déjà cinq mille. Et par un prompt renfort, vous vous déclariez dix mille, nul doute qu’à ce jour vous êtes deux cent mille. Arrêtons de déconner. Vous êtes quatre ou cinq cent en France dont la moitié ignore tout de l’histoire de la CNT avec un turnover. Afin d’éclairer mon propos, je te recommande quelques lectures : cahier 8 (anarcho-syndicalisme et autonomie populaire), cahier 22 (Techniques de luttes), cahier 42 (lectures subversives), cahier 43 (le syndicalisme par Lénine et les bolcheviks : l’impasse de la charte d’Amiens) – voici un passage :


ca va frederica, bonne masturbation?
Invité
 

Messagepar peyo » Jeudi 28 Juin 2007 6:06

:lol: :lol: :lol:
peyo
 

Messagepar Un autonome » Jeudi 28 Juin 2007 11:28

Anonymous a écrit:
Un autonome a écrit:Salut,

N’étant pas adepte de l’Internet et présent chez des amis, nous consultons le forum AIT. Je lis Peyo et je tombe sur de bonnes vieilles méthodes que j’ai pu vivre avant la scission. Ce cher Peyo commence par se la jouer gentil, puis après ça attaque de façon perfide : les mensonges, les conflits … et après il nous fait le coup du pas sectaire, dogmatique et sympathique. Il nous donne des leçons d’anarchie et délivre que des copier-coller auxquels il s’abreuve. Car ses analyses sont plutôt courtes et primaires. Je trouve les réponses de Federica très claires parce qu’elles dévoilent le dessous des cartes. Ainsi, on pourrait remplir tout le forum des mensonges et des manipulations de certains.
Cher Peyo, tu ne sembles que t’intéresser qu’à ce qui paraît briller dans le spectaculaire militant. En effet, si tu avais lu la brochure de Paul Anton sur Lénine, tu comprendrais qu’il n’y a pas de structure syndicale ou partidaire neutre, voire non idéologique. Le syndicalisme révolutionnaire et la charte d’Amiens et tout ceux rejetant l’idéologie ne sont que des tacticiens qui occultent l’idéologie à laquelle ils se réfèrent. Il ne peut y avoir de projet, de pratique ou de positionnement révolutionnaire et encore moins lutte de classes (versus prolétariat) sans une idéologie. L’intelligence est d’arriver à mettre en symbiose la tactique, la stratégie et l’idéologie, c’est le but viser par la théorie anarcho-syndicaliste. Le concept de lutte de classes se réfère à des idéologies : le communisme, l’anarchisme, le socialisme … Conséquemment, l’organisation spécifique des opprimés et des exploités pour combattre leur oppresseur n’a de pertinence que si les opprimés se dotent d’une théorie adéquate : la lutte de classes et un projet sociétal émancipateur (le communisme libertaire), etc. Là, mon cher Peyo, tu devrais bouquiner les publications de la CNT-AIT. Mais j’espère que les réponses précédentes t’auront éclairé.
Pour terminer, s’il suffisait d’aller aux élections syndicales comme politiques pour avoir une poignée d’élus et deux poignets d’adhérents, de signer avec des cartels d’organisations avec des grandes déclarations de principes, de chercher à être reconnu par l’adversaire (la fameuse représentativité). Afin paraît-il de défendre la veuve et l’orphelin, mieux encore de faire disparaître à jamais l’exploitation ? Et bien, mon cher Peyo, je signerais volontiers. Cependant la vrai question de fond est que tout se verbiage n’a jamais produit ni amélioration de l’ordinaire et ni engendré une révolution. Par contre, cela a permis à des aigrefins de pouvoir faire carrière et de consolider l’édifice bourgeois et son ordre capitaliste. Ce constat m’a amené à rompre avec le réformisme et de plus participer au parlementarisme syndical auquel je contribuais en tant qu élu. J’ai découvert dans l’anarcho-syndicalisme de quoi sustenter mon idéal de lutte de classes. C’est une manière de te dire que sur le plan des luttes salariales et du prolétariat … Tu n’as pas grand-chose à m’apprendre vu que tu te gargarises de ces références pour nous faire avaler tes fariboles. N’oublie pas qu’affirmer une opinion n’est en rien dogmatique ou stalinien qui dans ce cas vise au rejet de toute autre opinion ou dans l’interdiction de proférer toute opinion qui ne soit officielle. Pose-toi la question où en êtes-vous dans votre développement après avoir effectuer le choix de ne plus vous référer aux principes et fonctionnements de l’anarcho-syndicalisme. Et là encore, arrêtons de mentir. Avant la scission, les chefs de la future cnt Vignoles déclaraient déjà que nous étions un millier (bien évidement nous dénoncions ses méthodes). Peu de temps après la scission par miracle, vous étiez déjà cinq mille. Et par un prompt renfort, vous vous déclariez dix mille, nul doute qu’à ce jour vous êtes deux cent mille. Arrêtons de déconner. Vous êtes quatre ou cinq cent en France dont la moitié ignore tout de l’histoire de la CNT avec un turnover. Afin d’éclairer mon propos, je te recommande quelques lectures : cahier 8 (anarcho-syndicalisme et autonomie populaire), cahier 22 (Techniques de luttes), cahier 42 (lectures subversives), cahier 43 (le syndicalisme par Lénine et les bolcheviks : l’impasse de la charte d’Amiens) – voici un passage :


ca va frederica, bonne masturbation?


Désolé de te décevoir, tu fais erreur.
Un autonome
 

Messagepar Un Autonome » Jeudi 28 Juin 2007 11:36

Il importe avant toute chose de débattre sur le fond et la forme en posant les véritables enjeux, même si cela doit engendrer le conflit.
Un Autonome
 

Messagepar Federica_M » Jeudi 28 Juin 2007 17:15

Ben non, c'est pas de moi ... (même si je partage ce que dit l'autonome)

Je croyais que ça rendais seulement sourd, mais visiblement ça rend bête aussi ... :lol:
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Messagepar Léa » Jeudi 28 Juin 2007 18:39

ca va frederica, bonne masturbation ?

D'un autre côté la masturbation c'est moins dangereux qu'on le prétend : ça ne rend pas plus sourd que l'abstinence ne rend aveugle :lol:
Sur ce bonne bourre à tous.... Et toutes :lol: . Si il y a le consentement du/des partenaire(s) évidement ! :wink:

NB - Question porno chic et politique, on peu aussi faire une rubrique à l'approche de Paris Plage :roll:
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Messagepar Paul Anton » Jeudi 28 Juin 2007 18:43

Ça sexualise à max !!! :lol: :lol: :lol: :wink:
Si nous pouvions rester dans le sujet de départ. Je suis d’accord avec ce que soulève l’autonome. :twisted: :twisted: :twisted:
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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Messagepar Léa » Jeudi 28 Juin 2007 19:21

Federica_M a écrit:Je croyais que ça rendais seulement sourd, mais visiblement ça rend bête aussi ... :lol:

Tu me déçois sur ce coup, ma belle fédérica....
:arrow: Les Nuits d'une demoiselle

Heureusement Colette Renard a de la répartie sur ce sujet :lol: :wink:
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Messagepar Léa » Jeudi 28 Juin 2007 21:53

Un Autonome a écrit:Il importe avant toute chose de débattre sur le fond et la forme en posant les véritables enjeux, même si cela doit engendrer le conflit.

T'as raison toto :wink: alors envoyons la sauce avec le rapport Hadas-Lebel :
:arrow: représentativité et financement des organisations professionnelles et syndicales - Rapport au Premier ministre
Pour un dialogue social efficace et légitime : représentativité et financement des organisations professionnelles et syndicales - Rapport au Premier ministre

Dans le cadre de l'objectif de rénovation du dialogue social fixé par la lettre de mission du Premier ministre du 20 décembre 2005, plusieurs points sont analysés dans ce rapport : la représentativité des organisations syndicales et professionnelles, les règles gouvernant la validité des accords collectifs, les modalités du dialogue social au sein des petites et moyennes entreprises, ainsi que la question plus générale des moyens des organisations syndicales et de leur financement. Sur la base de cette analyse, l'auteur du rapport, Raphaël Hadas-Lebel élabore, pour chacun des points étudiés, plusieurs scénarios d'évolution allant de l'aménagement de l'existant (scénario dit d'adaptation) à une transformation en profondeur de la situation actuelle (scénario dit de transformation).


D'autant plus que plus récement...

Syndicats : combien de divisions ?

Depuis le rapport Hadas-Lebel et le vote du Conseil économique et social de novembre 2006, la question de la représentativité syndicale est posée avec plus de force. Il est prévu d'y répondre en termes législatifs en 2008, mais la démarche reste délicate. Le thème de la représentativité pâtit des divergences qui opposent les syndicats entre eux et certains syndicats au patronat. Pourtant, l'urgence d'une réforme en la matière s'impose plus que jamais aujourd'hui. Pourquoi ?

Tout d’abord parce que les organisations syndicales se sont vues conférer de nouvelles responsabilités normatives tant au niveau de l’entreprise, avec l’essor des accords à visées dérogatoires, qu’au niveau national. En effet, la loi de janvier 2007 renverse, dans une certaine mesure, l’ordre des priorités dans le domaine des réformes du droit du travail : en l’occurrence, la concertation ou la négociation entre partenaires sociaux peut constituer désormais une procédure préalable voire prioritaire.

Outre les nouvelles responsabilités normatives accordées aux syndicats et qui impliquent de nouvelles exigences en matière de représentativité et de signature d’accords collectifs, une autre raison joue en faveur d’un traitement rapide de la question : la représentativité syndicale est d’autant plus sujette à caution qu’elle renvoie non seulement à la syndicalisation dans les entreprises mais plus essentiellement aux rapports entre les syndicats et le monde du travail. Dans les faits, la question se pose à trois niveaux : au niveau quantitatif et juridique ; au niveau sociologique ; au niveau idéologique ou politique.

Au niveau juridique et quantitatif, le débat est bien connu. Le droit accorde aux syndicats dits représentatifs une représentativité légale et les prérogatives qui vont avec, alors que ceux-ci sont très minoritaires du point de vue des effectifs : 8%, un chiffre fort bas comparé à beaucoup de pays européens. Il existe ainsi un poids légal du syndicalisme très éloigné du poids réel des syndicats dans l’entreprise. L’argument est souvent repris voire rabâché dans les débats. Il est nécessaire mais insuffisant. En réalité, l’absence de représentativité des syndicats ne se limite pas au cadre légal, sauf à enfermer l’analyse dans les seuls cadres juridiques et institutionnels.

L’absence de représentativité des syndicats s’étend aussi au domaine de la sociologie. La sociologie des adhérents comme des permanents syndicaux s’éloigne de plus en plus de la sociologie du monde du travail. Dans les années 1970, Edmond Maire évoquait déjà le problème des rapports entre le syndicat et le monde du travail du point de vue sociologique. Pour lui, le cœur même du militantisme syndical restait constitué par une figure assez exclusive, celle d’un homme, ouvrier, exerçant dans la métallurgie et généralement âgé d’une quarantaine d’années. N’étaient alors nullement ou quasiment pas concernés les femmes de plus en plus nombreuses sur le marché du travail, les jeunes salariés, les immigrés eux aussi de plus en plus nombreux dans l’industrie.

Aujourd’hui, les dimensions du problème se sont en partie modifiées. À l’ouvrier de la métallurgie d’hier s’est substitué le fonctionnaire dont le poids au sein des syndicats est sur-représenté comparé à celui du salarié du « privé ». Mais un fait reste quasiment inchangé depuis l’époque des analyses d’Edmond Maire. Ce sont encore et toujours les catégories les plus exposées aux incertitudes du marché du travail et de l’économie qui sont les moins présentes dans le syndicalisme. Les femmes demeurent aussi peu représentées, à peine plus du tiers des syndiqués dont beaucoup de fonctionnaires et d’enseignantes d’ailleurs, alors qu’elles représentent la moitié des salariés. Les jeunes de moins de 25 ans restent généralement en marge des syndicats, à cause notamment de la précarité d’emplois. Et il en est de même des immigrés, des chômeurs voire des ouvriers aujourd’hui touchés par des phénomènes de désyndicalisation massive. D’où un problème de cohésion entre le monde sociologique des syndiqués et le monde réel du travail, notamment celui des plus exploités ou des plus précaires.

La représentativité des syndicats, renvoie enfin à un dernier problème. Face aux salariés, beaucoup de militants se pensent comme une sorte d’avant-garde dont la fonction est d’ailleurs aujourd’hui de plus en plus contestée . Il s’agit là de l’un des traits spécifiques du syndicalisme français et qui explique, à sa manière, sa propension à se situer souvent sur le terrain de la contestation voire de la radicalité. Certes, cette propension protestataire est due à de multiples facteurs : spécificité de l’histoire du syndicalisme français, rapports passés entre les syndicats français et le « politique », influence historique sur l’idéologie militante de certains principes du marxisme... De façon plus immédiate, on peut aussi penser que la radicalité du syndicalisme résulte encore des carences du dialogue social à « la française » qui s’affirment à divers niveaux.

Reste qu’entre les syndiqués et l’ensemble des salariés existe une vraie rupture du point de vue des représentations et des opinions politiques ou sociales. Ainsi, l’enquête ESS (European Social Survey), une enquête connue qui porte sur les pays de l’Union européenne, révèle trois aspects en l’occurrence importants. D’une part, c’est en France que les syndicalistes ont – comparés aux syndicalistes de tous les autres pays européens –, la plus forte propension à des pratiques contestataires (grèves, manifestations, actions illégales, pétitions). C’est aussi en France que les militants syndicaux sont les plus critiques à l’égard de l’économie de marché et du capitalisme. Enfin, et surtout, c’est en France que l’écart entre les opinions et les comportements des syndicalistes et ceux des salariés est le plus important et de loin comparé à la totalité des autres pays de l’Union.

Ainsi la représentativité des syndicats ne se pose pas seulement en termes d’effectifs ou de réglementations juridiques. Elle se pose aussi en termes de proximités concrète ou idéologique des syndicats et des salariés. D’où, plus que l’adhésion syndicale obligatoire, très impopulaire en France, l’importance du recours à l’élection professionnelle afin d’évaluer la représentativité des syndicats et de donner aux nouvelles responsabilités normatives qui les concernent, une légitimité réelle (plus que formelle).

Pourtant, dans les débats sur l’audience et la représentativité syndicale, on est parfois confronté à des pratiques d’évitement de questions importantes. Ainsi, l’une des questions qui n’est quasiment jamais évoquée est celle du chiffre-plancher, du pourcentage de voix, à partir duquel un syndicat doit être considéré comme représentatif. Ne faudrait-il pas ici fixer un seuil légal pour éviter un « flou » à venir qui pourrait être préjudiciable à un renouvellement du dialogue social ? Certains, rares il est vrai, évoquent le chiffre-plancher de 5 %. Si la représentativité des syndicats était fixée à un tel seuil, peu de choses changeraient comparé à la situation présente. Au sein de beaucoup d’entreprises ou de secteurs, on maintiendrait en l’état le paysage syndical actuel. D’où une sorte d’immobilisme qui n’irait pas sans rappeler les propos tenus dans le roman Le Guépard par le Prince Salina à l’arrivée de Garibaldi en Sicile : « il faut tout changer pour que rien ne change ».

Dès lors, faut-il être plus drastique et fixer le seuil de représentativité bien au-delà ? 10 % voire 12 % des inscrits afin de mieux assurer une représentativité qui doit être d’autant plus incontestable qu’elle renvoie à une responsabilité normative nouvelle et exige une légitimité beaucoup plus forte des accords collectifs qui en découlent ? 10 % à 12 %, ce qui aurait aussi pour mérite de favoriser de nouvelles coalitions entre certaines organisations notamment les plus faibles, et d’atténuer les effets les plus nocifs de la dispersion syndicale actuelle ? En fait, il faut ici des initiatives claires, nettes et exigeantes. À défaut de telles initiatives, la réforme de la représentativité risque de se cantonner à un leurre qui nuirait in fine à un dialogue social déjà fragile. On le voit, la question de la représentativité des partenaires sociaux ne se limite pas aux seuls grands principes de l’histoire, du droit, de l’opinion publique, des représentations idéologiques et politiques ou aux débats qui concernent de grandes institutions sociales. Elle renvoie aussi à des questions concrètes de seuils et de chiffres auxquelles il faut désormais répondre avec précision, le plus de précisions possibles.

Guy Groux*, directeur de recherche au Cevipof (Sciences Po), © Telos, Agence intellectuelle

(*) Guy Groux est docteur d’État ès Lettres et sciences humaines (Cycle supérieur de sociologie, Institut d’études politiques de Paris, 1986). Il est directeur de recherche CNRS au CEVIPOF, Centre de recherches politiques de Sciences Po. Il enseigne dans plusieurs filières de 3e cycle, notamment à l’IEP de Paris, l’ENS (Ulm-Cachan) et l’ESCP-EAP. Il est membre du Comité national du CNRS (Section 40 : Politique, pouvoir, organisations).
Ses travaux portent sur les régulations sociales et politiques en lien avec les mobilisations collectives et syndicales. Il participe actuellement à un programme de recherche international sur « l’exportation de pratiques sociales » par le fait de l’implantation des entreprises françaises en Europe de l’Est. Ce programme concerne des formations de recherches de plusieurs pays (France, Royaume-Uni, Hongrie, Roumanie, Slovaquie).
Il participe également à un programme de recherche financé par l'ANR et qui porte sur les "concurrences de légitimité" en France et en Europe. Ce programme s'appuie sur une collaboration étroite entre le CEVIPOF et des laboratoires de recherches implantés à l'Université de Paris-III-Sorbonne et à l'Université de Paris-V-Sorbonne. Il implique aussi des formations de recherches de l'Université de Naples Federico II et de l'Institut für Politikwissenschaft, Technische Universität Dresden.
:arrow: Telos, Agence intellectuelle > Syndicats : combien de divisions ?

Sur le fond, c'est l'entubage (représentativement parlant). Sur la forme (syndicalement parlant) la question est avec ou sans vaseline ? Mais c'est vrai qu'à la base si on est déjà pas d'accord sur le fond de la chose, on va pas discuter pendant des heures et des pages sur la forme, non ?
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