tomatok a écrit:bon, j'ai lu le texte, mais en fait, il m'a tellement sidéré (je n'arrive pas à imaginer qu'il vienne de la CNT-f... en tout cas je connais des gens qui y sont à qui ça donnerait des boutons) qu ej'ai même pas envie de revenir dessus. tu veux des arguments ? si la phrase suivante n'est pas en soi un argument pour halluciner, c'est qu'on a définitivement rien à se dire :
en Suède, dès la fin des années 50, la SAC a tenu compte de la nouvelle donne salariale dans le cadre du Welfare State (croissance économique, plein emploi, État social) et a donné une nouvelle direction stratégique à l’anarchosyndicalisme : l’approfondissement de la vie démocratique.
la seule chose que je trouvais intéressante dans ce texte, c'est qu'il pose la question de la multiplicité des points de vue politiques et le fait qu'à part en théorie il est très difficile d'envisager que tout le monde devienne anar. je trouve la question intéressante ; je n'ai pas compris où était l'ébauche de réponse (et je suis pas sur que l'auteur se soit compris lui-même : un coup on croirait comprendre que la notion de classes c'est dépassé, puis c'est récupéré d'une manière un peu acrobatique... tout est uniquement axé sur l'économie, dont les problèmes d'ailleurs semblent réglés :ça en devient gerbant, on nous explique que l'anarchosyndicalisme n'a que faire des miséreux et des gens en marge (à peu de chose près c'est du balkany : il n'y a plus de misère en france, youpi !) parce que son rôle c'est d'organisation la masse salariée ; on nous dit que l'anarchosyndicalisme moderne doit accompagner la société actuelle vers le progrès, dans le même temps on nous dit que dans le contexte d'améliorations sociales les gens ne veulent plus faire la révolution, et dans le même temps le role de l'anarchosyndicalisme reste quand même de provoquer une rupture radicale de société, va comprendre... enfin bref je pourrais continuer longtemps)
précisons quand meme que ce texte a fait polemique au sein de la cnt lors de sa parution.
que dit bonet dans ce texte?
-que le salaire n'est pas necessairement la misere et donc que la généralisation du salariat n'entraine pas la pauperisation généralisée ce qui fait s'effondrer la legitimité économique de la revolution
- qu'il est illusoire de penser regrouper les travailleurs dans une grande organisation hégémonique, idée pourtant encore repandue chez les anarcho syndicalistes, prisonniers d'un reve insurectionnel fait de barricades et au nom d'une communauté ouvriere homogene.
-que ces reves issus d'un passé non critiqués plombent notre devellopement.
-que les partis sont impuissants face à l'autonomie du capitalisme mondialisé, ce qui explique selon lui un certain retour de l'anarcho syndicalisme (c'est à dire les coordinations, les alters refusant de se structurer en parti...etc)
-que la question economique ne se presente plus de la meme maniere comme au debut du siecle ou salaire était synonyme de pauvreté, et que c'est aujourd'hui le manque de salaire qui est facteur de pauvreté avec le chomage ou le temps partiel imposé.
-que le projet de la cnt espagnole reposait sur l'hégémonie de la cnt et qu'elle a du choisir, devant la réalité du pluralisme, entre liquider ses adversaires politiques ou collaborer avec eux.
-que l'honneur de la cnt a été justement de ne pas tomber dans le premier choix (la liquidation des adversaires) ou sont tombés les organisations totalitaires (avec qui nous partagions l'idée d'une organisation hégémonique)
-que l'antietatisme porté par la cnt espagnole devait donc acquérir sa legitimité democratique, qu'il ne pouvait etre le resultat mecanique d'une revolution ouvriere. (à moins de l'imposer, choix qui n'a pas été fait)
sur la sac:
l'analyse est que la pauvreté généralisée disparait pour faire place à un etat de "bien etre" (welfare state) ou les masses voient leur securité assurée par tout un systeme social ce qui fait s'effondrer la legitimité économique de la revolution
- que ces masses cessent d'ecouter les discours revolutionnaires implicant barricades et destruction du systeme social existant. (et c'est vrai que le journalier espagnol qui ne possédaient rien n'avait pas la meme vision que l'ouvrier bénéficiant de la secu de la retraite et d'un pouvoir d'achat moyen)
-que les organisations revolutionnaires n'ont pas su s'adapter à ce changement battant en breche l'idée de la misere généralisée prophétisée par ces dernieres.
-que les revolutionnaires se réclamant d'un revolutionnarisme ouvrier legitimé par la misere, decontenancés par l'extansion du salariat sans pauperisation, sont allés toujours plus loin dans la recherche des "vrais prolétaires" (ouvriers non qualifiés, immigrés, du tiers monde, chomeurs des banlieues)
-que d'autres se sont tournés vers la seule critique de l'aliénation
bonet ecrit aussi sur ce theme qu'asseoir le niveau de lutte des classes sur les conditions extreme d'exploitation n'a pas de sens, prenant comme exemple les années 60/70, temoins des plus grandes luttes, de la plus grande greve générale dans un pays au chomage quasi nul et en pleine extension des dispositifs de securité sociale et que c'est la puissance acquise qui entraine une puissance supérieure au niveau de la lutte.
-que malgré le travail de sape du neo liberalisme, ce constat reste valable et que le dogme "salaire egale misere n'est plus valide"
et si le salaire n'est plus synonyme de misere, il reste les revendications democratiques.
bonet ecrit la dessus:
-que le demande de democratie se généraliseà tout les niveaux, mém si elle est instrumentalisée par des interets qui n'ont rien à voir avec la democratie.
-que cette demande de democratie a bien un sens de classe et que sa généralisation va de pair avec la généralisation du salariat
-qu'il ne faut voir dans ce texte aucune illusion sur les revendications democratiques, celles ci etant soigneusement bornées par les politiciens soucieux de garder etanche la séparation entre la sphere politique et la sphere economique.
-qu'entre la gauche archaique qui veut revenir à un etat social et la gauche liberale qui voit dans l'état un simple regulateur , le role des anarchos syndicalistes est de dépasser cette frontiere entre sphere politique et economique pour faire que le demande democratique aboutisse au controle par tous de l'economie (c'est du moins ma traduction)
-que ce projet peut uniquement prendre corps à partir d'organisations de salariés et non d'organisations "citoyennes"
il conclut sur le fait que le renouveau de l'anarcho syndicalisme ne s'appuie pas sur le pseudo retour d'un capitalisme du 19eme siecle mais sur la failliite des autres options.
-que les syndicats de collaboration de classe s'epuisent à esperer un changement, un debouché politique qui ne peut venir face à un patronat qui n'a plus besoin d'eux (ou si peu) et des partis n'ayant plus de prises sur la sphere economique.
-que ce projet as ne peut se develloper sans abandonner le schema revolutionnaire classique, c'e'st à dire la vision misérabiliste et economiste du salariat et la volonté hégémonique illusoire.