La discussion et sa tournure me cassent les couilles... Je crois qu'ici TOUT le monde est d'accord sur l'essentiel : les manifs du 5 n'ont pas en elles-mêmes un impact réel. Un simple défilé où organisations politiques et syndicales ont tentées de faire une démonstration de force en vue d'ouvrir de nouvelles négociations pour les syndicats - qui ne cherchent pas à lancer un véritable mouvement en fractionnant les jours de grèves et de lutte - et à ouvrir une nouvelle brèche électorale pour les orgas politiques.
NOUS révolutionnaires anti-autoritaires - que nous soyons anars, autonomes (et les autonomes n'étaient pas tous marxistes léninistes; si t'en parlais aux camarades de l'OCL!), anti-industrialistes, conseillistes - ce que nous allons faire en l'état actuel des choses c'est exprimer nos idées et nos pratiques au sein de cette
expression spectaculaire encadrée du mouvement social -
ce n'est d'ailleurs pas ça s'enraciner dans le mouvement social ; et si nous sommes un peu conscients nous connaissons à ce propos nos faiblesses!!!
L'action directe, elle, n'a pas eu lieu dans ce cadre spécifique de la manif. Pour les compagnon(e)s de pas dupes - comme pour d'autres anars - elle a eu lieu plus tôt au scac ce me semble. Ils ont distribué leur texte comme les camarades de la cnt. Certains ont défilés, d'autres non, autant par fatigue et décalage que par conviction profonde.
Il ne s'agit pas ici de jetter l'anathème sur telle ou telle voix stratégique tant qu'elle n'entre pas en contradiction avec nos objectifs...
Ceux qui ont choisis de ne point défiler était le collectif d'occupant(e)s du SCAC...Résistance a d'ailleurs proposé également au collectif de finir la manif en cortège devant le feu SCAC... ce qui ne nous a pas semblé entrer dans nos choix idéologiques et stratégiques...
Nous étions là spécifiquement sur la question de l'expulsion du squat la veille pour faire chier la mairie et éviter que l'expulsion ne se fasse dans le plus grand silence!
Difficile de faire cortège commun.
Faut-il rappeler que dans de nombreux cadres il a été envisagé de faire des cortège libertaire... ca a parfois échoué... et on peut que le regretter...mais là la situation ne s'y prête guère.
Sans oublier que
rien n'empêchait la CNT de venir gueuler avec nous contre notre expulsion... même si tous nous avions mis nos bannières en berne - ni drapeaux FA, ni drapeaux SIA, ni "pas dupes" -. Parce que l'expérience du SCAC n'était pas spécifiquement liée aux orgas anars!!! bien que nombreux anars s'y soient retrouvés...
il est d'ailleurs à noter qu'à titre individuel de nombreux(ses) militant(e)s des différentes orgas révolutionnaires anti-autoritaires participent à l'organisation du FSL. Alors, arrêtons le fétichisme organisationnel qui consiste à disqualifier son plus proche voisin et renseignez-vous avant de le dire "diviseur" donc contre-révolutionnaire...
Sur l'incident de fin de cortège, il me semble moins important que dit. Il n'y avait aucune stratégie d'affrontement anti-PS. certain(e)s de leurs militant(e)s ont d'ailleurs pris de nos tracts. L'incident a eu lieu lorsqu'un gars du SCAC a lancé ironiquement Strauss-Kahn président et que deux militants PS - dont l'un bien connus des anciens anars de 95 pour avoir trahis son mandat étudiant - l'ont légèrement bousculé pour que ça parte en live...de la provoc dont ces ahuris sont régulièrement coutumiers. Et ce qui montre peut-être qu'on les gène toujours... Rien à voir avec le FSL de Paris...
Quant à penser que l'anarcho-syndicalisme est la seule voix révolutionnaire vers l'autonomie prolétarienne... Heureusement que les révolutions n'attendent pas les organistaions quelles qu'elles soient! Un peu de modestie tout de même...
Nos chemins sont également des expérimentations et des allers-retours entre théorie et pratique... peut-être le seul véritable héritage à piller chez le vieux Marx... Mais également au cour de la longue histoire de l'anarchisme...
Quant aux luttes elles s'engagent également sur un terrain affinitaire et sur celui de la mise en place d'expériences dans lesquelles on se retrouve également un tant soit peu... on est pas des moines-soldats et lorsqu'on a pas envie de se taper une manif on s'en échappe... surtout qu'à priori, ce n'est pas cette manif qui renversera le sens de l'Histoire.
Et chacun(e) à notre façon nous avons discutés avec les gens présents - ils ont été nombreux(ses) à demander ce qui s'était passé et ça nous a d'ailleurs fait chaud au coeur de sentir que ce que nous avions fait avait un certain écho...
En attendant d'autres manifs et d'autres actions directes nous pouvons craindre que les syndicats - échaudés par certains débordements basistes lors des mouvements sur les retraites ( cf oiseau tempête, meeting, traits noirs, échange et mouvement) - ne fassent que maintenir la grogne en laisse par la mise ne place de mouvements sporadiques confisqués par des intersyncales... surtout que les "politiques" y ont tout intérêt.
Et pour l'instant, TOUS autant que nous sommes n'avons pas les moyens d'ouvrir des brèches réelles dans cette voie. Les gens demeurant attachés aux appareils syndicaux bien que les vomissant... Nous demeurons souvent en l'occurence prisonnier d'un discours incantatoire et de notre impuissance à peser réellement sur les mouvement sociaux... Parfois on y pèse un peu plus sur certains secteurs... comme pour les pions... où l'on a eu affaire à un mouvement réellement autonome des structures syndicales et politiques. Mais on voit également les limites:notre isolement et le "savonnage" des syndicats...
Donc pas évident, ce qui n'est pas un discours décourageant, mais le moyen de se forger de nouvelles armes, à la CNT ou ailleurs, dans les manifs, les boîtes, les quartiers, les squats, l'art, l'éducation, etc.
A+ dans les luttes...