Bonjour à tous, je suis du site decroissance.info et j'apprends avec joie que nous avons ici de nombreuses personnes qui partagent aussi la critique radicale de l'invention de l'économie.
Comme quoi de vastes convergences sont depuis quelques années entrain de s'opérer, vers le point de mire de la sortie de l'économie et non celui de la simple critique simpliste de la seule plus-value. Jean-Claude Michéa a poussé il y a maintenant 4 ans un cri que de nombreuses personnes ont su entendre : On ne peut pas dépasser le capitalisme sur sa gauche tant que celle-ci restera seulement anti-capitaliste. Il faut radicalement décoloniser l'imaginaire économiciste et progressiste. Faire mourrir l'économie.
La plus-value n'est réellement critiquable qu'au travers la critique de sa condition de possibilité : la valeur d'échange (cf. Anselm Jappe,
Les aventures de la marchandise). La distribution juste de la valeur d'échange est le piège dans lequel l'ensemble du mouvement ouvrier et de la gauche se sont fourvoyés. L'anticapitalisme n'est qu'un capitalisme à visage humain (je provoque, hein ? mais il y a quelque chose comme cela quand même...).
Citation bien claire et illustrant a quoi aboutit la décroissance. S. Latouche dans
Survivre au développement, Mille et une nuits, p. 96 :
" Pour concevoir la société de décroissance sereine et y accéder, il faut littéralement sortir de l'économie. Cela signifie remettre en cause la domination de l'économie sur le reste de la vie en théorie et en pratique, mais surtout dans nos têtes. Cela doit certainement entrainer une Aufhebung (renonciation, abolition et dépassement) de la propriété privée, des moyens de production et de l'accumulation illimitée de capital. Toutefois, cette transformation ne passe probablement pas par des nationalisations et une planification centralisée dont l'expérience de l'Union soviétique a montré les résultats décevants et les effets désastreux. Sortir de l'économie doit encore aboutir à l'abandon du développement puisque ses mythes fondateurs, en particulier la croyance au progrès, auraient disparu. L'économie entrerait simultanément en décroissance et en dépérissement. "
Je crois que c'est clair.
Maintenant j'ai moi même il y a plus d'un mois lu le texte d'
A trop courber l'échine sur Galtié. J'ai trouvé cela excellent, et on a mis en ligne un extrait d'A trop courbé l'échine.
http://www.decroissance.info/Le-mouveme ... -CDI-et-la
Nous ne connaissons pas Galtié. Le texte que nous avons publié dans la version papier du site est tiré d'un petit bulletin (Le Crétin des Alpes tiré d'illichiens) que l'on nous a fait passé et que l'on nous a demandé de publier. C'était intéressant donc on a fait passé. Maintenant je partage totalement ce que vous avez dit dans votre critique de Galtié.
Sur la critique de l'économisme que j'essaye de rendre accessible en de courts textes sur decroissance.info, il faut être très pédagogue car il y a derrière tout cela la critique de la valeur qui est considérée par Marx (dans la préface à la première édition allemande au Capital) comme la seule section de son ouvrage qui sera difficile et peu compréhensible. Un énorme travail de diffusion, d'explicitation et même d'auto-critique est à faire à travers des brochures, textes, tracts, etc. En cela comme dit Jappe dans son ouvrage entrer dans l'implosion de l'économie par la critique de la valeur est bien plus difficile que bêtement taper sur les multinationales et les patrons. Le sujet de transformation n'est plus le prolétariat mais " tous ceux qui ont perdu la maitrise de leur propre vie et qui le savent " (De la misère en milieu étudiant). ça chatouille bien plus les neurones que les slogans qui réclament toujours plus d'Etat et qui opposent betement le politique à l'économique.
En tout cas pour beaucoup d'objecteurs de croissance partageant de près ou de loin les critiques faites par le courant de l'après-développement (La Ligne d'Horizon et le ROCADe), cette critique là est véritablement le fondement même de la décroissance. Je pense qu'il y a donc totalement convergence avec de très nombreuses de vos préocupations qui sont aussi les notres.
Le mot-obus " décroissance " qui n'est ni un concept ni un énième projet économique ou de développement, parle à nombreux de nos comtemporains. Il vient frapper un imaginaire qui a colonisé toute la société. Ainsi les questions écologiques orchestrées par la " fin forcée " (Guy Debord, La planète malade) du déploiement de l'économicisation du monde sont un angle d'attaque formidable pour remettre en selle la critique sans concessions de l'économisme.
La décroissance de l'empreinte écologique de nos sociétés ne sera possible qu'au travers d'une sortie radicale de l'économie. La décroissance ne dit ainsi pas grand chose de plus que ce que de très nombreux courants libertaires/anarchistes/situs ont dit. Cependant (et Debord l'avait bien préssenti), la question écologique est aujourd'hui un excellent angle d'approche pour venir titiller l'imaginaire occidental. En utilisant des mots nouveaux (décroissance, relocalisation, etc) on met à jour une critique pour perforer les conditions actuelles du langage spectaculaire.
C'est en cela que depuis maintenant 3 trois je me suis impliqué dans les réseaux de la décroissance qui comportent de nombreux libertaires.
En espérant noué quelques amitiés et poursuivre ces échanges, je viendrais de temps en temps sur ce forum. N'hesiter surtout pas à nous envoyer des informations, des textes, des réactions que nous pouvons mettre en ligne.
Je vous fait suivre aussi quelques textes de réflexion pour les mettre au débat (voir les autres topics)
Hop !
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