Les libertariens

Mille-feuilles à tendance séditieuse.

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Messagepar frigouret » Lundi 29 Juin 2015 10:20

Et ben débat pas cousin.

Je ne " fais pas croire" , j'exprime mes opinions pour. tester leur valeur a l'aune de celle des autres.
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Messagepar kuhing » Lundi 29 Juin 2015 11:57

frigouret a écrit:Mais ta liberté d'usage sur une chose correspond a un droit de propriété, ce n'est qu'une querelle de mots alors. Par contre si tu veux dire que quiconque peut venir faire ce qui lui plait dans mon jardin cela n'a aucun sens .


Non la liberté d'usage n'a rien à voir avec la propriété privée.

On en a déjà parlé, je le répète : la liberté d'usage c'est pouvoir rester à un endroit autant de temps qu'on le souhaite et si on veut en changer il est possible alors d'utiliser un endroit qui se libère. Pareil pour une voiture , un bateau, un avion.

Si des gens veulent toujours rester au même endroit, il y en a beaucoup qui aimeraient voir d'autre chose que l'horizon de leur clôture.

Et il n'y a pas de raison qu'on vienne te déranger dans ton jardin si tu souhaites t'y cloîtrer. Il y a environ 1 hectare de surface disponible sur cette planète par habitant sans compter un aménagement possible des océans.
Tous les endroits ne sont pas sur la plage de Pampelune, va-t-on sans doute répondre mais il y en a qui ne changeraient pour rien au monde leur place dans la taïga pour un deux pièces à St Tropez.

Mais pour que tout cela fonctionne encore faut-il que les gens comprennent qu'il y a beaucoup plus à gagner en travaillant ensemble en synergie et d'un commun accord plutôt que de piquer ce que l'autre a fait où va faire.
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Messagepar frigouret » Lundi 29 Juin 2015 13:06

Oui bien sur on peut mutualiser des équipements, des logements , des ateliers, des terres je te met au défi de trouver un auteur libéral ou libertarien qui théorise contre ça.

Ah j'ai trouvé un article " libertarien de gauche" sur le wikipedia, je suis a peu près d'accord pour endosser l'étiquette, sauf quelques détails, on peut partir de ça peut être.
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Messagepar kuhing » Lundi 29 Juin 2015 14:06

frigouret a écrit:Oui bien sur on peut mutualiser des équipements, des logements , des ateliers, des terres je te met au défi de trouver un auteur libéral ou libertarien qui théorise contre ça.

Ah j'ai trouvé un article " libertarien de gauche" sur le wikipedia, je suis a peu près d'accord pour endosser l'étiquette, sauf quelques détails, on peut partir de ça peut être.


Tous les libéraux et libertariens sont pour la propriété privée et pour le marché libre qui entraîne forcément la propriété privée, c'est plutôt à toi d'en trouver un qui est contre la propriété privée.
Toi même tu l'es.
Certains "libertariens de gauche" ( d'ailleurs pas loin du mouvement marxiste avec Gerald Cohen et Philippe Van Parijs ) parlent de "mutualiser" les ressources naturelles.
Mais ça ne tient pas debout parce que si tu échanges sur le marché, tu accumules du capital et tu finis par pouvoir acheter les ressources naturelles.
A moins que tu trouves un autre Staline qui va t'en empêcher au moyen d'un Etat policier.
Et les libertariens sont contre l'Etat.
Donc c'est bancal.
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Messagepar frigouret » Lundi 29 Juin 2015 18:03

Mais le mutuellisme est juste une mise en commun volontaire d'une propriété ou d'un aspect de cette propriété, c'est ce caractère volontaire qui en fait la seule ( j e crois) forme de socialisme libéral, la fameuse association d'égoïste .

Pour les ressources naturelles c'est plus que du mutuellisme là on peut parler de socialisation et toute socialisation et peu ou prou une étatisation donc pas du pur anar.Je signal de nouveau les travaux de Elinor Ostrom sur le sujet. Un bien socialisé est hors marché , sa gestion est politique , ça peut craindre quand même.

Pour les libertariens disons minarchistes de droite, tu peux consulter le programme du parti libertarien belge pour te donner une idée de leurs positionnements.
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Messagepar kuhing » Lundi 29 Juin 2015 19:59

Le libertariens "de gauche" ne sont qu'une tendance périphérique et minuscule qui n'est qu'une tentative d'adaptation sociale à l' ultra-liberalisme qui représentent le gros des petites troupes libertariennes dont les figures de proue sont Alan Greenspan, David Friedman ou Murray Rothbard.

Mais comment socialiser quand l'argent est roi ? Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit.
Et bien il faut décréter et pour décréter il faut étatiser parce que si l'argent et le marché libre sont la seule règle, ils donnent "la liberté" de tout acheter.
C'est la liberté des libertariens.

Voilà pourquoi les libertariens dit de gauche sont issus de ce que tu considères toi-même comme le diable en personne : le marxisme.
Gerald Cohen, un des initiateurs du libertarianisme de gauche que tu sembles découvrir seulement maintenant, était également un représentant de ce que l'on appelle le marxisme analytique.
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Messagepar frigouret » Lundi 29 Juin 2015 20:41

L'ultralibéralisme n'est qu'un terme péjoratif, un épouvantail, cela ne correspond a rien de réel.
Je pense que les problématiques profonde duliberalisme et du libertarianisme sont la liberté individuelle et le droit, pas tellement une doctrine économique en fait.

Je pense que en Europe le mouvement anarchiste a fait une erreur historique , stratégique, en adoptant le marxisme, et que les libertariens vont peut être au moins permettre de repenser l'anarchie sur d'autres bases.
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Messagepar kuhing » Mardi 30 Juin 2015 7:04

Je pense que tu te trompes.

Le libre échange sans régulation étatique c'est bien de l'ultra libéralisme et si tu veux y donner une touche de social tu passes obligatoirement par des lois centrales et, c'est la tendance de Gérald Cohen ( marxiste analytique ) ou Philippe Van Parijs qui lui est favorable à un revenu universel de base , impossible à organiser sans centralisation politique.

Les anarchistes ont fait et font bien des erreurs c'est sur mais pas celle de vouloir en finir avec le capitalisme ou le marché " libre" qui y aboutit.

Le libertarianisme progressera peut être ou pas mais ce ne sera qu'une tendance du libéralisme et il n'a, ni n'aura rien à voir avec l'anarchisme.
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Messagepar frigouret » Mardi 30 Juin 2015 7:55

Et bien c'est ton avis.

Sur les conseils du cousin Lambros j'ai bouquiné "l'organisation du travail " par Dejacques , l'inventeur du terme libertaire parait il, je découvre. C'est un mélange de corporatisme et de libre échange géré par des micro nations communales s'alliant en fédérations.
Des bons passages .
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Messagepar kuhing » Mardi 30 Juin 2015 10:03

frigouret a écrit: j'ai bouquiné "l'organisation du travail " par Dejacques , l'inventeur du terme libertaire parait il, je découvre. C'est un mélange de corporatisme et de libre échange géré par des micro nations communales s'alliant en fédérations.
Des bons passages .


??

Où tu as vu ça ?

Ci-dessous il y a le texte intégral de Dejacque où il critique l'organisation du travail de son temps.
Il y fustige aussi Proudhon et Fourier : " Proudhon est autant un conservateur, dans la mauvaise acception du mot, qu’un révolutionnaire dans la bonne."


Il y fait appel à la volonté de création libre des gens libérés de leurs patrons mais en commettant à mon sens l'énorme erreur suivante en disant : "Tout talent qui ne produit pas est indigne de vivre : Place au Travail !"
Ce qui est du je pense à l'époque et au manque d'analyse concernant la capacité des forces productives libérées du carcan de la plus value financière.

Mais en aucun cas il est question de "corporatisme et de libre échange des micro nations communales s'alliant en fédérations"

Donc soit tu délires soit tu cherches à manipuler, frigouret.


Le texte complet de Dejacque "L'ORGANISATION DU TRAVAIL :"source


L'ORGANISATION DU TRAVAIL.
I.


La Civilisation et, avant elle, la Barbarie, le [Patriarchat], la Sauvagerie ont toujours considéré le travail comme une peine. L’idée ancienne et moderne en a fait un châtiment ; les prêtres, les oracles de l’autel et du temple, au nom du Dieu-tonnant et de la redoutable Eglise ; les mâles, les pères, les guerriers, les législateurs, tous les chefs de couple, de famille, de horde, de nation, les vagabonds comme les sédentaires, au nom de la société dont ils étaient le souverain, c’est-à-dire le membre le plus fort, le plus redouté.

Au berceau de l’Humanité, lorsque le sein de la Terre commença à se tarir et que l’Homme fut chassé par la disette et la faim de la communauté primitive ; au sortir de cet éden anarchique qui avait accueilli d’abord avec des caresses ses premiers mouvements, et où ensuite les fruits ne tombaient plus tout mûrs de la branche de l’arbre dans sa main, comme le lait maternel dans la bouche de l’enfant ; à ce douloureux moment de précoce sevrage et alors que l’intelligence humaine vagissait encore dans sa grossière enveloppe et tâtonnait sa destinée dans l’aveuglement de l’ignorance, on conçoit que la première organisation du travail, réaction de l’idée de conservation individuelle sur l’idée de communion fraternelle, ait été fatalement un organisation autoritaire, l’esclavage du plus faible ou du moins développé au profit du plus fort ou du plus exercé. Comme l’homme avait enchaîné les animaux, l’homme enchaîna l’homme ; il se fit un bétail de têtes humaines comme il s’était fait de têtes à cornes ou à [grouin] et de bêtes de somme un troupeau domestique. Son entendement inexpérimenté et dominé par les colères de la nature, qui lui donnait le périlleux spectacle des éléments en lutte, se déchirant et s’écrasant l’un l’autre ; son entendement ainsi privé des matériaux, des connaissances que nous possédons aujourd’hui, ne put comprendre que les enseignements de la force brutale ; il singea dans son espèce et d’homme à homme la violence qu’il voyait pratiquer entre espèces différentes, de loup à brebis, par exemple, et de brebis à brin d’herbe.

Cette tache originelle, l’organisation du travail l’a conservée jusqu’à nos jours. Actuellement encore, le travail c’est l’esclavage organisé.

Cependant l’Idée marche ; elle ne tourne plus ses regards en arrière, vers un âge anté-industrieux, qui pouvait bien être le délicieux éden de l’Humanité en enfance, mais qui ne serait plus aujourd’hui qu’un séjour de douleurs pour l’Humanité faite Homme. L’éden anarchique vers lequel nous marchons est devant nous désormais et non plus derrière ; il n’est pas peuplé d’abrutissants farnientes, mais de séduisantes activités. A l’horreur du travail a succédé la pensée du travail attrayant. Oui ! l’idée contemporaine, négation de l’idée ancienne et moderne, non-seulement n’envisage plus le travail comme une peine ou un châtiment, mais encore elle affirme qu’il est un plaisir et qu’il n’y a de plaisir que par lui. Droit au travail ! disent les prolétaires des temps présente ; et ils se battent pour produire, — à la condition toutefois que ce travail ne soit pas le travail forcé mais le travail libre, et que la libre répartition des produits remplace l’arbitraire spéculation de l’exploiteur. Travailler selon la formule d’autrefois, c’était souffrir ; travailler, selon la formule d’aujourd’hui, c’est jouir : le monde ancien est renversé ! Le jour où le doigt de l’idée, flamboyant au festin de brutes de la société bourgeoise, a tracé en caractères d’imprimerie et sous les yeux des civilisés cette inscription paradoxale : le travail attrayant ! ce jour-là la révolution du travail a été décrétée en principe ; elle est contenue dans ce germe comme le chêne est contenu dans le gland : le principe posé produira ses conséquences.

Si Fourier, ce grand homme, n’avait eu tant de petitesses ; s’il n’avait tant voulu caresser la chèvre et le chou, l’exploité et l’exploiteur, l’Autorité et la Liberté ; s’il n’avait voulu marier Dieu avec le Diable, le riche avec le pauvre, le loup avec l’agneau ; s’il avait compris que le bien ne se fusionne pas avec le mal, que la vérité ne se fond pas avec l’erreur, qu’il y a incompatibilité et subversibilité entre eux ; si plutôt que de spéculer presque exclusivement sur les vices des riches, sur leurs mauvais penchants, sur leurs déviations des voies de la nature, et de bâtir dans son phalanstère des trônes à tous ces petits potentats, il s’était un peu plus préoccupé de la masse du peuple, de sa force passionnelle, de ses propriétés ou de ses vertus mentales, de ses velléités d’intelligence, de ses instincts révolutionnaires ; s’il avait été plus fraternitaire, plus égalitaire, plus libertaire, et que, au lieu de couronner des rois dans tous ses groupes et dans toutes ses séries, il les eût décapités par le raisonnement, cette décapitation, loin d’empêcher l’harmonie, eut été, au contraire, le seul moyen de la faire naître et se développer, en supprimant tous les discords. Mais non, possesseur d’une grande idée, il a eu recours aux petits moyens pour la faire accepter du vulgaire. Il n’y a pas de sortes de cajoleries niaises, d’avances ridicules qu’il n’ait faites aux capitalistes sans cœur, aux artistes et aux poètes sans cervelle, à tous les improductifs talents des professions dites libérales. Les riches et leurs valets les débauchés des arts et des lettres, les talents équivoques, tous les satisfaits du banquet civilisationnel ne se sont pas laissé prendre à la glu du novateur ; et les pauvres, tous ceux qui produisent et ne consomment pas, les déshérités des jouissances de ce monde, les bohémiens du travail, les hors la loi, les prolétaires réduits à courber le front devant l’omnipotence de mille et un monarques, à tendre la main, comme des mendiants, pour recevoir de l’oisif ou besogneux patron un avilissant salaire, les pauvres enfin, pavés vivants, que foulent et broient le talon des honneurs et la roue de la fortune, n’ayant vu, dans cette mise en scène hiérarchique, dans cette intrigue capital-travail-talent, rien qu’un changement d’esclavage, ont laissé retomber leurs têtes sur leurs poitrines en attendant un appel plus direct la Révolution.

48 est venu. On a parlé d’économie sociale, d’association. Le Prolétariat s’est ému ; il avait certainement le désir de s’affranchir, mais il n’en avait pas la science ; et les associations ouvrières, qui se produisirent à cette époque, ne furent qu’un décalque des associations bourgeoises, des sociétés boutiquières ou industrielles des patrons : elles agitèrent les travailleurs, elles ne révolutionnèrent pas le Travail.

Considérés séparément, Proudhon et Fourier ont tort ; l’organisation du travail qu’ils ont chacun traduite au jour est l’erreur. Ensembles, et en élaguant de leurs deux conception toutes les réminiscences du passé, en taillant, rognant beaucoup d’un côté, plus encore de l’autre, et en ajoutant quelque peu, c’est-à-dire en greffant le tout d’une idée homogène et régénératrice, il serait possible alors de faire de ces systèmes encore sauvages une organisation du travail plus dans la destinée de l’homme, de changer l’horrible amertume du fruit vierge en la douce saveur du fruit cultivé.

Le système de Proudhon tend à supprimer toute autorité, toute suprématie artificielle, à niveler tous les travailleurs, égaux mais divers, sous le rayonnement de la libre et féconde an-archie. Chacun est son législateur et son Dieu ; il échange avec qui lui plaît et de la manière dont il lui plaît ses produits, agriculture, industrie, arts, sciences, amour, amitié, philosophie, enfin tout ce qui sort de son cœur, de son cerveau, de sa main. C’est là la tendance, ai-je dit, et elle est bonne assurément. Mais la tendance ne suffit pas ; il faut que tous les détails convergent vers le but, que la lettre soit le corollaire de l’esprit. Et les détails décrivent bien des courbes en sens inverses, et la lettre est bien souvent en contradiction avec la pensée élémentaire, si bien que, en réalité, c’est plutôt la restauration que la destruction du vieil ordre de choses. Les révolutions de la Société sont des conservations de la Société, mais non pas des conservations de la Civilisation qu’elles ont mission d’anéantir sous peine de n’être pas des révolutions. Proudhon est autant un conservateur, dans la mauvaise acception du mot, qu’un révolutionnaire dans la bonne.

Le système de Fourier tend à supprimer les entraves à la production, à élever les travailleurs au plus haut degré de richesse, à les initier à de nouvelles et innombrables jouissances, à fonder l’ère du plaisir productif, du travail attrayant, à abolir la petite et humanicide famille et à faire de l’Humanité entière une seule et humanitaire famille. Mais ce n’est là aussi qu’une tendance. A côté de l’esprit vivifiant est la lettre qui tue ; chez Fourier comme chez Proudhon, l’idée réactionnaire coudoie l’idée révolutionnaire ; le vieil homme est encore de moitié dans l’homme nouveau. Saint-Simon, l’initiateur, avait envisagé la loi de l’Attraction humaine au point de vue d’un grand seigneur ; s’il en avait eu formulé la théorie, il en aurait volontiers fait une monarchie de droit divin, une théocratie universelle. Fourier, l’initié, a aperçu la chose en bourgeois, et il en a fait une monarchie constitutionnelle, une oligarchie voltairienne Tous deux n’ont abordé cette grande découverte qu’avec leurs préjugés autoritaires, en grand seigneur et en bourgeois, comme je l’ai dit, et non en prolétaire, aussi ne l’ont-ils pas comprise, Fourier annonce l’Harmonie ; il tonne bien haut contre la Civilisation ; il semble même qu’il cueille la pulvériser ; cependant il la révolutionne, c’est-à-dire il la CONSERVE ; mais, hélas ! Il ne RÉVOLUTIONNE pas la société. Pris à la lettre, le phalanstère c’est toujours la féodalité bourgeoisiale, le gouvernement du grand nombre par le petit, l’exploitation de l’homme par l’homme, la Civilisation, toute la Civilisation, et rien que la Civilisation.

A l’heure qu’il est, le Capital agonise et rien ne saurait le sauver ; il ne peut plus être autre chose que rien. Le Travail veut être tout, et il le sera. Le Travail, c’est l’homme ; qui travaille vit, qui paresse meurt. Au travail tous les droits, et à lui seul tous les droits. — Mais que nous veut ce troisième terme de la trinité phalanstérienne, cet intrus de la fin comme le Capital est l’intrus du commencement, le Talent ? s’il est le Travail, pourquoi ce masque ? et s’il n’est pas le travail, qu’est-il donc ? un larron ? Est-ce que l’artiste ou ouvrier, le peintre, le statuaire, qui fait un tableau, une statue ne travaille pas ? peut-il faire preuve de talent sans travail ? — Est-ce que l’ouvrier ou artiste, le menuisier, le serrurier qui fait une porte ou la ferre n’a pas du talent ? peut-il travailler sans faire preuve de talent ? — Que signifie donc cette distinction arbitraire entre talent et travail ? Je ne sais ; à moins que par Talent on entende, comme en Civilisation, le travail d’exploiter sans produire, et par Travail, le talent de produire en exploité. Plus d’exploitation ! plus de bouches parasites ! plus de bras stériles ! Tout talent qui ne produit pas est indigne de vivre : Place au Travail !

Cependant l’on se tromperait fort si l’on croyait que dans la société telle qu’elle est organisée, il suffit de faire disparaître le patron pour que l’ouvrier retirât de son travail une bien plus grande somme de bien-être. En se bornant à cette suppression on n’aboutirait qu’à une amélioration insignifiante. Les bénéfices dont jouit le patron, gros total pour un seul, équivaudraient à bien peu de chose, fractionnés entre tous, et ne changeraient guère la position de l’ouvrier sous le rapport matériel ; ce serait toujours la misère physique. — Que demain l’esclave noir s’affranchisse du planteur, sera-t-il libre ? Hélas ! non ; il retombera, comme prolétaire, sous un nouveau fouet et un nouveau maître ; il aura changé ses chaînes pour d’autres un peu moins lourdes, voilà tout. Il en serait de même pour l’esclave blanc s’il s’affranchissait du Patron sans socialiser le travail ; il n’aurait fait qu’allonger un peu sa chaîne. — L’amélioration serait plus sensible sous le rapport moral : l’ouvrier ne serait pas encore libre, mais il serait son maître ; son amour social ne serait pas satisfait, mais sa haine le serait. Le trône de l’exploitation bourgeoise ainsi brûlé, resterait toujours la chose publique du travail à organiser, la Révolution du Travail à accomplir. Les trônes brûlés se restaurent quand on ne démolit de la royauté que les emblêmes, et pas les institutions.

Prolétariat, c’est là, à l’organisation du travail, que t’attend le monstre-réaction, pour te dévorer encore, et sans cesse, si tu ne sais pas déchiffrer l’énigme.
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Messagepar frigouret » Mardi 30 Juin 2015 11:01

Ce n'est pas le texte integral, il y a deux suites dans les numéros 25, 26 ( je crois) du libertaire, tu devrais donc me juger moins durement après leurs lectures. Mais c'est vrai j'en ai fait une lecture sommaire, peut être plus tard j'essaierai un résumé mieux fait.
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Re: Les libertariens

Messagepar frigouret » Mardi 30 Juin 2015 13:43

Donc après une lecture plus attentive de L'organisation du travail I, II et III, je confirme ma première impression. Dejacques propose des sortes de soviets communaux, en démocratie directe, prenant en charge la totalité de l'économie de la commune. Chaque travailleur et un fonctionnaire salarié dudit soviet et consomme ce que lui sert le soviet communal. C'est un collectiviste si je ne m'abuse.
On voit bien que c'est en abolissant toutes propriété individuelle que le soviet communal assoit son pouvoi politique.
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Messagepar kuhing » Mardi 30 Juin 2015 14:05

Je vais tacher de trouver la suite du texte de Dejacque et on en reparle si je la trouve.
(sur wiki la partie 1 est notée texte intégral )
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Messagepar frigouret » Mardi 30 Juin 2015 14:11

C'est facile , au bout de la partie I la conclusion est en bleu, tu cliques sur le bleu etun encadré apparaît où tu peut trouver le lien qui te conduit sur les parties II et III.
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Messagepar anarced » Mardi 30 Juin 2015 14:57

L'Organisation du Travail.

II.

Révolutionner le Travail, l’organiser socialement, c’est ne pas laisser pierre sur pierre de la civilisation, c’est démolir la vieille société de fond en comble, et tout rebâtir à nouveau, le physique comme le moral, les maisons comme les mœurs. Ce n’est pas chose qui puisse se faire en un jour, mais on peut poser le principe, l’utopie, et concourir progressivement à son application, à sa réalisation.

Socialiser le Travail, le révolutionner de la base au faîte, c’est changer ses assises autoritaires en assises anarchiques ; c’est transformer le bagne des ouvriers-forcés en atelier d’ouvriers-volontaires, le consommateur-capital et le consommateur-talent en producteurs-travail ; c’est faire, par l’entraînement de la loi naturelle, de tous les hommes des travailleurs, et de tous les travailleurs des frères, des égaux, des libres ; c’est solidariser dans un concert universel les individus, impuissants à eux-mêmes et nuisibles aux autres par l’isolement et l’antagonisme, les vieux et les jeunes, les hommes et les femmes, les graves et les légers, comme les instruments obligés d’un même orchestre ; et enfin leur ouvrir les voies de l’harmonie en remplaçant le stérile et fatiguant plaisir par le travail utile et attrayant, et le travail répugnant par le plaisir productif.

Toute la révolution sociale est là et elle n’est que là.

La synthèse humanitaire est formulée dans les quatre propositions suivantes, affirmations gradationnelles figurant les quatre faces d’un triangle cube et qui se déduisent l’une de l’autre comme le végétal se déduit du minéral, comme l’animal se déduit du végétal et comme l’hominal se déduit de l’animal, minéral, végétal, animal, hominal qui sont aussi les quatre parties essentielles d’un tout, les quatre quarts d’une formule qui est la synthèse planétaire :

— Fraternité des travailleurs.
— Egalité des travailleurs.
— Liberté des travailleurs.
— Harmonie des travailleurs.

La Fraternité des travailleurs : c’est-à-dire le lien du sang, la religion de l’espèce, le signe instinctif et originel qui fait de tous et de chacun une seule et universelle famille, — tous et chacun étant les [atômes] d’une même substance, les analogues infinitésimaux d’un même corps, la base moléculaire, l’élément minéral ou fondamental de la société humaine.

L’Egalité des travailleurs : c’est-à-dire le droit primordial ou devoir primordial, qu’ils tiennent de leur fraternité, de communier tous et chacun, sans distinction de sexe ou de race, aux manifestations de la vie productive et consommative, — la solidarité des forces et des besoins de tous et de chacun étant la garantie mutuelle de leur existence intégrale et réciproque, le tronc organique, rudiment de conservation évolutive, l’élément de végétation ou ferment végétal de la société humaine.

La Liberté des travailleurs : c’est-à-dire le droit naturel, inaliénable et imprescriptible, ou devoir naturel, inaliénable et imprescriptible, conséquence de leur fraternité et de leur égalité, de se livrer tous et chacun au développement illimité de leurs facultés, à la diversité infinie de leurs passions et de leurs aptitudes, — tous et chacun étant la chair et l’idée fécondatrices, le mouvement perfectible, l’instrument de progrès perpétuel, la branche aux rameaux révolutionnaires ou régénérateurs, l’élément d’animation ou ferment génital de la société humaine.

L’Harmonie des travailleurs : c’est-à-dire le lien de l’idée, la religion de l’intelligence, comme la fraternité est le lien du sang, la religion de l’instinct ; le couronnement hominal, l’éclosion artistique et scientifique, le sentiment raisonné de l’œuvre, dont la fraternité est la souche minérale, le germe brut, la sensation ambryonnaire ; enfin l’exaltation des fibres du bien, du beau et du juste, l’exhalaison des arômes passionnels, l’effluve amoureuse et féconde de la pensée nubile, l’épanouissement suave et prolifique de la matière émancipée, parfum éthéré, étincelle électrique au front de tous et de chacun et par qui tous et chacun se reconnaissent pour analogues et se sentent vivre d’une vie solidaire et commune, comme les pétales tamisés d’une même corolle, comme les parcelles odorantes d’un même fluide, dans l’universelle et indivisible famille, — tous et chacun aimant le prochain comme soi-même, parce que le prochain c’est soi-même.

Il y a des siècles déjà, la révolution chrétienne a proclamé en principe le premier terme de la Quadrité sociale, la Fraternité. De même, il y a soixante-dix ans la révolution française en a proclamé le second, l’Egalité. Maintenant c’est au tour du terme Liberté, dont la révolution de 48 a posé le principe. Il s’agit de les réaliser positivement, de les faire descendre des nuages de l’abstraction politique sur le terrain de la pratique sociale. La réalisation positive de ces trois termes nous conduit directement et universellement à leur complément fatal, l’Harmonie.

Pour qu’une organisation du travail soit révolutionnaire et sociale, il faut donc de toute nécessité abolir le maître, capital ou patron, et, le maître aboli, abolir l’antagonisme, isolement ou concurrence, et, l’antagonisme aboli, trouver un nouveau stimulant à la production.

Le stimulant à la production, diront les proudhonistes, sera pour chacun le besoin de consommation : l’homme, étant libre de produire, voudra produire beaucoup pour consommer beaucoup.

Eh ! non ; pas toujours. Que le travail continue à être répugnant et le plaisir peu attrayant, on se lassera promptement de peiner si fort à produire pour jouir si peu à consommer. D’ailleurs, en laissant subsister l’état de guerre, la division des intérêts entre les travailleurs, ce sera encore l’homme roi ou sujet selon les hasards de la victoire ou de la défaite sur ses semblables, ce ne sera pas l’homme libre. Un pareil système n’est pas l’ordre anarchique, l’autonomie naturelle, c’est encore et toujours le droit renouvelé des temps barbares, le droit brutal de la violence, le droit insocial du plus fort ou du plus chanceux, le droit de meurtre et de pillage, le viol ou l’esclavage du faible, le désordre dans la production et la consommation.

Non, l’anarchie n’est pas dans l’organisation parcellaire du Travail, elle est dans son organisation unitaire ; elle n’est pas dans le morcellement individuel de l’instrument, elle est dans l’association universelle autour de l’universel instrument. La propriété du tien et du mien, l’isolement des intérêts des travailleurs est un crime envers les autres et envers soi-même. En propriété comme en amour, on ne jouit que par le contact, on ne jouit pas seul.

Le stimulant à la production, diront les fouriéristes, sera dans la lutte des petites ambitions, dans les récompenses, les honneurs décernés par les groupes et séries à leurs préférés, à leurs élus.

Eh ! non, pas davantage : si l’intrigue et l’exploitation continuent à diviser les hommes ; si l’esprit de coterie, suscité par des institutions monarchiques ou oligarchies, favorisent l’esprit d’injustice ; si toute la liberté consiste à se choisir des maîtres et à permuter de groupe en groupe ou de glèbe en glèbe, serf ou baron féodal, sans autre alternative que des moments de despotisme ou des moments de servitude. Avec de pareils éléments d’opprobre et de dégoûts, on désertera bien vite les groupes et les séries de la production ; et, la production faisant grève, la consommation fera grève aussi. Les destinées seront proportionnelles aux répulsions, et il s’en suivra le chômage du progrès, la misère collective, l’abrutissement général.

Non, pour les fils d’une même mère, pour les enfants de l’humanité, l’Harmonie n’est pas dans l’inégalité des conditions, dans la discipline hiérarchique ; elle est dans la similitude et la diversité des positions, dans l’initiative anarchique. Le chien, espèce inférieure, peut vivre en paix avec l’homme, espèce supérieure, celui-ci portant le fouet, l’autre portant le collier ; mais l’homme ne peut vivre en harmonie avec l’homme que sur le pied d’équation. L’équation est l’ultimatum de la femme envers l’homme, de l’enfant envers le vieillard, du noir envers le blanc. En dehors de l’équation de l’homme par l’homme, à la fois producteur et consommateur, point de salut pour la société. Le chien rampe devant l’homme, son maître, et lèche la main qui le frappe, mais il hurle après le chien qui le hurle et mord le chien qui le mord. L’homme, étant de la même espèce que l’homme, ne peut ramper devant son semblable et baiser la main qui le soufflète ; il ne peut que rendre outrage pour outrage et blessure pour blessure. Le Capital et le Talent, seigneurs à tous crins, s’adjugeant la part du maximum, la part du lion, et le Travail, plèbe à toison, réduit à brouter le minimum et à ramper comme le vassal aux pieds du suzerain, ne sauraient former une agrégation attractive. La conscience sociale est la conscience du Moi et du Toi, répercutés de l’un à l’autre par la réciprocité autant de fois que UN est égal à UN dans la société.

Le stimulant à la production, il ne saurait être que dans l’organisation du travail qui affranchira le travailleur de toute entrave et l’émancipera de toute exploitation, qui instituera des séries et des groupes, non pas autoritaires, mais anarchiques, pour toutes les libres, égales et diverses aptitudes, et, ainsi, de répulsif, rendra le travail attractif.

La révolution du travail telle que je la comprends, ou la révolution sociale, ce qui est tout un, je l’ai esquissée dans l’Humanisphère. C’est une utopie irréalisée, mais qui se réalisera un jour, peut-être plus tôt qu’on ne suppose. Pour beaucoup, qui ont jeté les yeux dessus sans l’approfondir, cette utopie n’a rien de sérieux : c’est une fantaisie de poète qu’ils n’ont pas daigné discuté, n’ayant pas su la comprendre ; comme des aveugles, ils ont regardé sans voir, comme des sourds, ils ont écouté sans entendre. Mais, pour moi qui ai médité cette œuvre et en embrasse par la pensée tous les développements, le but est là et pas ailleurs.

L’idéal de la révolution du travail, ou de la révolution sociale, je le résume ainsi :

— Propriété commune de l’instrument le travail et de la chose produite.

— Propriété individuelle des sensations productives et consommatives.

— Communauté des objets et communion des personnes, mais communauté et communion anarchistes : communauté des objets selon les caprices ou les besoins de chacun ; communion des personnes selon les attractions réciproques.

— La Terre entière un seul domaine, une indivisible cité.

— L’Humanité entière un seul peuple, une indivisible famille.

— L’homme ramené par l’intelligence à sa destinée originelle et instinctive, la communauté des fruits, la communion des passions, l’ère de la fraternité naturelle, mais avec tous les développements que comportent et nécessitent les besoins hominaux de cette intelligence : agriculture, industrie, arts, sciences, enfin tout le travail physique, moral et intellectuel de l’être humain accompli depuis sa naissance jusqu’à nos jours sur la route du Progrès infini, — l’ère de l’Harmonie naturelle.

Toute organisation transitoire qui me rapproche de cet idéal du Travail libre, je l’accepte ; tout ce qui m’en éloigne ou m’en écarte, je le repousse.

Mais, à défaut du radicalisme anarchique, dont nous sommes encore bien loin, qu’elle est au moins la meilleure voie, la ligne la plus directe, le véhicule le plus rapide pour y arriver ? C’est ce que chacun de nous doit s’efforcer de découvrir, c’est ce que le Libertaire tâchera d’indiquer dans son prochain numéro.



L'Organisation du Travail.

III.


Comme l’homme est formé d’organes, et ces organes de molécules, de même l’homme est, son tour, la molécule du corps social ; la commune en est l’organisme. C’est donc sur le système individuel ou moléculaire et sur le système organique ou communal, qu’il faut agir tout à la fois, si nous voulons révolutionner la société. L’organisation du Travail n’est pas autre chose que l’organisation de la commune, groupe d’affinités individuelles et passionnelles, centre de gravité et d’expansion productives et consommatives.

Je l’ai dit dans de précédents articles, le vote universel et direct (ne pas confondre avec le suffrage universel et direct, qui porte sur les hommes et non sur les choses), le vote des mesures de nécessité publique par chacun et par tous est, de nos jours encore, pour l’individu, comme pour la commune, comme pour la nation, l’instrument de révolution sociale ; c’est la transition logique ou fatale de l’autorité à l’an-archie. La révision de la chose votée étant permanente, et l’élément du progrès se répandant chaque jour de plus en plus dans les masses par l’exercice du vote et de la discussion qui l’accompagne, par l’ascension des lumières et la généralisation des connaissances acquises, il s’en suit naturellement qu’on s’éloignera, chaque jour de plus en plus de l’autorité pour se rapprocher de plus en plus et chaque jour de l’an-archie. Malheur au prolétariat, si, sur ces barricades triomphantes, il ne sait pas s’emparer de ce levier d’émancipation, le sceptre législatif, et se constituer en universel et provisoire gouvernement. Malheur à lui, s’il laisse s’implanter un nouveau pouvoir partiel, une nouvelle dictature représentative sur les débris de celui ou de celle qu’il aura renversé, fût-ce le pouvoir ou la dictature des mieux intentionnés. Le peuple ne peut progresser dans la voie révolutionnaire que s’il est investi de la fonction révolutionnaire ; tout homme ou toute femme, toute fraction infinitésimale du peuple doit entrer en possession immédiate de son égale part de souveraineté universelle et jouir du droit de participer directement au maniement de la chose publique. Sans doute, dans un milieu aussi corrompu, aussi ignorant que le nôtre, il faudra nécessairement subir, dans une certaine mesure, la lourde pression du grand nombre des aveugles ; mais il ne faudra subir cette pression que sous bénéfice d’inventaire, et en faisant constamment effort pour projeter la lumière là où règnent encore les ténèbres, et pour anéantir, par une propagande philosophique, les préjugés autoritaires, les superstitions politiques et religieuses. Si, nous qui nous disons révolutionnaires-anarchistes, nous avons réellement conscience de la vérité de notre principe, nous ne devons pas craindre, avec ce système transitoire, qui tient au passé par l’arbitraire légal et à l’avenir par l’exercice fraternitaire, égalitaire et libertaire de nos facultés morales et intellectuelles, d’être ramené à l’absolutisme ; toutes les chances, au contraire, sont pour l’anarchisme. Il n’est pas dans la destinée de l’être humain de marcher à reculons, quand le Progrès, [aîles] déployées, le sollicite à s’élancer en avant. Quel est l’homme, quelle est la femme qui, sans autre maître que sa volonté librement exprimée, et au lendemain de sa prise de possession de souveraineté, voterait pour son asservissement, quand il peut voter pour son affranchissement ? Anarchistes, c’est là une peur puérile et que rien ne justifie. Ce qu’il faut avant tout, c’est faire passer l’instrument de gouvernement, le vote législatif, des mains du petit nombre aux mains du nombre universel, afin que, de degré en degré, de progrès en progrès, nous arrivions tous à le supprimer et à le remplacer par l’autonomie de chacun, par la liberté infinie de tous, par l’anarchie individuelle et sociale, l’harmonie naturelle. Mais — quelle que soit la ferveur des libertaires — les ignorances populaires amoncelées, les montagnes de préjugés ne se sapent pas, comme un trône et une dynastie, en trois jours ; on ne passe pas instantanément de l’autorité la liberté, des ténèbres à la lumière : il y a une transition qui s’appelle le crépuscule ou l’aube, la démocratie ou la législation directe et universelle. L’oublier serait nous faire rappeler brutalement à l’ordre par la pesante intelligence des masses, et nous exposer à voir le trône et l’autel, l’autorité politique et religieuse renaître de ses cendres. Ce n’est pas le tout de crier : Liberté ?... il faut en démontrer l’organisation, amener les plus obtus à la comprendre, à la pratiquer. La législation universelle et directe est le vaccin qui, inoculé dans les veines du prolétariat, le préservera du fléau de la dictature des représentants ou des empereurs, cette variole sociale, et le fera bientôt passer, grandi en santé et en idée, des mœurs d’esclaves aux mœurs d’hommes libres, à la réalisation de la pure anarchie.

Que, dans la fédération contrationnelle des communes, le droit absolu à l’autonomie communale soit déclaré et reconnu par chaque commune ; que, dans la fédération contrationnelle des individus, le droit à l’autonomie individuelle soit déclaré et reconnu en principe, sinon d’une manière absolue, pour chaque individu ; et c’est le point de départ pour arriver, de développement en développement, à l’autonomie illimitée de tous et de chacun, à la radicale et anarchique évolution de la liberté humaine, à la solidarité harmonique.

La commune une fois en possession de l’instrument de réformes sociales, de la législation directe et universelle, et le milieu actuel étant donné, c’est-à-dire les hommes de l’époque présente, abstraction faite de l’obstacle impérial qui va disparaître, de quelle manière la commune devra-t-elle organiser le travail ?

Le Phalanstère, avec le seigneur Capital et le seigneur Talent n’a aucune chance d’être admis par les masses, la révolution étant surtout dirigée contre le capital.

Les idées exprimées par Proudhon ont bien plus de chances de prévaloir, le libéralisme bourgeois ayant pénétré jusqu’à la moëlle dans le crâne et l’épine dorsale du prolétariat.

Mais ni Fourrier ni Proudhon ne sont sur le grand chemin révolutionnaire, sur la voie ferrée des locomotions transitoires destinées à entraîner à toute vitesse possible, vers l’infini Progrès, les populations, insurgées, il est vrai, mais encore esclaves de leurs préjugés et de leur ignorance. Selon toute apparence, ces deux hercules de la pensée se sont aventurés dans une impasse qui ne peut, comme 89, aboutir qu’à la réaction : l’un, en créant son mécanisme des rois et des sujets, une hiérarchie arbitraire ; l’autre, en armant le frère contre la sœur, l’homme contre l’homme, en les isolant l’un de l’autre, en créant ou maintenant l’état de guerre entre tous les producteurs.

La commune, — toutes réserves faites d’ailleurs des principes, et sauf à faire plus si elle en a les éléments, — la commune, si elle a quelque intelligence de la situation, devra donc décréter :

— 1° La propriété une et indivisible de l’instrument de travail.
— 2° Le droit au travail.
— 3° Le droit à l’existence pour les enfants, les vieillards, les invalides du travail.
— 4° L’organisation par séries et groupes des ateliers de production et aussi de consommation.

La propriété une et indivisible des instruments de travail : c’est-à-dire l’expropriation forcée, avec ou sans indemnité, de tous les détenteurs du sol, des bâtiments, des machines, et aussi de tous les produits accumulés indistinctement.

Expropriation pure et simple, sans préjudice des droits de la vengeance populaire pour tous ceux dont les crimes sont de notoriété publique, les propriétaires des choses énumérées plus haut et qui les ont acquises en exploitant le travail industriel ou agricole d’autrui, ou par escroquerie ou mendicité religieuse, ou par emploi civil ou militaire sous les gouvernements déchus, les parasites, les vampires, les voleurs et assassins légaux, toute la haute et grasse canaille atteinte et convaincue de complicité dans les œuvres de la Réaction.

Expropriation avec indemnité pour tous ceux qui sont en possession desdites choses par leur propre travail : l’agriculteur qui cultive lui-même son champ, l’industriel qui produit de ses mains, — sans préjudice de leur droit à conserver la possession du champ ou des outils à titre d’instrument de travail.

Le droit au Travail, le droit a l’existence : c’est-à-dire le droit pour tout homme ou toute femme valide à l’instrument de travail et aux bénéfices de la production, le droit de vivre en travaillant.

Le droit pour la mère, tout le temps de sa grossesse et de son nourriciat, de revendiquer, à l’égal au moins des plus utiles travaux, le travail de la maternité.

Le droit pour l’enfant, le jeune garçon ou la jeune fille, au banquet quotidien, à la satisfaction de tous les besoins de son âge dans les salles et jardins de jeux et d’études, le droit à l’éducation professionnelle et sociale.

Le droit pour le vieillard et l’infirme à la même répartition de confortable et du luxe, de bien-être social personnel, que le travailleur en activité, soi qu’il veuille en jouir isolément, soit qu’il veuille en jouir en réunion dans les bâtiments et jardins des invalides du travail, voisins les écoles des enfants.

L’organisation par séries et groupes des ateliers de production et aussi de consommation, c’est-à-dire la division des ateliers des champs ou des villes par industries, et la subdivision à l’infini de chaque industrie : tout ce qui concerne le bois, par exemple, les ateliers de scierie, de charpenterie, de menuiserie, d’ébénisterie, etc., etc., réunis dans un même corps de bâtiments ou voisins l’un de l’autre ; et ainsi pour le fer, l’or, le cuir, la laine, la soie, le coton et le reste, afin de réaliser, par ces séries, et le rouage de leurs groupes, l’économie du temps dans la production, et de faciliter à chaque travailleur les moyens de s’employer utilement dans un plus ou moins grand nombre, une plus ou moins grande variété de travaux, et de stimuler et de développer ainsi, par le contact de chacun avec la multiplicité et la diversité des groupes en mouvement, toutes les sensations et connaissances manuelles et intellectuelles de l’individu.

L’atelier, loin d’être, comme aujourd’hui, un bagne lugubre sous la garde [d’un chiourme] qui s’appelle le patron ou le fermier, le seigneur et maître, ou le sous-patron ou sous-fermier, le contre-maître, sergent-porte-bâton à la livrée du capital, l’atelier doit être la salle du trône de l’ouvrier ; son outil, loin d’être l’instrument de son supplice, doit être le sceptre de sa royauté. Aussi, faut-il, et cela dans le plus bref délai possible, rendre l’atelier et l’outil dignes, par leur élégance et leur beauté, par leur splendeur, de la majesté du travail et de la destinée glorieuse du travailleur.

C’est quelque chose, sans doute, pour communiquer l’attrait du travail, que d’embellir la ruche atelière, de la rendre salubre et commode, d’en orner les parois avec goût, d’en diviser les compartiments avec art, de l’enrichir d’outils magnifiquement façonnés, enfin de tous les instruments de luxe propres à la production. Mais tout cela ne serait encore qu’un berceau vide, un palais désert, si l’essaim communal, si tous les travailleurs n’avaient l’instinct hominal, l’intelligence, de s’organiser entre eux par séries et groupes anarchistes qui permissent à toutes les attractions et répulsions muables et variables, de voyager, de permuter incessamment d’atelier en atelier et de personnel en personnel, sans jamais se heurter ni se confondre, et pour la plus grande gloire et le plus grand profit de tous et de chacun.

Ainsi donc division du Travail par séries et par groupes, chaque groupe et chaque groupe de groupes étant une unité distincte mais composée, comme le sont les éléments du corps humain ; c’est-à-dire tous les groupes d’une série, unités moléculaires, associés ou solidarisés entre eux, et toutes les séries de la commune, unités organiques, associées ou solidarisées entre elles, et formant un corps unitaire, une des quarante mille individualités moléculaires dont se compose l’organe national, organe qui, réuni aux autres nationalités organiques, constitue le corps social continental, puis universel.

Si l’on a fait attention à ce qui vient d’être dit et aussi à tout ce qui précède, on comprendra que, chaque groupe étant une association autonome et solidaire, les groupes seront libre d’instituer, l’un le travail à la tâche, l’autre le travail à l’heure ; la rémunération pourra s’en faire diversement dans chaque groupe, et tel individu qui travaillera à l’heure une partie de la journée dans un groupe, pourra travailler à la tâche une autre partie de la journée dans un autre groupe. Pour chaque groupe, les règlements seront faits naturellement par les travailleurs qui s’occuperont le plus spécialement et le plus habituellement du travail de ce groupe. Si moi, ouvrier peintre, je veux aller travailler un moment dans un groupe de mécaniciens, je devrai nécessairement me conformer à l’ordre que ceux-ci y auront établi. Si, à son tour, un ouvrier mécanicien veut venir travailler un moment dans le groupe des peintres en bâtiments, il devra de même se conformer à l’ordre que moi et les autres habitués auront contribué à y établir. Plus chacun de nous sera assidu à un groupe, et plus, cela va de soi, il aura d’influence sur l’organisation industrielle et sociale de ce groupe ; moins il en approchera, et moins aussi il participera à son organisation. De cette manière, tout travailleur pourra aller et venir, produire à sa volonté dans n’importe quelle série, dans n’importe quel groupe, tout travail lui sera compté, et il ne pourra satisfaire son intérêt individuel sans prendre en même temps en mains l’intérêt général : son intérêt à lui étant de bien faire et de faire beaucoup pour en recueillir gloire et profit, la variété des travaux et des compagnons de deux sexes stimulant ses passions et ses aptitudes ; et l’intérêt général, ou le socialisme qui est la synthétisation des individualismes, se trouvant dans tous les groupes fondu perpétuellement en un seul groupe par la circulation permanente des individus.

Intéresser directement et universellement chacun à la cause de tous, et tous à la cause de chacun, tels doivent être les moyens et le but de la science sociale. Les groupes et séries anarchiques fonctionnant, par leurs composés des deux sexes et de tous âges, dans la solidarité unitaire et communale, répondent-ils à ces moyens et à ce but ? C’est ce qui me paraît évident ; puisque, en même temps qu’ils assurent à chacun des individus la plus grande somme de liberté progressive, ils ont pour pivot la propriété communale une et indivisible, l’individualité collective de tous les producteurs et consommateurs.

Ce qui a perdu jusqu’à l’heure présente les tentatives de révolutions, c’est, au jour triomphal, le manque d’organisation transitoire pour passer, sans retour possible, des mœurs de l’idée ancienne aux mœurs de l’idée nouvelle. — “Démolissons ! démolissons d’abord ! le reste viendra ensuite”, disent certains révolutionnaires sincères, plus ardents que savants, et en grand danger, hélas ! de prendre pour la réalité l’apparence révolutionnaire et sociale. Mais, à ce compte, demain encore on peut proclamer la république, et la république sociale, sans que pour cela le socialisme soit autre chose qu’une lettre morte, un hiéroglyphe placardé sur les murs, incompris de la multitude ignorante, et que la réaction, comme toujours, exploitera à son profit. Démolir ! démolir d’abord ? oui, sans doute. Mais démolir, c’est organiser ! Qui n’organise pas la révolution ne démolit pas la réaction ; qui n’organise pas le travail libre ne démolit pas l’exploitation de l’homme par l’homme : toute démolition est un leurre, si elle n’est une organisation nouvelle. La vieille société reprendrait instantanément le dessus, elle qui possède la science de la veille, la stratégie autoritaire, si la société nouvelle, ayant en mains le glaive insurrectionnel, n’y joignait la science du lendemain, la stratégie libertaire. C’est peu, comme l’antique Spartacus, de briser ses chaînes : il n’en faut point garder les anneaux rivés aux poignets !

Sans entrer ici, et en plein, dans tous les détails d’une organisation essentiellement transitoire du Travail, plan éphémère tracé sur un sable mouvant, et que le souffle ou le pas des idées en marche effacera demain, il m’a paru urgent d’en d’esquisser quelques traits, d’en ébaucher un aperçu ; car, s’il est plus aisé de déclamer contre ce qui est à démolir, il est plus utile, à coup sûr, d’en préciser scientifiquement les moyens. Or, on ne peut renverser et supprimer les institutions qui nous oppriment qu’en leur opposant des institutions subversives de cette oppression. Comme, dans le passé, on a organisé sans liberté ou avec le moins de liberté possible, ainsi, dans le présent, il faut organiser sans autorité ou avec le moins d’autorité possible.

Je me résume :

— L’individu un et solidaire.
— La commune propriété collective dont chacun des habitants est actionnaire par le travail.
— Ateliers collectifs de production et ateliers collectifs de consommation, ou tout homme, femme ou enfant trouvera, en échange de l’emploi facultatif de ses forces, la satisfaction proportionnelle de ses besoins.
— Enfin le progrès individuel agent du progrès social et le progrès social ferment du progrès individuel, par la mutualité et la distinctivité anarchiques et fatales de tous et de chacun. C’est-à-dire la commune, organisme unitaire, homme collectif, rendue perfectible comme l’homme individuel, unité moléculaire, dont la libre évolution, la rotation ascensionnelle constitue et régénère perpétuellement le groupe humain communal d’abord, puis national, puis continental, puis universel.
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Re: Les libertariens

Messagepar frigouret » Mardi 30 Juin 2015 15:32

Il faut noter que pour Dejacques la formule serait de chacun suivant sa volonté a chacun suivant son mérite.
Bon mais Dejacques est franchement socialiste, il faudrait savoir qui entre Belleguarrigue le libéral et Dejacques le socialiste utilise le premier le terme libertaire pour décider si les libertariens usurpent l'appellation.
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Re: Les libertariens

Messagepar kuhing » Mardi 30 Juin 2015 16:42

Merci pour l'aide à retrouver la suite des textes.

frigouret a écrit:Il faut noter que pour Dejacques la formule serait de chacun suivant sa volonté a chacun suivant son mérite.
.


Effectivement la formule de Dejacque serait " à chacun selon son mérite " ce qui le place malgré ses bonnes intentions et ses désirs de liberté aussi et finalement dans le camp du libéralisme comme Proudhon qu'il critique pourtant et tous les collectivistes qui prévoient de rémunérer au travail fourni, Bakounine inclus.

Beaucoup de choses lyriques voire empruntes de religiosité mais aussi obsolètes dans ce texte de Dejacque même si un brin de poésie entre des lignes économiques est assez sympathique mais bon.
Comme
l’exaltation des fibres du bien, du beau et du juste, l’exhalaison des arômes passionnels, l’effluve amoureuse et féconde de la pensée nubile, l’épanouissement suave et prolifique de la matière émancipée, parfum éthéré, étincelle électrique au front de tous et de chacun et par qui tous et chacun se reconnaissent pour analogues et se sentent vivre d’une vie solidaire et commune, comme les pétales tamisés d’une même corolle, comme les parcelles odorantes d’un même fluide, dans l’universelle et indivisible famille, — tous et chacun aimant le prochain comme soi-même, parce que le prochain c’est soi-même.


Et puis des passages concernant l'humanité assimilable "aux liens du sang d'une indivisible famille " qui me font personnellement sourire.
Un spécio-centrisme désuet voire dangereux aussi quand il parle de "l’homme, espèce supérieure".

Et puis des contradictions où il parle de "l’association universelle autour de l’universel instrument" puis ensuite de division du travail: "L’organisation par séries et groupes des ateliers de production et aussi de consommation, c’est-à-dire la division des ateliers des champs ou des villes par industries, et la subdivision à l’infini de chaque industrie "
sans doute inévitable à l'époque mais qui me semblent dépassées aujourd'hui et surtout pour demain.

Mais le plus contestable pour moi reste la rémunération à la tâche et au "mérite" parfaitement obsolète et qui surtout ne peut que réembrayer, à mon sens, sur une société de classes.
Je cite :
la rémunération pourra s’en faire diversement dans chaque groupe, et tel individu qui travaillera à l’heure une partie de la journée dans un groupe, pourra travailler à la tâche une autre partie de la journée dans un autre groupe.

et, on touche au stakhanovisme, mis en place plus tard sous Staline avec : "...son intérêt à lui étant de bien faire et de faire beaucoup pour en recueillir gloire et profit".


Dejacque ne remet pas en cause les échanges marchands et il propose effectivement un fédéralisme de communes qui me parait complètement dépassé aujourd'hui à moins que l'on considère la planète comme ce qu'elle est déjà devenue : un grand village.
Les positions de Dejacque me paraissent donc ne plus être d'actualité.

Il faut dire que Dejacque est né en 1821 et mort en 1864.
Il a certes amené une pierre à l'édifice.
Mais des gens qui lui ont été postérieurs comme Kropotkine (1842-1921), opposé aux collectivistes et leur quantification du travail avec rémunération par des bons de travail, ont développé une façon de voir qui me parait plus en rapport avec ce qu'est l'anarchisme moderne et qu'il faut bien sur actualiser encore.
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Re: Les libertariens

Messagepar frigouret » Mardi 30 Juin 2015 18:12

Tu loupes la problématique centrale de Dejacques, celle de la propriété. L'Etat communal de Dejacques devient l'unique propriétaire des ressources, de l'outillage, du produit, et même des individus au travers de la création d'un homme collectif.
Bellegarrigue aussi et un partisan du fédéralisme communal, mais avec une commune aux pouvoir très limité plutôt un organe administratif. Une bonne partie des libertariens avec lesquelles j'ai conversé sont aussi dans un souci de réduction de l'État des federalistes communaux a la bellegarrigue.

Dejacques est inacceptable pour un individualiste.
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Re: Les libertariens

Messagepar kuhing » Mardi 30 Juin 2015 19:21

frigouret a écrit:Dejacques est inacceptable pour un individualiste.


Et pour un communiste ( mais cet ajout risque de t'échapper ).

Bon, je retiendrai de Déjacque, sa belle moustache, sa critique de Proudhon et son sympathique A bas les chefs
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Re: Les libertariens

Messagepar frigouret » Mardi 30 Juin 2015 21:40

Par contre quand les libéraux américains ne se sont plus reconnus dans le parti libéral etasunien très keynésien ils se sont tourné vers les penseurs anarchistes de chez eux qui étaient individualistes . Donc dans leur contexte reprendre le terme libertaire/ libertarian a un sens.
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