Il me paraissait acquis qu'il y a un rapport direct entre elles, ce que l'on peut élargir aux conditions sociales et à la conscience puisque les conditions sociales sont étroitement liées avec les conditions matérielles.
L'influence des conditions matérielles sur la conscience n'implique cependant pas de relation mécanique entre les deux à savoir que de mauvaises conditions matérielles entraîneraient forcément une élévation de la conscience qui emmènerait vers une révolution progressiste.
L'histoire, avec le nazisme, nous a montré l'inverse.
L’équilibre est fragile et compliqué dans le cadre du système marchand puisque d'un coté il est possible de ne penser qu'à celui qui pourrait, à coté, vider sa gamelle et de l'autre remettre en cause le pouvoir de celui qui détermine ce qu'il y aura dedans.
Il n'en reste pas moins que la matière contenue dans l'assiette est déterminante dans nos réactions, donc notre conscience.
L'objet de la discussion vient de cette controverse :
lucien a écrit: J'ai affirmé que les conditions matérielles étaient tout au plus secondaires.
à laquelle je répondais:
kuhing a écrit:
Concernant les conditions matérielles et la conscience et, pour simplifier, elles me paraissent aussi secondaires que la façon de réagir et de penser avec le ventre plein que de le faire sans avoir mangé depuis 3 jours, pour la même personne.
et tout cela dernièrement dans ce topic
Pour relancer le débat de façon séparée, j'ai évité de reprendre les philosophes comme Hegel ou Marx qui ont été les plus impliqués dans la pensée matérialiste ( histoire d'éviter l'étiquetage ) mais voici l'extrait d'un pamphlet de Kropotkine (initiateur de l'anarcho-communisme, ou communisme-libertaire, auteur que j'aime bien même si beaucoup de ces dires auraient besoin d'être réactualisés ) et qui en s'appuyant sur le comportement animal (et nous sommes également des animaux) explique clairement que les conditions matérielles comme la pénurie de nourriture par exemple ( donc les conditions matérielles ) influent en premier lieu sur la solidarité , le courage, l'initiative individuelle...( donc la conscience ) :
Kropotkine - La morale anarchiste - extrait
Quand nous étudions le monde animal et que nous cherchons à nous rendre compte de la lutte pour l’existence soutenue par chaque être vivant contre les circonstances adverses et contre ses ennemis, nous constatons que plus le principe de solidarité égalitaire est développé dans une société animale et passé à l’état d’habitude, — plus elle a de chances de survivre et de sortir triomphante de la lutte contre les intempéries et contre ses ennemis. Mieux chaque membre de la société sent sa solidarité avec chaque autre membre de la société — mieux se développent, en eux tous, ces deux qualités qui sont les facteurs principaux de la victoire et de tout progrès — le courage d’une part, et d’autre part la libre initiative de l’individu. Et plus, au contraire, telle société animale ou tel petit groupe d’animaux perd ce sentiment de solidarité (ce qui arrive à la suite d’une misère exceptionnelle, ou bien à la suite d’une abondance exceptionnelle de nourriture), plus les deux autres facteurs du progrès — le courage et l’initiative individuelle — diminuent ; ils finissent par disparaître, et la société, tombée en décadence, succombe devant ses ennemis. Sans confiance mutuelle, point de lutte possible ; point de courage, point d’initiative, point de solidarité — et point de victoire ! C’est la défaite assurée.
Nous reviendrons un jour sur ce sujet et nous pourrons démontrer avec luxe de preuves comment, dans le monde animal et humain, la loi de l’appui mutuel est la loi du progrès, et comment l’appui mutuel, ainsi que le courage et l’initiative individuelle qui en découlent, assurent la victoire à l’espèce qui sait mieux les pratiquer. Pour le moment, il nous suffira de constater ce fait. Le lecteur comprendra lui-même toute son importance pour la question qui nous occupe.