elquico a écrit:Il y a les outils,qui sont un moyen de satisfaire les besoins(les planches ???? )et pour produire les conditions matérielles d'existence;les conditions de travail(fabriquer 100 planches),et la propriété des moyens de production(outils ,forêt,transport du bois); a t on besoin de planches?Première étape définir les besoins? l' outil est un moyen, doit il être un moyen d'usage privé ou appartient il à l'humanité ?
En ce qui me concerne, je considère les choses de la façon suivante:
Au départ il y a la liberté.
Le concept de liberté peut aussi contenir cependant des aspects négatifs s'il n'est pas associé à la conscience parce que cette liberté peut être aussi celle de nuire.
Alors je crois qu'il faut préciser qu'au départ il y a la liberté pour chacun de vivre comme il l'entend.
Cela suppose pour cela l'absence de contrainte extérieure qui l'en empêcherait.
C'est ce qui est contenu dans le mot lui-même "anarchie" qui signifie an = absence et
Arkhé = commandement , hiérarchie.
Donc anarchie = absence de commandement.
Là encore je pense qu'il est nécessaire de préciser qu'il s'agit de hiérarchie sociale parce que être libre de vivre comme on l'entend mais aussi en bonne intelligence avec les autres implique un pouvoir sur soi-même qui fera que l'on sera capable de commander à soi les actes qui permettront sa propre liberté individuelle mais aussi celle des autres.
A partir de là on peut réfléchir aux conditions matérielles qui seront favorables pour parvenir à ce résultat.
Les conditions matérielles sont importantes puisqu'elles déterminent en bonne partie, je le pense, la conscience.
Il s'agit donc aussi et, même surtout, d'organisation sociale.
L'anarchie est-elle compatible avec l'organisation ?
Je le crois et, Elisée Reclus rappelait, comme on le sait ici que " l'anarchie est la plus haute expression de l'ordre ".
Donc pour résumer, il nous faut la liberté, la conscience et les conditions matérielles nécessaires pour qu'elles deux puissent exister en bonne intelligence.
La liberté est une notion individuelle avant tout : un tel aimera vivre seul et toujours au même endroit alors qu'un autre préférera s'intégrer à un groupe et changer régulièrement de lieu de vie.
Celui là voudra travailler le bois alors qu'une autre ne sera attirée que par la composition de pièces musicales, un troisième encore souhaitera faire les deux alternativement.
Tous les cas de figures peuvent se présenter et, si les hommes sont semblables, ils et elles ont aussi des particularités individuelles.
Tout le monde n'a donc pas les mêmes besoins ni les mêmes moyens personnels et chaque moyen particulier apporte sa pierre à l'édifice.
Pour que chacun puisse accéder librement à ce qu'il souhaite réaliser , il faut donc qu'il puisse avoir accès aux moyens matériels pour le faire : rabot et scie pour celui qui veut travailler le bois, instrument de musique et documentation pour celui qui veut faire de la musique. Ces exemples sont pris pour faire simple et on pourrait dire aujourd'hui à plus grande échelle "scierie" ou "orchestre".
Il faut donc permettre un accès libre à l'usage des moyens de produire ce qui est de l'ordre de la matière ou de la création intellectuelle.
Cela peut se résumer simplement par : la liberté d'usage.
Que faire ensuite de ce qui est créé ?
Là encore on peut rester sur le même principe de la liberté d'usage.
Précisons : celui qui souhaite utiliser la cabane qu'il aura construite pourra le faire autant de temps qu'il le veut et, ceux qui auront bâti ensemble des immeubles pourront les habiter de façon rotative s'il souhaitent changer d'endroit.
Mais celui qui en aura assez de vivre dans sa cabane pourra aussi aller dans l'immeuble et la cabane vacante sera alors utilisée par un membre de l'immeuble.
Concernant la nourriture, le principe ne change pas : celui qui souhaitera utiliser exclusivement le produit de son potager sera libre de le faire et ceux qui préfèreront s'approvisionner aux endroits de production commune de nourriture pourront le faire aussi.
Je crois qu'il faut comprendre que si les moyens de production ne sont plus la propriété d'une frange réduite de la population, alors les forces productives vont considérablement se développer potentiellement. Non pas pour produire dans le but de vendre mais pour utiliser ce qui est nécessaire aux besoins.
Donc juste ce qu'il faut.
Pourquoi ces forces productives vont augmenter potentiellement dans une société non-marchande ?
Parce que ce qui sera produit le sera de bonne qualité puisqu'il s'agira désormais de l'utiliser longtemps et à temps plein, par rotation, et non pas de créer des objets de consommation destinés à être renouvelés rapidement pour pouvoir en vendre à nouveau. Ce principe utilisé par le système actuel est appelé "obsolescence programmée".
Les forces productives vont également potentiellement progresser parce que tous ceux qui le voudront pourront participer au projet commun ou à leur propre projet puisqu'ils en auront les moyens.
Aujourd'hui on peut estimer qu'à peine un tiers de l'humanité est en mesure et en droit de travailler et, le plus souvent dans des travaux aliénants de production d'objets de mauvaise qualité.
Un autre tiers n'a pas accès du tout au travail.
Le dernier tiers a pour tâche de contrôler les deux autres tiers pour que le système actuel puisse fonctionner. Il s'agit de tous les secteurs qui ne produisent rien d'utile comme l'armée, la police, la justice, les administrations de tous ordres.
Dans ce dernier tiers on peut inclure aussi toutes les activités destinées à faire tourner le système marchand et ne produisent non plus rien d'utile comme les secteurs financiers et du marketing.
Passer à un fonctionnement non-marchand, avec un mise à disposition de tous des moyens de production permettrait de libérer, au bas mot, deux tiers des ressources humaines et donc de générer un gain extraordinaire de ce qu'il est nécessaire pour que chacun puisse satisfaire ses besoins de tous ordres.
Sans parler de l'automation des tâches rébarbatives ni du gain de temps et de travail en gestion des déchets grâce à l'utilisation de matériaux, et d'énergie propre.
Quant aux besoins est-il vraiment nécessaire de les évaluer préalablement ?
Je ne le crois même pas puisque si nous sommes en mesure de fabriquer plus qu'il ne faut, il devient même superflu de savoir ce dont on a besoin si ce n'est pour réduire ce qui est inutile de produire.
Tout cela est une question d'organisation et les moyens techniques et de communication pourtant grandement bridés par le système actuel permettent déjà de la régler.
Voilà très brièvement ce que je pense sur les questions que tu poses.
J'espère que je me suis fait comprendre.