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Capital et confusion, Chapitre 1

MessagePosté: Lundi 29 Sep 2014 13:08
par GARAP
GARAP, communiqué N°33, septembre 2014

Le grand retour de l'alchimie foutraque à l'ère de la dévalorisation


Cette brave goule suceuse de sang qu'est la relation capitaliste se trouve bien loin de ses beaux jours où ayant fait de l'Europe de l'Ouest son Bastion elle s'avançait, aventurière qu'elle était, dans les arcanes d'un monde qui ne portait encore aucune marque de son existence au cou.
C'est que suçant et suçant encore femmes et hommes, entourant de ses bras d'acier industrieux le monde, fusionnant presque totalement avec lui à force d'accumulation de l'activité gratuite, de pillage de l'environnement et d’extorsion de plus-value, notre brave cadavre accuse tout les traits de l'étouffement.
A trop boire les fleuves des jus de l'humanité, notre chère valeur d'échange a fini, dans sa mutation spectaculaire finale, par revêtir la figure de la tique. Une tique bien trop pleine, bien trop grasse, bien trop juteuse, s'intoxiquant des flux perpétuels qu'elle ingurgite tout en étant incapable de remettre en cause leur éternité. Prisonnière d'elle-même dans la tension perpétuelle d'une grotesque question de vie ou de mort.

Dans l'époque qui s'ouvre à nous sous les auspices de ce dieu ridicule et brutal, croulant de son poids de parasite, bien des repères vacillent qui pourtant avaient guidé l'époque précédente. Le mouvement ouvrier a été dissous, plus par une série d'experts que par les faits, dans de soi-disant « nouveaux mouvements sociaux » ; la stupide distinction genrée et son oppression monogamique ne semblent plus capable de contenir l'incroyable potentialité du désir humain ; l’Europe et les États-unis apparaissent de moins en moins comme les leaders incontestables du capitalisme, mais se voient de plus en plus soumis à lui par l'intermédiaire de leur dette ; des pays autrefois émergeants se trouve à devoir financer leur maître américain pour ne pas scier la branche capitaliste sur laquelle ils ont mis des décennies à s’asseoir ; le « progrès » : direction et directeur de l'humanité euh...du monde capitaliste occidental depuis au moins deux siècles fusionne enfin avec son double réactionnaire. Et voilà les staliniens pratiquants d'hier devenant les religieux intégristes d'aujourd'hui, à l'image du clown négationniste Garaudy ou du tragi-comique Carlos que le tout commun a vite fait (et bien fait) d'oublier dans des poubelles qui ont plus à voir avec une fosse sceptique qu'avec l'histoire et sa grande hache gna gna gna gna.

Mais il n'est pas ici lieu d'hurler avec ces loups d'anciens maoïstes de nouveaux-philosophes sur la perte de repères du XXIème et sur la destruction que fut Mai 68. Mai 68 n'a pas été qu’une révolution, loin de là, c'est même, sur bien des points, l’événement qui témoigne de l'ouverture de secteurs entiers à la socialisation capitaliste.
Peut être fut-ce même sinon le point de départ du moins le point à partir duquel la nouvelle alchimie du capitalisme, sa nouvelle ère, pouvait commencer à être décelée. Les vieux éléments qui le composaient : à la plus-value absolue et l'impérialisme unilatéral qui la soutenaient, avait définitivement fait place la plus-value relative dans les centres de reproduction capitalistes ; l'angoissante claustrophobie de la cellule familiale commençait à montrer les signes d'une timide ouverture ; la course à l’énergie et à la pollution arrivait à sa fin théorique dans cette catastrophe permanente qu'est le nucléaire. Merci belle France qui ne fut jamais la dernière dans ces horreurs !

Bref, les anciens arômes qui composaient notre sauce capitaliste ont fini depuis quelque temps déjà de flotter dans les airs. L'alchimiste désincarné qui préside à la recette du désastre gouverné par la Valeur a radicalement modifié les ingrédients de sa douteuse mixture, laissant au passage totalement désemparée la critique révolutionnaire qui, de n'avoir pu le suivre, s'en est allée, dans le meilleur des cas, lécher les pieds de l'étatisme, de la bêtise religieuse ou du nationalisme ou des trois à la fois, pourquoi pas ?

C'est quelque chose comme une liste de course que nous cherchons à présenter ici.
Une liste de certains ingrédients qui ont aujourd'hui été mélangés pour nous être servis avec cette odeur de ridicule et de dangerosité qui sied merveilleusement au merdier total.
Sur quoi portera précisément une telle liste ?
Rassurez-vous ! Pas sur tous ceux qui tombent sous l’appellation de « merde » dans un monde capitaliste : liste quasi-infinie si il en est !! Nous ne nous intéresserons qu'à une sécrétion particulière de l'époque : le confusionnisme.
Cette confusion n'en est pas une dans l'absolu mais se pose comme telle à n'importe quelle personne sincèrement révolutionnaire, n'importe quelle personne qui se pose réellement la question de l'abolition de la société de l'accumulation du travail abstrait par la destruction de la société de classe. Ainsi, de confusion nous pouvons discerner plusieurs types :

- les plus stupides concentrés : comme dans certaines formes de conspirationnisme qui, tellement prisonnières de l'abstraction du fétiche-capital, tentent dans un espoir vain de recréer un sentiment de sécurité en fantasmant des groupes de plein contrôle ourdissant complot sur complot dans l'objectif de contrôler un monde qu'ils contrôlent de toute manière déjà. Les tenants de telles théories se complaisant par là dans une très confortable théorie de l'impuissance, qui doit, pour le coup, ravir les médias spectaculaires qui en sont les producteurs et qui lui donnent pignon sur rue.
Ces types de conspirations en eux-mêmes ne sont pas intéressants car ni leur argumentaire, ni leur force matérielle ne sont aujourd'hui pertinents ou étendus. C'est plutôt une composante idéologique qui transpire dans notre gentil monde, qui suinte comme du pue par la bouche des hérauts de la réaction, du retour au formes de dominations sociales qui ont fait les grandes heures de la relation sociale capitalistique : la famille autoritaire monogame, la nation comme fantasme de la fin de la division des classes sociales, le travail rédempteur, la femme essentialisée comme domestique d'un homme non moins essentialisé comme bête de somme.

- Les plus diffus : ceux qui innervent plus directement la vie politique elle-même, ceux que l'on imagine même ne pas interroger tellement ils ont réussi à embrasser la forme de l'évidence et de l'allant-de-soi. On compte parmi eux le nationalisme « de gauche » du capital, l'antifascisme, l'anti-impérialisme, la défense des religions minoritaires, la préoccupation pour le « populaire », et d'autres choses qui composaient jadis certains « acquis », certains terrains de prédilection et chasses gardées de la gauche et de l'extrême-gauche du capital. Autant de sujets aujourd'hui repris par l'extrême-droite du capital, attisant ce rapprochement entre les deux manières les plus radicales de gérer la relation sociale capitaliste.

C'est cette seconde forme de confusionnisme qu'on aimerait aborder ici : les convergences entre deux modes de gestion du capital : son extrême-gauche et son extrême-droite.
Nous laisserons de côté la critique des argumentaires, et nous ne chercherons pas à montrer comment l'anti-impérialisme ou la défense de la religion étaient de toute façon en soi des postures non révolutionnaires, mais plus à montrer les liens réels et matériels qui existent bel et bien entre ces deux ennemis spectaculairement opposés, et pourtant si prompts à se réconcilier sur l'oreiller des nécessités du capital.

Plus une liste de course qu'autre chose donc car il n'y a que peu de cohérence, peu de classifications possibles, juste des suites d'individus et de groupes qui réussissent tous, ou projettent de réussir, avec plus ou moins de succès à maintenir la relation sociale fondamentale qui régénère le capital : le travail abstrait.

La suite sur http://garap.org/communiques/communique33.php

Re: Capital et confusion, Chapitre 1

MessagePosté: Lundi 29 Sep 2014 18:42
par kuhing
Je ne sais pas si j'ai raison d'intervenir.
Bon je le fais.

J'ai lu ton article et je me pose quelques questions. ( même si je crois que ce genre de discussions ne servent à rien )
En fait, un copain , ancien de l'ORA qui est resté fidèle à l'organisation qu'il suit depuis des décennie puisqu'il est encore membre de l'OCL, est venu manger chez moi ce dimanche et a réembrayé une discussion politique qui a bien duré trois voire quatre heures.
Ça faisait bien longtemps que j'avais discuté " politique" puisque je pense maintenant que non seulement ça ne sert à rien mais plus encore ça ne peut finir qu'en luttes d'ego qui vont de l'égueulade et la rancune entre quelques individus qui se réunissent une fois par mois dans une petite ville de province jusqu'au parti de type bolchevique qui a été et est encore avec ses rejetons chinois et nord coréens responsable de millions de morts qui leur étaient opposés.

Je ne souhaite pas rentrer en conflit avec le GARAP que je ne connaissais pas.
De toutes façons, si l'échange tourne au vinaigre, je me retirerai du débat s'il s'engage.

Je me pose donc ces questions :

D'abord combien il a-t-il de membres au GARAP ?
Si comme me disait dimanche le copain dont je parle plus haut : " mais le nombre importe peu, le parti bolchevique ou le NSDAP ont commencé à quelques individus qui tenaient tous dans un taxi " j'obtiens une réponse de ce genre ou encore une indication comme quoi le nombre de gens au GARAP serait une information "secret défense" , j'aurai vite compris.

Ensuite , pourquoi écrire des textes aussi long et aussi pénibles à lire si on ne souhaite pas monter une élite révolutionnaire de plus.

Enfin j'ai lu les perspectives du GARAP et ses quelques références qui se rapporte à la gauche hollandaise : Mattick, pannekoek ( des gens assez intéressants du reste ) , un peu de situationnisme ( le langage le rappelle d'ailleurs )
Mais tout cela me semble assez dirigiste et, aïe comment dire sans vexer ? , je ne trouve pas alors je dis tout de même un peu fumeux pour que ce soit facilement accessible à ceux qui n'auraient de toutes façons pas besoin de conseils pour s'organiser de façon "autonome".

Quant au fait que Lacroix Riz et sa bande soient des archéo-staliniens, oui c'est vrai mais on le sait bien et il me semble que le rappeler au bout de 3 pages de texte condensés me paraît être un aboutissement inutile.

Bon voilà, j'espère ne pas avoir été trop blessant.
Au moins j'ai lu l'article présenté ( en tous cas j'ai essayé )
C'est déjà ça :)

PS : j'ai écrit ça d'une tablette et je ne me relirai pas donc désole s'il y a des fautes de frappe, d'orthographe, de syntaxe ...