Re: Individu, collectivité et anarchisme
Posté: Vendredi 21 Fév 2014 17:00
Faire tourner les délégués qui s'en chargeraient ?
C'est la théorie trotskiste et même léniniste mais ça ne fonctionne pas et je peux te prédire que ça ne fonctionnera jamais.
Un délégué qui est chargé de participer à l'élaboration d'une décision et de l'appliquer ne voudra jamais laisser sa place pour un autre et une hiérarchie qui se soutient se mettra en place : c'est un principe de base.
On est d'accord sur le fait qu'il existe un risque de bureaucratisation et je n'ai jamais dit le contraire. La question est toujours la même : comment faire en sorte d'éviter cela ? Cela dépendra tout d'abord de l'échelle d'organisation ; pour ma position, tu la connais et je l'ai énoncée plus haut. Je trouve étrange que tu aies de grandes certitudes quant à la capacité des hommes à " avoir du bon sens ", à " s'auto-réguler " quand tu défends ton système individualiste ; et qu'au contraire tu ne pointes que leur aptitude à la domination quand il s'agit d'un système collectiviste. Bien que l'élévation de la conscience en anarchie laissent penser que certains comportements se développeront et d'autres tendront à disparaitre, cela ne sera pas total ni instantané et il faudra bien faire avec. En attendant je te laisse à tes prédictions
Quant à la façon de décider d'une orientation politique ou de planification économique, comment faire en sorte que tout le monde soit d'accord ? en convoquant des assemblées d'immeubles, de rues, de quartier de ville de pays de planète chaque jours ?
ça n'a pas de sens et ce n'est pas applicable.
Bien entendu que cela n'a pas de sens et n'est pas applicable, et c'est pour cela que la question de l'échelle à laquelle on s'organise me taraude et me pose bien des problèmes. Pour la question " comment faire en sorte que tout le monde soit d'accord " il n'y a pas de solution miracle : pour moi, cette idée d'unité parfaite est un mythe. Il y aura toujours des divergences et la question est de savoir quelle marge on leur laisse.
Concernant la répression , et bien elle peut prendre différentes formes si l'économie est planifié et les travaux qualitativement et quantitativement rétribués : Comment empêcher ceux qui n'ont pas voulu travailler de prendre à manger ou des biens de consommation ( de les voler ) dans les centres de distributions si ce n'est par une police ?
Excellente question, beaucoup d'anarchistes sont gênés par cette question de la police. J'en vois déjà certains hurler mais c'est l'intérêt du débat. Qu'est-ce qui est le pire pour toi : qu'un individu n'ayant pas rempli sa part du contrat et qui veule quand même en avoir le bénéfice en soit empêché ? Ou que ceux qui ont participé à l'effort commun ait le droit de jouir du fruit de leur travail sans se le voir dérober par un tiers qui n'a rien glandé ? Ce problème se posera aussi sur la question de l'enfermement et de la contrainte en général : si un individu tue, viole, ou vole à tout va on fait quoi ? Au nom de sa liberté individuelle on le laisse faire, ou alors on le maitrise et on l'empêche de nuire ? Personnellement je ne me fais pas d'illusion : une communauté a besoin de mettre d'avoir des moyens physiques pour protéger ses intérêts et défendre les droits de ses membres. De là à former une police je ne sais pas, mais l'usage de la force, même temporaire, me semble inévitable. La question est toujours la même : comment faire pour empêcher la renaissance de l’État, comment éviter les dérives... ?
Enfin "les bons de travail qui ne serviront qu'à acheter que ce qu'il y a et rien de plus " ou "une fois que t'as ce qui faut pourquoi avoir plus " ça me parait illusoire et, qui va imprimer et distribuer les bons de travail , où seront-ils stockés ? il seront gardés par qui ?
Et par ailleurs , comme tu le dis, si le niveau de conscience dans une société sans classes sociales sera suffisant pour réguler le fait de ne pas abuser dans sa consommation et s'auto-discipliner, dans ce cas pourquoi imposer des quotas de consommation au moyen de bons de travail ?
Je n'ai pas trop compris cette histoire de quotas de consommation. Pour le reste la question est pertinente : il faudra bien empêcher un individu qui ne travaille pas de dérober des bons pour se servir. Est-ce qu'il faudra continuer à s'assurer que tout le monde est présent sur son lieu de travail ? Peut être ^^ Pour l'impression et la distribution, c'est une tâche comme une autre : pourquoi ne pas la confier à une " commission aux bons " sous contrôle collectif ? pourquoi assurer la surveillance de ces bons ne serait pas une tâche comme une autre ?
Je précise que cette idée de bon de travail n'est pas forcément la panacée, c'est une idée comme une autre ; bien que je la trouve intéressante elle a ses limites et tu les pointes de façon assez pertinente. Il est vrai que les individualistes n'ont pas ce problème : tout semble destiné à se régler tout seul ( par l'opération de l'Esprit Libertaire ?! )