Prostitution

Mille-feuilles à tendance séditieuse.

Re: Prostitution

Messagepar Lambros » Mercredi 11 Déc 2013 13:15

Ce que je dit n'engage que moi, pas la CNT-AIT... tout le monde à la CNT-AIT ne partage pas forcémment cette position, mais nous ne sommes pas marxistes, la liberté individuelle existe dans l'organisation !
L'émancipation des chrétien-ne-s sera l'œuvre de Dieu lui même.
Avatar de l’utilisateur
Lambros
 
Messages: 1717
Inscription: Mardi 30 Mar 2010 15:45
Localisation: "Ma patrie c'est le Monde"...

Re: Prostitution

Messagepar kuhing » Mercredi 11 Déc 2013 14:06

Lambros a écrit:Ce que je dit n'engage que moi, pas la CNT-AIT... tout le monde à la CNT-AIT ne partage pas forcémment cette position, mais nous ne sommes pas marxistes, la liberté individuelle existe dans l'organisation !


C'est bien de le rappeler pour ce qui te concerne.
Et chacun a bien sur le droit d'avoir une position qui lui est propre.
ça permet aussi le débat et, j'ose espérer que les idées évoluent en fonction des échanges; de tous cotés.

Cependant quand je lis certains qui annoncent en préalable : " je suis anarcho-syndicaliste ! " comme on marche avec un crucifix en avant, ce qui semble justifier tout ce qui est dit au nom de cet anarcho-syndicalisme, je ne suis pas sur que tu puisses affirmer : " Nous ne sommes pas..."

Mais se cacher derrière l'organisation, le groupe, est malheureusement le travers de tout rassemblement structuré.
C'est ma triste conclusion.

Et ne parlons pas des quelques individus, prétendument anarchistes, qui se comptent sur les doigts d'une main, membres de telle fédération ou organisation dite anarchiste ou libertaire, qui ont pris le contrôle des espaces de discussions virtuels et agissent comme les pires des staliniens voire comme des fascistes patentés.
Une révolution sinon rien
Fédérica Montseny : "En général, on croyait que la monnaie allait disparaître"
sur le coté, Fanny Kaplan à qui je rends hommage
Avatar de l’utilisateur
kuhing
 
Messages: 1428
Inscription: Lundi 05 Fév 2007 20:57

Re: Prostitution

Messagepar elquico » Mercredi 11 Déc 2013 17:18

un homme et une femme décident d'avoir une relation sexuelle,et l'une ou l'autre des personnes perçoit de l'argent,aprés accord préalable
elquico
 
Messages: 428
Inscription: Dimanche 28 Nov 2010 23:59

Re: Prostitution

Messagepar kuhing » Mercredi 11 Déc 2013 18:00

elquico a écrit:un homme et une femme décident d'avoir une relation sexuelle,et l'une ou l'autre des personnes perçoit de l'argent,aprés accord préalable


C'est effectivement le principe de l'économie de marché adapté à la marchandisation du corps et de la dignité humaine.

(et ça peut d'ailleurs aussi se passer entre un homme et un homme ou une femme et une femme.)
Une révolution sinon rien
Fédérica Montseny : "En général, on croyait que la monnaie allait disparaître"
sur le coté, Fanny Kaplan à qui je rends hommage
Avatar de l’utilisateur
kuhing
 
Messages: 1428
Inscription: Lundi 05 Fév 2007 20:57

Re: Prostitution

Messagepar Denge » Mercredi 11 Déc 2013 20:34

elquico a écrit:un homme et une femme décident d'avoir une relation sexuelle,et l'une ou l'autre des personnes perçoit de l'argent,aprés accord préalable


cela s'appelle donc de la prostitution, et c'est la liberté que défendent les liberaux (tant qu'à mettre une étiquette). un anarchiste ou un anarchosyndicaliste veut changer les rapports sociaux dans un sens social et non libéral. les conditions libérales de "liberté" sont des leurres. un travailleur/ouvrier/employé/prolétaire a juste le choix (sur un contrat pipé) de choisir son employeur/maitre. mais on est pas libre de définir les conditions de nos vies, car on est soumis aux structures du capitalisme (économie de marché ou planifié). ceux qui luttent contre ce système capitaliste le savent très bien.
Denge
 
Messages: 184
Inscription: Dimanche 17 Oct 2010 15:17

Re: Prostitution

Messagepar Denge » Jeudi 12 Déc 2013 8:51

Les anarchistes et la prostitution : perspectives historiques


Résumés

Aujourd’hui, les réseaux anarchistes en Amérique du Nord et en Europe sont traversés par des débats portant sur la prostitution. Une analyse des discours anarchistes au sujet de la prostitution de la fin du xixe siècle au milieu du xxe siècle permet de dégager, au-delà de la diversité, certaines perspectives convergentes et les tendances les plus prononcées. La majorité des anarchistes semble partager l’avis que c’est la misère provoquée par le capitalisme qui pousse les femmes pauvres à se prostituer. Pour plusieurs, la prostitution peut être comparée au mariage ou à un métier rémunéré, mais elle reste la forme d’exploitation la plus injuste et la plus violente. Quant aux solutions, les anarchistes du passé ont exécuté des proxénètes, encouragé les prostituées à se syndiquer, ou tenté de les aider à se sortir de la prostitution par la création d’ateliers autogérés ou de centres d’hébergement.

Francis Dupuis-Déri, « Les anarchistes et la prostitution : perspectives historiques », Genre, sexualité & société [En ligne], 9 | Printemps 2013, mis en ligne le 01 juin 2013, consulté le 11 décembre 2013. URL : http://gss.revues.org/2775 ; DOI : 10.4000/gss.2775

Denge
 
Messages: 184
Inscription: Dimanche 17 Oct 2010 15:17

Re: Prostitution

Messagepar Denge » Jeudi 12 Déc 2013 12:18

je reprend des extraits du texte de deri, et sur la question du rapport sexuel tarifé soit disant "libre", voilà quelques éléments :

. D’après ce tract (Anonyme, 2011a), penser que les femmes peuvent être « libres » de vendre leur sexe relève de l’idéologie néolibérale du marché capitaliste. La syndicalisation des prostituées est au mieux un choix réformiste qui laisse intacte la « domination masculine », puisque « [c]e sont des hommes qui constituent l’écrasante majorité des clients […]. Les femmes d’origine socio-économique pauvres sont surreprésentées dans l’industrie du sexe5 ». Si des hommes veulent aider des femmes financièrement, « qu’ils leur donnent simplement leur argent », sans profiter d’elles sexuellement ... Cette compréhension critique de la prostitution articulait quatre critiques : celles du capitalisme, de l’idéologie libérale qui pense le travail rémunéré comme une liberté, du mariage (hétérosexuel) et de la marchandisation de l’amour et de la sexualité ... le capitalisme est « un système qui place les hommes et les femmes dans des conditions telles que, pour ne pas mourir de faim, ils se voient obligés de prendre là où ils peuvent, ou de se prostituer » ... Ces publications identifiaient le travail sexuel monnayé comme le « plus grand des esclavages » ... Charles Albert, auteur de L’amour libre en 1898, expliquait que « la misère » est la cause de la prostitution, car « [s]i vivre de son travail est très difficile à l’homme, cela est à peu près impossible à la femme » (Albert, 1907, 126, 129). Rappelant que ce sont les métiers les plus mal payés et les plus précaires qui nourrissent le travail sexuel monnayé, ... c’est la misère qui pousse la femme au trottoir. […] On lui offre des salaires insuffisants. Elle doit, pour vivre, compter sur l’aide de ses parents, d’un mari ou d’un amant. Quand elle n’a ni les uns, ni l’autre, il ne lui reste de choix qu’entre la prostitution et la mort. ... 23Aujourd’hui encore, l’idéologie libérale encourage à penser que chacun est en capacité de choisir librement quel métier exercer. Or il est rare qu’un individu issu des classes supérieures choisisse d’être concierge, plongeur dans un petit restaurant ou prostitué, ... Il importe alors de distinguer entre liberté de choisir et possibilité de décider. Choisir évoque la liberté d’opter pour l’ensemble des choix (tous les métiers, par exemple). Décider évoque plutôt la marge de manœuvre limitée dont dispose une personne face à des choix limités. C’est ainsi qu’une femme pratiquant le travail sexuel monnayé au Québec propose de parler de « décision orientée » ... Des anarchistes ont rappelé que le travail du sexe monnayé était l’un des pires qui soit, puisqu’il s’agit d’une activité économique où des femmes mettent en danger leur sécurité psychologique et physique : risque de maladies sexuellement transmissibles, violences des policiers, des clients et des criminels qui tentent de contrôler le marché, ... Dans le cas du travail sexuel monnayé, l’amour et la sexualité ne sont pas « libres », mais déterminés par des motivations économiques et des besoins matériels ...
Denge
 
Messages: 184
Inscription: Dimanche 17 Oct 2010 15:17

Re: Prostitution

Messagepar l autre » Vendredi 13 Déc 2013 8:34

kuhing a écrit:
Lambros a écrit:Ce que je dit n'engage que moi, pas la CNT-AIT... tout le monde à la CNT-AIT ne partage pas forcémment cette position, mais nous ne sommes pas marxistes, la liberté individuelle existe dans l'organisation !


C'est bien de le rappeler pour ce qui te concerne.
Et chacun a bien sur le droit d'avoir une position qui lui est propre.
ça permet aussi le débat et, j'ose espérer que les idées évoluent en fonction des échanges; de tous cotés.

Cependant quand je lis certains qui annoncent en préalable : " je suis anarcho-syndicaliste ! " comme on marche avec un crucifix en avant, ce qui semble justifier tout ce qui est dit au nom de cet anarcho-syndicalisme, je ne suis pas sur que tu puisses affirmer : " Nous ne sommes pas..."

Mais se cacher derrière l'organisation, le groupe, est malheureusement le travers de tout rassemblement structuré.
C'est ma triste conclusion.

Et ne parlons pas des quelques individus, prétendument anarchistes, qui se comptent sur les doigts d'une main, membres de telle fédération ou organisation dite anarchiste ou libertaire, qui ont pris le contrôle des espaces de discussions virtuels et agissent comme les pires des staliniens voire comme des fascistes patentés.
l autre
 
Messages: 450
Inscription: Mercredi 11 Juil 2012 22:40

Re: Prostitution

Messagepar kuhing » Vendredi 13 Déc 2013 9:09

Les anarchistes et la prostitution : perspectives historiques.

La majorité des anarchistes semble partager l’avis que c’est la misère provoquée par le capitalisme qui pousse les femmes pauvres à se prostituer. Pour plusieurs, la prostitution peut être comparée au mariage ou à un métier rémunéré, mais elle reste la forme d’exploitation la plus injuste et la plus violente.


On pourrait se demander quelle est la minorité d'anarchistes qui ne serait pas d'accord avec ça.
Et pourtant, on en rencontre.

Quant aux solutions, les anarchistes du passé ont exécuté des proxénètes, encouragé les prostituées à se syndiquer, ou tenté de les aider à se sortir de la prostitution par la création d’ateliers autogérés ou de centres d’hébergement.


D'accord avec l'idée de centres pour essayer de sortir de la prostitution même si ça me semble difficile, voire illusoire.

Mais "encourager les prostitué-e-s à se syndiquer" c'est, à mon sens, légitimer la prostitution comme un travail ordinaire, ce qui va à l'encontre de ce qui est dit une phrase avant dans le texte présenté.
C'est une grosse divergence que j'ai comprise et qui me sépare de l'anarcho-syndicalisme ( si c'est une position courante chez les anarcho-syndicalistes )
Dernière édition par kuhing le Vendredi 13 Déc 2013 9:20, édité 1 fois.
Une révolution sinon rien
Fédérica Montseny : "En général, on croyait que la monnaie allait disparaître"
sur le coté, Fanny Kaplan à qui je rends hommage
Avatar de l’utilisateur
kuhing
 
Messages: 1428
Inscription: Lundi 05 Fév 2007 20:57

Re: Prostitution

Messagepar l autre » Vendredi 13 Déc 2013 9:18

je trouve K un peu dure puisque lam dit bien parler pour lui vu que dans son orga il y a débat. De plus les orga castratrices et autoritaires c est pas plus ou moins et des fois moins que les individus . j en ai vu bien de trop critiquer les organisations au nom de leur individualité et comme individu être le pire des petits dictateurs . Hélas leur individualisme n est pas celui de la qualité des anar-indivi mais du petit égotisme libéralo-maso du petit frustré médiocre du genre qui a tout rater mais veut jouer au super balèze. j en au vu plein qui grenouille partout en gueulant anarchie individu ni dieu ni maître. en générale vers 30 ans ils se calment et rentrent dans le droit chemin de l ordre qu ils prétendaient combattre. Le problème une fois de plus n est pas orga individu ce serait facile a régler mais bien la capacité du discours la complexité de la pensée l intelligence du rapport a l autre. Le problème n est pas le contrôle mais quelle contrôle. Je vois que sur ce forum il y a un contrôle pour autant la parole est très libre et pas du marketing d orga, pourtant c'est bien une orga qui le gère :la CNt-AIT de CAEN . Ce qui fait que je n utilise pas le qualificatif anarchiste pour me définir car cette belle pensée est bien mal servi.Mais je me sens assez proche de ce que disent les anrchosyndicalistes en générale. La question y a t il un principe au delà de l'individu qui fait commun par ex cas de la prostitution pour moi oui .
l autre
 
Messages: 450
Inscription: Mercredi 11 Juil 2012 22:40

Re: Prostitution

Messagepar kuhing » Vendredi 13 Déc 2013 9:35

l autre a écrit:je trouve K un peu dure puisque lam dit bien parler pour lui vu que dans son orga il y a débat.


J'ai édité mon message en ajoutant : " si c'est une position courante chez les anarcho-syndicalistes " avant que je lise ton post écrit en même temps.

Ceci dit, Lambros n'est pas le seul à la CNT-ait, à défendre le STRAS et "les droits" des prostitué-e-s.
D'autres, sur un autre forum, se placent aussi dans le cadre de la loi de pénalisation du client et se prononcent contre cette loi au nom de la défense de ce qu'ils appellent les "travailleurs du sexe".
Certains se prononcent clairement contre le principe de l'abolition de la prostitution ( peut-être comme on se prononcerait contre la fermeture d'une usine ? )
Et comme la CNT-ait ne compte pas des milliers de membres, j'ai pu en conclure que c'était une tendance notable dans cette organisation.

Plus généralement cela pose la question de l'articulation entre revendication immédiate et projet de société non-marchande, sans classes.
Je ne suis pas sur qu'elle soit possible comme l'avance la stratégie anarcho-syndicaliste que ce soit celle de la CNT-ait, CNT-f ou de ceux qui sont membres de SUD .
Cette question de la prostitution qui pousse le problème à l'extrême, le met en lumière ( en tous cas pour moi )
Une révolution sinon rien
Fédérica Montseny : "En général, on croyait que la monnaie allait disparaître"
sur le coté, Fanny Kaplan à qui je rends hommage
Avatar de l’utilisateur
kuhing
 
Messages: 1428
Inscription: Lundi 05 Fév 2007 20:57

Re: Prostitution

Messagepar elquico » Vendredi 13 Déc 2013 13:04

eTRE ou ne pas etre "soumis aux structures du capitalisme"

Cela peut passer par l'opposition à une taxe débile

Sans pour autant moraliser sur la profession qui bien que "putes" se positionne comme certaines associations qui soutiennent leur action dont cnt ait parceque justement se basant non sur une position morale mais anticapitaliste
elquico
 
Messages: 428
Inscription: Dimanche 28 Nov 2010 23:59

Re: Prostitution

Messagepar Denge » Vendredi 13 Déc 2013 13:20

kuhing a écrit:Mais "encourager les prostitué-e-s à se syndiquer" c'est, à mon sens, légitimer la prostitution comme un travail ordinaire, ce qui va à l'encontre de ce qui est dit une phrase avant dans le texte présenté.


les prostitués n'ont à priori pas besoin d'encouragement pour lutter, des associations de lutte existent. que ça s'appelle association ou syndicat, la question est le contenu. il est certain que si le but n'est pas l'abolition de cette societe capitaliste, mais juste une alternative à l'existant actuel, c'est moins intéressant...
la terminologie "anarcho syndicalisme", beaucoup s'y réfèrent, mais le contenu y est parfois très différent selon les personnes. l'erreur est de stigmatiser une terminologie, de faire une généralité.
sinon il faudrait stigmatiser anarchie, liberté, égalité, solidarité, individualisme, collectif, individu etc, car d'autres l'utilisent d'une façon différente que soi-même, si tu vois ce que je veux dire.
l'association doit se faire par maillage. on ne peut pas tous être d'accord sur tout. mais au moins sur l'essentiel.
ici, la question vient de cette loi répressive, contre les clients de prostitués, qui ne resoud rien.
les anarchistes sont abolitionnistes, après il y a diverses manières (comme vu dans l'historique sur cette question, ou dans ce topic) d'entrevoir la chose.
ce qui est certain, c'est qu'il est mensonger de dire que les prostitués sont libre de faire cette activité rémunéré. c'est comme dire que l'ouvrier est libre d'aller travailler. que le prisonnier est libre d'aller et venir dans la cours.
Denge
 
Messages: 184
Inscription: Dimanche 17 Oct 2010 15:17

Re: Prostitution

Messagepar kuhing » Vendredi 13 Déc 2013 14:05

Denge a écrit:
ici, la question vient de cette loi répressive, contre les clients de prostitués, qui ne resoud rien.


C'est, à mon avis, ce qu'il faut dire : "une loi ne résout rien" mais s'en tenir là.

Un point c'est tout.

Cela signifie ne pas prendre position pour ou contre cette amende sous peine d’entretenir l'illusion qu'il est possible, avec ou sans taxe, dans le cadre de ce système, de changer quoi que ce soit vers du positif ou, à défaut, de maintenir un mieux.
Par ailleurs, prendre position, pour ou contre cette loi, légitime la prostitution en tant que telle en plus de s'en remettre à l'Etat qui doit ou pas changer la législation.

Ensuite, concernant l'anarcho-syndicalisme, on peut y mettre effectivement ce qu'on veut dedans comme dans beaucoup de choses.
Ce que j'en ai compris tout de même c'est qu'il s'agit, à partir de la défense de leurs revendications immédiates, celles qui intéressent en premier lieu les gens , de les amener vers la nécessité d'un changement radical, de fond, de la société.
Et, si ça marche jusqu'à suffisamment d'individus convaincus et organisés de cette façon, utiliser les structures et sections syndicales comme outils de coordination horizontale ( "horizontale" en théorie et donc dans le meilleur des cas ).

J'ai de plus en plus de doutes sur cette stratégie parce que d'abord cela place les intervenants, extérieurs ou intérieurs aux luttes sociales, en position d'avant-garde et, ensuite, parce que combattre pour la revendication immédiate suppose qu'elle peut être obtenue dans le cadre du système ce qui va à l'opposé du projet d'une révolution sociale. ( et on sait que même si quelque chose est obtenu, il est repris d'une autre façon )
C'est donc en quelque sorte du réformisme .
Par ailleurs, il y a de fortes chances que les "anciens", déjà en place dans les structures syndicales, auront un aval sur les autres et ne souhaiteront pas le céder en cas de mouvement large.
Même un anarchiste ou un libertaire juché sur une marche d'escabeau ne veut pas en descendre.
On en a quelques exemples déjà ici et là.

Encore une fois, je ne crois qu'à une élévation spontanée et générale de niveau de conscience, due aux conditions de vie et à la relativité de l'évolution de la situation qui fera que, sans personne montrant la voie, les gens mettront en place eux-mêmes les échanges non-marchands et les structures qui vont avec.
Ce qui signifient un passage immédiat, sans transition ni organismes tampons issus de l'ancien régime, à la société sans classes.
Une révolution sinon rien
Fédérica Montseny : "En général, on croyait que la monnaie allait disparaître"
sur le coté, Fanny Kaplan à qui je rends hommage
Avatar de l’utilisateur
kuhing
 
Messages: 1428
Inscription: Lundi 05 Fév 2007 20:57

Re: Prostitution

Messagepar Denge » Vendredi 13 Déc 2013 22:07

texte de l'"Anarchoyndicalisme !" n°137 http://www.cntaittoulouse.lautre.net/spip.php?article639

PROBLEME PARTICULIER & SITUATION GENERALE

J’ai lu le texte «  Prostitution, mariage, travail  » dans «  Anarchosyndicalisme !  » n°132. Cet article pose quelques questions de fond suivant la logique « un problème particulier n’est souvent que l’expression d’une situation générale ».

La prostitution sexuelle est le fait de vendre son corps contre de l’argent ou autres gratifications. Le corps et le sexuel sont alors des marchandises dont l’échange se fait selon la règle de l’offre et de la demande ; selon le principe libéral du marché et de la contractualisation entre individus libres et consentants. Le capitalisme applique constamment cette logique  : notre corps, est une force de travail qui se vend comme une marchandise en fonction d’un contrat (salariat). Celui qui vend son travail reçoit un salaire et le capitaliste tire de lui une plus-value. Cela explique, que certains disent que le salariat est une des formes de la prostitution. Face à cette exploitation il y eu et il y a plusieurs positions. Certains salariés trouvent normal ce rapport et se rangent sous la bannière de leur employeur. Ils sont contre l’action syndicale, sont anti-grévistes et se contentent – et parfois soutiennent - des positions patronales. De l’autre côté, certains salariés contestent cette condition. Certains entendent la négocier au mieux, d’autres – pas assez nombreux à mon gré - entendent l’abolir. Telle est l’histoire du salariat.

En parallèle, il y a lieu de faire un distinguo entre ceux qui légitiment ce fait de prostitution et ceux qui, bien que contraints à cela, se battent contre. Dans ce cas, le rejet de l’exploitation et de l’oppression n’est pas le refus du constat d’une réalité éminemment complexe mais la volonté de la transformer en tenant compte justement de ses différents aspects, dont la logique du capitalisme qui est celle de l’expansion de la marchandise. Ceci implique la conquête des marchés supranationaux (mondialisation) mais aussi la création de nouveaux marchés. Cet ainsi que l’espace domestique s’est trouvé progressivement envahi par le capitalisme : travail à domicile, bien d’équipements ménagers plus ou moins utiles (et même parfois futiles), consommation marchande [1]… Depuis quelques temps nos organes, cellules, ADN et tout ce qui touche la reproduction humaine sont aussi des marchandises [2]. C’est que, pour le capitalisme les détenteurs de capitaux doivent pouvoir, tout acheter et tout vendre pour faire de l’argent.

La conséquence de l’extension de la marchandisation, ce sont des conditions de vie lamentables qui forment l’ordinaire d’une fraction variable de la population. Certains, sans renoncer à changer le fond, essaient d’améliorer cet ordinaire. D’autre veulent sauvegarder le fond en se contentant d’apporter quelques retouches à l’ordinaire (au moins pour la façade). Ce sont ces derniers qui promeuvent la loi pénalisant les clients de la prostitution, en évitant soigneusement d’attaquer la prostitution générale (c’est-à-dire le capitalisme). Ces gens « de gauche » nous refont le vieux truc du retournement de la responsabilité selon lequel ce ne sont pas les trusts, les patrons, les industriels, les capitalistes, les idéologues du système qui sont les responsables. Non ce seraient : le chômeur (fainéant, profiteur, assisté et mal qualifié), l’acheteur (qui veut de la nourriture pas chère et qui réclame des colorants et des agents de saveur), le malade (trop anxieux, qui se gave de pilules), le salarié (trop coûteux et revendicatif) ; le vieux (qui dure trop d’années sur le dos des futures générations), etc. C’est la bonne méthode révisionniste qui consiste à travestir la victime en bourreau.

Alors retournons l’argument. Les prostituées de luxe ou celles qui défendent le droit de faire fortune avec du sexe ; les clients qui considèrent que la sexualité c’est l’autre dont on peut se servir comme d’un paillasson, les cadres et autres bien argentés qui, trop stressés à la sortie du travail comme au Japon ; vont se défouler et récupérer un peu d’endorphines… Je n’ai pour cette engeance que nausée. J’ai plus de compassion et de compréhension pour ceux que la misère, la maltraitance, ou tout simplement la nécessité de gagner leur vie conduisent à se prostituer. Beaucoup n’en font pas l’apologie. Il suffit de les écouter ou de les observer pour comprendre le malaise, la souffrance, qui envahit souvent leurs existences.

La prostitution doit être aussi analysée dans ses rapports de classe. Se pose ici la question de la revendication d’un statut spécifique de travailleur et travailleuses du sexe. Est-ce une solution ? En tout cas, il faut la replacer et la réfléchir dans le cadre de l’extension de la marchandisation soulignée plus haut. Y aura-t-il demain des travailleurs de la reproduction qui vendront ce qui ne sera même plus un enfant mais un produit ; des travailleurs du bien-être qui tarifieront un sourire, une gentillesse ; des travailleurs de la réparation corporelle qui marchanderont leurs organes ; des travailleurs du festif qui céderont contre espèces sonnantes et trébuchantes des miettes de bonheur préfabriqué ; peut-être même des travailleurs de la contestation qui monnayeront leurs manifestations  ? Remarquons que nous n’en sommes parfois pas très loin… Et que deviendra la sexualité considérée comme un secteur de l’économie, régie par les mêmes règles commerciales que l’épicerie ? Il y aura le travailleur indépendant, l’artisan, la PME, la multinationale... Les prostitués (hommes ou femmes) seront éventuellement rebaptisés acteurs de terrain ou agents de service. Peut-être même des formations qualifiantes seront-elles créées et des diplômes exigés, sans compter l’arrivée des syndicats de toute obédience et le lobbying patronal, avec toutes les contradictions d’usage. Les petites entreprises demanderont des mesures de protections face aux multinationales. La gauche demandera soit de taxer les bénéfices pour permettre l’accès de tous au service hygiène sexuelle soit la nationalisation des entreprises privées pour établir un vrai service public de la sexualité. L’extrême droite vitupérera contre l’usage massif d’étrangers et exigera la préférence nationale pour « nos » prostituées. L’extrême-gauche se battra pour la libre circulation des travailleurs du sexe. Les libéraux prouveront que la concurrence faite par la sexualité libre et gratuite constituera une atteinte grave au commerce de la sexualité et exigeront la prohibition de la gratuité ou du moins sa taxation. Les technocrates et politiciens, dans la foulée, créeront des dispositifs pour empêcher la sexualité libre. Pour des raisons de santé, d’hygiène, de contrôle, ou dans l’intérêt de la nation il faudra se rendre dans les centres habilités selon le « décret du … ». Les salariés lutteront contre les cadences infernales qui leur seront imposées. Les usagers critiqueront la sexualité à deux vitesses (une pour les riches, l’autre pour les pauvres).

Je ne sais pas si ce scénario se réalisera, mais, en attendant, je refuse le capitalisme et l’extension de la marchandise. Je refuse que la sexualité devienne exclusivement une marchandise et le sexe une force de travail. Je refuse que tout sourire ; rapport sexuel ; amitié, gentillesse, que la vie privé et intime deviennent systématiquement des choses à argent. Pour autant il est évident que la pénalisation du client non seulement ne résoudra rien mais qu’elle conduira à des pratiques encore plus clandestines avec toutes leurs conséquences négatives pour les prostitués (hygiène, sécurité, renforcement du proxénétisme, etc.) et qu’elle se traduira par une augmentation du contrôle policier sur la vie de chacun. De plus les rapports marchants étant inhérents au capitalisme, toute tentative en son sein d’endiguer ou supprimer la marchandise est une illusion. Pour supprimer les inhumanités, il faut détruire le capitalisme et non l’accommoder. Ceci nous amène à constater que, dans la mouvance anticapitaliste, on trouve des positions pour le moins paradoxales. Au nom de la lutte anti-patriarcale, du féminisme, de la pureté anticapitalistes ou autres convictions, certains, y compris des libertaires [3], sont abolitionnistes et soutiennent sans réserve la pénalisation du client. D’où des positions surprenantes, non dénuées d’arrières pensées tacticiennes ou électoralistes. Ceux qui, bien que contre la prostitution, s’opposent à la pénalisation ou même simplement agréent quelques revendications minimales de certaines et certains prostitués, se trouvent qualifiés par les abolitionnistes d’agents du capitalisme, de sexistes, etc. Les mêmes (ou du moins certains d’entre eux) ne sont plus aussi puristes quand, dans les syndicats de collaboration de classe dans lesquels ils militent, ils défendent (sans succès d’ailleurs) des revendications salariales minimales ; ce qui, bien qu’ils le prétendent, ne consiste pas à abolir l’exploitation mais à négocier le taux de cette exploitation. De plus, ces mêmes militants qui se prétendent anti-étatistes et qui souvent vouent aux gémonies l’État comme mal absolu lui demandent maintenant, ni plus ni moins que de faire une loi répressive de plus pour rétablir la morale. En légitimant ainsi l’État, ils acceptent sa fonction idéologique, son contrôle et son emprise de la sphère privée ; mais surtout, ils demandent en quelque sorte au vice de se faire vertu (puisque le dit État est le garant de cette société basée sur l exploitation et la domination). Tant qu’ils y sont ils pourraient demandés aux dictateurs d’être démocrates ; aux patrons d être nanti-capitalistes. Remarquons d’ailleurs que ces mêmes donneurs de leçons manifestent en Bretagne avec les dits patrons. Dur dur pour ces d’abolitionniste de la prostitution sexuelle de pousser la logique de la lutte de classe, jusqu’à dénoncer la prostitution générale. Je suis donc convaincu que la prostitution sous toutes ses formes ne peut trouver de solution dans ce système.

Jean Picard Caen le 18-11-2013

NB : Cette question de la prostitution a été débattue dans notre union locale de Caen. Cela fut fertile et permit d approfondir la réflexion. Si le calendrier le permet nous essaierons de faire un texte à partir de ce débat.

[1] Voir l’article « Sociologie pour le combat » Anarchosyndicalisme !, n°127

[2] Cahiers de l’Anarchosyndicalisme !, n° 7, disponible sur le site Avant-centre

[3] Le groupe « Alternative Libertaire » est un des premiers promoteurs du projet de pénalisation.
Denge
 
Messages: 184
Inscription: Dimanche 17 Oct 2010 15:17

Re: Prostitution

Messagepar Denge » Vendredi 13 Déc 2013 22:40

Au nom de la lutte anti-patriarcale, du féminisme, de la pureté anticapitalistes ou autres convictions, certains, y compris des libertaires [3], sont abolitionnistes et soutiennent sans réserve la pénalisation du client.


[3] Le groupe « Alternative Libertaire » est un des premiers promoteurs du projet de pénalisation.


je ne suis pas sur que le terme abolitionniste soit adapté pour ce genre de groupe. le terme "prohibitionniste" me semble meilleur pour les qualifier.
Denge
 
Messages: 184
Inscription: Dimanche 17 Oct 2010 15:17

Re: Prostitution

Messagepar elquico » Vendredi 13 Déc 2013 23:32

lEGITIMER la prostitution çà veut dire quoi? SOUS prétexte que tu es pour ou contre une taxe débile,tu légitimerais la prostitution?ET SI EN PLUS tu t'affiches anarcho syndicaliste minoritaire tu es à côté de la plaque?la politique qui consiste à vouloir amener les gens vers tel ou tel but,c'est contre cette prostitution là que je lutte
elquico
 
Messages: 428
Inscription: Dimanche 28 Nov 2010 23:59

Re: Prostitution

Messagepar l autre » Vendredi 13 Déc 2013 23:47

ben vous en pensez quoi du texte de J Picard
l autre
 
Messages: 450
Inscription: Mercredi 11 Juil 2012 22:40

Re: Prostitution

Messagepar kuhing » Samedi 14 Déc 2013 9:35

l autre a écrit:ben vous en pensez quoi du texte de J Picard


Au risque de vexer Picard qui j'espère ne m'en voudra pas de m'exprimer clairement, je trouve son texte long, fouillis et ambigu.

Long parce que je trouve inutile de passer autant de temps à expliquer que la société marchande engendre la prostitution comme la marchandisation de tout ce qui existe alors que ça peut être exprimé en deux phrases.
Long parce qu'il ne me semble pas nécessaire de développer autant la critique de ceux qui se prononcent pour la pénalisation du client alors qu'il suffit d'écrire en quelques mots qu'il faudrait simplement se placer en dehors du cadre législatif imposé par l' Etat qui ne peut effectivement rien régler.

Fouillis parce que Picard ne se place justement pas clairement en dehors de ce cadre législatif et suggère que cette loi n'est pas bonne et qu'il faudrait peut-être s'y opposer.
En tous cas, ce n'est pas clair pour moi et, c'est ce que je crois comprendre.

Ambigu parce qu'en critiquant les abolitionnistes, cela peut entretenir l'illusion que la prostitution ne doit pas , au bout du compte, disparaître.

Ambigu encore parce que la conclusion de PIcard :" Je suis donc convaincu que la prostitution sous toutes ses formes ne peut trouver de solution dans ce système" laisse possiblement penser que dans un autre système, elle peut avoir sa place .
Cela revient à la question que Denge posait plus haut : "faudra -t-il socialiser la prostitution dans une société communiste libertaire ? "
Alors qu'il me parait évident que cette question ne devrait pas se poser et que dans une société sans classes, donc sans argent, la prostitution disparaîtra d'elle-même.
Une révolution sinon rien
Fédérica Montseny : "En général, on croyait que la monnaie allait disparaître"
sur le coté, Fanny Kaplan à qui je rends hommage
Avatar de l’utilisateur
kuhing
 
Messages: 1428
Inscription: Lundi 05 Fév 2007 20:57

Re: Prostitution

Messagepar Denge » Samedi 14 Déc 2013 13:01

kuhing a écrit:Ambigu encore parce que la conclusion de PIcard :" Je suis donc convaincu que la prostitution sous toutes ses formes ne peut trouver de solution dans ce système" laisse possiblement penser que dans un autre système, elle peut avoir sa place .
Cela revient à la question que Denge posait plus haut : "faudra -t-il socialiser la prostitution dans une société communiste libertaire ? "


il me semble que ce passage renvoit contre les prises de positions prohibitionniste (type AL) ou aux positions reglementaristes (strass ?). que la solution ne peut etre dans le capitalisme. que l'abolition existera suite à la destruction du capitalisme et des nouveaux rapports sociaux. il ne me semble donc pas avoir vu l'idée possible qu'aprés le capitalisme la prostitution existe.
quand je lis au sujet du salariat ceci, ça précise les positions :
Face à cette exploitation il y eu et il y a plusieurs positions. Certains salariés trouvent normal ce rapport et se rangent sous la bannière de leur employeur. Ils sont contre l’action syndicale, sont anti-grévistes et se contentent – et parfois soutiennent - des positions patronales. De l’autre côté, certains salariés contestent cette condition. Certains entendent la négocier au mieux, d’autres – pas assez nombreux à mon gré - entendent l’abolir.

il n'est pas question de trouver normal ces rapports, mais que l'abolition de ces rapports (dont la prostitution) est une necessité.
Denge
 
Messages: 184
Inscription: Dimanche 17 Oct 2010 15:17

PrécédenteSuivante

Retourner vers Discussions diverses

cron