anarced a écrit:Y.C. a écrit:Quant à la citation, observes la date,on est en pleine émergence de l'antisémitisme racial et "économique", "l'Eglise" ne fait là qu'adapter sa vulgate à l'air du temps et adopte en partie le nouveau langage antisémite. Il n'y a pas coupure entre différents antisémitismes, les différentes rhétoriques se mêlent. C'est d'ailleurs en partie chez des penseurs croyants que l'antisémitisme "économique" et "racial" sont nés. Soit. Mais rien de tout ça ne valide l'idée qu'on peut définir le nazisme comme une branche du christianisme.
Il n'est pas du tout dans l'habitude de l'Église de s'adapter à la vulgate du temps. Au contraire, il suffit de regarder les positions actuelles de cette institution dogmatique rigide sur le divorce ou la contraception, il suffit de regarder son attitude vis à vis du progrès scientifique (Galilée, Darwin, etc.) Tu dis qu'à la date de la citation, c'est à dire fin XIXème siècle, on est en pleine émergence de l'antisémitisme racial et « économique » mais quelle autorité le fait donc émerger sinon l'Église ? Je n'ai pas l'habitude de rédiger des thèses d'histoire mais je suis convaincu que tous les arguments existent pour affirmer qu'il n'y a aucune distinction entre l'antisémitisme raciste et l'antisémitisme chrétien jusqu'à 1945, date à partir de laquelle l'Église s'ingéniera à se disculper de sa responsabilité dans le génocide et à modérer (doucement) son opinion sur les juifs. Le livre de Daniel Jonah Goldhagen (professeur à Harvard) va dans ce sens. Peut-être que de là à affirmer que le nazisme est une branche du christianisme, il y a un pas qu'un historien rigoureux ne saurait franchir, je veux bien l'admettre.
Selon toi, c'est une obsession qui m'anime mais en te lisant, j'ai l'impression que tu cherches désespérément un autre parent, une autre source idéologique à l'antisémitisme des nazis. Qui ? Quelle puissance de l'envergure de l'Église pourrait partager cette responsabilité ? Je n'en vois aucune. On est dans une société très chrétienne, même si beaucoup hypocritement le nie, où le père Noël passe chaque année, où les fêtes chrétiennes sont célébrées et où les valeurs chrétiennes sont communément admises comme étant de bonnes valeurs faites d'amour et de générosité et je pense que c'est cet a priori idéologique profondément ancré qui empêche de voir l'Église sous son vrai jour lorsque celui-ci est finalement à l'exact opposé de ce que l'on croyait, de ce que l'on a pu nous faire croire. L'histoire de l'Holocauste en est une illustration parfaite mais malheureusement loin d'être unique, il faudrait parler aussi du génocide espagnol, du génocide rwandais, de l'ethnocide des amérindiens, etc. L'holocauste est un cas d'école qui peut servir, si on l'étudie rigoureusement, à ouvrir les yeux des gens sur la véritable nature du dogme chrétien et c'est cela qui m'anime.
Et pour revenir au sujet, il me semble que face à ce qui ressemble à une résurgence de l'antisémitisme, il est nécessaire d'avoir une vision claire de ce qu'est véritablement le dogme chrétien.
Je m'arrêterai à l'essentiel : "Peut-être que de là à affirmer que le nazisme est une branche du christianisme, il y a un pas qu'un historien rigoureux ne saurait franchir, je veux bien l'admettre."
Pour le reste, quand je lis que je chercherai "désespérément à trouver un autre parent, une autre source idéologique au nazisme", cela s'appelle un procès d'intention. Du coup j'aurai presque envie d'adopter un langage moins cordial, d'un coup, je ne sais pas pourquoi. Je trouve ça hallucinant, tu me fais le coup de "c'est celui qui dit qui est" alors que mon seul soucis dans cette histoire c'est de critiquer la vision réductrice, simpliste et totalement partiale du "nazisme comme branche du christianisme". Ainsi dans ton esprit, si l'on souhaite mettre en avant l'aspect pluriel de l'antisémitisme contemporain, si l'on a le soucis d'avoir une vision objective du "nazisme" prenant en compte les multiples sources de cette idéologie, si l'on critique une affirmation que l'on juge partielle, c'est qu'on a quelque chose derrière la tête. Du genre, je veux défendre l'Eglise (c'est ce que tu affirmes en substance lorsque tu écris que que je chercherai "désespérément à trouver un autre parent, une autre source idéologique au nazisme). Je trouve cela assez indigne, et pour tout dire typique d'une pensée dogmatique. Je ne parle même pas de l'allusion à nouveau sur ma supposée condescendance ("Je n'ai pas l'habitude de rédiger des thèses d'histoire mais (...)" ) que d'ailleurs tu utilises pour finalement défendre une idée bien plus justifiée que celle que tu défendais jusque là : la non distinction entre antisémitisme religieux et racial,idée défendue en substance effectivement par Daniel Goldhagen.
Tu avoueras toutefois que dire cela n'est pas la même chose qu'affirmer que le nazisme est une branche du christianisme. Pas besoin de se parer de titre universitaire pour récuser une idée comme ça. Un minimum de bon sens, d'autocritique et d'objectivité suffissent.
Lorsque j'écris que tu as l'air obsédé par cet énoncé-là, je m'appuies sur ta propension depuis le début de la discussion à défendre cette idée-là sans discontinuer te concentrant sur les arguments que tu peux utiliser pour défendre cette thèse mais en faisant totalement abstraction des autres sources du nazisme et de l'antisémitisme nazi .
Quant à avoir une idée claire de ce qu'est le dogme chrétien afin de bien appréhender le phénomène de l'antisémitisme contemporain, bien sur que cela est nécessaire, mais ne trouves-tu pas cela un peu court et au final assez déconnectée des réalités qui nous entourent.
La chrétienté est-elle, aujourd'hui, le principal vecteur d'antisémitisme ?
Une fois de plus, puisqu'il faut que ça soit dit, je ne défend absolument pas l'Eglise. Critiquer une idée ne signifie pas défendre l'idée inverse. Mais visiblement tu as du mal à admettre cette donné puisque tu en conclus que je cherche désespérément à trouver d'autres sources au nazisme que le christianisme.
Sans parler du couplet sur l'aveuglement concernant le vrai visage de l'Eglise, qui montre bien que pour toi quelqu'un qui ne dit pas "amen" au dogme que tu énonces est forcément un défenseur de l'Eglise masqué.... Je ne suis pas de ceux qui cherche à disculper le rôle néfaste de l'Eglise dans le génocide nazi.
Je pense juste que pour lutter vraiment contre les curetons, il est complètement contre-productif de les mettre dans le même sac que les nazis.
Pour tout te dire, ta façon d'argumenter me fait penser à la technique dite "hypercritique" utilisée par des personnes que je ne nommerai pas ici, de peur que tu penses que je t'amalgames à eux.
Bref, je suis assez déçu de cette façon dogmatique et pour tout dire "binaire" de traiter toute critique ("Ceux qui ne pensent pas comme moi sont contre moi"), d'autant que tu admets (du bout des lèvres) que finalement l'idée que le nazisme est une branche du christianisme est peut-être exagérée...
Pour finir, j'ai proposé de continuer cette discussion sur un autre thread afin de revenir au sujet initial sur celui ci, comme le souligne subtilement Wiecha. Ma proposition semble t'être passé par dessus la tête, pour en plus me parler comme si j'étais un défenseur de l'Eglise alors que je ne réclamais qu'un peu de nuance et d'objectivité.
Avec des opposants de ton acabit, et L'Eglise, et les antisémites, ont de beau jour devant eux.
La discussion est donc, de mon côté, close.