Critiques et/ou polémiques des médias

Mille-feuilles à tendance séditieuse.

Critiques et/ou polémiques des médias

Messagepar Léa » Mercredi 11 Mai 2005 16:50

Faisons abstraction du fait que ce texte sort du site d'ACRIMED pour ne pas rentrer dans une nouvelle polémique (pour le moment, bien que cela serat sûrement abordé, un jour avec la participation d'autres personnes plus impliqué-e-s :wink:). Pour répondre, donc, d'une façon plus "large" à Anartoka au sujet du NON censuré dans les médias, ça suffit !.

« Dis-moi qui te paie, je te dirai qui tu es » (1999)
LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT ET AUX PARLEMENTAIRES

Publié le jeudi 2 septembre 1999

A PROPOS DE LA TÉLÉVISION PUBLIQUE DE SON FINANCEMENT

« Dis-moi qui te paie, je te dirai qui tu es »

Le gouvernement présente devant le parlement la 19è réforme de la télévision et de l’audiovisuel depuis l’éclatement de l’ORTF en 1974.

Les soussignés, auteurs, cinéastes, producteurs, journalistes, universitaires, syndicalistes, citoyens constatent que, une fois de plus, le nouveau projet, n’ est pas à la mesure des enjeux : parce qu’il se refuse à trancher clairement sur le financement, il ne parviendra ni à stopper la dégradation des programmes, ni à relancer le service public de télévision.

Si l’on excepte ARTE (chaîne atypique, exigeante, mais pauvre en moyens) la télévision publique restera condamnée à une course éperdue avec les chaînes commerciales pour tenter d’engranger des recettes publicitaires.

I1 faut choisir : une télévision publique financée pour moitié par des recettes commerciales et pour le reste par l’argent de la redevance (ou du budget) est condamnée à maintenir l’ambiguïté des contenus et à perdre sur tous les tableaux : sans parvenir à enrayer la montée en puissance financière des chaînes privées, elle continuera à renoncer à ses vocations spécifiques (informer, éduquer, distraire) pour s’aligner sur les recettes des télévisions commerciales (tunnels de publicité, variétés interchangeables, séries stéréotypées etc.).

C’est pourquoi nous proposons :

- la suppression totale de la publicité sur France Télévision et donc l’abandon des recettes commerciales qui retourneront sur le marché de la publicité ;

- la création en contre-partie, d’une Contribution Culture et Communication (prélevée sur l’ ensemble du marché de la publicité, modulée suivant les secteurs et spécifiquement destinée au financement de la télévision publique).

Ainsi, ni le budget de l’Etat ni le contribuable ne seraient davantage sollicités qu’ils ne le sont. Indépendant des contraintes économiques et politiques à court terme, un tel mode de financement, assuré annuellement par la taxe, serait enfin durable.

Nous savons qu’une telle proposition heurte de front de puissants intérêts commerciaux : le courage commande de les affronter. Car cette proposition est parfaitement réalisable, et nous ferons connaître par tous les moyens à notre disposition les arguments qui le démontrent.

La télévision publique est à reconstruire, beaucoup reste à inventer. Elle peut être un formidable moyen de divertissement, d’ouverture sur les autres, de découverte et de solidarité. Qu’on lui en donne enfin les moyens !
Pour vous associer à cet appel
ou s’adresser à Keltélé, 10 rue Merlet 93100 Montreuil

Signataires :
Marie-Edith ALOUF, journaliste - Viviane AQUILI, productrice - Olivier AZAM (Télé Bocal) - Bernard BAISSAT, réalisateur - Zoë BARBOEF, exploitante de salle - Claire BAUDÉAN, éditrice - Daniel BENSAÏD, philosophe - Bernard BESSERGLIK, scénariste - Danièle BLEITRACH, sociologue - Olivier BLONDEAU, sociologue, Paul BOCCARA, éconnomiste - Claudine BORIES, réalisatrice - Pierre BOURDIEU, sociologue - Charles BRABANT, réalisateur (ancien président de la SCAM) - Rony BRAUMAN, médecin - Dominique CABRERA, réalisatrice - Jean-Michel CARRÉ, producteur - Patricia CARTIER-MILLION, réalisatrice - Ange CASTA, réalisateur - Patrick CHAMPAGNE, sociologue, (Acrimed - Action-Critique-Médias) - Pascal CLING, réalisateur - Sonia COMBE, historienne - Jean-Louis COMOLLI, réalisateur - Laurence CONAN, lectrice de scénarios - Annick COUPÉ, syndicaliste (Sud-PTT) - Thomas COUTROT, économiste - Luc DECASTER, réalisateur - Geert DEDAPPER, professeur de français - Danielle DESTRIUX, réalisatrice - Bruno DRWESKI, historien - Jean-Marie DURAND, réalisateur - Jean-François FONTANA, syndicaliste (Sud Education) - Vincent FROELY, réalisateur - Max GALLO, écrivain - Vincent GLENN, réalisateur - Frédéruc GOLDBRONN, réalisateur - Eric GUÉRET, réalisateur - Daniel GUERRIER, journaliste (SNJ-CGT) - François GUILLOMONT, réalisateur - Pierre HIVERNAT, journaliste - Liem HOANG NGOC, économiste - Michel HUSSON, économiste - Robert KRAMER, réalisateur - Armelle LABORIE, productrice - Catherine LEGNA, enseignante - Valérie LANG, comédienne - Bernard LANGLOIS, journaliste - Katia LARAISON, directrice de production -Philippe LARUE, réalisateur - Jean LASSAVE, réalisateur - Philippe LEBALLEUR, comptable - Frédéric LEBARON, sociologue (Raisons d’agir) - Eric LEBEL, producteur - Gérard LEBLOND VALIERGUE, militant associatif - Bernard LEFORT, journaliste - Catherine LÉVY, sociologue - Nathalie MAGNAN, réalisatrice - Pierre MAILLOT, universitaire - Henri MALER, universitaire (Acrimed) - Eric MARQUIS, journaliste (SNJ) - Jean MARTIN, avocat - Claire MELLINI, journaliste-réalisatrice - Stéphane MERCURIO, réalisateur - Jean-Paul MONFERRAN, journaliste - Bernard MONSIGNY, réalisateur - Alain MONTESSE, réalisateur - Didier MOTCHANE, conseiller à la Cour des comptes - Stanislas NORDEY, metteur en scène - Mariana OTERO, réalisatrice - Aline PAILLER, journaliste et députée européenne - Anita PEREZ, monteuse - Gilles PERRAULT, écrivain - Laurence PETIT-JOUVET, réalisatrice - Inger SERVOLIN, productrice - Denis SIEFFERT, journaliste - Patrice SPADONI, réalisateur - Nicolas STERN, réalisateur - Yves SINTOMER, universitaire - Eyal SIVAN, réalisateur - Marcel TRILLAT, journaliste - Jean-Louis UGHETTO, ingénieur du son - Franck VEYRON, bibliothécaire (Acrimed) - Michel VAKALOULIS, sociologue - Joelle VAN EFFENTERRE, réalisatrice - Jean-Marie VINCENT, universitaire - Louis WEBER, syndicaliste (FSU).

Liste réactualisée le 20-09-1999.

Cette lettre - évidemment ? - n’a été publiée que dans quelques journaux : Politis, L’Humanité, Rouge. Le journaliste de Libération que nous avons contacté nous a assuré que la lettre avait été...archivée. Nicole Vulser du Monde nous a expliqué que Le Monde ne pouvait pas publier "tous" les textes que la rubrique recevait.
http://www.acrimed.org/article275.html
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Léa
 
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Messagepar Léa » Jeudi 12 Mai 2005 13:20

Médias en crise

A l’échelle mondiale, la diffusion payante de journaux chute, en moyenne, chaque année de 2 %. Certains en viennent à se demander si la presse écrite ne serait pas une activité du passé, un média de l’ère industrielle en voie d’extinction. Les causes externes de cette crise sont connues. D’une part, l’offensive ravageuse des quotidiens gratuits. En France, en termes d’audience, 20 Minutes est déjà en tête et touche plus de 2 millions de lecteurs par jour en moyenne, loin devant Le Parisien (1,7 million) et un autre gratuit, Metro, lu chaque jour par 1,6 million de personnes. Ils drainent vers eux d’importants flux publicitaires, les annonceurs ne distinguant pas le lecteur qui achète son journal de celui qui ne le paie pas.

Pour résister à cette concurrence, certains titres proposent pour un petit supplément de prix, des DVD, des bandes dessinées, des CD, des livres, des atlas, des encyclopédies, etc. Ce qui renforce la confusion entre information et marchandisation, avec le danger que les lecteurs ne sachent plus ce qu’ils achètent. Les journaux brouillent leur identité, dévalorisent le titre et enclenchent un engrenage diabolique dont on ignore l’issue.

L’autre cause externe est, bien sûr, Internet, qui poursuit sa fabuleuse expansion. Au cours du seul premier trimestre 2004, plus de 4,7 millions de nouveaux sites web ont été créés. Il en existe actuellement dans le monde quelque 70 millions, et la Toile compte plus de 700 millions d’usagers.

Dans les pays développés, beaucoup délaissent la lecture de la presse ­ et même la télévision ­ pour l’écran de l’ordinateur. L’ADSL (Asymetric Digital Subscriber Line), en particulier, change la donne. Pour des prix variant entre 10 et 30 euros par mois, on peut désormais s’abonner à l’Internet rapide. Déjà, en France, plus de 5,5 millions de foyers ont accès en très haut débit à la presse en ligne (79 % des journaux du monde possèdent des éditions en ligne), à toutes sortes de textes, à du courrier, des photos, des musiques, des émissions de télévision ou de radio, des films, des jeux vidéo, etc.

Il y a aussi le phénomène des « blogs », si caractéristiques de la culture du web, qui ont explosé partout au cours du second semestre 2004, et qui, sur le ton du journal intime, mélangent parfois, sans complexe, information et opinion, faits vérifiés et rumeurs, analyses documentées et impressions fantaisistes. Leur succès est tel qu’on en trouve désormais dans la plupart des journaux en ligne. Cet engouement montre que beaucoup de lecteurs préfèrent la subjectivité et la partialité assumées des bloggers à la fausse objectivité et à l’impartialité hypocrite d’une certaine presse. Et la connexion à la galaxie Internet à travers le téléphone-portable-qui-fait-tout risque d’accélérer le mouvement. L’information devient encore plus mobile et plus nomade. On peut savoir, à tout moment, ce qui se passe dans le monde.

Résultat : tous les secteurs d’information, en dehors d’Internet, perdent de l’audience, tant la concurrence entre médias est devenue sévère.

Mais cette crise a aussi des causes internes qui tiennent, principalement, à la perte de crédibilité de la presse écrite. En premier lieu parce que celle-ci appartient de plus en plus à des groupes industriels qui contrôlent le pouvoir économique et sont souvent en connivence avec le pouvoir politique. Et aussi parce que le parti pris, le manque d’objectivité, les mensonges, les manipulations et même tout simplement les bidonnages ne cessent d’augmenter. On sait qu’il n’y a jamais eu d’âge d’or de l’information, mais ces dérives atteignent maintenant des quotidiens de qualité. Aux Etats-Unis, l’affaire Jayson Blair, ce journaliste vedette falsificateur de faits, plagiaire d’articles copiés sur Internet et inventeur de dizaines d’histoires, a causé un tort colossal au New York Times, qui avait souvent publié en « une » ses affabulations. Ce journal, considéré comme une référence par les professionnels, a vécu à cette occasion un véritable séisme.

A ces désastres, il faut encore ajouter la reprise par les grands médias transformés en organes de propagande, en particulier la chaîne Fox News, des mensonges de la Maison Blanche à propos de l’Irak. Les journaux n’ont ni vérifié ni mis en doute les affirmations de l’administration Bush. S’ils l’avaient fait, un documentaire comme Fahrenheit 9/11, de Michael Moore, n’aurait pas eu un tel succès, l’information qu’apporte le film étant disponible depuis longtemps. Mais occultée par les médias.

Un officier de la CIA, M. Robert Baer, a révélé comment fonctionnait ce système d’intox : « Le Congrès national irakien prenait ses informations auprès de faux déserteurs et les refilait au Pentagone, puis le CNI passait ces mêmes informations à des journalistes en leur disant : "Si vous ne nous croyez pas, appelez donc le Pentagone." Vous aviez ainsi une information circulant en boucle. Comme ça, le New York Times pouvait dire qu’il avait deux sources sur les armes de destruction massive en Irak. Le Washington Post aussi. Les journalistes ne cherchaient pas à en savoir plus. Et d’ailleurs, souvent, les rédacteurs en chef leur demandaient de soutenir le gouvernement. Par patriotisme (1). »

En France, les désastres médiatiques ne sont pas moindres, comme l’a montré le traitement des affaires Patrice Alègre, du bagagiste de Roissy, des « pédophiles » d’Outreau et de Marie L., qui prétendait avoir subi une agression à caractère antisémite dans le RER D. Le phénomène est identique dans d’autres pays. En Espagne, par exemple, après les attentats du 11 mars 2004, les médias contrôlés par le gouvernement de M. José María Aznar se sont livrés à une manipulation, tentant d’imposer une « vérité officielle » pour servir des ambitions électorales, occultant la responsabilité du réseau Al-Qaida et attribuant le crime à l’organisation basque ETA.

Toutes ces affaires, ainsi que l’alliance de plus en plus étroite avec les pouvoirs économique et politique, ont causé un tort dévastateur à la crédibilité des médias. Elles révèlent un inquiétant déficit démocratique. Le journalisme de bienveillance domine, alors que recule le journalisme critique. On peut même se demander si, à l’heure de la globalisation et des mégagroupes médiatiques, la notion de presse libre n’est pas en train de se perdre.

En ce sens, les déclarations de M. Serge Dassault confirment toutes les craintes. Ses récentes explications sur les raisons qui l’ont conduit à racheter L’Express et Le Figaro ­ un journal, a-t-il déclaré, « permet de faire passer un certain nombre d’idées saines » ­ ont renforcé l’inquiétude des journalistes (2).

Si l’on rapproche ces propos de ceux tenus par M. Patrick Le Lay, patron de TF1, sur la véritable fonction de sa chaîne, géant des médias français ­ « Le métier de TF1, avait-il déclaré, c’est d’aider Coca-Cola à vendre son produit. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (3) » ­, on voit à quels dangers peut conduire le mélange des genres, tant paraissent contradictoires l’obsession commerciale et l’éthique de l’information.

De plus en plus de citoyens prennent conscience de ces nouveaux dangers. Ils expriment une extrême sensibilité à l’égard des manipulations médiatiques et semblent convaincus que, dans nos sociétés surmédiatisées, nous vivons paradoxalement en état d’insécurité informationnelle. L’information prolifère, mais avec une garantie de fiabilité nulle. On assiste au triomphe du journalisme de spéculation et de spectacle, au détriment du journalisme d’information. La mise en scène (l’emballage) l’emporte sur la vérification des faits.

Au lieu de constituer le dernier rempart contre cette dérive due aussi à la rapidité et à l’immédiateté, de nombreux médias ont failli à leur mission et contribué parfois, au nom d’une conception paresseuse ou policière du journalisme d’investigation, à discréditer ce qu’on appelait jadis le « quatrième pouvoir ».

Ignacio Ramonet
http://www.monde-diplomatique.fr/mav/80/RAMONET/12031


En plus c'est d'actualité comme sujet, le Diplo nous sort dans sa collection bi-mensuel Manière de voir n°80 d'avril-mai 2005, le thème suivant :
Combats pour les médias
Image

La critique des médias n’a pas bonne presse. Les observatoires, les diverses associations critiques, les médias associatifs, la presse artisanale, bénévole et militante, qui, chacun à leur façon, essaient de proposer une autre information, sont, dans le meilleur des cas, ignorés par les « professionnels de la profession ». Et, dans le pire, dénoncés comme antidémocratiques, voire poursuivis en justice pour tenter de les faire taire.

On concédera qu’il n’est guère agréable, en général, de travailler sous quelque regard critique que ce soit. N’est-ce pas pourtant une situation de plus en plus banale dans le monde du travail, avec ses évaluations périodiques et ses « contrôles qualité » ? S’agissant des médias, la réticence touche au paradoxe. La presse se perçoit comme un « quatrième pouvoir », au- dessus des autres de surcroît, et elle se pense comme un des acteurs essentiels du régime démocratique. Le journaliste surveille, enquête, dénonce, désigne les « problèmes de société » – les « violences urbaines », l’« insécurité », etc. – que les politiques se doivent de traiter toutes affaires cessantes ; il supplée même aux carences institutionnelles, poussant ici la justice à intervenir, là les hommes politiques à démissionner, et condamne parfois avant même que les procès ne soient achevés. Exerçant son droit de critique – qu’on lui accorde sans réserve –, la presse est cependant peu empressée à se critiquer elle-même, et encore moins à supporter que d’autres le fassent.

La puissance sociale des médias est devenue telle – ce n’est pas rien d’informer des millions de téléspectateurs de la mise en examen d’une personne nommément désignée dans une affaire de pédophilie – que le système tend à sécréter une sorte d’antidote ou de contrepoison. Si les institutions importantes, qu’elles soient politiques ou économiques, cherchent moins à rendre les médias plus rigoureux et vertueux qu’à les contrôler directement – notamment en les achetant – ou indirectement en développant des stratégies de communication plus ou moins sophistiquées, les mouvements citoyens, eux, opèrent une critique plus radicale qui interroge le contenu même de l’information. Et qui invite à une véritable réflexion sur la position que les médias occupent dans la société, notamment sur leur rôle d’acteurs à part entière du monde social.

Le nouveau numéro de Manière de voir (1)constitue une sorte de bilan, mais comme en négatif, de la situation des médias aujourd’hui. Sont analysés les travers mercantiles de l’information, les dépendances politiques toujours présentes, notamment aux Etats-Unis, le primat du « people » sur la lutte des peuples, l’absorption des intellectuels par les médias, les effets sur l’information des concentrations économiques et du nombre croissant de journalistes précaires, le rôle des médias sur les mouvements sociaux, qui doivent de plus en plus se plier aux exigences audiovisuelles (faire du spectaculaire, avoir des porte-parole « qui passent bien à la télé », des dirigeants qui acceptent de raconter leur vie plutôt que leurs motifs de revendication, etc.).

Mais sont également évoquées ces formes multiples de résistance, publications diverses de journalistes et de chercheurs qui témoignent ou analysent les évolutions actuelles, ou encore nombreux journaux locaux qui pratiquent une véritable contre-information, dénonçant les connivences et les silences d’une presse locale qui fait plus dans la routine et l’officiel que dans l’enquête et la saine dénonciation. Ce qui frappe, dans le recensement des divers mouvements qui exercent aujourd’hui leur vigilance critique sur les médias, c’est l’omniprésence d’Internet : tous ont leur site. La toile permet d’échapper aux deux obstacles majeurs qui, jusqu’à présent, limitaient la diffusion de la critique des médias : le coût de fabrication et le monopole de diffusion de la presse (qui décide souverainement de ce qu’elle publie dans ses colonnes). Désormais, avec du bénévolat et de la compétence, il est possible de créer des sites ouverts à tous et, de surcroît, connectés entre eux. Quoi qu’en pensent nombre de journalistes, c’est plutôt une bonne nouvelle pour les médias.

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Un discrédit croissant
L’information et l’analyse ont-elles pour de bon cédé le pas au racolage commercial et à la morale ? On connaissait la propagande de guerre, c’est désormais le matraquage en boucle d’« émotions » mises en scène ­ et vite oubliées. Condamnés par le tribunal des médias, des innocents se voient ensuite sanctifiés par leurs anciens accusateurs. Et puis tout recommence. La formation des journalistes mais aussi le mutisme complice des intellectuels jouent leur rôle dans ce naufrage.

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Des concentrations conservatrices
Au début des années 1980, le discours était rodé : pour que la propagande officielle recule, pour que la liberté de la presse et des ondes s’instaure, il fallait casser les monopoles publics. Et laisser jouer la concurrence, le marché libre des idées. Vingt ans de déréglementations plus tard, dans tous les pays occidentaux, une poignée de multinationales contrôlent l’information et la culture ; les mouvements sociaux sont traités avec mépris ; les journalistes se retrouvent condamnés à la précarité. Mission accomplie ?

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Offensive Internet
« Nouvelle économie », « communication en réseau » : jusqu’en 2001, un raz de marée spéculatif a enflé à partir de notions de ce genre qui prétendaient tout réinventer – et tout vendre autrement. Un krach boursier a douché les enthousiasmes. Mais le désir de se constituer ses propres sources d’information et de documentation, jugées plus fiables que les médias traditionnels, continue de trouver en Internet un outil apprécié. L’ordre social et l’ordre mondial n’en ont pas encore été trop affectés.

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Résistances
Longtemps la puissance économique des grands médias, leurs relais politiques et intellectuels, leur capacité de diffamer ceux qui les critiquent ont poussé des dissidents potentiels à la compromission. Ou au silence. Et puis, la conscience a grandi que nous avions connu des périodes où la presse était vivante, que le pouvoir médiatique ne devait pas demeurer sans recours. Les journaux indépendants se sont multipliés. Et des millions de personnes se mobilisent contre la concentration de l’information.

La conclusion de ce n°80 étant rédigé par Serge HALIMI...
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