19 juillet 1936

Mille-feuilles à tendance séditieuse.

19 juillet 1936

Messagepar Paul Anton » Mercredi 10 Nov 2004 15:35

Le 19 Juillet 1936


Le 19 Juillet 1936, ce soulèvement grandiose et héroïque du prolétariat Espagnol, imprégné de l’emprunte de la bannière rouge et noire, répond au coup d’état militaire mijoté par les factieux: FRANCO, QUIEPO DE LIANO, MOLA, GODED.

La conspiration sournoise va atteindre un résultat imprévu par ces instigateurs. Elle se métamorphose en une révolution sociale sous l’impulsion indéniable des organisations motrices de ce prolétariat indomptable: la puissante Confédération National du Travail née du regroupement de plusieurs syndicats autonomes (1911). Cette centrale se nourrit des références anarcho-syndicalistes. Elle se rattache à l’Association Internationale des Travailleurs reconstituée à Berlin (Décembre 1922-Janvier 1923). La CNT se complète avec la redoutable Fédération Anarchiste Ibérique. Elle est mise sur pied lors d’une phase d’affaiblissement causée par la répression patronale et étatique. L’année 1927 signifie donc un « redéploiement tactique » du mouvement anarchiste espagnol au niveau de son « dispositif structurel ». Elles appliquent en un laps de temps record les conceptions du IV congrès de la CNT tenue à Saragosse (Mai 1936) qui débouche sur l’élaboration d’un programme « communiste libertaire ». Je souligne qu’il reste recevable (donc pertinent) aujourd’hui. Toutefois, l’apogée ou le point d’orgue de cette page d’histoire incommensurable est l’enterrement du charismatique « Buenaventura Durruti » (une des figures de proue du groupe nosostros) qui rassemble environ 1 million de personnes à Barcelone. Ce personnage rocambolesque rencontre effectivement sur son chemin la mort ; elle le prit dans des circonstances énigmatiques : « le 20 Novembre 1936 » pendant la célèbre bataille acharnée, voir sanglante de Madrid contre les vermines putréfiantes au service de la « réaction ».

Ces événements embrassent le mouvement chaotique des idéologies du siècle dernier. Ils Préfigurent le carnage de la seconde guerre mondiale. En effet, la théorisation froide, sombre et lucide, résultant du concept de « l'espace vital » par les dirigeants maléfiques du national-socialisme (originaire d’une mauvaise herbe : la contre-révolution de Weimar) aboutit à une « rationalisation hyper-industrielle » des camps de concentration. Elle ramène donc l’être-humain vers des comportements barbares.
Dernière édition par Paul Anton le Mardi 12 Juil 2005 22:11, édité 4 fois.
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar lucien » Mercredi 10 Nov 2004 18:18

Espagne 36 :

-> 34 millions d'habitants,
-> 2 millions de cénétistes,
-> 1 permanent CNT !!

(unique dans l'histoire du syndicalisme !!)
Avatar de l’utilisateur
lucien
 
Messages: 3012
Inscription: Dimanche 31 Oct 2004 15:32
Localisation: Caen

Messagepar serj » Dimanche 14 Nov 2004 16:17

et 4 ministres sous le gouvernement réformiste de Largo Caballero !
serj
 

Messagepar lucien » Dimanche 14 Nov 2004 18:05

serj a écrit:et 4 ministres sous le gouvernement réformiste de Largo Caballero !


On trouva effectivement des anarchistes dans ce gouvernement, que je nommerai plutôt de front populaire.

En effet, sans tenter de justifier cette décision d'intégrer un gouvernement, il faut bien se rappeler dans quelle situation l'Espagne se trouvait : la guerre civile faisait rage (républicains contre fascistes) et il fallait se défendre contre un ennemi bien réel. Bizarrement, quand, plus récemment, la majorité de la classe politique se donne la main pour appeler à voter Chirac contre le "fascisme", cela ne provoque guère de réaction (la CNT-AIT a toujours appelé à l'abstention) ; en 36, les anarchistes qui avaient accepté d'intégrer ce gouvernement ont rapidement compris qu'une énorme erreur venait d'être commise, sont sortis du piège tendu par les adversaires de la révolution sociale et sont retournés à la lutte de terrain.

Bref, j'ai du mal à bien saisir l'intérêt de ta remarque, Serj : tu ne pardonnes sans doute pas cette erreur et je suppose que tu ne parleras pas non plus ici de la suite, à savoir la répression contre les anarchistes et les collectivités autogérées, répression orchestrée par les socialistes et le parti communiste espagnol.
Avatar de l’utilisateur
lucien
 
Messages: 3012
Inscription: Dimanche 31 Oct 2004 15:32
Localisation: Caen

Messagepar lucien » Dimanche 14 Nov 2004 18:09

serj a écrit:et 4 ministres sous le gouvernement réformiste de Largo Caballero !


Un article rappelant la situation de l'époque :

19 JUILLET 36, REVOLUTION SOCIALE ET VICTOIRE SUR LE FASCISME
Avatar de l’utilisateur
lucien
 
Messages: 3012
Inscription: Dimanche 31 Oct 2004 15:32
Localisation: Caen

Messagepar Eayll » Lundi 15 Nov 2004 11:49

Il a pas tort tout de même. Le coup des ministres anarchistes, je pense qu'on peut difficlement l'éluder quand même... non ?
Je sais que c'est un peu polémique et qu'il faut un peu relativiser d'éventuelles critiques à posteriori et à froid. Mais bon... Faut dire qu'il y a la question de ces ministres d'une part et d'autre part, du manque de clarté de l'articulation entre eux, la FAI et la CNT.
On pense ce qu'on veut de la participation parlementaire dans ce contexte, pour ma part je souhaite pas trop rentrer dans ce débat, mais qui repésentaient-ils ? Comment ?

Le problème c'est que ce gouvernement de front "populaire" a orchestré dans un premier temps le muselage du mouvement, puis a plus que complaisamment laissé le sale boulot de la répression des communistes de gauche puis des anarchosyndicalistes aux petites frappes communistes. Le parti quasi inexistant avant 36 a démesurément grossi ses rangs en recrutant justement :
1 - sur la nécéssité de l'unité, intégrant classes moyennes, petite et moyenne bourgoisie républicaine.
2 - toujours dans la même logique, un anti révolutionarisme hystérique vite qui deviendra assez vite criminel. Ceci sous l'oeil bienveillant de Staline et du PCUS.

Ces remarques ne retirent évidemment rien de l'héroïsme, au volontarisme courageux, au génie constructif du proletariat et de la paysannerie espagnols qui ont participé à la révolution sociale la plus profonde de tous les temps.

Mais pose des question au mouvement. De ses élites (intellectuelles par ex) et de leur relation au mouvement.
Le problème c'est que le rejet dans l'absolu de toutes forme de parlementarisme , le déni même, n'a pas peu contribué au flou artistique entourant cet épisode.

Je ne juge pas. :?
Avatar de l’utilisateur
Eayll
 
Messages: 91
Inscription: Mardi 09 Nov 2004 15:33
Localisation: Mortagne au Perche (Orne)

Messagepar Paul Anton » Lundi 15 Nov 2004 14:08

la participation de 4 personnes de la CNT pose le problème suivant:
1) le facisme et le stalinisme triomphent sur le reste de l'europe. Ces mouvements ont écrasé le prolétariat.
2) le gouvernement du "front populaire" français ne souhaite pas de cette révolution sociale, dont les anarchistes, les anarchosyndicalistes et quelques marxistes, à travers leurs différentes organisations (CNT, FAI et POUM) impulsent cette transformation pronfonde. L'établissement du communisme-libertaire éffraye la bourgeoisie de france, et aussi les aristocrates anglais.
3)Plus tard, l'un des penseurs du courant situationniste affirmera que la théorie anarchiste a échoué, et que cette dernière doit subir un examen entier. Car, le pocessus révolutionnaire n'a pas aboli directement la structure étatique. Voilà le fond du prolème en lui-même....et le manque d'armes pour battre les facistes.
Bref, cette page d'histoire est complexe.
Que le débat continue. :?:
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar Paul Anton » Lundi 15 Nov 2004 14:09

A lire Camillo berneri.
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar Eayll » Lundi 15 Nov 2004 14:25

pierre chauvin a écrit:A lire Camillo berneri.


Berneri, j'ai lu quelqu'uns de ses textes oui.

Oui, c'est compliqué mais on peut pas non plus montrer les choses de façon trop mythique. C'est tout ce que je voulais dire par là.


Reste les interrogations.

NB : Note que je ne suis pas situ et que je ne partage pas les vues d'un Debord (ou autre situ) sur un réel ou supposé échec de l'anarchisme, ni d'ailleur ses analyses de ce qu'est l'anarchisme.
Avatar de l’utilisateur
Eayll
 
Messages: 91
Inscription: Mardi 09 Nov 2004 15:33
Localisation: Mortagne au Perche (Orne)

Messagepar Paul Anton » Lundi 15 Nov 2004 14:39

la réflexion qui s'enferme dans le mythe me paraît dangeureuse. Beaucoup d'anarchistes refusent d'appercevoir les échecs de l'histoire de leur mouvement.

Bref, en ce qui concerne Debord et d'autres (daniel guérin, gaston leval), je pense qu'ils ont voulu explorer de "nouvelles frontières".


Par contre, il faut que j'aille à Caen pour des papiers à la mairie. je ne peux pas rester.


A plus dans le forum. je ne sais pas, peut-être dans la soirée?
Pierre
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar Eayll » Lundi 15 Nov 2004 14:59

pierre chauvin a écrit:A plus dans le forum. je ne sais pas, peut-être dans la soirée?
Pierre


Pourrais pas ce soir malheureusment. Mais oui à plus tard.
Avatar de l’utilisateur
Eayll
 
Messages: 91
Inscription: Mardi 09 Nov 2004 15:33
Localisation: Mortagne au Perche (Orne)

Messagepar lucien » Mardi 28 Juin 2005 22:03

Avatar de l’utilisateur
lucien
 
Messages: 3012
Inscription: Dimanche 31 Oct 2004 15:32
Localisation: Caen

Messagepar Paul Anton » Vendredi 08 Juil 2005 19:56

A l’approche de l’anniversaire de la révolution…


Salud Proletarios

Salud proletarios: Llegó el gran día;
dejemos los antros de la explotación,
no ser más esclavos de la burguesía,
dejemos suspensa la producción.
Iguales derechos e iguales deberes
tenga por norma la sociedad,
y sobre la tierra los humanos seres
vivan felices en fraternidad.

Trabajador, no más sufrir
el opresor ha de sucumbir.
A derrocar al capital,
al grito de Revolución Social.
Acracia al fin triunfará.
Bello jardín la tierra será.
Todo lo vil a eliminar.
Pueblo viril, ¡Luchar, Luchar!

No más supremacía de dioses y leyes,
no más de tiranos la vil opresión.
Y vallas, fronteras, gobiernos y leyes
derrúmbense al paso de la rebelión.
Formemos un mundo de paz y armonía
donde libres imperen las Artes y Amor.
Viviendo la libre Anarquía
Natura brinda en su rica labor.

Trabajador, no más sufrir
el opresor ha de sucumbir.
A derrocar al capital,
al grito de Revolución Social.
Acracia al fin triunfará.
Bello jardín la tierra será.
Todo lo vil a eliminar.
Pueblo viril, ¡Luchar, Luchar!
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar anti-k » Mardi 12 Juil 2005 2:56

On ne peut à mon avis éluder d'un simple revers de la main ni la question de la participation au front unique bourgeois et étatique d'une partie de la CNT - à ne pas confondre avec la cnt dans son ensemble, ni la critique situationniste de l'anarchisme.

1.sur la première question de nombreux textes critiques existent : "Hommage à la catalogne" d'Orwell, "protestation devant les libertaires du présent et du futur sur les capitulations de 1937" par un incontrôlé de la colonne de fer, etc. La question étant comment une partie de la cnt (après avoir armé le soulèvement populaire et l'autonomie populaire -collectivités, etc.) a finit par privilégier la stratégie d'alliance de classe au sommet? certe le péril fasciste...mais la menace extérieure est toujours venue justifier de nombreux renoncement révolutionnaires (elle est au coeur des reculs bolcheviks)

2. sur la critique situ de l'anarchisme on peut se reporter à "La société du spectacle" de Debord. Là, Debord avance deux arguments principaux.

D'une part la tendance de l'anarchisme à se figer en idéologie, c'est-à-dire à tendre à évincer une dynamique conrète et pratique au profit d'un idéal sclérosé - en clair une sorte de fétichisme de la doctrine et une sclérose de l'analyse. sur ce point on peut objecter à debord le puissant humus créateur qu'a pu être depuis son origine l'anarchisme En ceci il a souvent été moins docile à l'enfermement idéologique et plus soucieux des expériences collectives et individuelles que la doxa marxiste lorsqu'elle s'est faite scientifique.

D'autres part, une critique acide des avants gardes informelles opérant dans les milieux anarchistes et la question espagnole est à ce titre pour debord un exemple précis ( notamment par la place prise par la FAI - mais peut-on faire fi des conditions socio-historique de construction de la fai?)

Pour ma part si je pense que la critique situ est ici par bien des aspects pertinente, elle aurait pu dans le même mouvement lui être retournée. car cette critique de l'avant garde dans la posture la plus avant-gardiste qui soit et la critique de l'idéologie dans le fétichisme renouvellé du situationnisme est plus qu'un praradoxe, c'est bel et bien un échec.
de plus il ne faut pas oublier :
1. le contexte déprimant de l'anarchisme principalemnt idéologique et philosophique de l'époque en France ( et notamment celui de la FA de Joyeux)
2. Que les situs se sont toujours réclamés en partie héritier à la fois de l'hégeliano-marxisme et de bakounine
3. que la révolution espagnole était pour eux une expérience authentiquement révolutionnaire

Pour conclure, il vaut mieux effectivement éviter de fétichiser l'expérience de 36, surtout si elle se transforme en doxa idéologique, ce qui ne signifie pas pour autant la renier tant les expériences d'autonomie populaire y furent riches et nombreuses et souvent initiées par les anarchistes ou les conseillistes.
Une réflexion attribuée - à tord ou à raison à Trotsky et qu'il aurait mieux fait de s'appliquer à lui-même - dit qu'en période révolutionnaire l'organistation devient contre-révolutionnaire. Je ne pense pas que la chose soit si mécanique et si simple mais c'est une tendance réelle qui voit pousser des formes de bureaucratisation plus ou moins formalisées; et c'est en tout cas quelques chose qu'il ne faut pas éluder et qui mérite toute notre attention. 36 est un sujet qui mérite d'être questionné. la force vitale de l'anarchisme - et parfois sa faiblesse aussi - n'est elle pas ce questionnement et ce regard critique permanent?
anti-k
 

Messagepar Paul Anton » Mardi 12 Juil 2005 14:27

fort fascinant

Cependant Anti-k, j’ai cinq questions à te poser :

Fallait-il établir la dictature anarcho-syndicaliste (ce qui revient de facto à défendre la dictature du prolétariat dans l'énoncé théorique)?

Mets-tu sur le même plan la FAI et le PSDOR ?

La critique émise sur la FAI vaut-elle pour la FAU d’Uruguay (et son bras armé l’OPR33) ?

Les reproches que tu portes à une partie de la cnt et non à l’ensemble de la CNT-AIT d’Espagne, ne peuvent-ils pas s’adresser également aux anarchistes hongrois, qui rejoignirent le PC pendant la commune de 1919 ?

D’après toi, quels sont les tenants du possibilisme actuel en France et dans le monde ?
Dernière édition par Paul Anton le Mardi 12 Juil 2005 22:19, édité 2 fois.
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar Paul Anton » Mardi 12 Juil 2005 21:55

TÉMOIGNAGE D’UNE MILITANTE LIBERTAIRE DE LA RÉVOLUTION ESPAGNOLE

ENTRETIEN AVEC FÉDÉRICA MONTSÉNY

http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=970
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar anti-k » Mercredi 13 Juil 2005 10:10

compagnon,

si tu penses que les questions qui ont surgit en espagne n'ont pas surgit en d'autres époques et d'autres lieux...

pour ce qui est de la FAI, je ne renie pas ses conditions de naissance et son histoire spécifique, les raisons objectives qui l'ont fait naître et perdurer sous la dictature.

Pour autant la question des avants-gardes informelles demeurent aussi bien que celles des alliances ouvertes.

aujourd'hui, à moindre échelle et avec des conséquences bien moindres la gôche de la gôche nous refait une version du front unique "pour le non" qui est une nouvelle forme sociale historique du possibilisme que certains libertaires ont d'ailleurs choisis de soutenir... mais que le néo-réformisme soit réalo rien de surprenant...

Pour ce qui est des bras armés, je m'en méfie même s'il ne faut pas être dupes et que parfois la merde est telle qu'elle ne laisse pas vraiment le choix... ce qui était le cas ce me semble à la création de la FAI - et c'est pour celà que je ne souscris pas entièrement à ce qui dit Debord.
Mais cette configuration pose ces propres problèmes ; sépération du bras de la masse, tendance à l'autonomisation et à l'avant gardisme de l'outil - qui parle au nom de gens avec lesquels il n'est plus parfois en contact direct - etc...

mais chaque situation est particulière.

Pour les expériences dont tu parles je n'en parlerai pas puisque je les connais peu... mais si tu peux nous en dire deux mots. Je sais que sur la commune hongroise on a sorti une brochure avec le SIA, à lire sans doute pour approfondir la question. moi je t'avoues ne pas y avoir encore jeté un coup d'oeil. Pour rappel notre ligne éditoriale n'est pas un ligne d'adhésion aux textes mais de diffusion de textes qui nous semble avoir des aspects intéressants soit par les expériences qu'ils remmettent au gout du jour, soit par leurs apports théoriques. Mais tetxes qui doivent être lus avec un oeil critque... comme celui que nous avons sortis sur l'espagne 36.
anti-k
 

Messagepar Paul Anton » Vendredi 15 Juil 2005 10:14

On peut dire que nous rentrons dans l’aspect le plus délicat de la problématique :

Pour l’Espagne, je pense que les anarchistes, lorsque ces derniers accomplirent la révolution, prirent conscience du devenir même de la révolution porté par l’échec du coup d’état des fascistes, soucieux d’éliminer le mouvement révolutionnaire (voir l’interview de Fédérica Montseny accordée en 1982).
Je rappelle également que c’est un pays, dont l’économie fut complètement sous perfusion, régulée par le capital financier, (voir l’ultra-impérialisme et la polémique entre Lénine-Kautsky), ayant du même coup raté son décollage industriel lors du XIX siècle. Ces foyers industriels furent la Catalogne et les Asturies. Bref, on est loin du développement continuel des forces productives si chère à ce bon vieux Marx, d’où la limite et l’erreur de l’analyse marxiste, sans escompter qu’une bonne partie de la population essuie le post-féodalisme (des éléments résiduels se mêlant au capitalisme).

D’autre part, le triomphe de la réaction atteint une amplitude planétaire à cette époque :

Le mouvement anarchiste argentin subit de plein fouet la répression. Le général Uriburu s’empara du pouvoir le 6 septembre 1930, en destituant le gouvernement d’Irigoyen. Le nouveau régime procéda à de nombreuses expulsions d’anarchistes, en vertu de « la loi de résidence. Ainsi, 12 000 prisonniers politiques furent dénombrés et la FORA devint une organisation fantôme. En Uruguay, on assiste à une tentative de réorganisation du mouvement syndical, autour de l’initiative « bloc d’unité ouvrière » ; dès 1927, le mouvement anarchiste (plus exactement anarcho-syndicaliste) regroupant la FORU et l’USU eut de plus en plus de mal à résister aux coups de butoir du pouvoir bourgeois, s’effaçant au profit de l’anarchisme « expropriateur » qui comptait dans son rang, en autre, Roscigna ; ce dernier fut exécuté en 1937.
Les membres actifs de la FAUD se retrouvèrent contraints de quitter l’Allemagne (je conseille de lire la brochure « la résistance anarcho-syndicaliste allemande au nazisme », notamment au sujet des réseaux de la FAUD et les liens tissés avec les conseillistes de hollande) pour éviter les travaux forcés dans les camps. En Italie les anarchistes se divisèrent sur la question du « front unique » anti-fasciste, celui-ci sous-entendant trois choix (le non-choix n’existe pas) :
S’allier avec les antimonarchistes : républicains, socialistes et communistes, en dynamisant par exemple le mouvement : « Giustizia e liberta » ; celui-ci se créa en octobre 1929 à l’initiative de Rosselli, de lussu et de Nitti. Ce qui revient à dire, que la lutte de classe s’efface au profit de la lutte humaine, selon l’expression usitée par Fabbri ; cette position fut défendue par Molaschi.
Quant à Fabbri et Malatesta, ils défendirent une position médiane : « l’alliance se conçoit mais elle ne doit pas nous détourner du but à atteindre » ; lors d’un meeting à Ancône, Malatesta affirma que les conditions optimales, débouchant sur la révolution se présentaient du fait de l’occasion de la situation, et qu’ils ne fallaient surtout pas les rater.
La dernière position, dont le tenant était Schicci, incita au rejet de toute conclusion d’alliance (même conjoncturelle).

A mon avis, il est important de démêler ce qui est « particulier » ou « général » dans chaque situation historique et de soumettre à notre jugement tous les aspects : théorique, idéologique, tactique, stratégique..., concernant celles-ci, pour en dégager tant une analyse qu’une praxis, ainsi que toutes les conséquences des choix politiques.

Appliquer à la situation espagnole, en tenant compte précisément, du contexte national et international : la défaite du prolétariat lors des années 1920-30, l’ascension des fascismes, la radicalisation de la bourgeoisie, les échecs des fronts populaires, etc.
On en déduit que, bien qu’ils (les anarcho-syndicalistes) furent très puissants ; il n’en resta pas moins, que toute une partie du prolétariat était encore sous l’influence de la sociale-démocratie : le PSOE, le PCF, l’UGT, les basques, les catalanistes…, marquant d’emblée des divergences dans le « front anti-fasciste ». En effet, fallait-il tenir compte de cela et un « minima » ou « un maxima » des alliances ? La CNT d’Espagne, forte de son poids, devait-elle éliminer ces composantes, ce qui aurait abouti à la dictature anarcho-syndicaliste / anarchiste et à la négation des principes libertaires (éthique=surmoi...) ?
En la matière, si l’idéologie se confronte au socio-logique, et par là ne peut s’affranchir des réalités objectives, des rapports de force, des contradictions du contexte...d’où les difficultés et les disjonctions discursives (voir article « retour sur le possibilisme marxiste et anarchiste »). Il faut donc partir de la réalité pour aller au devenir fixé par son idéologie, puisque celle-ci se mue socialement et non pas du fait de sa seule existence. Toutefois, l’idéologie reste heureusement un élément normatif puissant. De la sorte, la CNT d’Espagne ne voulut pas de la dictature anarchiste ; elle ne sombra donc pas dans le fiasco tragique et historique du bolchevisme. Cela de nos jours, nous permet de présenter l’espoir de l’anarcho-syndicalisme et du communisme libertaire comme devenir possible (ou un autre futur).
Pour en revenir au refus de la sclérose idéologique, il y a longtemps que la CNT-AIT a mise en pratique ce point de vue. Actuellement, au niveau de la CNT-AIT, des militants venus d’horizons variés (anarchiste, autonome, conseilliste, situationniste) cohabitent très bien ; ce qui a sans doute forgé les positions actuelles de la CNT-AIT (voir liste CAS, les suppléments régionaux de Normandie-Bretagne, Gard, CS midi pyrénéen, national, site Internet Gard, Paris). Il me parait donc, que les critiques émanant de certains situationnistes ne sont pas valides envers la CNT-AIT, car cette dernière a intégré ces critiques. Je partage avec toi sur ce point la même analyse. Je constate aussi que tu fais référence au concept de néo-réformisme. Je vois que tu parcours nos écrits ; d’ailleurs qu’en penses-tu ? J’invite nos internautes à en faire de même. Ton intervention est judicieuse et honnête, ce qui ne peut rendre que le dialogue fécond.

Au sujet de la Hongrie : les anarchistes rentrèrent au PC en décembre 1918, il s’agit en autre de Lukacs, Szamuelly et Corvin. Une minorité oppositionnelle se dégagea néanmoins en fondant l’union anarchiste autonome. IL est vrai que beaucoup de marxistes furent en rupture avec leur idéologie: le conseillisme marxiste anti-autoritaire, le luxembourgisme..., d’où la confusion.

Au sujet des bras armés... : OPR33, cela rentre, à mon avis dans le cadre d’un débat sur la violence prolétarienne : violence « de masse » ou violence « de bras armés » (avant-garde formelle - informelle).


Sinon voir articles Jean Picard:

LES NEO-REFORMISTES, ETERNELS DEFENSEURS DES INSTITUTIONS

LES DIX POMPES A FINANCES DES CONFEDERATIONS SYNDICALES

LE REFORMISME EST L’ALLIE DU CAPITALISME

Voir dossier anti-confusion

REFLEXIONS MILITANTES

Voir dossiers

sur http://cnt-ait.info
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
Paul Anton
 
Messages: 3191
Inscription: Lundi 01 Nov 2004 16:19

Messagepar lucien » Vendredi 15 Juil 2005 13:46

Avatar de l’utilisateur
lucien
 
Messages: 3012
Inscription: Dimanche 31 Oct 2004 15:32
Localisation: Caen

Messagepar lucien » Mardi 26 Juil 2005 18:59

C'est dépassé mais ça trouve ça place !

1944-2004
« Reconquista de España »


Soixantième anniversaire de l’offensive dans les Pyrénées

Voilà soixante ans les républicains espagnols étaient en première ligne pour libérer la France. Les puissances de l’Axe, Allemagne, Italie, Japon, étaient acculées à la défensive. Dans ces conditions il était bien normal de tenter d’abattre le régime que Franco avait imposé quelques années auparavant grâce au soutien d’Hitler et de Mussolini.

A la fin de l’été et au début de l’automne 1944, des milliers d’anciens combattants républicains espagnols se rassemblent dans le sud-ouest de la France à l’appel de la Unión Nacional Española (UNE) sous l’égide de la Agrupación de Guerrilleros Españoles (AGE).

L’idée d’Union Nationale Espagnole est lancée en 1941, le premier numéro de « Reconquista de España » clandestin paraît le 1er août 1941 à Paris. Objectif : rassembler toutes les forces antifranquistes en vue du rétablissement de la démocratie en Espagne. Dans cette perspective, la « UNE » donne une impulsion majeure à l’engagement des républicains espagnols dans la Résistance française. Dès juin 1942, la UNE annonce coordonner 108 comités en France. Parallèlement au renforcement des activités de résistance en France, du matériel et des hommes sont envoyés vers les maquis de l’ intérieur de l’Espagne. Par exemple, Jesús Monzón, l’un des initiateurs de la UNE, quitte la France pour s’installer à Madrid dès 1943, en vue d’y développer la UNE et son bras armé : el Ejército Guerrillero.

Le nombre de guérilleros qui pénètrent en Espagne à l’automne et l’hiver 1944, n’est pas connu avec certitude. On estime que l’effectif disponible pour cette opération fut de l’ordre de 10 à 15 000 hommes répartis tout le long des Pyrénées. Selon l’historien Francisco Moreno Gómez (« La resistencia armada contra Franco », Ediciones Crítica, Barcelona, 2001, préface de Paul Preston) l’ordre militaire de lancement de la pénétration fut émis le 21 septembre 1944, depuis le quartier général de la AGE à Montréjeau, par le général Luis Fernández (General Luis).

L’action principale prévue était l’occupation du Val d’Aran ; dans cette zone le commandement de 3500 à 4000 guérilleros fut confié au colonel Vicente López Tovar. L’action commença le 19 octobre 1944 mais l’effet de surprise passé, les forces franquistes firent la démonstration d’une très forte supériorité numérique et matérielle qui amena Vicente López Tovar à donner l’ordre de repli le 28 octobre.

Néanmoins la lutte des maquis d’Espagne, allait continuer plusieurs années encore, non seulement dans les Pyrénées mais aussi au coeur de la péninsule...

Aujourd’hui nous voulons célébrer la mémoire de tous ceux qui, voilà soixante ans, conformément à leurs idéaux de justice et de liberté éprouvés dans la lutte contre les nazis, en France et ailleurs, ont continué d’agir pour la « Reconquista de España ». Car l’Histoire officielle tend encore à les oublier.

Amicale des anciens guérilleros espagnols en France, section de Haute-Garonne

Casa de España 85, av. des Minimes 31200 Toulouse.
Email : AAEGF@free.fr
Avatar de l’utilisateur
lucien
 
Messages: 3012
Inscription: Dimanche 31 Oct 2004 15:32
Localisation: Caen

Suivante

Retourner vers Discussions diverses