Le témoignage d'un "faucheur volontaire"

Mille-feuilles à tendance séditieuse.

Le témoignage d'un "faucheur volontaire"

Messagepar lucien » Vendredi 14 Jan 2005 17:00

Message déplacé à la demande de son auteur (Renard Chic) ;) :

Faucheurs d'OGM : troupeau de moutons ou collectif de citoyens ?
Réflexions d'un faucheur anonyme sur la désobéissance civile/civique ...

D'abord, merci aux équipes qui ont pris l'organisation de ce collectif en
charge : sans vous, rien de possible.

La question du pouvoir s'est donc posée dimanche, d'une manière abrupte,
agressive et violente, et notre collectif n'échappera pas à cette
problématique qui génère des rancoeurs éternelles, des rancunes vivaces dans
tous les mouvements sociaux et politiques. C'est une gangrène qui fait
sourire nos adversaires. Chez eux, la concurrence pour le pouvoir est une
énergie, chez nous c'est un frein. Comment aborder cette problématique,
comprendre ce paradoxe ?

Mais avant l'analyse, j'ai envie de faire le bilan de ma participation au
collectif.

J'ai adhéré rapidement à cette démarche parce que ma réflexion en était là :
la démocratie est bloquée et la seule façon de faire bouger le système,
c'est de franchir la limite de la loi, collectivement, visiblement et sans
violence. Refuser la violence du système, le désespoir du terrorisme,
l'impuissance de la lutte sociale. Ce qui s'est passé pendant les fauchages
a été pour moi une expérience de la révolte et de la peur, de la solidarité,
du courage, de la fierté, de la victoire et de la défaite, bref de la vie.
Jamais je ne remercierai assez la Confédération, l'Arche et Ghandi de
m'avoir poussé à franchir le pas et de m'avoir permis de sortir de
l'impuissance dans laquelle les citoyens sont bloqués à l'heure actuelle. Me
voilà remis en marche et je peux témoigner que je ne suis pas le seul : les
amis avec lesquels je fauche et d'autres que j'ai rencontrés au fil des
fauchages. Il y a aussi les visages, la diversité de ces femmes et de ces
hommes : tout témoigne de la beauté de ce collectif et de son dynamisme. Et
c'est pour toutes ces raisons et bien d'autres encore que j'ai décidé de
témoigner, de ne pas rester passif face à ce que j'ai perçu lors de l'AG.

Le paradoxe, que j'ai cité plus haut, vient en partie de notre position
vis-à-vis de la démocratie : nous l'agitons comme une religion alors qu'elle
reste à tout jamais un apprentissage. Elle n'est pas innée, ce n'est pas une
croyance, elle n'est pas à faucher ni à consommer. José Bové nous disait «
la désobéissance civile est la respiration de la démocratie ». Ces mots sont
très forts, trop peut-être. Je préfèrerai dire : la désobéissance civile est
la respiration d'un système politique oligarchique qui, par essence, est
antidémocratique puisqu'il n'est pas le pouvoir du peuple par le peuple mais
bien le pouvoir des élites par les élites pour les élites. Par contre, la
désobéissance civile peut devenir le laboratoire d'une démocratie à venir.

Reprenons le débat au début. Il y a un monde donc un système écologique
composé d'une atmosphère, d'une nature et d'un sol. Ce monde est habité par
une population d'humain qui a faim. Les question aujourd'hui : celle de la
faim dans le monde, celle de la qualité de notre alimentation, celle du
respect du monde, du système écologique. Pour penser ces questions, il faut
la démocratie. C'est parce qu'en ce moment les réponses à ces questions ne
sont pas élaborées ensemble, d'une manière démocratique, c'est parce qu'en
ce moment les réponses à ces questions sont élaborées par les
multinationales et cautionnées par les oligarchies et les dictatures en
place que la désobéissance civile/civique est nécessaire.

Il y avait et il y aura des urgences, donc des arrachages et d'autres types
d'actions non violentes de désobéissance civile. Mais l'on voit bien que la
lutte est inégale si l'on se contente de ce type d'action. C'est le réveil
de la démocratie qui rendra notre combat efficace. Mais pour réveiller la
démocratie et le vent de la révolte qui l'accompagnera, il faut que le
collectif soit porteur de cette respiration.

Donc pour résumer et pour être clair : le collectif ne pourra pas faire
l'économie d'un travail permettant l'émergence d'un fonctionnement
démocratique. Les dysfonctionnements actuels ne sont pas dus à une
quelconque volonté hégémonique mais plutôt à l'immaturité démocratique du
groupe. Il n'y a pas un troupeau de moutons avec un berger mais plutôt un
groupe de bergères et bergers. Et ces bergères et ces bergers doivent
apprendre à s'écouter, à parler. Une des bergères a proposé une formation à
l'action non-violente de désobéissance civile : pourquoi pas une formation
au fonctionnement démocratique. Bref tout est pensable, mais surtout sortons
du piège qui fera éclater le collectif.

Pour terminer, la bergère qui a remis en cause le berger à la pipe a évoqué
le problème de la médiatisation. Tous les mouvements sociaux tombent dans le
piège des médias et, là aussi, parce qu'il s'agit de cette dynamique
démocratique qui doit nous animer, le collectif peut ouvrir la voie.

Mais ceci est une autre histoire

Pascal Filippozzi




Source/auteur : http://www.monde-solidaire.org/



Intèressant, non ?
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Messagepar Paul Anton » Jeudi 07 Avr 2005 21:50

Le procés des faucheurs volontaires va se tenir le 13-04-05 à Orléans. 8)
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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