anarced a écrit:C'est en effet le contrat, mais pas celui de Rousseau, c'est le contrat synallagmatique, bilatéral, réciproque, soumis à aucune autorité extérieure, contrat qui exclut donc toute forme d'exploitation, de profit, de bénéfice, d'agiotage,etc. C'est ce contrat qui est la garantie du véritable libre-échange, qui est donc le contraire de ce que les économistes appellent, à tort, libre-échange et qu'ils devraient plutôt qualifier de libre-exploitation. C'est ce contrat qui doit se substituer aux lois et aux gouvernements actuels qui garantissent le système économique actuel.
Proudhon est suffisamment clair sur ce qu'il entend par ce contrat, par exemple, dans Idée générale de la Révolution au XIXème siècle:Le régime des contrats, substitué au régime des lois, constituerait le vrai gouvernement de l'homme et du citoyen, la vraie souveraineté du peuple, la RÉPUBLIQUE.
Car le contrat, c'est la Liberté, premier terme de devise républicaine : nous l'avons surabondamment démontré dans nos études sur le principe d'autorité et sur la liquidation sociale. Je ne suis pas libre quand je reçois d'un autre, cet autre s'appelât-il la Majorité ou la Société, mon travail, mon salaire, la mesure de mon droit et mon devoir. Je ne suis pas libre davantage, ni dans ma souveraineté ni dans mon action, quand je suis contraint de me faire rédiger ma loi par un autre, cet autre fût-il le plus habile et le plus juste des arbitres. Je ne suis plus libre du tout, quand je suis forcé de me donner un mandataire qui me gouverne, ce mandataire fût-il le plus dévoué des serviteurs.
Le contrat c'est l'Égalité dans sa profonde et spirituelle essence. - Celui-là se croit-il mon égal, et ne se pose-t-il point en exploiteur et en maître, qui exige de moi plus qu'il ne me convient de fournir, et qu'il n'est dans l'intention de me rendre ; qui me déclare incapable de faire ma loi et qui prétend que je subisse la sienne.
Le contrat, c'est la Fraternité, puisqu'il identifie les intérêts, ramène à l'unité toutes les divergences, résout toutes les contradictions et, par conséquent, rend l'essor aux sentiments de bienveillance et de dévouement que refoulaient l'anarchie économique, le gouvernement des représentants, la loi étrangère.
Le contrat, enfin, c'est l'Ordre puisque c'est l'organisation des forces économiques, à la place de l'aliénation des libertés, du sacrifice des droits, de la subordination des volontés.
frigouret a écrit:Il y a rapport de force quand il y a rapport de pouvoir or par définition le contrat synallagmatique est conditionné par l'approbation des contractants.
sur le volontarisme, il y a un petit bout qui en dit long :
http://faqanarchiste.free.fr/secA2.php3#seca214Clairement, le volontarisme est une condition nécessaire mais non suffisante pour défendre la liberté individuelle. Cela était attendu car le volontarisme ignore (ou tient pour acquises) les conditions sociales dans lesquelles les accords sont passés et, de plus, ignore les relations sociales que ces accords créent. Ainsi, Pierre Kropotkine dit « Pour l'ouvrier qui doit vendre son travail, il est impossible de rester libre » [Pierre Kropotkine, ''Selected Writings on Anarchism and Revolution'', p. 305.] Toute relation sociale basée sur un individualisme abstrait repose plus ou moins sur la force, le pouvoir et l'autorité, et non sur la liberté. Cela requiert bien sûr la définition de la liberté selon laquelle les individus libres exercent leurs capacités et décident de leurs propres actions. Donc, le volontarisme n'est pas suffisant pour créer une société qui maximise la liberté. C'est pourquoi les anarchistes pensent que les associations de volontaires doivent en plus intégrer l'autogestion (ou la démocratie directe). Pour les anarchistes, supposer le volontarisme implique supposer l'autogestion.
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au sein d'une société basée sur la propriété privée (et par conséquent sur l'étatisme), ceux qui possèdent ont plus de pouvoir, et ils peuvent l'utiliser pour perpétuer leur autorité. « La richesse est le pouvoir, la pauvreté la faiblesse » sont les mots d'Albert Parsons. Cela signifie que dans un système capitaliste, la « liberté de choix » si appréciée est en réalité fort limitée. Elle devient, pour la grande majorité des individus, la liberté de choisir un maître (avec l'esclavage, dit plaisamment Parsons, la maître « choisit [...] ses propres esclaves. Dans un système d'esclavage salarial, le salarié choisit son maître. »
Toute relation sociale basée sur un individualisme abstrait repose plus ou moins sur la force, le pouvoir et l'autorité, et non sur la liberté.