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Riposte anarchosyndicaliste !

MessagePosté: Dimanche 10 Fév 2013 15:43
par Lambros
Extrait du dernier numéro d'Anarchosyndicalisme!, num. 133

Depuis 2009, un processus de « crise » a été développé au niveau mondial. Pourtant, comme le disait déjà Coluche « Avec la crise, les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c'est une crise, c'est comme ça depuis que je suis enfant ». Et en effet, les classes populaires paient pour la classe des riches : suppressions de postes massives, paupérisation généralisée, de plus en plus de gens au chômage ou en interim, création d'ennemis intérieurs (les « anarcho-autonomes », les immigré-es, les roms...) sur qui il est plus facile de diriger sa colère... A côté de ça, les riches donc s'enrichissent, tout comme augmentent les pratiques policières et militaires. De l'argent pour mettre des caméras partout, des bataillons de CRS, construire des commissariats, il y en a... Rappelons-nous que le déploiement des gendarmes mobiles sur la ZAD à Notre Dame des Landes coûte 500 000 euros par semaine... La situation est la même partout dans le monde, ce n'est ni un problème grec, ni un problème espagnol : c'est un problème structurel, sociétal.

Un « changement » de forme, pas de fond
Les promesses des politiques, de gauche comme de droite, masquent le fait que gouvernement et capital sont les deux faces d'une même pièce, le premier étant la courroie de transmission du second. Le « changement » socialiste/écologiste, qu'on attend toujours, confirme cela : austérité, répression, xénophobie, chasse aux pauvres, destruction de l'écosystème (Notre-Dame-des-Landes, OGM …) etc … Nous le répétons inlassablement, « Ce n'est pas dans la forme du pouvoir mais dans le pouvoir lui-même que réside le mal »1. Car en effet, les pays gouvernés « plus à gauche » adoptent la même politique : licenciements massifs à Cuba, répression féroce avec liste noire des salarié-es trop agité-es chez Chavez au Vénézuela. Sans compter que l'Etat développe un nationalisme afin de, comme toujours, diviser pour mieux régner.


Une « opposition »... de forme
Alors bien sûr, dans ce grand jeu (qui est responsable de la vie et de la dignité des travailleurs-euses quand même), les partis s'opposent. A la droite du PS (si si ça existe), l'UMP nous donne des grandes leçons de démocratie interne, et il nous devient de plus en plus difficile de différencier leurs idées et celles du FN. Ce dernier justement est un des recours les plus utiles du capitalisme. A chaque « crise », et donc risque de révolte, la classe dirigeante, par ses discours, ses lois, ses pratiques, renforce le sentiment national. Ainsi en tournant sa colère vers le voisin, et non le patron, le bourgeois, on ne fait que se diviser : c'est à la misère, et donc au système qu'il faut s'attaquer, et pas aux immigré-es, qui subissent tout autant et même plus que nous (rafles, camps de rétention etc etc). A gôche, le mirage pseudo-révolutionnaire fait aussi ses ravages. En proposant des réformes qui cachent la réalité systémique de la crise, ils participent au spectacle contestataire. Idiots utiles du système, après avoir mangé dans la gamelle et dirigé avec le PS des années durant (PCF, FDG …), ils entretiennent le nationalisme ambiant. Quant aux marxistes, dans leur soif de pouvoir, dans leur mépris de l'autonomie des individus et des travailleur-ses, ils nous conduisent vers l'avenir radieux de … la tombe. En effet, quels meilleurs fossoyeurs de luttes que les partis politiques : les luttes leur servent et non l'inverse ! Reste les syndicats institutionnels. Nous ne croyons pas plus en une société dirigée par un parti éclairé qu'en une société dirigée par les syndicats. Pour nous anarchosyndicalistes, « Le pouvoir ne doit pas être conquis, il doit être détruit »2


Du rôle syndical dans la cogestion de la misère ambiante
Face à cette situation étouffante, des luttes existent, prouvant que la véritable guerre de classe est une réalité, pas une vue de l'esprit intellectuelle. Notre Dame des Landes, PSA, Arcelor Mittal, solidarité avec les roms etc. Mais la plupart de celles-ci sont vouées à l'échec en l'état : pour l'emporter, il faut rompre avec les syndicats institutionnels. Rappelons que tous (de la CGC à Solidaires) sont subventionnés par ceux qui mènent les attaques, et ne voient en aucun cas leur budget réduit. Ce ne sont pas des organisations de classe au service des travailleurs-euses, mais bel et bien des entreprises. Permanent-es syndicaux, détachées, délégué-es, cogérant la sécu, les commissions paritaires avec le patronat. Malgré leurs intentions, parfois louables, ils n'ont aucun intérêt à ce que la situation change. Il n'y a qu'a voir la reconversion de Chérèque, ancien chef de la CFDT, membre du gouvernement aujourd'hui... A l'heure où nous écrivons ces lignes, les syndicats signent d'ailleurs un accord avec le MEDEF (patronat) que tout travailleur-se réprouverait sans aucun doute ! La ligne directrice en est une flexibilité accrue, le licenciement étant pour Mme Parisot, comme pour les syndicats du coup, une garantie de l'emploi et de la bonne marche des entreprises !3 Pour autant, lorsqu'une lutte éclate, les salarié-es voient dans les syndicats du système un outil de solidarité. Ce que le syndicalisme n'aurait jamais du cessé d'être... Mais ne sera plus jamais, englué dans des intérêts de boutique (la représentativité : représenter qui ? Quoi?), le corporatisme, et la collaboration étatique. Mais nous ne baissons pas la tête, nous proposons quant à nous l'anarchosyndicalisme.

Union, Entraide, Autogestion !
Comme nous le disions, la crise est mondiale, la riposte aussi. Des USA à la Chine, aux tunisien-nes et égyptien-nes qui estiment légitimement s'être fait voler leur révolution par les politiques et religieux, jusqu'en Europe, partout la révolte gronde face à un système de plus en plus inégalitaire. Et partout où notre Association Internationale des Travailleurs-euses (AIT) possède des syndicats, ils luttent pieds à terre avec notre éthique anarchosyndicalistes : pas de permanent-es, pas de subventions, une solidarité active, et un fonctionnement horizontal dans l'organisation comme dans les luttes. En Espagne, la CNT-AIT est à l'origine de la campagne « Vers la grève générale », de plus en plus effective. En Italie, l'USI-AIT se renforce, et mène actuellement une lutte à l'Hopital San Raffaelle contre les mesures d'austérités. En Grande-Bretagne, c'est la SolFed qui a fait reculer toute une entreprise (Holland and Barret) qui a annulé son plan d'austérité. Et en France, lorsque nous nous y mettons, nous gagnons aussi comme à Nataïs.4 A la CNT-AIT, travailleurs-euses, précaires, étudiant-es, nous avons choisi la lutte des classes et la participation à la construction d'un mouvement révolutionnaire au niveau mondial. Nous ne sommes pas de ces anarchistes qui passent leur temps à discuter, sur de leur confort idéologique, et dont la principale activité est de... ne rien faire. Nos pratiques de lutte sont basées sur les assemblées populaires autonomes, dans lesquels les travailleur-ses, au-delà des luttes de clochers syndicaux, décident de ce qui doit être fait démocratiquement. Pour nous, les luttes doivent s'étendre et se rejoindre, d'où notre volonté de coordonner celles-ci. Il faut donc déserter les institutions politiques et syndicales. Nous avons eu assez de chefs, essayons par nous-même !

Face à l'Etat et au capital, organise toi et lutte ! Le véritable changement ne pourra venir que de nous même !

Guillaume et Emiliano, UL CNT-AIT 63, janvier 2013.

1 Rudolf Rocker, (1873-1958) militant anarchosyndicaliste allemand : il fut à l'origine de la FAUD, syndicat anarchosyndicaliste allemand et première organisation interdite par Hitler. Il organisera la classe ouvrière juive à Londres et fut également secrétaire de notre Association Internationale des Travailleurs-euses (AIT).
2 Louise Michel
3 Rappelons ce qu'avait dit cette charmante humaniste il y a peu : « L'amour est précaire, la vie est précaire, pourquoi le travail ne le serait-il pas ? ».
4 Pour voir l'actualité de nos luttes, http://www.iwa-ait.org/ ou le blog lancé par la ZSP (section polonaise), http://internationalworkersassociation.blogspot.fr/ L'AIT vient d'ailleurs de fêter son 90e anniversaire.