CNT-AIT, qui sommes nous ?

Sommier théorique et affinités idéologiques !

CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar Paul Anton » Lundi 24 Jan 2011 21:48

CNT-AIT, qui sommes nous ?

La Confédération Nationale du Travail (créée à Paris en 1946) est la section française de l’Association Internationale des Travailleurs fondée en 1922-23, en opposition aux Internationales dites d'Amsterdam (réformiste) et de Moscou (bolchevique). La CNT-AIT est une organisation se référant à l'anarchosyndicalisme qui trouve son origine dans le mouvement ouvrier révolutionnaire et son affirmation de la lutte des classes (l'antagonisme irréconciliable entre le Travail et le Capital). Dans sa théorie et sa pratique, l'anarchosyndicalisme se veut globaliste ; il pose comme principe directeur l'interaction et l'interpénétration entre eux des phénomènes économiques, politiques et sociaux. Ces phénomènes sont liés et ne résultent que de la seule praxis des Hommes qui font l'Histoire.
L'anarchosyndicalisme est antiétatique car la fonction de l'État est de maintenir la domination d'une classe sociale sur une autre classe, actuellement celle des nantis (bourgeois, capitalistes, rentiers, patrons, bureaucrates et technocrates...) sur la classe des exploités ; a contrario les zélateurs de l'État pensent qu'il est la garantie suprême de l'intérêt général, il serait même indépassable. L'État est par nature coercitif et dispose d'appareils répressifs (justice, police, armée) et idéologiques (partis politiques, syndicats-réformistes, médias, école, organismes culturels et sportifs...), tous ces appareils nous encadrent du berceau à la tombe : « la vie est un enjeux politique » (biopolitique). L'État est devenu hypertrophié et il n'a guère besoin pour le moment de recourir à une violence physique massive, vue la soumission à son ordre.
L'anarchosyndicalisme est antiparlementariste (Sénat, Assemblée Nationale, collectivités territoriales, comités d'entreprises et autres organismes) et prétend que le fondement d'une véritable démocratie ne saurait être ni la délégation de pouvoir, ni l'artifice du vote majoritaire. D'autre part, le parlementarisme et sa machinerie institutionnelle sont également le lieu de la collaboration de classe : être soit-disant un partenaire du dialogue social auprès des nantis. Cette machinerie institutionnelle possède la capacité de se détacher et de s'autonomiser du reste de la société, en se pérennisant par un recrutement dans les hautes écoles, contribuant par là-même au népotisme – cette machinerie institutionnelle glorifie la domination avec l'alibi de sa légitimité.
L'anarchosyndicalisme est anticapitaliste. Dans le mode de production capitaliste, nous sommes réduit à l'état de marchandise et subissons l'exploitation : nous sommes obligés de vendre notre force de travail pour assurer la satisfaction de nos besoins fondamentaux. En effet, les capitalistes, détenant les moyens de production, tirent de notre travail (non rémunéré ou « surtravail ») la plus-value, dont la finalité est de valoriser le capital et d'accroitre le profit, le capital s'accumulant toujours au détriment de la classe des exploités : la contrepartie est chômage, précarité, maladies, misère, famine, guerre, désastres économiques… Certes, les capitalistes octroient des miettes pour que nous nous abrutissions dans le divertissement (le spectacle, si l'on préfère) et l'opium de la consommation à crédit (soupape ayant permis de maintenir le système jusqu'à ce jour).
L'anarchosyndicalisme vise l'abolition de l'État, du parlementarisme et du capitalisme pour leur substituer une société des égaux où le triomphe du « communisme libre » (rien à voir avec le fascisme rouge de l'URSS et son capitalisme d'État). Au non de la justice sociale, Le communisme libre repose sur cette théorie de la répartition égalitaire de toutes les richesses produites pour les besoins de la communauté, dans le cadre d'une démocratie directe.
L'anarchosyndicalisme défend la mise en place des « conseils », dont l'idée émane de la Première Internationale notamment de son aile bakouniniste (et fut mise en pratique pendant le soulèvement parisien de 1871) : ils seraient les organes d'une fédération des communes libres et autonomes à une échelle mondiale. Par conséquent, l'anarchosyndicalisme rejette toutes les frontières politiques et nationales arbitrairement fixées des États-nations : il affirme l'universalisme libertaire. L'anarchosyndicalisme se défie des luttes de libération nationale et régionale, n'y voyant que le champ clos des rivalités entre les nantis qui s'affrontent pour assurer l'expansion de leur privilèges respectifs. Les nationalismes ne font qu'illustrer les contradictions dans lesquelles sont confrontés les nantis. En même temps, nationalisme et régionalisme servent d'arme pour annihiler la conscience des intérêts de classe des exploités et des opprimés. Pour ce faire, l'anarchosyndicalisme promeut au quotidien l'action directe : c'est-à-dire agir par et pour soi-même, « sans Dieu, ni Maître ». L'action directe est donc l'acquisition d'une éducation pour acquérir son autonomie. L'action directe forge une trempe d'hommes et de femmes sachant défendre leurs intérêts de classe. Ces hommes et ces femmes structurent « la résistance populaire autonome », comme phase dynamique d'une grève générale pouvant établir le communisme libre.
« Nous allons recevoir le monde en héritage. La bourgeoisie peut bien faire sauter et démolir son monde à elle avant de quitter la scène de l’Histoire. Nous portons un monde nouveau dans nos cœurs. » (Buenaventura Durruti)

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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar La Bonne Fée » Mercredi 09 Fév 2011 20:32

J'aime beaucoup ce texte :)

Il subsistait quelques rares fautes d'orthographe que j'ai corrigé, j'en ai profité pour "aérer" un peu le texte, et pi bon bah dans la foulée j'ai modifié deux/trois trucs ^^'

- "ne résultent que de la seule praxis des hommes et des femmes qui font l'Histoire".
J'ai modifié le "des Hommes" qui font l'Histoire :wink:

- "être soit-disant un "partenaire" du dialogue social".
J'ai mis "partenaire" entre guillemets, pour insister sur le côté incongru de ce terme (être "partenaire" de l'Etat et de ses institutions, non mais quelle horreur... :roll: )

- "misère, famine, guerre, désastres économiques et écologiques…".
J'ai rajouté "écologiques" parce que 1) bah c'est vrai ^^ y'a des désastres écologiques, et ils touchent tous directement ou indirectement l'humanité, en particulier les plus pauvres d'entre nous ; et 2) ils sont directement liés à la production capitaliste, comme le reste.

- "Pour lutter, l'anarchosyndicalisme promeut au quotidien l'action directe".
J'ai remplacé "pour ce faire" par "pour lutter".
Oui parce que... (attention, faut suivre ^^) comme le paragraphe précédent finit par "nationalisme et régionalisme servent d'arme pour annihiler la conscience des intérêts de classe des exploités et des opprimés", si on enchaine directement avec "Pour ce faire, l'anarchosyndicalisme promeut au quotidien l'action directe", ça fait genre :
"annihiler la conscience des intérêts de classe des exploités et des opprimés, Pour ce faire, l'anarchosyndicalisme promeut au quotidien l'action directe".
:mrgreen: heu... :mrgreen: c'est pas tout à fait le message qu'on voulait passer ^^'
Du coup j'ai mis "Pour lutter, l'anarchosyndicalisme promeut au quotidien l'action directe", comme ça c'est plus mieux clair ^^'

Et voilà donc le même texte, en version aérée et un poil (ou deux) modifié :wink: :
CNT-AIT, qui sommes nous ?

La Confédération Nationale du Travail (créée à Paris en 1946) est la section française de l’Association Internationale des Travailleurs fondée en 1922-23, en opposition aux Internationales dites d'Amsterdam (réformiste) et de Moscou (bolchevique).
La CNT-AIT est une organisation se référant à l'anarchosyndicalisme qui trouve son origine dans le mouvement ouvrier révolutionnaire et son affirmation de la lutte des classes (l'antagonisme irréconciliable entre le Travail et le Capital).

Dans sa théorie et sa pratique, l'anarchosyndicalisme se veut globaliste ; il pose comme principe directeur l'interaction et l'interpénétration entre eux des phénomènes économiques, politiques et sociaux. Ces phénomènes sont liés et ne résultent que de la seule praxis des hommes et des femmes qui font l'Histoire.

L'anarchosyndicalisme est antiétatique car la fonction de l'État est de maintenir la domination d'une classe sociale sur une autre classe, actuellement celle des nantis (bourgeois, capitalistes, rentiers, patrons, bureaucrates et technocrates...) sur la classe des exploités ; a contrario les zélateurs de l'État pensent qu'il est la garantie suprême de l'intérêt général, il serait même indépassable.
L'État est par nature coercitif et dispose d'appareils répressifs (justice, police, armée) et idéologiques (partis politiques, syndicats-réformistes, médias, école, organismes culturels et sportifs...), tous ces appareils nous encadrent du berceau à la tombe : « la vie est un enjeux politique » (biopolitique). L'État est devenu hypertrophié et il n'a guère besoin pour le moment de recourir à une violence physique massive, vue la soumission à son ordre.

L'anarchosyndicalisme est antiparlementariste (Sénat, Assemblée Nationale, collectivités territoriales, comités d'entreprises et autres organismes) et prétend que le fondement d'une véritable démocratie ne saurait être ni la délégation de pouvoir, ni l'artifice du vote majoritaire.
D'autre part, le parlementarisme et sa machinerie institutionnelle sont également le lieu de la collaboration de classe : être soit-disant un "partenaire" du dialogue social auprès des nantis.
Cette machinerie institutionnelle possède la capacité de se détacher et de s'autonomiser du reste de la société, en se pérennisant par un recrutement dans les hautes écoles, contribuant par là-même au népotisme – cette machinerie institutionnelle glorifie la domination avec l'alibi de sa légitimité.

L'anarchosyndicalisme est anticapitaliste. Dans le mode de production capitaliste, nous sommes réduit à l'état de marchandise et subissons l'exploitation : nous sommes obligés de vendre notre force de travail pour assurer la satisfaction de nos besoins fondamentaux.
En effet, les capitalistes, détenant les moyens de production, tirent de notre travail (non rémunéré ou « surtravail ») la plus-value, dont la finalité est de valoriser le capital et d'accroitre le profit, le capital s'accumulant toujours au détriment de la classe des exploités : la contrepartie est chômage, précarité, maladies, misère, famine, guerre, désastres économiques et écologiques…
Certes, les capitalistes octroient des miettes pour que nous nous abrutissions dans le divertissement (le spectacle, si l'on préfère) et l'opium de la consommation à crédit (soupape ayant permis de maintenir le système jusqu'à ce jour).

L'anarchosyndicalisme vise l'abolition de l'État, du parlementarisme et du capitalisme pour leur substituer une société des égaux où le triomphe du « communisme libre » (rien à voir avec le fascisme rouge de l'URSS et son capitalisme d'État).
Au nom de la justice sociale, le communisme libre repose sur cette théorie de la répartition égalitaire de toutes les richesses produites pour les besoins de la communauté, dans le cadre d'une démocratie directe.

L'anarchosyndicalisme défend la mise en place des « conseils », dont l'idée émane de la Première Internationale notamment de son aile bakouniniste (et fut mise en pratique pendant le soulèvement parisien de 1871) : ils seraient les organes d'une fédération des communes libres et autonomes à une échelle mondiale.

Par conséquent, l'anarchosyndicalisme rejette toutes les frontières politiques et nationales arbitrairement fixées des États-nations : il affirme l'universalisme libertaire. L'anarchosyndicalisme se défie des luttes de libération nationale et régionale, n'y voyant que le champ clos des rivalités entre les nantis qui s'affrontent pour assurer l'expansion de leur privilèges respectifs. Les nationalismes ne font qu'illustrer les contradictions dans lesquelles sont confrontés les nantis. En même temps, nationalisme et régionalisme servent d'arme pour annihiler la conscience des intérêts de classe des exploités et des opprimés.

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Texte de Paul Anton revisité sans autorisation :P
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar Paul Anton » Dimanche 13 Fév 2011 16:25

Merci bien La Bonnne Fée !!
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar La Bonne Fée » Dimanche 13 Fév 2011 16:34

De rien de rien compagnon :wink:
Et ton texte est vraiment extra ! (tu l'as proposé à Anarchosyndicalisme ! ? ou même au CS tiens :mrgreen: qui ne tente rien n'a rien ! hé hé ^^)


(concernant le texte : c'est qu'en fait je peux pas m'empêcher de corriger les trucs Image la faute à tous ces profs que j'ai du fréquenter pendant les mouvements sociaux ! Image )
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar Mala » Dimanche 13 Fév 2011 16:47

si tu lisait anarchosyndicaliste au lieu de spammer le forum :mrgreen: tu saurais que ce texte apparait dans le dernier numero. :wink:
Mala
 

Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar La Bonne Fée » Dimanche 13 Fév 2011 18:08

Mala a écrit:si tu lisait anarchosyndicaliste au lieu de spammer le forum :mrgreen:

Mé heu !
Je ne spamme pas. Je floode. Image
(un tout petit petit petit peu !)
Et pi je fais copain-copine avec Anton ! Enchantée Anton au fait :wink:
Et pi avec toi aussi Mala, voilà. Enchantée Mala !
(y'a pas de topic "présentation" ici, on s'adapte :mrgreen: )

Mala a écrit:tu saurais que ce texte apparait dans le dernier numero. :wink:

Ah, j'suis grillée. Image
Bon d'accord d'accord, je reconnais, je suis pas abonnée !
Image

Mais je vais le faire !
Là, zou, siii, ce soir même !
Image
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar non defini » Dimanche 13 Fév 2011 19:03

Merci
Merci parce que, même si ça m'est égal de ne pas savoir qui je suis, mes pensées ne sont pas a-normales.
Je suis donc anarchosyndicaliste ? Bigre, j'ai une si piètre idée des syndicalistes que ça m'étonne, mais enfin je veux la démocratie directe, les frontières me désolent, je ne vois pas pourquoi on dit "toi, tu as le droit et toi, pas" je suis même contre les "droits" car je trouve que ce sont plutôt des privilèges !
Oui, il y a longtemps que je "passe à l'acte", mais c'est bien ça un vivant face à l'injustice : il faut passer à l'acte.
merci
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar Paul Anton » Dimanche 13 Fév 2011 19:53

Oui il faut passer à l'acte.

Ceci dit, il faut éviter de finir comme Yannek dans "Les Justes" de Camus. Le mysticisme n'est pas mon fort.
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar Lambros » Lundi 14 Fév 2011 0:59

Salut Paulo,

Moi j'aime bien ce texte, découvert dans Anarchosyndicalisme! suite à Toulouse, mais je trouve qu'il manque un peu de développer les concepts d'action directe, de sabotage et d'autonomie... Mais c'est une super intro je trouve !
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar rosa » Lundi 14 Fév 2011 2:58

Ouais, enfin 'faut pas oublier qu'il ne s'agit que d'un texte de synthèse. Si nous devions expliciter toute l'envergure de concepts utilisées par l'anarchosyndicalisme, il faudrait au minimum une brochure par thème... d'ailleurs chacun est invité à se lancer dans la production théorique pour faire en sorte que la CNT-AIT soit une grosse machine à sortir des tonnes de matos de qualité (j'en voie déjà quelque uns prêts à me sauter dessus :D )
Ici nous sommes en train de bosser sur un certain nombre de textes théoriques, mais la tâche est monstrueuse. Définir clairement notre acception de la "democratie", construire une critique intelligente et classiste du fascisme, ébrecher le replis "sectoriste" dans les luttes (sorte de corporatisme déguisé), continuer à défoncer avec notre concept d'autonomie populaire, continuer (pour ceux qui en ont le courage!) à progresser en économie, reprendre uns à uns les points de la brochure "techniques de lutte" pour les approfondir... tout ça prend du temps, mais l'expérience nous montre qu'une organisation révolutionnaire sans base/cohérence idéologique forte est, de fait, vouée à s'auto-dissoudre dans le logos dominant et nier ses principes originels. Nous, pour le moment, on arrive à fournir une petite littérature politique qui n'a à rougir de personne, et par dessus le marché on est parmi les seuls à lutter sans compromission. On sait à quoi s'en tenir! 8)
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar La Bonne Fée » Lundi 14 Fév 2011 5:54

rosa a écrit:d'ailleurs chacun est invité à se lancer dans la production théorique pour faire en sorte que la CNT-AIT soit une grosse machine à sortir des tonnes de matos de qualité (j'en voie déjà quelque uns prêts à me sauter dessus :D )

(hééé, je veux bien te sauter dessus mais faut qu'tu sois prêt à me rattraper ! Image )

rosa a écrit:ébrecher le replis "sectoriste" dans les luttes (sorte de corporatisme déguisé)

Alors ça, pareil, j'ai découvert aux Vignoles...
Au début, c'était "tous les ouvriers/travailleurs ensemble, quel que soit leur métier" contre l'Etat et le patronat, donc refus des corporatismes. Moi je me suis dit que c'était vachement pas con comme démarche :wink:

Et puis après, il y a eu la "nécessité" de se "retrouver" par "branche" ou secteur d'activité, au motif qu'il fallait AUSSI réfléchir sur certains trucs précis, "propres" à un secteur professionnel : par exemple, la mise en place des fichiers d'évaluation des élèves de collège et lycée ("Base-Elève") concernait principalement les profs et les pions.
Booon... c'est pas faux-faux, m'enfin c'est pas vrai-vrai non plus : le fichage des élèves, comme tout, ça concerne tout le monde : les parents d'élèves bien sûr, qui ont tous des métiers différents voire pas de métier, et la "société" en général ! Ficher les gosses, il me semble que c'est un truc qui concerne pas "que" le secteur de l'éducation et de l'école.

Mais il ne s'agissait pas, au début de ce fonctionnement en "secteur", de fonctionner en secteur justement ^^' Il s'agissait plutôt d'un "travail préparatoire" sur une thématique ou une réforme/lutte en particulier, élaboré par un secteur syndical, qui avait vocation à être ensuite partagé avec tout le monde (et donc avec les autres "secteurs" aussi).
Un peu comme les "commissions" quoi, mais en "secteur d'activité".

Sauf que précisément, une commission est ouverte à tous les militant-e-s et donc à tous les secteurs : ce qui n'est pas le cas d'un travail (fusse-t-il merveilleux et parfait) élaboré par des militant-e-s d'un secteur professionnel en particulier.

La frontière entre "corporatisme" et "regroupement en secteur d'activité" est devenue bien mince... pour s'effacer totalement, dans la pratique. Concrètement, qu'est-ce qui se passe ?
Chacun bosse dans son coin, tire la couverture à lui pour l'organisation des trucs (3 ou 4 luttes "sectorielles" en même temps, et pas assez d' "effectifs militants" pour aller partout en même temps : lesquelles on choisit en "priorité" ??!), et finit tôt ou tard par s'octroyer l'expertise en son domaine : le syndicat du nettoyage est le seul habilité à parler des problèmes des travailleurs de ce secteur, idem pour les profs, idem pour le bâtiment, etc...
Au final : chacun s'écoute parler de son propre domaine d'expertise, pond des tracts bien foireux et limite réformards puisque - de fait - issus d'un "travail" sur une réforme ou une lutte syndicale précise (demandant donc l'application d'une loi ou d'un article du code du travail, etc), et personne ne partage rien.
Pire : on peut même en venir à se "tirer dans les pattes" pour hisser le pavillon de "sa" lutte, forcément plus mieux, grave et urgente que celle des autres, en haut du mât de l' "unité" confédérale...

Et là, tu sais que t'as franchi la "ligne Jaune" Image du corporatisme.

Donc effectivement, la "sectorisation" faut s'en méfier.

rosa a écrit:continuer (pour ceux qui en ont le courage!) à progresser en économie

Sans moi ^^ Image

rosa a écrit:l'expérience nous montre qu'une organisation révolutionnaire sans base/cohérence idéologique forte est, de fait, vouée à s'auto-dissoudre dans le logos dominant et nier ses principes originels.

Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. Image

rosa a écrit:Nous, pour le moment, on arrive à fournir une petite littérature politique qui n'a à rougir de personne, et par dessus le marché on est parmi les seuls à lutter sans compromission. On sait à quoi s'en tenir! 8)

Oui : faut garder le cap !

(j'adore cette image d'un bateau naviguant sur les flots ^^ L'idéologie, c'est une boussole : elle te montre où aller et t'évite de te perdre. La pratique, c'est comment y aller (et sans faire de fausse manoeuvre ni couler le bateau, tant qu'à faire !) : préparer la bouffe pour l'équipage, nettoyer les ponts, hisser les voiles, réparer ce qui doit l'être... que de choses exigeant une bonne (auto!)gestion :wink: ).

(bon, bien sûr, y'en a qui n'ont rien compris à cette métaphore et qui confondent tout : ils mettent l'idéologie en fond de cale, en espérant/pensant la décharger sur place une fois arrivés à bon port... sauf qu'ils y arriveront jamais au port, puisqu'ils ont pas de boussole. C'est un peu comme participer à La Route du Rhum, mais sans savoir où est l'arrivée ^^' T'auras beau tracer vachement vite, ça sert à rien...)
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar non defini » Lundi 14 Fév 2011 16:12

passez à l'acte : http://www.facebook.com/video/video.php ... 1754645608 ça marche je viens de vérifier.
Ou encore : http://www.kultkino.ch/kultkino/besonde ... _francaise là aussi, ça marche mais il faut faire glisser vers le bas à droite de l'écran pour être en phase avec le film.
Amusez-vous bien et ne nous prenons pas au sérieux. La vie est beaucoup plus belle que ce qu'en disent les hommes.
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar l autre » Mardi 24 Déc 2013 10:14

Paul Anton a écrit:CNT-AIT, qui sommes nous ?

La Confédération Nationale du Travail (créée à Paris en 1946) est la section française de l’Association Internationale des Travailleurs fondée en 1922-23, en opposition aux Internationales dites d'Amsterdam (réformiste) et de Moscou (bolchevique). La CNT-AIT est une organisation se référant à l'anarchosyndicalisme qui trouve son origine dans le mouvement ouvrier révolutionnaire et son affirmation de la lutte des classes (l'antagonisme irréconciliable entre le Travail et le Capital). Dans sa théorie et sa pratique, l'anarchosyndicalisme se veut globaliste ; il pose comme principe directeur l'interaction et l'interpénétration entre eux des phénomènes économiques, politiques et sociaux. Ces phénomènes sont liés et ne résultent que de la seule praxis des Hommes qui font l'Histoire.
L'anarchosyndicalisme est antiétatique car la fonction de l'État est de maintenir la domination d'une classe sociale sur une autre classe, actuellement celle des nantis (bourgeois, capitalistes, rentiers, patrons, bureaucrates et technocrates...) sur la classe des exploités ; a contrario les zélateurs de l'État pensent qu'il est la garantie suprême de l'intérêt général, il serait même indépassable. L'État est par nature coercitif et dispose d'appareils répressifs (justice, police, armée) et idéologiques (partis politiques, syndicats-réformistes, médias, école, organismes culturels et sportifs...), tous ces appareils nous encadrent du berceau à la tombe : « la vie est un enjeux politique » (biopolitique). L'État est devenu hypertrophié et il n'a guère besoin pour le moment de recourir à une violence physique massive, vue la soumission à son ordre.
L'anarchosyndicalisme est antiparlementariste (Sénat, Assemblée Nationale, collectivités territoriales, comités d'entreprises et autres organismes) et prétend que le fondement d'une véritable démocratie ne saurait être ni la délégation de pouvoir, ni l'artifice du vote majoritaire. D'autre part, le parlementarisme et sa machinerie institutionnelle sont également le lieu de la collaboration de classe : être soit-disant un partenaire du dialogue social auprès des nantis. Cette machinerie institutionnelle possède la capacité de se détacher et de s'autonomiser du reste de la société, en se pérennisant par un recrutement dans les hautes écoles, contribuant par là-même au népotisme – cette machinerie institutionnelle glorifie la domination avec l'alibi de sa légitimité.
L'anarchosyndicalisme est anticapitaliste. Dans le mode de production capitaliste, nous sommes réduit à l'état de marchandise et subissons l'exploitation : nous sommes obligés de vendre notre force de travail pour assurer la satisfaction de nos besoins fondamentaux. En effet, les capitalistes, détenant les moyens de production, tirent de notre travail (non rémunéré ou « surtravail ») la plus-value, dont la finalité est de valoriser le capital et d'accroitre le profit, le capital s'accumulant toujours au détriment de la classe des exploités : la contrepartie est chômage, précarité, maladies, misère, famine, guerre, désastres économiques… Certes, les capitalistes octroient des miettes pour que nous nous abrutissions dans le divertissement (le spectacle, si l'on préfère) et l'opium de la consommation à crédit (soupape ayant permis de maintenir le système jusqu'à ce jour).
L'anarchosyndicalisme vise l'abolition de l'État, du parlementarisme et du capitalisme pour leur substituer une société des égaux où le triomphe du « communisme libre » (rien à voir avec le fascisme rouge de l'URSS et son capitalisme d'État). Au non de la justice sociale, Le communisme libre repose sur cette théorie de la répartition égalitaire de toutes les richesses produites pour les besoins de la communauté, dans le cadre d'une démocratie directe.
L'anarchosyndicalisme défend la mise en place des « conseils », dont l'idée émane de la Première Internationale notamment de son aile bakouniniste (et fut mise en pratique pendant le soulèvement parisien de 1871) : ils seraient les organes d'une fédération des communes libres et autonomes à une échelle mondiale. Par conséquent, l'anarchosyndicalisme rejette toutes les frontières politiques et nationales arbitrairement fixées des États-nations : il affirme l'universalisme libertaire. L'anarchosyndicalisme se défie des luttes de libération nationale et régionale, n'y voyant que le champ clos des rivalités entre les nantis qui s'affrontent pour assurer l'expansion de leur privilèges respectifs. Les nationalismes ne font qu'illustrer les contradictions dans lesquelles sont confrontés les nantis. En même temps, nationalisme et régionalisme servent d'arme pour annihiler la conscience des intérêts de classe des exploités et des opprimés. Pour ce faire, l'anarchosyndicalisme promeut au quotidien l'action directe : c'est-à-dire agir par et pour soi-même, « sans Dieu, ni Maître ». L'action directe est donc l'acquisition d'une éducation pour acquérir son autonomie. L'action directe forge une trempe d'hommes et de femmes sachant défendre leurs intérêts de classe. Ces hommes et ces femmes structurent « la résistance populaire autonome », comme phase dynamique d'une grève générale pouvant établir le communisme libre.
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar l autre » Mardi 24 Déc 2013 10:16

je propose de partir de ce texte pour discuter sur la question de ce que peut être l anarcho-syndicalisme
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar Lambros » Mardi 24 Déc 2013 14:51

Pour moi, et les compagnons de l'ASF-AIT australienne que j'ai rencontré pensaient pareil, c'est l'anarchisme organisé.

C'est un groupe de défense et de contre attaque, qui refuse permanent-es, subventions, et tout lien avec les partis politiques quels qu'ils soient. Refus également de la représentativité syndicale (brochure à venir...).

C'est une organisation de combat économique (ne pas oublier......), politique, culturel et social.

Après c'est un syndicat anarchiste, pas d'anarchistes...
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar kuhing » Mardi 24 Déc 2013 18:04

l autre a écrit:
Paul Anton a écrit:CNT-AIT, qui sommes nous ?

La Confédération Nationale du Travail (créée à Paris en 1946) est la section française de l’Association Internationale des Travailleurs fondée en 1922-23, en opposition aux Internationales dites d'Amsterdam (réformiste) et de Moscou (bolchevique). La CNT-AIT est une organisation se référant à l'anarchosyndicalisme qui trouve son origine dans le mouvement ouvrier révolutionnaire et son affirmation de la lutte des classes (l'antagonisme irréconciliable entre le Travail et le Capital). Dans sa théorie et sa pratique, l'anarchosyndicalisme se veut globaliste ; il pose comme principe directeur l'interaction et l'interpénétration entre eux des phénomènes économiques, politiques et sociaux. Ces phénomènes sont liés et ne résultent que de la seule praxis des Hommes qui font l'Histoire.
L'anarchosyndicalisme est antiétatique car la fonction de l'État est de maintenir la domination d'une classe sociale sur une autre classe, actuellement celle des nantis (bourgeois, capitalistes, rentiers, patrons, bureaucrates et technocrates...) sur la classe des exploités ; a contrario les zélateurs de l'État pensent qu'il est la garantie suprême de l'intérêt général, il serait même indépassable. L'État est par nature coercitif et dispose d'appareils répressifs (justice, police, armée) et idéologiques (partis politiques, syndicats-réformistes, médias, école, organismes culturels et sportifs...), tous ces appareils nous encadrent du berceau à la tombe : « la vie est un enjeux politique » (biopolitique). L'État est devenu hypertrophié et il n'a guère besoin pour le moment de recourir à une violence physique massive, vue la soumission à son ordre.
L'anarchosyndicalisme est antiparlementariste (Sénat, Assemblée Nationale, collectivités territoriales, comités d'entreprises et autres organismes) et prétend que le fondement d'une véritable démocratie ne saurait être ni la délégation de pouvoir, ni l'artifice du vote majoritaire. D'autre part, le parlementarisme et sa machinerie institutionnelle sont également le lieu de la collaboration de classe : être soit-disant un partenaire du dialogue social auprès des nantis. Cette machinerie institutionnelle possède la capacité de se détacher et de s'autonomiser du reste de la société, en se pérennisant par un recrutement dans les hautes écoles, contribuant par là-même au népotisme – cette machinerie institutionnelle glorifie la domination avec l'alibi de sa légitimité.
L'anarchosyndicalisme est anticapitaliste. Dans le mode de production capitaliste, nous sommes réduit à l'état de marchandise et subissons l'exploitation : nous sommes obligés de vendre notre force de travail pour assurer la satisfaction de nos besoins fondamentaux. En effet, les capitalistes, détenant les moyens de production, tirent de notre travail (non rémunéré ou « surtravail ») la plus-value, dont la finalité est de valoriser le capital et d'accroitre le profit, le capital s'accumulant toujours au détriment de la classe des exploités : la contrepartie est chômage, précarité, maladies, misère, famine, guerre, désastres économiques… Certes, les capitalistes octroient des miettes pour que nous nous abrutissions dans le divertissement (le spectacle, si l'on préfère) et l'opium de la consommation à crédit (soupape ayant permis de maintenir le système jusqu'à ce jour).
L'anarchosyndicalisme vise l'abolition de l'État, du parlementarisme et du capitalisme pour leur substituer une société des égaux où le triomphe du « communisme libre » (rien à voir avec le fascisme rouge de l'URSS et son capitalisme d'État). Au non de la justice sociale, Le communisme libre repose sur cette théorie de la répartition égalitaire de toutes les richesses produites pour les besoins de la communauté, dans le cadre d'une démocratie directe.
L'anarchosyndicalisme défend la mise en place des « conseils », dont l'idée émane de la Première Internationale notamment de son aile bakouniniste (et fut mise en pratique pendant le soulèvement parisien de 1871) : ils seraient les organes d'une fédération des communes libres et autonomes à une échelle mondiale. Par conséquent, l'anarchosyndicalisme rejette toutes les frontières politiques et nationales arbitrairement fixées des États-nations : il affirme l'universalisme libertaire. L'anarchosyndicalisme se défie des luttes de libération nationale et régionale, n'y voyant que le champ clos des rivalités entre les nantis qui s'affrontent pour assurer l'expansion de leur privilèges respectifs. Les nationalismes ne font qu'illustrer les contradictions dans lesquelles sont confrontés les nantis. En même temps, nationalisme et régionalisme servent d'arme pour annihiler la conscience des intérêts de classe des exploités et des opprimés. Pour ce faire, l'anarchosyndicalisme promeut au quotidien l'action directe : c'est-à-dire agir par et pour soi-même, « sans Dieu, ni Maître ». L'action directe est donc l'acquisition d'une éducation pour acquérir son autonomie. L'action directe forge une trempe d'hommes et de femmes sachant défendre leurs intérêts de classe. Ces hommes et ces femmes structurent « la résistance populaire autonome », comme phase dynamique d'une grève générale pouvant établir le communisme libre.
« Nous allons recevoir le monde en héritage. La bourgeoisie peut bien faire sauter et démolir son monde à elle avant de quitter la scène de l’Histoire. Nous portons un monde nouveau dans nos cœurs. » (Buenaventura Durruti)

Paul Anton

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Je trouve ce texte un peu dépassé même si je suis d'accord avec la caractérisation de l'Etat qui y est faite.

Mais ce qui me dérange le plus dans cet article c'est que je ne vois pas en quoi le terme "d'anarcho-syndicalisme" est plus adapté que le seul "anarchisme" pour exprimer ce qui est dit par Durruti.

Durruti se met en opposition au réformisme sans développer ni argumenter plus. ( peut-être le fait-il ailleurs ? )
Il affirme seulement : " l ' anarcho-syndicalisme c'est ci , c'est ça."

Personnellement la question que je me pose est que le syndicalisme par essence est destiné à combattre pour les revendications immédiates : augmentation de salaires, lutte pour l'emploi etc, etc ...
Hors ces revendications se situent dans le cadre du système existant.
L'articulation entre elles et le projet , l'objectif d'une société sans classes ni Etat, sans transition institutionnelle de quel ordre que ce soit ( même décidée par une collectivité ou un "conseil" ) me parait impossible à faire : Elle est trop acrobatique.

La contradiction entre la revendication immédiate et le projet anarchiste est trop importante .

Même si ça peut paraître idéologique pour certains, il me semble plus opportun de proposer, d'évoquer directement le passage à un système non-marchand que de prendre le détour de réclamer "des gommes et des crayons" à ceux qui les distribuent et, cela même si c'est ce qui les touche directement.
ça me parait être du réformisme déguisé qui mène à une impasse et freine l'élévation du niveau de conscience.

Tout cela pose donc la question : " faut-il un meilleur esclavage ou plus d'esclavage du tout ?" et peut on se battre pour les deux à la fois ?
Pour moi c'est non.
Parce que cela aboutit à des situations où, comme pour le débat sur la prostitution où cela m'est apparu clairement, on défend les droits des prostitué-e-s tout en étant contre la prostitution et pour sa disparition. Mais défendre les droits des prostitué-e-s c'est de fait entériner et accepter la prostitution ( ce qu'expriment d'ailleurs plus ou moins clairement, certains ici-même )

Ces deux combats me paraissent personnellement incompatibles et c'est le désaccord majeur que j'ai avec cette stratégie "syndicale" de certains anarchistes ( d'après ce que j'en ai saisi )

J'espère me faire bien comprendre.
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar Lambros » Mercredi 25 Déc 2013 22:27

Je suis bien d'accord sur le fond. Cependant, on se trouve obligé de lutter pour des revendications immédiates (genre à mon taf, maintien de tous les contrats...). Il y a la manière de mener la lutte qui compte aussi. Faire venir des personnes aux pratiques anarchistes (le plus important pour moi), ce n'est pas sur un tract, un journal etc... Et sur certaines luttes (personnes en situation d'étrangisme notamment), je considère qu'il n'y a pas de petites victoires...

Après il est clair qu'on ne veut pas de miettes,par exemple localement on a aucunes revendications. La seule qu'on discute, c'est l'accès aux besoins fondamentaux pour toutes et tous.... ce qui implique l'abolition du salariat... Je suis, personnellement, partisan de la réduction du temps de travail aussi.
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar kuhing » Jeudi 26 Déc 2013 12:32

Lambros a écrit: je considère qu'il n'y a pas de petites victoires...



Mais peut-il y avoir des victoires, même petites ?
Je veux dire des victoires durables et qui ne sont pas compensées globalement par des défaites ailleurs ?

Personnellement je ne le crois pas et, il ne s'agit pas pour nous, anarchistes, de créer l'illusion qu'il est possible, dans le cadre de ce système, d'habiller Paul sans déshabiller Pierre.
Si nous avons le moindre petit rôle à jouer dans cette histoire c'est bien de participer, même de façon limitée, à l'élévation du niveau de conscience général. ( sans pour autant se prendre la tête et se considérer comme les détenteurs de "la vérité" )

Et, si l'on sait que ce qui est donné d'un coté, même après une lutte syndicale honnête, est forcément repris de l'autre par le système, je ne vois pas comment trouver l'articulation entre le projet global de la société dans classes et la revendication immédiate qui par essence est corporatiste ou limitée à un catégorie sociale.

Ceci dit, j'admets que la question n'est pas évidente à traiter.
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar l autre » Jeudi 26 Déc 2013 15:00

ont touchent la un des difficultés théorique de A-S ; Sur la texte il part directement sur une rupture idéologique mais ne dit rien sur l aspect revendications . Bon comme l A-S est complexe partons de ces revendications. Je pense que en soit une revendications peut être rupturiste ou intégrationniste c'est le contexte qui détermine ce qui est possible. par exemple demander plus de pouvoir d achat en périodes de croissance est bon pour le système pas en périodes de crise comme actuellement . Car cela réduit la compétitivité et la marge bénéficiaire. Mais revendiquer de meilleures conditions de vie ce n est pas rendre caduc l exploitation mais bien négocier ou supporter un taux d'exploitation variable. L A-S vise le communisme libertaire c est a dire comme dit dans l article de Anton l'abolition des rapports d' exploitations.
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Re: CNT-AIT, qui sommes nous ?

Messagepar Lambros » Jeudi 26 Déc 2013 19:40

Quelques "petites" "victoires" (les 2 entre guillemets...) :

-des papiers pour une personne en situation d'étrangisme (par exemple localement, le gars était surexploité, on a obtenu des papiers, il a un énorme salaire désormais, on reste en contact)
-une compagne pour un accident de travail, sa direction a tout fait pour qu'elle paye tout de sa poche, après 2 ans de lutte.
-en Angleterre, faire reculer toute une entreprise au niveau national sur son plan de workfare...
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