PEUT ON UILISER LA LOI POUR DEVELOPPER UNE ORGANISATION ?

Sommier théorique et affinités idéologiques !

PEUT ON UILISER LA LOI POUR DEVELOPPER UNE ORGANISATION ?

Messagepar SOLIDARITE » Jeudi 08 Juil 2010 7:49

Peut on utiliser la loi pour développer un organisation révolutionnaire sur le lieu de travail ?

Cette question est aussi vieille que le mouvement révolutionnaire en général, et que le mouvement anarchosyndicaliste en particulier.

Elle suscite toujours des débats vifs et passionnés. Elle a été à l'origine d'une multitude de scission dans le mouvement au niveau international comme français.

En France, elle a été le facteur décisif de la scission survenue il y a presque 20 ans dans la CNT, entre d'une part une tendance pour qui le cadre légal pouvait être utilisé de façon tactique (position qui - avec le temps - à évolué en l'affirmation qu'il était impossible de faire autrement. Autrement elle est passée d'une possibilité à une obligation ...) et une position intransigeante d'affirmation qu'on ne peut utiliser un cadre que l'on dénonce et combat sans y "perdre son âme" et rendre impossible tout processus révolutionnaire. La première position est celle de la CNT dite Vignoles (nom de la rue de son local parisien) alors que la seconde est celle de la CNT-AIT.

Cette question du cadre légal qui encadre l'organisation que se donne les travailleurs, et donc de la représentativité qui y est associé, refait surface ces dernières années, un peu partout. En effet l'évolution de l'organisation du système capitalisme mais aussi de la composition de la classe laborieuse (en terme de secteur d'activité, mais aussi de sa sociologie propre) oblige les Etats à adapter ses systèmes légaux d'encadrement et de régulation des relations entre classes.

Avec ces nouvelles lois, la question sur la possibilité d'utiliser le cadre légal pour renforcer et développer les organisations "syndicalistes révolutionnaires" (et a fortiori anarchosyndicalistes) est de nouveau sur la table.

La récente lutte de la FAU Berlin autour de son interdiction de se npmmer syndicat met aussi le sujet au devant de l'actualité. Car si en effet il y a eu un élan unanime de solidarité avec les compagnons en butte à la répression, tous n'étaient pas animés des mêmes motivation : si les uns voyaient dans cette lutte une bataille pour la reconnaissance légale et donc une bataille en faveur de l'utilisation du cadre légal au profit de l'organisation révolutionnaire (lire à ce sujet le communiqué des Vignoles qui est tout à fait explicite), d'autres (dont nous) appuyaient cette lutte en défense de l'autonomie des travailleurs, leur capacité d'auto-organisation en dehors du cadre légal, lequel est inapte à fonder la légitimité de l'(auto-) organisation des travailleurs. L'autonomie ouvrière ne trouve se légitimité qu'en elle même (ou plutôt dans la volonté des travailleurs eux mêmes : l'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux mêmes), et non dans le cadre institutionnel légal:


Afin de permettre que s'instaure un discussion, je copie / colle ici des textes parus récemment sur ce sujet au niveau international (IWW USA, CNT AIT Espagnole [traduction en cours], ainsi que des liens vers des textes d'analyse écrits par le passée par la CNT-AIT française mais qui restent d'actualité)

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¿Existe libertad sindical en España?


En 2010, treinta y cinco años después de la muerte del Dictador, puede parecer ocioso o sorprendente el hacerse esta pregunta. No obstante, la realidad cotidiana nos indica que la respuesta a ella ha de ser negativa, y lo sorprendente -si no supiéramos que la conciencia de clase, como norma general, brilla por su ausencia- es que no se escuche un clamor unánime de los trabajadores, exigiendo esa libertad primordial de la que se carece.

Aunque no los viviéramos, sentimos nostalgia de aquellos tiempos en los que los trabajadores se movilizaban al grito de: ¡Asociación o muerte!, pues ese lema era toda una declaración de principios. Y muertos, heridos, encarcelados, torturados y represaliados bajo las más diversas formas los tuvo en abundancia el movimiento obrero, muy especialmente el de inspiración libertaria. Hoy, sin embargo, y a pesar de tantos sacrificios, los cenetistas hemos de permanecer en nuestros centros de trabajo, en no pocos casos, en una situación de auténtica clandestinidad, porque es muy habitual que el mero hecho de que un compañero se presente como delegado de la sección sindical de la CNT en una empresa conlleve el despido fulminante, y aunque en casos concretos se hayan dictado sentencias considerando nulos tales despidos, son muchísimas también las ocasiones en las que los jueces o tribunales nos han sido adversos, logrando -a lo máximo- que el despido sea considerado improcedente; es decir, que ha imperado la voluntad de la empresa, y se han frustrado las expectativas de implantación de la CNT en ella.

Además, cuando la CNT entra en conflicto con una empresa suele tener también enfrente a los pseudosindicatos que constituyan el comité de esa empresa concreta; da igual que sean CCOO y UGT (en la mayoría de los casos) o cualquiera de las otras organizaciones mal llamadas sindicales (léase USO, CSIF, CGT, etc.). El caso es que tales organizaciones toman partido, generalmente, por la empresa y en contra, evidentemente, de la CNT.

¿Para qué sirve, pues, la pomposamente denominada Ley Orgánica de Libertad Sindical? Absolutamente para nada, porque las leyes las hacen los siervos del capitalismo que se sientan en los escaños del Congreso y del Senado, y las hacen, lógicamente, al gusto de sus amos, como hemos visto claramente hace sólo unos días con toda la serie de medidas antiobreras denominadas eufemísticamente por el Gobierno medidas urgentes para la reforma del mercado de trabajo. La LOLS es, precisamente, la plasmación de la ausencia de libertad sindical en España, al considerar sindicatos más representativos a aquellos que obtengan un 10 por ciento a nivel nacional o un 15 por ciento a nivel autonómico de los delegados de personal o miembros de los comités de empresa (cifra, por cierto, ridícula), otorgándoles unos privilegios que se niegan a los que no alcanzan ese porcentaje o a la CNT, que los rechaza y que, por sus principios anarcosindicalistas, no participa en la farsa de la elecciones sindicales, que consisten en trasplantar al ámbito de los centros de trabajo el sistema parlamentario democrático-burgués de democracia representativa.

La CNT, lo mismo que se opuso a los llamados Pactos de la Moncloa (y lo pagó muy caro) se opuso en su momento al Es-
tatuto de los Trabajadores, por considerarlo -porque lo es- un compendio de medidas disciplinarias y restrictivas al servicio de los patrones, entendiendo, además, que el intervencionismo estatal superaba, incluso, al del régimen franquista. Y si durante el franquismo existían unos sindicatos verticales a los que era obligatorio que los trabajadores estuvieran afiliados, ahora hay otros sindicatos verticales a los que no es obligatorio pertenecer, pero que deciden en nombre de todos los trabajadores sin pedirnos autorización para ello.

Para ser coherentes -ya que la experiencia ha demostrado que el análisis que nuestros compañeros hacían 30 años atrás era correcto- debemos romper el marco de la legislación laboral, pues es algo sobradamente sabido que todo derecho que se legisla se recorta, se castra y desaparece. La CNT tiene que utilizar ampliamente la acción directa, y tiene que hacer saltar la costra que impide su rápido crecimiento, tan necesario, especialmente en estos momentos, en los que los trabajadores necesitan de una organización como la nuestra, que haga frente al sistema capitalista y a todas las injusticias que le acompañan.

Y eso no se hace ni utilizando las leyes burguesas ni mendigando una libertad sindical que no tenemos y que no nos regalaran jamás. La libertad no se mendiga, se conquista. Y eso no se hace con leyes, jueces y abogados, sino con la acción directa, decidida y revolucionaria de los militantes anarcosindicalistas de la CNT.


Editorial de CNT, mensuel de la CNT AIT espagnole, juillet 2010

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quote]Employee free choice act – EFCA : débat autour de la représentativité syndicale aux Etats Unis

(traduction d'un article de Industrial worker paru en mai 2009, introduction au texte parue dans Anarchosyndicalisme ! n*117)

Un débat agite en ce moment nos compagnons des IWW. Il porte sur la notion de représentativité syndicale, du fait d’un projet de modification des règles de reconnaissance légale des sections syndicales d’entreprises. Pour faire vite, ce projet est, dans sa forme, l’inverse de la nouvelle réglementation sur la représentativité récemment entrée en vigueur en France. Alors qu’en France le processus institutionnel et électif est renforcé, aux Etats-Unis au contraire le projet consiste à simplifier la procédure et notamment à permettre la reconnaissance de la section syndicale sur simple déclaration. Bien que l’administration Obama semble finalement avoir décidé d’enterrer le projet, le débat se poursuit dans les IWW au-delà de la seule question tactique, pour aborder la question de la stratégie que doit adopter une organisation pour ne pas renoncer à une perspective révolutionnaire, au profit d’une facilité immédiate et illusoire. Ce débat, qui a parcouru le mouvement anarchosyndicaliste européen tout au long des années 1990 et 2000, débouchant sur plusieurs scissions dans l’AIT, traverse donc maintenant l’Atlantique. S’il n’est pas question de scission là-bas*1, il est intéressant de voir que certains points de vue convergent avec la position des anarchosyndicalistes européens, pour un rejet de toute représentativité légale, analysée comme un compromis avec le système salarial et étatique. Nous traduisons ici la synthèse de deux articles parus dans Industrial Worker, le journal des IWW de février et mai 2009, respectivement de Adam W. etTom Levy et qui vont dans le même sens.

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Depuis Reagan et la grève des Contrôleurs aériens de 1981*2, les USA n’avaient pas connu un tel débat sur le devenir du mouvement organisé du travail dans ce pays. Avec l’élection de Barrack Obama et le Parti démocrate qui détient la majorité des sièges dans les deux chambres du Congrès américain, les dirigeants syndicaux espèrent que leurs millions de dollars de contributions à la campagne électorale porteront leurs fruits avec l'adoption du projet de loi.
En substance, l'EFCA viendrait modifier la législation du travail en vigueur aux États-Unis,en autorisant les syndicats à obtenir leur représentativité officielle dans l’entreprise si une majorité de travailleurs signent une carte autorisant le syndicat à les représenter, évitant ainsi la périlleuse voie électorale dominée par le patronat. Une fois qu'un syndicat est reconnu, les employeurs doivent commencer à s'asseoir en pourparler avec le syndicat dans les dix jours. Si aucun accord n'est atteint, des médiateurs du gouvernement peuvent forcer les employeurs à signer un premier contrat avec le syndicat, et ce même sans vote des travailleurs. L'EFCA augmenterait également considérablement les sanctions pour les entreprises qui violeraient les droits des travailleurs, comme les licenciements pour motif syndical, dont les Etats Unis détiennent le record par rapport au reste du monde industrialisé.

Qu’est ce que les membres des IWW pensent de cela? Nous sommes un syndicat international petit mais croissant, avec une vision d'un monde complètement différent. Pas un vague changement tel celui promis par les deux partis [Démocrates et Républicains] dans les élections présidentielles américaines, mais un monde sans patrons, où les travailleurs de tous les jours sont dans le siège du conducteur, et où les espoirs et les rêves d'un monde meilleur peuvent être véritablement réalisés. Est-ce que la mise en place de l'EFCA nous rapprochera de notre vision d'un monde nouveau? Il y a certainement beaucoup d'espoir dans le changement que l'EFCA pourrait apporter, mais il faut examiner de façon plus critique si l’éventuel passage de l’EFCA entrainerait des changements substantiels.

Peser le pour et le contre de l’EFCA

Entamons le débat sur les aspects positifs. A première vue, l’EFCA peut apparaître comme le « sauveur » du mouvement syndical. Après tout, les grands syndicats traditionnels ont essayé de sécuriser une législation comme celle-ci pendant des années ; ils en chantent donc largement les louanges, avec des arguments qui vont de «un grand pas en avant» jusqu’à « une remède qui guérira tout ». Les patrons, de l’autre côté, sont prêts à dépenser des millions dans des campagnes de relation publique pour s’opposer à ce projet. Très récemment, un lobbyiste anti-syndical de haut niveau a mis en garde les patrons d’industrie contre le processus de syndicalisation qui conduirait au «trépas d’une civilisation ».
Pour Tom Levi, sûrement, la reconnaissance syndicale par carte est une manière beaucoup plus équitable pour les travailleurs de sécuriser un accord de négociation collective. Au lieu d’élections qui se tiennent dans les locaux sous le regard du patron qui peut intimider, et licencier les militants, dans une procédure par carte les travailleurs signent simplement une carte autorisant le syndicat à être leur agent de négociation. Si 50 % des employés plus un signent, l’entreprise est légalement obligée de reconnaître le syndicat.
De plus, les pénalités augmentées en cas de licenciements pour motifs syndicaux devraient obliger un peu plus les patrons à respecter la loi et offrir une protection supplémentaire aux militants des syndicats. Finalement, un contrat de négociation collective, même imposé par le gouvernement, pourrait aboutir à augmenter les salaires et à améliorer les conditions de travail, y compris des non syndiqués. Les leaders syndicaux pensent ainsi que cela devrait permettre d’augmenter le nombre de syndiqués aux USA.
Mais Adam W ne partage pas ce point de vue. Il reste sceptique quant à la possibilité que cette loi passe : pas seulement parce que Obama a nommé un gouvernement centriste d'ancien fonctionnaires de Clinton, mais surtout parce que chaque fois qu’un président Démocrate est venu au pouvoir il a trahi le monde du travail. Par ailleurs il conteste que ce processus puisse augmenter la syndicalisation. Le Canada, par exemple, a un système similaire de contrôle des cartes et de lois d'arbitrage. Or le taux d’adhésion syndicale dans le privé, d’environ 17 pour cent (contre moins de 8 aux USA) , décline : en effet, malgré les lois, les entreprises canadiennes ont continué d'utiliser efficacement les licenciements antisyndicaux pour empêcher les travailleurs de s'organiser et elles révoquent la reconnaissance des syndicats existants malgré leurs taux d’adhésion plus élevés, les nouveaux qui se créent à la suite ayant des taux proches de ceux des États-Unis.

Pour Adam W., l’adoption de l’EFCA par les dirigeants syndicaux est en fait le plus inquiétant. Ils sont victime de la même illusion qui les a infecté lors de l'adoption de la Loi nationale sur les relations du travail (NLRA) en 1935: ils ont échangé une plus grande facilité d’adhésion syndicale et la paix sociale contre la combativité militante sur le terrain d’entreprise qui peut réellement lutter efficacement pour gagner contre les employeurs. Si les syndicats sont en mesure d'obtenir la reconnaissance par le biais de vérification des cartes plus facilement qu'ils n'auraient pas pu l’obtenir par la lutte pour la reconnaissance volontaire, cela augmentera considérablement la probabilité que les grandes centrales syndicales rencontrent les employeurs à la table des négociation, avec des piles de cartes d'autorisation de travailleurs passifs, plutôt que des comités de base bien organisés nécessaires pour gagner. Ces syndicats se fonderait sur des contrats de deux ans, imposés par le gouvernement, contre lesquels les travailleurs ne seront pas en mesure de se prononcer contre et qui visent à interdire aux travailleurs de faire grève.

Dans l'ensemble, une grande partie du raisonnement des leaders syndicaux vise à encourager un « court-circuit » pour la reconstruction du mouvement ouvrier, en se fondant sur les lois du gouvernement plutôt que sur le travail acharné de l'organisation et de la lutte contre les patrons chaque fois que nécessaire. Ce raisonnement se base sur une analogie pas vraiment subtile faite entre l’EFCA et la NLRA de 1935, qui a permis l’organisation massive des syndicats industriel dans le sillage de la rupture de la CIO d’avec l’AFL].

Mais cette analogie ne tient pas la route. L'insurrection des travailleurs des années 1930 aux États-Unis a été un mouvement de masse des travailleurs qui ont frappé et occupé les usines en grande partie sans aucune direction syndicale et avant la formation de la CIO. Le gouvernement a réagi à cette évolution en faisant passer la loi NLRA en 1935, dans le but de refroidir les grèves perturbatrices en offrant aux travailleurs le droit de négocier collectivement. Au cours des années qui ont suivi, le CIO a ensuite été en mesure de balayer les insurgés en les intégrant dans ses rangs alors la vague des occupations a culminé en 1936-37. Au cours de la décennie suivante, le CIO a travaillé sa propre « paix sociale » à travers la signature clauses de non-grève,en limitant la capacité des travailleurs à traiter de leurs doléances sur les ateliers, et en dérivant l’énergies des travailleurs dans la politique électorale. Pour Adam W., cet arrière plan devrait être gardé à l'esprit chaque fois que nous entendons les arguments que ce sont les lois et les représentants syndicaux qui font l'histoire et non les travailleurs eux-mêmes.

Chaque concession du gouvernement aux syndicats est au dépend de l’autonomie de lutte des travailleurs
Car comme le rappelle Tom Levi, au-delà des conditions de classe, il y a un autre angle de vision qui doit être considéré, celui du pouvoir de classe. Parmi les nombreuses leçons que l’histoire à appris à la classe des travailleurs, peu sont aussi importante que cette vérité simple : chaque fois que le gouvernement offre ce qui apparaît comme une concession aux syndicats, se fait aux dépends de la capacité des travailleurs d’agir d’une manière indépendante et militante.
Tout d’abord, l’EFCA suppose que les contrats syndicats-entreprises sont les seuls moyens pour établir un syndicat dans une entreprise. C’est en donc finit du temps où les travailleurs annonçaient la formation d’un syndicat avec une grève pour sa reconnaissance. Les travailleurs ont été systématiquement empêchés de faire respecter le règlement syndical du travail et de remédier aux revendications par des « grèves éclair ». Pratiquement tous les contrats syndicaux [signés avec les entreprises] contiennent désormais une clause de «non grève », qui interdit les grèves pendant la durée du contrat[3]. Au lieu que le syndicat soit le véhicule de l’action collective des travailleurs, le syndicat devient responsable de faire la police de l’activité des travailleurs. Tristement, de nombreuses grèves pourtant nécessaires ont été stoppées nettes par des représentants syndicaux plus concernés par la protection de leur propre statut comme gardiens du contrat que par l’amélioration des conditions de travail de leurs membres[4].
De plus, il faut considérer les implications de l’arbitrage gouvernemental. Il s’agit d’un processus par essence anti-démocratique. Les travailleurs n’auront pas la possibilité de voter sur les contrats arbitrés. Pire encore, les arbitres incluront inévitablement cette fameuse clause de « non grève » ainsi que des clauses dites des « droits de la Direction». Les droits de la Direction interdisent aux travailleurs de prendre part aux décisions sur l’embauche et les licenciements, sur les investissements des profits, et d’autres activités cruciales pour l’entreprise. L’arbitrage gouvernemental combiné avec les clauses de non-grèves et celles des droits de la Direction, limiteront sévèrement la possibilité pour les syndicats de fonctionner comme des groupes sociaux démocratiques, conduits par les travailleurs eux-mêmes. A la place, sous les dispositions de l’EFCA, le syndicalisme de service deviendra la norme générale, imposé par la loi.
Bureaucrates, médiateurs et avocats versus comités de travailleurs autonomes
Sans aucun doute, sous l’EFCA, les syndicats permettront d’avoir de meilleurs salaires, de recevoir plus de bénéfices, d’avoir plus de jours de congés et de travailler dans de meilleures conditions. Mais tout cela se fera au dépend du pouvoir de Classe. Dit autrement, le soit-disant « libre choix des employés » retirera aux travailleurs leur autonomie vis-à-vis de l’état capitaliste [5]. Les travailleurs seront légalement empêchés de contrôler leurs propres syndicats. Les bureaucrates syndicaux, les arbitres gouvernementaux, les avocats spécialisés en droit du travail et les politiciens feront écran entre les travailleurs et leur capacité d’utiliser l’action directe et la solidarité.
Tom Levi de nous rappeler : au lieu de regarder les politiciens et les bureaucrates syndicaux, les travailleurs peuvent et doivent prendre leurs propres affaires en mains. Nous devons utiliser des techniques d’action directe telles que tenir de piquets de masse devant les entreprises et refuser de passer la ligne des piquets, ralentir les cadences, boycotter les produits issus d’entreprises anti-syndicats ou produits par des jaunes, et surtout se mettre en grève. De ces façons nous agissons en tant que classe et ne comptons que sur la solidarité de classe pour rendre de telles actions victorieuses. Bien sûr, il va sans dire que l’augmentation du pouvoir de classe amènera immanquablement à l’amélioration des conditions de classe. En utilisant l’action directe et la solidarité, nous sommes sûrs d’obtenir de meilleures conditions de classe et surtout de le faire selon nos propres termes.
Pour Tom Levi et Adam W., les IWW ne devraient pas s’opposer à l’EFCA, mais ne devraient certainement pas faire campagne en sa faveur. Ils pensent qu’il faut saisir l’opportunité ouverte par le débat autour de l’EFCA pour éduquer les membres des IWW sur la nécessité du pouvoir de classe. Seule la capacité des travailleurs à agir indépendamment, démocratiquement et de façon autonome comme une classe conduira les travailleurs d’Amérique à obtenir bien plus que ce qui ne sera jamais possible à travers l’EFCA. Sans importantes grèves ou actions par les travailleurs qui commenceraient à effrayer tant les élites des affaires qu’elles voudront offrir un os à ronger aux travailleurs, l’histoire ne changera pas.
Cependant, bien plus que les gains matériels, c’est seulement en exerçant leur pouvoir de classe que les travailleurs pourront créer une société qui place en premier les besoins de l’être humain.
Et Adam W de conclure :

Surtout, nous devons rester extrêmement prudents et sceptiques quant aux promesses de l'EFCA et encore plus sceptique envers ceux du mouvement ouvrier qui l’encourage.

[1] L’extrême faiblesse du mouvement révolutionnaire aux USA, notamment du fait d’une répression systématique depuis les années 30, ainsi que la tradition moins politique du syndicalisme révolutionnaire américain, poussent à la coexistence dans l’organisation des points de vue parfois très opposés.

[2] Le 5 août 1981 ; Ronald Regan, président des USA, licencia 11 359 contrôleurs aériens en grève qui refusaient son injonction de reprendre le travail.

[3] Plus prêt de nous, en Espagne, dans le protocole de fin de grève après le mouvement parmi les nettoyeurs du métro de Madrid en 2007, la CGT espagnole , scission de la CNT AIT espagnole, a signé avec le patron un tel type de clause d’interdiction de grève pendant les 5 ans de validité du protocole. Nos compagnons de la CNT AIT espagnole ont refusé de signer cet accord de paix sociale car, pour reprendre leurs mots, il ne fait pas partie des objectifs de la CNT AIT de rechercher la paix sociale Cf. cnt.ait.caen.free.fr/forum/viewtopic.php?f=13&t=3572

[4] Dans un genre similaire, de protection de l’organisation plutôt que de lutte pour les exigences des membres, on se souvient que la CNT Vignoles (scission de la CNT AIT française) avait écrit au patron des restaurants Frog pour se désolidariser de la grève de ses propres membres : l’organisation avait reçue injonction légale de lever les piquets de grèves de sa section, ses membres refusant d’obéir au leader syndical et de stopper leur grève, les Vignoles ont fait le choix de la représentativité contre la lutte autonome des travailleurs. Cf. ici pour en savoir plus : http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1064

Les IWW

Les IWW (Industrial Workers of the World) sont une organisation syndicaliste américaine, née en 1905 en réponse au réformisme du syndicat institutionnel AFL. Les IWW ont développé une conception originale de l’organisation, les « syndicalisme industriel » qui tend à regrouper dans une même organisation tous les travailleurs d’une même industrie, en opposition au syndicat de métier de l’AFL. Les IWW sont parfois considérées à tort comme anarchosyndicalistes, car de nombreux anarchistes y ont participé. Il existe pourtant des divergences fondamentales, notamment sur la neutralité idéologique des IWW qui acceptent en leur sein les membres de partis politiques, et également leur organisation étroitement centralisée. Les IWW ont été la seule organisation de masse ayant existé aux USA. Elle a connu son apogée au tournant des années 1910-1920, étant la première organisation regroupant blancs et noirs dans la lutte, et s’ouvrant largement aux travailleurs immigrés non qualifiés. Elle a quasi disparu dans les années 30, entre infiltrations communistes et répression étatique. Elle a ré-émergée après 1968 et connait un petit renouveau depuis le renouveau contestataire aux USA après les évènements de Seatlle en 1999.


Pour en savoir plus sur les IWW et le syndicalisme industriel, on peut lire la brochure que nous leur avons consacré : http://www.cntaittoulouse.lautre.net/ar ... rticle=226[/quote]

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Peut-on reconstruire le mouvement ouvrier avec l'Employee Free Choice Act (Loi pour le libre choix des salariés) ?

(publié dans Industrial Worker, journal des IWW américains, en février 2009)


Beaucoup a été dit dans le mouvement ouvrier américain au sujet de l’Employee Free Choice Act (EFCA, Loi pour le libre choix des salariés), un projet de loi que de nombreux dirigeants syndicaux refourguent comme la solution au déclin des syndicats. Avec l’élection de Barrack Obama et le Parti démocrate qui détient la majorité des sièges dans les deux chambres du Congrès américain, ces mêmes dirigeants ont à cœur que leurs millions de dollars de contributions à la campagne électroale porteront leurs fruits avec l'adoption du projet de loi.

La substance de l'EFCA viendrait modifier la législation du travail en vigueur aux États-Unis,en autorisant les syndicats à obtenir leur reconnaissance officielle sur un lieu de travail si une majorité de travailleurs signent une carte d'autorisation [au syndicat de les représenter], évitant ainsi la périlleuse voie électorale, dominées par le patronat. Une fois qu'un syndicat est accrédité, les employeurs doivent commencer à s'asseoir en pourparler avec le syndicat dans les dix jours. Si aucun accord n'est atteint, des médiateurs du gouvernement peuvent forcer les employeurs à signer un premier contrat avec le syndicat,et ce même sans vote des travailleurs. L'EFCA augmenterait également considérablement les sanctions pour les entreprises qui violeraient les droits des travailleurs, comme les licenciements pour motif syndical, dont les Etats Unis détiennent le record par rapport au reste du monde industrialisé. Les travailleurs pourraient recevoir jusqu'à trois fois le rappel de salaires dus et les entreprises peuvent recevoir une amende allant jusqu'à 20.000 dollars pour violation intentionnelle ou répétée.

Qu’est ce que les membres des IWW pensent de cela? Nous sommes un syndicat international petit mais croissant, avec une vision d'un monde complètement différent. Pas un vague changement tel celui promis par les deux partis [Démocrates et Républicains]dans les élections présidentielles américaines, mais un monde sans patrons, où les travailleurs de tous les jours sont dans le siège du conducteur, et où les espoirs et les rêves d'un monde meilleur peuvent être véritablement réalisés. Est-ce que la mise en place de l'EFCA nous rapprochera de notre vision d'un monde nouveau? Il y a certainement beaucoup d'espoir dans le changement que l'EFCA pourrait apporter, mais je pense que nous devons examiner de façon plus critique si l’éventuel passage de l’EFCA entrainerait des changements substantiels.



Peser le pour et le contre de l’EFCA

Entamons le débat sur les aspects positifs. À la dure réalité du chômage, l'endettement croissant et à longue stagnation des salaires auxquelles font face de nombreux travailleurs à travers les États-Unis, la simple couverture médiatique de débats au Parlement portant sur les droits des travailleurs pourrait suffire à ce que des millions de salariés envisagent l'idée d'un syndicat sur leur lieu de travail. Cela pourrait fournir une ouverture dans les débats étroits et orientés pro-bisness qui dominent la politique américaine. Si cela devait arriver, les membres de l'IWW seraient avisés de saisir cette occasion pour parler avec plus de travailleurs et pour développer notre organisation partout où nous le pouvons.


En outre, si la Loi devrait passer sous sa forme actuelle (mais elle pourrait facilement être édulcorée) les sanctions accrue pourrait nous fournir une plus grande influence sur les employeurs récalcitrants. Un bon exemple serait celui de l’entrepôt de New York Handy Fat Trading, qui a licencié les membres de l’IWW et défié plusieurs arrêts rendus par le National Labor Relations Board (NLRB, plus ou moins équivalent des prud’hommes aux USA). La conjonction s d’un eux débat national autour des syndicats et d’un renforcement des droits des travailleurs et une meilleure application des lois du travail nous aiderait dans l'IWW.

Maintenant, discutons pourquoi je pense que nous devrions voir l'EFCA sous un jour critique. De nombreux dirigeants syndicaux vantent le projet de loi avec des arguments qui vont de «un grand pas en avant» jusqu’à « une remède qui guérira tout », qui annoncerait une nouvelle ère de syndicalisation comme l’a été la campagne d’organisation du Congrès des organisations industrielles (CIO) dans les années trente.

Je pense que ces points de vue ont de sérieux problèmes.

Premièrement, je suis sceptique que ce texte passe, et pas seulement parce que Obama a nommé un gouvernement centriste d'ancien fonctionnaires de Clinton. La trahison du Travail par les démocrates et le jeu du "wait and see, attends et tu vas voir ce qu’on va t’apporter » joué chaque fois qu’un président Démocrate est venu au pouvoir est une rivière si profonde que vous pouvez en fait l’appeler un océan. Sans importantes grèves ou actions par les travailleurs qui commenceraient à effrayer tant les élites des affaires qu’elles voudront offrir un os à ronger aux travailleurs, je ne vois pas cette pourquoi cette histoire changerait.

Le plus grand problème avec l'EFCA, cependant, est l'utilisation des contrôles des cartes pour obtenir la reconnaissance officielle du syndicat. Pour adhérer à un syndicat, un travailleur signer une carte de membre. Si plus de 50 pour cent des travailleurs ont signé ces cartes, l'employeur devra reconnaître le syndicat.

Alors que le projet de loi rendrait indéniablement ce processus plus facile, je ne pense pas que cela conduira à l’augmentation considérable des adhésion comme nous sommes tentés de le croire. Le Canada, par exemple, a un système similaire de reconnaissance par le contrôle des cartes et de l'application des lois d'arbitrage ; pour le moment il a un taux d’adhésion syndicvale déclinant dans le privé d’environ 17 pour cent, à comparer aux huit pour cent ou moins aux États-Unis. Malgré les lois, les entreprises canadiennes ont continué d'utiliser efficacement les licenciements antisyndicaux pour empêcher les travailleurs de s'organiser et elles révoquent la reconnaissance des syndicats existants malgré leurs taux d’adhésion plus élevés que les nouveaux qui se créent ensuite, avec des taux proches de ceux des États-Unis.

L’adoption de l’EFCA par les dirigenats syndicaux est en fait le plus inquiétant à mes yeux, parce qu'il représente le même problème qui a infecter les syndicats traditionnels lors de l'adoption de la Loi nationale sur les relations du travail (NLRA) en 1935: ils ont échangé une plus grande facilité d’adhésion syndicale et la paix sociale contre la combativité militante sur le terrain d’entreprise qui peut réellement lutter efficacement pour gagner contre les employeurs. Si les syndicats sont en mesure d'obtenir la reconnaissance par le biais de vérification des cartes qu'ils n'auraient pas pu obtenir par la lutte pour la reconnaissance volontaire, cela augmentera considérablement la probabilité que les grandes centrales syndicales rencontrent les employeurs a la table des négociation, avec des piles de cartes d'autorisation de travailleurs passifs, plutôt que des comités de base bien organisés nécessaires pour gagner. Ces syndicats se fonderait sur des contrats de deux ans, imposés par le gouvernement, contre lesquels les travailleurs ne seront pas en mesure de voter contre et qui visent à interdire aux travailleurs de faire grève.

Dans l'ensemble, une grande partie du raisonnement des leaders syndicaux vise à encourager un « court-circuit » pour la reconstruction du mouvement ouvrier, en se fondant sur les lois du gouvernement plutôt que sur le travail acharné de l'organisation et de la lutte contre les patrons chaque fois que nécessaire. Ce raisonnement se base sur une analogie pas vraiment subtile faite entre l’EFCA et la NLRA de 1935, qui a permis l’organisation massive des syndicats industriel dans le sillage de la rupture de la CIO d’avec l’AFL].

Mais cette analogie ne tient pas la route. L'insurrection des travailleurs des années 1930 aux États-Unis a été un mouvement de masse des travailleurs qui ont frappé et occupé les usines en grande partie sans aucune direction syndicale et avant la formation de la CIO. Le gouvernement a réagi à cette évolution en faisant passer la loi NLRA en 1935, dans le but de refroidir les grèves perturbatrices en offrant aux travailleurs le droit de négocier collectivement. Au cours des années qui ont suivi, le CIO a ensuite été en mesure de balayer les insurgés en les intégrant dans ses rangs alors la vague des occupations a culminé en 1936-37. Au cours de la décennie suivante, le CIO a travaillé sa propre « paix sociale » à travers la signature clauses de non-grève,en limitant la capacité des travailleurs à traiter de leurs doléances sur les ateliers, et en dérivant l’énergies des travailleurs dans la politique électorale. Cet arrière plan devrait être gardé à l'esprit chaque fois que nous entendons les arguments que ce sont les lois et les représentants syndicaux qui font l'histoire et non les travailleurs eux-mêmes.

Ainsi, sous quel jour les travailleurs radicaux qui veulent reconstruire le mouvement ouvrier et créer un monde nouveau, doivent ils voir l’EFCA? Premièrement, nous ne devrions pas retenir son souffle ou retenir aucun de nos efforts d'organisation dans l'attente de son passage éventuel. Deuxièmement, même si l’EFCA devait passer, nous devons prendre tous les efforts pour tirer parti de la discussion accrue sur les syndicats. Cela peut être difficile dans la pratique parce que les travailleurs qui nous approchent veulent s’organiser, mais sous la fausse impression que ce serait tout à coup plus «facile» en vertu de cette nouvelle forme de reconnaissance. Nous devons rester fidèles à nos canons, cependant, et continuer notre pratique du syndicalisme de solidarité, même quand il s'agit de façon stratégique d’utiliser le processus de vérification de carte.

Surtout, nous devons rester extrêmement prudents et sceptiques quant aux promesses de l'EFCA et encore plus sceptique envers ceux du mouvement ouvrier qui l’encourage.


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des textes de la CNT-AIT (France) sur le sujet :

- REPRESENTATIVITE ET VISIBILITE (http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=830)

Etre représentatifs, être visibles ... Il est fréquent de voir une organisation se battre pour sa représentativité ou des militants libertaires se confier aux journalistes. Certes, l’anarchosyndicaliste n’est pas un clandestin. Nous ne cherchons pas à nous infiltrer en cachant nos idées ... mais est-ce que cela passe par la représentativité et la visibilité médiatique ? C’est ce que nous allons tenter d’analyser ici.

- ANARCHO-SYNDICALISME ET REPRESENTATIVITE (http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1012)


La pratique de la représentativité, tout comme celle de la visibilité médiatique est largement utilisée par le capitalisme et l’État pour maintenir la domination de classe. Un précédent article de notre journal-. [1] soulignait qu’il ne s’agit pas là de simples "outils" dénués de contenu mais au contraire des notions idéologiques, porteuses en elles-mêmes d’aliénation. De là leur incompatibilité de fond avec l’ensemble de la pensée libertaire.

- DELEGUES DU PERSONNEL, COMITES D’ENTREPRISE... LES ELECTIONS PROFESSIONNELLES CONTRE LE SYNDICALISME
http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=426

Brochure Confédérale CNT - AIT

Présentées encore actuellement par certains militants comme une " conquête " du mouvement ouvrier, les institutions dites représentatives du personnel (Délégués du personnel, Comité d’entreprise dans le secteur privé ; Commissions paritaires dans la fonction publique ...) constituent un des outils les plus puissants pour intégrer le syndicalisme et démobiliser les travailleurs. L’histoire sociale des cinquante dernières années ne peut laisser aucun doute à ce sujet.

Ceux qui, sous des prétextes aussi fallacieux que variés, choisissent encore de se présenter à des élections ne font qu’huiler les rouages d’un système qu’il convient de détruire.

La CNT-AIT, organisation anarcho-syndicaliste, refuse toute participation aux élections professionnelles. Cette brochure en explique le pourquoi et pose les jalons d’une action réellement concrète et révolutionnaire sur les lieux de travail.

- LE POSSIBILISME EST UN SUICIDE QUOTIDIEN (http://cnt-ait.info/article.php3?id_article=1428)
SOLIDARITE
 
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