Une future nouvelle section ?

Sommier théorique et affinités idéologiques !

Une future nouvelle section ?

Messagepar Lambros » Lundi 19 Avr 2010 19:52

Salut à toutes et tous, compagnons de misère...

Depuis environ 1 an et demi, une activité libertaire a repris sur Clermont après quelques années de silence, autour d'un groupe local (que j'ai monté avec des potes), la recréation d'une FA, de la CNT et d'AL branche jeunesse... Le fait est qu'on est vraiment pas nombreux-euses... (15 à tout péter).

Il y a quelque temps déjà, certains d'entre nous on eut l'envie de tenter l'aventure de l'anarchosyndicalisme... Pourtant, c'est un peu compliqué : la CNT se recrée à peine, ne compte pas participer aux élections pros et notre faible nombre nous pousse à ne pas se diviser... Malgrès tout, pour certains d'entre nous, il est impensable de rejoindre la CNT. D'où une CNT/AIT. Nous avons rencontré les compagnons de Toulouse qui sont descendus nous voir (moi même pour le moment à SUD Etudiant-e j'avais été les voir lors d'un CF). Pour l'instant, il y a 2-3 personnes motivées, mais en titillant un peu on peut arriver à 5 pour débuter. En tout cas on a déjà vendu une dizaine d'exemplaires du canard toulousain, et collé des affiches.

On compte aller au camping anarchosyndicaliste début août, et monter vraiment la structure à la rentrée scolaire. Pour l'instant, les personnes qui feront partie de l'aventure seront étudiantes à la rentrée.

Voilà pour la ptite info, à bientôt derrière une barricade!
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar NOSOTROS » Lundi 19 Avr 2010 21:12

Salut !

et bienvenu ... mais est ce bien prudent de donner toutes ces infos sur un forum public ?

A très bientôt de toute façon ... :)
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar rouge63 » Lundi 19 Avr 2010 21:46

Salut camarades!

Pourquoi cela ne le serait pas? Il est probable que nous sommes surveillé mais au point où on en est. ^^

J'espère que cette CNT-AIT va se monter! Ce serait une belle expérience. =)

Quoiqu'il en soit, je tente l'aventure!
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar Lambros » Lundi 19 Avr 2010 21:51

Certainement, désolé ! En même temps je crois ne rien avoir mis que les condés savent pas !

En tout cas la motivation est là, on se voit très bientôt !
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar douddu » Mardi 20 Avr 2010 7:55

mais est ce bien prudent de donner toutes ces infos sur un forum public ?


Va savoir, il y a des moments où c'est être imprudent que d' être trop prudents !
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar zebulon » Mardi 20 Avr 2010 7:58

Oui la question de la sécurité sur internet se pose toujours sous la forme d'un dilemme :
Ne pas donner trop d'informations : plus sûr, mais moins dynamique, moins contagieux.
Donner plus d'informations : moins sûr, mais plus dynamique, plus contagieux.
Si l'on choisit la première option, d'après moi la plus prudente, la solution de ce dilemme réside alors dans une question de convention, à repréciser le plus souvent possible, c'est-à-dire : savoir à l'avance que sur internet l'info est incomplète, et qu'elle doit le rester.
Mais cela implique aussi que parallèlement l'info circule correctement en réseau. Et à mon avis c'est là où le bas blesse très largement.
Aussi il ne faut pas oublier que la flicaille n'est pas le seul ennemi et que la liste en est bien longue.

Solidairement
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar rouge63 » Mardi 20 Avr 2010 20:35

Euh je coupe un peu à votre discussion mais pour revenir à la création d'une CNT-AIT Clermont je voulais proposer un petit texte de présentation qu'on mettrait sous forme de tract. Je vous le donne à lire pour me dire ce que vous en pensez et ce qui est à changer/améliorer.
Il sera soumis à discussion lors de notre réunion et avant même pour que chacun puisse y réfléchir.

DÉTRUIRE NOS CHAÎNES
Le monde va mal, ce n'est un secret pour personne. Mais cet état de fait se perpétue depuis des siècles déjà, avec son lot de misère, de chômage, de mort-e-s etc … Régler cet état revient de fait à s'attaquer à sa source : l'exploitation. De tout temps il y a eu des Hommes se mettant au-dessus des autres, les rabaissant, les humiliant, mais ne pouvant se passer d'eux du fait qu'ils produisaient tout. Ces derniers sont les travailleu-ses-rs qui de leurs bras et de leur cerveau inventent, créent et distribuent les richesses. Une minorité, la bourgeoisie, s'accapare les fruits de ces flux au détriment des travailleu-ses-rs, qui représentent plus de 90% de la population. Capital, plus-value, bénéfice, action, ce n'est là que le vocabulaire d'une vaste entreprise d'escroquerie nommée capitalisme. Elle entend enrichir une minorité de profiteurs sur le dos du peuple. L'Histoire nous montrer que l'État en est le bras droit. Nous avons le devoir, nous tous ouvrier-e-s, paysan-ne-s, employé-e-s, technicien-ne-s, chercheur-e-s, chômeu-ses-rs, étudiant-e-s, bref travailleu-ses-rs, de lutter contre ces oppresseurs. Pour cela nous avons un moyen, nous-même, et une arme, l'anarchosyndicalisme!
S'ORGANISER DÉMOCRATIQUEMENT
Nous tous exploité-e-s pouvons nous organiser sur des bases différentes que celles proposées par les centrales ordinaires, nous pouvons prendre en main collectivement nos vies. Pendant que les dirigeants syndicaux prennent leur verre aux côtés du patronat et de l'État, il y a des personnes qui cherchent à améliorer concrètement le sort des travailleurs, en réfléchissant et agissant. Mais il ne faut pas se tromper de cible, ni de moyen. Alors la CNT-AIT, c'est quoi? C'est une organisation qui défend les travailleurs en posant comme nécessaire la destruction des forces exploiteuses : la bourgeoisie et l'État. Chez nous, pas de dirigeants, pas de chefs. Les assemblées générales décident des orientations et des mandatés élus et révocables rendent compte de ces décisions aux différents niveaux, régional, national et international. L'anarchosyndicalisme est notre force : tout le monde est libre d'impulser des débats au sein des assemblées, ceux-ci étant relayés aux différentes échelles ; pas de négociations privées avec le patronat, qu'il vienne devant les travailleu-ses-rs ; une solidarité à tout les niveaux dans les luttes ; une stricte égalité entre tout les membres, sans différenciation. Mais si nous voulons abattre le système existant, c'est pour mettre quoi à la place?
UNE FINALITÉ : LE COMMUNISME LIBERTAIRE
Il faut effectivement penser un système basé sur les valeurs qui sont les nôtres et ce à quoi nous aspirons tous : égalitarisme, solidarité, liberté, épanouissement de l'individu et de la collectivité. Mais construire le monde de demain nécessite déjà de respecter ces valeurs aujourd'hui. Pas de dictature du prolétariat, d'avant-garde éclairé ou d'électoralisme. Nous voulons une société libérée de l'emprise de la bourgeoisie et de son allié l'état, une société reposant sur des assemblées démocratiques sur les lieux de travail et dans les quartiers qui coordonneraient leurs activités grâce au fédéralisme libertaire. Des exemples, comme la révolution espagnole de 1936, nous montre que cela est possible, et bien plus rationnel que le capitalisme! Meilleure répartition des richesses, hausse du niveau de vie de la population, meilleure coordination des activités, hausse de la production et économies grâce à la collectivisation : voilà des réalisations à la hauteurs de nos attentes, nous, travailleu-ses-rs.
Alors à la CNT-AIT, nous proposons de réunir les exploité-e-s pour construire, débattre, réfléchir, innover, lutter, partager et surtout faire souffler sur la société comme un vent d'espoir, en attendant la tempête.


Et si vous pouviez également voir à le raccourcir un peu, en rognant ça et là, ce serait pas mal. Personnellement j'arrive pas à avoir le recul nécessaire pour juger, c'est pour cela que je demande votre avis.
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar NOSOTROS » Mardi 20 Avr 2010 22:15

Ce forum est un forum ouvert et public. Tous les gens qui participent ne sont pas forcément de la CNT AIT.

Si ce que vous souhaitez c'est l'avis des autres militants de la CNT AIT, le mieux c'est de se mettre en rapport par mail privé. Vous pouvez écrire à paris en envoyant un mail à contact@cnt-ait.info, nous nous chargerons ensuite de diffuser dans le réseau, comme ça chacun pourra vous faire remonter ses commentaires.
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar lucien » Mardi 20 Avr 2010 22:33

Salut et bienvenue aux Clermontois,
Juste 2-3 remarques :
- "L'Histoire nous montrer que l'État en est le bras droit."
- "nous tous ouvrier-e-s, paysan-ne-s, employé-e-s, technicien-ne-s, chercheur-e-s, chômeu-ses-rs, étudiant-e-s, bref travailleu-ses-rs," : pourquoi pas "retraités" ?
- "des bases différentes que celles proposées par les centrales ordinaires" : ce terme de "centrale" avait déjà posé question sur ce forum il y a plusieurs années. La CNT-AIT est-elle une centrale et serait-elle, par opposition à celles que tu cites, extraordinaire ?! En outre, ce qualificatif pourrait suggérer que le syndicat anarchiste occupe un rôle justement "central", quand nous appelons au contraire les exploités à s'auto-organiser au sein d'AG, comités de lutte, etc.* (ce qui vient dans un second temps dans le texte). Si les "bureaucraties syndicales" n'apparaissent pas dans ce texte, c'est peut-être l'endroit où les placer.
Bon courage et n'hésitez pas à solliciter l'union locale de Caen.
A+

* voir à ce sujet le texte de Vadim :

Nous sommes « communistes » dans nos idées, dans le but pour lequel nous œuvrons ; nous le sommes également dans notre lutte même. Nous sommes convaincus que, seules, les assemblées générales des usines, des services et des habitants de quartiers ou de localités doivent décider comment organiser les grèves (ou les révoltes), les manifestations et les meetings ; comment résister face à la répression des forces coercitives du système. Elles doivent décider, elles-mêmes, sans les représentants autoproclamés des partis, des syndicats, des députés ou des juges. C’est-à-dire rejeter toute forme de bureaucratie. De telles assemblées générales souveraines sont un gage de succès dans la lutte actuelle, mais aussi un prototype, voire une pierre angulaire de la société libre.

http://cnt.ait.caen.free.fr/biscuit/AIT ... e-AIT.html

... et la charte de Caen :
En conséquence, l'anarcho-syndicalisme appelle les opprimés et les exploités à agir en dehors des structures de collaboration, des appareils politiques et syndicaux, qui concourent au maintien de l'ordre bourgeois, en créant des comités indépendants de lutte : seul moyen permettant de dépasser les clivages, l'emprise des jeux politiciens, les divisions induits par les partis et syndicats. Ces comités unifient donc les exploités dans leurs intérêts communs au delà des sensibilités particulières. Les comités doivent se lier selon les principes du fédéralisme anti-autoritaire, de façon à établir une véritable résistance populaire autonome, seule capable de créer un véritable rapport de force.
http://cnt.ait.caen.free.fr/charte.htm
Le monde ne se compose pas d'anges révolutionnaires, de travailleurs généreux d'une part, de diables réactionnaires et de capitalistes cupides de l'autre.
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar NOSOTROS » Mardi 20 Avr 2010 23:57

Sinon pour info d'autres textes de présentation d'autres syndicats, pour information :

Charte de l'Union locale de Caen



Les organisations anarcho-syndicalistes ont une double fonction. Premièrement, la lutte révolutionnaire pour l'amélioration économique et sociale dans la société capitaliste existante. Deuxièmement, l'éducation par eux-mêmes des exploités et opprimés afin qu'ils puissent accomplir la complète autogestion de la production et de la distribution par la socialisation des richesses.

Conscient que la lutte en entreprise est importante, l'anarcho-syndicalisme ne limite pas son action à celle-ci mais l'étend à tous les rapports et modes : production, consommation, administration… car c'est l'ensemble du champ social qui est visé.

L'anarcho-syndicalisme est opposé à tout monopole social ou économique. Il ne recherche pas la conquête du pouvoir politique, mais plutôt l'abolition complète de toute fonction étatique dans la vie de la société. En conséquence, il rejette toute activité parlementaire et autre collaboration avec le corps législatif. Il représente des organisations en lutte sur le lieu de travail et une communauté indépendante opposée à tous les partis politiques et les bureaucraties syndicales.

En conséquence, l'anarcho-syndicalisme appelle les opprimés et les exploités à agir en dehors des structures de collaboration, des appareils politiques et syndicaux, qui concourent au maintien de l'ordre bourgeois, en créant des comités indépendants de lutte : seul moyen permettant de dépasser les clivages, l'emprise des jeux politiciens, les divisions induits par les partis et syndicats. Ces comités unifient donc les exploités dans leurs intérêts communs au delà des sensibilités particulières. Les comités doivent se lier selon les principes du fédéralisme anti-autoritaire, de façon à établir une véritable résistance populaire autonome, seule capable de créer un véritable rapport de force.

L'anarcho-syndicalisme a pour moyen l'action directe sous toutes ses formes : occupations, grèves, boycotts, sabotages, grèves générales, etc. Pour assurer la participation complète de tous, aussi bien dans la lutte actuelle que dans la future autogestion de la société, il s'oppose au centralisme dans ses organisations et s'organise sur la base du fédéralisme libertaire. A tous les niveaux, il s'établit sans hiérarchie et avec une entière liberté d'initiative aux groupes locaux et régionaux. Toutes les instances de la confédération des travailleurs consistent en délégués révocables et mandatés pour une action déterminée par les assemblées locales de travailleurs.

L'anarcho-syndicalisme rejette toutes les frontières politiques et nationales arbitrairement créées. S'opposant à l'idée d'Etat-nation et constatant que l'espèce humaine est une, il rejette toute forme de nationalisme. Il se réclame de l'universalisme libertaire : les mêmes droits, devoirs, libertés, et l'égalité pour tous. Reprenant le principe "prolétaires du monde : unissez-vous !", l'anarcho-syndicalisme œuvre donc pour que les exploités, les opprimés construisent une "fédération des terriens " sur les bases de l'égalité, tant des droits qu'économique et sociale.

L'anarcho-syndicalisme s'oppose à toutes attitudes et institutions faisant obstacle au principe d'égalité et combat les idéologies légitimant tout système social hiérarchique de domination et d'exploitation. Il défend une idéologie égalitariste d'éthique libertaire.

Constatant que les ordres politique, économique et idéologique sont consubstantiels au système actuel, il affirme qu'il ne saurait exister de transformations sociales sans modification de ces ordres.

L'anarcho-syndicalisme fait sien le principe de pensée et d'action globale. Il propose de substituer à l'économie capitaliste, une économie socialisée et planifiée ; au mode politique étatique, quelque soit le régime, une organisation politique basée sur le fédéralisme libertaire ; aux idéologies autoritaires et de domination, une idéologie égalitariste ; de façon que s'accomplissent les droits de tous et de chacun, en tous lieux, afin de décider, contrôler sa vie et son environnement.

Caen, le 19 mars 2005


LES RAISONS DE LA COLERE


Partout, tous les jours, que ce soit sur notre lieu de vie, notre lieu de travail, en discutant avec nos voisins, les raisons de se révolter ne manquent pas :


- Au « sud », les trois quarts de l’humanité souffrent de faim et de guerre dans la plus complète indifférence et le mépris le plus total des élites. Chaque jour, 30 000 enfants meurent de faim.

- Dans nos contrées occidentales, salariés, précaires, chômeurs, étudiants, lycéens, retraités..., sommes tous livrés à la même logique marchande qui impose précarisation, flexibilisation, et nous dépossède totalement de nos vies, de notre liberté d’action.

On nous divise en inventant des cloisonnements et des identités imaginaires : jeunes/vieux, français/ étrangers, travailleurs/chômeurs... selon la bonne vieille tactique de diviser pour mieux régner. L’individualisme et le communautarisme ne font que renforcer les égoïsmes individuels ou collectifs, au détriment de la solidarité universelle.

Les politiciens continuent de nous bercer d’illusions avec leurs alliés syndicalistes. Ils sont impuissants pour enrayer la destruction de la planète, mais d’ailleurs, le veulent-ils ? Seule importe pour eux la « place » et la compétition électorale. Gouvernements, députés, patrons, syndicalistes, Églises et clergé, institutions représentatives... : tous nous envoient dans le mur. Quant aux déambulateurs de la contestation-spectacle, ils nous rejouent encore la carte « citoyenne » appelant de leurs vœux un État plus social, et un capitalisme à « visage humain ».

À chaque élection, les politiciens nous ressortent le mythe que l’État pourrait garantir nos droits, s’il était dirigé par des hommes politiques vertueux. Outre que cette espèce d’oiseau rare n’a jamais été observée sur terre, c’est oublier la nature même de l’État qui est avant tout un outil au service de la classe dirigeante et du capitalisme. Les États, garants de cet ordre économique et autoritaire, n’ont de cesse de contrôler, réprimer, enfermer, écraser... Leurs officines, docilement intégrées (partis, syndicats...), ne sont que la voix de leur maître, et en rien des vecteurs efficaces de transformations sociales.

La société reste donc organisée économiquement sur la propriété privée (ressources naturelles, marchandises, moyens de production, technologies), sur l’échange par l’argent, sur la concurrence et la compétition, sur le profit comme but, sur l’exploitation des femmes, des hommes et des enfants. L’éducation et l’instruction scolaire nient elles aussi la liberté et pratiquent sans vergogne la sélection et l’exclusion sociale (par exemple : l’histoire enseignée est celle du pouvoir). La culture de « masse » et de consommation s’érige comme supplétif au bonheur. La pub nous assomme de slogans : « Consommez, vous serez libre et heureux ! ».
Pourtant, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire, l’Histoire n’est pas finie.

Partout sur la planète, des gens luttent contre l’oppression, et l’émancipation de l’humanité reste à conquérir.

Nous ne devons pas douter de nos capacités collectives à transformer ce monde, mais nous ne devons pas reproduire les erreurs du passé. Ce ne sera pas en recréant les mêmes institutions (État, gouvernement, partis politiques, Églises, syndicats...) que nous nous libérerons, mais en développant l’autonomie des exploités et des opprimés.

Pour cela, nous pensons que le développement de structures auto-organisées, selon les principes anarchistes, participent de ce mouvement révolutionnaire qui reste à construire.

Loin d’établir un catalogue des méfaits induits par le capitalisme, notre analyse reste globale car nous pensons que toutes les oppressions, qu’elles soient économiques, politiques ou idéologiques, se croisent et se renforcent.

Nous voulons contribuer à redonner un sens collectif aux luttes, sortir de l’individualisme pour développer les résistances collectives. Cela passe notamment par la transmission de la mémoire des mouvements sociaux, pour reconstruire l’Utopie d’un projet global, le communisme anarchiste.

Comme l’union fait la force, nous nous organisons en un réseau fédéral, qui nous permet d’échanger des analyses et des expériences, et aussi de nous renforcer mutuellement avec ceux qui partagent un point de vue révolutionnaire.

Au quotidien, nous prenons part aux luttes contre la domination sous toute ses formes, qu’elle s’exerce sur notre lieu de travail, dans notre cité ou lieu de vie, en utilisant les outils de l’action directe et de la solidarité.

Les militants du SIPN


Texte de réflexion pour la discussion de Toulouse :

Anarchosyndicalisme !

ANARCHOSYNDICALISME !
lundi 27 novembre 2006 par cnt ait

Les soubresauts sociaux qui agitent le monde, l’assèchement progressif du marécage de la contestation sociale traditionnelle, la réapparition récente dans ce pays de courants de lutte radicaux, mouvementistes, parfois antiautoritaires, les interrogations du mouvement libertaire hexagonal et spécialement de notre propre organisation ; tout ceci nous conduit aujourd’hui à synthétiser ici quelques-unes unes de nos réflexions, et à présenter, (ici : http://www.cntaittoulouse.lautre.net/ar ... article=88) la conception de l’anarchosyndicalisme qui nous anime, élaborée à partir de textes écrits par des militants cénétistes d’ici et d’ailleurs, discutés et publiés au fil des ans par l’Union régionale Midi-Pyrénées de la CNT/AIT. Ces textes ont été regroupés par thème, en réponse aux principales questions qui font actuellement débat dans le mouvement.

Mais rappelons d’abord nos évidences.

En premier lieu, nous affirmons que nous vivons dans un monde de classe où une minorité organisée exploite et asservit l’immense majorité de l’humanité. Qu’on le nomme capitalisme, société marchande ou domination, ce système assure sa pérennité par la coercition (armée, police, justice, prison, psychiatrie), la dépendance (contrôle de l’énergie et des échanges de biens, salariat, privatisation des systèmes de production) et le conditionnement (médias, lois, culture de consommation, religions, nationalismes). Ici, l’organisation de la domination repose sur la "démocratie" mais n’a d’autre objectif que de garantir l’ordre social. En fonction des besoins de ce système qui ne vise que le profit, à tout moment cette "démocratie" peut glisser vers la dictature ou même y basculer carrément.

En second lieu, sans mythe du grand soir, sans nihilisme aucun, nous affirmons que ce système de domination ne se réforme pas, qu’il s’abat. La rupture totale et définitive est la condition indispensable pour pouvoir bâtir un monde nouveau. La révolution n’est pas un bel espoir révolu, c’est un nouveau, intense et inévitable moment d’histoire à venir. Sans romantisme ni concession aux modes, fussent-elles celles du rouge-et-noir, nous affirmons que l’anarchie n’est ni le chaos, ni l’utopie et que le communisme libertaire est la voie vers une vie sans profit ni domination. Nous sommes clairement révolutionnaires.

Enfin, en tant qu’anarchosyndicalistes, nous oeuvrons avec la classe des exploités au renversement de ce vieux monde et à l’émergence d’un monde nouveau où l’organisation matérielle et sociale des individus se fera sur la base de la liberté, du partage et de la solidarité. Nous sommes contre l’État, les partis, les églises et toutes les organisations autoritaires et hiérarchiques. Nous sommes avec tous les exploités en lutte (au travail, à l’école, dans la rue) contre les méfaits liberticides et mortifères de cette société. Nous sommes pour l’organisation autonome des luttes sans parti ni délégué syndical, en assemblée générale, et la pratique de l’action directe (action collective, sans intermédiaire).

Pour nous, l’anarchosyndicalisme, c’est la mise en pratique de ces idées. A la base de chacun de nos actes militants, il y a le refus absolu de toute délégation de pouvoir, de toute représentation déléguée ou désignée, de tout compromis.

Pour nous, l’anarchosyndicalisme, c’est la solidarité entre exploités pour combattre le pouvoir et s’en débarrasser une fois pour toutes. Notre futur, c’est le communisme libertaire. Notre présent, c’est l’auto-organisation et l’autogestion dans les luttes comme dans la vie, sans délégué, sans leader et sans pouvoir. C’est pourquoi, nous appelons à la solidarité. Solidarité entre les salariés en lutte dans les entreprises, entre les chômeurs et les salariés, entre les fichés et les sans-papiers, entre les légaux et les clandestins, entre tous les exploités. Etudiants, salariés, précaires, chômeurs, résistants au travail, exclus de tout, unissons nos luttes !

[pour accéder à ces textes cliquer sur http://www.cntaittoulouse.lautre.net/ar ... article=88]
Voter est ce agir , p1
La violence des masses est-elle contre-révolutionnaire ?, p2
Le syndicalisme doit-il être non-idéologique ?, p3
Les syndicats réformistes sont-ils un "mal nécessaire" ?, p4
L’unité, avec qui ?, p5
Comment de telles structures doivent-elles fonctionner ?, p6
Qui a besoin de la représentativité ?, p7
Que représentent les revendications immédiates ?, p8
Quel mode d’organisation construisons-nous ?, p9


Texte sur l'organisation proposé par les compagnons russes et traduit par les compagnons de Caen :

Organisation révolutionnaire et révolution sociale

COMMUNISME ANARCHISTE

Nous sommes « communistes » au sens non vulgaire et non caricatural, à l'inverse de ce qui apparaît à tout bout de champ dans les pages de livres d’histoire et des médias (« régime communiste », « Etat communiste », « parti communiste », etc.). Le véritable communisme est d’essence anarchiste : antiétatique (affirmation de la disparition de l’Etat) et anti-autoritaire. Cela signifie la commune libre et l'association des individus. Quand les opprimés et les exploités décident ensemble, dans les assemblées générales, comment ils vivent et ce qu'ils font pour s’entraider. Quand ils utilisent et mettent en commun par la collectivisation et la socialisation tous les biens et les produits de la terre, selon les mots du poète anarchiste du XVIIIème siècle, Sylvain Maréchal : « On utilise la lumière du soleil qui brille pour tous. » Malheureusement, en 1917, le sens de ce terme a été détourné et dénaturé par les bolcheviks, devenant ensuite la risée du reste du monde.

ASSEMBLEES GENERALES, PIERRE ANGULAIRE DE LA SOCIÉTÉ LIBRE

Nous sommes « communistes » dans nos idées, dans le but pour lequel nous œuvrons ; nous le sommes également dans notre lutte même. Nous sommes convaincus que, seules, les assemblées générales des usines, des services et des habitants de quartiers ou de localités doivent décider comment organiser les grèves (ou les révoltes), les manifestations et les meetings ; comment résister face à la répression des forces coercitives du système. Elles doivent décider, elles-mêmes, sans les représentants autoproclamés des partis, des syndicats, des députés ou des juges. C’est-à-dire rejeter toute forme de bureaucratie. De telles assemblées générales souveraines sont un gage de succès dans la lutte actuelle, mais aussi un prototype, voire une pierre angulaire de la société libre.

Anarchistes, si vous êtes pour les assemblées générales, puisque vous y voyez une pierre angulaire de la société libre, pourquoi considérez-vous nécessaire la création de « l'organisation anarchiste ouvrière » ? Le lecteur peut alors se demander à quoi servent de telles assemblées.

Commençons par le simple constat que les assemblées générales sont très rares dans la Russie contemporaine. La lutte est menée et conduite, ici, le plus souvent par les politiciens des partis et les bureaucrates syndicaux. Leur comité syndical décide de tous les aspects de la grève. Les ouvriers ne se réunissent que pour confirmer les décisions déjà prises par ce comité syndical. D’après eux, la masse, « incompétente », n'est pas capable de s’organiser par elle-même – leur opinion est, hélas, devenue banale. Brisons cette triste tradition coûte que coûte ! C’est pour cela qu’il est d'une importance vitale d’unir les opprimés et les exploités qui défendent le principe de souveraineté des assemblées générales.

Cependant, ces assemblées générales seules ne suffisent pas à ce jour, ce d’autant plus qu’elles ne se réunissent que lorsqu’une grève sérieuse éclate. Le pouvoir se manifeste très vite par les représentants des partis et des syndicats. Ceux-ci arrivent à prendre toutes les décisions sur la conduite de la lutte. Ce sont eux qui parlent, délibèrent et négocient avec les patrons et les autorités pour conclure des alliances sur les dos des travailleurs... Les opprimés et les exploités ne deviennent donc que des figurants, comme toujours sous le capitalisme. Outre ce phénomène, les masses « abdiquent » parfois même de leur souveraineté, confiant le soin de penser et de décider aux petits chefs improvisés et aux bureaucrates syndicaux.

Pourquoi ces choses se passent-elles ainsi ?

Les assemblées générales sont généralement un lieu où se prennent les décisions, mais elles ne sont pas une fin en soi. On peut prendre des décisions très différentes, dans cette agora, qui sont contradictoires, voire incompatibles avec les intérêts des exploités et des opprimés en lutte. La forme est fondamentale, le contenu aussi, comme leur harmonie. Car le contenu des décisions est déterminé par ceux qui y participent par leurs besoins, leurs désirs, leurs idées et leurs convictions. Tout ceci dépend d'eux.

Bien sûr, l'homme est un être social (c’est sa spécifié biologique, si on veut). Son comportement est évidemment structuré par de multiples rapports qui peuvent impulser une profonde entraide et la solidarité. Mais les millénaires d’autorité, de domination et de propriété ont gravement déteint sur sa personnalité. Grâce à des vecteurs idéologiques (concurrence à outrance, poursuite d’avantages privés, égoïsme bestial, conformisme plat et consumérisme pervers), le capitalisme a largement contribué à aller dans cette direction. De plus, aujourd’hui, une fraction significative des exploités et des opprimés est prête à échanger sa liberté contre du confort, à se contenter des miettes acquises au prix d'efforts minimaux et, autant que possible, sans recourir à la lutte. Elle ne veut en aucun cas rompre avec le capitalisme.

Par conséquent, si nous voulons que les assemblées générales restent un lieu libre et indépendant, pour que les exploités et les opprimés soient maîtres de leur lutte et de leur destinée, tous les partisans de ce choix doivent s'unir résolument afin de le défendre. Pour mener à bien cette ambition, nous avons besoin d’une organisation révolutionnaire qui unit dans ses rangs les opprimés et les exploités qui veulent lutter consciemment pour le triomphe de la liberté, de la solidarité et de l'acratie. Si, dès à présent, peu de personnes rejoignent cette organisation révolutionnaire, nous sommes persuadés que nos idées convaincront tôt ou tard, dans un premier temps, une fraction significative des opprimés et des exploités.

NI PARTI NI GROUPE SPECIFIQUE IDEOLOGIQUE

Est-ce que ça signifie que les partisans du « communisme libre » doivent créer un parti politique pour lutter contre le capitalisme sous toutes ses formes ?

Le mot parti contient en lui-même ce que nous refusons. Il signifie ni plus ni moins qu’une « parti-e » du peuple agit pour défendre ses propres intérêts de classe. Un parti se forme par ceux qui prétendent aux postes de chefs afin d’être des représentants institués. Ceux-ci veulent que les exploités et les opprimés leur confient le rôle de conduire la lutte. Les membres d’un parti agissent toujours selon les instructions venues d'en haut, même quand, par exemple, ils agissent à la base en direction du milieu populaire. – « Confiez-nous la représentation de vos intérêts. Nous ferons alors… » disent-ils aux opprimés et aux exploités.

Peu importe de quel parti il s'agit, parlementaire, d'avant-garde ou les deux. Dans le premier cas, les dirigeants tentent de représenter les intérêts des différentes classes de la société en promettant tout et n’importe quoi, mais en ne satisfaisant exclusivement que les détenteurs de la richesse et du pouvoir. Dans le deuxième cas, les dirigeants s’autoproclament comme une minorité éclairée du peuple, une élite naturelle qui n'est pas comprise et estimée par les maîtres du moment. Cependant, les objectifs et les tâches de ces partis sont toujours les mêmes : s'emparer du pouvoir, installer un gouvernement et abandonner continuellement, au final, les intérêts des opprimés et des exploités.

Nous n'avons pas l'intention de construire un parti politique. Nous ne voulons pas rester non plus un groupe idéologique de propagande qui se limite à la diffusion simple de nos idées, bien que nous soyons parfois forcés de commencer de cette manière. C'est trop peu pour nous de fréquenter la masse là où elle se trouve et de lui parler. Il est insuffisant pour nous d'aller aux meetings et aux assemblées générales des grévistes ou des habitants. Nous ne voulons certainement pas être un groupe idéologique qui produit des analyses, en synthétisant l'expérience de la lutte et en faisant la leçon aux frères de classe - guidés et dirigés de ses hauteurs scientifiques ou culturelles avec plus ou moins de morgue.

La théorie est morte sans la pratique. La conceptualisation pure dans une tour d`ivoire est impuissante sans une réelle confrontation dans le champ social, d’où l’on dégage l’enseignement de l’expérience. Des idées (a fortiori les nôtres, celles du « communisme anarchiste ») ne peuvent qu’avancer dans le monde que lorsqu’elles sont capables de générer une force sociale. Cela sous-entend, logiquement, que le mouvement social reprenne à son compte plusieurs de nos idées telles que l’acratie et l’action directe, avec l’idéal de liberté. Nous aspirons à ce que le mouvement social détruise ce système pour le remplacer par un nouveau.

La lutte contre le monde actuel de l’autorité, de la domination, de l’exploitation et de l'injustice commence en résistant contre chaque atteinte à notre vie et à notre liberté : des grèves pour l'augmentation du salaire, la diminution du temps de travail, la réduction de notre exploitation, par conséquent, et l’accroissement du temps libre, pour notre auto-développement ; des rassemblements contre la construction de maisons pour les riches et contre la replanification commerciale des quartiers où nous habitons ; de l'opposition contre la construction et l'installation des industries produisant des énergies nuisibles à notre santé et à la nature. Autrement dit, elle commence par des actions au moyen desquelles les opprimés et les exploités défendent leurs droits et leurs intérêts de classe, jusqu`à pouvoir changer le système social.

Cela concerne avant tout la sphère du travail, qui nous asservit à chaque instant. C’est-à-dire dans la place que nous occupons au niveau du procès de fabrication, de production et de reproduction du capital (le lieu où nous vivons et où nous faisons nos études)... Notre absence de droits se trouve là où demeure le fondement de notre esclavage de tous les jours : l’extraction de la plus-value placée centralement dans l'immense mécanisme totalitaire de notre humiliation et de notre servitude. Nous passons la plupart de notre vie au travail, en vendant notre corps et notre cerveau pour un maigre salaire. Nous dépensons, ensuite, le reste du temps pour reprendre un peu d’haleine, nous détendre, bien dormir, nous mettre en « ordre relatif » et repartir afin d’être plus productifs et rentables. Nous sommes ravalés au rôle d'une machine qui est juste l’appendice d’autres machines de métal et de plastique. C'est précisément là où nous créons la plupart des biens indispensables pour la vie que nous dépendons totalement de n'importe quel caprice de nos maîtres (patron ou chef), qui usurpent les biens sociaux réalisés par nous-mêmes à leur seul profit… C'est pourquoi nous tentons de mettre la sphère du travail (l'entreprise ou le service où nous travaillons, l'école ou l'université où nous étudions) au centre de notre résistance contre le capital et l'Etat, qui nous oppriment, sans nier pour autant tous les autres aspects de la domination : le consumérisme, l’enfermement, la religion, la famille, etc.

PAS DE SYNDICAT SANS IDÉOLOGIE

Quelqu'un pourrait nous suggérer d'entrer activement dans un syndicat ou d’en fonder un nouveau ? Nous devons répondre « non » !

Les syndicats ont émergé au XIXème siècle pour remplacer le plus souvent les associations des producteurs (les corps de métiers ou les unions), dissoutes et détruites par le capitalisme. En s'unissant dans les unions selon les professions, les ouvriers ont tenté de s’entraider dans le travail et la vie. Beaucoup de ces unions ont justement agi comme des sociétés de résistance en luttant pour l'augmentation des salaires, l'amélioration des conditions de travail et la diminution du temps de travail. Ces ouvriers ont également agi souvent de manière révolutionnaire, en menant des grèves agitatrices ou des grèves générales. Ils ont aussi favorisé l’émergence d’une culture ouvrière qui s’opposait au capitalisme. Car elle proclamait clairement et ouvertement une finalité révolutionnaire.

Néanmoins, toutes les organisations syndicales, y compris même les plus révolutionnaires, ont toujours eu une faiblesse. Elles ont été conçues en partant des conditions matérielles des travailleurs dans la société existante. Certes, celles-ci étaient liées au contexte d’horrible misère des deux siècles précédents. Le capitalisme n’entendait satisfaire aucun besoin des travailleurs, jusqu’à ce qu’il fût mis au pied du mur, à savoir : la possibilité d’en finir avec lui. Toutefois, cette épreuve a été perdue par les travailleurs. Il s’est trouvé que le capitalisme, dans sa variante industrielle, s’est restructuré par l’avènement du fordisme et du taylorisme. Ces derniers se sont caractérisés par « une production impersonnelle de masse », fondée sur le découpage et le chronométrage des tâches (parcellisation), l’apparition des chaînes ou des lignes de montage, etc. En se passant d’un certain « savoir-faire technique » des ouvriers, les capitalistes pouvaient donc réduire les frais de production. Des produits standards ont commencé à envahir le marché, en stimulant le jeu de l’offre et de la demande. La bourgeoisie humaniste et progressiste (via l’Etat) a été capable d’accepter un certain nombre de revendications immédiates des ouvriers. Elle y a parfaitement trouvé son compte : le taux de productivité s’est intensifié au maximum tout en pressurant davantage la force de travail par une diminution du temps de travail ; la masse salariale s’est élevée, tout en conservant et en réalisant d’énormes gains. Le mieux-être des travailleurs n’a pas forcément engendré la destruction du système.

En ne restant que dans le cadre de ce dernier, au lieu de lutter pour une autre société, les syndicats se sont également ouverts aux opprimés et aux exploités possédant des convictions très différentes, qui ne voulaient pas nécessairement risquer une rupture avec le capitalisme et l’Etat, préférant même chercher des maîtres plus conciliants, comme les chefs des partis socialistes, puis les bolcheviks. En confiant la lutte pour leurs intérêts aux mains de ces aventuriers avides de pouvoir, les membres des syndicats se sont limités volontairement à la défense du niveau de vie : le pouvoir d’achat (si l’on préfère). Une dualité a ainsi émergé : la lutte politique aux partis et la lutte économique aux syndicats. Ces derniers se sont peu à peu réorganisés selon le même schéma de la représentation parlementaire. Une bureaucratie a grandi et est devenue omnipotente à l’intérieur des organisations syndicales. Ces membres ont été rabaissés à de simples figurants : payeurs de cotisations et exécutants de décisions prises par la bureaucratie. Finalement, les syndicats sont aujourd’hui des appareils idéologiques d’Etat, bien qu’ils s’en défendent, soi-disant, au moyen du neutralisme idéologique (même le syndicalisme révolutionnaire).

Nous ne voulons pas de ce syndicalisme revendicatif qui négocie uniquement un meilleur taux de la valeur de la force de travail. Nous refusons de nous contenter de l'amélioration simple de notre situation d’esclave moderne. Nous n’acceptons pas que l’on parcellise, fragmente et cloisonne la lutte contre le système. L’idéologique, le politique, l’économique, le culturel… sont interdépendants, consubstantiels, voire dialectiquement et transversalement liés. Nous souhaitons vivre non seulement mieux, mais aussi autrement. Nous voulons juste être libres !

UNION OUVRIERE À FINALITÉ COMMUNISTE ANARCHISTE

L'organisation révolutionnaire que nous voulons construire n'est ni un parti et ni un syndicat. Elle est dans son mode d’organisation une union (ou association) ouvrière, rassemblant les travailleurs qui résistent contre l'exploitation et l'oppression de tous les jours, dans le cadre des revendications immédiates (énumérées précédemment), ces dernières n'étant pas une fin en soi. L’union ouvrière - ou plutôt, « sociétés ouvrières de résistance » - ne sont pas fondées uniquement que sur celles-ci. Elles sont seulement un moyen pour qu’ils prennent conscience de leur subjectivité (une classe en soi et pour soi), lorsqu’ils font preuve de solidarité et d’entraide pendant la lutte, lorsqu’ils en viennent à remettre en cause l’autorité, l’oppression, la propriété, l’inégalité, etc.

En défendant de front tous leurs droits, les travailleurs pourront seuls surmonter l’égoïsme, acquérir la dignité humaine en se réveillant de la léthargie séculaire et en se rendant compte aussi qu’il faut en finir entièrement avec le système capitaliste. C`est pourquoi nos sociétés ouvrières de résistance (professionnelles et interprofessionnelles) sont en même temps des organisations idéologiques dont la finalité est le « communisme anarchiste ».

Nous sommes donc pour l’union ouvrière qui regroupe les travailleurs pleinement conscients des principes du « communiste anarchiste ». C’est-à-dire qu’ils sont libres de toute forme de bureaucratie, de politicaillerie et d’arrivisme. Toutes leurs décisions sont prises dans les assemblées générales ou à l'échelle supérieure d'un niveau local par leurs mandatés. Ces derniers sont seulement la « voix » de ceux qui les ont désignés.

Ses unions ouvrières ont la vocation de réaliser un travail idéologique de propagande et culturel pour diffuser les principes et la finalité du « communisme anarchiste », en paroles et en actes. Ces unions ouvrières doivent être en capacité de préparer, mener des grèves et autres actions contre le joug du capital et de l'Etat. Notre but est que les travailleurs s’imbibent des positions du « communisme anarchiste », qu'ils commencent à penser et agir comme tel, indépendamment de nos unions ouvrières.

Alors, les assemblées générales créées par eux - aujourd’hui si rares et si instables - peuvent se transformer, dans le futur, en des structures régulières, constantes et permanentes issues de l'auto-organisation et de l'autogestion sur la base du communisme libre. Nous appellerons celles-ci les conseils, les soviets ou les assemblées populaires (selon les us et coutumes de chacun). Alors, en nous inspirant des idées et des principes du « communisme anarchiste », nous, les exploités et les opprimés, irons au grand soir, à l'assaut ultime des bastions de ce vieux monde.

Vadim, du KRAS-AIT Moscou avec la collaboration de la CNT-AIT Caen.
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar rouge63 » Mercredi 21 Avr 2010 10:14

Merci beaucoup à Lucien et Nosotros. Nous allons discuter de tout cela en réunion, mais tes remarques sont pertinentes.
Pour ce qui est des centrales, c'est effectivement un terme que j'emploie mais finalement je n'avais pas fait un travail de définition suffisant pour me rendre compte de cet esprit justement centralisé et anti-démocratique qu'il induit.
Pour ce qui est des retraité-e-s c'est effectivement à rajouter, mais il y en a beaucoup à rajouter je suppose, et ces erreurs sont involontaires de ma part. De plus comment utiliser le mot travailleu-ses-rs sans que les gens l'associant à ouvrier-e-s ne se sentent pas exclus? Et qu'en même temps nous ne soyons pas obligé de déblatérer un catalogue de toutes les fonctions occupées par ceux qui travaillent pour qu'ils se sentent inclus? Comment en fait élargir l'acceptation courante de travailleu-ses-rs dans l'esprit des gens, qui y entendent parfois à tort ouvrier-e-s, pour qu'ils y voient le vrai sens de celle et celui qui produit?

Et j'avais une autre question quant à la charte de Paris (1946) constitutive de la CNT d'après-guerre, celle disponible sur le site de la CNT-AIT Interco Paris-Nord. Pourquoi est-elle constitutive du syndicalisme révolutionnaire et non de l'anarchosyndicalisme? C'est problématique pour une organisation qui dénonce la CNT-F comme dérivant vers un syndicalisme révolutionnaire et abandonnant les principes anarchosyndicalistes, non? N'existe t'il pas de textes de référence sur l'absolue nécessité au sein de la CNT-AIT de pratiquer l'anarchosyndicalisme, et non le seul syndicalisme révolutionnaire? Ce n'est pas par attaque contre la CNT-AIT, entendez le bien, mais seulement pour un éclaircissement idéologique car j'aime savoir où je met les pieds (c'est pas pour rien que j'ai pas choisi la CNT-F).

Salutations libertaires.
Il ne s’agit pas de faire l’anarchie aujourd’hui, demain, ou dans dix siècles, mais d’avancer vers l’anarchie aujourd’hui, demain, toujours.
(Errico Malatesta)
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar NOSOTROS » Mercredi 21 Avr 2010 11:28

Salut !

C'est une bonne question en effet.

Il se trouve que la Charte dite de Paris est en fait un copié/collé (à quelques nuances près) de la Charte de Lyon de 1924 de la CGT-SR, elle même issue d'un projet de Charte qui avait été rédigé par Griffulehes pour la création de la CGT U (comme unitaire ...) en 1922 mais qui n'a pas été acceptée.

Autrement dit, elle vient de loin, et surtout elle vient d'une époque ou le le terme "anarchosyndicaliste" n'existait pas. Le terme anarchosyndicaliste est en fait assez récent (dans l'histoire du mouvement ouvrier), son usage date d'après la Révolution russe et au début c'était surtout une insulte utilisée par les Bolchéviques contre certains de leurs ennemis politiques. Lorsque l'AIT s'est recrée, en 1922, le terme n"anarchosyndicaliste" 'était pas vraiment utilisé. C'est pourquoi le terme a aussi été repris lors de la création de la CGT-SR en 1924-26. Cependant il existe une brochure de la CGT-SR de 1936, intitulée "qu'est ce que le syndicalisme révolutionnaire" qui le dit très clairement : le syndicalisme révolutionnaire c'est l'anarchosyndicalisme. (la brochure a été scannée, je vais demander au compagnon s'il peut la mettre en ligne).

Lors de sa création, en 1946, la CNT essaye de maintenir ensembles un tendance plus anarchiste et une "apolitique". Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu'elle est faite par des militants dont certains ont connu la CGT des origines, de 1900, qui rêvent encore d'une organisation de masse, pour tous les ouvriers (le mythe de l'unité ouvrière était très fort en France), le terme "anarchosyndicaliste" est jugé trop restrictif, susceptible de faire s'éloigner les masses.

Mais quand tu lis les journaux, textes, comptes rendus de réunion de l'époque il n'y a aucun doute sur l'identité de l'organisation et les deux termes sont en fait utilisés indifférement pour dire la même chose.

Ce n'est que très récemment, à la fin des années 80 en fait, qu'un distinction très nette s'est fait jour. Cela est dû à l'arrivée de personnes venant d'un horizon marxiste non anarchiste qui intègrent la CNT AIT, avec un projet politique propre, et qui a consisté a établir une claire démarcation entre les deux termes et les deux tendances. C'est à partir de là, du déclenchement d'une lutte pour l'hégémonie d'une tendance au sein de la CNT, que le processus de la scission commence.

C'est donc assez normal qu'un texte de 1946 ne reprenne pas la différenciation forte qui s'est en fait cristalisée quelques 40 ans plus tard.

Le processus de scission a d'ailleurs eu ceci de positif qu'il nous a obligé à remettre en question nos "texts sacrés", tels que la Charte de paris. Cet examen a été plutôt salutaire, car il nous a évité d'être fossilisé dans notre position politique.

Le texte de la Charte de paris est un texte historique, qu'il faut remettre dans le contexte de son époque, dans sa trajectoire d'élaboration. cela ne veut pas dire qu'il faille intégralement le jeter aux orties, mais juste voir ce qui est encore valable dans l'esprit et ce qui est complètement obsolète.

On peut retenir sa réaffirmation du principe de lutte des classes et de refus de tout compromis, le but du mouvement étant l'abolition du salariat mais aussi de l'Etat. Egalement son affirmation de la stratégie de l'action directe, qui culmine par la grève générale expropriatrice laquelle ne pourra être que violente.

Egalement, dans la continuité de la Chartes de Lyon, la rupture totale et définitive avec les partis politiques, qui sont définis comme des ennemis des travailleurs. (alors que la Chartes d'Amiens était neutre envers les partis politiques, leur reconniasasnt une contribution qui pouvait être positive dans le projet émancipateur humain). Et donc logiquement elle annonce l'impossibilité d'aucune action - même ponctuelle - avec eux.

Ce qui est intéresant aussi , en filigrane, c'est l'intelligence de la situation sociale et révolutionnaire (la Charte est un concentré des expériences vécues par ses rédacteurs : CGT 1900, révolution russe, espagnole, occupation et résistance, ...) : après avoir rappelé que "le capitalisme [a été ] façonnée par les forces dirigeantes en dehors de toute doctrine comme de toute théorie" , il est rappellé que "la stabilisation momentanée de la révolution doit s’accomplir en dehors de tout système préconçu, de tout dogme, comme de toute théorie abstraite, qui seraient pratiquement en contradiction avec les faits de la vie économique qui doit nécessairement donner naissance à la vie politique et sociale exprimant l’ordre nouveau.".


mais le principal acquis de la Chartes de Paris est la précision de la notion de collaboration de classe, qui n'existait pas dans la Chartes précédente de Lyon.

Cette question a été rendue nécessaire par l'apparition après guerre, dans la droite ligne des mesures du "programme du Conseil National de la Résistance", de structures de cogestion, véritable structures de collaboration de classe : "la collaboration des classes est caractérisée par le fait de participer, dans des organismes réunissant des représentants des ouvriers, des patrons ou de l’Etat, à l’étude en commun des problèmes économiques dont la solution apportée ne saurait que prolonger, en la renforçant, l’existence du régime actuel."

Tous ces points restent éminement d'actualité.

Par contre, la Chartes de Paris est aussi l'héritière de la Chartes d'Amiens (comme c'est rappelé à deux reprises dans le txete), et en ce sens elle est toujours dans la vision "syndicaliste révolutionnaire" du "syndicat futur organe de gestion de la société post révolutionnaire". Cette vision est complètement dépassée (et par ailleurs contradictoire avec le passage qui dit que la révolutoin s'organisera en dehors de toute doctrine pré-établie ...).

La Chartes de Paris n'est donc pas un texte sacré. Et aujourd'hui nous pensons que plutôt que de vouloir établir un texte unique et définitif qui viendrait s'y substituer, il y a besoin d'intensifier les débats et les échanges de façon à approfondir les questions.

Bref, chacun est le bienvenu pour apporter sa pierre à l'édifice, car il s'agit d'un travail de "reconstruction" / élaboration collectif !
Dernière édition par NOSOTROS le Mercredi 21 Avr 2010 11:29, édité 2 fois.
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar AnarSonore » Mercredi 21 Avr 2010 11:29

Salut,

tu trouveras sur AnarSonore un dossier d'enregistrements audio de textes anarchosyndicalistes sur le syndicalisme révolutionnaire diffusés par la CNT-AIT ces dernières années. Certains d'entre eux recoupent des articles déjà indiqués par les compagnons:

    * La Charte d’Amiens est morte...
    * Les syndicats réformistes sont-ils un "mal nécessaire" ?
    * Le syndicalisme doit-il être non-idéologique ?
    * Point de vue sur de récentes évolutions
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar NOSOTROS » Mercredi 21 Avr 2010 11:33

Merci Anarsonore !

je recopie ici le texte sur la Chartes d'Amiens qui réponds à certaines questions :

LA CHARTE D’AMIENS EST MORTE...

lundi 12 juin 2006

La « charte d’Amiens » est le nom du texte adopté lors du congrès de la CGT en octobre 1906. C’est depuis et de façon invariable devenu le texte de référence des syndicalistes révolutionnaires.

La charte d’Amiens est morte... très jeune. Elle n’avait qu’à peine 8 ans.

Depuis, se revendiquer de la charte d’Amiens, c’est se revendiquer d’un mythe. Certains « anarchistes » et autres « syndicalistes révolutionnaires » essayent régulièrement de réanimer le cadavre ? Quel peut bien être leur intérêt dans cette entreprise ?

Un texte de compromis historique ?

Les syndicalistes révolutionnaires oublient souvent de rappeler que ce texte est avant tout un texte de compromis entre les tendances anarchistes et réformistes (parlementaristes) de la CGT. Si, pour faire plaisir aux premiers, la Charte établit le principe de grève générale expropriatrice il assure surtout une bienveillante neutralité du syndicat envers les partis politiques qui, pour reprendre les termes de la Charte « en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale ». Alors que la CGT « apolitique » ne se donnera jamais les moyens de donner vie au principe de grève générale, les partis politiques sauront utiliser toute leur « liberté » ainsi garantie pour renforcer leur pouvoir sur le dos des travailleurs.

La neutralité politique à vécu ...

Dès 1922, à la re-création de l’AIT, l’apolitisme de la Charte d’Amiens était dénoncé pour ce qu’il était : une trahison contre la classe ouvrière, qui, sous couvert de « neutralité » consistait en fait à subordonner les travailleurs aux intérêts des partis politiques, dont il était évident après les épisodes de l’Union sacrée en 14, de la contre révolution en Allemagne et de la contre révolution bolchevique qu’ils étaient en opposition totale.

Nous ressortir la Charte d’Amiens aujourd’hui n’est pas anodin. Alors que tout le monde constate la perte de la mémoire militante et le règne de la confusion spectaculaire, on réexhume opportunément la vieille momie syndicaliste révolutionnaire, comptant ainsi nous refourguer sous les bandelettes quelques cadavres politiques décomposés depuis la chute du mur de Berlin. Cette régression permet en effet de trouver « normal » et « naturel » la collaboration avec des organisations politiques, voire d’ouvrir l’organisation « syndicaliste révolutionnaire » aux militants des partis et organisations politiques. Cela permet de créer des proximités (qui a dit des connivences ?) dans l’objectif d’une hypothétique refondation syndicale avec d’autres forces d’extrême gauche voire de gauche ... (cf. l’article sur le réveil des chats noirs de Politis http://www.politis.fr/article1293.html)

Syndicats vs classe

Aujourd’hui, il est temps d’en finir définitivement avec ces conceptions héritées d’un passé mythique. La Chartes d’Amiens clamait, et la Charte de Paris de la CNT avec elle - que « le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de la réorganisation sociale ». Ce projet, rien moins que totalitaire - du Grand Syndicat s’apparente à celui du Parti unique ... Il s’agit d’une énième avant garde, dont on sait comment cela finit ...

Aujourd’hui, 100 ans après, la CGT et ses avatars sont devenus les partenaires obligés de l’Etat pour construire le spectacle de la contestation inutile. Quand au "mouvement anarchiste" il est partagé entre ceux qui vendent de l’anarchisme mais qui proclament ne pas être anarchistes et ceux qui défendent encore un projet de société.

Ce projet de société c’est le communisme anarchiste. Ce projet, qui rejoint l’anarchisme ouvrier globaliste de la FORA, appelle à un dépassement du syndicalisme. En effet, le syndicalisme étant un mode d’organisation dont la forme est structurée par le capitalisme (comme une empreinte en creux), il ne peut abolir le capitalisme sous peine de s’abolir lui-même. Donc s’il venait à gérer la société future, il reproduirait fatalement le capitalisme, les structures ayant toujours tendance à privilégier leur propre survie. (cf. à ce propos les textes sur la résistance au travail en Espagne révolutionnaire parus sur le site http://mondialisme.org)

Cette réflexion, mêlée et enrichie avec d’autres apports convergents (communisme de conseil, situationnisme, etc ...) amène aujourd’hui des syndicats CNT AIT à développer le concept d’autonomie populaire.

On est donc ici bien loin de la Charte d’Amiens ou de Paris et des statuts actuels de la CNT. Certes, on peut décréter le texte obsolète et donc aboli. Mais est ce bien important ? Ce qui compte, c’est le processus d’élaboration d’un nouveau référentiel anarchosyndicaliste idéologique et pratique, adapté à la réalité sociale actuelle. Ce processus doit être ouvert tout en étant cohérent, pour être opérationnel. Il doit se nourrir des réflexions et des expériences pratiques de tous ceux qui souhaitent y participer (la participation n’étant pas fondée sur un label ou l’appartenance - ou non - à une organisation - mais sur une volonté constructive et un minimum de clarté tant sur les objectifs que sur les moyens et sur leur articulation).
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar rouge63 » Mercredi 21 Avr 2010 11:58

D'accord! Merci beaucoup pour ces éclaircissement.
En somme il nous faut sans cesse prolonger le débat pour éviter de tomber dans des dogmatisme et sans cesse accoutumer notre esprit à analyser ce que nous pensons pour acquis pour éviter de s'enfermer, pour éviter de calquer à la réalité des modèles idéologiques. L'important est donc, fort de concepts hérités du passé et du présent de nos luttes, d'essayer d'atteindre l'idéal anarchiste en réinventant les méthodes, en prenant celles qui ont fait leur preuve, et en s'accrochant toujours aux valeurs anti-autoritaires, démocratiques et fraternelles qui sont les nôtres.
D'après ce que je comprend ce sont les valeurs anarchistes qui définissent nos méthodes et nos fonctionnement. Vous en pensez-quoi?
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar NOSOTROS » Mercredi 21 Avr 2010 12:22

Oui c'est très bien exprimé ! Merci !
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar Paul Anton » Mercredi 21 Avr 2010 12:28

Salut !

C'est tout à fait ça ! Telle est la tâche de la période qui est de reformuler l'anarchosyndicalisme en se confrontant dans le champ de "la praxis" et de "la pratique". Startpeople est un bonne exemple en la matière.
"Salut Carmela, je suis chez FIAT ! Je vais bien... Si, si, nous pouvons parler tranquillement, c'est Agnelli qui paye !"
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar Malval » Mercredi 21 Avr 2010 13:31

Excusez mon incursion dans cette discussion mais j'ai deux réflexions qui me viennent à l'esprit (et parce qu'elles viennent d'émerger elles ne seront peut être pas très claires, excusez moi d'avance) :

Sur la différence entre SR et AS, ma première réflexion est issue d'un commentaire de Miguel Chueca dans l'introduction d'une compilation de textes sur la Grève Générale aux temps héroiques du SR (c'est sorti chez Agone l'année dernière), je cite (c'est page 36 pour celles et ceux qui veulent l'original) :
Et nous laisserons à d'autres le soin de marquer les divergences entre ces deux syndicalismes [SR et AS], où, eu égard en particulier à la question de la neutralité idéologique et des relations entre syndicat et parti politique, certains croient voir des différences de nature là où on a affaire qu'à des différences de degré, tributaires de circonstances et de contextes historiques, politiques et culturels fort variés.

Votre avis sur cette remarque ?
Je ne la trouve pas forcément dénué de sens dans la mesure où les partis ne sont QUE des partis mais aussi des mouvements et qu'ils entraînent avec eux une bonne partie du peuple et que cette partie ne raisonne pas forcément en terme d'échéances électorales (tout le monde n'est pas encarté, d'autres le sont parce que pris dans l'euphorie mais sont en fait plutôt hostiles à l'idée de secte partisane), mais qu'elle voit dans ces partis des outils du changement social. Est ce que tous les gens qui vont aux fêtes de LO, aux univ' d'été du NPA sont de fiéfé-es trotskystes hostiles à l'AIT ?
D'ailleurs on a vu la transformation des programmes politiques des partis, par exemple aujourd'hui l'autogestion est revendiqué par eux, alors que ce n'est pas du tout marxiste (carrément proudhonnien). Ce passage est dû à quoi ? Est ce que la présence des pratiques et discours anarchistes aux côtés (voire au sein) des partis et syndicat a pu jouer ? Je sais bien que l'autogestion revendiqué par LO, en application pratique, ça serait du flan, mais justement, celles et ceux y ayant cru se sentiraient trahi-es, de ce point de vue là, c'est une victoire de l'anarchisme sur le marxisme orthodoxe. Les discours et pratiques anarchosyndicalistes sont ils l'apanage des acteurs et actrices identifié-es et autodésigné-es comme anarchosyndicalistes ? Sont ils/elles les seules à pouvoir en parler et à les mettre en pratique ? Peut on imaginer que des électeurs et électrices du NPA, voir du PG développent des pratiques autonomes en dehors des échéances électorales.
Le contexte dont parle Chuega est peut être là. Mouvement politique fort = SR ; mécontentement fort et méfiance généralisée envers les partis et organisations traditionnelles = AS (même si c'est pas aussi simple puique ça évacue l'Idéologie).

Ensuite deuxième remarque (pas du tout clair là mais bon, j'me lance).
Vous parlez de l'importance de la lutte idéologique (je préfère parler de lutte culturelle ou de lutte anti-idéologique mais c'est pas important, juste une différence de définition des termes, c'est mon Moi marxiste qui s'exprime :D) conjointement au refus de devenir une organisation de masse et de dire que la révolution sociale et politique ne peut, en plus d'être d'aucun parti (au sens de "camp"), ne peut se faire en fonction d'aucun dogme politique (j'ai peut être mal compris ?) ? Est ce bien cohérent ?
Peut on, dans ce cas là, décréter qu'il y a des bases culturelles minimum qui doivent guider et accompagner l'action révolutionnaire du peuple et que ces bases pourraient par exemple se cristalliser dans l'idée pratique de Justice (on dépasserait là, la "simple" praxis puisque cette dernière n'inclue pas la morale) ?
Deuxièmement ça implique la critique incessante des organisations et pratiques ne se trouvant pas en conformité avec la lutte culturelle (ou anti-idéologique) que l'on s'est donné, ce qui pourrait apparaître comme une volonté de chapeauter culturellement le mouvement social en distribuant des bons et des mauvais points. De là, quid de l'autonomie ? Il est toujours plus difficile de se remettre en question quand la critique est extérieure à soi ou au collectif et d'autant plus quand elle est acerbe et apparaît comme politiquement située (d'où les critiques "vous êtes trop idéologiques", ce qui, de mon point de vue, est déjà une critique idéologique, mais bon).

Comment à la fois pouvoir vouloir se dire non représentant de celles et ceux pour qui la révolution sociale et politique profiterait (les classes ouvrières et l'humanité) et en même temps apporter une critique sans concession des organisations et institutions de classe, à caractère autonome (syndicats, comités, AG, etc.), en voulant faire en sorte que sa critique soit la seule valable contre celles des autres groupes souhaitant une révolution de type socialiste ?

C'est pas une accusation, c'est juste qu'en fait je m'inclue dans ces critiques, donc si j'ai des réponses ça me permettra aussi à moi d'avancer :)
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar NOSOTROS » Mercredi 21 Avr 2010 14:46

Chueca est parmi les chantres du réformisme dans le milieu anarchiste en France donc pas étonnant de sa part qu'il veuille atténuer la négation principielle de la relation avec les partis politiques en une simple question de pure tactique qui peut évoluer au gré du temps et des circonstances. (et je pense qu'après ce sera le premier à critiquer les ministres anarchistes ... comme AL qui par contre n'a eu aucun problème à appeler à voter Chirac en 2002. Mais ceci est une autre histoire. )

Ceci dit je n'ai pas lu tes réflexions, je te dirai plus tard ce que j'en pense.

Sinon pour revenir sur les termes "anarchosyndicalisme" et "syndicalisme révolutionnaire" et leurs usages, j'ai trouvé ceci dans un article de Claire Auzias paru dans les années 80 et consacré à la CGT-SR :

Selon l'étude de S. JOSPIN, La CGTSR à travers son journal (1916-1937), maîtrise, Université de Paris I, 1974, p. 102, l'expression syndicalisme révolutionnaire est abandonnée dans le Combat syndicaliste au profit d'anarcho-syndicalisme, synthèse d'anarchisme et du syndicalisme. Pour Boudoux, « l'anarcho-syndicalisme fut et reste l'épine dorsale du syndicalisme révolutionnaire ».
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Re: Une future nouvelle section ?

Messagepar Lambros » Mercredi 21 Avr 2010 16:38

On a une réu bientôt, et il est prévu qu'on y écrive une première mouture de statuts, comme nous l'ont conseillé les compagnons de Toulouse. On enverra tout ça aux compagnons de Toulouse, Caen et Paris pour débuter !

Perso, je fais une différence entre SR et AS. Un exemple, pour bien connaître le Combat Syndicaliste de la CNT-F (j'en vends, j'en ai vendu ou donné) commence par : "Salutations anarchosyndicalistes et syndicalistes révolutionnaires". Ça sous entend clairement que la CNT-F veut une orga composée des deux tendances, dans le but de grossir... De plus, je connais des cocos ou des personnes a-idéologiques, seulement anticapitalistes, qui pratiquent un syndicalisme révolutionnaire, de lutte de classe (un trotsko à la CNT-F, des SUD Lycéen-ne-s, des SUD Étudiant-e-s). Leur syndicalisme est marqué par la lutte, mais absolument pas AS.

Ensuite, je ne me dis absolument pas communiste. C'est pas possible, historiquement, idéologiquement... Je suis anarchiste, ou "socialiste anti-autoritaire" comme disait Bakounine. A la fac, un gars totalement apolitique, pas engagé du tout, a lu le 13 pages de réflexions sur l'anarchosyndicalisme de Caen il me semble. Il trouvait ça très bien, mais le communisme ça le rebute. Moi aussi. Et puis même les communistes dans le sens "pur" du terme pareil. les dernier-e-s qui se disent communistes dans le vrai sens c'est les appelistes non ?

"Je déteste le communisme, parce qu'il est la négation de la liberté et que je ne puis concevoir rien d'humain sans liberté. Prenez le révolutionnaire le plus radical et placez-le sur le trône de toutes les Russies, ou confiez-lui un pouvoir dictatorial [...] et avant un an il sera devenir pire que le Tsar lui-même."
(Michel Bakounine)

D'ailleurs en ce moment, on se fait traiter de fascistes par des cocos de tout poil (trotskos du NPA-UNEF TUUD, admirateurs-trices de Staline...) parce que l'abstention c'est le terreau du fascisme, ou que la FAI a collaboré avec les phalangistes en 36, que les anars ont défoncé les cocos en 36 à Madrid pour la livrer au fascistes (fort ça non?)...

Enfin, la Charte d'Amiens c'est pour moi le symbole du SR, on ne peut le nier (abolition du salariat et du patronat, grève génerale, sabotage) mais absolument pas AS, dû à cette superbe invention qu'est le syndicalisme a-idéologique...

En tout cas on vous envois des textes très bientôt !


Salutations anarchosyndicalistes
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