Pour info, txte distribué à la trentaine de personnes présentes à l'ouverture du Colloque international pour le centenaire de la Chartes d'Amiens :
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LA CHARTE D'AMIENS EST MORTE...
La charte d'Amiens est morte... très jeune. Elle n'avait qu'à peine 8 ans.
Depuis, se revendiquer de la charte d'Amiens, c'est se revendiquer d'un
mythe. Certains « anarchistes » et autres « syndicalistes révolutionnaires »
essayent régulièrement de réanimer le cadavre ? Quel peut bien être leur
intérêt dans cette entreprise ?
Un texte de compromis historique !
Les syndicalistes révolutionnaires oublient souvent de rappeler que ce texte
est avant tout un texte de compromis entre les tendances anarchistes et
réformistes (parlementaristes) de la CGT. Si ? pour faire plaisir aux
premiers ? la Charte établit le principe de grève générale expropriatrice il
assure surtout une bienveillante neutralité du syndicat envers les partis
politiques qui ? pour reprendre les termes de la Charte « en dehors et à
côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale ». Alors
que la CGT « apolitique » ne se donnera jamais les moyens de donner vie au
principe de grève générale, les partis politiques sauront utiliser toute
leur « liberté » ainsi garantie pour renforcer leur pouvoir sur le dos des
travailleurs.
La neutralité politique à vécu ...
Dès 1922, à la re-création de l?AIT, l?apolitisme de la Charte d?Amiens
était dénoncé pour ce qu?il était : une trahison contre la classe ouvrière,
qui ? sous couvert de « neutralité » consistait en fait à subordonner les
travailleurs aux intérêts des partis politiques, dont il était évident après
les épisodes de l?Union sacrée en 14, de la contre révolution en Allemagne
et de la contre révolution bolchévique qu?ils étaient en opposition totale.
Nous ressortir la Charte d?Amiens aujourd?hui n?est pas anodin. Alors que
tout le monde constate la perte de la mémoire militante et le règne de la
confusion spectaculaire, on réexhume opportunément la vieille momie
syndicaliste révolutionnaire, comptant ainsi nous refourguer sous les
bandelettes quelques cadavres politiques décomposés depuis la chute du mur
de Berlin ?
Cette régression permet en effet de trouver « normal » et « naturel » la
collaboration avec des organisations politiques, voire d'ouvrir
l'organisation « syndicaliste révolutionnaire » aux militants des partis et
organisations politiques. Cela permet de créer des proximités (qui a dit des
connivences ?) dans l'objectif d'une hypothétique refondation syndicale avec
d'autres forces d'extrême gauche voire de gauche ... (cf. l'article sur le
réveil des chats noirs de Politis
http://www.politis.fr/article1293.html)
Syndicats vs classe
Aujourd?hui, il est temps d?en finir définitivement avec ces conceptions
héritées d?un passé mythique. La Chartes d?Amiens clamait ? et la Charte de
Paris de la CNT avec elle - que « le syndicat, aujourd'hui groupement de
résistance, sera, dans l'avenir, le groupement de production et de
répartition, base de la réorganisation sociale ». Ce projet ? rien moins que
totalitaire - du Grand Syndicat s'apparente à celui du Parti unique ... Il
s'agit d'une énième avant garde, dont on sait comment cela finit ...
Aujourd?hui, 100 ans après, la CGT et ses avatars sont devenus les
partenaires obligés de l'Etat pour construire le spectacle de la
contestation inutile. Quand au "mouvement anarchiste" il est partagé entre
ceux qui vendent de l'anarchisme mais qui proclament ne pas être anarchistes
et ceux qui défendent encore un projet de société.
Ce projet de société c'est le communisme anarchiste. Ce projet, qui rejoint
l'anarchisme ouvrier globaliste de la FORA, appelle à un dépassement du
syndicalisme. En effet, le syndicalisme étant un mode d'organisation dont la
forme est structurée par le capitalisme (comme une empreinte en creux), il
ne peut abolir le capitalisme sous peine de s'abolir lui-même. Donc s?il
venait à gérer la société future, il reproduirait fatalement le capitalisme,
les structures ayant toujours tendance à privilégier leur propre survie.
(cf. à ce propos les textes sur la résistance au travail en Espagne
révolutionnaire parus sur le site
http://mondialisme.org)
Cette réflexion, mêlée et enrichie avec d'autres apports convergents
(communisme de conseil, situationnisme, etc ...) amène aujourd?hui les
syndicats CNT AIT à développer le concept d'autonomie populaire
On est donc ici bien loin de la Charte d?Amiens ou de Paris et des statuts
actuels de la CNT. Certes, on peut décréter le texte obsolète et donc aboli.
Mais est ce bien important ? Ce qui compte, c'est le processus d'élaboration
d'un nouveau référentiel anarchosyndicaliste idéologique et pratique, adapté
à la réalité sociale actuelle. Ce processus doit être ouvert tout en étant
cohérent, pour être opérationnel. Il doit se nourrir des réflexions et des
expériences pratiques de tous ceux qui souhaitent y participer (la
participation n'étant pas fondée sur un label ou l'appartenance - ou non - à
une organisation - mais sur une volonté constructive et un minimum de clarté
tant sur les objectifs que sur les moyens et sur leur articulation).
Bref, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues !
VIVE L?ANARCHO SYNDICALISME !
SYNDICAT INTERCOPORATIF PARIS NORD CNT AIT (ASSOCIATION INTERNATIONALE DES
TRAVAILLEURS)
AIT C/O AAAFA, BP 5, 75860 PARIS CEDEX 18