Contrairement à l’an dernier, la gôche politico-syndicale (tous courants confondus) avait décidé de mobiliser sa base pour ce 1er Mai. En effet, face à l’austérité sarkozienne, rien ne vaut une austérité de gauche soutenue par le mouvement syndical officiel. En tant qu’anarchosyndicalistes, nous ne pouvions ni boycotter un 1er mai, ni participer à ce cortège. Nous avons donc décidé de créer un « Pique et Nique les patrons, les banquiers, les bourgeois, les curés, les partenaires sociaux ».
Nous nous sommes donc placés le long du parcours, dans un square. Une vingtaine de personnes avaient répondu à l’appel, ce qui est assez positif. Nous avons pendus 7 pantins (en hommage aux 7 anarchistes et anarchosyndicalistes d’Haymarket) : un curé, un capitaliste, un juge, un militaire, un flic taché de sang, une MEDEF et… un syndicaliste jaune. Nous avons déployé une grande banderole « (G)rève générale illimitée-Resistance Populaire Autonome » et déployé quelques drapeaux… Deux cars de police pour nous surveiller, aucun dans la manif syndicale…
Puis le cortège (10 000 personnes, à comparer aux 450 de l’an dernier…) est arrivé. On s’est réparti les tâches : des compagnes-ons diffusaient des tracts (l’un reprenant avec modifications le communiqué de l’AIT, l’autre plus court sur la récupération historique du 1er mai), d’autres avaient déployé la banderole de l’Union Locale, et un compagnon, entonnait des slogans anarchosyndicalistes au mégaphone. La première remarque, c’est que personne ne s’attendait à voir ça. Si les cortèges CFDT et UNSA n’ont guère apprécié ces pendaisons, les cortèges SUD-FSU-CGT eurent plus ou moins la même réaction : les permanent-es outré-es, la « base » plutôt enjouée face à cette mise en scène saignante mais libératrice. Plusieurs personnes se sont arrêtées pour discuter avec nous. Puis arrivèrent les cortèges des partis politiques (tous, sauf le NPA et les Verts, se seraient-ils dissous dans le cortège PS?)…
Un cortège PS plus fourni que jamais. Et là, on a pas pu se retenir de scander «Ni Dieu Ni Maître, Ni Social-Traître » et autres… ce qui les a fait sortir de leur gonds. Particulièrement l’un d’entre eux, qui nous hurla dessus : « CNT = CIA », « Vous faites le jeu de la police », et à un compagnon « Sale zonard, accroche-toi bien à la vie» (après le vrai travail de l’UMP, les vrais déviants vu par la gauche, déviant-es dont nous sommes fier-es d’en être). Nous avons répondu que « En Grèce, c’est les socialistes » et que les CRS et les Centres de Rétention, c’est encore eux. Et moment de rare félicité, le gros cortège du Front de Gauche qui arrivait derrière, dépité, se mit à crier « Unité, Unité !» (AL aurait-il infiltré?). Bref, ce fut un bon moment, et surtout un succès pour notre syndicat. Nous avons appris par la suite que dans leur discours, les bureaucrates de la CGT ont parlé de nous, apparemment profondément vexé-es…
A la fin du passage du cortège, nous avons pique-niqué. S’en est suivie une discussion en plein air avec une dizaine de personnes, sur le 1er mai, la stratégie anarchosyndicaliste et sur les luttes des sans-papiers, avec la présence d’un militant de Paris. Ce fut pour nous une réussite, un excellent 1er Mai (le deuxième consécutif!). Ainsi les gens du cortège ont pu constater que nous pouvons sortir de l’inertie des promenades des syndicats institutionnels, et nous réapproprier la rue et l’espace public, en proposant une alternative, la résistance populaire et autonome.
Union Locale CNT-AIT 63