Je l'ai déjà dit et je le redis, bien sûr que oui je suis opposé à toutes les contre-réformes qui touchent l'enseignement/l'université/la condition des profs/etc. et je suis tout à fait d'accord avec le fait que ce ne soit pas facile et qu'il y ait de quoi mal le vivre comme tout autre travailleur/travailleuses. De même j'estime que l'éducation ne peut ni être totalement émancipatrice ni faire totalement oeuvre de soumission des élèves. Je ne suis d'ailleurs pas de ces libéraux bien plus que libertaires qui ne font que cracher sur l'école et les profs à tout bout de champ, niant totalement le service public nécessaire qu'est l'éducation et crachant sur tou-te-s les fonctionnaires "salarié-e-s de l'Etat" et donc collabos selon leur grille de lecture. Je pense également qu'il faut dissocier les professions qui ne peuvent qu'être autoritaires (flics, matons, etc., au service du capital) et d'autres professions qui peuvent varier entre reproduction du système/autoritarisme et émancipation telles que le professorat.
Mais il faut bien le dire, actuellement on est bien plus dans la soumission que dans l'émancipation quant aux structures mêmes de l'école bourgeoise. Les profs eux/elles-mêmes ont ici un rôle puisque, selon leur pédagogie, ils peuvent plus ou moins conduire à l'émancipation des élèves, dans les limites du système bien entendu. Et on peut constater que des courants tels qu'Emancipation ou la CNT-éduc' élaborent des réflexions sur la manière de concevoir une éducation réellement égalitaire/libertaire/etc. notamment via leurs revues (N'Autre Ecole, etc.).
Pour Mühsam : je suis désolé mais je ne fais pas dans l'humanisme interclassiste, dans la fraternité avec les dominants. Qu'une prof se suicide à cause de conditions de travail exécrables alors oui ça me touche. Suicide dû au travail, assassinat du capital. Qu'une prof se suicide parce que des élèves se sont élevés face à ses méthodes autoritaires, face à sa domination, et qu'elle ne l'a pas supporté, ben au risque de choquer ça m'importe peu. Je me vois mal pleurer le gars qui se suicide parce que sa femme, qu'il dominait depuis des années, a décidé de ne plus se laisser faire et se barre. Ca va pas me faire plaisir pour autant (quoique, pour certaines grosses pourritures telles Hitler/Franco/Bigeard, etc.), et la mort de qui que ce soit, même d'un facho ou d'un patron, n'aura jamais le moindre intérêt révolutionnaire pour moi.
Maintenant, mon post était à prendre dans son contexte, c'est-à-dire par rapport à l'information telle que je l'ai reçue et visiblement au vu des dernières informations ses conditions de travail n'étaient pas étrangères à son suicide. Voici un extrait de l'information telle que reçue :
Selon des témoins interrogés par un correspondant de l'AFP, cette femme, qui enseignait dans la filière d'enseignement général de cet immense lycée, était en conflit avec certains élèves, qui la trouvaient trop sévère et contestaient ses méthodes.
Une tentative d'explication, mercredi, plutôt houleuse, avait été «mal vécue» par l'enseignante, selon ces sources.
Jeudi matin, la professeure, arrivée au lycée avec un bidon d'essence, a donné son cours entre 09h00 et 10h00, puis elle s'est placée au centre de la cour pendant la récréation, s'est s'aspergée de carburant très calmement avant d'y mettre le feu, ont expliqué des parents de lycéens.
Selon ces parents d'élèves de seconde et de première, elle était «très peu aimée» et, lors d'une réunion parents-professeurs il y a une dizaine de jours, elle s'était montrée hostile à toute discussion, se retranchant derrière la nécessité de boucler son programme.
Elle s'occupait peu des élèves en difficulté, préférant les exclure de son cours pour faire travailler les autres, ont raconté quatre parents d'élèves interrogés, qui ont par ailleurs noté lors de cette réunion que l'enseignante portait des bleus et des traces de coups.
L'enseignante avait fait une dépression nerveuse l'an dernier et avait été convoquée à plusieurs reprises par la direction de l'établissement, à la suite de plaintes des parents sur son comportement, ont ajouté ces sources.
Pour le coup de jeter Bourdieu parce que "pas anarchiste" c'est du n'importe quoi. On devrait aussi jeter le Capital parce que Marx était centralisateur ? Gramsci et ses réflexions sur l'hégémonie culturelle puisque marxiste ? Etc, etc. ? J'ai déjà discuté du sujet avec un bourdieusien anar et il m'a expliqué que les travaux de Bourdieu sont repris par diverses écoles de manière différente : des méritocrates de centre-droit, jusqu'aux anarchistes, en passant par des soce-dèms, marxistes, etc. D'ailleurs je dois bien avouer que le peu que j'ai pu lire sur Bourdieu m'a semblé très intéressant d'un point de vue libertaire.
Pour conclure, et parce que tout le monde n'a pas envie de lire ce pavé : Lutter pour des meilleures conditions de travail pour les profs, pour une meilleure éducation, etc. mille fois oui. Pour autant, j'estime que les profs doivent aussi réfléchir à comment faire pour exercer la domination la moins importante possible sur leurs élèves et leur donner tous les outils nécessaires à leur émancipation. Ils ne doivent donc pas se contenter de revendications corporatistes, pour leurs conditions de travail au détriment des apprenant-e-s.