anarced a écrit:Je propose d'envisager ce débat sous un angle différent: si le Front National se rebaptisait Front Régional (ou Front des Régions, avec Jean-Pierre Pernot comme porte-parole...), Le Pen en serait-il (ou elle) plus sympathique ?
A mon avis, non !
Oui, mais c'est aussi une évidence là.
S'il se renommait Front Régional il ne serait plus en adéquation théorique avec ses objectifs et ses pratiques discursives, un paquet de gens abandonneraient le navire (comme cela a été de même après le virage "gauchiste" de MLP + Soral aux dernières présidentielles). Tout ça à son importance et permet d'identifier des fois au premier coup d'oeil les bases culturelles de telle ou telle orga.
Encore un exemple sur l'extrême-droite, le susbtantif et qualificatif identitaire est raillé par une bonne partie de l'extrême droite (la frange anti-régionalismes) et leur permet de séparer de leur point de vue le grain de l'ivraie. Certains leur reproche de s'être arrogé le qualificatif en le détournant de son sens "véritable" (visible dans l'extrême droite britto-bretonne). Et le même qualificatif/substantif peut permettres au contraire aux yeux d'autres, d'être plus attractif. Mais ils sont du même camp, il ne viendrait pas à l'idée (du moins je l'espère) d'une organisation s'inscrivant dans le mouvement révolutionnaire d'utiliser cet adjectif/substantif.
Je pense qu'on est entré dans une société trop individualiste pour qu'une organisation puisse impulser un mouvement révolutionnaire. Si quelque chose d'un peu révolutionnaire devait émerger dans ce pays, cela ressemblerait (à mon avis toujours) à quelque chose dans la même veine que le mouvement anti CPE, ou bien Oaxaca au Mexique, c'est à dire une pluie d'organisations politiques, syndicales, associations en tout genre, groupuscules divers, individus autonomes, etc. qui tenteront de coordonner une lutte et s'il y a une chose dont ils se fouteront bien, à 99.999 %, c'est de savoir si la CNT doit s'appeler autrement ou pas.
A ce moment là oui ! Mais avant ? Si l'on veut combattre tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec les identitarismes ethnicites pour que ces derniers ne s'expriment pas en période révolutionnaire il faut faire en amont le travail culturel qui permettra que cette situation puisse exister.
Pour préparer cette situation, il faut discuter, débattre, entrer en contradiction, etc. et pour être crédible durant ces instances discursives il faut apparaître cohérent. La cohérence argumentative permet de faire changer les avis et énormément de monde (sinon la majorité des classes ouvrières) voient d'un très bon oeil ces histoires d'identités nationales, régionales, etc., s'ils/elles repèrent ce qu'ils/elles leur apparaît comme une énorme contradiction ils/elles déchanteront, ne prendront plus rien au sérieux de ce qui émane de l'orga en question et iront voir ailleurs, celles et ceux qui leur apparaissent comme cohérents, c'est-à-dire en partie l'extrême droite (notamment la "nouvelle vague" régionaliste et anti-sioniste) ou la frange du mouvement socialiste empreint d'identiratisme ethnique.
Et puis trop de matérialisme tue le matérialisme, le symbolique et l'imaginaire (la superstructure quoi) ont autant d'importance dans le mode de fonctionnement de l'autorité que le matériel (infrastructure).
NOSOTROS a écrit:Ceci étant, rejoindre un groupe pour "ses couleurs" ou son nom, excuse mais c'est une mentalité de supporter de foot ...
Et est ce que ce n'est pas si courant que ça ? Ne serait-ce même pas ce qui constitue la règle lors d'une démarche d'adhésion à un collectif quel qu'il soit ? Pour qui est extérieur à un collectif, qu'est ce qui représente ce même collectif à ses yeux ? Les gens qui y participent ou les logos et symboles ?
Le collectif est identifié comme une individualité (c'est le sujet collectif proudhonnien), avec ses symboles propres, si ces derniers ne sont pas atrayants, la personne ira voir ailleurs (l'exemple donné sur un autre sujet concernant le rejet que provoque l'utilisation du qualificatif/substantif "communiste", alors que la personne est d'accord avec les principes organisationnels concernant le projet de société, cet exemple est certes criant de banalité mais c'est la règle concernant les gens à convaincre que le communisme leur sera profitable). On ne dit pas "j'ai rejoint telle orga parce qu'elle représente à mes yeux ce que doit être véritablement un mouvement révolutionnaire" ? Les images, les logos sont un langage au même titre que les mots et ces derniers provoquent adhésion ou répulsion (j'ai déjà entendu un pote, très intelligent par ailleurs, à qui je demandais pourquoi il avait rejoint une section CNT-F me répondre "parce qu'ils sont rouge et noir", ça veut tout dire).
rien que parce que ça fait chier les nationalistes, qui seraient ravis de pouvoir se réapproprier le sigle ! Or là, il est bloqué (comme une adresse interenet) et en plus pour l'inverse de ce que ces connards voudraient en faire.
Ben on a un peu la même situation entre CNT-F et CNT-AIT non ? Même si les attaques ne s'appuient pas directement sur la reprise du sigle, en prenant fait et cause pour une critique globale du SR, c'est une façon de dire que le sigle CNT ne peut pas être utilisé pour la pratique d'un SR, donc pas de légitimité d'utilisation.
Et que les nationalistes l'utilisent, et après ?
Par ailleurs, il y a un léger biais dans ton argumentation : quand tu dis "dans l'utilisation de l'adjectif "national les CNT ne jouent pas à armes égales contre les pouvoirs que cet adjectif sert habituellement."," ... sauf erreur de ma part nous n'utilisons PAS cet adjectif ! Je te met au défi de trouver un texte où nous l'utilisons dans un sens positif pour nous définir.
Ben, dans beaucoup de tract est décliné l'entière présentation de l'acronyme CNT, donc il est utilisé positivement (à moins que certaines sections soient masochistes, mais je doute), même sans être défini sur le document en question. Enfin je sais pas, si je n'était pas vraiment au clair au niveau théorique sur la question des nationalismes (qu'ils s'expriment pour la défense d'une nation existance ou pour la création d'une nouvelle, ça n'a pas d'importance), en me mettant à lire des articles critiquant fort justement tout ce qui relève du national pour m'apercevoir que c'est signé par un sigle contenant "national", je me poserais des questions ? Non ?
On appelle les militants des cénétistes, pas des "confédérés nationaux travaillistes"
Qui vous appelle les cénétistes ? Celles et ceux ayant déjà été sensibilisé à tout un univers discursif identifié qui est celui en gros, d'extrême-gauche. Ca limite.
Ca c'est ce que voudrait nous faire croire Chomsky et tous les réformistes libertaires, les résignés de la révolution, avec leur fameuse théorie de l'extension du plafond de la cellule. (que tu reprends quasi mot à mot).
L'autonomie ce n'est pas aménager sa cellule pour la rendre confortable, l'autonomie c'est inventer un ailleurs, en dehors de la cellule, et se donner les moyens de la détruire. Il ne s'agit donc pas d'écarter les murs, mais d'en arracher les pierres, une à une, même si au début c'est plutôt des gravillons.
Il y a dans l'autonomie une part de rêve, d'utopie et d'idéal. Et en ce sens les armes discursives ont en effet un rôle primordial à jouer.
J'avoue être encore atteint de réformisme aigüe, mais je fais tout pour me soigner
(quoique...)
M'enfin, on vit en société et pour n'importe quelle société (qu'elle soit fasciste, marxiste-léniniste, libérale, anachiste, etc.), il y a des limites (et des fois des frontières, mais pas toujours cf : société anarchiste), si ces limites sont rétrécies et limitent (et pour cause) la volonté d'échapper aux déterminismes des personnes, on peut effectivement parler de prison. Mais pousser (et tirer !) les murs invisibles pour les emmener loin, et les rendre poreux, ce n'est plus identifié comme une prison (malgré les limites toujours existantes). Et l'utopie, l'idéal sont des armes imaginaires permettant de détruire des murs en béton offrant 10m² d'espace pour contruire des portes, des ponts et des murs amovibles déplaçables à volonté.