Mon métro en patois

Les luttes en France...

Re: Mon métro en patois

Messagepar NOSOTROS » Mardi 20 Avr 2010 10:49

Salut !

je vais prendre le temps de lire ces remarques et questions, dont une lecture rapide m'a donné l'eau à la bouche :-)

Juste une petite observation en effet : bien que ce texte se veille "scientifique", l'auteur laisse en effet manifestement transparaitre ses sympathies pro-nationalistes catalan (ce que tu soulignes par tes ??? ...). C'était pour ça que j'ai indiqué qu'il fallait le prendre avec la réserve de rigueur. cependant il m'a semblé en effet qu'il donnait des informations sur les sources d'époque intéressantes.

Quant au N de CNT, il me semble avoir déjà donné ue réponse quelque part : on n'y tient pas particulièrement, mais vu que ça en énerve certains (pour des motifs différents), rien que pour les em...bêter et ben on va le garder :-) (cf l'anecdote du drapeau rouge à la fac de Rangueil en 1968).


Sinon je trouve cette question très intéressante :

- Comment penser la part de dignité langagière auquel tout être social à droit ? Sans tomber dans le conservatisme linguistique, dans le dirigisme linguistique ou dans l'idéalisme universaliste ("parlons tous la même langue pour nous comprendre").


Une des manière pratique de penser - et de réaliser - cette part de dignité langagière est de donner un statut identique aux différentes langues utilisées. cela passe par la valorisation du multilinguisme (en l'associant - même si c'est souvent à un voeux pieux - a la promotion d'une langue universelle), et notamment par la traduction chaque fois que possible de textes, l'édition de tracts multilingues etc ... Il y a aussi un réel côté jubilatoire que de pouvoir ainsi "jouer" avec différentes langues. C'est dans ce sens que nous avons créer le site http://cnt-ait.info il y a maintenant 10 ans par exemple.
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Re: Mon métro en patois

Messagepar Malval » Mardi 20 Avr 2010 11:31

NOSOTROS a écrit:Quant au N de CNT, il me semble avoir déjà donné ue réponse quelque part : on n'y tient pas particulièrement, mais vu que ça en énerve certains (pour des motifs différents), rien que pour les em...bêter et ben on va le garder :-) (cf l'anecdote du drapeau rouge à la fac de Rangueil en 1968).

héhé, c'est clair que c'est des fois assez jubilatoire de voir et d'entendre grommeler sur ces sujets. Mais quand même... la différence avec le drapeau rouge c'est qu'il emmerde les dirigeants politiques et économiques actuels puisqu'il symbolise leur destitution. Je dis que l'utilisation de l'adjectif "national" légitime le territoire sur lequel un Etat prend pied et assure sa domination. Quelque part, je dirais que le sigle CNT pourrait ne pas véritablement emmerder le pouvoir en place.
Alors certes, d'un point de vue matérialiste, seuls les actes comptent et sur ce point, on est d'accord que les CNT sont, en grande majorité, en lutte réelle contre le pouvoir institué. Mais justement, et parce que j'estime qu'un point de vue uniquement matérialiste ne permet pas de voir ce qui ne relève pas du matérialisme (c'est l'héritage syndicaliste-révolutionnaire sorélien on va dire), les symboles, les signes (dont la langue et le langage font partie), les productions culturelles (l'Idéologie quoi) permettent de légitimer un état de fait (ou de le contrer). Cet état de fait opprime les classes ouvrières et empêche une certaine forme d'unité et de solidarité.
L'utilisation de l'adjectif "national" permet, selon moi, de légitimer les frontières étatiques instituées (à linverse du drapeau rouge qui symbolise un certain imaginaire radical instituant pour parler comme Castoriadis ; en gros une organisation socio-économique imaginaire, dans le sens où elle n'existe pas, mais où elle a pour objectif d'exister réellement). Ce n'est pas qu'une forme de "pensée magique" puisque cela a des effets bien matériels.

Et je suis pas certain que ça emmerde tellement que ça les identitaires régionalistes puisqu'au contraire, ils y voient une contradiction qui pour eux, font des CNT - AIT des organisations non-sérieuses empêtrées dans leurs contradictions symboliques. Ce qui les ferait vraiment chier, c'est un argumentaire prenant fait et cause pour le plurilinguisme (mélange et métissage) contre leur multlinguisme conservateur (superposition de communautés linguistiques et de monolinguismes qui s'additionnent) en prenant en compte toutes les formes linguistiques et langagières réelles (oui j'insiste parce que la langue revendiquée par les régionalistes n'est utilisée que par une caste qui maîtrisent le code d'origine intellectuelle/universitaire et non pas populaire) en situation de minoration et là, hop ! plus (moins) de différences entre les langues dites issues de l'immigration et les langues dites régionales.

Une des manière pratique de penser - et de réaliser - cette part de dignité langagière est de donner un statut identique aux différentes langues utilisées.

Comment t'entends la formule "statut identique" ? Genre "égalité des chances" ou "adaptation en fonction des situations réelles ?" Je veux dire, les langues dites régionales minorées n'ont pas le même statut symbolique et pratiques que les langues minorées dites issues de l'immigration (faudrait d'ailleurs trouver une autre formule qui n'inclue pas "immigration"), accorder le même statut à ces deux groupes de langues ne ferait que reproduire l'asymétrie langagière, non ?

Il y a aussi un réel côté jubilatoire que de pouvoir ainsi "jouer" avec différentes langues. C'est dans ce sens que nous avons créer le site http://cnt-ait.info il y a maintenant 10 ans par exemple.

Oui c'est assez remarquable d'ailleurs. Mais pourquoi avoir mis du breton (enfin une certaine forme de breton) ? héhé...
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Re: Mon métro en patois

Messagepar NOSOTROS » Mardi 20 Avr 2010 13:34

hé hé ! Exactement pour la même raison que le drapeau rouge et le N ... Disons qu'il y a eu une sorte de défi et que nous l'avons relevé (1) (je reconnais que c'est surement un peu puéril mais bon on ne se refait pas. En tout anarchiste sommeille un provocateur, c' est un fait maintenant bien établit :-) )

Sinon en effet tu poses de bonnes questions. Je suis d'accord sur le fond, mais je n'ai pas de réponse immédiate (espérons que cette discussion contribuera à ce que quelque chose émerge).

Une des pistes envisagées est de se départir de cet encombrant CNT au détriment de AIT, qui est porteur en terme d'acronymes, d'autres résonnances. (même si elles ne sont pas non plus exactement parfaites. Mais un nom est de tout façon toujours réducteur et ne peut embrasser toute la complexité de ce qu'il souhaite signifier. Ce sont les pratiques socialement construites autour d'un sigle qui sont tout autant importante pour lui donner son sens, que la seule définition étymologique et lexicale/sémantique [?] des mots qui le compose).

(1) Ce qui explique au passage qu'il n'y ait qu'une seule forme de breton ... ceux qui nous ont gentilement traduit ce petit texte, tout "bardes de l'identité bretonne" qu'ils sont, n'en maitrisent pas d'autre en fait ... misère de l'identitarisme et des micro régionalismes. :-)
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Re: Mon métro en patois

Messagepar Malval » Mardi 20 Avr 2010 15:59

NOSOTROS a écrit:même si elles ne sont pas non plus exactement parfaites. Mais un nom est de tout façon toujours réducteur et ne peut embrasser toute la complexité de ce qu'il souhaite signifier.

Oui c'est certain, mais y a des sigles et des signifiant moins ambigües et qui trainent moins de signification politique précise (ou ayant tendance à être précis), comme tu l'as dit, le G de CGT transporte pas tellement de connotations qui interrogent, le substantif régional de FORA est vraiment excellent ; Union Syndicale, Confédération ouvrière, Initiative anarchosyndicaliste, Confédération révolutionnaire, Fédération syndicale, Union des travailleurs (oui j'me tape toutes les sections de l'AIT là), soit c'est porté sur la nature organisationnelle (syndicale, confédération, etc.) soit sur la nature politique de classe (anarchosyndicalisme, révolutionnaire, ouvrière), mais y a pas grand monde qui fasse référence à un territoire ou à un espace social précis dans la plupart des dénominations.

Ce sont les pratiques socialement construites autour d'un sigle qui sont tout autant importante pour lui donner son sens, que la seule définition étymologique et lexicale/sémantique [?] des mots qui le compose.

On est d'accord mais le problème de celui ou celle qui voit dans la rue des affiches/stickers CNT, il/elle est pas forcémment au courant des pratiques sociales et discursives émanant des membres des organisations en question. D'autant plus quand il voit "travailleurs français/travailleurs immigrés : même patron même combat", il/elle peut légitimement se demander si l'orga qui a collé s't'affiche est pas du type gauche étatiste quoi. Y a juste un peu de rouge et noir mais bon, tout le monde n'est pas au courant de la signification de ces emblêmes (si la personne habite Rennes, pourrait même croire qu'il s'agit d'une affiche rapport au club de foot local :D quel humour... hum 'fin bref).
Et même si c'est moins connoté, des affiches "les élections passent... les problèmes restent" vont pas forcément faire émerger chez celui ou celle qui les lit tout l'imaginaire politique et les pratiques politiques qui sont celles de l'orga en question. Une certaine frange des nationalistes-révolutionnaire reprennent les mêmes couleurs (surtout en Espagne et en Belgique j'ai l'impression) et prônent l'abstention (sans parler du discours qui tend à faire croire que le fascisme mussolinien trouve ses racines idéologiques dans le syndicalisme-révolutionnaire). Bon ok, faut être sacrément bien renseigné pour pouvoir faire dire ça aux affiches abstentionnistes de la CNT-AIT, mais c'est pour montrer jusqu'où ça pourrait aller.
Bon bref, tout ça pour dire que oui, il y a arbitraire du signe et indétermination du sens, mais qu'il est possible de limiter les dégats en fonction des signaux envoyés. Et qu'utiliser le signal "national", même s'il est utilisé à la manière des révoltionnaires français (adhésion à un projet de société) ou de certains gang ricains (tribus fondée sur des intérêts communs à défendre dans un espace donné), est très connoté et peut faire émerger l'inverse de ce que les pratiques politiques veulent signifier.

Bon, le problème c'est les gens qui s'attachent aux détails linguistiques comme ça aussi vous m'direz :D

Sinon y a une linguiste (et non pas sociolinguistique, parce que là bas ces derniers sont les alliés objectif des identitaires catalans ; alors qu'en fRance elle serait justement qualifiée de sociolinguiste parce que ce sont généralement les linguistes qui soutiennent les initiatives identitaires et les sociolinguistes, souvent eux/elles-mêmes locuteurs et locutrices de langues régionales minorisées sont souvent les plus critiques) de l'université de Barcelone qui justement fait apparaître les points très négatifs de la promotion du catalan par les institutions politiques locales, c'est Carme Junyent Figueras (bon je crois que y a rien en céfran par contre)
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Re: Mon métro en patois

Messagepar zebulon » Mardi 20 Avr 2010 20:48

NOSOTROS a écrit:
Sinon en effet tu poses de bonnes questions. Je suis d'accord sur le fond, mais je n'ai pas de réponse immédiate (espérons que cette discussion contribuera à ce que quelque chose émerge).




Hé bé ? !!! Que pasa ?
Y'aurait-il d'autres possibles ? :)

Y'a pourtant beaucoup de monde qu' a déjà dit tout ça, à propos du N du "Nationale" du sigle de la CNT ; et ça n'avait pas entrebâiller la porte vers une émergence possible de quelque chose.
Malval tu as marqué des points là ! :)
Merci en tout cas pour la clarté et la précision du propos.
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Re: Mon métro en patois

Messagepar NOSOTROS » Mardi 20 Avr 2010 21:24

Eh Zeb !

et ça n'avait pas entrebâiller la porte vers une émergence possible de quelque chose.


en es tu bien sûr ... Je me souviens de certaines typographies ...

D'ailleurs au SIPN on s'est engouffré dès que la porte s'est entrebaillée ! :D

Mais c'est sur que le mode de fonctionnement que nous préconisons nécessite un peu de patience car il faut convaincre tout le monde, des vieux dinosaures fossilisés (ils se reconnaitront c'est affectif, moi même d'ailleurs ...) aux jeunes mytho romantiques nostalgiques :-)


le substantif régional de FORA est vraiment excellent


Oui ! (je l'avais dit avant toi et avant Zeb ... na na na :-) )


"travailleurs français/travailleurs immigrés : même patron même combat", il/elle peut légitimement se demander si l'orga qui a collé s't'affiche est pas du type gauche étatiste quoi.


Et il aurait raison ... Il y a belle lurette que nous avons fait notre critique quant à l'utilisation de ce slogan raciste .

Ce que tu dis sur les affiches est vrai pour toute affiche quelqu'elle soit. Aucune affiche ne fait isolément émerger chez celui ou celle qui les lit tout l'imaginaire politique et les pratiques politiques qui sont celles de l'orga en question. une affiche, comme un slogan ou un sigle, sont forcément réducteurs. Or on ne peut réduire (enfin j'espère) le contenu politique d'un groupe à son "spectacle" militant ...


Pour le reste sur l'utilisation des couleurs rouges et noirs par les nationalistes révolutionnaires, cela remonte à l'époque de la Phalange et pour cause : leur nom officiel était - ne l'oublions pas - les JONS : Juntas de Ofensiva Nacional-Sindicalista ... leur objectif était de tailler des croupières aux anarchosyndicalistes et cela passant notamment par la reprise - et la confusion - de ses symboles.

C'est un jeu vieux comme le monde que celui de la confusion et de la récupération / retournement. Si on devait abandonner quelque symbole ou référence que ce soit au prétexte que les ennemis ont essayé de se le réapproprier, il ne resterait plus rien. Au final, ce qui compte c'est pas tant la définition que les autres donnent de nous, mais celle que nous nous donnons nous même (ce qui participe de l'autonomie)
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Re: Mon métro en patois

Messagepar Malval » Mardi 20 Avr 2010 22:24

NOSOTROS a écrit:Aucune affiche ne fait isolément émerger chez celui ou celle qui les lit tout l'imaginaire politique et les pratiques politiques qui sont celles de l'orga en question. une affiche, comme un slogan ou un sigle, sont forcément réducteurs.

Oui c'est vrai et je me rend compte qu'en fait les mots (les signes) peuvent provoquer des réactions différentes en fonctions de l'environnement linguistique des signes en question. Le N a probablement peu d'importance sur les affiches et/ou tracts abstentionnistes.
Par contre, des affiches et tracts anti-régionalistes peuvent amener légitimement des interrogations sur ce que veut réellement l'orga en question. Critiquer les politiques régionalistes identitaires sans insister autant sur l'hégémonie culturelle en fRance (j'ai pas l'impression qu'il y ait beaucoup d'articles des CNT-AIT sur ce sujet, mais je ne prétends pas tous les connaître), lorsque son sigle contient l'adjectif "national" peut légitimement amener à se demander si l'orga en question n'est pas un peu... nationaliste. C'est ce que les identitaires "de gauche" vous reproche en fait et malheureusement, je dirais qu'ils n'ont pas totalement tort.

Au final, ce qui compte c'est pas tant la définition que les autres donnent de nous, mais celle que nous nous donnons nous même (ce qui participe de l'autonomie)

Le problème c'est que, en communication, on est obligé de tenir compte de l'Autre puisque la communication a pour but de rentrer en contact avec lui. Si l'autonomie était de se définir soi même et que seule cette définition comptait, il n'y aurait aucun problème de communication. Les interférences viennent du fait que le signe est arbitraire ; le plus dur est, selon moi, d'identifier les sources des interférences et de voir si on est en mesure de les mettre hors d'état de nuire. Les interférences sur les symboles socialistes (libertaires ou pas) repris par les droites révolutionnaires non instituées peuvent aisément être effacées (ou marginalisées) dans l'imaginaire des récepteurs vu l'histoire politique de ces symboles.
Je pense qu'il en est tout autre de l'utilisation de ces signes et symboles lorsque c'est le pouvoir institué qui les manipule. Par exemple, à l'inverse des droites révolutionnaires non instituées (ou de tout groupe socio-politique qui n'a pas le pouvoir), le pouvoir institué va utiliser le A cerclé, le marteau et la faucille, le rouge et/ou le noir, etc. pour les faire passer pour des symboles de mort, dans 8 cas sur 10 il va réussir parce qu'il est propriétaire des moyens de production du consentement. D'ailleurs à ce propos les fascistes reprenant les symboles révolutionnaires sont doublement débiles, ils reprennent des symboles qui, du point de vue de leur créateurs et utilisateurs majoritaires, souhaitent leur mise hors d'état de nuire et qui sont utilisés par le pouvoir institué pour désigner des ennemis et/ou des terroristes (culture de la minorité quand tu nous tiens).

Bref, dans l'utilisation de l'adjectif "national", les CNT ne jouent pas à armes égales contre les pouvoirs que cet adjectif sert habituellement. Vous n'avez pas les moyens objectifs de faire en sorte que la définition que vous donnez de votre sigle et à travers celui-ci de vos objectifs politiques, puisse concurrencer la définition de sens commun.
L'autonomie c'est jouer avec toutes les variables sociales en présences, jouer avec les murs de la prison invisible (au contraire d'une certaine conception libérale de la liberté qui tend à nier l'existence de ces murs) pour les repousser très loin et pour cela, certaines armes (discursives) sont plus puissantes que d'autres. Utiliser "national" pour lutter contre l'hégémonie culturelle qui utilise le même signifiant à tout bout de champ peut être source de contre-productivité et d'interférences.

Après abandonner des symboles parce qu'ils sont repris, je trouve pas que ça soit un problème, ne devenons pas identitaires à notre tour. Seules comptes les pratiques politiques et les discours les accompagnant, que ça soit avec un drapeau rouge et noir, un bouquet de roses blanches, une machine à café, un rouleau de PQ (bon ok moyen là), un t shirt Led Zeppelin vert, etc., après faut savoir esthétiser tout ça de façon harmonieuse... facile à dire...
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Re: Mon métro en patois

Messagepar NOSOTROS » Mercredi 21 Avr 2010 0:09

C'est ce que les identitaires "de gauche" vous reproche en fait et malheureusement, je dirais qu'ils n'ont pas totalement tort.


De toute façon, quoiqu'on fasse ils trouveront toujours à redire.

Car en effet nous avons écrit moult articles contre l'hégémonie "culturelle" de la bourgeoisie (en fRance comme ailleurs) et des traditions mais il semblerait que nos amis identitaires ne fassent pas le "lien" avec la fRrance. C'est sur, nous abordons les problèmes sous un prisme différent du leur (humanisme et classisme versus identitaire), irreconciliable de plus, donc pas étonnant qu'il y ait cette "incompréhension" (pour 6etre gentil) :-)
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Re: Mon métro en patois

Messagepar NOSOTROS » Mercredi 21 Avr 2010 0:10

C'est ce que les identitaires "de gauche" vous reproche en fait et malheureusement, je dirais qu'ils n'ont pas totalement tort.


De toute façon, quoiqu'on fasse ils trouveront toujours à redire.

Car en effet nous avons écrit moult articles contre l'hégémonie "culturelle" de la bourgeoisie (en fRance comme ailleurs) et des traditions mais il semblerait que nos amis identitaires ne fassent pas le "lien" avec la fRrance. C'est sur, nous abordons les problèmes sous un prisme différent du leur (humanisme et classisme versus identitaire), irreconciliable de plus, donc pas étonnant qu'il y ait cette "incompréhension" (pour être gentil et reprendre "l'étonnement" de l'historien de service dans l'article copié / collé ci avant)
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Re: Mon métro en patois

Messagepar zebulon » Mercredi 21 Avr 2010 12:31

NOSOTROS a écrit:Mais c'est sur que le mode de fonctionnement que nous préconisons nécessite un peu de patience car il faut convaincre tout le monde, des vieux dinosaures fossilisés (ils se reconnaitront c'est affectif [...]

:D Bon je vois que la porte est effectivement entrebâillée.

Mais quand aux vieux dinosaures, encore faudrait-il qu'ils surfassent sur ce forum, ce qui n'est pas le cas de tous. Alors d'ici que cette discussion leur arrive aux oreilles...
Patience, patience tu dis ...
Moi j'ai du mal avec ce mot et cette idée de patience.
Je l'utilise malheureusement avec beaucoup de dépit quand il s'agit de parler de révolution sociale, mais quand c'est pour corriger ou modifier des choses au sein du corps dit révolutionnaire, là j'ai vraiment du mal à accepter les lenteurs. Pour moi, quand on est révolutionnaire on doit chercher en permanence la cohérence théorique et pratique, et ce avec vivacité et agilité, et sans concession tactique ou si peu.

C'est pourquoi j'apprécie déjà le travail qui est fait ici sur ce topic depuis quelques jours, car j'y trouve effectivement une réelle dynamique cohérente, dynamique qui en effet sera peut-être constructive...
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Re: Mon métro en patois

Messagepar Malval » Mercredi 21 Avr 2010 13:42

Est ce que l'AIT exige dans ses statuts que les sections présentes au sein d'un même espace national aient nécéssairement un sigle en commun (en plus de celui de l'AIT) ?
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Re: Mon métro en patois

Messagepar NOSOTROS » Mercredi 21 Avr 2010 14:40

Tient, c'est une bonne question !

En fait je ne crois pas que la quesitn se soit jamais posée ?

(ceci dit, sur des affiches de la CNT en espagne dans les années 30, il me semble avoir souvenir d'avoir vu des sigles tels que CRT-AIT (R pour région) suivi du nom de la région.)

En fait, le seul nom commun qui devrait valoir en effet serait "section en France de l'AIT", pour le retse le nom de la société locale ouvrière est basé sur son implantation géographique (car nous sommes organisés territorialement jusqu'à nouvel ordre).
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Re: Mon métro en patois

Messagepar douddu » Mercredi 21 Avr 2010 17:08

Salut !

Je dirai que par son poids historique l'acronyme CNT est en réalité un mot a part entiére , évidemment cela ne concerne qu'un partie infime de la population mais a ce niveau il joue un rôle de mémoire non négligeable qui immanquablement nous attire des sympathies

Pour les 99, 999 pour cent des habitants de ce pays qui pour l'instant ne font pas trop d'efforts , ni théoriques ni pratiques, qui pensent que tout va mal mais que d'autres se bougeront a leur place ....Est- ce que le fait de changer une lettre changera quelque chose dans leur état d'espit ?

Je ne suis pas loin de penser que c'est même rendre service que d'emblée les placer dans une certaine non- facilité , qui est celle de comprendre la totale différence pouvant exister entre le nationalisme, régionalisme , localisme et le fait de vivre sur un territoire .

Par ailleurs , et bien que cela n'ait strictement aucune importance j'observe que le modéle de l'extrême- gauche régionaliste a également ce terme de National dans son sigle , il s'agit de l' EZLN ...... De même que le terme de Régional comme dans FORA nous amménera le même type de remarques
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Re: Mon métro en patois

Messagepar Malval » Jeudi 22 Avr 2010 10:25

douddu a écrit:Je dirai que par son poids historique l'acronyme CNT est en réalité un mot a part entiére , évidemment cela ne concerne qu'un partie infime de la population mais a ce niveau il joue un rôle de mémoire non négligeable qui immanquablement nous attire des sympathies

Ben... c'est soit l'un soit l'autre, ça peut attirer sympathie comme ça peut attirer méfiance. Et puis les sympathies elles sont généralement produites par les membres qui sont dans le "secret des dieux", premièrement celles et ceux connaissant l'histoire du mouvement ourvrier révolutionnaire mais ça déjà, ce n'est pas une condition de sympathie et deuxièmement, au courant de ce que en quoi, la CNT-AIT est en grande partie l'héritière de la CNT espagnole née au début du XXième siècle. A titre de comparaison, vous auriez pu vous appelez FN pour renvendiquer l'héritage d'une partie de la Résistance, ça n'aurait pas poser de problème ? Quand on commence à s'accrocher à des emblèmes qui n'ont de significations que pour celles et ceux qui sont déjà au courant, c'est que j'estime qu'il y a un problème... identitaire.
Sans parler de la confusion avec les CNT-F qui, à echelle nationale, sont plus visibles que les CNT-AIT.

Pour les 99, 999 pour cent des habitants de ce pays qui pour l'instant ne font pas trop d'efforts , ni théoriques ni pratiques, qui pensent que tout va mal mais que d'autres se bougeront a leur place ....Est- ce que le fait de changer une lettre changera quelque chose dans leur état d'espit ?

Héhé bonne méthode rhétorique pour faire taire son contradicteur :D
Je répondrais par une même pirouette : Pour les 99, 999 pour cent des habitants de ce pays qui pour l'instant ne font pas trop d'efforts, ni théoriques ni pratiques, qui pensent que tout va mal mais que d'autres se bougeront a leur place. Est- ce que le fait de garder une appellation changera quelque chose dans leur état d'esprit ?
Qu'est ce que ça coûte à part d'apparaître, théoriquement et pragmatiquement plus cohérent ? Alors si, ça coûte beaucoup d'émotion que de se séparer d'un sigle qui compte, je présume, énormément aux militant-es, du fait de l'histoire et tout ça... mais bon, 36 et 46 c'était hier non ?

De même que le terme de Régional comme dans FORA nous amménera le même type de remarques

Sauf que là, comme tu l'as dit plus haut, le fait régional n'est pas la même chose que le fait national. Contrer les accusations devient beaucoup plus facile à mon sens.
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Re: Mon métro en patois

Messagepar anarced » Jeudi 22 Avr 2010 11:20

Salut!

Je propose d'envisager ce débat sous un angle différent: si le Front National se rebaptisait Front Régional (ou Front des Régions, avec Jean-Pierre Pernot comme porte-parole...), Le Pen en serait-il (ou elle) plus sympathique ?
A mon avis, non !

Je pense qu'on est entré dans une société trop individualiste pour qu'une organisation puisse impulser un mouvement révolutionnaire. Si quelque chose d'un peu révolutionnaire devait émerger dans ce pays, cela ressemblerait (à mon avis toujours) à quelque chose dans la même veine que le mouvement anti CPE, ou bien Oaxaca au Mexique, c'est à dire une pluie d'organisations politiques, syndicales, associations en tout genre, groupuscules divers, individus autonomes, etc. qui tenteront de coordonner une lutte et s'il y a une chose dont ils se fouteront bien, à 99.999 %, c'est de savoir si la CNT doit s'appeler autrement ou pas.
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Re: Mon métro en patois

Messagepar NOSOTROS » Jeudi 22 Avr 2010 15:43

En effet, je ne comprends plus très bien le sens de ta démarche Malval ? Tout ça pour en arriver à dire que nous avons une démarche "identitaire" ? Bof, si tu veux. Ceci étant, rejoindre un groupe pour "ses couleurs" ou son nom, excuse mais c'est une mentalité de supporter de foot ...


PAr ailleurs en ce qui me concerne je vois une excellente raison à ce que nous continuions d'user du sigle CNT : rien que parce que ça fait chier les nationalistes, qui seraient ravis de pouvoir se réapproprier le sigle ! Or là, il est bloqué (comme une adresse interenet) et en plus pour l'inverse de ce que ces connards voudraient en faire. C'est franchement jouissif ! :twisted:



Par ailleurs, il y a un léger biais dans ton argumentation : quand tu dis "dans l'utilisation de l'adjectif "national les CNT ne jouent pas à armes égales contre les pouvoirs que cet adjectif sert habituellement."," ... sauf erreur de ma part nous n'utilisons PAS cet adjectif ! Je te met au défi de trouver un texte où nous l'utilisons dans un sens positif pour nous définir.

D'ailleurs en règle générale nous ne développons pas l'acronyme CNT (au contraire de celui de AIT) sur nos documents, car comme le dit fort justement Douddu, CNT est devenu un "mot" à part entière comme cheval ou ordinateur. On appelle les militants des cénétistes, pas des "confédérés nationaux travaillistes" ... Donc ta disgression est complètement à côté de la plaque.

L'autonomie c'est jouer avec toutes les variables sociales en présences, jouer avec les murs de la prison invisible (au contraire d'une certaine conception libérale de la liberté qui tend à nier l'existence de ces murs) pour les repousser très loin et pour cela, certaines armes (discursives) sont plus puissantes que d'autres.


Ca c'est ce que voudrait nous faire croire Chomsky et tous les réformistes libertaires, les résignés de la révolution, avec leur fameuse théorie de l'extension du plafond de la cellule. (que tu reprends quasi mot à mot).

L'autonomie ce n'est pas aménager sa cellule pour la rendre confortable, l'autonomie c'est inventer un ailleurs, en dehors de la cellule, et se donner les moyens de la détruire. Il ne s'agit donc pas d'écarter les murs, mais d'en arracher les pierres, une à une, même si au début c'est plutôt des gravillons.

Il y a dans l'autonomie une part de rêve, d'utopie et d'idéal. Et en ce sens les armes discursives ont en effet un rôle primordial à jouer.
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Re: Mon métro en patois

Messagepar Malval » Jeudi 22 Avr 2010 17:15

anarced a écrit:Je propose d'envisager ce débat sous un angle différent: si le Front National se rebaptisait Front Régional (ou Front des Régions, avec Jean-Pierre Pernot comme porte-parole...), Le Pen en serait-il (ou elle) plus sympathique ?
A mon avis, non !

Oui, mais c'est aussi une évidence là.
S'il se renommait Front Régional il ne serait plus en adéquation théorique avec ses objectifs et ses pratiques discursives, un paquet de gens abandonneraient le navire (comme cela a été de même après le virage "gauchiste" de MLP + Soral aux dernières présidentielles). Tout ça à son importance et permet d'identifier des fois au premier coup d'oeil les bases culturelles de telle ou telle orga.
Encore un exemple sur l'extrême-droite, le susbtantif et qualificatif identitaire est raillé par une bonne partie de l'extrême droite (la frange anti-régionalismes) et leur permet de séparer de leur point de vue le grain de l'ivraie. Certains leur reproche de s'être arrogé le qualificatif en le détournant de son sens "véritable" (visible dans l'extrême droite britto-bretonne). Et le même qualificatif/substantif peut permettres au contraire aux yeux d'autres, d'être plus attractif. Mais ils sont du même camp, il ne viendrait pas à l'idée (du moins je l'espère) d'une organisation s'inscrivant dans le mouvement révolutionnaire d'utiliser cet adjectif/substantif.

Je pense qu'on est entré dans une société trop individualiste pour qu'une organisation puisse impulser un mouvement révolutionnaire. Si quelque chose d'un peu révolutionnaire devait émerger dans ce pays, cela ressemblerait (à mon avis toujours) à quelque chose dans la même veine que le mouvement anti CPE, ou bien Oaxaca au Mexique, c'est à dire une pluie d'organisations politiques, syndicales, associations en tout genre, groupuscules divers, individus autonomes, etc. qui tenteront de coordonner une lutte et s'il y a une chose dont ils se fouteront bien, à 99.999 %, c'est de savoir si la CNT doit s'appeler autrement ou pas.

A ce moment là oui ! Mais avant ? Si l'on veut combattre tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec les identitarismes ethnicites pour que ces derniers ne s'expriment pas en période révolutionnaire il faut faire en amont le travail culturel qui permettra que cette situation puisse exister.
Pour préparer cette situation, il faut discuter, débattre, entrer en contradiction, etc. et pour être crédible durant ces instances discursives il faut apparaître cohérent. La cohérence argumentative permet de faire changer les avis et énormément de monde (sinon la majorité des classes ouvrières) voient d'un très bon oeil ces histoires d'identités nationales, régionales, etc., s'ils/elles repèrent ce qu'ils/elles leur apparaît comme une énorme contradiction ils/elles déchanteront, ne prendront plus rien au sérieux de ce qui émane de l'orga en question et iront voir ailleurs, celles et ceux qui leur apparaissent comme cohérents, c'est-à-dire en partie l'extrême droite (notamment la "nouvelle vague" régionaliste et anti-sioniste) ou la frange du mouvement socialiste empreint d'identiratisme ethnique.
Et puis trop de matérialisme tue le matérialisme, le symbolique et l'imaginaire (la superstructure quoi) ont autant d'importance dans le mode de fonctionnement de l'autorité que le matériel (infrastructure).

NOSOTROS a écrit:Ceci étant, rejoindre un groupe pour "ses couleurs" ou son nom, excuse mais c'est une mentalité de supporter de foot ...

Et est ce que ce n'est pas si courant que ça ? Ne serait-ce même pas ce qui constitue la règle lors d'une démarche d'adhésion à un collectif quel qu'il soit ? Pour qui est extérieur à un collectif, qu'est ce qui représente ce même collectif à ses yeux ? Les gens qui y participent ou les logos et symboles ?
Le collectif est identifié comme une individualité (c'est le sujet collectif proudhonnien), avec ses symboles propres, si ces derniers ne sont pas atrayants, la personne ira voir ailleurs (l'exemple donné sur un autre sujet concernant le rejet que provoque l'utilisation du qualificatif/substantif "communiste", alors que la personne est d'accord avec les principes organisationnels concernant le projet de société, cet exemple est certes criant de banalité mais c'est la règle concernant les gens à convaincre que le communisme leur sera profitable). On ne dit pas "j'ai rejoint telle orga parce qu'elle représente à mes yeux ce que doit être véritablement un mouvement révolutionnaire" ? Les images, les logos sont un langage au même titre que les mots et ces derniers provoquent adhésion ou répulsion (j'ai déjà entendu un pote, très intelligent par ailleurs, à qui je demandais pourquoi il avait rejoint une section CNT-F me répondre "parce qu'ils sont rouge et noir", ça veut tout dire).

rien que parce que ça fait chier les nationalistes, qui seraient ravis de pouvoir se réapproprier le sigle ! Or là, il est bloqué (comme une adresse interenet) et en plus pour l'inverse de ce que ces connards voudraient en faire.

Ben on a un peu la même situation entre CNT-F et CNT-AIT non ? Même si les attaques ne s'appuient pas directement sur la reprise du sigle, en prenant fait et cause pour une critique globale du SR, c'est une façon de dire que le sigle CNT ne peut pas être utilisé pour la pratique d'un SR, donc pas de légitimité d'utilisation.
Et que les nationalistes l'utilisent, et après ?

Par ailleurs, il y a un léger biais dans ton argumentation : quand tu dis "dans l'utilisation de l'adjectif "national les CNT ne jouent pas à armes égales contre les pouvoirs que cet adjectif sert habituellement."," ... sauf erreur de ma part nous n'utilisons PAS cet adjectif ! Je te met au défi de trouver un texte où nous l'utilisons dans un sens positif pour nous définir.

Ben, dans beaucoup de tract est décliné l'entière présentation de l'acronyme CNT, donc il est utilisé positivement (à moins que certaines sections soient masochistes, mais je doute), même sans être défini sur le document en question. Enfin je sais pas, si je n'était pas vraiment au clair au niveau théorique sur la question des nationalismes (qu'ils s'expriment pour la défense d'une nation existance ou pour la création d'une nouvelle, ça n'a pas d'importance), en me mettant à lire des articles critiquant fort justement tout ce qui relève du national pour m'apercevoir que c'est signé par un sigle contenant "national", je me poserais des questions ? Non ?

On appelle les militants des cénétistes, pas des "confédérés nationaux travaillistes"

Qui vous appelle les cénétistes ? Celles et ceux ayant déjà été sensibilisé à tout un univers discursif identifié qui est celui en gros, d'extrême-gauche. Ca limite.

Ca c'est ce que voudrait nous faire croire Chomsky et tous les réformistes libertaires, les résignés de la révolution, avec leur fameuse théorie de l'extension du plafond de la cellule. (que tu reprends quasi mot à mot).

L'autonomie ce n'est pas aménager sa cellule pour la rendre confortable, l'autonomie c'est inventer un ailleurs, en dehors de la cellule, et se donner les moyens de la détruire. Il ne s'agit donc pas d'écarter les murs, mais d'en arracher les pierres, une à une, même si au début c'est plutôt des gravillons.

Il y a dans l'autonomie une part de rêve, d'utopie et d'idéal. Et en ce sens les armes discursives ont en effet un rôle primordial à jouer.

J'avoue être encore atteint de réformisme aigüe, mais je fais tout pour me soigner :D (quoique...)
M'enfin, on vit en société et pour n'importe quelle société (qu'elle soit fasciste, marxiste-léniniste, libérale, anachiste, etc.), il y a des limites (et des fois des frontières, mais pas toujours cf : société anarchiste), si ces limites sont rétrécies et limitent (et pour cause) la volonté d'échapper aux déterminismes des personnes, on peut effectivement parler de prison. Mais pousser (et tirer !) les murs invisibles pour les emmener loin, et les rendre poreux, ce n'est plus identifié comme une prison (malgré les limites toujours existantes). Et l'utopie, l'idéal sont des armes imaginaires permettant de détruire des murs en béton offrant 10m² d'espace pour contruire des portes, des ponts et des murs amovibles déplaçables à volonté.
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Re: Mon métro en patois

Messagepar wiecha » Jeudi 22 Avr 2010 19:22

S'il se renommait Front Régional il ne serait plus en adéquation théorique avec ses objectifs et ses pratiques discursives, un paquet de gens abandonneraient le navire (comme cela a été de même après le virage "gauchiste" de MLP + Soral aux dernières présidentielles). Tout ça à son importance et permet d'identifier des fois au premier coup d'oeil les bases culturelles de telle ou telle orga.


Pas si simple, à mon avis. Parce que les mots sont en perpétuelle interaction avec la réalité autour, à moins de changer de nom tous les six mois, pas simple de ne pas être ambigu, sujet à contradictions et à contresens dans l'énoncé même. Et d'autant plus quand les fascistes jouent très facilement à la récupération de mots, en sachant identifier très vite ce qui pose problème, ce qui les arrange dans la réalité concrète que met l'extrême gauche dans ces mêmes mots.
Tiens, le prochain ? Autonomie , à toutes les sauces, si tu veux mon avis


Encore un exemple sur l'extrême-droite, le susbtantif et qualificatif identitaire est raillé par une bonne partie de l'extrême droite (la frange anti-régionalismes) et leur permet de séparer de leur point de vue le grain de l'ivraie. Certains leur reproche de s'être arrogé le qualificatif en le détournant de son sens "véritable" (visible dans l'extrême droite britto-bretonne). Et le même qualificatif/substantif peut permettres au contraire aux yeux d'autres, d'être plus attractif. Mais ils sont du même camp, il ne viendrait pas à l'idée (du moins je l'espère) d'une organisation s'inscrivant dans le mouvement révolutionnaire d'utiliser cet adjectif/substantif.


Oui, mais le Bloc a imposé sa sémantique par la pratique, notamment activiste, calquée d'ailleurs sur le "mouvement social" d'extrême gauche. A un moment donné, le Bloc contrecarre le Front sur le plan idéologique à cause de sa pratique notamment aux yeux des jeunes. Au travers de ses coups d'éclat, il "démontre" que le nationalisme, ce sont les régionalistes qui le défendent le meiux et le popularisent.
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Re: Mon métro en patois

Messagepar Malval » Jeudi 22 Avr 2010 20:33

wiecha a écrit:Pas si simple, à mon avis. Parce que les mots sont en perpétuelle interaction avec la réalité autour

Oui oui oui cent fois oui, c'est exactement ce que je disais pour "national". Si ce dernier était utilisé dans un contexte où le sens commun donne pour définition du fait national l'association autour d'un projet de société et d'intérêts matériels, symboliques et imaginaires communs, il pourrait très bien être du camp des révolutionnaires (et comme de n'importe quelle famille politique d'ailleurs). Mais nous vivons dans une réalité qui donne comme définition au "national" quelque chose qui a été très influencé par le racialisme français du XIXième et qui est aujourd'hui hégémonique. Je dis que dans ce contexte, le "national" est dans le camp de la réaction.

à moins de changer de nom tous les six mois, pas simple de ne pas être ambigu, sujet à contradictions et à contresens dans l'énoncé même.

Et bien justement, en fonction de la réalité sociolinguistique objective, il y a des unités lexicales qui sont moins sujettes à contradictions et à contresens (confédération, fédération, unité, ouvrier, révolutionnaire, solidarité, initiative, syndicalisme, régional, etc.), après c'est juste une histoire de tactique. Et la réalité ne change pas tous les six mois.

Et d'autant plus quand les fascistes jouent très facilement à la récupération de mots, en sachant identifier très vite ce qui pose problème, ce qui les arrange dans la réalité concrète que met l'extrême gauche dans ces mêmes mots.

Et il y en a qu'ils ne reprendront jamais parce que la réalité leur a donné des sens qui vont à l'encontre de ce qu'ils souhaitent (a-nationalisme, métissage, anti-fascisme, etc.).

Tiens, le prochain ? Autonomie , à toutes les sauces, si tu veux mon avis

Et beh c'est déjà le cas et ça me choque pas étant donné qu'effectivement l'autonomie peut s'appliquer à n'importe quel contexte. L'autonomie ouvrière n'est pas l'autonomie des néo-nazis allemands, elle n'est pas l'autonomie promeut par le pouvoir néo-libéral, etc., elle n'est même pas l'autonomie des individualistes/insurectionnalistes. L'autonomie c'est juste une façon de gérer les contraintes pour devenir Sujet pour être le plus polyvalent possible afin de favoriser la sécurité sociale dans le plus de situations imaginables. L'autonomie chez les fachos c'est savoir ratonner dans toutes les situations, l'autonomie pour les néo-libéraux c'est s'adapter à la "flexicurité", etc.

Oui, mais le Bloc a imposé sa sémantique par la pratique, notamment activiste, calquée d'ailleurs sur le "mouvement social" d'extrême gauche. A un moment donné, le Bloc contrecarre le Front sur le plan idéologique à cause de sa pratique notamment aux yeux des jeunes. Au travers de ses coups d'éclat, il "démontre" que le nationalisme, ce sont les régionalistes qui le défendent le meiux et le popularisent.

Les CNT, par leur activisme et leur théorie pratique, ont elles les moyens d'imposer une nouvelle sémantique au fait national, face au pouvoir institué et face aux nationalismes révolutionnaires ?
La différence avec les Identitaires c'est que ce substantif était relativement inédit dans le champ politique, d'où la relative facilité quant à imposer leur signié à ce signifiant.
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Re: Mon métro en patois

Messagepar wiecha » Jeudi 22 Avr 2010 21:18

Et bien justement, en fonction de la réalité sociolinguistique objective, il y a des unités lexicales qui sont moins sujettes à contradictions et à contresens (confédération, fédération, unité, ouvrier, révolutionnaire, solidarité, initiative, syndicalisme, régional, etc.), après c'est juste une histoire de tactique. Et la réalité ne change pas tous les six mois.


Là je ne peux que te conseiller la triste lecture du renouveau fasciste actuel: pas un de ces mots qui ne soit dans leur champ lexical et souvent en première ligne
Et en ce qui me concerne, la raison est d'abord du côté des faits: tous ces mots ont été employés de manière tonitruante par l'extrême gauche depuis quinze ans, toute fière de son petit regain de popularité à partir de la fin des années 90.

La condéfération, c'est l'autoritarisme de la direction syndicale.
L'unité c'est celle de la gauche contre la classe
Les révolutionnaires se présentent aux élections régionales.
L'initiative , c'est la même action répétée à dates rituelles.
Le syndicalisme, c'est même plus prendre des miettes, c'est nous retirer celles qui restent.

Alors ces mots étaiet déjà si vides, si peu chargés de force subversive dans la tête de tous qu'ils n'ont même pas fait peur aux fascistes
Et il y en a qu'ils ne reprendront jamais parce que la réalité leur a donné des sens qui vont à l'encontre de ce qu'ils souhaitent (a-nationalisme, métissage, anti-fascisme, etc.).

Les vrais fascistes, c'est vous voilàl leur réponse préférpréféréere, en tout cas
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