Police : violences contre étrangers, discrimination raciale

Les luttes en France...

Police : violences contre étrangers, discrimination raciale

Messagepar lucien » Dimanche 06 Fév 2005 11:18

Bienvenue à Zapi 3

Les naufragés de Roissy

Anne de Loisy, journaliste, a passé clandestinement six mois dans la zone d’attente de l’aéroport Charles-de-Gaulle. Un éclairage cru sur les pratiques de la France, terre d’asile...

C’est un de ces endroits dont la République n’est pas fière. Un de ces lieux où les journalistes ne sont pas les bienvenus. La Zapi 3 (pour zone d’attente pour personnes en instance) de Roissy ne figure sur aucun plan de l’aéroport. Elle en est pourtant un des points névralgiques: c’est ici qu’échouent, bon an mal an, 20 000 étrangers en situation irrégulière. C’est ici que 98% des demandes d’asile aux frontières françaises sont déposées et, dans leur immense majorité (plus de 96%), refusées sans même un examen du dossier.
Mais c’est aussi là qu’en 2003, en quinze jours, deux étrangers meurent lors de réembarquements forcés. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, propose à la Croix-Rouge d’être présente 24 heures sur 24 à Roissy. Dans une de ces équipes s’est glissée clandestinement une journaliste. Anne de Loisy a ainsi exercé pendant six mois la fonction de «médiatrice» dans la zone, tentant de renseigner autant que possible les migrants. Elle raconte son expérience dans «Bienvenue en France!» (1). Un témoignage rare et donc précieux. Et la description qu’elle dresse n’est pas loin de celle de Louis Mermaz qui, en 2000, qualifiait les zones d’attente et centres de rétention d’«horreurs de la République».
Si les conditions matérielles d’accueil ne sont pas déplorables (Zapi 3 est encore récente, elle a été inaugurée en 2001), le climat de violence a marqué la journaliste. D’abord le bruit, comme organisé pour épuiser les nerfs des retenus: «C’est du harcèlement sonore. Des haut-parleurs éructent en permanence des listes de noms. On appelle les gens à 3 heures du matin pour les conduire au tribunal, alors que les audiences commencent dans la matinée. S’ils ne descendent pas assez vite, souvent parce qu’ils ne reconnaissent pas leur nom hurlé avec l’accent gaulois, les policiers de la PAF frappent dans les portes à coups de pied.»
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Il n’y a pas que le matériel qui souffre d’une certaine brutalité policière: à entendre Anne de Loisy, les mauvais traitements ne sont pas rares. Un étranger affaibli par un passage à tabac résiste moins lorsqu’il faut monter dans l’avion du retour: «Presque chaque semaine, un étranger arrivait avec des marques de coups, des bleus sur le visage ou des traumatismes attestés par des certificats médicaux. C’est allé jusqu’à l’écrasement de testicules.» Bref, beaucoup de gens qui «ont glissé dans l’escalier», «se sont cognés au mur pour simuler des coups», selon l’immémoriale rhétorique policière. Plus étonnante et inquiétante est l’étrange passivité de la Croix-Rouge face à ces mauvais traitements répétés. «La règle pour l’association, déplore la journaliste, c’est qu’on ne dénonce que ce dont on est témoin direct. Il est rare que les flics tabassent devant témoin, donc on ne dénonce rien, sauf en six mois un tirage de cheveux! C’est de la complicité passive.» Les médiateurs se contentent de prendre note des témoignages de passages à tabac («Ils m’ont tellement piétiné que je me suis chié dessus») et insultes («singe» pour les Noirs, «rat» pour les Arabes), et de transmettre au responsable de la Croix-Rouge, qui compile... mais ne fait rien.
Ce sont souvent des anciens du centre de Sangatte, déjà géré par la Croix-Rouge, qui officient pour l’association. Mais «ils ne sont pas formés à l’accueil des étrangers dans des moments aussi cruciaux, vitaux, où il faut pouvoir rapidement et efficacement plaider sa cause devant des fonctionnaires qui n’ont d’autre mission que l’efficacité et le chiffre: les policiers doivent tenir les objectifs d’expulsions donnés par le ministre de l’Intérieur; les fonctionnaires de l’Ofpra et du ministère des Affaires étrangères qui enregistrent les demandes d’asile savent qu’ils doivent en faire passer le moins possible». Entre petites lâchetés, grande cruauté et efficacité statistique, les étrangers de Zapi 3 ont, à n’en pas douter, une très jolie image de notre France-terre d’asile.

(1) Editions du Cherche Midi.

Source : Isabelle Monnin, Nouvel Observateur, n° 2100, 3-9 février 2005,
p. 65bc
http://www.nouvelobs.com/articles/p2100/a262235.html
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lucien
 
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Messagepar lucien » Mardi 19 Avr 2005 19:27

La discrimination raciale en cause dans 1/3 des dérapages policiers

lundi 18 avril 2005, 19h21 - PARIS (AFP)

La discrimination raciale, en particulier contre les jeunes issus de l'immigration, est en cause dans un tiers des dérapages policiers en 2004, un phénomène qui a doublé depuis 2001, selon une étude publiée lundi par la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS). Cette étude, réalisée pour la première fois par cette commission indépendante à partir des affaires dont elle a été saisie, met en évidence une discrimination raciale dans 36 affaires sur 78 où il y a eu manquement à la déontologie par les forces de l'ordre sur la période 2001-2004.

Une discrimination raciale a été relevée dans 15 dossiers sur 47 en 2004, soit un tiers des cas, contre une sur 6 en 2001, et met principalement en cause la police de quartier.

Cette augmentation reflète "une plus grande sensibilité à cette question, une meilleure possibilité de saisine de la commission et un contexte qui favorise ces discriminations", a souligné son auteure, membre de la commission et chercheuse au CNRS, Catherine Wihtol de Wenden, lors d'une conférence de presse.

Elle a mis en cause un manque de formation des policiers impliqués, "dont l'âge moyen est de 25 ans et qui ne connaissent les quartiers que
par la télévision" et qui sont "les premières victimes d'une formation incomplète".

Le manque d'encadrement est "un élément aggravant", a-t-elle ajouté.

Les plaignants comprennent "un fort noyau de jeunes issus de l'immigration maghrébine de 18 à 35 ans, interpellés dans les banlieues défavorisées de la région parisienne" (Seine-Saint-Denis et dans une moindre mesure Val-d'Oise et Val-de-Marne), selon l'étude.

De nationalité française "pour l'écrasante majorité", la plupart d'entre eux "ont un nom ou une apparence physique qui laisse entendre une origine maghrébine ou moyen-orientale".

La deuxième catégorie de plaignants sont les Français d'origine africaine ou antillaise, selon la chercheuse, qui évoque également le cas de gens du voyage.

Dans ces affaires, "l'individu disparaît derrière l'identification ethnique et le groupe auquel il appartient", selon la chercheuse.

Or, "loin des idées reçues, certains des interpellés sont diplômés, occupent des emplois qualifiés et sont appréciés localement".

Les dérapages ont le plus souvent pour origine des contrôles d'identité "pour marquer" la présence des policiers dans les quartiers.

"Des joutes + viriles + s'ensuivent avec échange d'insultes se concluant souvent par des procédures d'outrages et rébellion, le recours fréquent à la force, parfois l'utilisation d'armes de service réservées à un usage défensif, gaz lacrymogènes, flash-ball, menottage".

Les dérapages ont pour causes "une accumulation de litiges antérieurs", "un conditionnement préalable" et "un sentiment d'impunité" chez les policiers qui s'illustrent par "une volonté d'humiliation individuelle" et "des discriminations collectives".

A propos de la situation particulière de la police des frontières, exclusivement en contact avec des étrangers, l'étude critique les méthodes employées pour les embarquements forcés qui s'apparentent à
une forme de discrimination institutionnelle".

La direction générale de la Police nationale (DGPN) a réagi en soulignant que "60 cas seulement" avaient donné lieu à un recours en 2004, alors que la police avait "effectué plusieurs millions de contrôles et d'interventions et géré quelque 2,6 millions de missions de police secours".

Pour la direction générale, cela "prouve le comportement irréprochable de l'immense majorité des policiers".

Plusieurs syndicats de police ont dénoncé les "amalgames" contenus selon eux dans le rapport.

Le syndicat des commissaires et hauts-fonctionnaires de la police nationale (SCHFPN, majoritaire) a déploré que le rapport "ignore les
difficultés grandissantes, notamment en termes de violences, que rencontrent les policiers au cours de leurs missions et dont ils sont les premières victimes".


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