Avec 110 euros vous pouvez vous payer… mais pas moi

Les luttes en France...

Messagepar Léa » Vendredi 16 Juin 2006 0:14

Au fait, et ta grève de la faim, j'espère que tu l'as abandonné :wink:
Entre temps, j'ai appris que la bourse du travail de Poitiers s'était spécialisé dans le travail à domicile. Apparement, plusieurs auxiliaires de vie, se seraient regroupées pour faire un collectif ou quelque chose comme ça. Je crois même qu'il ont fait un guide juridique, au cas ou cela pourrait t'aider et/ou t'intéresser.
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Messagepar Invité » Vendredi 16 Juin 2006 0:57

Salut Léa,

Je poursuis ma grève de la faim et je n'ai absolument pas l'intention de retravailler comme aide soignante.
Je te joint une petite serie de texte qui parle des conditions de travail de cette profession. Je ne me sens nullement coupable de refuser de faire ce travail dans les conditions actuelles. C'est le problème de l'ensemble de la société . Je ne regrette en rien d'avoir pris soin des personnes agées et de mon enfant handicapée. J'ai envie de faire autre chose, et je ne me sens plus capable de faire ce travail, meme dans de bonnes conditions.


http://www.sudouest.com/080606/reg_gers.asp?

Article=080606a18161.xml

"C'est à ce moment qu'intervient le thème de ces assises : « le soignant face à la maltraitance ». Car au-delà des actes « classiques » de mauvais traitement, apparaît ce que Josiane Mouchet nomme « le service minimum ». Minimum mais pas suffisant. « Quand une aide soignante ne peut prendre que sept minutes pour faire la toilette d'une personne âgée, parce qu'elle doit s'occuper de quelqu'un d'autre, c'est de la maltraitance », explique la présidente régionale. « La nuit, je suis seule pour m'occuper de 60 personnes grabataires », illustre une Toulousaine.

05.62.64.01.98.

SANTÉ - Vingt aides-soignantes ont débrayé hier aux HUG pour dénoncer leurs conditions de travail. Les patients feraient les frais du manque d'effectif.

«On n'a plus le temps de se parler, on ne fait qu'exécuter des ordres.» Les aides-soignantes du département de chirurgie de l'Hôpital cantonal de Genève se disent «à bout de souffle». Elles se sont interrogées dernièrement sur les raisons de «l'ambiance infecte» qu'elle vivent au quotidien. Diagnostic: leurs difficiles conditions de travail. Hier, les aides-soignantes étaient vingt à débrayer à 15h (sur un total de trente au sein de leur service) pour manifester leur mécontentement, avec l'appui des syndicats.



Premier grief: la surcharge de travail et le manque d'effectif chronique, qui vont de pair. «Quand vous devez assurer à trois le service auprès de vingt-huit patients, alors même qu'un des patients, gravement atteint, nécessite une aide-soignante à lui tout seul, je vous assure que c'est laborieux», témoigne une employée.



Une situation qui ne manque pas de se répercuter sur la qualité des soins: «On ne fait plus de relationnel, déplore une collègue. Les promenades des patients dans les couloirs, c'est terminé. On presse même les gens quand ils sont aux toilettes.» Le tract distribué par les syndicats va même plus loin: «Nous travaillons dans des conditions contraires aux exigences de notre déontologie professionnelle.»



En conséquence, les «horaires coupés» seraient devenus très fréquents. Si une collègue a besoin d'être remplacée, on demande à l'aide-soignante qui officie le matin de revenir le soir. Avec plusieurs heures vacantes en milieu de journée. Une gageure pour les familles, dont plusieurs sont monoparentales, déplorent les professionnelles de la santé. Question vacances, les aides-soignantes assurent se voir refuser le plus souvent la prise de trois semaines consécutives durant l'été.


http://www.ssp-vpod.ch/ssp/pdf/ge27.pdf


Réorganisation importante du secteur aide et soins
En septembre 1999, la FSASD a vécu une réorganisation très importante de l’unité aide et soins (les
professionnel-le-s de terrain localisé-e-s dans les centres d’action sociale et de santé – CASS), avec l’arrivée d’une nouvelle
direction au sein de ce département et de la FSASD.
Ces changements ont été menés au pas de charge, sans aucune augmentation de personnel et sans anticipation de leurs
incidences. La réorganisation a introduit de nouvelles façons de fonctionner avec, notamment, la mise en place d’équipes
pluridisciplinaires, réunissant les compétences de toutes les figures professionnelles de l’aide et des soins à domicile
(infirmières, aides familiales, aides-soignantes, aides extra-hospitalières, aides ménagères), en lieu et place d’équipes
monoprofessionnelles ou à mixité limitée. De même, le nombre de cadres intermédiaires, ayant fonction de responsables
d’équipe, a été réduit par l’augmentation de la taille des équipes: avant la réorganisation, une responsable d’équipe gérait 10
à 15 personnes; depuis, elle en gère 30 à 40. A cela s’ajoute également, dans certains CASS, le problème de locaux de travail
inadaptés. Espaces morcelés et exigus, locaux borgnes, espaces improvisés, bureaux saturés, absence de salles de réunion:
autant de conditions qui altèrent et fragilisent le travail du personnel.



Depuis deux ans, nous réalisons chaque jour les conséquences de ces nombreux changements au sein de la FSASD: mise en
place de multiples procédures cadrant toujours plus le travail des différent-e-s professionnel-le-s au détriment de leurs
compétences et bureaucratisant une bonne partie de leur activité; directives souvent peu claires ou incomplètes associées à
une exigence d’application rapide; pression constante sur la hiérarchie se répercutant en cascade sur le personnel de terrain.
Nous constatons ainsi qu’au cours de cette période les cas de personnes vivant des situations professionnelles très difficiles
ont considérablement augmenté. Cela n’est pas uniquement dû au manque chronique de personnel au sein des équipes,
mais résulte également de l’arrivée d’une nouvelle direction, peu claire dans ses directives et qui pratique une gestion où les
pressions morales et psychologiques sont devenues un mode de fonctionnement.

Méthodes de gestion du personnel non respectueuse
La direction véhicule des méthodes de gestion non respectueuses du personnel. Celui-ci continue à être confronté au
mépris, aux consignes contradictoires, aux abus de pouvoirs répétés, aux menaces d’avertissement, voire de blâme ou de
déplacement dans une autre équipe, aux messages du type: «Vous pouvez aller chercher ailleurs si vous n’êtes pas contents», à la
non-reconnaissance de son engagement et de ses compétences.
Beaucoup ont dû subir les procédés inquisitoriaux de la direction, les dénigrements systématiques, les atteintes à la
personnalité sous différentes formes, les brimades, les manoeuvres de déstabilisation, l’impossibilité d’échanges avec les
collègues.

Les professionnel-le-s sont envahi-e-s de nouvelles directives et procédures qui sont appliquées de façon très inégale.
Certaines équipes subissent des changements incessants dans l’organisation quotidienne du travail, tels que changement
d’horaires, augmentation des horaires coupés, augmentation du nombre de week-ends à assurer, difficultés à obtenir des
vacances, non-respect des cahiers des charges, application partiale des règlements.

Dans ce climat, il est difficile pour certaines responsables d’équipe de fonctionner correctement. Elles craignent de prendre
des initiatives qui pourraient leur être reprochées, elles peuvent développer des sentiments de crainte face à la menace de
perdre leur poste; certaines refusent de se positionner et se réfugient derrière les règlements, d’autres agissent conformément
à la direction et adoptent une attitude de «petit chef». Ces collaboratrices, comme d’autres, n’ont eu d’autre alternative que
d’inventer des stratégies de survie où chacun-e, finalement, bricole des habitudes, des manières de faire, des règles
individuelles dont personne ne peut garantir la légitimité.
La direction donne l’image d’une hiérarchie qui induit, cautionne, accepte et favorise les conflits mal réglés, les équipes en
souffrance, une certaine forme de harcèlement moral.
En fin de course, c’est le personnel qui trinque
Les conséquences sont catastrophiques: l’incertitude, le stress, le manque de reconnaissance et de respect des professionnelle-
s ont provoqué l’augmentation des absences pour maladie, de courte et de longue durées. En 2000, le taux d’absentéisme
frisait ainsi les 10%; chaque jour, ce sont plus de 120 postes qui manquent sur le terrain, dont la plupart ne sont pas
remplacés. Les départs sont nombreux, certains CASS ont vu un quasi-renouvellement d’une équipe en l’espace de trois ans.
Du fait même de l’activité auprès de l’usager/-ère, les prestations doivent être assurées par les professionnel-le-s restant-e-s,
ce qui a pour effet une surcharge considérable du travail quotidien, une diminution de la qualité de la prise en charge de
l’usager/-ère et, par conséquent, un mécontentement de ce/cette dernier/-ère.

Avec un tel climat professionnel, la démotivation et la perte de sens se sont progressivement installées. La direction a en fait
oeuvré contre l’autonomie des professionnel-le-s, elle a isolé chacun-e dans ses doutes respectifs, déstructurant en outre les
réseaux de communication. Le SSP n’accepte pas cette situation. Il demande à l’employeur de prendre toutes les mesures
utiles pour rétablir des conditions de travail correctes pour le personnel.
Services publics, N° 11, 22 juin 2001


http://www.ssp-vpod.ch/ssp/pdf/ge27.pdf

Dans les structures de long séjour, le soignant se sent en lien avec les patients et en devoir de
rendre ses soins plus personnalisés. Or, l’obligation d’effectuer les soins minimaux de base
(lever des patients, toilettes, change des couches, aide à l’habillage au repas, etc.) à un grand
nombre de résidents dans un temps réduit, donne à beaucoup l’impression de faire « un travail
à la chaîne » qui déshumanise le malade (« on n’est pas dans une usine qui produit des boites
de conserve ! ») Aussi, les demandes en matière d'effectifs interviennent d’avantage pour
permettre ces relations que pour réduire la pénibilité physique :
« Plus de personnel entraînant une meilleure répartition dans notre temps de travail. Ainsi
qu’une présence plus importante auprès de nos patients et entraînant par la même occasion de
meilleurs soins » (AS femme). « C'est-à-dire que nous sommes obligés d’être rapide pour
pouvoir s’occuper de tous les résidents, mais le travail est plus ou moins bien fait » (AS femme).
« Le plus pénible, c’est de faire beaucoup de « rendement » et pas assez de relationnel pour les
patients en fin de vie. Le temps relationnel n’est pas un travail chiffrable, donc pas compté dans
le travail » (AS femme).
Le manque de temps conduit alors à écourter l’échange avec un patient demandeur, ce qui
génère frustration et culpabilité. La part relationnelle des soins semble « sacrifiée » devant
l’obligation des soins d’hygiène ou d’aide à l’alimentation.

Dans ce
domaine, il est à craindre que les formations exacerbent le désir de bien faire mais aussi la
souffrance de l'impuissance du soignant de retour dans son service. Ce sont des mots
exprimant une forte culpabilité qui sont employés, tels que « sacrifié », « volé » « au
détriment »…
« Ce qui me semble le plus pénible est le manque de temps. Il faut faire toutes nos tâches
rapidement, et nous n’avons pas le temps de s’occuper du relationnel » (AS femme). « Manque
de temps pour établir des liens ; pour mieux connaître les patients. Service de long séjour avec
55 patients, c’est trop car difficulté à mettre en place la relation d’aide » (IDE femme). « La
surcharge de travail ne me permet pas d’accomplir un travail de qualité : nursing, relationnel
quasi inexistant » (AS femme). « Le plus pénible, c’est de ne pas pouvoir assurer une bonne
prise en charge globale des patients que je soigne dans mon service, telle que me l’a largement
appris l’enseignement en institut en soins infirmiers » (IDE femme).

Enfin, à
peu près à égalité avec les soignants des hôpitaux psychiatriques ou des maisons de retraite,
les soignants des hôpitaux locaux se disent souvent confrontés à des malades pénibles. Ils ont
donc du mal à affronter et à gérer certains problèmes :
5
« Le bruit : cris des personnes désorientées » (AS femme). « Patients grabataires et surtout très
agressifs : nous nous faisons frapper tous les jours (coups de poings, gifles, crachats au
visage…) Ils sont déficients psy : peur de perdre la maîtrise de soi » (AS femme). « Seule aidesoignante
pour 30 résidentes et une IDE avec très rarement de l’aide. Trente résidents en maison
de retraite, mais plus de la moitié viennent de psychiatrie, gérer leur mal-être, leurs humeurs,
leur pathologie, l’alcoolisme, les chutes et les petites urgences… Il y a des journées électriques !
Si les problèmes s’échelonnent, je peux gérer ; mais deux problèmes simultanément, je me sens
bouffée de l’intérieur, surtout en l’absence de l’IDE (AS femme). « Dans les petits hôpitaux, les
enveloppes budgétaires sont maigres, nous n’avons pas de structures pour accueillir les
personnes atteintes de maladie d’Alzheimer. Cela représente une charge considérable pour le
personnel et un environnement très pénible de mélanger tous ces patients » (AS femme).

« Pensez-vous que l’on puisse faire de la qualité lorsqu’une seule infirmière doit s’occuper de 78
patients. N’hésiteriez-vous pas à mettre vos proches dans un tel hôpital ? Malgré la meilleure
bonne volonté du monde, cela est insurmontable. Il faut que l’on reconnaisse notre métier comme
un travail « humain » et donc qu’on nous laisse le temps de discuter avec nos patients. Le
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meilleur remède n’est-il pas le dialogue ? J’espère qu’enfin les politiques prendront conscience
que pour faire de la qualité (vive l’accréditation!!!) et soigner les patients humainement, il nous
faut des moyens, surtout en personnel pour les équipes de jour comme de nuit. Vous sentiriezvous
en sécurité si vous saviez qu’une seule infirmière doit prendre en charge 156 patients la
nuit ? Quel choix doit-elle faire si deux patients font un malaise en même temps ? Doit-elle
choisir qui elle laissera mourir ? Je pense qu’en obtenant du personnel nos conditions de travail
seront meilleures et par conséquent notre santé aussi » (IDE femme). « Je ne pense pas que ce
questionnaire change grand chose : depuis 13 ans que je travaille dans ce milieu, j’en ai fait des
enquêtes, rempli des questionnaires, j’ai même été chronométrée sur une journée de travail, soitdisant
pour avoir du personnel en plus, j’avais du mal à y croire. Pour que notre travail soit
réalisable il faut du personnel. On aura beau réorganiser notre façon e travailler ou faire tous
les plannings du monde, ça n’y changera rien. A l’heure actuelle, on parle de supprimer tous les
contrats CES dans l’établissement (il y en a 16). Qui fera leur travail ? Nous, comme d’habitude
et après tout ça, on nous parle de qualité des soins » (IDE femme)


III Le travail physique lourd et routinier des aides soignantes
Dans les hôpitaux locaux de notre échantillon, les aides-soignantes représentent 46,7% des
répondants contre 29,2% dans l’ensemble des établissements. Leurs plaintes les plus
fréquentes concernent le travail physique. Manutentionner des malades dépendants, faire des
changes ou des toilettes à la chaîne, favorise un vécu douloureux avec peu d’espoir
d’améliorations. Dans de nombreux questionnaires d’aides-soignantes on ne trouve qu’une
seule réponse à la question : « Qu’est-ce qui vous semble le plus pénible dans votre travail ? »
Cette réponse, laconique, est « Soulever les malades ». La proposition qui suit cette plainte
concerne l’effectif spécifique de cette catégorie de personnel qui a intériorisé la considération
moindre qu’elle reçoit : « être plus de petit personnel dans les services pour une meilleure
qualité du travail » (ASH femme). Les réponses peuvent être plus précises dans la description
de la pénibilité physique :
« Le poids : manipulations importantes en service de long séjour » (AS femme). « Le poids des
personnes transportées, soulevées. L’aménagement de l’espace, chambre trop petite pour
contenir fauteuil roulant, seau percé, adaptable, table de nuit, armoire, chaises, table. Obligé de
déplacer petits meubles pour évoluer dans la chambre » (AS femme). Pour convaincre, la
quantité de travail est parfois décrite : « La charge de travail de plus en plus lourde, une aide
soignante pour 30 résidents plus un poste de CES de 4 heures pour faire 18 toilettes le matin »
(AS femme). « La charge de travail : 20 à 23 malades, pour la plupart grabataires, par service,
pour 2 AS ou une AS et une ASH » (AS femme). « Le plus pénible, c’est de faire un change la
nuit de 2h du matin à 4h30, voir 5h, vu que je travaille dans un service de long séjour. Ce change
se fait à deux AS pour 76 patients. Je fais le ménage en début de nuit, plus les sondes, plus les
changes… J’ai douze malades qui font partie d’une unité de psycho-gériatrie (malades très
pénibles la nuit, je fais mon travail difficilement à cause de ces malades agités, violents,
perturbateurs pour les autres malades) » (AS femme). « Le plus pénible, je pense que c’est le
poids des résidents que nous devons porter, mais aussi la rapidité avec laquelle nous devons
effectuer nos tâches par rapport au manque de personnel. C’est-à-dire que nous sommes obligées
d’être rapides pour nous occuper de tous les résidents, mais que le travail est plus ou moins bien
fait » (AS femme).

http://www.next.uni-wuppertal.de/downlo ... Locaux.pdf
Invité
 

Messagepar Léa » Vendredi 16 Juin 2006 11:48

Merci pour nous faire passer ces textes et de nous tenir informé.
racoleuse passive a écrit:... je n'ai absolument pas l'intention de retravailler comme aide soignante... Je ne me sens nullement coupable de refuser de faire ce travail dans les conditions actuelles. C'est le problème de l'ensemble de la société. Je ne regrette en rien d'avoir pris soin des personnes agées et de mon enfant handicapée. J'ai envie de faire autre chose, et je ne me sens plus capable de faire ce travail, meme dans de bonnes conditions.
Entièrement ok avec toi, tu n'as nul besoin de te sentir coupable de cette situation. Je connais moi-même la situation que tu exposes, certes sous un angle différent (et personnel), mais j'en tire la même conclusion. Quoiqu'il en soit, je te souhaite de reprendre des forces au plus vite :wink:
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