La police "attaque" l'université et les lycées
Posté: Vendredi 14 Jan 2005 22:22
Le sujet n'est pas récent mais Nanterre reflète bien ce qui se passe dans de nombreuses facultés, Caen ne faisant pas exception, depuis quelques mois :
ENRAGES-NANTERRE
... avec depuis quelques jours les descentes de police dans les lycées.
Les « stups » chahutent le lycée
Les gendarmes sont intervenus avec deux chiens des « stups » dans les salles de classe d'un lycée de Cesson-Sévigné près de Rennes. Quatre élèves ont été surpris avec du cannabis. L'intervention, faite à la demande du proviseur, divise les enseignants et les parents d'élèves.
RENNES. - Le cours de maths a commencé depuis une demi-heure, ce lundi matin, au lycée Sévigné de Cesson. Soudain, le proviseur entre dans la classe, suivi de quatre gendarmes. Le responsable de l'établissement explique aux élèves de seconde : « Il s'agit d'une action éducative contre les stupéfiants au lycée. » Un maître-chien pénètre dans la classe et met en garde les adolescents : « Mettez les mains sur la table. Si vous avez des substances interdites, dites-le, sinon vous allez prendre un coup de dent. » Un garçon se lève. Les gendarmes lui demandent de l'accompagner dehors. Une demi-heure plus tard, il revient en classe avec une convocation à la brigade dans la poche.
À la demande du proviseur, deux équipes de gendarmes ont ainsi contrôlé une quinzaine de classes, soit 350 élèves. Certains ont réussi à prévenir les copains par texto. Mais quatre jeunes, deux mineurs et deux majeurs, ont été surpris avec du cannabis. Total de la saisie : 6 grammes. Les quatre fumeurs de shit seront convoqués par le délégué du procureur pour un rappel à la loi.
Le lycée de Cesson n'est pas situé dans une zone sensible. La ville compte parmi les localités plutôt cossues de l'agglomération rennaise. « Pas de problèmes d'argent dans le lycée, admet le proviseur Charles Lejeune. Mais à l'époque où l'on parle d'école sans tabac, nous n'acceptons pas de banaliser le shit. J'espère qu'avec cette opération, les dealers seront moins en contact avec les élèves. » Le responsable du lycée assure qu'aucune sanction ne sera prise contre les quatre consommateurs de shit.
Des enseignants s'indignent
Même clémente, l'intervention des gendarmes divise la communauté éducative. Les parents de la Peep approuvent : « Le lycée n'a pas fermé les yeux sur le trafic de drogue, se félicite une représentante. Beaucoup de parents se sentaient perdus et s'inquiétaient. » A l'inverse, des enseignants se disent indignés par la présence des gendarmes avec chiens dans l'enceinte du lycée. « Spectaculaire et inefficace », maugrée une professeure. Des parents choqués se sont aussi adressés au proviseur pour lui exprimer leur désaccord. Du coup, Charles Lejeune a écrit une lettre à tous les parents pour justifier sa démarche.
Un spécialiste de l'enfance en difficulté, officier de police judiciaire, désapprouve l'intervention des gendarmes : « C'est très maladroit et anti-éducatif. Il y a d'autres façons d'intervenir et de faire de la prévention. Cela signifie-t-il que le proviseur et ses collaborateurs sont dépassés et ne maîtrisent plus rien ? » Un reproche que plusieurs enseignants du lycée reprennent aussi à leur compte.
Serge LE LUYER.
Ouest-France du vendredi 14 janvier 2005